Une politique migratoire aux allures de « chasse à l’homme » à la frontière franco-italiennePAR IVAN DU ROY 21 FÉVRIER 2019


Ce sont 144 pages qui indignent. Elles décrivent la politique migratoire mise en œuvre par la France à la frontière franco-italienne, de Menton à Chamonix : non respect des droits essentiels des personnes, violations de traités signés par la France, indifférence et mépris pour les mineurs isolés et les réfugiés qui ont besoin de soins, militarisation à outrance de la frontière, harcèlement des personnes solidaires… Telles sont les observations réalisées pendant deux ans par l’Anafé, l’association qui publie ce rapport sans concession.

Des allures de vaste « chasse à l’homme » : c’est ce à quoi ressemble la politique sécuritaire et migratoire mise en œuvre à la frontière franco-italienne. Une « chasse à l’homme » qui cible plusieurs dizaines de milliers de personnes chaque année, dont des enfants, à qui on refuse l’entrée sur le territoire au mépris de leurs droits les plus essentiels. Depuis 2016, l’Association nationale d’assistance aux frontières pour les étrangers (Anafé) collecte des témoignages, mène des enquêtes de terrain, observe, constate, échange et travaille avec des associations locales, de Menton à Chamonix, en passant par la vallée de la Roya, le col de Montgenèvre ou le tunnel de Fréjus. Le résultat est édifiant : un rapport de 144 pages, intitulé Persona non grata publié ce 21 février, qui documente l’ensemble des violations de droits perpétrées par l’État français à l’encontre des personnes migrantes qui tentent de traverser la frontière [1].

Emmenés au commissariat à 17h13, expulsés à 17h15

Les personnes interpellées se voient le plus souvent prononcer un « refus d’entrée » : un formulaire administratif rempli à la va-vite par un CRS ou un gendarme, sur un parking ou un quai de gare, sans même un passage par les locaux de la Police aux frontières (PAF), ni d’interprète pour les personnes ne maîtrisant pas le français, encore moins d’examen approfondi de la situation des réfugiés. Rien que dans les Alpes-Maritimes, 44 433 refus d’entrée ont ainsi été prononcés, souvent de manière expéditive, en 2017 (une même personne peut être concernée par plusieurs refus d’entrée quand elle tente de repasser la frontière), et 7000 en Haute Maurienne, en Savoie !

« Le 17 mars 2018, cinq personnes, dont une avec une jambe cassée, ont été emmenées par les CRS à 17h13 au poste de la PAF de Menton Pont Saint-Louis. Elles ont attendu à l’extérieur du poste. À 17h15, soit trois minutes après leur arrivée, les cinq personnes ont été refoulées en Italie, munies d’un refus d’entrée qui leur a été donné en-dehors du poste », notent des observateurs lors d’une mission conjointe avec Amnesty international et Médecins du monde. Ces témoignages sont légion.

Pas d’accès à un médecin, encore moins à un avocat

Pas question pour ces personnes de pouvoir accéder à un médecin, qu’elles soient blessées, malades ou sur le point d’accoucher. Pas question non plus pour elles d’avoir accès à un conseil (assistance juridique, avocat…) ni de respecter le droit au jour franc, qui permet à une personne qui le demande de ne pas être refoulée avant 24 heures afin de pouvoir exercer les droits prévus par la loi. Ces pratiques « mises en œuvre par la France à la frontière franco-italienne depuis 2015 représentent un non-respect ou des violations des conventions internationales ratifiées, de la Convention européenne de sauvegarde des droits humains et des libertés fondamentales, du code frontières Schengen et des accords de coopération avec l’Italie », rappelle l’Anafé. Quand il s’agit de migrants, les textes signés par la France ne semblent plus valoir grand-chose.

Pour les enfants, c’est pareil. Ce ne sont pas des personnes mineures à protéger, mais des menteurs à refouler d’urgence : « On est allés au poste. On est rentrés dans les bureaux. On a été fouillés », raconte un adolescent, interpellé à Clavière, près du col de Montgenèvre. « Le policier me bousculait. Ils ont pris mon téléphone mais me l’ont rendu ensuite. Ils ont pris mon empreinte. Le policier a pris ma main de force pour la mettre sur la machine. Ils étaient plusieurs autour de moi. Un policier m’a demandé ma nationalité, mon âge. J’ai dit que j’avais 16 ans. Ils ont dit que je ne suis pas mineur. Ils ont changé ma date de naissance. Le policier a signé le document à ma place parce que je ne veux pas retourner en Italie. J’ai dit : “Je veux rester en France, je veux aller à l’école pour pouvoir me prendre en charge”. Mais ils ne voulaient rien comprendre. »

Militarisation « impressionnante » de la frontière

Le rapport de l’Anafé décrit également la militarisation « impressionnante » de la frontière. La présence des force de l’ordre – militaires, compagnies républicaines de sécurité (CRS), gendarmes, police nationale, police aux frontières… –, souvent lourdement armées, équipées de lunettes de vision nocturne ou de détecteurs de mouvement, sature l’espace frontalier, gares, routes ou chemins de randonnées. Ce qui créée une ambiance bien particulière : « Quelques minutes avant l’arrivée du train, dix gendarmes et quatre militaires lourdement armés se présentent sur le quai. Le train s’arrête, certains montent de chaque côté et se rejoignent au centre du train. Une personne sort escortée par les gendarmes », décrivent des observateurs en gare de Breil-sur-Roya, au nord de Menton (Alpes-Maritimes).

« Pendant ce temps, les forces de l’ordre restées sur le quai observent les passagers qui descendent. Une personne qui semble d’origine africaine descend, un gendarme lui dit « bonjour », la personne répond « bonjour », dans un français parfait. Nous nous interrogeons sur le fait que les forces de l’ordre ont dit bonjour uniquement à cette personne alors qu’elles étaient une dizaine à descendre du train. » Une scène digne du film La Grande Evasion.

Ce déploiement militaire à la frontière, rien que pour la vallée de la Roya, coûterait 1,8 million d’euros par mois, près de 22 millions par an, selon le chercheur Luca Giliberti [2]. La vallée ne représente pourtant qu’une petite partie de la frontière franco-italienne, qui s’étend sur 515 kilomètres en tout. Cette militarisation, ces pratiques de « chasse à l’homme » permanentes, poussent aussi les personnes migrantes à prendre de plus en plus de risques pour traverser la montagne et tenter d’esquiver les patrouille, pour simplement être en mesure de faire valoir leurs droits bafoués.

