Belgique 1940 – Syrie 2015


1940

Patrick Rousseau
La crise actuelle aux frontières de l’Europe m’a rappelé le journal tenu par ma grand-mère en mai 1940. En voici quelques extraits résumés:

10 mai 1940: Les ponts sur la Meuse vont peut-être être dynamités, ce sera plus sûr de quitter Liège pour aller chez mes parents à Bruxelles.

12 mai: Mon oncle et ma tante nous offrent gentiment l’hospitalité à Dentergem (Flandre), nous y serons en sécurité.

17 mai: Nous passons la nuit à La Panne, Il faut absolument passer la frontière, la vague vert-de-gris va déferler sur la Belgique.

18 mai: Nous passons en France, nous croyant sauvés!

20 mai: Les Allemands ont atteint la côte à Abbeville, nous sommes bloqués, nous devons trouver un bateau pour aller en Angleterre.

26 mai: Nous voici dans un camp de réfugiés au sud de Londres, heureusement la Croix-Rouge distribue des colis alimentaires. Nous espérons bien rentrer chez nous dans quelques semaines.

Finalement ma famille passera 5 ans en Angleterre, parmi les plus chanceux des réfugiés belges…

Comme eux, c’est avec un coeur très lourd que les réfugiés d’aujourd’hui ont quitté leur foyer. Comme eux, ils espèrent que ce ne sera que temporaire, et rèvent de pouvoir un jour rentrer au pays…

A nous de les traiter aujourd’hui comme nous l’avons été il y a 75 ans.

Djihad au pays de Cham 2/Les Suisses


Dans les années 1960, la Suisse a accueilli le QG des Frères Musulmans égyptiens chassés par Nasser, à Genève. Leur membre le plus influent était Saïd Ramadan (le père de Tariq). Mais ce début de présence islamiste sur le sol suisse était tourné vers l’Egypte. Dans les années 1990, des militants nord-africains ont parfois utilisé la Suisse comme support logistique1. Ce n’est qu’après les attentats du 11 septembre 2001 que la Suisse commence à surveiller d’un peu plus près la scène islamiste, mise en pleine lumière par « l’affaire Saoud », après les attentats de Riyad en mai 2003. Moez Garsallaoui2, recruteur d’al-Qaïda, arrêté en 2004, a été tué par un drone américain au Pakistan en octobre 2012. Sa compagne Malika el-Aroud est toujours emprisonnée. Les premiers djihadistes suisses étaient des réfugiés disposant déjà de réseaux à l’étranger. A partir de 2004-2005, on voit l’émergence de personnes nées en Suisse et radicalisées sur place. Abu Saad al Tunisi a été le premier Suisse tué en Irak, en 2006. Ensuite, des Suisses sont partis dans des camps d’entraînement en Somalie, au Pakistan, au Yémen. Les volontaires bénéficient non pas de recruteurs mais de facilitateurs : radicalisés en solitaire, via Internet par exemple, les candidats entrent en contact avec des intermédiaires, souvent anciens combattants du djihad. C’est le cas pour le groupe balkanique de Suisse alémanique en contact avec la scène salafiste allemande. Le phénomène, à l’échelle du pays, reste néanmoins marginal3.
Moez Garsallaoui, avec sa compagne.
Abu Saad al Tunisi
Les Suisses ne représentent qu’un petit contingent des combattants partis se battre aux côtés de la rébellion syrienne ou de l’Etat Islamique : en janvier 2015, l’ICSR estimait leur nombre à 40, ce qui est très peu. Les informations sur les Suisses partant se battre sur cette nouvelle terre de djihad sont comme souvent assez tardives, encore plus dans le cas de ce petit contingent. A l’été 2012, la Suisse s’inquiète surtout de voir ses grenades nationales, fabriquées par la société RUAG, être utilisées par les rebelles syriens4 à Mare, au nord-est d’Alep, ville défendue actuellement par les rebelles contre les assauts de l’Etat Islamique. Les grenades, vendues aux Emirats arabes unis en 2003, ont fini entre les mains des rebelles syriens5. En septembre 2012, la Suisse accueille un premier contingent de réfugiés venus de Syrie6.
En 2012, la Suisse s’inquiète de voir des grenades de fabrication nationale être utilisées  par les rebelles syriens.
Les premiers articles sur le départ de Suisses en Syrie n’apparaissent en fait qu’à l’automne 2013. Ce n’est pas surprenant : la date suit de quelques mois la déclaration de naissance de l’Etat Islamique en Irak et au Levant (avril 2013), et sa rupture avec le front al-Nosra qu’il avait créé, et dont nombre de combattants rejoignent l’EIIL. Celui-ci commence à attire de plus en plus de combattants étrangers, notamment en Europe occidentale où les chiffres vont fortement augmenter à partir de ce moment. En outre, c’est en juillet que Mourad Fares gagne la Syrie : ce Français va se retrouver en position d’intermédiaire pour recruter des Suisses pour le djihad au sein d’al-Nosra.

