Quel bonheur d’être un Belge à peau blanche!


 

Premier texte d’une série par Rudi Barnet

Déjà rien que son nom… Mouloud!
Je l’ai appelé Mouloud, mais peut-être que c’était Mourad ou Fela ou Mehdi?
Quoi qu’il en soit, quand il a vu sa mère se faire violer puis étriper par un bataillon de brutes venues de Khartoum, Mouloud il a pas supporté.
C’est le général Omar, le grand chef du Soudan, qui avait organisé cette petite fiesta.
Un perfectionniste, Omar!
Il estimait que les 300.000 macchabées du Darfour c’était pas suffisant.
Alors, il a envoyé ses commandos faire quelques cartons, histoire d’améliorer son score.
Mouloud, lui, il a attendu que les assassins se taillent de son village, il a enterré sa mère et pris ses cliques et ses claques… Droit vers le nord!
Sac en bandoulière, il a marché des centaines de kilomètres à travers le désert pour arriver à Tripoli. Là, il est monté sur un grand canot gonflable, direction Lampedusa. Heureusement qu’il savait nager sinon il y serait resté comme un tas d’autres qui sont allé nourrir les requins.
Après, il s’est retrouvé à Ponte Galeria, près de Rome, dans une de ces prisons que les Européens appellent « centre de rétention »… Ça non plus il a pas supporté. Il s’est évadé, a traversé les Alpes, fait du stop/camion clandestin et a fini par débarquer dans la capitale de l’Europe.
Heureux qu’il était! Quelques kilomètres encore et il arriverait à Manchester chez son oncle Kasim.
C’était sans compter sur Théo!
Ah! Théo! Le grand défenseur de la blancheur de notre plat pays.
Heureusement qu’il est là pour défendre les honnêtes citoyens contre tous ces droitsdelhommistes qui veulent qu’on respecte la convention de Genève et qu’on applique ces soi-disant obligations sur l’accueil des réfugiés.
La loi, c’est Théo qui décide comment il faut l’appliquer!
Alors… Ouste! Buiten!
En plus, il est futé Théo… il a appelé Omar! Et Omar a envoyé quelques-uns de ses spécialistes pour identifier ces Soudanais qui lui avaient échappé et qui risquaient de nous polluer.
Ça n’a pas traîné! Ils ont immédiatement fait l’inspection du parc Maximilien où ces enquiquineurs de bénévoles faisaient ce qu’ils pouvaient pour nourrir et soigner ces basanés.
Les hommes d’Omar en ont repéré quarante-trois et, sans perdre de temps, Théo en a tout de suite livré deux à la milice d’Omar qui repartait à Khartoum.
Il était content, Théo. Déjà deux nègres de moins!
Pour les autres, c’est devenu plus compliqué quand un juge de Liège – de quoi il se mêle celui-là – a osé décréter qu’il fallait « respecter le droit international »… et a interdit l’expulsion des Soudanais.
Théo n’en croyait pas ses oreilles.
Scandalisé! Il était scandalisé not ministre de l’expulsion!
Et ça n’a pas traîné! Il a tout de suite cherché un autre juge qui serait d’accord avec lui.
Mouloud, lui, il avait reconnu les sbires d’Omar – la même tête que ceux qui sont venus dans mon village, il a dit – et n’a pas demandé son reste.
Depuis, on n’a plus de nouvelles.

 

Traversée en mer, camps, gaz lacrymogènes: Cette jeune femme a filmé son exode depuis la Syrie (VIDEO)


International Non, ceci n’est pas un film mais bien l’odyssée d’un migrant à travers les yeux de Rania, jeune Syrienne de 20 ans. Les images sont parfois dures mais elles reflètent la réalité de milliers de Syriens abandonnant leur foyer dans l’espoir d’obtenir un avenir meilleur.«Je veux un futur. J’ai 20 ans et je n’ai rien eu d’autre que ça… » A travers la caméra, on vit la route semée d’embuches de Rania. Fatiguée de la terreur que suscite la guerre dans son pays, cette jeune Kurde a fait le choix de quitter la Syrie pour rejoindre l’Europe. Avant de partir, Rania a rencontré un Norvégien qui lui a tendu une caméra et lui a demandé de tout filmer. The Guardian a publié ce « documentaire » poignant : « Escape from Syria : Rania’s odyssey ». Solidarité, violence, espoir, angoisse… De la boue des camps à la traversée en bateau de la Méditerranée en passant par les tirs des policiers… tout a été enregistré. Ce montage n’occulte rien, ni les larmes, ni les rires, ni la peur.Un reportage brut et authentique de 22 minutes. Aujourd’hui, la vidéo a été vue plus de 7 millions de fois.

