Traversée en mer, camps, gaz lacrymogènes: Cette jeune femme a filmé son exode depuis la Syrie (VIDEO)


International Non, ceci n’est pas un film mais bien l’odyssée d’un migrant à travers les yeux de Rania, jeune Syrienne de 20 ans. Les images sont parfois dures mais elles reflètent la réalité de milliers de Syriens abandonnant leur foyer dans l’espoir d’obtenir un avenir meilleur.«Je veux un futur. J’ai 20 ans et je n’ai rien eu d’autre que ça… » A travers la caméra, on vit la route semée d’embuches de Rania. Fatiguée de la terreur que suscite la guerre dans son pays, cette jeune Kurde a fait le choix de quitter la Syrie pour rejoindre l’Europe. Avant de partir, Rania a rencontré un Norvégien qui lui a tendu une caméra et lui a demandé de tout filmer. The Guardian a publié ce « documentaire » poignant : « Escape from Syria : Rania’s odyssey ». Solidarité, violence, espoir, angoisse… De la boue des camps à la traversée en bateau de la Méditerranée en passant par les tirs des policiers… tout a été enregistré. Ce montage n’occulte rien, ni les larmes, ni les rires, ni la peur.Un reportage brut et authentique de 22 minutes. Aujourd’hui, la vidéo a été vue plus de 7 millions de fois.

Une jeune femme comme les autres

Rania Mustafa Ali est originaire de Raqqa, capitale auto-proclamée de l’Etat Islamique récemment tombée. A la veille du départ, elle jette un dernier coup d’oeil aux messages laissés par les radicalistes sur les murs de Kobane : «Vraiment ? Est-ce ça l’Islam ? Bombarder et tuer les gens ». Mais rien ne la fera changer d’avis : « Même si la traversée de la mer est effrayante, la vie ici est plus effrayante encore ». Ce qu’elle emporte dans son sac à dos : 300 dollars pour le passeur, un smartphone, un pc, quelques vêtements, des livres, des photos de familles et… ses DVD de Game of Thrones.

Un chemin semé d’embuches

La veille du départ en bateau, la jeune fille admet avoir peur, être « terrifiée« . Une fois dedans, la chaleur est intenable, les remous menacent l’embarcation de couler avec à son bord 52 personnes, alors qu’elle ne peut en contenir que 15.  « Comme d’habitude, le passeur est un bâtard ! », lance l’un des hommes à bord. Les enfants pleurent autour de Rania qui peine elle-même à retenir son angoisse. Heureusement, un navire les secourt avant que l’irréparable n’arrive. Débarquement à Athènes, direction la Macédoine. C’est malheureusement encore une arnaque. Rania perd 50 euros de son budget déjà serré.

Au bout de trois jours de train, de bus et de marche, Rania arrive enfin au camp d’Idomeni, à la frontière de la Macédoine. Une rumeur circule : les forces de l’ordre viendront le lendemain déloger les migrants et les renvoyer en Turquie. Dans la peur, un exode humain se déroule sous les yeux des organisations humanitaires. Il traverse une large rivière. Les handicapés et les blessés sont portés à bout de bras pour atteindre l’autre rive. Un spectacle effarant mais qui soulage la plupart des familles.

Une fois le premier village atteint, la liesse retombe. Les policiers les y attendent et les refoulent. Une nouvelle tentative désespérée de passer la frontière grecque décourage Rania. Les yeux brûlés par les gaz, la jeune Syrienne s’effondre en sanglots. « Je ne suis pas venue ici pour me faire brûler les yeux et frapper ainsi. Comme si je n’étais pas un être humain.»

Finalement, en mai 2016, Rania et son ami Ayman se font passer pour des touristes à l’aide de fausses cartes d’identité bulgares. Ils prennent l’avion direction Vienne en Autriche. Après un périple de plusieurs mois, ils sont enfin en sécurité mais ne perçoivent toujours pas leur avenir.

L’Eliodomestico : une solution open source pour désaliniser l’eau de mer


Pour rendre accessible l’eau potable au plus grand nombre, Gabriele Diamanti a créé Eliodomestico, un objet à énergie solaire qui désalinise l’eau de mer.

