Quand Israël a tenté de m’affamer à Gaza, en Palestine.


Audio du texte anglais :





Par Asem al-Jerjawi, écrivain, militant et journaliste palestinien, membre de We Are Not Numbers et du 16th October Media Group.
 
Il était 4 heures du matin le vendredi 13 octobre 2023 et je dormais avec ma mère et mes trois frères dans notre maison d’Al-Rimal, dans la ville de Gaza. Nous nous étions rassemblés dans une pièce pour dormir parce que le bruit des avions de guerre au-dessus de nos têtes était devenu incessant, trop pétrifiant pour que chacun d’entre nous puisse le supporter seul.
Un numéro inconnu a clignoté sur le téléphone de ma mère. Il s’agissait d’un avertissement préenregistré de l’armée israélienne. Notre maison se trouvait dans la zone dangereuse et nous avions reçu l’ordre de nous déplacer vers le sud. Nous nous sommes réveillés avec horreur et avons couru à l’extérieur, pour voir des tracts de l’armée israélienne partout. Nous n’avions pas d’autre choix que de fuir.
Nous avons décidé d’aller chez un ami à Deir al-Balah. Nous n’avons pu apporter que quelques vêtements, des couvertures et un peu de literie. Nous avons attendu près d’une heure, mais nous n’avons trouvé aucun moyen de transport, car tout le monde se précipitait pour partir. Finalement, notre voisin, Robin Al Mazlom, s’est approché de nous et nous a dit qu’il pouvait nous emmener au sud dans son camion. Alhamdulillah.
 
Robin nous a déposés dans la rue Wadi Gaza. Nous avons continué à pied sur deux kilomètres, portant nos sacs, nos couvertures et notre literie sur le dos. Des milliers de personnes déplacées marchaient avec leurs familles vers le sud, chacun portant les biens de sa vie sur son dos.
C’est sans doute ce qui s’est passé lors de la Nakba de 1948, à une différence près : nous ne nous faisons plus d’illusions sur l’objectif ultime d’Israël, à savoir notre anéantissement. 
 
Lorsque nous sommes arrivés, des dizaines d’amis, d’oncles, de tantes, de cousins et ma petite grand-mère étaient déjà réfugiés dans la maison de notre ami à al-Zawaida. Nous étions 47 dans un seul appartement. Pendant deux mois, j’ai dormi par terre, j’ai attrapé froid et je me suis réveillée tous les jours avec des douleurs au dos. Oh, le bon vieux temps, quand c’était un banal rhume et un banal mal de dos qui m’affligeaient.
La maison se trouvait juste à côté de la rue Salah ad-Din, une grande artère de circulation aujourd’hui complètement vide. Au moins, nous avions un accès facile à une issue de secours, en cas de besoin.
 
Nous étions le 5 janvier 2024 et nous étions assis à la maison. Au fur et à mesure que les heures de l’après-midi passaient, les bruits des snipers sifflant et des coups de feu s’intensifiaient. Puis vinrent les obus d’artillerie et les bombes. Je ne sais pas si c’est une bombe de 1 000 livres ou de 2 000 livres qu’Israël a lâchée près de chez nous, mais toutes les fenêtres de la maison ont volé en éclats. J’ai eu l’impression que les combats se déroulaient devant notre porte pendant trois jours d’affilée, les trois jours les plus misérables de ma vie.
 
L’armée israélienne a rapidement déclaré cette région zone militaire, ce qui nous a obligés à fuir. Encore une fois.
Nous avons emballé nos vêtements, nos couvertures et notre literie, et nous sommes partis avec nos chats. Ma grand-mère est âgée et fragile et ne pouvait pas suivre, mais nous n’avions pas d’autre choix que d’aller vers le sud. J’ai dit à ma famille d’avancer jusqu’à Deir al-Balah, et j’ai aidé ma grand-mère, en lui tenant fermement la main, en l’aidant à marcher, alors que les tirs de snipers, les tirs d’artillerie et les missiles atterrissaient autour de nous dans toutes les directions.
Alors que nous marchions vers le sud, j’ai vu le corps d’une petite fille. Elle n’avait plus d’yeux et je ne voyais que du sang séché s’écouler de ses orbites vides. Des corps sans membres et des ossements humains jonchaient le sol. Des animaux avaient manifestement dévoré ces cadavres. J’ai ressenti de l’horreur. De la colère.
 
Nous avons atteint notre nouvelle maison à Deir al-Balah, une tente pour 8 personnes. Il n’y avait pratiquement pas de provisions à proximité, juste des milliers et des milliers de personnes dans toutes les directions. Alors que je m’aventurais pour acheter des provisions pour ma famille, j’ai remarqué une grande foule à l’extérieur du Green Cafe à Deir al-Balah. Tant de gens désespérés, si peu de nourriture.
Nous étions cinq personnes et, pendant deux jours, nous avons partagé une petite quantité d’eau contaminée et une seule miche de pain. Nous étions faibles et affamés. C’était ma première expérience de la famine.
Puis nous avons appris que Robin, notre voisin qui nous avait généreusement transportés vers le sud dans son camion, avait été martyrisé avec ses deux fils. Allah Yarhamhum.
 
Tout ce que j’espérais à ce moment-là, c’était de retrouver une vie normale. Mais la vie était tout sauf normale. En plus de la faiblesse et de la faim, nous étions épuisés par les nuits sans sommeil. La nuit, je suis réveillée sept fois, parfois plus. Il est impossible de dormir au milieu des bruits assourdissants des roquettes, des bombes, des chars, des bulldozers et des tirs d’armes lourdes.
 
La pluie et le froid sont également insupportables. La pluie dégouline par les interstices du toit en nylon de notre tente. Je passe des jours entiers sans dormir. Non pas parce que je ne suis pas fatigué, mais parce que notre tente est trempée. Comment peut-on dormir dans une piscine d’eau glacée par un froid glacial ?
Pendant ce temps, chaque fois que j’essaie de penser, de détourner mon esprit de notre situation, les âmes palestiniennes défilent devant mes yeux sous la forme d’une longue barbe qui a perdu sa tête, ses membres, ses jambes et ses globes oculaires.
Je ne me suis jamais senti aussi désespéré que maintenant. Ma vie se résume à une recherche constante d’eau, de pain et de bois de chauffage, juste pour avoir un seul repas.
 
J’ai déjà survécu à cinq guerres, en 2008-9, 2012, 2014, 2018-19 et 2021, mais je ne sais pas si je survivrai à celle-ci. J’ai été élevé à Gaza, j’y ai laissé tous mes souvenirs. C’est là que j’appartiens, à Gaza. Quoi qu’il m’arrive, mes souvenirs resteront à Gaza.
 

Lettre ouverte à Mme de Moor, Secrétaire d’État à l’Asile et la Migration


Pierre GALAND,
Président de l’ABP

 

Madame la Ministre,

En tant qu’association de défense des droits des Palestiniens, l’ABP conteste  votre décision de demander le retrait de son statut de réfugié à Monsieur Mohammed Khatib.

L’article 19 de notre Constitution dit que “la liberté des cultes, celle de leur exercice public, ainsi que la liberté de manifester ses opinions en toute matière, sont garanties” et  limite cette liberté en ces termes “sauf la répression des délits commis à l’occasion de l’usage de ces libertés“. Monsieur Mohammed Khatib a donc le droit, comme tout un chacun, d’exprimer son opinion. Avec son organisation, Samidoun, il défend notamment le droit à la résistance armée des Palestiniens contre l’occupation israélienne mais cela n’en fait pas un danger pour la Belgique. Il n’a d’ailleurs commis aucun délit et aucune des manifestations publiques de Samidoun n’a donné lieu à des désordres ou des actions violentes.