Un jeune Guinéen mort d’hypothermie après avoir été refoulé

Les corps de jeunes Guinéen et Sénégalais ont déjà été retrouvés, tués après avoir chuté dans un ravin. « Le 25 mai 2018, à Bardonecchia (Italie), un corps est retrouvé dans un état de décomposition avancée. Son identité est retrouvée par la police italienne grâce à un reste de peau et une enquête est ouverte : il s’agit d’un jeune Guinéen souffrant de poliomyélite, refoulé le 26 janvier par les autorités françaises, à 10 kilomètres de Bardonecchia. Il est décédé d’hypothermie », illustre l’Anafé. Deux semaines plus tôt, c’est le corps d’une Nigériane, Blessing Matthew, qui est retrouvée par des agents EDF dans la Durance, qui prend sa source à Montgenèvre. Toujours en mai, entre Montgenèvre et Clavière, un jeune sénégalais est retrouvé mort par des randonneurs. Épuisé, il serait tombé d’une falaise.

Face à cette situation scandaleuse qui dure depuis trois ans, « l’Anafé ne peut que déplorer la difficulté à entrer en dialogue avec plusieurs autorités françaises tant au niveau local qu’au niveau national. Les droits fondamentaux, la fraternité et la solidarité ont été relégués au second plan, en violation des engagements internationaux, européens et nationaux. » Les seuls qui sauvent l’honneur d’une politique en perdition à la frontière franco-italienne sont les milliers de bénévoles, de militants associatifs qui font vivre « les valeurs d’humanité, de solidarité et de fraternité » en venant en aide aux victimes de cette « chasse à l’homme ». Mais elles aussi sont désormais la cible de harcèlements, de violences, et poursuivis pour « délit de solidarité ». Elles sont devenues des « militants politiques qu’il faut museler ».

Ivan du Roy

Photo : DR

- Pour consulter le rapport de l’Anafé en ligne

Lire aussi
- Humiliations, mises en danger, violences : enquête sur les abus policiers contre les migrants

- A Briançon, la « politique en actes » d’une population fortement mobilisée pour l’accueil des migrants

Le rapport de Richard Falk et Virginia Telley sur l’apartheid israélien, publié en français


Au mois de mars, la Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale (CESAO) des Nations-Unies a publié un rapport sur l’apartheid israélien. Pour le Comité national palestinien (BNC) de BDS, le rapport constitue un « un progrès historique ». C’est la première fois qu’une agence des Nations-Unies établit, à travers une étude scrupuleuse et rigoureuse, qu’Israël impose un régime d’apartheid sur l’ensemble du peuple palestinien : sur les Palestiniens des territoires occupés, sur les citoyens palestiniens d’Israël et sur les réfugiés et exilés palestiniens. Le rapport recommande aux Nations Unies et à ses états membres de soutenir la campagne BDS.

Très rapidement, sous pression des Etats-Unis et d’Israël, le rapport est retiré des sites des Nations Unies.
Deux jours après sa sortie, il est enterré.

Mais de nombreux instances et associations ont sauvegardé le rapport. Une équipe de traducteurs a traduit le rapport en français. Un traducteur de ce site a participé à ce travail collectif.

La version française du rapport :
pour télécharger le PDF, cliquez ici

#SAFEPASSAGE NOW! :


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FR// Le 27 février, des citoyens se mobilisent dans toute l’Europe pour réclamer à nos gouvernements et aux institutions européennes d’agir maintenant pour garantir les droits humains fondamentaux de toute personne cherchant protection en Europe.

13h30 – Rassemblement – Esplanade de la gare du Nord – Bruxelles
14h – Départ de la manifestation
16h – Discours, musique, stands et convivialité
17h – Fin

NL// Op 27 februari 2016 komen burgers in heel Europa op straat om te eisen van onze regeringen en de Europese instellingen dat ze de fundamentale mensenrechten garanderen voor al wie bescherming zoekt.

13u30 – Verzamelen – Plein voor het Noordstation – Brussel
14u – Vertrek
16u – Toespraken, muziek, eetkraampjes en gezelligheid!
17u – Eind

EN// On 27 February 2016 European citizens will come together in cities across the continent to stand up for human rights in Europe. We are demanding that our governments and European institutions take action now to guarantee the fundamental human rights of people seeking protection.

13.30: Meeting point Esplanade – Brussels North Station
14.00: Start of the march
16.00: Arrival – speeches, music, meeting place
17.00: End

FR//NL//EN

Le 27 février 2016, les citoyen.ne.s européen.ne.s se mobilisent massivement pour manifester en faveur des droits de l’Homme à travers toute l’Europe.

Ce sont plus de 80 villes dans 20 pays d’Europe et du monde qui manifesteront ce jour-là pour demander aux institutions européennes et à nos gouvernements d’agir pour ouvrir des voies de passage sûr pour toute personne qui cherche protection.

#SAFEPASSAGE : des routes sûres et légales : plus aucun mort à nos frontières.
#SAFEPASSAGE : une protection de tou.te.s les réfugié.e.s tout au long de leur parcours en Europe.
#SAFEPASSAGE : des normes d’accueil et d’asile élevées dans tous les pays européens et la cessation de la limitation des droits des demandeur.se.s d’asile et des réfugié.e.s – leur permettre de garder leurs possessions, de faire venir leur famille, d’avoir une stabilité en termes de droit de séjour.

Ces personnes fuient la guerre, la persécution et la famine. Le décompte de 363 femmes, hommes et enfants décédés en Méditerranée rien qu’en janvier 2016 ou les conditions de vie inhumaines dans les camps de Calais et Dunkerque nous le montre quotidiennement.

Il est aujourd’hui urgent d’agir.
Rejoignez-nous à Bruxelles et réclamons à nos gouvernements et aux institutions européennes de garantir les droits humains fondamentaux de toute personne cherchant protection, déjà présente ou non sur le territoire européen.

