UN PARTI SUPER GÉNIAL!


par Ronald Barakat, mardi 30 octobre 2012, 08:41 ·

Par quel super génie ce parti dit de Dieu a-t-il pu, depuis ses années d’or 90 jusqu’à la libération du sud en 2000, en arriver aujourd’hui à être haï par la majorité du peuple libanais? Et encore plus que l’ennemi sioniste? Par quel super génie est-il parvenu à passer de résistance à l’envahisseur à envahisseur du propre pays dont il défendait le territoire et violeur de sa souveraineté?

De défenseur de l’État à l’instaurateur d’un mini-État dans l’État, avec son territoire propre, son armée confessionnelle propre, son administration propre, son infrastructure propre incluant les télécommunications?

Par quel super génie a-t-il transformé son milieu ambiant, jadis favorable, en un milieu si hostile, et est-il devenu l’ennemi à abattre plus que l’ennemi sioniste? Par quel super génie ce parti a-t-il pu confirmer le label de «parti terroriste» que lui avait collé le tandem américano-sioniste en devenant dans les instances onusiennes, dans la chambre du TSL, dans les chancelleries occidentales LE SUSPECT de l’assassinat de Rafic Hariri? Et dans l’esprit de la majorité des Libanais l’ACCUSÉ pour cet attentat et tous les attentats qui ont précédé et suivi?

Par quel super génie a-t-il provoqué le clivage, voire la fracture, entre sunnites et chiites, et favorisé, par son refus de déposer ses armes, jadis légitimes, conformément aux accords de Taëf, l’émergence de formations sunnites armées, de groupuscules radicaux, dans le but de contrecarrer ses prétentions hégémoniques ou de faire contrepoids à sa domination communautaire?

Par quel super génie a-t-il adopté, vis-à-vis de la révolution syrienne, et contrairement aux autres révolutions arabes, une attitude inconséquente avec ses principes de parti défenseur des peuples opprimés, allant même jusqu’à appuyer militairement l’oppresseur, proche de sa confession, pour s’aliéner au moins 80% du peuple syrien? Par quel super génie ce parti s’est-il fait l’ennemi de la nouvelle Syrie en émergence? Ainsi que l’ennemi des pays arabes réunis?

Par quel super génie est-il parvenu à s’entourer d’ennemis, à l’intérieur et à l’extérieur? Et ainsi faire le jeu et la satisfaction de l’ennemi israélien? Par quel super génie s’est-il mis, par ses pratiques belliqueuses, suspectes, vexatoires, mensongères, hégémoniques et discriminatoires, en totale contradiction avec la morale et les préceptes de sa religion et ainsi se rendre comptable au-devant d’Allah! Il faut un super génie pour en arriver là! Il est super génial ce parti, pardieu!

source : Facebook page de Ronald Barakat

Le conflit israélo-iranien selon Chomsky


Iran  Invité par l’Université américaine du Caire, le linguiste et philosophe juif américain Noam Chomsky a exposé ses points de vue sur l’équation politique au Moyen-Orient, tout en s’attardant sur le dossier iranien.
Iran

Noam Chomsky à l’AUC. ( Photo: Randa Ali )
 La conférence tenue mardi dernier à l’Université américaine du Caire par Chomsky a attiré les foules. Des centaines de personnes attendaient dans des files interminables dans la rue Mohamad Mahmoud dans l’espoir de rentrer dans la salle de conférence. Mais seuls ceux arrivés plusieurs heures en avance ont pu trouver une place.

Ce rassemblement unique réunissant académiciens, politiciens, journalistes, étudiants et personnalités publiques à proximité de la mythique place Tahrir, témoigne de la popularité hors pair du philosophe et linguiste américain.

Les révolutions arabes, le nucléaire iranien et Israël ont dominé une grande partie du discours de Chomsky, qui a expliqué les positions américaines dans la région et a fait le point sur les forts liens qu’entretiennent les Etats-Unis avec Israël qu’il a qualifié de « pays le plus dangereux au monde ». Le soutien politique américain à Israël nourrit continuellement, selon l’intellectuel, la détermination américaine et israélienne à attaquer l’Iran. Chomsky estime que n’importe quelle solution militaire envers l’Iran pourrait avoir des conséquences catastrophiques et déstabiliser l’ensemble de la région.

