Israël responsable de la mort de centaines de migrants


Le régime de Vichy ne tuait pas les juifs, il se « contentait » de les livrer à leurs bourreaux allemands ; Israël ne tue pas ses demandeurs d’asile, il se contente de les envoyer à la mort par centaines, avec la complicité active du Rwanda et de l’Ouganda, révèle une longue enquête du quotidien Haaretz.



Le système mis au point par les dirigeants des trois pays pour débarrasser Israël de ses migrants sans papiers, notamment ceux qui fuient la dictature en Erythrée, croyant trouver le salut en « Terre promise », est astucieux.

D’abord, Israël s’est doté d’une législation qui lui permet de maintenir indéfiniment en rétention les demandeurs d’asile arrêtés au cours de rafles massives, à l’instar du système de détention administrative infligé en permanence à des centaines de Palestiniens.

Mais se pose alors le problème du renvoi de ces malheureux, non pas vers leur pays d’origine, mais sur une base dite « volontaire » vers une autre terre d’accueil : c’est là qu’intervient la contribution complice du Rwanda et de l’Ouganda.

Israël paie ainsi 5.000 dollars à ces deux pays par tête d’immigré expulsé « volontaire ». Pour obtenir le « consentement » de ces derniers, les services de lutte contre l’immigration illégale se rendent dans les centres de rétention, et exercent leur chantage : « Soit tu restes indéfiniment en prison chez nous, soit tu t’envoles pour le Rwanda, où on te délivrera un titre de séjour et un permis de travail ».

Sans prendre pour argent comptant le discours policier, des centaines d’Africains sans papiers, présents sur le sol israélien parfois depuis des années, acceptent la proposition, raconte la journaliste Lior Birger, du quotidien Haaretz.

Au terme d’une longue enquête auprès de survivants qui l’a menée un peu partout en Europe, Birger, en équipe avec ses collègues Shahar Shoham and Liat Boltzman, a établi que l’arrivée au Rwanda n’était le plus souvent que le début d’un long voyage en enfer, marqué par le trafic de chair humaine, la torture, et souvent la mort, que ce soit quelque part en Libye ou dans les eaux de la Méditerranée.

« A peine arrivés à l’aéroport rwandais de Kigali, les déportés se voient confisquer la seule documentation qu’ils ont sur eux, le laisser-passer qui leur a été remis par les Israéliens à l’embarquement. On les enferme dans une chambre d’hôtel. Puis ils sont informés qu’ils doivent quitter le pays rapidement. Les Rwandais les livrent ensuite à des passeurs, qui les transfèrent –contre paiement de centaines, voire de milliers de dollars- en Ouganda, puis au Sud-Soudan, au Soudan et de là en Libye, d’où ils essaieront de gagner l’Europe », écrivent les auteurs de l’enquête.

« Au vu des dizaines de témoignages que nous avons recueillis et de l’ensemble de notre recherche, nous estimons que plusieurs centaines de ces réfugiés sont morts sous la torture et les mauvais traitements en Libye, ou sont morts noyés en Méditerranée », ajoutent-ils.

Témoignage de Tesfay (le prénom a été changé), expulsé d’Israël en décembre 2015 après y avoir travaillé plusieurs années comme homme de ménage dans un hôtel de la station touristique d’Eilat, rencontré par les auteurs dans une petite ville d’Allemagne à l’été 2017 : « Notre embarcation avait quitté la Libye vers 4 heures du matin ; deux heures après, son moteur a calé ; sur les 500 passagers, pas plus d’une centaine ont survécu ; nous étions 10 en provenance d’Israël sur ce bateau, et il n’y a eu que trois survivants. Pourquoi cela ? Ne sommes-nous pas nous aussi des êtres humains ? »

Dawit (le prénom a été changé) a été retrouvé par les journalistes israéliens à Berlin. Lui aussi, avant d’être raflé, avait passé 5 ans à Tel-Aviv où il travaillait dans un restaurant. « Il est parti ‘volontairement’ vers le Rwanda il y a environ deux ans. Quelques mois plus tôt, c’est en se rendant au commissariat pour le renouvellement de son permis de séjour provisoire qu’il s’est fait piéger, et a aussitôt été envoyé au centre de rétention des immigrés de Holot, dans le désert du Neguev ; là, on lui a mis la pression, en lui laissant le ‘choix’ entre des années de prison ou le départ pour le Rwanda. Dawit a cédé, et il est parti, avec sa jeune épouse enceinte de deux mois ».