Une jeune femme comme les autres

Rania Mustafa Ali est originaire de Raqqa, capitale auto-proclamée de l’Etat Islamique récemment tombée. A la veille du départ, elle jette un dernier coup d’oeil aux messages laissés par les radicalistes sur les murs de Kobane : «Vraiment ? Est-ce ça l’Islam ? Bombarder et tuer les gens ». Mais rien ne la fera changer d’avis : « Même si la traversée de la mer est effrayante, la vie ici est plus effrayante encore ». Ce qu’elle emporte dans son sac à dos : 300 dollars pour le passeur, un smartphone, un pc, quelques vêtements, des livres, des photos de familles et… ses DVD de Game of Thrones.

Un chemin semé d’embuches

La veille du départ en bateau, la jeune fille admet avoir peur, être « terrifiée« . Une fois dedans, la chaleur est intenable, les remous menacent l’embarcation de couler avec à son bord 52 personnes, alors qu’elle ne peut en contenir que 15.  « Comme d’habitude, le passeur est un bâtard ! », lance l’un des hommes à bord. Les enfants pleurent autour de Rania qui peine elle-même à retenir son angoisse. Heureusement, un navire les secourt avant que l’irréparable n’arrive. Débarquement à Athènes, direction la Macédoine. C’est malheureusement encore une arnaque. Rania perd 50 euros de son budget déjà serré.

Au bout de trois jours de train, de bus et de marche, Rania arrive enfin au camp d’Idomeni, à la frontière de la Macédoine. Une rumeur circule : les forces de l’ordre viendront le lendemain déloger les migrants et les renvoyer en Turquie. Dans la peur, un exode humain se déroule sous les yeux des organisations humanitaires. Il traverse une large rivière. Les handicapés et les blessés sont portés à bout de bras pour atteindre l’autre rive. Un spectacle effarant mais qui soulage la plupart des familles.

Une fois le premier village atteint, la liesse retombe. Les policiers les y attendent et les refoulent. Une nouvelle tentative désespérée de passer la frontière grecque décourage Rania. Les yeux brûlés par les gaz, la jeune Syrienne s’effondre en sanglots. « Je ne suis pas venue ici pour me faire brûler les yeux et frapper ainsi. Comme si je n’étais pas un être humain.»

Finalement, en mai 2016, Rania et son ami Ayman se font passer pour des touristes à l’aide de fausses cartes d’identité bulgares. Ils prennent l’avion direction Vienne en Autriche. Après un périple de plusieurs mois, ils sont enfin en sécurité mais ne perçoivent toujours pas leur avenir.

Ce réfugié syrien obtient son diplôme de médecin à 27 ans


15 photos pour nous rappeler notre passé… de réfugiés !


15 photos pour nous rappeler notre passé… de réfugiés !

Source : Fred Ramage/Keystone/Getty Images

Source : Fred Ramage/Keystone/Getty Images

Le Time a publié des photos colorisées de la Deuxième Guerre mondiale, quand les Européens fuyaient l’horreur de la guerre. Comme les Syriens aujourd’hui.

Le magazine américain Time a demandé au photographe Sanna Dullaway de coloriser des photos des populations qui ont migré pendant la Deuxième Guerre mondiale. Pour quelle raison ? Pour montrer que la réalité d’hier ressemble à celle d’aujourd’hui. Seuls les acteurs ont changé : ils étaient européens, aujourd’hui ils sont Syriens, Afghans ou Iraqiens.

Entre 1939 et 1945, plus de 60 millions d’Européens ont été contraints de quitter leur maison et parfois leur pays, pour fuir les horreurs de la guerre. 70 ans plus tard, des centaines de milliers de réfugiés originaires d’Afrique et du Moyen-Orient tentent de rejoindre l’Europe.