Le philosophe avance aussi que les pays du Golfe sont les bases d’attaques américano-israéliennes sur Téhéran, en particulier depuis l’augmentation de l’aide allemande et américaine dans la région ces derniers temps.

Il incite les peuples à adopter un savoir-faire en matière de liberté et à prendre leurs destins en main. Des points censés être acquis depuis la vaste vague de révolutions qui a touché le monde arabe et renversé certaines dictatures. Chomsky a appelé à concrétiser ce qu’il a appelé un Moyen-Orient, une zone sans armes nucléaires qui fut une proposition adoptée en Egypte en 1995 et acceptée par les populations américaines et israéliennes. Il est, selon lui, grand temps de faire pression sur les Etats-Unis pour l’appliquer véritablement.

Chomsky estime par ailleurs que l’Iran est une force non négligeable dans la région : l’attaquer ne sera pas semblable aux anciennes initiatives israéliennes, comme l’attaque contre le réacteur nucléaire iraqien Osirak au début des années 1980.

Il a affirmé que les Etats-Unis avaient la capacité d’attaquer n’importe quel pays, notamment grâce à leurs nombreuses bases militaires dans la plupart des pays du Moyen-Orient. « Mon pays traverse une phase d’effondrement économique en raison de la crise, mais aussi politique pour avoir échoué à avoir la Chine comme alliée », a ajouté le célèbre linguiste.

Chomsky a réitéré durant son discours que les Etats-Unis ne soutiennent que les démocraties qui servent leurs propres intérêts, ce qui leur donne le droit de s’incruster dans les politiques internes du Moyen-Orient et de manipuler les relations internationales. La neutralité que dégagent les propos et les analyses du philosophe explique sa notoriété et l’admiration que lui voue l’opinion publique arabe.

source

En direct : L’ouragan Sandy fait au moins 13 morts, et plonge 6,5 millions de personnes dans le noir


30.10.12 | 06h38  •  Mis à jour le 30.10.12 | 07h58

La tempête Sandy a touché de plein fouet la côte des Etats-Unis à 20 heures, heure locale, lundi 29 octobre. Selon premier bilan, au moins treize personnes ont été tuées aux Etats-Unis et au Canada.

  • Sandy, devenu un « cyclone post-tropical », a atteint les côtes nord-est des Etats-Unis, lundi 29 octobre peu après 20 heures, heure locale (1 heure du matin, heure de Paris), avec des vents soufflant jusqu’à 120 km/h. La « super tempête » a frappé de plein fouet le New Jersey et l’Etat de New York. Mais ses effets se feront ressentir dans toute la partie est des Etats-Unis, de la Caroline du Sud jusqu’à la frontière canadienne.
  • Selon un bilan établi par l’AFP, au moins 13 personnes ont été tuées pendant cette tempête aux Etats-Unis et au Canada. Quatre personnes ont été tuées à New York et dans le New Jersey, essentiellement par des chutes d’arbres, selon les autorités locales. Des décès sont recensés en Pennsylvanie, en Virginie-Occidentale et en Caroline du Nord.
  • Au total, plus de 5,5 millions d’habitants sont privés d’électricité sur l’ensemble de la côte Est et plus d’un million ont été invités à quitter leur domicile. Une centrale nucléaire a également été mise en alerte dans le New Jersey, en raison « d’un niveau d’eau excessif ».
  • Le maire de New York, Michael Bloomberg, a annoncé que 250 000 personnes étaient privées de courant sur l’île de Manhattan, notamment après l’explosion d’un transformateur. La majorité des tunnels menant à l’île était inondés. De nombreux incendies ont éclaté dans la mégapole et de très importantes inondations ont également été signalées à Brooklyn, à Coney Island et à Staten Island. Le reportage de notre correspondant sur place : « La ville qui ne dort jamais reste éveillée par un cauchemar ».