Une initiative citoyenne en collaboration avec la Plateforme citoyenne de soutien aux réfugiés, Bredene met een hart voor vluchtelingen, Solidarity4all, Community support group for refugees, Réseau Inter-Collectif Refugees.

Avec le soutien du CIRE, de Vluchtelingenwerk Vlaanderen, de Médecins Sans Frontières, de Médecins Du Monde, de Hart boven hard, de Tout Autre chose, d’Amnesty International, d’Agir pour la Paix, du MRAX, d’Amitiés sans frontières, du réseau ADES, de Greenpeace, de la Ligue des droits de l’homme, de Change Partnership, du Colectivo García Lorca, du CNCD-11.11.11, de Clowns Without Borders, de deMens.nu, du Centre d’action laique, d’Oxfam Solidarité, de WeCanHelp, du MOC, de Humanistisch-Vrijzinnige Vereniging, de la CSC-ACV et la FGTB/ABVV.

La liste des participants: https://www.facebook.com/events/586531178166656/permalink/587252931427814

NL//

#SAFEPASSAGE NOW!
Op 27 februari 2016 komen burgers in heel Europa op straat om te betogen voor de mensenrechten in Europa.
In meer dan 80 steden in 20 landen in Europa en de rest van de wereld wordt er op die dag betoogd om te eisen van onze regeringen en de Europese instellingen dat ze nu actie ondernemen om een veilige doortocht mogelijk te maken voor al wie bescherming zoekt.
Sluit je bij ons aan in Brussel en eis van onze regeringen en de Europese instellingen dat ze de fundamentale mensenrechten garanderen voor al wie bescherming zoekt.

#SAFEPASSAGE : veilige en wettelijke routes: geen doden meer aan onze grenzen.
#SAFEPASSAGE : bescherming voor alle vluchtelingen tijdens hun volledige reis door Europa.
#SAFEPASSAGE : hoge normen qua opvang en asiel in alle Europese landen, geen afbreuk meer doen aan de rechten van asielzoekers en vluchtelingen, dus ook ervoor zorgen dat zij hun bezittingen mogen behouden, gezinshereniging toelaten en stabiliteit garanderen wat het verblijfsrecht betreft.

Deze mensen vluchten voor oorlog, vervolging en honger. Getuige daarvan zijn de 363 vrouwen, mannen en kinderen die in januari 2016 verdronken zijn in de Middellandse Zee en de mensonwaardige leefomstandigheden in de kampen in Calais en Duinkerke.

Het is dringender dan ooit om een veilige doortocht te garanderen.
Stap met ons mee in Brussel en eis van onze regeringen en de Europese instellingen dat ze de mensenrechten garanderen voor al wie bescherming zoekt, zowel wie hier reeds is als wie nog zal komen.

Een burgerinitiatief in samenwerking met het Plateforme citoyenne de soutien aux réfugiés, Bredene met een hart voor vluchtelingen, Solidarity4all, Community support group for refugees, Réseau Inter-Collectif Refugees.

Met de steun van CIRE, Vluchtelingenwerk Vlaanderen, Artsen Zonder Grenzen, Dokters van de Wereld, Hart boven hard, Tout Autre chose, Amnesty International, Agir pour la Paix, MRAX, Amitiés sans frontières, ADES, Greenpeace, Ligue des droits de l’homme, Change Partnership, Colectivo García Lorca, CNCD-11.11.11, Clowns Without Borders, deMens.nu, Centre d’action laique, Oxfam Solidariteit, WeCanHelp, MOC, Humanistisch-Vrijzinnige Vereniging, ACV-CSC en FGTB/ABVV.

De link naar de andere Europese deelnemers: https://www.facebook.com/events/586531178166656/permalink/587252931427814

EN//

#SAFEPASSAGE NOW!

On 27 February 2016 European citizens will come together in cities across the continent to stand up for human rights in Europe.

More than 60 cities in 19 countries in Europe and the world are taking part in this demonstration to ask our governments and the European Institutions to take action now to open safe passage routes for all those who seek protection.

#SAFEPASSAGE : legal and safe routes: no more deaths at our borders.
#SAFEPASSAGE : protection for refugees on their travel through Europe.
#SAFEPASSAGE : high standards of reception and asylum in all European countries, no longer diminishing the rights of asylum seekers and refugees, allowing refugees to keep their belongings, allowing them to be reunited with their families and providing stability as far as their right of residence is concerned.

These people are running away from war, persecution and starvation. A death count in the Mediterranean Sea of 363 women, men and children in January 2016 and appalling conditions in refugee camps like Calais and Dunkirk speak for themselves.

The need to provide safe passage has never been more urgent.
Join us in Brussels to ask our governments and the European Institutions to guarantee the fundamental human rights of people seeking protection, both those already here and those yet to come.

A citizens’ initiative in cooperation with Plateforme citoyenne de soutien aux réfugiés, Bredene met een hart voor vluchtelingen, Solidarity4all, Community support group for refugees, Réseau Inter-Collectif Refugees.

Supported by CIRE, Vluchtelingenwerk Vlaanderen, MSF, MDM, Hart boven hard, Tout Autre chose, Amnesty International, Agir pour la Paix, MRAX, Amitiés sans frontières, réseau ADES, Greenpeace, Ligue des droits de l’homme, Change Partnership, Colectivo Garcia Lorca, CNCD-11.11.11, Clowns Without Borders, deMens.nu, Centre d’action laique, Oxfam Solidarity, WeCanHelp, MOC, Humanistisch-Vrijzinnige Vereniging, ACV-CSC et FGTB/ABVV.

Check the list of European participants here: https://www.facebook.com/events/586531178166656/permalink/587252931427814

Asile et contre-vérités


François Roland

Petite piqûre de rappel (oui, j’en ai marre).

Imaginez-vous. Vous quittez votre pays, en proie à un conflit. Vous laissez derrière vous votre famille, leur promettant qu’ils pourront vous rejoindre au plus vite. Vous arrivez, après plusieurs mois d’un voyage dangereux, dans un pays que vous estimez sûr et respectueux des droits de l’homme. Vous y demandez une protection, un séjour, la possibilité de reconstruire votre vie.

