Coquelicots pour la complainte de Bethléem


Tahar BEKRI, poète tunisien a écrit « 

« Si ton char tue ma prière

Si le canon est ton frère

Si tes bottes rasent mes coquelicots

Comment peux-tu effacer ton ombre

Parmi les pierres ?

Si mon église est ton abattoir

Si tes balles assiègent ma croix

Si mon calvaire est ton bougeoir

Si les barbelés sont tes frontières

Comment peux-tu aimer la lumière ?

Si ta haine par-dessus le toit de ma maison

Confond minaret et mirador

Si ta fumée sature mon horizon

Si tes haut-parleurs assourdissent mes cloches

Comment peux-tu honorer le levant ?

Si tes griffes mordent mon sanctuaire

Si tes casques sont tes oeillières

Si tu arraches mon olivier

Ses rameaux pour ton fumier

Comment peux-tu retenir la puanteur des cendres ?

Si Jenine en arabe est foetus et embryon

Que tu enterres vivant oublieux de l’Histoire

Si la poudre est ton encensoir

Si tes fusées blessent ma nuit sombre

Tes dalles se consolent-elles d’être mes décombres ?

Si le mensonge est ton épine dorsale

Si tu nourris tes racines de mon sang

Si tu caches mon cadavre

Pour étrangler le cri de la terre

Comment peux-tu prétendre qu’elle est ta terre ? »

Ce beau poème a le mérite insigne de coller hélas à l’actualité palestinienne.

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Gaza : Annulation d’un concert d’Enrico Macias à Maurice


Publié le 15-01-2009

Le chanteur Enrico Macias, a dû annuler un concert qu’il devait donner à Maurice le 23 janvier, dans le sillage de la décision du gouvernement mauricien de geler, depuis le week-end dernier, ses relations avec Israël, suite aux bombardements de l’armée israélienne sur Gaza, en Palestine, a appris la PANA (Agence panafricaine de presse) mercredi de source proche des organisateurs locaux de la manifestation culturelle.

Dans un communiqué, la direction de « The Lab Entertainment » a déclaré que la tenue du concert irait à l’encontre de la démarche de Maurice.

C’est aussi par souci de sécurité que ce concert a été annulé, fait- on ressortir à Port-Louis. Le gouvernement mauricien avait déjà décidé, le 9 janvier, la fermeture du consulat d’Israël à Port-Louis, la capitale de l’île Maurice.

Lors d’une manifestation pro-palestinienne vendredi dernier à laquelle avait participé le vice-Premier ministre mauricien Rashid Beebeejaun dans la capitale mauricienne, le ministre de la Justice, Rama Valayden, également présent, avait demandé aux Mauriciens de boycotter le concert de Macias en raison de la participation du chanteur à une manifestation pro-israélienne en France.

« Il n’a pas sa place à Maurice. Il ne peut venir chanter dans notre pays parce qu’il soutient ces bombardements », avait déclaré le ministre Valayden.

CAPJPO-EuroPalestine

La Deuxième Mort du Judaïsme – Eric Hazan


Les millions de juifs qui ont été exterminés par les nazis dans les plaines de Pologne avaient des traits communs qui permettent de parler d’un judaïsme européen. Ce n’était pas tant le sentiment d’appartenance à un peuple mythique, ni la religion car beaucoup d’entre eux s’en étaient détachés : c’étaient des éléments de culture commune. Elle ne se réduisait pas à des recettes de cuisine, ni à des histoires véhiculant le fameux humour juif, ni à une langue, car tous ne parlaient pas le yiddish.

C’était quelque chose de plus profond, commun sous des formes diverses aux ouvriers des usines textiles de Lodz et aux polisseurs de diamants d’Anvers, aux talmudistes de Vilna, aux marchands de légumes d’Odessa et jusqu’à certaines familles de banquiers comme celle d’Aby Warburg. Ces gens-là n’étaient pas meilleurs que d’autres, mais ils n’avaient jamais exercé de souveraineté étatique et leurs conditions d’existence ne leur offraient comme issues que l’argent et l’étude. Ils méprisaient en tout cas la force brutale, dont ils avaient souvent eu l’occasion de sentir les effets.