Un article du Washington Post revient sur un fait important de la Deuxième Guerre mondiale : The forgotten story of European refugee camps in the Middle East (L’histoire oubliée des camps de réfugiés européens au Moyen-Orient). En 1942, le Royaume-Uni avait mis en place la MERRA (Middle East Relief and Refugee Administration). Un dispositif qui a permis à 40 000 Européens de s’établir dans des camps de réfugiés en Syrie, Égypte et Palestine.

Voici les 15 photos publiées par le Time. Elles nous rappellent que l’histoire se répète souvent, mais avec des protagonistes différents. Parfois, les rôles sont inversés.

Source : Fred Ramage/Keystone/Getty Images/Photo colorisée par Sanna Dullaway

Source : AP Photo / Photo colorisée par Sanna Dullaway

Source : Fred Ramage / Keystone/ Getty Images / Photo colorisée par Sanna Dullaway

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Ma famille a connu une autre immigration. Elle n’a pas quitté l’Italie pendant la guerre, mais 15 ans après pour trouver du travail en France au début des années 60. On a souvent un lien dans notre passé avec un autre peuple, une autre terre.

Ces photos m’ont beaucoup touché. J’y vois un message d’espoir : il y a une vie après la guerre même loin de notre pays d’origine.

 

VIDEO. Datagueule : des chiffres contre les idées reçues sur les migrants


VIDEO. Datagueule : des chiffres contre les idées reçues sur les migrants

Les équipes de Datagueule ont réalisé une vidéo sur le sujet délicat de l’immigration.

Saviez-vous qu’en 2014, 75% des migrants ayant trouvé la mort ont péri en se noyant dans la mer Méditerranée ? Ou qu’en 2010, moins d’un réfugié sur cinq vivait en-dehors de sa région d’origine ? Pour combattre les idées reçues sur le sujet délicat de l’immigration, les équipes de Datagueule ont réalisé cette vidéo sur les migrants, compilant de nombreux chiffres.

On y apprend qu’en 2015, 240 millions de personnes ont migré pour des raisons économiques, politiques ou de survie, dans le monde. Ce qui ne représente que 3% de la population mondiale et qui n’a rien de nouveau. Le nombre était plus élevé (5%) avant la première guerre mondiale. Les images rappellent aussi que les migrations n’ont pas de nationalité. Tout au long du XIXe siècle, 50 millions d’Européens ont fui vers les Amériques

ACCUEIL DES DEMANDEURS D’ASILE: CES ASSOCIATIONS QUI DÉRANGENT – CARTE BLANCHE DU 17 JUIN


Accueil des demandeurs d’asile: ces associations qui dérangent - Carte blanche du 17 juin

Le Gouvernement belge vient d’annoncer sa décision de supprimer 10 000 places d’accueil pour les demandeurs d’asile. Et, au passage, d’évincer un partenaire historique: les associations, dont le CIRÉ. Relisez la carte blanche parue sur le site de la RTBF ce vendredi 17 juin.

Oui, les demandes d’asile sont en nette baisse depuis le début de l’année. Et il n’est pas facile de gérer un réseau d’accueil qui doit s’ajuster aux arrivées fluctuantes. Donc, oui, le Gouvernement devait prendre des décisions pour adapter le réseau d’accueil au contexte actuel. Mais la nature des décisions prises et leur ampleur ne semblent pas répondre à cette ambition-là, mais plutôt à celle de se débarrasser de partenaires associatifs gênants.

Le Gouvernement profite en effet du plan de fermeture de 10 000 places pour supprimer le modèle d’accueil des associations actif depuis 17 ans. En partenariat avec Fedasil, elles proposent aux demandeurs d’asile un hébergement dans des appartements, avec un accompagnement adapté à leurs besoins. Un modèle d’accueil reconnu qui favorise l’autonomie et l’intégration. Et qui s’inscrit dans une histoire : depuis 1954, les associations ont accueilli, au fil des crises migratoires, les réfugiés hongrois, albanais, rwandais, kosovars, irakiens, afghans, syriens… Cette collaboration prend donc fin aujourd’hui, en pleine crise du logement, à un moment où la Belgique a précisément besoin de renforcer les outils d’intégration et où la crise des réfugiés est bien loin d’être terminée.