Depuis le 21.10.2015, voici (ci-joint) la première communication officielle que vous recevez lorsque vous introduisez une telle demande. Une lettre, signée de la main du Secrétaire d’Etat à l’Asile et la Migration, qui vous dit en résumé :

– que la procédure va être très longue, mais que vous pouvez toujours rentrer chez vous si c’est trop long ;
– que la Belgique ne vous donnera pas d’autorisation de séjour à durée indéterminée, même si la décision est positive (FAUX) ;
– que pendant la procédure d’asile, vous vivrez dans un endroit horrible où il ne fait pas bon vivre, et qu’on vous donnera rien d’autre qu’un lit et à manger (ILLEGAL) ;
– que si vous avez déjà été enregistré dans un autre pays d’Europe, de gré ou de force, on vous y renverra par tous les moyens ;
– que si vous souhaitez que votre famille vous rejoigne, ça va prendre très longtemps et ça va être très compliqué (FAUX) ;
– que si votre demande est rejetée, vous allez être arrêté et renvoyé de force dans votre pays d’origine.

Cette lettre continent des informations qui sont partielles, partiales et, pour la moitié d’entre elles, erronées (certaines mesures n’ayant pas encore été adoptées sous forme de loi et n’étant donc pas d’application à l’heure actuelle). Elle fait montre d’une dérive autoritaire inacceptable de la part des responsables politiques en charge de ces matières. Intolérable dans un Etat de droit (comme la Belgique ?).

Et vous, comment réagiriez-vous ? Aimeriez-vous être accueilli de la sorte après avoir été forcé de fuir votre pays ?

Ah oui, j’oubliais, le droit d’asile est un droit de l’Homme fondamental. Une petite piqûre, Messieurs les membres du gouvernement ?

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Plateforme citoyenne de soutien aux réfugiés Bruxelles


Des milliers de personnes appellent le gouvernement belge à traiter les demandeurs d’asile plus humainement !

Bruxelles, le 22 décembre 2015

Plus de 3.500 personnes en Belgique ont signé une pétition s’adressant au Secrétaire d’État à l’Asile et la Migration, Theo Francken. Cette pétition en ligne, lancée par la Plateforme Citoyenne de Soutien aux Réfugiés au début du mois de décembre, demande à Theo Francken d’ouvrir plus de logements temporaires pour les personnes déposant une demande d’asile à Bruxelles et d’augmenter le nombre de demandes d’asile enregistrées par jour à l’Office des Étrangers (OE), aujourd’hui limité à 250.

La générosité des citoyens et la mobilisation du secteur associatif ont permis que moins de demandeurs d’asile dorment dans les rues au cours de ces dernières semaines. Des groupes de bénévoles se sont organisés pour distribuer des vêtements et de la nourriture. Certains citoyens ont même accueilli chez eux des demandeurs d’asile pendant plusieurs nuits d’affilé. Cette générosité et cette mobilisation ont compensé les manquements des pouvoirs publics, pourtant dans l’obligation, selon la législation européenne, d’offrir aux demandeurs d’asile un niveau minimum de protection sociale.

Si le nombre de nouveaux arrivants a diminué depuis une dizaine de jours, la mise en place rapide de centres d’accueils dignes pour soulager les centres existants et augmenter la capacité d’accueil actuelle reste une nécessité. Au 16 décembre, 31.705 personnes occupent les 32.655 places disponibles. Les centres sont surpeuplés et les conditions de vie minimum tant pour les réfugiés que pour le personnel.

Le WTC III sert de transit prolongé. Si plusieurs centaines de personnes se présentaient à nos frontières demain, le système serait à nouveau pris en défaut. Les délais d’inscription à l’Office des Etrangers sont désespérément long. Le 4 novembre, ce délai était déjà de 10 jours. Le 16 novembre, il était passé à 15 jours. Plus d’un mois plus tard, ce délai n’a toujours pas diminué et le retard accumulé n’est pas encore résorbé.

Le délai de traitement des dossiers risque d’être aussi allongé. En effet, en novembre, il y avait 12.546 dossiers de demandes d’asile en cours à l’Office des Etrangers et 9739 dossiers au CGRA (dont 5239 d’arriérés).

Le manque de réactivité du gouvernement lors des dernières arrivées importantes de septembre et de novembre laisse présager les mêmes travers la prochaine fois. Or, il est fort probable que davantage de demandeurs d’asile arrivent en Belgique à court- ou moyen-terme, compte tenu de l’afflux continu de personnes aux frontières de l’UE, en Grèce et en l’Italie notamment, et de la difficulté de l’Allemagne de faire face à près d’un million de demandeurs d’asile arrivés sur son territoire récemment.
Pour ces raisons, la Plateforme Citoyenne appelle, en plus des revendications citées dans la pétition, le gouvernement belge à :

– Investir davantage de ressources pour fournir un accueil de qualité aux demandeurs d’asile. Parmi eux, beaucoup ont fui des situations terribles et ils/elles ont besoin d’un logement offrant calme et sécurité. Un accueil de qualité est également l’une des premières étapes vers une intégration réussie dans la société belge pour ceux et celles qui seront reconnus en tant que réfugié.e.s.

– Adapter le système d’accueil actuel en acceptant davantage de demandeurs d’asile, étant donné le contexte de la crise de réfugiés sans précédent et la nécessité pour chaque pays de l’Union Européenne d’accueillir sa juste part de demandeurs d’asile.
https://secure.avaaz.org/…/Theo_Francken_Nous_vous_demand…/…

Des centaines de demandeurs d’asile dorment dans les rues de Bruxelles. Avant que l’hiver ne fasse des victimes, offrons à ces familles un meilleur accueil! Signez la pétition.

LANCEMENT D’UN CROWDFUNDING Refugees for Refugees : enregistrement d’un album


Aidez à la réalisation d’un CD rassemblant des musiciens traditionnels réfugiés ou exilés (Irak, Syrie, Afghanistan, Pakistan, Tibet…)

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Présentation détaillée du projet

Emus par la vague de migrants arrivant en Europe dernièrement et convaincus de la plus-value qu’ils représentent pour notre société, Muziekpublique a voulu mettre sur pied un projet ambitieux réunissant une vingtaine de musiciens réfugiés de Syrie, d’Irak, d’Afghanistan, du Kazakhstan, du Tibet…  Nous avons rassemblé des virtuoses de différentes régions du monde, ayant finalement posé leurs bagages en Belgique, pour porter leur voix, espérant qu’elle sera entendue.