Et s’il on pouvait désaliniser l’eau de mer simplement ? Telle est la promesse d’Eliodomestico, un dessalinisateur solaire. Cette invention révolutionnaire a été créée par le designer italien Gabriele Diamanti. En 2015, encore 663 millions de personnes n’avaient pas accès à une source d’eau amélioré (eau ménagère, réservoir public, puits, source ou eaux pluviales) selon l’OMS. Eliodomestico pourrait bien changer la donne. Mais comment ça fonctionne ?

Source : Gabriele Diamanti

L’objet qui ressemble à un genre d’appareil à fondue maxi format en terre cuite repose sur le principe d’évaporation de l’eau. Il suffit de verser de l’eau de mer dans le réservoir du dessus, qui se met à chauffer grâce à l’énergie solaire. L’eau s’évapore, la pression augmente et la vapeur est poussée vers le bas de l’appareil par le biais d’un tuyau, avant se condenser. Le sel, lui, reste bloqué dans la partie supérieur de l’appareil. L’eau douce condensée est récupérée et stockée dans le contenant du bas, qui est portable. C’est simple comme bonjour.

Et l’appareil permet de désaliniser jusqu’à cinq litres d’eau pour la rendre « potable (…) saine et sans bactérie » comme l’annonce le designer italien.

Source : Gabriele Diamanti

En réalité, Gabriele Diamanti s’est simplement inspiré du cycle de l’eau naturel pour concevoir l’Eliodomestico : évaporation, condensation, précipitation et ruissellement. Le designer a tenu à mettre à disposition les plans de son invention en open source afin que celle-ci soit accessible aux populations les plus démunies.

Source : Gabriele Diamanti

Cette accessibilité est l’une de ses priorités, Gabriele a conçu l’Eliodomestico à partir de matières premières disponibles partout. Ainsi, pour réaliser son propre dessalinisateur solaire, il faut simplement se munir de terre, d’acier recyclé ou bien de céramique. Et l’assemblage se fait assez simplement.

Pour en savoir plus, c’est par ici et .

Voilà donc un solution d’avenir pour remédier au manque d’eau douce à travers le monde.

Comment Gaza a été réduit à une enclave invivable


Palestinians take part in a protest against the Gaza blockade, near Israeli Erez crossing in the northern Gaza Strip January 5, 2017. REUTERS/Ibraheem Abu Mustafa – RTX2XME1

Par Michael Lynk
Rapporteur spécial des Nations Unies pour les droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés par Israël depuis 1967
Il enseigne également à la Faculté de droit de l’université de Western Ontario (London, Ontario, Canada)

Comment peut-on vivre dans un endroit où on a l’électricité seulement quelques heures par jour, et l’eau seulement huit heures tous les quatre jours ?

Gaza et Tel Aviv se trouvent à seulement 75 kilomètres l’une de l’autre. Les deux villes partagent le même sol sablonneux et les mêmes étés brûlants du Levant. Mais les similitudes s’arrêtent là. Si on prenait la nuit une image satellite de la Méditerranée orientale on verrait sur Tel Aviv un flamboiement de lumière incandescente, et seulement quelques petites lumières pâles, un peu plus loin, sur le rivage de Gaza.
Gaza arrive dans son troisième mois de la restriction, imposée de l’extérieur, de son accès déjà insuffisant à l’électricité.
L’enclave de deux millions de personnes nécessiterait normalement environ 450 mégawatts (MW) d’électricité par jour pour avoir de l’électricité 24 heures sur 24. Cependant, au cours de la dernière décennie, du fait du rigoureux blocus israélien de Gaza, sa fourniture d’énergie est passée à quelque 200 MW, ce qui a entraîné des pannes de courant continuelles. Mais au cours des derniers mois, selon l’organisation israélienne des droits humains Gisha, la fourniture d’électricité de Gaza a varié chaque jour entre 140 MW et 70 MW, rallongeant d’autant les pannes et les souffrances de la population.
La première cause de la pénurie d’électricité réside dans le différend entre l’Autorité palestinienne (AP) et le Hamas sur la taxation des carburants. Cela a incité l’Autorité palestinienne à demander à Israël de réduire les 120 MW qu’il vendait quotidiennement à Gaza, à environ 70 MW, et Israël l’a fait.
Une deuxième source d’électricité de Gaza est l’unique centrale électrique de Gaza, qui ne peut produire que 50-55MW par jour (et seulement, quand il est possible d’importer du carburant d’Egypte). La centrale électrique a été gravement endommagée par les bombardements israéliens en 2006 et à nouveau en 2014, et Israël a limité l’entrée de pièces de rechange à Gaza. Si l’usine était entièrement opérationnelle, elle pourrait produire environ 140 MW.
La troisième source d’approvisionnement en électricité de Gaza provient de l’Égypte, qui fournit environ 28MW par jour, avec actuellement beaucoup de coupures. Et la quatrième source est constituée de panneaux solaires individuels et de générateurs que seuls les plus aisés peuvent s’offrir.
Les conséquences sociales de cette terrible pénurie d’électricité sont graves. Les ménages sans générateurs ou sans panneaux solaires – la grande majorité des Gazaouis – ont entre 4 et 6 heures d’électricité par jour dans le meilleur des cas, suivies de 12 à 16 heures de coupure. Les hôpitaux sont obligés d’avoir d’énormes générateurs et de rationner l’électricité. Les commerces et les entreprises sont obligés de fermer. Plus de 100 millions de litres d’eaux usées non traitées se déversent quotidiennement dans la Méditerranée, polluent les plages et les lieux de pêche. Il faut acheter la nourriture au jour le jour et la consommer rapidement. Le service Internet – le seul lien de presque tous les Gazaouis avec le monde extérieur – est sporadique. Et il y a peu d’électricité disponible pour la climatisation et les ventilateurs permettant de lutter contre la chaleur étouffante de l’été.