En Libye, les passeurs ont placé Dawit sur un bateau, et sa femme sur un autre, qui a rapidement fait naufrage, noyant les centaines de malheureux à son bord.

« Ces survivants des pratiques du gouvernement israélien que nous avons rencontrés en Europe sont des gens qui ont eu de la chance, mais on doute qu’ils guérissent un jour des séquelles psychologiques de leur calvaire. En Allemagne, où Tesfay et Dawit ont fini par arriver, 99% des Erythréens obtiennent un permis de séjour, et en 2016, 81% d’entre eux ont obtenu de plein droit le statut de réfugié ».

Mais Tesfay et Dawit adjurent leurs camarades encore en Israël de ne surtout pas accepter, s’ils se font arrêter, leur déportation « volontaire » vers le Rwanda, tant le danger est grand.

Source : https://www.haaretz.com/opinion/.premium-1.824444

CAPJPO-EuroPalestine

Elus francais interdits de sejour en Israel


Par Michael Warschawski

Que fait la Republique Francaise?

La République Française l’a décidé: 2018 sera « l’année d’Israël ». On est vraiment à l’âge de la régression. Pouvons-nous imaginons Giscard d’Estaing décrétant pendant son septennat l’année de la Rhodésie ou François Mitterrand l’année de l’Afrique du Sud… Quant au général de Gaulle, il y aurait carrément vu une atteinte grave a l’honneur de la France.
Au lieu de prendre des initiatives pour faire sanctionner un Etat qui viole systematiquement le droit international et les Conventions de Genève, la Republique fête les 70 ans d’Israël par une déclaration solennelle d’impunite.

L’amitie France-Israel est a sens unique, comme la plupart des relations qu’entretient l’Etat Juif avec d’autres pays. Pour preuve, la decision scandaleuse et humiliante pour la France d’interdire l’entree en Israel d’une delegation de plus de cent elus (parlementaires et municipaux) qui avait prevu de rencontrer des acteurs des societes civiles israelienne et palestinienne ainsi que des parlementaires des deux pays. Parmi ces parlementaires, Marwan Barghuti, depute palestinien detenu depuis plus de dix ans en prison par les autorites israeliennes,

Une protestation de la part de l’Eysee? Un coup de gueule de Matignon? Nenni. Ce silence est un signe d’allégeance de la part des autorites francaise envers l’Etat-voyou israelien.

A l’inverse du silence-complice des autorites de la Republique, le groupe parlementaire de la France Insoumise explique clairement ce dont il est question: « l’Etat d’Israël veut interdire la venue de représentants de la République française, députés et sénateurs compris, sur leur territoire.

Ce déni de démocratie et de liberté est aussi consternant qu’inacceptable….« Nous n’autorisons pas l’accès au territoire à ceux qui appellent activement à s’en prendre à Israël », a déclaré le ministre israélien de la Sécurité publique dans un communiqué. Ces propos sont stupéfiants. Agir pour l’application des résolutions de l’ONU et contre la colonisation constituerait-il désormais un engagement si insupportable qu’il légitimerait, aux yeux des autorités israéliennes, l’interdiction de venir sur leur territoire, y compris pour des élus français? ». Apparament, aux yeux des autorites francaises egalement.

 

Salah Hamouri


Un petit mot que Salah Hamouri nous a fait parvenir par ses avocats.

« J’ai ressenti une étrange sensation, lorsque, le 23 août, aux alentours de 4h30, si je me souviens bien, j’ai été tiré de mon sommeil par des bruits sourds. Quelqu’un s’acharnait sur la porte de mon appartement et appuyait nerveusement sur la sonnette à répétition. Je me suis dit que je connaissais ce type de vandalisme mais dans les toutes premières secondes, je pensais qu’il s’agissait d’un rêve. Je vis dans un bâtiment de six étages, à Jérusalem-Est. Chaque étage est composé de deux appartements. Les soldats et leur commandant ne savaient pas exactement dans quel appartement je vivais, alors, ils ont frappé brutalement à chaque porte. J’ai alors eu une pensée pour mes voisins, tous réveillés en pleine nuit par les soldats, terrorisant chaque famille;je pouvais entendre des enfants pleurer.