L’Autriche partagée entre repli et solidarité envers les migrants


 

Blaise Gauquelin Vienne

La société autrichienne est bouleversée. Des fleurs et des bougies sont déposées sur le lieu du drame, alors que les initiatives personnelles d’aide aux migrants se multiplient. (Reuters)

La société autrichienne est bouleversée. Des fleurs et des bougies sont déposées sur le lieu du drame, alors que les initiatives personnelles d’aide aux migrants se multiplient. (Reuters)

71 cadavres ont finalement été découverts dans le «camion de la honte». L’enquête se dirige vers un réseau de trafiquants établi entre la Hongrie et la Bulgarie

71 morts, dont 59 hommes, 8 femmes et 4 enfants: le bilan définitif annoncé vendredi par les autorités autrichiennes est terrible. Des trafiquants d’êtres humains, originaires des pays de l’Est, auront donc osé entasser 71 migrants désespérés dans ce camion réfrigéré retrouvé jeudi en fin de matinée sur la bande d’arrêt d’urgence de l’autoroute autrichienne venant de la frontière hongroise.

Un document syrien, retrouvé au milieu des cadavres en décomposition, permet de penser que nombre des victimes étaient originaires de ce pays. Ces migrants sont morts dans des conditions atroces, probablement asphyxiés lentement, alors que leurs passeurs les abandonnaient à leur destin tragique, une fois le véhicule tombé en panne.

Les experts des équipes médico-légales ont travaillé toute la nuit pour les extraire du camion. Les corps vont maintenant être autopsiés, à Vienne, afin de déterminer la cause et la date des décès. Le bilan est bien supérieur aux premières estimations qui faisaient état jeudi de 20 à 50 victimes. C’est que l’état de décomposition des corps a rendu le comptage difficile.

Mais l’annonce de cette surenchère dans l’horreur, aggravée par le fait que, jeudi également, au moins 76 migrants partis de Libye ont péri noyés en Méditerranée (lire ci-contre), n’a pas provoqué le sursaut espéré par les ONG chez les dirigeants concernés. Au contraire, les autorités hongroises et autrichiennes ont tenté, toute la journée de vendredi, de masquer l’absence de concertation concernant cette crise majeure des migrants, en communiquant sur des avancées dans l’enquête et en annonçant un renforcement des mesures à l’encontre du trafic des êtres humains.

On ne parle plus désormais d’un conducteur roumain, mais on évoque plutôt un réseau établi entre la Bulgarie et la Hongrie. Deux citoyens bulgares, dont un ayant des origines libanaises, ainsi qu’un Afghan porteur d’une carte d’identité hongroise, ont ainsi été interpellés en Hongrie. Ces personnes sont soupçonnées d’être fortement impliquées dans la mort des migrants. La justice hongroise dispose de trois jours pour décider de leur mise en examen.

Alors que la chancelière allemande en appelle une nouvelle fois à l’Europe, l’Autriche parle dans son coin de renforcer les contrôles inopinés à sa frontière, la Hongrie de faire passer des nouvelles lois qui autoriseraient l’armée à épauler la police aux frontières de Schengen. De plus en plus critiquée pour sa gestion, la ministre autrichienne de l’Intérieur, Johanna Mikl-Leitner, démocrate-chrétienne, a de nouveau exclu de démissionner, comme le réclamait «Asyl im Not», une association d’aide aux réfugiés, ainsi que la majorité sociale-démocrate de la ville de Vienne.