Le contexte de la pénurie à Gaza

L’équipe de pays des Nations Unies (UNCT) dans le territoire palestinien occupé a récemment publié un rapport sans concession, sur l’impact humanitaire des 10 ans de blocus israélien de Gaza et des divisions politiques internes des Palestiniens. Ses conclusions sont terribles : l’appauvrissement de Gaza est entièrement dû à des décisions humaines, et non à des causes naturelles.
L’année 2007 a été le début de la fin pour Gaza.
En juillet de cette année-là, Israël a imposé un blocus total à la bande de Gaza en déclarant qu’elle était une « entité ennemie ». La vie avant 2007 à Gaza était déjà très difficile, mais depuis elle est devenue catastrophique et sans espoir. Gaza, dont on a pu dire autrefois qu’elle était la future « Singapour du Moyen-Orient », est devenue le symbole de la misère la plus horrible.

Selon le rapport de l’ONU, entre 2006 et 2016, le produit intérieur brut (PIB) de Gaza par habitant a diminué de 5,3 %, alors qu’il a progressé de 48,5 % en Cisjordanie occupée.
En 2004, 30% de la population vivait déjà sous le seuil de la pauvreté et il y en a 40% aujourd’hui.
Gaza souffre de l’un des taux de chômage les plus élevés au monde, soit 41% fin 2016.
Plus de 60 % des Gazaouis qui ont entre 20 et 24 ans sont sans travail et le taux de chômage des femmes a augmenté de 35% à 64% entre 2006 et 2016.
En 2017, plus de 60% de la population dépend partiellement ou totalement de l’aide humanitaire. Selon d’autres rapports, la violence sexiste, les divorces, les suicides et la consommation de drogues sont en augmentation régulière.
Les secteurs économiques traditionnels de Gaza se détériorent. L’agriculture, l’exploitation forestière, la pêche et la production industrielle sont tous en déclin et la principale source de croissance provient, tragiquement, de la reconstruction des quartiers détruits lors des trois agressions israéliennes des neuf dernières années.
Israël contrôle tout ce qui rentre et sort de Gaza ; le nombre moyen de camions de marchandises sortant de Gaza au cours des cinq premiers mois de 2017, n’est même pas le tiers de ce qu’il était au cours du premier semestre de 2007.
« La dégringolade économique de Gaza au cours de la dernière décennie », indique le rapport de l’ONU, « est le signe incontestable du recul du développement de la bande de Gaza. »
La situation de l’eau potable à Gaza est désespérée. La surexploitation destructrice de l’aquifère côtier a provoqué des irruptions d’eau de mer, et 96 % des eaux souterraines sont maintenant impropres à la consommation humaine.
La moitié de la population a accès à l’eau pendant seulement huit heures tous les quatre jours et 30 % des habitants ont de l’eau pendant huit heures tous les trois jours. L’eau des camions citernes est 15-20 fois plus chère que l’eau du réseau, et elle n’est pas de bonne qualité. Comme pour tous les produits rares, ce sont les pauvres et les personnes en état de faiblesse qui sont les plus touchés. Un nouvel accord sur l’eau entre Israël et l’Autorité palestinienne, annoncé récemment, pourrait soulager un peu la population, mais pour bien faire, il faudrait que Gaza parvienne à l’autosuffisance grâce à des usines de désalinisation et à une production d’électricité sécurisées.
Le rapport de l’ONU rappelle au monde entier qu’Israël demeure la puissance occupante à Gaza, car il contrôle ses frontières terrestres, maritimes et aériennes, même s’il n’a plus de « bottes au sol ».