 

Nous souhaitons, par l’enregistrement d’un CD, dévoiler au grand jour les richesses de sommités devenues presque invisibles en Belgique. Nous réalisons qu’avant d’arriver en Europe, ces musiciens ont déjà eu un long parcours. Ils ont fréquenté les plus grandes écoles de musique du Moyen Orient (Damas, Baghdad, Alep) ou sont passés par une kyrielle de centres musicaux parsemant la route de la soie. Ils ont eu une carrière fructueuse, une renommée internationale, des projets variés et ambitieux… Fuyant les désastres de leur région d’origine, la menace les a poussé à quitter un terreau autrefois formidable et à laisser derrière eux un bagage crucial, emportant avec eux leur savoir et leur instrument. Ce savoir est la base du travail que nous entamons avec eux. Ensemble, nous voulons mener un projet qui leur redonne une place, et les aide à reconstruire leur vie en Belgique.

 

[youtube https://youtu.be/Rdph8F8W2dA?]

Kelsang (Tibet) 

 

Avec eux, nous voulons réaliser un CD compilant leurs morceaux, les traces de leurs traditions et de leur voyage. Nous voulons également les mettre en réseaux, les faire se rencontrer autour d’un projet professionnel et donner des ailes à leur carrière musicale. C’est un projet de CD mais c’est également un projet humain dont le sens déjà fort est aujourd’hui démultiplié par les événements de l’actualité. C’est une rencontre humaine et culturelle, une gifle aux idées préconçues et une revendication forte de ce que la musique doit signifier dans un monde aux conflits croissants.

Artistiquement, nous avons sélectionné les musiciens pour leur qualité en tant qu’instrumentiste et leur lien avec la tradition de leur pays d’origine.Avec ce CD, la volonté est aussi de créer des ponts sonores entre les musiciens et les différentes traditions dont ils sont issus afin de proposer un album riche, innovateur, symbole de mixité et de rencontres des cultures.

 

Avec quels musiciens travaillerons-nous ?

 

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Le trio Ramel Aleppo (Syrie)

 

Des musiciens traditionnels de Syrie, Irak,  Pakistan, Afghanistan, Kazakhstan, Tibet et d’autres pays encore, récemment arrivés en Belgique, uniront leurs instruments et leurs voix dans ce projet réalisé à Bruxelles. Ils seront rejoints et soutenus par des musiciens habitant en Belgique depuis plus longtemps, ou nés ici, dans une optique de partage et de rencontre entre les artistes.

 

Nous aurons l’honneur de pouvoir compter notamment sur la participation de:

 

·         Tamam al-Ramadan (ney, Syrie)

·         Khaled al-Hafiz (duff, chant, Syrie)

·         Tareq al-Sayed (oud, Syrie)

·         André Bakhach (violon, Syrie)

·         Fakher Moudallal (chant, Syrie)

·         Shalan Al-Hamwy (violon, Syrie)

·         Mohammad Al Fekhrani (violon, Irak)

·         Hussein Rassim (oud, Irak)

·         Hazem Faris (violon, Irak)

·         Jahida Wehbe (chant, Liban, guest)

·         Asad Qizilbash (sarod, Pakistan)

·         Aman Yusufi (dambura, Afghanistan)

·         Moharram Bola (flutes, Afghanistan)

·         Arken Mänsur (ghijak & dutar, Kazakhstan)

·         Norbu Tsering (dramyen, Tibet)

·         Kelsang (dramyen, mandoline, chant, Tibet)

·         Dolma (chant, Tibet)

 

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Petit bout d’histoires – Asad Qizilbash (ci-dessus) est l’unique représentant pakistanais du sarod, un instrument à dix-neuf cordes. Il jouit d’une renommée internationale (il a joué devant Nelson Mandela !) Dans son pays natal, sa décision de fonder une école de musique n’a pas plu aux fondamentalistes actifs dans la région. Contraint de quitter son pays pour garder sa liberté, Asad vit aujourd’hui en Belgique, où il recommence sa carrière à zéro.

 

En 2012, quatre des musiciens du groupe syrien Ramel Aleppo ont fui pour la France lorsque leur ville fut frappée par la guerre. Khaled al Hafez (duff, chant), Tarek al Sayed (oud) et Tamam al-Ramadan (ney) se sont ensuite installés en Belgique, où, malgré leur dispersion géographique, ils travaillent ensemble à la reconstruction de leur avenir.

 

 

Quel est le but de l’album ?

 

Grâce à la réalisation de cet album, nous soutiendrons les musiciens traditionnels réfugiés en Belgique par divers moyens :

 

– Revalorisation de l’image des réfugiés et migrants devant l’opinion publique : au-delà des idées négatives et stigmatisantes autour des migrants, en construisant un projet musical professionnel de haute qualité avec les personnes concernées, Muziekpublique souhaite montrer que les migrants arrivent en Belgique avec un bagage intéressant, qu’ils ont leur rôle à jouer dans notre société et sont source de richesse.

 

– Soutien aux musiciens :

 

Un cachet sera versé aux musiciens pour leur investissement car nous pensons que leur travail mérite salaire.

Ensuite,  dans une optique durable, nous mettrons en place des outils de communication (en filmant les enregistrements, en organisant éventuellement plusieurs concerts de sortie du CD et en apportant du contenu au CD) que tous les musiciens pourront réutiliser pour développer leur carrière musicale ici en Belgique.

Nous espérons également que les collaborations qu’ils auront développées avec d’autres musiciens dans le cadre de ce projet les aideront à s’insérer dans les réseaux musicaux existant en Belgique, leur offrant une reconnaissance qui les aidera à développer leur carrière sur le long terme.

 

– Soutien à d’autres associations : après avoir couvert tous les frais de réalisation de l’album, une partie des bénéfices perçus de la vente des CDs ira à deux associations artistiquement actives en Belgique avec les réfugiés : Synergie14 et Globe Aroma.

 

Qui sommes-nous ?