La logique voudrait qu’en période d’arrivée importante de demandeurs d’asile, le Gouvernement ouvre des places « d’urgence », « temporaires » et « extra » et que lorsqu’il y a une diminution de ces arrivées, il ferme ces places-là et revienne à une base de places structurelles de qualité. En 2000, en 2009 puis en 2015, les associations ont répondu présentes pour l’ouverture de places et se sont adaptées du mieux possible aux fermetures qui ont suivi et aux multiples changements demandés par Fedasil et les autorités politiques. Aujourd’hui, ce n’est pas la logique adoptée : la fermeture concerne aussi des places structurelles. Et ce, sans aucune concertation, ni information. Une décision unilatérale.

Alors, pourquoi ? Parce que notre système d’accueil a été évalué négativement ? Parce que les résidents se sont plaints ? Parce que ce type d’accueil coûte plus cher que les autres ? Rien de tout cela. L’accueil individuel fonctionne bien et est moins coûteux que l’accueil en centres collectifs. C’est plutôt parce que notre mission est la défense des droits des étrangers, des demandeurs d’asile et des réfugiés. Et qu’aux yeux de certains, nous les accueillons peut-être « trop bien ». Dans un contexte de politique migratoire restrictive, de dissuasion des demandeurs d’asile, les associations – par leur discours et leurs pratiques – gênent.

Le Gouvernement a fait un choix de fermeture brutal, non discuté, non négocié, manquant de prudence, évinçant les organisations comme la nôtre. Un mode de décision cynique et malsain pratiqué par le Gouvernement actuel. Notre secteur en fait les frais, à l’image d’autres acteurs de la société civile ou des services publics. Ce mode de gouvernance qui exclut la concertation, voire l’analyse et la critique, constitue un danger pour notre démocratie.

Même si nous ne pouvons plus à l’avenir défendre un modèle d’accueil respectueux des droits des demandeurs d’asile à travers notre mission d’accueil en logements individuels, notre combat pour la défense des étrangers ne s’arrête pas là et nous poursuivrons notre mission, par tous les moyens possibles, avec toujours plus de force et de conviction.

Contact

Malou Gay, co-directrice du CIRÉ

Dernière modification le vendredi 17 juin 2016 16:42

Waar hebben we dat nog gehoord over vluchtelingen?


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Belgen waren in 1914-1918 voor de Britten vieze, vuile mannen die hun handen niet konden thuishouden en vrouwen bepotelden.

Waar hebben we dat nog gehoord over vluchtelingen?

Zou het kunnen dat dergelijke veronderstellingen behoren tot het iconische plaatje van ‘de vluchteling’ (wie hij ook is en vanwaar hij ook komt)?

We zouden dus beter ophouden met de clichés te blijven herhalen, die honderd jaar geleden heel fout veralgemenend als etiketten op Belgische vluchtelingen werden geplakt en wij vandaag even fout veralgemenend als etiketten op andere vluchtelingen plakken.

Marie Peltier


Pourquoi paradoxalement la terrible « crise » actuelle me donne de l’espoir pour les Syriens? Car ceux-ci ont enfin la parole. Toutes les personnes qui recueillent les réfugiés après leur traversée de la Méditerranée en témoignent: les réfugiés syriens dans leur immense majorité disent fuir les bombardements du régime. Le signe le plus révélateur que le vent peut tourner? Observer comment toute la nébuleuse pro-Assad et conspi est en train de s’agiter pour tenter de semer la confusion sur les réfugiés. En parlant d’infiltration de jihadistes parmi eux; en faisant passer le père du petit Aylan – qui a subi la répression du régime – pour un passeur; en faisant croire que le père syrien à qui la journaliste hongroise a fait un croche-pieds – lui aussi a été emprisonné et torturé par Assad – est un « ancien jihadiste ». (Voire même désormais en parlant de « mises en scène », allons-y carrément). La propagande et la terreur marchent sur la loi du silence et sur la déshumanisation. Je pense qu’il y a quelque chose de cette loi-là qui est en train de tomber.

Alexander De Croo: «Il faut évacuer le Parc Maximilien»


David Coppi et Bernard Demonty
Mis en ligne il y a 2 heures

Crise des migrants

Le vice-Premier VLD défend l’action du gouvernement et enjoint la Ville de Bruxelles, « qui est responsable de l’ordre public », d’évacuer le camp de réfugiés du parc Maximilien. Entretien.