Sur quoi repose donc la décision de l’OCAM de qualifier Monsieur Mohammed Khatib de « prédicateur de haine » ? Demander la libération de la Palestine, dénoncer l’occupation israélienne et le sionisme, défendre la résistance, croire en la nécessité d’une révolution mondiale, cela relève-t-il de la haine ? Certainement pas, à moins que vous ne portiez à notre connaissance des propos incitant à la haine ou des activités délictueuses que nous n’aurions ni entendus ni vus.

Quelles que soient nos divergences avec Samidoun, nous refusons que la solidarité avec le peuple palestinien soit criminalisée et nous vous demandons donc, Madame la Secrétaire d’Etat, d’annuler la décision de retrait du statut de réfugié de M. Mohammed Khatib.

Salutations distinguées

Pierre GALAND,
Président de l’ABP

Bruxelles, le mercredi 17 avril 2024

La fin de l’innocence


La fin de l’innocence, par Frédéric Lordon (Les blogs du Diplo, 15 avril 2024) (mondediplo.net)

par Frédéric Lordon, 15 avril 2024

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« Innocence », auteur inconnu, XIXe siècle.Bibliothèque du Congrès des États-Unis

Ce texte est la version légèrement remaniée d’une intervention faite au Meeting juif international le 30 mars.

Il y a parfois comme ça des moments de vérité : « Le poisson pourrit par la tête » a ainsi déclaré Gabriel Attal en se jetant sur la dernière fabrication du camp du soutien inconditionnel — c’était à Sciences-Po. Miracle d’un propos vrai dans une bouche d’ordinaire très pleine de contrevérités ou bien de francs mensonges. Que le poisson pourrisse par la tête, c’est même deux fois vrai. Car on peut d’abord entendre la tête en un sens métaphorique : la tête, ce sont les dirigeants et plus généralement les dominants — et à cet étage, en effet, la pourriture est désormais partout. Mais on peut aussi l’entendre en un sens métonymique : la tête : comment ça pense — dans l’événement ; la tête : les opérations de pensée, et en l’occurrence plutôt le dérèglement des opérations de pensée — en fait : l’effondrement des normes qui sont supposées les gouverner.

Ici, l’effondrement des formes de l’argumentation n’est pas imputable à la bêtise pure (qui fait rarement une bonne hypothèse) : il est imputable à la bêtise intéressée. Les intérêts matériels déterminent, même si c’est par une médiation très étirée (jusqu’à en être méconnaissable), des intérêts de pensée, ou disons des inclinations à penser comme ceci et à interdire de penser comme cela. C’est ici même que la tête pourrie du poisson articule ses deux sens : la violence du front bourgeois (c’était la métaphore) déchaînée dans l’imposition de ses formes de pensée (c’était la métonymie).

Lire aussi Serge Halimi, « Barbara à Gaza », Le Monde diplomatique, mars 2024.

Comment se fait-il en effet que la bourgeoisie de pouvoir soit ici dégondée comme elle ne le serait même pas à propos de fiscalité ou de temps de travail ? D’où vient que cet événement international ait une résonance aussi puissante dans les conjonctures nationales de classes ? Car les bourgeoisies occidentales sont viscéralement du côté d’Israël. Les bourgeoisies occidentales considèrent que la situation d’Israël est intimement liée à la leur, liaison imaginaire, à demi-consciente qui, bien plus qu’à de simples affinités sociologiques (entre start-up nations par exemple), doit souterrainement à un principe de double sympathie, lui parfaitement inavouable : sympathie pour la domination, sympathie pour le racisme — qui est peut-être la forme la plus pure de la domination, donc la plus excitante pour les dominants. Deux sympathies qui se trouvent exaspérées quand la domination entre en crise : crise organique dans les capitalismes, crise coloniale en Palestine, c’est-à-dire quand les dominés se soulèvent de n’en plus pouvoir, et que les dominants sont prêts à l’écrasement pour réaffirmer.

Cependant, il y a plus encore, bien plus profond et plus fascinant pour les bourgeoisies occidentales – je dois cette idée à Sandra Lucbert, qui a vu ce point précis en élaborant le mot que je crois décisif : innocence. Le point de fascination de la bourgeoisie occidentale, c’est l’image d’Israël comme figure de la domination dans l’innocence, c’est-à-dire comme « point fantasmatique réalisé » (1). Dominer sans porter la souillure du Mal est le fantasme absolu du dominant. Car « dominer en étant innocent est normalement un impossible. Or Israël réalise cet impossible ; et en offre le modèle aux bourgeoisies occidentales » (2).

« Je suis innocent, je suis ontologiquement innocent et cela vous n’y pouvez rien » crie dans un tout autre contexte Pierre Goldman à son juge (3). Quitte à la faire parler au-delà d’elle-même et de sa situation, on peut voir la réplique comme une vignette où tout se trouve replié : après la Shoah, Israël s’est établi dans l’innocence ontologique. Et en effet, les Juifs ont d’abord été victimes, victimes même à des sommets dans l’histoire de la persécution humaine. Mais victime, fut-ce à des sommets, n’entraîne pas « innocent pour toujours ». On ne passe de l’un à l’autre que par une inférence frauduleuse, qu’on peut à la rigueur comprendre, mais certainement pas ratifier.

De tout cela, la bourgeoisie occidentale ne garde que ce qui l’arrange, et voudrait tant, comme Israël, pouvoir s’adonner à la domination en toute innocence. Ça lui est évidemment plus difficile, mais le modèle est là, sous ses yeux, elle en est hypnotisée et aussitôt prise dans une solidarité-réflexe.

L’effort pour ne pas voir

Les humains ont plusieurs moyens pour ne pas regarder en face leur propre violence et pouvoir s’établir dans l’innocence quoiqu’en se livrant à toutes leurs autres passions, notamment à leurs passions violentes, à leurs passions de domination. Le premier consiste à dégrader les autres humains sur qui ces passions s’exercent : ils ne sont pas véritablement des humains. Par conséquent le mal qu’on leur fait est, sinon un moindre mal, un mal moindre. En tout cas il n’est certainement pas le Mal, et l’innocence n’est pas entamée.

Le deuxième moyen, sans doute le plus puissant et le plus communément applicable, est le déni. C’est à cela par exemple que ne cesse de servir la catégorie de « terrorisme ». Elle est une catégorie faite pour empêcher de penser, pour écarter la pensée, et notamment la pensée que ex nihilo nihil : que rien ne sort de rien. Que les événements ne tombent pas du ciel. Qu’il y a une économie générale de la violence, qu’elle fonctionne à la réciprocité négative, c’est-à-dire la réciprocité pour le pire, et qu’on pourrait en paraphraser le principe selon Lavoisier : rien ne se perd, rien ne se crée, tout revient. Les innombrables, les ahurissantes violences infligées au peuple palestinien depuis presque quatre-vingts ans étaient vouées à revenir. Seuls ceux qui, pour toute opération intellectuelle, ne possèdent que la condamnation étaient assurés de ne rien voir venir avant ni de ne rien comprendre après. Or il est des cas où ne pas comprendre n’est pas une faiblesse de l’intellect mais un tour de la psyché : son impératif catégorique. Il faut ne pas comprendre pour pouvoir ne pas voir : ne pas voir qu’on a part à la causalité – par conséquent qu’on n’est pas si innocent.

« Terrorisme » est le bouclier de l’innocence bourgeoise et de l’innocence occidentale.