Les soldats n’ont pas cessé de frapper sur ma porte jusqu’à ce que je finisse par ouvrir, encore engourdi par le sommeil. Le premier soldat que j’ai vu portait une cagoule. Je ne pouvais voir que ses yeux remplis de haine. Il m’a alors hurlé dessus, me demandant ma carte d’identité. Après vérification, les soldats présents ont appelé du renfort, en criant qu’ils avaient trouvé la personne qu’ils cherchaient. A la seconde où j’ai compris que la force occupante venait bien pour moi, mon cerveau m’a envoyé un ordre clair : « Une nouvelle bataille commence là pour toi, cet ennemi ne doit pas te vaincre une seule seconde ». Ils m’ont forcé à m’asseoir sur une chaise et trois soldats m’entouraient, leurs armes pointées sur moi. Pendant ce temps-là, leurs collègues ont fouillé tout l’appartement, bouleversant les meubles, les livres, les vêtements… Je les sentais fébriles, ils s’énervaient, ils ne trouvaient rien de ce qu’ils cherchaient dans cet appartement. Le commandant a fini par donner l’ordre de repli. Ils m’ont alors ordonné de m’habiller pour partir avec eux. En marchant vers la porte d’entrée de mon appartement, avant d’en sortir pour une durée qui m’était inconnue, j’ai fixé la photo de mon fils accrochée au mur. Dans son regard, j’ai puisé de la force pour affronter les durs moments qui m’attendaient. Je l’imaginais me dire « Papa, sois fort, on sera vite réunis tous les trois ». Je lui promettais alors de rester fort et de ne jamais donner l’occasion à cette occupation de nous confisquer notre humanité et de détruire notre vie comme elle s’acharne à le faire. Ils me bandèrent ensuite les yeux et me conduisirent vers une voiture blindée. La marche vers ce nouveau destin commençait. Une marche pénible vers un monde que je ne connais que trop bien. Un monde dans lequel nous devons rester forts, humains et garder notre sourire en toute circonstance. Une nouvelle fois, je suis conduit dans ce véhicule blindé vers l’endroit le plus sombre et le plus misérable pour un être humain : une prison de l’occupant.

En arrivant dans la prison du Neguev, après deux semaines passées dans le centre d’interrogatoire, tout me semblait tristement familier. Je suis rentré dans la section 24, j’ai vite reconnu les visages que j’avais quittés il y a quelques années. Je n’ai pas su quoi leur dire, j’étais soudainement impressionné de les retrouver ici. Parmi eux, certains sont derrière les barreaux depuis plus de quinze ans. Ils me questionnaient et je ne savais pas quoi leur répondre. « Qu’est ce qui est arrivé, pourquoi es-tu là ? ». Je n’avais pas les réponses à leurs questions. Pas plus que je n’arrivais à leur parler de l’extérieur, eux, qui sont là depuis tant d’années. Que faisons-nous pour eux, pendant qu’ils paient le prix de leur lutte ? En les retrouvant, je me demandais si j’avais assez agi pour parler d’eux à l’extérieur. On a ensuite énormément discuté. Un détenu m’a dit « Ah tu es de retour, on va parler de nous en France alors ! ». J’ai réalisé alors que malgré ma nouvelle privation de liberté, je n’avais aucun doute sur le fait que la mobilisation allait se mettre en place en France, c’est un véritable espoir pour moi et pour eux. J’ai pensé à toutes les personnes qui avaient déjà lutté pendant ma première incarcération et depuis, toutes celles et ceux que j’ai rencontrés en France et en Palestine. Aucun doute qu’ils seraient tous à nouveau au rendez-vous pour dénoncer l’injustice qui nous frappe.

Et des éléments que je reçois par fragments, je sais que vous êtes même plus nombreux que la dernière fois ! Des personnalités que j’apprécie, des élu-e-s, des citoyen-ne-s en nombre plus nombreux encore vous vous êtes mobilisés pour dénoncer l’injustice, l’arbitraire et pour exiger ma libération.