 

Muziekpublique, une association déterminée et une fenêtre sur les traditions du monde

 

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Muziekpublique est une asbl qui défend et promeut les musiques du monde, plus particulièrement celles qui ont un lien avec les musiques acoustiques, traditionnelles, populaires et folk. Ce travail se réalise autours de quatre axes de travail : l’organisation de près de 100 concerts au théâtre Molière à Ixelles, l’offre de plus de 40 cours de musique et de danse du monde, et la production de CDs et de créations musicales.

 

C’est via ce dernier axe, le label Muziekpublique, que nous encadrons le projet Refugees for Refugees avec le même soin que celui apporté à la confection de nos précédents albums, notamment Aduna (Best Album 2012par le magazine anglais de référence Songlines) et Blindnote (Best Album 2011 par le magazine anglais de référence Songlines et Octave de la Musique 2011).

 

 

Hazem Faris (Irak) cliquez sur le lien

 

Muziekpublique, c’est aussi une communauté. Pour assurer toutes les différentes activités et défendre les musiques du monde traditionnelles à Bruxelles, Muziekpublique s’est entourée de membres actifs, d’artistes talentueux, de personnel bénévole et d’un public fidèle. Parmi eux, Hélène Sechehaye, musicologue de 25 ans, est responsable de mener à bien le projet. Son expérience au sein du label Muziekpublique et ses connaissances dans le milieu des musiques arabes font d’elle la personne adéquate pour relever ce défi qui lui est aussi très personnel. Emre Gültekin, joueur de saz mais aussi excellent ingénieur du son, supervisera et enregistrera les performances. Son ouïe fine et sa sensibilité permettront un album au rendu subtil, reflet du talent des musiciens. Le musicien et cinéaste jordano-yougoslave Karim Baggili mettra à profit sa grande expérience de la scène pour filmer la genèse des enregistrements, les rencontres entre artistes mais aussi leur performance musicale. L’oeil du photographe Dieter Telemans prendra les photos pour le livret qui sera réalisée par Désirée De Winter. Florence Plissart et Pablo Diartinez dessineront les musiciens sur le vif lors des enregistrements.

 

 

À quoi servira la collecte ?

Quelles sont les étapes du projet ?

 

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· Enregistrement

 

La création artistique et les enregistrements débuteront dans le courant du mois de décembre. De ce moment d’échange naîtra une création unique et porteuse de valeurs fortes. L’album sera le fruit des rencontres entre ces musiciens, des diamants qui s’enrichiront mutuellement de leur éclat. L’enregistrement se fera au théâtre Molière, où une technique suffisante et aguerrie est déjà présente, et dont la salle bénéficie d’une acoustique idéale et quasi parfaite pour ce genre de musique.

 

·  Mixage

 

De fin décembre à début janvier aura lieu le mixage, assuré par un professionnel du son et en collaboration avec les musiciens qui souhaitent faire partie du processus et avec l’équipe de Muziekpublique responsable du projet.

 

· Réalisation de la pochette

 

Ensuite, la pochette sera réalisée, comme un kaléidoscope des multiples histoires des musiciens et des morceaux qui auront été créés. Elle servira également d’outil de promotion de leur travail (leurs coordonnées figureront à l’intérieur).

 

·  Sortie du CD

 

Dans le courant du mois de mars sera prévue la sortie du CD. Selon les ressources disponibles, un concert de sortie sera organisé, pour faire honneur aux musiciens et fêter la réussite du projet jusqu’à cette étape.

 

·  Vidéo

 

À la fois pour rendre hommage au projet et pour favoriser le développement de la carrière musicale de ces musiciens en Belgique, il nous semble important de filmer de manière professionnelle les musiciens lors de leurs enregistrements. Nous considérons donc l’aspect vidéo comme une part essentielle du projet. Les réalisateurs que nous avons choisis viendraient filmer deux jours de travail au théâtre Molière.

 

· Concerts

 

Par la suite, le projet pourrait encore se développer en une tournée de concerts des musiciens participants au CD. Ce n’est pas prévu dans le schéma actuel mais cela étant dans nos compétences, nous l’envisagerons dans le cas où tous les musiciens seraient intéressés.

 

 

Budget nécessaire

 

Cachet des artistes (8.000€, dans l’idéal 400€ par musicien, une vingtaine d’artistes)

Frais d’enregistrement : ingénieur du son, mixeur, techniciens et matériel (1.800€)

Réalisation d’une vidéo de promotion (1.800€)

Design pochette et photos du CD (1.200€)

Impression des CD (3.500€, 2000 exemplaires)

Sabam et droits d’auteurs (1.750€)

Promotion (1.500€)

Transports et frais divers (440€)

 

 

En tout, près de 20.000€ seront nécessaires à la confection de l’album. Nous faisons appel à votre générosité pour 12.500€. Estimant que ce genre de projets doit être soutenu également par des fonds publics, nous sommes en bonne voie pour trouver 8000€ de subsides. Mais bien évidemment, plus ce Crowdfunding sera une réussite, plus nous pourrons aller loin dans le projet.

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Muziekpublique

Muziekpublique est une asbl qui défend et promeut les musiques du monde, plus particulièrement celles qui ont un lien avec les musiques acoustiques, traditionnelles, populaires, folk, métissées, classiques, jazz et « nu:trad ». Ce travail se réalise autours de quatre axes de travail : l’organisation de concerts et de cours, la production de cd et de… Voir la suite

source

La mémoire courte !


Le chef de la communauté juive veut limiter l’afflux de migrants en Allemagne. C’est assez incroyable de faire du « devoir de mémoire » plusieurs fois par jour concernant la situation des Juifs qui n’ont pu fuir les persécutions nazies, et de s’opposer à l’accueil des réfugiés qui fuient d’autres persécutions ou la misère, sur des bases racistes racistes qui plus est !

Le président du Conseil central des juifs d’Allemagne, Josef Schuster, s’est prononcé lundi en faveur d’une limitation de l’afflux de réfugiés dans le pays, arguant que beaucoup d’entre eux viennent de pays où la haine des juifs est largement répandue.

Je crois qu’il faudrait que l’accès à l’Allemagne soit contrôlé. Tôt ou tard, on ne pourra pas éviter des plafonds pour limiter le nombre de réfugiés, a-t-il déclaré au quotidien allemand Die Welt.