Éléments ressources

  • L’avancée de Sandy à 7 h 30 (heure de Paris) via le New York Times :

source

Carnet d’un retour en Palestine


Fadwa Qasem

fadwa-1_110 La résolution
Enfin, je visiterai la Palestine. La décision pouvait ressembler à un coup de tête pour les miens et parfois pour moi-même. En vérité, cela fait des lustres que j’y pense, que j’y réfléchis et que j’attends.
fadwa-2_110 Je franchirai ce pont
Nous avons attendu, très longuement attendu. D’autres personnes attendaient aussi: des Arabes, des Palestiniens, des touristes… avec moi qui étais tout cela à la fois. Le car arrivera dans dix minutes, nous a-t-on dit à maintes reprises. Le car est arrivé après 150 minutes.
fadwa-3_110 L’autre bord
La masse humaine affluait lentement, chaque fois que les officiers israéliens nous permettaient de traverser la petite barrière par petits groupes.

Suite de l’article ici

Conférence Syrie Louvain la Neuve lundi 29 octobre 20h30


https://www.facebook.com/events/104922596335004/

  • Montesquieu 3 – Louvain-la-Neuve
  • La question syrienne est plus que jamais d’actualité. Près de 19 mois après le début du conflit, le compteur des morts, blessés, emprisonnés n’en finit pas de tourner. L’instabilité se transmet aussi hors des frontières, avive les tensions au Liban et provoque des réponses musclées de la part d’Ankara. Les réponses des institutions internationales se font toujours attendre, l’ONU ne parvenant pas à dépasser le blocage de la Chine et de la Russie.

    Le kot Amnesty International vous propose une conférence su

    r la Syrie qui abordera trois grands aspects: Traitement médiatique de la question syrienne, respect des droits de l’homme et un témoignage d’un réfugié syrien.

    Intervenants

    Pascal Fenaux: Journaliste au Courrier International et professeur invité de l’UCL en communication. Il abordera le rôle des médias dans la question syrienne. Comment les média rendent-ils comptent de cette situation en Syrie ? Peut-on parler d’objectivité ? Certains média jouent-ils le jeu du régime ? Pourquoi ? Comment ?

    Sophie Aujean: Responsable Proche-Orient d’Amnesty International. Elle présentera plus spécifiquement les atteintes aux Droits de l’Homme en Syrie et présentera les derniers rapports d’Amnesty International sur le sujet.

    Fahdi: Fahdi est un réfugié syrien qui se présentera et parlera de son engagement en Syrie. Pourquoi et comment s’être engagé? Quelles en ont été les conséquences? Son témoignage permettra d’avoir le point de vue d’un acteur direct du conflit. Il sera traduit en direct par Giacomo Profili

    Ces différentes présentations seront bien sur suivies de questions-réponses avec le public.

    Nous vous attendons nombreux !
    Le Kot Amnesty

Malek Chebel : « L’islam n’est pas mal aimé, il est mal compris »


Le Point.fr – Publié le 25/10/2012 à 16:56 – Modifié le 26/10/2012 à 13:14

43 % des Français considèrent que la présence d’une communauté musulmane en France est une « menace » pour l’identité du pays.

Une étude montre une opposition de plus en plus marquée des Français à certains symboles de l'islam.Une étude montre une opposition de plus en plus marquée des Français à certains symboles de l’islam. © Alfred / Sipa

Une étude publiée récemment montre un durcissement des Français vis-à-vis de l’islam. 43 % des Français interrogés considèrent que la présence d’une communauté musulmane en France est plutôt une « menace » pour l’identité du pays. L’anthropologue des religions Malek Chebel, défenseur d’un islam des Lumières, nous éclaire sur ce désamour.

Le Point.fr : Comment expliquer que six Français sur dix estiment que l’influence et la visibilité de l’islam en France sont aujourd’hui « trop importantes* » ?