Avoir voulu faire commencer au 7 octobre la séquence d’après le 7 octobre est la malversation intellectuelle la plus vicieuse et la plus caractéristique de ce type général de situation, malversation à laquelle ne pouvaient adhérer que des innocents ontologiques, et tous ceux qui, les enviant, adorent croire avec eux aux effets sans cause. Il ne faut même pas s’étonner que ceux-là, après ça, continuent d’utiliser sans ciller le mot terrorisme pour parler d’écoterroristes ou de terrorisme intellectuel, quand ils devraient se cacher sous terre, écrasés par une honte sacrilège. Ils ne respectent même pas les morts dont ils affectent d’honorer la mémoire et de soutenir la cause. Mais c’est que « terrorisme » est le bouclier de l’innocence bourgeoise et de l’innocence occidentale.

La situation du mot antisémitisme s’analyse dans des coordonnées très similaires. Dans ses usages, il faudrait plutôt dire dans ses dévoiement présents — qui évidemment n’en épuisent pas tous les cas, puisque de l’antisémitisme, il y en a ! —, dans ces dévoiements présents, donc, l’accusation est faite pour être tournée contre tous ceux qui auraient le projet offensant de rétablir les causalités — et voudraient donc mettre en cause l’innocence.

Abaissements

En tout cas, la pourriture par la tête c’est d’abord ça : la corruption intéressée des catégories et des opérations de pensée — parce que ce qu’il y a à protéger est trop précieux. C’est la corruption des catégories, et c’est par conséquent l’abaissement — en de nombreuses instances on pourrait même dire l’avilissement — du débat public. Ça n’est pas un hasard que le poisson pourri ait parlé par la bouche d’Attal puisque cet avilissement est l’un des produits les plus typiques du processus de fascisation dans lequel le macronisme, soutenu par la bourgeoisie radicalisée, a engagé le pays. Un processus qu’on reconnaît à l’empire croissant du mensonge, de la déformation systématique des propos, de la désinformation ouverte, voire de la fabrication pure et simple. Avec, comme il se doit, la collaboration, au moins au début, de tous les médias bourgeois. Un processus qu’on reconnaît donc aussi à sa manière d’arraisonner le débat public en lui imposant ses passages obligés et ses sens interdits.

Lire aussi Marius Schattner, « En Israël, les dirigeants laïques enrôlent la religion », Le Monde diplomatique, avril 2024.

Tous les dénis et toutes les compromissions symboliques du monde cependant, toutes les intimidations et toutes les censures, ne pourront rien contre l’énorme surgissement de réel qui vient de Gaza. De quoi le camp du soutien inconditionnel se rend-il solidaire, et à quel prix, c’est ce que lui-même, obnubilé par ses points de réaffirmation, n’est à l’évidence plus capable de voir. Pour tous les autres qui n’ont pas complètement perdu la raison et l’observent, effarés, la perdition idéologique où sombre le gouvernement israélien est sans fond, entre racialisme biologique et eschatologie messianique. Ce que nous savions avant le 7 octobre, et en toute généralité, c’est que les projets politiques eschatologiques sont nécessairement des projets massacreurs. Dont acte.

Comme l’a montré Illan Papé, le propre d’une colonisation quand elle est de peuplement, c’est qu’elle enveloppe l’élimination de toute présence du peuple occupé — dans le cas du peuple palestinien soit par l’expulsion-déportation, soit, nous le savons maintenant, par le génocide. Ici comme en d’autres occasions pourtant dûment archivées par l’Histoire, la déshumanisation aura de nouveau été par excellence le trope justificateur et permissif de la grande élimination — et nous en avons désormais d’innombrables attestations, aussi bien dans les bouches officielles israéliennes que dans le flot boueux des témoignages de réseaux sociaux, sidérants de monstruosité heureuse et d’exultation sadique. Voilà ce qui surgit quand le voile de l’innocence est levé, et comme toujours, ça n’est pas beau à voir.

Un point, dans ce paysage d’annihilation, retient l’attention, c’est la destruction des cimetières. C’est peut-être à cela qu’on reconnait le mieux les projets d’éradication totale : à leur jouissance portée jusqu’à l’annihilation symbolique qui, si c’est un paradoxe, n’est pas sans faire penser aux termes du herem de Spinoza (4) : « Que son nom soit effacé dans ce monde et à tout jamais ». En l’occurrence, ça n’a pas été une réussite. Ça ne le sera pas davantage ici.

Bascule

De tous ces éléments on peut d’ores et déjà faire la récapitulation en faisant voir le tableau qui en émerge. C’est le tableau d’un suicide moral. Jamais sans doute on n’aura vu dilapidation aussi fulgurante d’un capital symbolique qu’on croyait inattaquable, celui qui s’était constitué autour du signifiant Juif après la Shoah.

Lire aussi Pierre Rimbert, « À Berlin, la politique du pire au nom du bien », Le Monde diplomatique, décembre 2023.

Mais, solidarité pour le pire oblige, l’heure des comptes symboliques s’apprête à sonner pour tout le monde, notamment pour cette entité qui se fait appeler l’Occident en revendiquant le monopole de la civilisation, et qui aura surtout répandu la violence et la prédation enrobées dans ses principes avantageux. Supposé qu’il ait jamais flotté, son crédit moral est désormais envoyé par le fond lui aussi. Il faut l’arrogance des dominants bientôt déchus mais qui ne le savent pas encore pour croire pouvoir soutenir sans dommage ce qu’ils soutiennent actuellement. Des gens qui demeurent ainsi passifs, souvent complices, parfois même négateurs d’un crime aussi énorme, en train de se commettre sous leurs yeux et sous les yeux de tous, des gens de cette espèce ne peuvent plus prétendre à rien. Le monde entier regarde Gaza mourir, et le monde entier regarde l’Occident regardant Gaza. Et rien ne lui échappe.

On a immanquablement à ce moment une pensée pour l’Allemagne, où le soutien inconditionnel atteint un degré de délire tout à fait stupéfiant, jusqu’au point d’être fait « raison d’État », et dont un internaute à l’humour noir a pu dire : « Décidément, en matière de génocide, ils sont toujours du mauvais côté de l’Histoire ». Il n’est pas certain que « nous » — la France — valions beaucoup mieux, mais il est certain que l’Histoire attend tout le monde au tournant. L’Histoire, en effet : voilà avec quoi l’Occident a rendez-vous à Gaza. Si, comme il n’est pas interdit de le penser, c’est le rendez-vous de sa déchéance et de sa destitution, alors viendra bientôt un temps où nous pourrons nous dire que le monde a basculé à Gaza.

1) Sandra Lucbert, conversation.

(2) Id.

(3) Pierre Goldman, Souvenirs obscurs d’un Juif polonais né en France, Paris, Seuil, 1975. Également le film de Cédric Kahn, Le procès Goldman (2023).

(4) Son exclusion de la communauté juive.

Le robot meurtrier Lavender d’Israël est programmé pour tuer jusqu’à un tiers des civils palestiniens à Gaza


JUAN COLE 04/04/2024

Ann Arbor (Informed Comment) – Le journaliste israélien Yuval Abraham, incroyablement courageux et plein de ressources, a révélé mercredi dans un article d’investigation percutant que l’armée israélienne a utilisé deux programmes d’intelligence artificielle, « Lavender » et « Where’s Daddy », pour cibler quelque 37.000 membres présumés des ailes militaires du Hamas et du Djihad islamique. Les programmes utilisaient le GPS pour découvrir quand un membre du Hamas était rentré chez lui, car il était plus facile de le frapper à cet endroit, en s’assurant que sa femme et ses enfants seraient également tués. S’il vivait dans un immeuble, ce qui était le cas de la plupart d’entre eux, tous les civils des appartements voisins pouvaient également être tués – enfants, femmes, hommes non combattants.