La société autrichienne est bouleversée. On ne compte plus les initiatives personnelles d’aide aux migrants, les gens s’organisant désormais eux-mêmes, pour porter secours aux démunis qui commencent à affluer, notamment, autour de la gare centrale de Vienne.

Une plaque va être apposée sur un château médiéval de la région du Burgenland, où les corps ont été retrouvés. A la mémoire des victimes et à celle des milliers de personnes fauchées dans leur fuite vers une «vie meilleure».

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De Wever: «Un lit, un bain et du pain pour les réfugiés. C’est tout»


Rédaction en ligne
Mis en ligne jeudi 27 août 2015, 23h10

Pour le président de la N-VA, la Belgique donne trop d’argent aux réfugiés.

  •  © Photo News
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Bart de Wever a de nouveau insisté sur sa proposition d’instaurer un statut spécial pour les réfugiés, au micro de RTL.

De Wever : « Un réfugié qui reçoit une indemnité, c’est difficilement explicable »

« Il [le réfugié] peut demander une indemnité, un logement social et être prioritaire s’il est sans abris. Il peut aussi recevoir des allocations familiales. On remarque que tous les réfugiés veulent venir chez nous et quand on leur demande pourquoi, ils disent que c’est pour ça », a-t-il déclaré.

Alors à la question : qu’est ce que vous êtes prêt à donner à ces réfugiés ? Bart De Wever répond « Je n’ai pas de proposition détaillée, mais l’idée c’est : un lit, un bain et du pain. Il ne faut pas donner d’argent parce que c’est ça qui crée de l’attraction en masse ».

 L’aide financière n’est pas automatique

Pour rappel, comme nous l’avons déjà pointé , le demandeur d’asile ne bénéficie pas d’une aide financière automatique. Si le demandeur d’asile obtient gain de cause – le statut de réfugié – il a droit au revenu d’intégration, pour cela, il doit s’inscrire dans un CPAS. Et comme il est plus judicieux de s’inscrire au CPAS de la commune dans laquelle on vit… il faut avoir déjà trouvé un logement.

De son côté, le président de la Ligue des Droits de l’Homme a dénoncé un discours populiste d’extrême droite.

« Là où Bart De Wever se trompe, c’est que les droits sociaux auxquels accèdent les réfugiés sont des droits résiduels pour lesquels il ne faut pas cotiser ! Le revenu d’intégration que l’on touche au CPAS, un Belge qui n’a jamais cotisé de sa vie, comme un jeune qui sort des études par exemple, y a accès ! Il est donc FAUX de dire que le réfugié a les mêmes droits qu’un Belge qui a cotisé toute sa vie. Un réfugié reconnu n’a par exemple pas droit au chômage ! »

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Au policier qui m’a frappé, à la frontière entre la Macédoine et la Grèce…


Notre identité meurtrière – 26 août 2015 | Par MAJD ALDIK

Activiste syrien de 28 ans, originaire de Douma en banlieue de Damas, Majd Aldik a fui la Syrie fin 2014. Réfugié politique, il publie une chronique cet été sur Mediapart dans le cadre de l’opération OpenEurope.

Au policier qui m’a frappé, à la frontière entre la Macédoine et la Grèce…
Donne-moi ta matraque et ton bouclier anti-émeutes. Enlève ton uniforme militaire, il ne te sera d’aucun secours face à la mort. Donne-moi la main, celle avec laquelle tu m’as frappé. Je vais t’emmener faire un tour.
On va retourner vers les plages grecques, afin de rejoindre laTurquie. C’est une marche longue et épuisante. J’espère que tu ne crains pas trop la douleur…Il faut que tu saches d’emblée que tes plaies vont te faire de plus en plus mal, t’entailler profondément la chair. Sur la route, je chercherai une pharmacie, pour t’acheter des compresses. Je t’enlèverai tes bottes militaires et te panserai les pieds. Ne t’en fais pas, on finira bien par atteindre la côte.