En tant que tel, il a l’obligation juridique d’assurer la santé, la dignité et le bien-être de la population.
Le rapport souligne en particulier, que « les nombreuses restrictions imposées par Israël à la fois sur les mouvements des personnes et sur les biens entrant et sortant de Gaza violent toute une série de droits humains élémentaires tels que le droit à la liberté de mouvement et le droit à la santé, à l’éducation, à un travail, à un niveau de vie décent et à une vie de famille ». Les autres acteurs qui sont responsables de Gaza – le Hamas, l’Autorité palestinienne et l’Égypte – ont également le devoir légal de respecter les standards humanitaires et les droits humains, ce qui n’a pas toujours été le cas au cours des dernières années.
En 2012, l’ONU a publié un rapport intitulé « Gaza en 2020 : pourra-t-on encore y vivre ? ».
Ce rapport était inquiétant, mais le dernier rapport de l’ONU est désespérant. Il conclut que Gaza, en cinq ans, a été victime d’une « spirale descendante de développement », qui a enfermé les habitants de Gaza dans un cercle vicieux de crise humanitaire et de dépendance perpétuelle à l’aide humanitaire. »
Il ne reste que trois ans avant 2020, et le rapport souligne que, s’il n’est pas mis fin à la situation actuelle, Gaza deviendra encore « plus isolée et plus désespérée » avec le risque de conflits encore plus dévastateurs et d’une économie encore plus exsangue.
Si rien n’est fait, il vaut mieux cesser de nourrir l’espoir d’une réconciliation politique entre les Palestiniens et d’une paix durable entre Israël et la Palestine.
Alors, est-ce que les images satellites de la nuit à Gaza montreront bientôt quelques lumières?

Michael Lynk (9/08/17)
Traduction : Chronique de Palestine – Dominique Muselet

Ce réfugié syrien obtient son diplôme de médecin à 27 ans


Il y a plus d’esclaves aujourd’hui qu’il n’y en a eu du XVIe au XIXe siècle


 

Après quinze années d’études terrain, un économiste britannique dresse un constat alarmant de l’esclavagisme dans le monde.

« On est quand même plus développés qu’il y a 500 ans » est un poncif si profondément ancré dans notre inconscient que l’on en deviendrait presque incapable de le remettre en question. Et pourtant, certaines situations se sont considérablement aggravées. L’esclavage, par exemple.

D’après une étude de l’économiste spécialisé Siddharth Kara, relayée par The Guardian, il y a aujourd’hui deux fois plus d’esclaves que durant les 350 années du trafic d’esclaves, qui s’est déroulé du XVIe au XIXe siècle. Sur toute cette période, on a comptabilisé 13 millions d’esclaves ; aujourd’hui, ils sont près de 21 millions.

Pour établir les conclusions dramatiques de son livre à paraître Modern Slavery (« l’esclavage moderne »), Siddharth Kara a enquêté pendant quinze ans dans 51 pays et interviewé pas moins de 5 000 personnes victimes de l’esclavage. Selon l’économiste, le trafic d’êtres humains est devenu le troisième marché le plus juteux du marché noir, derrière la vente d’armes et le trafic de drogues. Car la vie d’un homme ou d’une femme rapporte gros à celui qui l’exploite.

Sous nos yeux

« Il s’avère que l’esclavage moderne est nettement plus rentable que je ne l’avais imaginé […]. Chaque année, on estime que ce trafic rapporte 150 milliards de dollars aux exploitants », s’alarme Siddharth Kara auprès du média britannique. « Pour chaque esclave, les profits annuels peuvent varier de quelques milliers de dollars à plusieurs centaines de milliers d’euros par an ».