L’écrivain de science-fiction Martha Wells a écrit une série de romans et de nouvelles sur un « Murderbot », une intelligence artificielle dans le corps d’un guerrier en armure. Son Murderbot, bien que mortel, est un bon gars qui, dans un style noir, se libère de l’emprise de ses supérieurs pour protéger ses amis.

L’armée israélienne, en revanche, agit de manière beaucoup plus robotique.

Lavender n’est qu’un programme et n’a pas de corps, mais il utilise les pilotes d’avions de chasse israéliens comme une extension de lui-même.

Les programmes d’IA ont identifié les militants du Hamas selon des spécifications vagues. On sait que le taux d’erreur est de 10 % et que, dans d’autres cas, le militant supposé peut n’avoir que des liens ténus avec le groupe paramilitaire des Brigades Qassam ou avec la JI. Abraham écrit que le fonctionnement de l’algorithme n’a fait l’objet d’aucune supervision humaine.

L’IA Lavender, avec un taux d’erreur de 10 %, aurait pu identifier 3 700 hommes à Gaza comme des guérilleros du Hamas alors qu’ils ne l’étaient pas. Elle aurait pu permettre que 20 civils soient tués lors de chaque frappe sur chacun de ces innocents, ce qui donnerait un total de 77 700 non-combattants éliminés arbitrairement par une machine imprécise.

L’une des sources d’Abraham au sein de l’armée israélienne a déclaré : « Nous n’étions pas intéressés par le fait de tuer des agents [du Hamas] uniquement lorsqu’ils se trouvaient dans un bâtiment militaire ou qu’ils étaient engagés dans une activité militaire », a déclaré A., un officier de renseignement, à +972 et Local Call. « Au contraire, les FDI les ont bombardés dans leurs maisons sans hésitation, comme première option. Il est beaucoup plus facile de bombarder la maison d’une famille. Le système est conçu pour les rechercher dans ces situations ».

J’espère que la Cour internationale de justice, qui examine la question de savoir si Israël commet un génocide, lit la publication +972 Mag.

Le programme d’IA comprend des règles d’engagement extrêmement souples en ce qui concerne les victimes civiles. Il permet de tuer de 10 à 20 civils dans le cadre d’une frappe contre un membre du Hamas de bas niveau, et jusqu’à 100 civils peuvent être tués pour atteindre un membre de haut rang. Ces nouvelles règles d’engagement sont sans précédent, même dans la brutale armée israélienne.

Le programme « Where’s Daddy » a permis d’identifier et de suivre les membres.

37 000 combattants paramilitaires du Hamas n’ont pas perpétré l’attentat du 7 octobre. La plupart d’entre eux n’étaient pas au courant. C’est une toute petite clique qui l’a planifié et exécuté. L’aile civile du Hamas était le gouvernement élu de Gaza, et ses forces de sécurité assuraient le maintien de l’ordre (les camps de réfugiés sont le plus souvent des zones de non-droit). Il se peut que Lavender et « Where’s Daddy » aient englobé des policiers ordinaires dans la définition des combattants de bas niveau du Hamas, ce qui expliquerait beaucoup de choses.


“Gaza Guernica 12: Terminator,” par Juan Cole, Digital, Dream, PS Express, IbisPaint, 2023

Ce nouveau mode de guerre par le jeu vidéo viole les règles d’engagement de l’armée américaine et tous les préceptes du droit international humanitaire. Les règles d’engagement du corps des Marines sont:

  • c. Ne frappez aucun des éléments suivants, sauf en cas d’autodéfense pour vous protéger, protéger votre unité, les forces amies et les personnes ou biens désignés sous votre contrôle :
  • – Les civils.
  • – Hôpitaux, mosquées, églises, sanctuaires, écoles, musées, monuments nationaux et autres sites historiques et culturels.
  • d. Ne tirez pas sur des zones ou des bâtiments habités par des civils, sauf si l’ennemi les utilise à des fins militaires ou si cela est nécessaire à votre autodéfense. Minimiser les dommages collatéraux.
  • e. Ne prenez pas pour cible les infrastructures ennemies (travaux publics, installations de communication commerciale, barrages), les lignes de communication (routes, autoroutes, tunnels, ponts, chemins de fer) et les objets économiques (installations de stockage commercial, oléoducs), sauf si cela est nécessaire à votre autodéfense ou si votre commandant l’ordonne. Si vous devez tirer sur ces objets pour engager une force hostile, mettez-les hors d’état de nuire et perturbez-les, mais évitez de les détruire, si possible.

    Aucun des « soldats » israéliens opérant sur Lavender n’a été mis en danger par les civils qu’ils ont tués. Ils n’ont fait aucun effort pour « minimiser les dommages collatéraux ». En fait, ils ont intégré des dommages collatéraux très importants dans leur procédure opérationnelle standard.

    Si l’armée israélienne tuait en moyenne 20 civils chaque fois qu’elle frappait l’un des 37 000 militants présumés, cela ferait 740 000 morts, soit trois quarts de million. Des bébés, des enfants en bas âge, des mères enceintes, des femmes non armées, des adolescents non armés, etc. Cela représenterait environ un tiers de la population totale de Gaza.

    Il s’agit certainement d’un génocide, quelle que soit la définition que l’on souhaite donner à ce terme.

    Et il est impossible que Joe Biden et Antony Blinken n’aient pas su tout cela depuis le début. C’est leur faute.

    Auteur

    Juan Cole est le fondateur et le rédacteur en chef d’Informed Comment. Il est professeur d’histoire Richard P. Mitchell à l’université du Michigan. Il est l’auteur, entre autres, de Muhammad : Prophet of Peace amid the Clash of Empires et The Rubaiyat of Omar Khayyam. Suivez-le sur Twitter à @jricole ou sur la page Facebook Informed Comment.

    Source

    Traduction: Deepl

    L’Iran déterminé à «punir le régime sioniste». Pourquoi Netanyahou a-t-il commandité l’attaque contre le consulat iranien à Damas ?


        

    France-Irak Actualité : actualités du Golfe à l'Atlantique

    FRANCE-IRAK ACTUALITÉ : ACTUALITÉS DU GOLFE À L’ATLANTIQUE

    Analyses, informations et revue de presse sur la situation en Irak et du Golfe à l’Atlantique. Traduction d’articles parus dans la presse arabe ou anglo-saxonne.

    • Publié par Gilles Munier sur 5 Avril 2024, 06:48am

    Par Al Manar (revue de presse – 4 avril 2024)*

    Le numéro Un iranien est décidé à venger le martyre des deux commandants du Corps des gardiens de la révolution islamique et de leurs 5 conseillers, tués lundi dans un raid aérien israélien sur le consulat iranien dans la capitale syrienne.

    Sur sa page X, l’ayatollah Ali Khamenei a tweeté : «Par la volonté de Dieu, nous ferons que les sionistes regretteront le crime qu’ils ont commis en s’attaquant au consulat iranien en Syrie et d’autres crimes similaires».

    Il avait auparavant rendu hommage aux martyrs dont le bilan a été revu à la hausse s’élevant à 13, d’après la télévision d’État iranienne, selon laquelle sept sont Iraniens et six Syriens.

    «Paix et miséricorde de Dieu et ses saints pour les martyrs Zahedi, Haj-Rahimi et les autres martyrs de cet incident. Malédiction et imprécation sur les dirigeants du régime oppresseur et agressif», a écrit aussi l’imam Khamenei.

