A tous les abrutis qui veulent convoler avec Ryanair,
voici une nouvelle action en justice
pour les inciter à renoncer…
et à dénoncer
«LE TRIOMPHE DU CAPITALISME LOW COST…»
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LA CNE en justice contre le système «Ryanair»…
Morceaux choisis
Ils sont six, salariés ou ex-salariés de Ryanair, affectés à l’aéroport carolo. Obligés de se réfugier derrière l’anonymat par crainte de représailles. «On est payé 16,2 euros brut l’heure de vol. Rien de ce qu’on fait avant le vol qui commence officiellement avec la fermeture des portes, rien de ce qu’on doit faire après, n’est pris en considération. S’il y a des heures de retard, des problèmes techniques… on n’est pas payé. Si on se casse une jambe, si on ne peut pas venir travailler, on n’est pas payé, c’est tout».
«En cas de maladie, sur certificat médical, on peut disposer de trois jours, non payés évidemment. Après trois jours, quel que soit notre état, on doit se présenter à l’aéroport pour justifier pourquoi on est malade…».
«Moi j’ai été recrutée en Espagne. J’ai suivi une formation de 6 semaines que j’ai dû payer 1.800 euros de ma poche. Il y avait 45 personnes pour 38 places à pourvoir. Ils ont fait payer l’entièreté à tout le monde puis ont éliminé 7 personnes, le lendemain, sur la première épreuve de maîtrise de l’anglais. Sans jamais rien rembourser. Quand j’ai réussi, on m’a dit : “Voilà, tu vas à Charleroi.” Le lendemain, j’ai dû aller à Dublin ouvrir un compte en banque et signer mon contrat. Sans être payée évidemment».
«Dans nos horaires, on doit régulièrement rester en “home stand still“, rappelable en 45 minutes à l’aéroport s’il manque quelqu’un. C’est payé 30 euros quand on n’est pas appelé. Mais si je suis rappelable de 6 à 14 h et que je dois remplacer quelqu’un à 13 h 30, je ne suis payé que pour les heures de vol et je ne touche pas les 30 euros».
«Par mois, je gagne de 800 à 1.800 euros brut, ça dépend. En moyenne, je tourne autour de 1.400 euros brut par mois. Sans cotisation pour les pensions, sans protection sociale…».
LA CNE PORTE PLAINTE CONTRE LA COMPAGNIE IRLANDAISE
Michael O’Leary, le patron de Ryanair, la compagnie low cost qui s’autodésigne «la compagnie la plus populaire au monde», aime se présenter comme un flibustier de la taxation aveugle au service de sa clientèle amateur de prix bas (72 millions de passagers en 2010). En réplique, la CNE veut devenir un «corsaire» à son égard, ces marins utilisés par les Etats pour lutter contre les pirates sans foi ni loi…
Le syndicat chrétien belge veut introduire une action en justice, au nom de six employés ou ex-employés de la compagnie aérienne. Motif : cette dernière abuse du laxisme social européen pour imposer le droit social irlandais à ses travailleurs «qui vivent et travaillent» en Belgique. En bref, Ryanair dispose de 270 employés qui doivent être disponibles en 45 minutes à l’aéroport de Charleroi. Seul moyen, habiter dans les alentours. Le droit irlandais permet de nombreuses pratiques impensables en droit social belge que Ryanair ne manque pas d’exiger : salaires planchers, heures supplémentaires non payées, stand-by non rémunéré, protection sociale quasi nulle…
«Ça pose au moins quatre problèmes, résume Tony Demonté, secrétaire général adjoint de la CNE, une discrimination entre travailleurs du même secteur qui ne bénéficient pas tous des mêmes protections, une concurrence déloyale entre compagnies, une aspiration vers le bas des conditions de travail, un manque à gagner pour la collectivité puisque les impôts et bénéfices restent en Irlande».
Si le système Ryanair est aujourd’hui bien rodé à travers l’Europe, il suscite de plus en plus de réactions locales et nationales. La France, qui a légiféré pour imposer le droit français aux travailleurs domiciliés sur son territoire, a engagé des poursuites contre la compagnie parce qu’elle maintenait l’usage de contrats exclusivement irlandais. Chez Ryanair, tout est fait pour que le travail officiel se déroule entre la fermeture et la réouverture des portes des avions, donc hors tout territoire national. «Sans dévoiler nos cartes, poursuit Paul Palsterman, juriste consulté par la CNE, un certain nombre d’actes et de procédures essentiels ont néanmoins lieu sur le sol belge, donc doivent être pris en considération».
«Nous ne sommes plus dans le même contexte qu’il y a trois ou quatre ans quand les autorités locales allaient rendre allégeance en Irlande dès que Ryanair menaçait de partir ailleurs, poursuit Tony Demonté. On sait aujourd’hui que Ryanair menace mais ne scie jamais la branche sur laquelle elle est assise. Et Charleroi est sa base la plus rentable, donc…».
D’ici peu, le syndicat veut aussi entrer en contact avec la centaine de pilotes et copilotes Ryanair également domiciliés à proximité de l’aéroport carolo.
Article publié dans
LE SOIR du 29 juin