« Beaucoup de réfugiés fuient la terreur de (l’organisation) Etat islamique et veulent vivre en paix et librement, a-t-il ajouté. Mais en même temps, ils viennent de cultures où la haine des juifs et l’intolérance sont solidement installées , a-t-il mis en garde, appelant aussi à considérer les questions relatives à l’égalité homme/femme et le rapport aux homosexuels. »

« C’est déconcertant, si la CSU (le parti conservateur allié de la CDU de Mme Merkel, qui exige une limitation du flux de réfugiés, ndlr) et le Conseil central des juifs exigent que la convention européenne des droits de l’homme soit mise de facto hors service, » a réagi auprès de l’AFP Günter Burkhardt, patron de l’ONG allemande d’aide aux demandeurs d’asile Pro Asyl.

(©AFP / 23 novembre 2015 11h37)

  • On pourrait ajouter qu’un grand nombre de réfugiés syriens, qui sont des Palestiniens, ne demanderaient pas mieux que de retourner dans leur pays, la Palestine, au lieu d’aller en Allemagne ou ailleurs, si les amis israéliens de M. Schuster, ne les en empêchaient pas et respectaient le droit international (résolution 194 de l’ONU) !

CAPJPO-EuroPalestine

10 PRÉJUGÉS SUR LES MIGRANTS ET COMMENT Y RÉPONDRE


PETIT LEXIQUE

UN MIGRANT est une personne qui quitte son pays pour aller vivre sur un autre territoire pour de multiples raisons, et ce de façon temporaire ou permanente. Certains migrants se déplacent de leur propre gré, d’autres y sont forcés notamment en raison d’une guerre ou de persécutions.

UN DEMANDEUR D’ASILE est une personne qui a quitté son pays en quête d’une protection internationale, mais qui n’a pas encore obtenu le statut de réfugié. Il ne peut pas être renvoyé de force dans son pays pendant la procédure d’examen de sa demande d’asile. De plus, une personne ne peut être renvoyée de force dans son pays si sa vie ou sa liberté y est menacée
(principe de non-refoulement).

UN RÉFUGIÉ est une personne qui a fui son pays parce qu’elle craint avec raison d’y être persécutée en cas de retour, du fait de son identité (son origine ethnique, sa nationalité, son appartenance à un certain groupe social), de ses convictions religieuses ou de ses opinions politiques et dont le
gouvernement ne peut ou ne veut assurer la protection. À la différence d’un demandeur d’asile, le statut de réfugié lui a été reconnu.(HCR)

[2]

 1.«  Il y a une explosion des arrivées de migrants en Europe ! »

FAUX

Malgré ce que peuvent laisser croire les images montrant des arrivées massives de migrants, la réalité est tout autre et les chiffres parlent d’eux-mêmes.
La majorité des migrants se trouvent dans les pays du Sud. Ceux qui fuient des conflits se trouvent en grande partie dans les pays limitrophes, lesquels ont des ressources souvent très limitées. Pour ne citer qu’un exemple, 4 millions de réfugiés syriens se trouvent dans des pays voisins (et 7,6 sont des déplacés internes). Le Liban accueille près de 1,2 million de réfugiés venant de Syrie, ce qui représente environ une personne sur cinq dans le pays.
L’Union européenne (UE) propose quant à elle de réinstaller à peine 22.504 réfugiés en deux ans. C’est une goutte d’eau dans la mer ! Les Nations unies ont estimé que 1,2 million de réfugiés (à travers le monde) devaient être réinstallés de toute urgence, soit 300.000 personnes chaque année durant les cinq prochaines années.
Par ailleurs, le nombre de demandes d’asile de personnes déjà arrivées en Italie, en Grèce et en Hongrie à examiner est maintenant de 160.000 (septembre 2015). La Belgique devra, elle, en accueillir un peu moins de 6.000, soit à peine un peu plus du dixième du Stade Roi Baudouin. [3]

Témoignage
Majid Hussein, Nigérian, 22 ans
« Les Européens pensent que nous sommes ici pour leur prendre quelque chose, mais ce n’est pas vrai. Beaucoup d’entre nous sont des étudiants, des médecins ; nous avons tout perdu et jamais nous ne retrouverons ce que nous avions. Les migrants en Italie sont livrés à eux-mêmes, sans pouvoir se laver, sans manger sauf s’ils parviennent à entrer en contact avec des associations. Si vraiment l’Europe prône les valeurs inscrites dans la Déclaration des droits de l’homme, alors cela devrait concerner tout le monde de façon équitable. Moi, j’ai eu de la chance, j’ai obtenu des papiers, je travaille, je parle italien ; je m’intègre au fur et à mesure et je mélange finalement les cultures. C’est ce que nous devons partager, nos cultures. »

 2.« Ils viennent pour toucher nos allocations et pour prendre notre travail !  »

FAUX

Aucune aide n’est accordée du simple fait d’être un étranger. Les personnes en séjour irrégulier (donc sans papiers) n’ont droit qu’à l’aide médicale urgente à l’exception du cas d’un mineur en état de besoin. Seul le statut de réfugié (ou autre protection) donne droit au revenu d’intégration sociale. Pendant la période d’analyse de la demande d’asile, le demandeur d’asile n’a droit qu’à une aide matérielle, à savoir l’hébergement, la nourriture et l’accompagnement. Et à moins que cette période n’excède les six mois, il n’a pas d’accès légal au marché du travail.
Notons par ailleurs que les migrants occupent très souvent des emplois peu qualifiés et pénibles laissés vacants par les Belges. Même avec un diplôme, il leur est difficile d’accéder à un métier qui correspond à leurs spécialités et ils sont encore trop souvent victimes de discrimination ou d’exploitation.
Lorsqu’ils sont au travail, ils représentent une réelle plus-value pour notre économie. Non seulement ils injectent de l’argent dans notre économie en payant des impôts, mais ils pallient aussi au vieillissement de notre population. [4]

 3.« L’immigration ruine les finances publiques ! »