Je vous en remercie très sincèrement. Je veux vous dire aussi que je serai digne du soutien que vous m’accordez. On ne marchande pas la liberté même si on la paie parfois très chère. Ce n’est pas une question d’entêtement mais de dignité et de principe : pour la liberté je ne lâcherai rien. Le peuple palestinien, comme tous les autres, ne veut pas vivre à genoux. Et quelle force cela nous procure que de savoir que, vous aussi, vous n’avez pas l’intention de lâcher. Cela, l’occupant ne le mesure pas. Moi je le ressens au fond de moi. Et c’est pourquoi même quand il pleut je pense au soleil qui vient…  »

Salah Hamouri
Novembre 2017, prison du Néguev, section 24.

Ah, malheureux juifs qui souffrez !


Serge Grossvak

Ah, malheureux juifs qui souffrez !

Je vois vos mots, vos plaintes, vos lassitudes. « Cela ne finira donc jamais » ? Israël s’embrase encore et encore et vous avez peur, peur pour vos proches, peur pour vous, peur pour les juifs. Nulle pensée pour les Palestiniens. Vous êtes juifs, cela vous suffit.

Vous êtes las, vous êtes de « gauche », Travaillistes ou « Paix Maintenant », vous voudriez que cela s’achève. Ceux « de droite » sont de la rage, de la gourmandise du combat et de la domination. Ensemble, unis chaque fois que nécessaire (hors échéances électorales), vous êtes juifs, et cela vous suffit.

La rue Palestinienne rugit de désespoir et de rêves de liberté. Vous attendez que cela se passe, comme un mauvais temps avant l’été. Vous êtes si souvent en été. Aller, courage…

Cela fait des ans et des ans que cela dure. Cela fait des morts et des morts que cela dure. Ah, cela vous attriste, il faudrait la paix. La paix maintenant. Cela veut dire maintenant « gentiment, gentiment, gentiment… on parle”, « on négocie », un jour peut-être, si D.ieu le veut vraiment (il est si imprévisible D.ieu), un jour d’inadvertance il y aura peut-être peut-être un accord. Lorsqu’on est « de gauche » on est patient et compréhensif.

Ah, malheureux juifs qui souffrez ! Comme vous souffrez ! Comme votre souffrance est grande de cette cécité à l’égard des Palestiniens. Vous ne voyez rien. Leurs morts des mois sereins, vos mois d’été. Leurs humiliations de vos quotidiens confortables. Leurs oliviers millénaires détruits pour vos belles conquêtes. Leurs détritus reçus dessus leurs têtes d’écolier, de colons juifs. Allons, du calme les Palestiniens. Voyons de la retenue que diable, vous allez nous faire peur. Et vous savez, si nous avons peur nous allons être sévères, nous n’aurons pas envie de vous faire confiance.

Ah, tristes aveugles, sombres aveugles oppresseurs, vous n’avez pas assez peur. Pas assez pour ouvrir les yeux, les yeux sur vos voisins. Pas assez pour vous départir de votre armure prétentieuse. Vous n’avez pas assez peur pour redevenir humains, simplement humains ouverts aux autres humains.

Nos ancêtres souffraient et étaient opprimés. Leur vie était terriblement dure, et par période horrible. Mais eux avaient une richesse qu’ils préservaient jusqu’au pire du malheur : la soif de la dignité humaine pour tous les humains. Vous, Juifs d’Israël, derrière le rempart de votre puissance et votre prétention à bâtir « un nouveau Juif » avez piétiné l’unique richesse transmise au travers les siècles, même dans la tempête.

Vous avez peur. Alors qu’Israël s’enflamme même à Jaffa, même à Yoffo. Aurez-vous suffisamment peur pour que vos murailles d’inhumanité s’effondrent devant ce Choffar ? Vous qui vous vous cloitrez dans votre suprématie, aurez-vous suffisamment peur pour redevenir humain parmi les humains ?

Moi j’ai peur. J’ai peur pour mes amis d’Israel au cœur libéré de vos aspirations à la sauvage domination. J’ai peur pour notre cher Paul Doukhan, pour la brave Rivka Vitemberg, pour l’immense Nurit Peled, pour les âmes mêlées Eleonore et Eitan Bronstein, pour la poete Tal Nitzàn. J’ai peur pour ces israéliens de courage et d’humanité dans l’ouragan de votre nationalisme méprisant.

le 07/10/2015