    Il a qualifié le général de division Mohamad-Reza Zahedi de «brave général dévoué» rapportant qu’il «attendait le martyre dans les fronts de danger et de lutte depuis les années 1980».

    Et de poursuivre : «Ils n’ont rien perdu et ont reçu leur récompense. Mais le chagrin de leur perte est lourd pour la nation iranienne. En particulier pour ceux qui les ont connus».

    Il a conclu en s’engageant : «Le régime sioniste maléfique sera puni aux mains de nos combattants courageux».

    L’Iran et par la voix entre autres de son ambassadeur à Damas a accusé l’entité sioniste d’avoir tiré 6 missiles sur le bâtiment du consulat depuis ses F-35, dans le Golan syrien occupé.

    Pourquoi Netanyahou l’a-t-il commandité ?

    Selon le média libanais al-Khanadeq, proche des Gardiens, le général Zahedi se trouvait au Liban quelques heures avant le raid meurtrier.

    Il figurait sur la liste israélienne des liquidations. Les médias israéliens avaient publié depuis quelque mois un rapport l’accusant de fournir l’aide logistique et militaire à l’axe de la résistance, notamment au Liban, en Syrie et en Palestine, celle surtout lié aux drones, aux systèmes anti aériens et aux missiles.

    Le site assure que les informations sur une infiltration israélienne au sein du consulat sont inexactes. Selon lui, les drones israéliens surveillaient le bâtiment du consulat depuis le Golan syrien occupé. Ils ont attendu de voir le responsable sortir pour tirer 6 missiles air-sol sur le consulat.

    D’après al-Khanadeq, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a commandité ce crime dans le but d’entrainer l’Iran vers une confrontation directe avec les États-Unis.

    Le site proche des gardiens estime qu’il était inquiet de la récente visite des dirigeants du Hamas et du Jihad islamique en Iran au cours de laquelle ils ont été invités à une réunion de haut niveau avec les chefs de l’état-major iranien. Toujours selon al-Khanadeq, Netanyahou craignait qu’ils ne préparent ensemble une attaque similaire à l’opération réalisée par le Hamas le 7 octobre.

    Les USA n’étaient pas au courant ?

    Aucune position officielle n’a été exprimée ni par les dirigeants israéliens ni américains.

    Le site américain Axios, citant un responsable américain sous le couvert de l’anonymat, rapporte que les États-Unis ont informé l’Iran qu’ils n’étaient pas au courant au préalable du raid israélien contre le consulat iranien à Damas.

    D’autres responsables américains et Israéliens rapportent quant a eux qu’Israël n’a informé Washington que quelques minutes avant l’exécution de la frappe aérienne de lundi.

    Israël «n’a pas demandé le feu vert américain pour la déclencher», ont-ils insisté.

    Selon Axios, «ce message rare» envoyé par Washington à Téhéran illustre que «l’administration Biden s’inquiète et appréhende que la frappe israélienne n’aboutisse à une escalade régionale».

    *Source : Al Manar via Réseau international

    C’est l’horreur absolue pour les Palestiniens de Gaza.


    Olivia Zemor:

    Vous avez sans doute pris connaissance du terrible massacre de l’hôpital Shifa où l’armée israélienne a exécuté plus de 300 personnes, soignants, blessés, femmes et enfants compris, en deux semaines de siège, en a enlevé au moins autant, dont bon nombre de médecins qui ont disparu, et a totalement détruit le plus grand complexe hospitalier de la bande de Gaza.

    On a retrouvé des cadavres ligotés, des ossements d’enfants, et les familles continuent à rechercher leurs proches décédés, enfouis et éparpillés sous la terre et le sable par les bulldozers israéliens.

    L’aviation israélienne a également assassiné 7 personnes, dont cinq internationaux de l’ONG World Central Kitchen et deux travailleurs palestiniens (possédant aussi la nationalité états-unienne pour l’un, canadienne pour l’autre) lundi soir, dans le centre de la bande de Gaza. Il s’agissait d’un convoi de nourriture qui avait pourtant signalé son passage à Israël.

    Malgré le vote du conseil de sécurité de l’ONU, malgré la colère de milliers d’Israéliens qui manifestent et bloquent les routes pour exiger un accord sur la libération des otages et le départ de l’actuel gouvernement, les fascistes au pouvoir en Israël bombardent et exécutent aveuglément, tout en continuant à bloquer des centaines de camions d’aide à la frontière égyptienne.

    Il faut dire que pas une seule sanction n’a été prise à ce jour par nos dirigeants, qui continuent au contraire à faire du commerce, y compris d’armement, avec Israël.

    C’est pourquoi nous n’avons pas le droit de rester chez nous. Nous devons amplifier notre pression, en montrant notre colère dans toute la France

    À PARIS, NOUS VOUS APPELONS À VOUS JOINDRE À NOTRE RASSEMBLEMENT CE SAMEDI 6 AVRIL À 14 H 30 À LA FONTAINE DES INNOCENTS

    (Métro-RER Châtelet/Les Halles – Angle de la rue Pierre Lescot et de la rue Berger)

    Amicalement,

    CAPJPO-Europalestine

    PS : Nous vous signalons cette action pour dénoncer le mépris du journal Libération pour la famine des Palestiniens à Gaza : https://europalestine.com/2024/03/27/action-contre-le-mepris-de-liberation-pour-la-famine-des-palestiniens-videos/

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    En retraçant 75 ans de photographie de guerre israélienne, une anthropologue explique comment les images qui présentent la violence disproportionnée comme une preuve de victoire se sont intensifiées lors de la guerre contre Gaza qui a éclaté en 2023.


    Par SOPHIA GOODFRIEND

    Original anglais

    20 MARS 2024

    DÉBUT JANVIER, un compte TikTok affilié au parti ultra-orthodoxe israélien Shas a publié une vidéo qu’un soldat israélien a filmée à Gaza. Quelque part dans le nord de la bande de Gaza, le soldat se tient à l’intérieur de la chambre d’une maison palestinienne. Il vient de finir de s’envelopper dans les tefillin – des bracelets avec de petites boîtes en cuir contenant des rouleaux de la Torah que les hommes juifs orthodoxes portent habituellement pendant les prières du matin.

    Sur une bande sonore composée de rythmes de danse, le soldat souriant s’exclame en hébreu : « Je n’arrive pas à croire que je suis en train de dire cela. Je mets des teffilin dans une maison de Gaza. Une maison à Gaza ! »

    La séquence de 22 secondes offre aux téléspectateurs une brève visite d’une maison laissée à la hâte. Des sacs à main sont entassés dans un placard, des vêtements jonchent le sol et l’arme du soldat repose sur un lit à moitié fait.

    « Regardez cette pièce, regardez la pièce qu’ils ont ici. Un palais. Regardons un peu à l’extérieur. »

    En se penchant par la fenêtre, le soldat fait un panoramique sur un paysage urbain en ruine : des façades d’immeubles tailladées par le mortier, des fenêtres brisées par les bombes et des pâtés de maisons entiers démolis par les bulldozers. Il tourne la caméra vers lui, lève le pouce et sourit.

    A group of people in green camo uniforms and helmets hold large guns and pose in front of a burning building surrounded by other destroyed buildings and debris.