Malek Chebel : C’est un phénomène circonstanciel, lié au tunnel d’affaires plus ou moins scabreuses que nous avons connues depuis le début de l’année. Des faits divers qui touchent de près ou de loin – bien souvent de loin – à la question de l’islam en France. Tout cela est le résultat d’une ignorance globale de ce qu’est l’islam, et cette méconnaissance alimente la peur et le désamour de cette religion.

Peut-on dire que beaucoup de Français ont pris conscience de la place de l’islam dans la société française au travers de ces nombreuses « affaires » ?

Oui. Si certains de nos concitoyens ont découvert cette religion à travers le voyage, au contact des musulmans eux-mêmes, la grande majorité tient l’islam pour une idéologie obscure similaire au communisme, au fascisme ou au nazisme. En réalité, ils n’ont aucune connaissance intime de l’islam, de sa structure, et surtout de sa dimension lumineuse.

Comment infléchir cette tendance ?

Nous avons malheureusement affaire à des mécaniques d’ensemble, difficiles à débloquer. À cette difficulté il faut ajouter la crainte globale d’ordre sécuritaire au sens large : la sécurité alimentaire, de l’emploi, la situation géopolitique. Notre société est tissée de niches d’insécurité qui fragilisent le regard compatissant des gens envers l’islam.

La religion musulmane est-elle mal aimée ?

Elle est surtout mal comprise. Elle fascine et intéresse, et par conséquent produit de l’effervescence.

D’autres religions ont-elles connu ce phénomène ?

Le christianisme, il y a quelques années, vivait, si j’ose dire, « sa descente aux enfers ». Il y a quinze ans, le christianisme était considéré comme poussiéreux, répulsif, fondé sur l’interdit. Toutes les évolutions sociétales étaient neutralisées par le clergé. Le christianisme aux yeux des chrétiens eux-mêmes était devenu « un boulet ». Mais rien de plus « normal » dans une France laïque, où la laïcité qui craint pour son espace a besoin de s’affirmer. Le discours religieux est de fait perçu comme trop excessif.

L’islam n’est pas plus violent aujourd’hui que par le passé et, à terme, il peut être plus brillant qu’il ne l’a jamais été. Encore faut-il que les conditions géopolitiques, stratégiques et humaines soient réunies. Le jour où il n’y aura plus de pétrole dans les pays musulmans, la tension baissera.

L’islam est-il devenu, comme l’affirme le président du Conseil français du culte musulman, Mohammed Moussaoui, un sujet politique ?

Ça l’a toujours été. L’islam n’a jamais été autre chose en France qu’un sujet politique, parce qu’il a été assimilé à une population immigrée à qui il fallait offrir un emploi, un toit, une sécurité.

Comment les musulmans vivent-ils cette situation ?

Pour la très grande majorité, ils sont effarés et sont souvent dépassés par la disproportion que prend chaque affaire liée à leur religion. Pour les autres, ils soufflent sur les braises.

Qui sont les ennemis de l’islam ?

Une infime partie des musulmans eux-mêmes. Des extrémistes qui veulent imposer leur vision de l’islam, un islam fantasmé et schizophrène qui n’est pas la réalité. Il y aussi des petits lobbies qui vivent de l’antagonisme des religions. Et d’autres encore, difficiles à démasquer, qui tirent les ficelles sans jamais se mettre en première ligne et qui laisseront toujours d’autres faire le travail pour eux.

* Sondage Ifop pour Le Figaro, publié jeudi 25 octobre, réalisé en ligne du 15 au 18 octobre sur un échantillon de 1 736 personnes représentatif de la population française de 18 ans et plus.

L’islam, de chair et de sang, de Malek Chebel (Librio, 80 p., 3 euros). Malek Chebel publie également, avec Claude Durand, une relecture modernisée des Mille et une nuits (Nouveau Monde Éditions, 280 p., 22 euros).