Ça nous prendra un peu de temps, avant de trouver un passeur. Il va te prendre tout ce que tu possèdes, contre la promesse qu’il ne surchargera pas le bateau. Ne le crois pas. Tu verras, on sera trois fois plus nombreux que prévu. Mais ne crains rien, je suis avec toi.
On devra nager un peu pour rejoindre le bateau. Le passeur n’osera pas s’approcher du rivage. Une fois là-bas, je te hisserai à l’intérieur de l’embarcation. Ce n’est pas la peine que tu me tendes la main en retour, j’ai l’habitude de faire ça.
Tu vas sentir la mer se répandre à tes pieds. Tu vas avoir l’impression de te noyer. Le passeur va brandir son couteau et menacer de couler la barque si jamais des garde-côtes se manifestent. Il est possible aussi qu’il te dépouille de tes derniers biens.
Au milieu de la mer, tu vas connaître le summum de la peur et te mettre à prier, même si tu n’es pas croyant. Mais garde ton calme. Je serai à tes côtés.
Une fois arrivés, tu vas me serrer dans tes bras comme si j’étais ton père…Le sang aura transpercé les bandages que tu as aux pieds, et tu seras incapable de marcher. Je te porterai sur mon dos, à travers les forêts de Turquie.
Puis je trouverai une voiture pour t’emmener à la frontière syrienne. Sur le chemin, je te parlerai du pays. Tu me trouveras un peu niais.
Au moment où nous entrerons en Syrie, tu me demanderas quels sont ces bruits assourdissants…Je ne te répondrai pas, pour que tu ne prennes pas peur. Les bruits s’intensifieront. Tu vas me demander ce que sont tous ces amas de pierre. Je te dirai alors que ça a été une ville, mais qu’une bête féroce, nommée Bachar al Assad, l’a ravagée. Qu’on a versé notre sang jusqu’à ce qu’on comprenne qu’ici, il n’y a pas de loi humaine. Que c’est le règne de la jungle. En regardant le ciel, tu vas apercevoir un avion. Surtout, ne lui fais pas signe. Pas comme quand on était petits. Et ne souris pas au pilote. Il n’est pas de la race humaine.
Dans les minutes qui suivent, tu vas voir un baril tomber de l’avion. C’est une pratique militaire que n’auras jamais vue, dans ton pays. Je te dirai immédiatement de te mettre à plat ventre, de te boucher les oreilles et de respirer par la bouche. Ce que tu entendras, c’est ce qu’on appelle une explosion. Nous, nous appelons ça la haine. Tu vas sentir ta poitrine se serrer et ton cœur accélérer. C’est l’effet de la peur. Ne t’en fais pas, au bout du dixième baril, tu t’y seras habitué.
Des haut-parleurs appelleront à venir donner du sang, tous groupes confondus. C’est ce qu’on fera, pour aider ceux qui nous donneront le leur, quand on sera touchés. On devra descendre dans des soubassements obscurs. N’aies pas peur, là non plus. On ne se rend pas à l’abattoir. C’est juste un dispensaire de terrain. Et ces lambeaux au sol ? Juste des morceaux de foies.
Tu vas pleurer de peur. Tu vas me demander de te ramener chez toi. Je vais te rappeler que la traversée de la mer t’a terrorisé, au point de t’en remettre à Dieu. A toi de voir… Tu as le choix entre une mort par noyade, mais en un seul morceau. Ou une mort sous un baril, avec tes membres récoltés dans un drap avant d’être jetés dans une fosse commune, avec le risque qu’ils se mélangent à ceux du pilote qui a balancé le baril. Après une courte réflexion, tu opteras pour la noyade. Le froid est préférable à la fournaise.
Je vais te ramener sain et sauf chez toi, calme-toi. Je m’en fais un devoir…Je vais te porter jusqu’à la frontière où je t’ai rencontré.
Mais, juste avant de passer en Macédoine, me rendrais-tu un petit service ?
Prends ma carte d’identité et donne-moi la tienne en échange. Je vais te ramener derrière la barrière, là où je me trouvais quand tu étais de l’autre côté. Tu vas te précipiter vers la zone de contrôle, convaincu qu’ils te reconnaîtront. Ils vont te demander tes papiers. Tes papiers syriens.
Un coup va s’abattre sur ton pied, juste à l’endroit rongé par la marche. On va t’ordonner de retourner d’où tu viens, et t’interdire, par la force, le passage. Tu vas oublier tes pieds en sang. Tu vas oublier toutes les morts que tu as côtoyées. Tu vas te sentir plus vulnérable qu’une fourmi. Allez, ce n’est pas très grave…C’est juste quelqu’un d’incapable de voir que tu es humain, au moment où il regarde ce bout de plastique censé te donner une identité.
Tu sauras alors qui tu as frappé.