    Le post TikTok symbolise un genre familier de médias de guerre israéliens, popularisé en octobre 2023, au début de la guerre entre Israël et le Hamas, et qui fait aujourd’hui le tour de la presse internationale. Depuis des mois, des soldats posent pour l’appareil photo dans des salons vidés ou au sommet de complexes d’appartements réduits à l’état de ruines. Ennuyés par la guerre qui s’éternise, certains mettent à jour leur profil Tinder avec des photos d’action. Sur TikTok et Instagram, ils montrent des camarades fumant le narguilé, mangeant du houmous et priant dans des maisons palestiniennes vides[1]. [1]

    Des preuves de crimes de guerre circulent parallèlement aux aspects les plus banals du métier de soldat. Dans certaines scènes, les soldats jouent au backgammon en sirotant du thé dans de la vaisselle pillée. Dans d’autres, ils drapent les captifs dans des drapeaux israéliens, les forçant à chanter « Am Yisrael Chai » – « le peuple d’Israël vit ».

    En tant qu’anthropologue ayant passé du temps dans les archives militaires israéliennes, j’ai trouvé nombre de ces scènes familières. Au cours des 75 dernières années d’effusion de sang, la photographie a longtemps servi à banaliser les atrocités de la guerre.

    Ce genre n’est guère propre à Israël. Mais aujourd’hui, l’abondance des smartphones sur le champ de bataille, la facilité des médias sociaux et le militantisme sans concession de la majorité israélienne ont rendu ces photographies de guerre plus visibles que jamais.

    TROPHÉES DE GUERRE

    La récente tendance photographique a débuté peu après que les militants du Hamas ont franchi la barrière frontalière entre Israël et la bande de Gaza et massacré environ 1 200 Israéliens et travailleurs migrants le 7 octobre 2023. Alors que les troupes des Forces de défense israéliennes (FDI) affluaient à Gaza dans les semaines qui ont suivi, beaucoup se sont présentés comme les vainqueurs d’une guerre de représailles. L’opération, qui a duré des mois, a tué à ce jour plus de 30 000 Palestiniens, en majorité des femmes et des enfants, et n’a pas encore permis de ramener les derniers otages israéliens à la maison.

    Les médias sociaux israéliens continuent de diffuser des montages de maisons vides, de villes détruites et de Palestiniens maltraités, voire mutilés, par les forces israéliennes. Selon les déclarations des FDI aux médias internationaux, ce comportement « n’est pas conforme aux ordres de l’armée » et « ne correspond pas à la morale et aux valeurs attendues des soldats des FDI ». Mais on ne sait pas si des sanctions ou des mesures préventives ont été prises.

    En revanche, les médias sociaux palestiniens témoignent du coût humain effarant de la guerre : des dizaines de milliers de civils tués et des millions de personnes déplacées dans des camps de fortune où elles souffrent de la faim, de la déshydratation et de maladies.

    Les images des soldats remontent à la guerre israélo-arabe de 1948 et à l’expulsion d’au moins 750 000 Palestiniens de leur terre natale – le début de ce que les Palestiniens appellent la Nakba ou « la catastrophe » en cours et ce que les Israéliens se souviennent comme la guerre d’indépendance. Des images du champ de bataille ont ensuite été diffusées par des soldats israéliens, des photographes militaires et des journalistes intégrés à l’armée pour témoigner d’une victoire éclatante.

    Les images les plus emblématiques figurent dans l’article « Déclarer l’État d’Israël, déclarer un État de guerre », publié en 2011 par la critique Ariella Azoulay dans la revue académique Critical Inquiry. Des soldats écoutant des disques sur un gramophone pris dans une maison palestinienne du village de Salame. Les ruines de la vieille ville de Haïfa, 220 bâtiments réduits à l’état de ruines pour s’assurer que les personnes déplacées ne reviendraient pas. Un peloton érigeant un drapeau israélien à Umm Rashrash, aujourd’hui Eilat.

    Certains combattants ont ramené des tirages de ces photos chez eux, les exposant dans leur salon comme des trophées. Ces scènes racontent les atrocités de 1948, selon Azoulay, « comme une série d’événements non problématiques, quasi-naturels et justifiés comme des effets secondaires du projet d’édification de l’État ».

    L’anthropologue Rebecca Stein note dans l’International Journal of Middle East Studies que des images similaires ont circulé immédiatement après la guerre des six jours de 1967, lorsque les troupes israéliennes ont occupé la Cisjordanie, annexant Jérusalem-Est et la bande de Gaza, entre autres régions. Dans les territoires occupés, la presse israélienne a rapporté que les soldats « se promenaient avec un fusil dans une main et un appareil photo dans l’autre ».

    A black-and-white photograph shows a group of people walking in a line past collapsed brick buildings and piles of rubble.
    A black-and-white photograph features a group of people, with several holding up large guns, smiling and posing in front of a large, domed building.

    Une fois de plus, les photos présentent toutes les destructions comme des preuves de la victoire. Les troupes sourient devant la mosquée Al-Aqsa et prient au Mur occidental. Les soldats israéliens ont traversé les villes palestiniennes de Jénine et de Naplouse dans des jeeps de l’armée, admirant les vues « exotiques » et les destructions. Mises en scène après que le sang a été nettoyé et les corps emportés, ces images, écrit Stein, « ont servi à stabiliser et à banaliser » les opérations militaires qu’elles représentaient.

    Les soldats déployés au cœur de la bande de Gaza depuis octobre dernier mettent à jour ces archives historiques. Ils ont peut-être grandi en feuilletant des photos emblématiques d’anciens soldats souriant devant des villages détruits, brandissant des Uzis devant le Mur occidental et pillant des maisons évacuées.

    Ils ont reproduit ces scènes en entrant dans Gaza, juxtaposant leur violence à des scènes de piété religieuse, de fierté nationale ou simplement de jeu. Des images de troupes jouant sur la plage ou pillant des résidences privées tournent en boucle sur TikTok, tandis que des tireurs d’élite sur Instagram brandissent des mitrailleuses devant des menorahs.

    Au cours des cinq derniers mois, de telles images ont inondé mon fil d’actualité sur les médias sociaux. Bien que mon défilement ne constitue pas une étude systémique, une chose est tout à fait claire : les mêmes vieux trophées de guerre sont capturés et diffusés par le biais des nouveaux médias.

    DES LARMES AUX ÉMOJIS DE FLAMME

    Même si elles représentaient les Israéliens comme des vainqueurs, les anciennes photographies de guerre dans les médias israéliens étaient souvent accompagnées de lamentations. Les dirigeants politiques israéliens ont exploité les remords pour contrer les allégations, nombreuses, selon lesquelles la violence était beaucoup trop brutale.

    An image from a cellphone shows a photo of four men holding guns and wearing green army fatigues and boots inside a kitchen with food items atop tables.

    Ces refrains se sont sédimentés dans une forme narrative – des tirs et des pleurs – qui a façonné la manière dont des générations d’écrivains et de cinéastes israéliens ont représenté les batailles marquantes des 50 dernières années. Le drame de guerre animé Valse avec Bachir (2008), la série Netflix Fauda (2015-2023), et d’autres encore – ce type de récit dépeint la violence des opérations militaires décisives comme des atrocités regrettables qui étaient néanmoins vitales pour la survie nationale d’Israël.

    Comme le note Gil Hochberg, professeur d’hébreu et de littérature comparée, s’attarder sur les blessures subies par les soldats israéliens a éclipsé les impératifs politiques de déplacement, d’expansion et de colonisation qui ont motivé le militarisme israélien.

    Mais aujourd’hui, le ton a changé. Les soldats israéliens ne tirent plus pour pleurer.

    Ils tirent et dansent, tirent et grillent, tirent et prient, ou tout simplement tirent et mutilent. Les soldats postent sur TikTok des images de la ligne de front remplies de rires, de chants de célébration, de prières et de messages d’inspiration. D’éminents politiciens et des milliers d’utilisateurs réguliers répondent par des points d’exclamation et des émojis de flamme dans de vastes manifestations de soutien.