Les déboires du « printemps de Damas » (2002)


Prophétique article tiré des Archives du Monde Diplomatique de novembre 200

Quel sera l’objectif américain après l’Irak ? La question hante les dirigeants de Damas, qui craignent de faire les frais de la politique des Etats-Unis, des tensions nées entre le Liban et Israël sur les questions de l’eau et des risques d’embrasement à la frontière des deux pays. Cette instabilité de l’ordre régional a permis aux caciques du régime baasiste de mettre un terme au « printemps de Damas », qui avait suivi la mort du président Hafez El Assad et son remplacement par son fils, M. Bachar El Assad.
Par Judith Cahen *

A la mort d’Hafez El Assad le 13 juin 2000, après trente années de pouvoir sans partage, la société civile, les opposants au régime, et même certains baasistes, ont cru à la démocratisation du système politique. La personnalité et la jeunesse de son fils Bachar, successeur désigné du qaïd, sa volonté de modernisation et de lutte contre la corruption ont suscité un grand espoir. Certes, nombre de gens furent choqués par la rapidité avec laquelle la succession fut bouclée  (1) et refusèrent la manière dont le nouveau pouvoir insistait sur l’« exception syrienne » qui empêcherait le pays de pratiquer la démocratie des autres. Mais l’insistance du jeune président sur le respect de l’opinion publique accéléra le mouvement de contestation réclamant plus de démocratie et de respect pour le droit des personnes.

« Il faut redonner la parole au peuple. Que le Parlement ait à nouveau le pouvoir de contrôler l’Etat. Sans ce retour aux principes républicains, la Syrie restera ce qu’elle est aujourd’hui : un régime totalitaire, une République héréditaire. » Par cette déclaration de juin 2000, M. Riyad Turk, chef du Parti communiste – Bureau politique, libéré après plus de quinze ans de prison, s’affirme comme la figure emblématique du « printemps de Damas  (2) ». Pendant un an, des pétitions – émanant de groupes aussi différents qu’un collectif de « 99 intellectuels », d’avocats, de Syriens de l’étranger ou des Frères musulmans basés à Londres – paraissent dans la presse arabe non syrienne pour réclamer la fin de l’état d’urgence – maintenu depuis l’arrivée du Baas au pouvoir en 1963 -, le retour à l’Etat de droit, le pluripartisme et la libération de tous les prisonniers politiques.

Parallèlement, des muntadayat (forums de discussions organisés en appartement) s’ouvrent à Damas et dans la plupart des grandes villes du pays, recueillant un large succès. Des personnalités politiques indépendantes, des universitaires, mais aussi nombre de citoyens commencent à y exprimer, en public et sous l’œil attentif de membres du Baas, leurs critiques contre la corruption, l’accaparement du pouvoir par les dignitaires du régime et leurs enfants ou appellent au multipartisme, au respect du droit d’expression et à la libération des prisonniers politiques.

Puis, en septembre 2001, le régime, après avoir lancé un premier avertissement sur les lignes rouges à ne pas franchir (3), jette en prison dix militants pour la démocratie, dont M. Riyad Seif, député indépendant, et M. Turk. A la fin d’août 2002, tous les militants sont condamnés à des peines allant de deux à dix ans de prison pour avoir « porté atteinte à la Constitution, incité à la sédition armée et aux dissensions confessionnelles, sapé le sentiment patriotique et propagé de fausses nouvelles ».

Certains observateurs étrangers soutiennent que M. Seif a été emprisonné à la suite d’un rapport au Parlement dans lequel il dénonçait des irrégularités entourant la création de deux monopoles de téléphonie mobile, SyriaTel et Investcom, dont M. Rami Makhlouf, cousin de M. Bachar El Assad, est le principal actionnaire. En réalité, M. Seif n’avait même pas cité ce dernier, mais il avait attiré l’attention sur le fait que la Syrie était l’un des rares pays dans le monde où l’Etat n’avait rien gagné par la vente des licences de téléphonie mobile et où les opérateurs n’étaient même pas soumis à l’impôt sur les sociétés…

Pour Me Haïssam Maleh, président de l’Association des droits de l’homme en Syrie (ADHS), contre lequel un mandat d’arrêt a été émis récemment, « le pouvoir a voulu, avec ces arrestations, envoyer un message clair à la société civile. Il n’avait pourtant rien à craindre de ce mouvement – et d’ailleurs personne ne croit en Syrie que le régime sera renversé par la force. Mais la peur est double : il y a celle du peuple, et celle du régime, qui craint pour ses privilèges ».