J’ai la nausée…


Crédit image : REUTERS/Juan Medina

J’ai la nausée.

Voici plusieurs jours qu’une envie de vomir me tiraille. Ce n’est pourtant pas dans mes habitudes…

Il n’a pas fallu longtemps pour que je me rende compte que cela n’est rien d’alimentaire, non. Ce n’est pas gastrique et encore moins intestinal…

Non, ce qui me donne la gerbe depuis quelques jours, c’est la connerie humaine illustrée par la recrudescence de messages malsains, xénophobes, populistes et égoïstes qui prospèrent sur les réseaux sociaux depuis l’annonce de l’accueil de 2.000 réfugiés en terre belge.

Mais, je comprends vos réactions.

Ben oui, c’est vrai quoi ! Pourquoi ces hommes, ces femmes, ces enfants, ces vieillards, fuient-ils leur pays ensoleillé en bord de Méditerranée alors qu’ils pourraient y rester et crever sous les bombes ? Oui, parce qu’au fond, crever sous les bombes, en en fabriquant une (ben oui, tant qu’on y est, allons-y gaiement dans les amalgames) ou en faisant « la bombe » dans la Mare Nostrum – NOTRE mer – depuis un chalutier plein à craquer en train de couler, ça revient au même ! Sauf qu’on n’est pas directement emmerdés. Enfin si, quand même : 30 secondes au JT de 19h. Mais au moins, c’est pas nous qui devons payer l’incinération…

Pourquoi ces migrants viennent-ils chez nous, dans un pays en paix qui prône la démocratie et où le niveau de vie dépasse tout ce qu’ils peuvent imaginer ; alors que leurs frères musulmans des pays voisins, pourraient les recueillir,… Et en plus, c’est facile de s’y acclimater pas besoin de parcours d’intégration. C’est comme chez eux. La dictature, le totalitarisme, les guerres civiles, les exécutions arbitraires, l’esclavage, les excisions, les viols collectifs qui règnent en Iran, en Arabie Saoudite ou même en Egypte, c’est franchement pas si mal en comparaison avec ce qu’ils vivent déjà au quotidien. Merde quoi, au moins ils ne seront pas dépaysés ! Et puis, ils ont le soleil toute l’année par là ! En Belgique, au mois d’août, c’est déjà l’automne. Nous, on n’est vraiment pas gâtés.

Pourquoi ces migrants abandonnent-ils tout ce qu’ils ont: leur famille, leurs biens, leurs racines ; et dépensent toutes leurs économies en payant cher et vilain des passeurs de la mort ? Ils arrivent quand même chez nous (quand ils y arrivent), sans le sou pour finalement aller s’entasser dans des centres fermés ou des camps de réfugiés. Pour faire ça, autant continuer à vivre chez eux, dans les gravats de leur maison pillée, détruite par les obus, les rafales de mitrailleuses et voir ainsi leur famille crever la gueule dans la poussière, leurs filles violées à la chaîne par des soldats… En plus, c’est all inclusive. C’est pas le pied, ça ?

Sérieusement, pourquoi devrions-nous nous encombrer de ces gens-là ? On a déjà assez de problèmes comme ça !

Nous qui nous nous plaignons quand nos frites sont trop froides, quand notre bière est trop chaude (allons-y dans les clichés, on le fait bien, nous). Nous qui chions dans l’eau potable. Nous qui nous plaignons depuis notre canapé ou notre fauteuil de bureau que le monde va mal mais qui avons tellement de mal à nous bouger le cul pour aider l’autre. Nous qui sommes plus disposés à claquer 2€ par semaine pour jouer au loto en sachant pertinemment bien qu’on ne gagnera jamais, ou à cramer 7€ par jour pour un paquet de clopes qui nuira à notre santé et celle de nos proches ; plutôt que de filer 2 balles à un clodo gare Centrale à Bruxelles, rue de la Montagne à Charleroi ou à d’autres vraiment dans le besoin…

Non, franchement, qu’est-ce qu’ils viennent nous emmerder ces migrants ? Qu’est-ce qu’ils pensent trouver en Belgique de plus que chez eux ?