Beaucoup d’entre eux se sont rangés du côté des opprimés et ont participé aux mouvements de résistance et d’émancipation de la première moitié du siècle dernier : c’est cette culture qui a fourni son terreau au mouvement ouvrier juif, depuis le Bund polonais, fer de lance des révolutions de 1905 et 1917 dans l’empire tsariste, jusqu’aux syndicats parisiens des fourreurs et des casquettiers, dont les drapeaux portaient des devises en yiddish et qui ont donné, dans la MOI, bien des combattants contre l’occupant. Et c’est sur ce terrain qu’ont grandi les figures emblématiques du judaïsme européen, Rosa Luxembourg, Franz Kafka, Hannah Arendt, Albert Einstein. Après guerre, nombre des survivants et de leurs enfants soutiendront les luttes d’émancipation dans le monde, les Noirs américains, l’ANC en Afrique du Sud, les Algériens dans leur guerre de libération.

Tous ces gens sont morts et on ne les ressuscitera pas. Mais ce qui se passe en ce moment à Gaza les tue une seconde fois. On dira que ce n’est pas la peine de s’énerver, qu’il y a tant de précédents, de Deir Yassin à Sabra et Chatila. Je pense au contraire que l’entrée de l’armée israélienne dans le ghetto de Gaza marque un tournant fatal. D’abord par le degré de brutalité, le nombre d’enfants morts brûlés ou écrasés sous les décombres de leur maison : un cap est franchi, qui doit amener, qui amènera un jour le Premier ministre israélien, le ministre de la Défense et le chef d’État-major sur le banc des accusés de la Cour de justice internationale.

Mais le tournant n’est pas seulement celui de l’horreur et du massacre de masse des Palestiniens. Il y a deux points qui font des événements actuels ce qui est advenu de plus grave pour les juifs depuis Auschwitz. Le premier, c’est le cynisme, la manière ouverte de traiter les Palestiniens comme des sous-hommes les tracts lâchés par des avions annonçant que les bombardements vont être encore plus meurtriers, alors que la population de Gaza ne peut pas s’enfuir, que toutes les issues sont fermées, qu’il n’y a plus qu’à attendre la mort dans le noir.

Ce genre de plaisanterie rappelle de façon glaçante le traitement réservé aux juifs en Europe de l’Est pendant la guerre, et sur ce point j’attends sans crainte les hauts cris des belles âmes stipendiées. L’autre nouveauté, c’est le silence de la majorité des juifs. En Israël, malgré le courage d’une poignée d’irréductibles, les manifestations de masse sont menées par des Palestiniens. En France, dans les manifestations du 3 et du 10 janvier, le prolétariat des quartiers populaires était là, mais des hurlements de colère d’intellectuels juifs, de syndicalistes, de politiciens juifs, je n’en ai pas entendu assez. Au lieu de se satisfaire des âneries du gouvernement et du CRIF (« ne pas importer le conflit »), il est temps que les juifs viennent en masse manifester avec les « arabo-musulmans » contre l’inacceptable. Sinon, leurs enfants leur demanderont un jour « ce qu’ils faisaient pendant ce temps-là » et je n’aimerais pas être à leur place quand il leur faudra répondre.

Eric Hazan
source site UJFP
*c’est moi qui ai mis en gras

Mon message à l’Occident : Israël doit stopper son agression !


jeudi 15 janvier 2009 – 13h:08

Ismaïl Haniyeh – The Independent


« Sans aucun doute, Israël pourrait démolir toute construction dans la bande de Gaza, mais il ne pourra jamais briser notre détermination et notre ténacité à vouloir vivre dans la dignité sur notre terre », écrit Ismaïl Haniyeh, le Premier Ministre palestinien.

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Ismaïl Haniyeh est le Premier Ministre du gouvernement de Gaza

J’écris cet article à destination des lecteurs de l’Occident, à travers tout leur spectre politique et social, tandis que la machine de guerre israélienne continue de massacrer mon peuple dans la bande de Gaza.

À ce jour, près de 1000 personnes ont été tuées, dont près de la moitié sont des femmes et des enfants. La semaine dernière, le bombardement de l’école de l’UNRWA (Agence de secours et de travaux des Nations Unies) dans le camp de réfugiés de Jabalya a été l’un des plus odieux crimes imaginables, alors que des centaines de civils avaient abandonné leurs foyers et cherché refuge auprès de l’agence internationale avant d’y d’être impitoyablement bombardés et attaqués par Israël. Quarante-six femmes et enfants ont été massacré dans cet attentat odieux, et de nombreuses autres personnes ont été blessées.

Tout le monde sait que le retrait d’Israël de la bande de Gaza en 2005 n’a pas mis fin à son occupation, ni par conséquent à ses obligations internationales en tant que puissance occupante. Il a continué de contrôler et de dominer nos frontières terrestres, maritimes et aériennes.