    Ces messages contrastent sinistrement avec la destruction en arrière-plan. Mais dans une guerre de représailles, c’est la destruction qui compte.

    MARCHE VERS LA DROITE

    Ce changement de genre correspond à la marche constante d’Israël vers l’extrême droite au cours des dernières décennies. L’occupation, autrefois considérée comme une flexion temporaire de la puissance militaire, a été adoptée comme un statu quo permanent. L’idéologie suprématiste juive, auparavant considérée comme marginale, est aujourd’hui au cœur de l’actualité politique. Les engagements nominaux en faveur de la démocratie libérale cèdent la place à une adhésion sans réserve à l’autoritarisme, reflétant la tendance de la droite mondiale à dire tout haut ce qu’elle ne dit pas.

    « Nous avons amené toute l’armée contre vous et nous jurons qu’il n’y aura pas de pardon », disent les paroles de la nouvelle chanson israélienne à succès, « Charbu Darbu ». Jouée en arrière-plan de nombreuses vidéos provenant des lignes de front, elle est devenue l’hymne officiel des 400 000 réservistes appelés à la guerre, en particulier la réplique « Chaque chien a son jour ».

    De nombreux responsables gouvernementaux et leurs partisans affirment haut et fort les objectifs expansionnistes de cette guerre. Moins d’une semaine après l’entrée des troupes dans la bande de Gaza, des ministres de droite ont élaboré des plans de colonisation juive dans la bande de Gaza. D’autres ont participé à des conférences sur la réinstallation auxquelles ont assisté des milliers de personnes. Alors que les bombardements aériens israéliens incessants ont tué plus de 31 000 Palestiniens en cinq mois, des militants enhardis bloquent les routes pour empêcher l’aide humanitaire d’entrer dans la bande de Gaza assiégée.

    UNE VOIE VOUÉE À L’ÉCHEC

    Certains médias internationaux affirment que la plupart des Israéliens ne sont pas au courant des souffrances de Gaza en raison de la fatigue de l’empathie, d’un préjugé de confirmation ou de la censure militaire rigoureuse de la presse locale. D’autres rapportent que les flux d’informations déterminés par des algorithmes ont empêché de nombreux Israéliens de voir des images de la souffrance palestinienne.

    Mais dire que « si seulement les Israéliens pouvaient voir ce qui se passe à Gaza, ils exigeraient la fin des violences », c’est ignorer la réalité politique et la majorité. Cette guerre est sans doute l’une des plus documentées de l’histoire. Les comptes rendus de la catastrophe humanitaire et de la mort massive à Gaza saturent la presse étrangère et les fils d’actualité des médias sociaux du monde entier.

    La vérité dérangeante est que des décennies de guerre et de déshumanisation – tacitement soutenues par les États-Unis et les autres alliés fidèles d’Israël – ont largement fermé une partie à la souffrance de l’autre.

    En 2002, au plus fort de la deuxième Intifada – une période sanglante de cinq ans marquée par des attentats suicides dans les villes israéliennes et des raids militaires sur les communautés palestiniennes – la critique Susan Sontag a fait remarquer que « [pour] ceux qui, dans une situation donnée, ne voient pas d’autre solution que la lutte armée, la violence peut exalter celui qui en est l’objet et en faire un martyr ou un héros ».

    Comme l’attestent 75 ans de photographies, c’est depuis longtemps le cas en Israël. Mais ce sentiment est peut-être plus populaire que jamais : Selon une enquête réalisée par le groupe de réflexion Israel Democracy Institute, basé à Jérusalem, en décembre 2023, 75 % des Israéliens juifs étaient opposés à la demande des États-Unis qu’Israël réduise les bombardements intensifs des zones densément peuplées de la bande de Gaza. Seuls 1,8 % d’entre eux considèrent que l’usage de la force par Israël est disproportionné.

    Several people wearing green uniforms, helmets, and boots carry guns and smile while walking on a paved road.

    La contestation de la stratégie militaire d’Israël reste marginale, mais elle s’étend. Début mars, 12 organisations de défense des droits de l’homme en Israël ont signé une lettre ouverte accusant le gouvernement de ne pas faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire à Gaza, comme l’a ordonné la Cour internationale de justice. Des milliers de personnes ont participé à des manifestations pour exiger une prise d’otages et la démission du Premier ministre Benjamin Netanyahu. Même les manifestations appelant à un cessez-le-feu se multiplient.

    En fin de compte, la guerre pourrait causer la perte de l’actuel gouvernement israélien. Les informations en provenance de la ligne de front donnent lieu à des poursuites pénales, à des sanctions à l’encontre de l’establishment politique israélien et à des manifestations sans précédent contre les crimes de guerre israéliens à l’étranger. Une guerre sans fin pour Israël peut entraîner une catastrophe économique, un statut de paria sur la scène internationale et une insécurité galopante, obligeant de plus en plus d’Israéliens à réaliser qu’il n’y a pas de solution militaire à des décennies d’occupation inextricable.

    Mais dans l’immédiat, les scènes de Gaza montrent des camps de réfugiés remplis de millions de personnes qui ne peuvent pas rentrer chez elles et des enfants palestiniens affamés jusqu’à l’os, tandis que les troupes israéliennes tirent et dansent avec joie. Ces images ne laissent entrevoir nulle part un avenir politique viable pour qui que ce soit dans la région.

    A person with curly hair pulled back and a cream blazer looks at the camera.

    Sophia Goodfriend

    traduit par Deepl

    Les atrocités virales postées par les soldats israéliens



    28 mars 2024

    En retraçant 75 ans de photographie de guerre israélienne, une anthropologue explique comment les images qui présentent la violence disproportionnée comme une preuve de victoire se sont intensifiées lors de la guerre contre Gaza qui a éclaté en 2023.

    Dans un post X/Twitter, des soldats brandissent leurs fusils à l’intérieur d’une maison palestinienne à Gaza.

    Sophia Goodfriend écrit dans Sapiens Anthropology Magazine le 20 mars 2024 :

    Début janvier, un compte TikTok affilié au parti ultra-orthodoxe israélien Shas a publié une vidéo filmée par un soldat israélien à Gaza. Quelque part dans le nord de la bande de Gaza, le soldat se tient à l’intérieur de la chambre d’une maison palestinienne. Il vient de finir de s’envelopper dans des tefillin – des bracelets avec de petites boîtes en cuir contenant des rouleaux de la Torah que les hommes juifs orthodoxes portent habituellement pendant les prières du matin.

    Sur une bande sonore de rythmes de danse, le soldat souriant s’exclame en hébreu : « Je n’arrive pas à croire que je suis en train de dire cela. Je mets des teffilin dans une maison de Gaza. Une maison à Gaza ! »

    La bobine de 22 secondes offre aux téléspectateurs une brève visite d’une maison laissée à la hâte. Des sacs à main sont entassés dans un placard, des vêtements jonchent le sol et l’arme du soldat gît sur un lit à moitié fait : « Regardez cette pièce, regardez la pièce qu’ils ont ici. Un palais. Regardons un peu à l’extérieur. »

    Penché par la fenêtre, le soldat fait un panoramique sur un paysage urbain en ruine : des façades d’immeubles tailladées par le mortier, des fenêtres brisées par les bombes et des pâtés de maisons entiers démolis par les bulldozers. Il tourne la caméra vers lui, lève le pouce et sourit.