Je sais pas, moi… La liberté, déjà ! Un peu d’humanité, peut-être. L’espoir d’une vie meilleure, sans doute… Et ça, pour eux, comme pour nous, ça ne devrait pas avoir de prix. Surtout pas 38€ ou 40€ par jour, si vous voyez où je veux en venir…

Parce que, vous savez, tout ça ne nous est pas réservé sous prétexte que nous sommes né sous une meilleure étoile. Parce que ce sont des humains, comme vous, comme moi, derrière lesquels se cachent des hommes, des femmes, des enfants avec leur histoire, leur passé, leurs attaches, leur chez eux, qu’ils n’ont eu d’autre choix que de quitter et de tout laisser derrière eux…

Ouais, mais parce que nous, on n’a rien demandé !

En fait, eux non plus. Ils n’ont pas demandé à ce qu’on mette leur pays à feu et à sang. Ils n’ont pas demandé à faire des milliers de kilomètres au péril de leur vie. Ils n’ont pas demandé à traverser la Méditerranée sur un radeau d’infortune. Ils n’ont pas demandé à débarquer dans un pays inconnu, à devoir tout reconstruire en se faisant arroser de propos haineux avant même qu’ils n’aient posé le pied sur le sol européen.

Mais vous avez raison ! Continuez à vous plaindre et à balancer toutes vos horreurs et inhumanités. Il y en a à qui tout cela profite…Mais entre deux abominations, posez-vous quand même une seule petite question : qu’auriez-vous fait à leur place ?

S.L.

 Un complot planétaire


 

 

Nous vivons un véritable complot sur cette planète. Celui d’une minorité discrète de « super-riches », obsédés par la volonté de transformer absolument tout ce qui existe, en « fric » et puissance économique et financière, pour dominer notre maison commune. Qu’ils soient isolés, en famille, en groupes ou en multinationales, peu importe, tout ce qui leur tombe sous la main est occasion potentielle de profit, et ceci sans aucun scrupule ni aucune considération pour les personnes et les dégâts écologiques. Ils achètent et vendent n’importe quoi, serait-ce des humains (traite), et spéculent sur tout ce qui peut leur rapporter de l’argent : pétrole, gaz, minerais, déchets (même radioactifs), eau douce, semences, produits alimentaires et boissons, tabacs et drogues, bois précieux, poissons, faune sauvage, armes, mercenaires, etc. mais aussi, clubs et sportifs, artistes et objets d’art, sociétés cotées ou non, à finalité économique ou sociale (maisons de repos), traitant le personnel (direction, cadres, employés, ouvriers) comme de simples machines à produire toujours plus de bénéfices, sinon « buiten » sans autre forme de procès (« faute grave ») ! Tous les moyens sont bons : fusions et restructurations, vente par appartements, faillites, incendies volontaires, paradis fiscaux, sans compter la corruption à grande échelle !

 

Cette prédominance de l’argent sur l’humain provoque plusieurs fléaux : la multiplication des guerres, attentats et révolutions, les flux migratoires d’ampleur exceptionnelle avec leurs catastrophes humanitaires, les cataclysmes résultant du réchauffement climatique imputable à nos modes de consommation, la disparition de l’agriculture vitale à taille humaine dans les pays les plus défavorisés, l’augmentation du différentiel entre riches et pauvres, l’accroissement du chômage et de la misère dans le monde, les ambiances de travail devenues invivables un peu partout (déni d’information, burnout, dépressions, suicides), etc.

 

Mais qui nous sortira de ce complot de plus en plus visible et délétère ? Quand donc la Politique reprendra-t-elle ses droits ? Quel homme d’État aura le courage d’y porter le fer rouge ? Quel État sera capable de faire triompher l’humanisme sur le mercantilisme ? La Chine ? Les USA ? L’Europe, naine en Politique ? L’ONU avec ses droits de véto paralysants ? « Lachen ! ». Ils ont encore de beaux jours devant eux ces esclavagistes modernes, adorateurs inconditionnels de Mammon !

 

Quand donc l’humain reprendra-t-il sa dignité et remettra-t-il l’argent à son service plutôt que l’inverse ? C’est à chacun de nous d’en décider, en privilégiant la vie sobre et spirituelle, tout en ne négligeant pas la vie matérielle, maintenue volontairement au niveau « nécessaire et suffisant », évaluant en permanence ses « vrais » besoins (MNG – PhG) ».