C’est l’esclavagisme sexuel qui culmine au sommet de ce triste classement. Ses victimes représentent 5 % du nombre total d’esclaves, mais sont de loin celles qui génèrent le plus d’argent : en moyenne 36 000 dollars (30 500 dollars) par an et par victime. C’est peut-être le visage le plus médiatisé de l’esclavage moderne, mais d’après un rapport de l’ONU sur le trafic des êtres humains, les domaines où des millions d’hommes, femmes et enfants sont exploités sont dramatiquement nombreux : enfants soldats, mendicité ou mariage forcés, trafic d’organes, ventes d’enfants, travaux en tout genre…

« L’esclavagisme se déroule juste sous nos yeux », enfonce le média britannique, « c’est particulièrement courant dans les industries du bâtiment, de l’agriculture, de la pêche ou des travaux domestiques ». Bref, des secteurs où les contacts avec l’extérieur sont limités et où l’exploitation de l’humain par l’humain peut suivre son triste cours.

« La Syrie tous complices… »


Dans les ruines d’Alep, en Syrie, le 22 juillet 2017.

ZOOM 

Dans les ruines d’Alep, en Syrie, le 22 juillet 2017. / George Ourfalian/AFP

• « La Syrie tous complices… », Ali Hamra, édition Y.I.L. 108 p., 23 €.

Le livre s’ouvre sur un dessin d’Alep. Des ruines nues, au milieu desquelles deux yeux percent. « T’as vu l’ONU ? Ils exigent un ultimatum humanitaire », nous informe l’un des civils planqués, au travers d’une petite bulle rappelant le style B.D. « On est sauvé ! » lui répond enjoué son compagnon, dont les paroles contrastent tant avec le décor que le titre du tableau : « Alep… ville martyre. »

Trait fin, symbolisme, ironie : on reconnaît le style de l’auteur, Ali Hamra, caricaturiste et journaliste syrien de renom a quitté son pays en 2012. Aujourd’hui installé en France, le dessinateur publie dans un ouvrage plus de 150 caricatures sur le conflit syrien, exposées à Paris en 2016.

ANALYSE : En Syrie, des cessez-le-feu en trompe-l’œil

« Un homme armé de ses crayons »

« Ce livre est un cri, non de peur, mais un cri d’avertissement et de colère, d’un homme seulement armé de ses crayons et de ses feutres », indique en préambule l’éditeur. Répression du régime, terrorisme, crise des migrants : toutes ces thématiques sont déroulées, dépeintes, dénoncées. Pour retranscrire les événements, l’auteur mobilise une arme fatale, la caricature, et les deux pendants de cet art.

Le premier, le symbolisme, s’adonne à une violence crue, voire déconcertante. L’ensemble du conflit est violent : tant les armes en elles-mêmes que les conditions de vie des victimes civiles. Omniprésente, la couleur rouge sur le drapeau syrien, une faucheuse piétinant celui-ci, ou se déversant au pied de la Tour Eiffel.

Complément inéluctable de ce symbolisme, l’humour noir, l’ironie, à travers lesquels se révèle la dimension engagée de l’ouvrage. Le dessinateur démontre la vérité sur le conflit syrien, « l’odeur de la chair humaine » et « la guerre quotidienne qui tuait sans distinction des centaines de victimes par jour. »

Chaîne de responsabilités

Mais au final, qui dénoncer ? Bachar Al Assad, qui apparaît dans chaque dessin, arborant un costume jaune, en référence aux bombardements au chlore produisant une fumée de cette couleur. Le leader syrien, auteur caché des crimes, qu’on retrouve par exemple tendant le bras par-dessus l’épaule d’un djihadiste pour tirer au loin.

Mais pas seulement. À mesure que l’on progresse dans la lecture, Bachar Al Assad apparaît avec des soutiens, officiels ou cachés. Des complices qui apparaissent comme un vaste réseau, donnant ainsi son sens au titre. La Russie, l’Iran, la communauté internationale : tous participent à un « marchandage politique de la situation syrienne », nourrissent un conflit qui ne se limite pas aux frontières du pays.

Au-delà des frontières syriennes

Ali Hamra aborde aussi les conséquences du conflit : la crise des migrants et le terrorisme : « Au travers de mes dessins, il s’agit de « comprendre les liens entre la dictature qui nourrit les « mauvaises herbes » et la naissance du terrorisme…Ce qui se passe au Proche-Orient et particulièrement en Syrie aura un impact sur tout le monde », conclut-il.

source