    Le post TikTok symbolise un genre familier de médias de guerre israéliens, popularisé en octobre 2023, au début de la guerre entre Israël et le Hamas, et qui fait aujourd’hui le tour de la presse internationale. Depuis des mois, des soldats posent pour l’appareil photo dans des salons vidés ou au sommet de complexes d’appartements réduits à l’état de ruines. Ennuyés par la guerre qui s’éternise, certains mettent à jour leur profil Tinder avec des photos d’action. Sur TikTok et Instagram, ils montrent des camarades fumant le narguilé, mangeant du houmous et priant dans des maisons palestiniennes vides[1]. [1]

    Des preuves de crimes de guerre circulent à côté des aspects les plus banals de la vie de soldat. Dans certaines scènes, les soldats jouent au backgammon en sirotant du thé dans de la vaisselle pillée. Dans d’autres, ils drapent les captifs dans des drapeaux israéliens, les forçant à chanter « Am Yisrael Chai » – « le peuple d’Israël vit ».

    En tant qu’anthropologue ayant passé du temps dans les archives militaires israéliennes, j’ai trouvé nombre de ces scènes familières. Au cours des 75 dernières années d’effusion de sang, la photographie a longtemps servi à banaliser les atrocités de la guerre.

    Le genre n’est guère propre à Israël. Mais aujourd’hui, l’abondance des smartphones sur le champ de bataille, la facilité des médias sociaux et le militantisme sans équivoque de la majorité israélienne ont rendu ces photographies de guerre plus visibles que jamais.

    Trophées de guerre
    La récente tendance photographique est apparue peu après que les militants du Hamas ont franchi la barrière frontalière entre Israël et Gaza et massacré environ 1 200 Israéliens et travailleurs migrants le 7 octobre 2023. Lorsque les troupes des Forces de défense israéliennes (FDI) ont afflué à Gaza dans les semaines qui ont suivi, beaucoup se sont présentés comme les vainqueurs d’une guerre de représailles. L’opération, qui dure depuis des mois, a tué, à ce jour, plus de 30 000 Palestiniens – en majorité des femmes et des enfants – et n’a pas encore permis de ramener les derniers otages israéliens à la maison.

    Les médias sociaux israéliens continuent de diffuser des montages de maisons vides, de villes détruites et de Palestiniens maltraités ou même mutilés par les forces israéliennes. Selon les déclarations des FDI aux médias internationaux, ce comportement « n’est pas conforme aux ordres de l’armée » et « ne correspond pas à la morale et aux valeurs attendues des soldats des FDI ». Mais on ne sait pas si des sanctions ou des mesures préventives ont été prises.

    En revanche, les médias sociaux palestiniens documentent le coût humain stupéfiant de la guerre : des dizaines de milliers de civils tués et des millions de personnes déplacées dans des camps de fortune où elles souffrent de la faim, de la déshydratation et de la maladie.

    Plus d’informations …. site avec les videos en anglais

    Un député du GOP appelle au génocide de Gaza : « Ce devrait être comme Nagasaki et Hiroshima : Qu’on en finisse vite ».


    DISPLACED AND REFUGEES

    JUAN COLE 03/31/2024

    Ann Arbor (Informed Comment) – Le représentant américain Tim Walberg (R-MI), un ancien pasteur, a appelé cette semaine à un génocide, la solution finale du problème palestinien.

    La 5e circonscription électorale du Michigan s’étend sur toute la partie inférieure de l’État, englobant des villes comme Albion et Jackson et jouxtant l’Ohio et l’Indiana. Je n’ai aucune raison de penser que cette circonscription est remplie de psychopathes impitoyables et de tueurs de masse. Jackson possède un célèbre glacier, The Parlour, où les portions sont pour le moins généreuses et où il fait bon se rendre par une chaude journée d’été. Le district compte 768 000 habitants et le revenu médian des ménages est de 64 000 dollars (contre 74 580 dollars pour l’ensemble des États-Unis). Il est composé à 85 % de Blancs, les 15 % restants étant essentiellement constitués d’Hispaniques, d’Afro-Américains et de métis. Elle a voté pour un président démocrate à chaque élection de ce siècle et a même préféré Hilary Clinton à Trump. Le fait que Walberg représente ce district démontre l’axiome selon lequel les Américains achètent du beurre de cacahuète plus intelligemment qu’ils ne votent.

    En d’autres termes, le district est représenté au Congrès par un cruel tueur de masse en puissance. Impitoyable, Walberg, ancien pasteur chrétien fondamentaliste qui a dirigé l’institut biblique Moody de Chicago, homophobe et d’extrême droite, est censé représenter une circonscription du Michigan. Walberg est contre tout : le droit à l’avortement, l’Affordable Care Act, le mariage homosexuel et toute tentative de lutte contre la crise climatique. Il s’est rendu en Ouganda pour exprimer son soutien à la loi contre l’homosexualité de ce pays, qui prévoit l’exécution des homosexuels.

    Les tendances génocidaires étaient donc déjà apparentes. Selon les sondages, quelque 14 millions d’adultes américains s’identifient comme LGBT et, apparemment, le député Walberg serait ravi de les voir tous assassinés. Il convient de rappeler que quelque 90 000 homosexuels ont été rassemblés dans l’Allemagne nazie et que 15 000 d’entre eux ont été envoyés dans les camps de la mort, où 60 % d’entre eux ont été tués. La seule différence entre Walberg et Heinrich Himmler, qui a créé l’Office central du Reich pour la lutte contre l’homosexualité et l’avortement, est que Walberg n’a pas encore trouvé le moyen de mettre en œuvre ses rêves sadiques.

    Lors d’une réunion à Dundee avec ses électeurs le 25 mars, Walberg a déclaré que le président Biden avait parlé de la nécessité d’acheminer de l’aide à Gaza. Il a ajouté : « Je ne pense pas que nous devrions le faire. Je ne pense pas qu’une partie de notre aide qui va à Israël, pour soutenir notre plus grand allié, peut-être même dans le monde, aille au Hamas, l’Iran et la Russie. La Corée du Nord est probablement impliquée et la Chine aussi – avec eux, dans l’aide au Hamas. Nous ne devrions pas dépenser un centime pour l’aide humanitaire. Ce devrait être comme Nagasaki et Hiroshima. Il faut en finir rapidement.


    “Nuking Gaza,” by Juan Cole, Digital, Dream / Dreamland v. 3 / IbisPaint, 2024..

    Malheureusement pour Walberg, qui parle probablement ainsi son cercle de sociopathes, ses remarques ont été enregistrées.

    Il convient de noter l’étrange théorie du complot selon laquelle toute aide américaine envoyée à Gaza profiterait d’une manière ou d’une autre à la Russie, à la Chine et à la Corée du Nord, ou que ces trois pays soutiennent le Hamas. J’aurais pu autrefois qualifier d’anormaux de tels rêves paranoïaques, mais je les vois aujourd’hui normalisés tout autour de moi.

    Les 2,2 millions de non-combattants de Gaza ne peuvent être blâmés pour les actions d’un petit groupe de guérillas du Hamas. Une famine massive menace et certains civils meurent déjà de faim. La moitié d’entre eux sont des enfants. La plupart des autres sont des femmes et des hommes non combattants. Environ 70 % d’entre eux se trouvent à Gaza parce que les bandes sionistes les ont chassés de leurs maisons en 1948, dans ce qui est devenu le sud d’Israël, et en ont fait des réfugiés apatrides. Aujourd’hui, ils sont tués à une échelle sans précédent dans les conflits de ce siècle.

    Et, encore une fois, affamer les populations était l’une des principales techniques de guerre des nazis.

    Traduction : Deepl