  •  Alexander De Croo est fier du travail réalisé par le gouvernement fédéral en matière d’accueil des réfugiés. Par contre, il ne comprend pas du tout l’attitude passive de la Ville de Bruxelles.
    Alexander De Croo est fier du travail réalisé par le gouvernement fédéral en matière d’accueil des réfugiés. Par contre, il ne comprend pas du tout l’attitude passive de la Ville de Bruxelles.

Le vice-Premier ministre libéral flamand se positionne à son tour dans la crise des réfugiés, défend catégoriquement l’action du gouvernement fédéral, préserve Theo Francken et la N-VA, et… cible la Ville de Bruxelles. Polémique devant !

Certains reprochent au gouvernement fédéral de courir après les faits, de ne pas anticiper…

Ce n’est pas correct. En août, quand beaucoup de politiques étaient en vacances, Theo Francken avait commencé à augmenter la capacité de certains centres d’accueil. Il n’a pas dit : « On verra bien, attendons ». On ouvre 1.000 places par semaine ! Comparez avec les crises précédentes, beaucoup de gens restaient sans hébergement, ce n’est pas le cas cette fois, chaque réfugié peut trouver une place à l’intérieur, dans un bâtiment, sous un toit. Alors, certains font le choix de ne pas utiliser cette possibilité, c’est toute la discussion sur le parc Maximilien à Bruxelles, devant l’Office des étrangers, mais l’accueil au sein de bâtiments mis à disposition est assuré. D’ailleurs, le patron de la Croix rouge l’a souligné jeudi à la télévision flamande : la Belgique gère assez bien la crise actuelle.

Mais dans le bâtiment III du WTC, parc Maximilien, il n’y a pas des structures sanitaires, pas de douches…

Ce n’est pas vrai. Il y a tout cela. Il y a des douches dans les caves. Mais, en définitive, c’est une responsabilité conjointe : le fédéral, Fedasil, et Théo Francken, mettent à disposition un endroit où des gens peuvent loger, 500 personnes environ, et après cela, gérer l’ordre public, c’est une compétence de la Ville de Bruxelles. C’est à elle d’agir. Et je commence à me poser des questions. La Ville de Bruxelles ne devrait-elle pas se montrer plus active ?, et dire : « Ceci est un espace public ». Si j’étais bourgmestre, je ne tolérerais jamais que, dans ma commune, s’il y a une alternative, un espace public, un parc public, soit ainsi occupé, avec ce qui est à la fois un camping, un marché, presque un festival de musique. Non, quand il y a une alternative…

Lire aussi: Le nouveau centre de nuit à Bruxelles n’a accueilli que 14 demandeurs d’asile

Mais c’est au fédéral d’agir.

Mais non ! L’ordre public, c’est la ville. Et, honnêtement, on commence à être dans une situation où c’est un peu faire honte à Bruxelles comme capitale de l’Europe. J’espère que l’on va se rattraper.

C’est mauvais pour l’image de Bruxelles ?

Tout à fait, c’est clair. Tous les médias du monde sont ici, et on est en train d’essayer de montrer que l’on ne gère pas la crise, alors que c’est le contraire, on la gère, la capacité de logement est là. Mais à un moment donné, la Ville de Bruxelles doit dire que c’est un parc public, et qu’on ne loge pas comme ça dans un parc public.

Lire aussi: Crise de l’asile: la Belgique parmi les pays les plus solidaires d’Europe

Yvan Mayeur, lui, bourgmestre de Bruxelles, met en cause l’Etat, qui est absent soutient-il…

Moi, pour l’instant, j’ai l’impression qu’il n’y a plus de gestion de l’ordre public à Bruxelles. Honnêtement, je ne peux pas penser que quelqu’un joue un jeu politique sur des questions humanitaires comme celles-ci, avec des gens qui viennent chez nous après un parcours souvent dramatique, qui ont perdu toute perspective, et choisissent l’Europe, où l’on doit les accueillir.

Vous renversez totalement l’argumentation de vos détracteurs : à la Ville de Bruxelles, ils vous reprochent précisément de ne pas gérer l’urgence au parc Maximilien…

Mais qui est responsable de l’ordre public ? S’il n’y avait pas d’alternative, je pourrais comprendre, mais ce n’est pas le cas, il y a un bâtiment avec 500 places.