Une presse sous contrôle

Les forces ayant porté le « printemps de Damas » avaient d’ailleurs des contours flous et manquaient singulièrement d’assise populaire. Y… regarde, sceptique, le marc de son café ; il a préféré une rencontre dans un lieu public, les appartements des opposants étant trop souvent surveillés. Après avoir passé de longues années en prison, cet ancien membre du Parti communiste de M. Turk porte un regard amer : « Les jeunes sont formatés par le Baas de la maternelle à l’université. La nouvelle génération ne pense au mieux qu’à faire de bonnes études, au pire qu’à s’enrichir par tous les moyens. En Syrie, on ne peut pas vraiment parler d’opposition, mais plutôt d' »attitude oppositionnelle » consistant à en appeler à la « glasnost » et à la modernisation. Ses différents courants sont comme des tribus qui se côtoient, mais ne proposent pas de projet fédérateur. Et elle a échoué à conquérir la jeunesse, peut-être parce qu’elle continue à utiliser un vocabulaire politique qui n’a pas changé depuis les années 1950-1960. »

Cette jeunesse urbaine ressemble à celle des grandes villes européennes : portables et street wear sont l’apanage des Damascènes, qui ont depuis peu investi la traditionnelle medina, désormais remplie de cafés Internet, de restaurants implantés dans d’anciens palais et de discothèques pleines à craquer le jeudi soir, veille du week-end musulman. Les copines sortent en groupe, les lycéennes enlacent leur petit copain dans les lieux publics, et on aperçoit çà et là des femmes voilées fumer en pleine rue.

Du côté du pouvoir, les choses sont retournées à la situation initiale, confie un diplomate : « Le style présidentiel n’a pas changé, même s’il y a moins de portraits du président dans les rues. Avant son accession au pouvoir, on voyait Bachar El Assad partout, en toute simplicité. Aujourd’hui, non seulement on ne le voit plus, mais il reste totalement opaque pour son peuple sur les questions internes : aucune interview aux médias syriens, pas de discours télévisés… »

D’ailleurs, l’ancien système politique n’a jamais disparu. Plus que jamais, il s’apparente à une joumloukia  (4). Pour confirmer son intronisation, M. Bachar El Assad a dû réunir le Congrès du parti, qui ne s’était plus tenu depuis 1985. Le Baas, un moment tenté par le « printemps », s’est soudé autour des dignitaires, de peur de perdre ses privilèges de parti « guide » de la Syrie. Seule nouveauté, quelques proches du nouveau président (huit sur trente-six ministres) détiennent des postes importants du point de vue économique, mais pas du point de vue politique.

M. Assad fils a permis l’introduction d’une nouvelle loi sur la presse (inchangée depuis 1949), qui autorise la publication de nouveaux titres, mais reste très restrictive : les journaux mettant en cause l’« unité » ou la « sécurité » nationale peuvent être interdits, la publication de fausses nouvelles est punie de un à trois ans de prison et d’une amende pouvant aller jusqu’à 18 000 dollars. Pour cet universitaire damascène, « la nouvelle loi institutionnalise la censure. Les fils des caciques du régime, par leurs liens avec le pouvoir et leur poids économique, sont les seuls à en profiter ». De fait, les nouveaux titres sont tous dirigés soit par des formations politiques inféodées au Baas, soit par des amis ou familiers de Bachar, soit par des fils de dignitaires du régime. Cette nouvelle presse s’est même montrée bien plus dure vis-à-vis du dossier Seif et des autres prisonniers d’opinion que la presse officielle.