L’ONU a confirmé que entre 2005 et 2008, l’armée israélienne a tué près de 1250 Palestiniens dans la bande de Gaza, dont 222 enfants.

Pour l’essentiel de cette période, les passages de la frontière sont restés fermés de manière impitoyable, n’étant autorisées à passer que des quantités limitées de nourriture, de fuel industriel, d’alimentation pour les animaux et quelques autres articles de première nécessité.

Malgré tous les efforts pour le dissimiler, les élections de Janvier 2006 qui ont vu victoire du Hamas avec une majorité substantielle sont à l’origine de la guerre criminelle d’Israël contre Gaza. Ce qui s’est ensuite produit, c’est qu’aux côtés d’Israël les États-Unis et l’Union européenne ont uni leurs forces dans une tentative d’annuler la volonté démocratique du peuple palestinien.

Ils ont d’abord tenté d’inverser le résultat en faisant obstacle à la formation d’un gouvernement d’unité nationale, puis en créant un véritable enfer pour le peuple palestinien à travers l’étranglement économique.

Le lamentable échec de toutes ces machinations a finalement conduit à cette guerre odieuse. L’objectif d’Israël est de réduire au silence toutes les voix qui expriment la volonté des Palestiniens, pour ensuite imposer ses propres conditions pour un règlement final en nous privant de notre terre, de notre droit à Jérusalem comme capitale de notre futur État palestinien et en privant les réfugiés du droit de retourner dans leurs foyers.

En fin de compte, l’état de siège imposé sur la bande de Gaza, qui manifestement viole la quatrième Convention de Genève, a interdit la plupart des fournitures médicales de base pour nos hôpitaux. Il a empêché la livraison de carburant et la fourniture d’électricité à notre population. Et en plus de toute cette barbarie, Israël leur a refusé la nourriture et la liberté de mouvement, même pour se faire soigner.

Cela a conduit à la mort qui aurait pu être évitée de centaines de patients et à une hausse sans discontinuer de la malnutrition chez les enfants.

Les Palestiniens sont consternés de voir que les membres de l’Union européenne ne considèrent pas ce siège obscène comme une forme d’agression. Malgré les preuves accablantes, ils affirment sans vergogne que le Hamas est à l’origine de cette catastrophe sur le peuple palestinien car il n’aurait pas renouvelé la trêve.

Pourtant, demandons-nous, Israël at-il honoré les termes du cessez-le-feu négocié sous médiation de l’Egypte en Juin ? Il ne l’a pas fait. L’accord prévoyait une levée du siège et la fin des attaques en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. Alors que nous respections totalement nos engagements, les Israéliens ont persisté dans le meurtre de Palestiniens dans la bande de Gaza ainsi qu’en Cisjordanie, au cours de ce qui devint connu sous le nom de l’année de la paix d’Annapolis.

Aucune des atrocités commises à l’encontre de nos écoles, universités, mosquées, ministères et infrastructures civile ne nous dissuadera de vouloir conquérir nos droits nationaux. Sans aucun doute, Israël pourrait démolir toute construction dans la bande de Gaza, mais il ne pourra jamais briser notre détermination et notre ténacité à vouloir vivre dans la dignité sur notre terre.

Certes, si rassembler des civils dans un bâtiment pour ensuite les bombarder ou utiliser des bombes au phosphore et des missiles ne sont pas des crimes de guerre, alors qu’en est-il ? Combien d’autres conventions et traités internationaux les sionistes israéliens doivent-ils violer avant qu’il leur faille rendre des comptes ? Il n’y a pas de capitale dans le monde d’aujourd’hui où les gens libres et honnêtes ne sont pas indignés par cette brutale oppression.

Ni la Palestine, ni le monde ne sera le même après ces crimes.

Il n’y a qu’une seule voie à suivre. Notre condition pour un nouveau cessez-le-feu est claire et simple. Israël doit mettre fin à sa guerre criminelle et au massacre de notre peuple, lever totalement et sans condition son siège illégal de la bande de Gaza, ouvrir tous nos passages frontaliers et se retirer complètement de la bande de Gaza.

Après cela, nous considérerons les options futures.

Pour terminer, les Palestiniens sont un peuple qui lutte pour se libérer de l’occupation et pour la création d’un État indépendant avec Jérusalem comme capitale, et pour le retour des réfugiés dans les villages d’où ils ont été expulsés.

Quel qu’en soit le prix, la poursuite des massacres perpétrés par Israël ne brisera ni notre volonté ni notre désir de liberté et d’indépendance.

* Ismaïl Haniyeh est le Premier Ministre du gouvernement de Gaza

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