Deux grands arguments vous sont opposés : 1. le gouvernement ne prévoit pas un plan de répartition entre les communes en Belgique, comme le fait l’Allemagne. Deux : il faut dépasser la barre des 250 dossiers traités chaque jour par l’Office des étrangers.

Ce n’est pas correct. Le système de pré-accueil, comme au WTC, cela ne s’était jamais fait auparavant. Et au-delà du pré-accueil, nous ouvrons 1.000 places par semaine pour les demandeurs d’asile enregistrés dans le système. Non, simplement, à un moment donné, la Ville de Bruxelles doit dire : « Nous n’autorisons plus ce campement un peu clandestin au centre de Bruxelles, vous devez rejoindre le bâtiment qui est mis à votre disposition ». A 100 mètres du parc !

Il faudrait faire évacuer le camp ?

Honnêtement, oui, quand il y a une alternative, ça me paraît assez logique.

Quant au plafond des 250 dossiers…

C’est la limite administrativement, et comme l’a dit Charles Michel, c’est la limite « aujourd’hui »… Est-ce qu’un jour on fera moins, ou bien davantage, on verra. Il faut des examens sérieux des demandes, au point de vue sécurité, médical, etc., et 250 dossiers, c’est notre capacité actuelle pour traiter les dossiers correctement.

Il y a une parfaite cohésion dans la coalition sur ce dossier ?

Une crise de l’immigration, ce n’est jamais facile à gérer, mais je regarde juste les faits, je vous l’ai expliqué, l’on peut dire que l’on travaille bien. J’ajoute qu’avec les Pays-Bas, la Belgique joue un rôle de leader européen en termes d’aide humanitaire et de coopération.

Les déclarations de Bart De Wever ? La Belgique est un « aimant » pour les réfugiés, il faut un « statut spécial » pour les demandeurs d’asile…

Chaque parti a son discours, c’est normal. Moi, je ne suis pas d’accord avec certaines idées avancées par De Wever : un statut spécial avec des droits sociaux réduits, la volonté de refouler les réfugiés aux frontières en Turquie… Tout cela, je suis contre. Je le dis. Ce qui compte, c’est ce que fait le gouvernement en définitive.

Lire aussi: Charles Michel: «Non à un statut spécial pour les réfugiés»

Comment expliquer l’élan de solidarité exprimé par les patrons dans un domaine où ils interviennent généralement peu ? Les réfugiés qui arrivent sont une opportunité pour les employeurs ?

Certainement. Cette crise de l’immigration est assez différente des précédentes. Les gens qui viennent ici, surtout provenant de Syrie et d’Irak, ont une formation technique assez bonne, apprennent bien les langues, ont beaucoup de connaissances. Toute cette solidarité aujourd’hui, c’est un élément fragile, qu’il faut gérer de la bonne manière. Parce qu’on pourrait très rapidement perdre cette solidarité. Ce que nous disons, c’est que nous voulons donner une opportunité honnête aux gens qui viennent ici. Et l’opportunité honnête, c’est vraiment de pouvoir venir ici et construire leur vie. Cela veut dire qu’on leur donne l’opportunité d’apprendre la langue, d’avoir un boulot, pour pouvoir vraiment s’intégrer dans notre société. Si c’est ça qu’on veut faire, on peut le faire, mais pas pour tout le monde. On peut le faire, mais pour un nombre défini. Et il faut que chacun en Europe fasse l’effort. En ce sens, la perspective du patronat est la bonne. Le VLD la partage.

On ne va pas donner aux réfugiés des emplois précaires, dont aucun belge ne veut ?

Y a-t-il en Belgique des emplois qui ne font pas partie des législations du travail ? Non. Je pense que le premier souci, pour les gens qui viennent ici, c’est d’avoir de l’aide. Après ça, on leur donne une opportunité. Ce qu’ils recherchent, c’est le respect humain. Là-bas, ils avaient une vie, un boulot. Personne ne quitte son pays pour le plaisir. Ils veulent être respectés et faire partie de la société. C’est ça qu’on doit leur donner. Du respect, pas seulement à manger et une allocation. Mais du boulot, une école pour les enfants…

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