Sur la corruption, ce diplomate européen constate, non sans une pointe de cynisme, que « derrière chaque homme d’affaires il y a un général qui veille au grain. Ici, la corruption est endémique. Par exemple, chaque colonel a droit à une dotation de diesel. Qu’en fait-il ? Il la revend à bon prix aux chauffeurs de taxi… La plupart des puissants ne pensent qu’à se faire de l’argent ; peu leur importe que ce soit dans une économie socialiste ou capitaliste. Mais, lorsqu’ils auront compris qu’il y en a plus à se faire dans un système capitaliste, alors peut-être ils songeront à la démocratie ».

Dans un pays où le chômage frappe au moins 20 % de la population active, où les 15-35 ans représenteront dans deux ans un peu plus de 8 millions de personnes, soit près de la moitié de la population, et où le produit national brut par habitant se situe en deçà de 1 000 dollars  (5), le gouvernement mise surtout sur le thème de la réforme économique pour faire oublier l’absence de démocratie. Mais de quelles réformes s’agit-il et à quelle vitesse se réalisent-elles ?

Ainsi, malgré la loi no 28 sur la création de banques privées, votée en 2001, l’ouverture du premier établissement privé, prévue pour 2002, a été reportée. Le Conseil suprême de la monnaie et du crédit, qui gérera la Banque centrale et les activités bancaires publiques et privées, n’est toujours pas créé, et il faudra encore que les banques candidates passent par deux étapes préliminaires, dont une seule prend trois mois. L’investissement privé, autorisé en 1991, ne décolle pas, et les étrangers, eux, n’en représentent qu’à peine 1 %. Comment, il est vrai, s’engager dans un pays dans lequel la justice semble si inféodée au régime, même dans le domaine des affaires  (6) ? Réputé proche de M. Bachar El Assad, ancien membre du Parti communiste, M. Issam Al-Zaïm, ministre de l’industrie, a affirmé, le 11 juillet 2002, que les réformes économiques peuvent tout à fait avancer sans qu’on touche au domaine politique, le modèle à suivre étant celui de la Chine…

D’autre part, et malgré le contrôle qu’exerce sur lui la Syrie, le Liban est devenu, surtout depuis deux ans, un terrain de relative liberté d’expression pour l’opposition syrienne. Le quotidien libanais An-Nahar (interdit en Syrie) et surtout Al-Moulhaq, son supplément culturel, dirigé par l’écrivain et homme de théâtre Elias Khoury, ouvrent régulièrement leurs pages à l’opposition syrienne. Pour M. Khoury, « dès avant la mort d’Hafez El Assad, certains intellectuels s’exprimant au Liban avaient brisé les tabous sur la Syrie. Maintenant, leur marge d’expression est devenue une lutte qui peut s’épanouir, car elle fait partie intégrante de la lutte pour la démocratie libanaise ». Le 5 juillet 2002, un sit-in de la gauche libanaise et de quelques chrétiens de l’opposition avait lieu à Hamra, artère principale de Beyrouth, pour demander la libération de M. Turk.

Le contexte régional, avec l’Intifada palestinienne, l’élection de M. Ariel Sharon, puis les attentats du 11 septembre, a placé le pays du « mauvais côté de la barrière  (7)  ». Le regain de tension offre au régime un prétexte pour repousser l’ouverture démocratique. Mais l’affrontement régional permet aussi à l’opposition d’exprimer, indirectement, ses critiques.

Ainsi, à partir du siège de Jénine par l’armée israélienne, au printemps 2002, des sit-in ont été organisés pendant quarante-deux jours devant le siège de l’ONU à Damas, dans le quartier chic d’Abou Roumané, sans qu’aucun slogan ni affiche fasse référence à la politique officielle du régime. Le mouvement est allé jusqu’à rassembler 5 000 personnes. « Or, commente un intellectuel, le pouvoir ne pouvait ni interdire, car, pour le principe, les manifestations propalestiniennes sont bienvenues, ni laisser faire, puisque celles-ci n’étaient pas prises en main par le parti et risquaient de finir en critiques contre l’inaction du régime face aux frères de Palestine. Il a donc décidé de neutraliser les manifestants par d’autres moyens : en faisant venir par bus entiers des centaines de jeunes appartenant au Baas ainsi qu’aux moukhabarat (services de renseignement), et en noyant ainsi la manifestation dans cette foule. »

A Damas, la vieille garde a repris le dessus. Une amnistie des prisonniers syriens, que Patrick Seale, biographe de Hafez El Assad, appelle de ses vœux  (8), serait non seulement moralement nécessaire, mais également utile pour l’image du pays. Or M. Bachar El Assad donne l’impression d’agir comme s’il avait, quoi qu’il arrive, trente ans de pouvoir devant lui. Et même si l’époque des arrestations massives est passée, la façon dont le fils gère la contestation tend à montrer qu’un des slogans du temps du père (Assad lil abad wa baad al abad : « Assad jusqu’à l’éternité et après l’éternité ») a pris le sens d’une sombre prophétie. Pourtant, comme l’a si bien dit le dramaturge syrien Saadallah Wannous, décédé en 1997, les Syriens « sont condamnés à l’espoir ».

Judith Cahen

* Chargée d’études sur le Proche-Orient à Paris.

(1)  Sur les modalités de la succession, voir l’article d’Alain Gresh, « L’ascension programmée du « docteur Bachar » en Syrie », Le Monde diplomatique, juillet 2000, ainsi que ceux de Sakina Boukhaima et de Philippe Droz-Vincent (« Bachar Al Assad : chronique d’une succession en Syrie » et « Syrie, la « nouvelle génération » au pouvoir : une année de présidence de Bachar Al Assad », dans Maghreb-Machrek, respectivement n° 169, juillet-septembre 2000 et n° 172, juillet-septembre 2001).

(2)  Le Monde, 28 juin 2000. M. Riyad Turk adopta, dans les années 1970, des positions hostiles à l’URSS et au régime en place à Damas : il créa sur cette base le PC – Bureau politique, dont il fut secrétaire général. Il passa dix-sept ans et demi dans une cellule d’isolement et fut libéré en 1998 sans avoir été jugé. Depuis septembre 2001, il est à nouveau sous les verrous et a été condamné à deux ans et demi de détention.

(3)  Le 8 février 2001, dans une interview à Asharq Al-Awsat, puis en mars lors de manœuvres militaires, M. Bachar El Assad déclare que l’unité nationale, la politique de son père, l’armée et le parti sont des sujets qui ne peuvent être critiqués. De son côté, le vice-président syrien Abdel Halim Khaddam déclarait : « L’Etat ne permettra pas que la Syrie se transforme en une autre Algérie. »

(4)  Néologisme formé par le début du mot arabe signifiant république et par la fin de celui signifiant royauté. Cf. « Menaces sur le printemps de Damas », Chronique d’Amnesty, Paris, mai 2002.

(5)  Chiffres de la Banque mondiale, 2000.

(6)  Un tribunal syrien a débouté le géant des télécommunications Orascom dans la bataille juridique qui l’opposait à son partenaire (pour 25 %), SyriaTel. L’opérateur égyptien accusait la compagnie syrienne de vouloir détenir l’exclusivité d’accès aux comptes bancaires, contrairement aux accords passés. C’est maintenant chose faite : les 40 millions de dollars d’avoirs d’Orascom sont gelés par la justice, qui a nommé M. Makhlouf directeur général de SyriaTel.

(7)  Pour rectifier son image, la Syrie collabore, depuis octobre 2001, avec la CIA. Le 21 juin 2002, M. Vincent Cannistraro, ancien chef de la CIA pour la lutte antiterroriste, déclarait au Washington Post que la Syrie « coopère entièrement dans les enquêtes sur Al-Qaida et sur les personnes liées à l’organisation. Dans certains cas, la Syrie a même reporté l’arrestation de suspects afin de suivre leurs conversations et déplacements pour en référer aux Etats-Unis ».

(8)  Al-Hayat, Londres, 21 juin 2002, numéro censuré en Syrie.