FAUX

Au contraire, d’après un rapport de l’OCDE, l’immigration « rapporterait » en moyenne près de 3.500 euros de rentrées fiscales par individu par an. En cotisant, en consommant et en payant des impôts, les migrants contribuent donc à l’activité économique et aux finances publiques qui, à défaut, subiraient des pertes [5].
Par ailleurs, en 2014, la part du budget réservé à l’Agence fédérale pour l’accueil des demandeurs d’asile (Fedasil) s’élevait seulement à 0,15 % des dépenses totales de l’administration belge. L’accueil d’un demandeur d’asile coûte entre 37,7 et 40 euros [6] . Une grande partie de ces frais est réinvestie dans notre économie grâce à la création de plusieurs centaines d’emplois créés pour assurer l’accueil de ces personnes.
N’oublions pas que les tentatives de bloquer nos frontières coûtent cher à nos pays, notamment l’édification des murs avec du matériel de surveillance de pointe. Entre 2007 et 2013, l’UE a alloué près de 4 milliards d’euros aux politiques migratoires (y compris le renvoi de ressortissants de pays tiers et le contrôle des frontières). À peine 17 % (soit 700 millions d’€) ont été consacrés aux procédures d’asile. [7]

 4. « On va être envahi par des criminels et des terroristes ! »

FAUX

La mise en place d’une opération de recherche et de sauvetage permettra d’enregistrer les arrivées et de procéder à une identification des personnes au moment opportun. Cependant, les personnes qui montent à bord de ces embarcations de fortune sont des hommes, des femmes et des enfants qui fuient pour sauver leur vie ou trouver une vie meilleure pour eux et leurs familles. Ce ne sont pas des terroristes. Ces derniers voyagent comme tout le monde, notamment par avion, si nécessaire avec de faux papiers. Mais ils sont aussi recrutés sur le territoire européen.
Trop souvent un amalgame est fait entre musulmans et intégristes, généralisant ainsi une peur du musulman. Or les intégristes ne représentant qu’une infime minorité des musulmans.

 5.«  L’Europe est une passoire ! »

FAUX

Bien au contraire, l’Europe est une véritable forteresse. Aux frontières de l’Europe, des murs s’érigent un peu partout, notamment entre la Turquie et la Grèce, ou encore autour des enclaves espagnoles au Maroc, et plus récemment entre la Serbie et la Hongrie. Barbelés, barrières de dissuasion, radars, diffuseurs de gaz lacrymogènes, détecteurs de mouvements : des systèmes de surveillance sophistiqués et des dispositifs militaires sont mis au service de la protection des frontières. Paradoxalement, ce sont ces moyens de surveillance qui entraînent les migrants à entrer clandestinement, mais on ne peut pas dire que l’Europe soit une passoire.
Par ailleurs, entrer et s’établir en Europe est un véritable parcours du combattant. Tout migrant doit en effet obtenir un visa ; or l’attente est souvent très longue et les conditions d’obtention des papiers ont été durcies aussi bien pour les migrants que pour les réfugiés. Les procédures de demande d’asile sont devenues tellement restrictives qu’elles ne permettent pas toujours aux individus exposés aux conflits d’obtenir le statut de réfugié.

 6. « L’Europe doit renforcer ses frontières pour éviter l’immigration et les morts ! »

FAUX

L’édification de murs et de clôtures ne diminuera pas les arrivées de migrants, mais causera davantage de morts en mer. Les personnes qui fuient des conflits ou des guerres tenteront toujours de sauver leur vie, s’il le faut en empruntant des voies périlleuses. Même lorsqu’un terme a été mis à l’opération italienne de recherche et de sauvetage Mare Nostrum, les migrants et réfugiés ont continué d’arriver en plus grand nombre.
Le renforcement de ces mesures est à l’origine de nombreuses souffrances et de pertes humaines. Compte tenu des clôtures qui ferment les routes les plus sûres, du durcissement de la surveillance et du déploiement des forces de sécurité, les migrants sont contraints de suivre des voies encore plus dangereuses, parfois avec des conséquences tragiques. Des femmes, des hommes et des enfants se noient en mer ou étouffent dans des camions. C’est donc justement la politique de l’UE qui est à l’origine des morts en mer. Bien que l’UE ait renforcé son opération de sauvetage, le manque de voies sûres et légales continuera de forcer les migrants et les réfugiés à emprunter des chemins dangereux pour sauver leur vie…

 7. « Les migrants et réfugiés entreprennent des voyages dangereux par choix et ou par inconscience ! »

FAUX

Les migrants et les réfugiés sont contraints de fuir leur pays d’origine pour sauver leur vie. Par manque de voies sûres et légales pour rejoindre l’Europe, ils sont contraints d’emprunter des chemins dangereux pour assurer leur survie et celle de leur famille.
Selon les statistiques, une majorité de ceux qui arrivent par la mer fuit la guerre, un conflit, des persécutions, la torture ou des menaces de mort. En 2013, 63 % de personnes arrivées de manière irrégulière par voie maritime en Europe venaient de Syrie, d’Érythrée, d’Afghanistan et de Somalie, des pays ravagés par des conflits et des violations massives des droits humains. En 2014, les Syriens et Érythréens représentaient plus de la moitié des quelque 170.000 personnes qui sont arrivées en
Italie par la mer. Le même constat a été dressé pour les premiers mois de 2015.

 8. « Le renforcement des opérations de secours et de sauvetage va inciter d’avantage de personnes à entreprendre la traversée et créer un appel d’air »

FAUX

Rien ne permet d’étayer cette hypothèse. En fait, le nombre de réfugiés et de migrants prenant la
route de la mer s’est accru depuis que l’Italie a mis fin à l’opération de sauvetage Mare Nostrum, en
octobre 2014, et donc lorsque les risques étaient plus élevés. Plus de 41 470 personnes étaient déjà arrivées en Italie par la mer entre janvier et mai 2015. La plupart des personnes cherchent tout simplement à fuir à tout prix une situation extrêmement difficile, même au péril de leur vie. Beaucoup n’ont pas d’autre choix que de prendre la mer pour essayer de trouver la sécurité.

 9. « La destruction des navires est une bonne chose ! »

FAUX

On ne voit pas très bien comment les gouvernements pourront détruire les navires avant qu’ils ne soient utilisés par les passeurs sans mettre en danger les réfugiés et les migrants. Des dizaines de milliers de migrants et de réfugiés pourraient ainsi se retrouver pris au piège dans une zone de conflit violent. Ces actions risquent aussi de mobiliser des navires et des avions de l’UE qui seraient autrement utilisés pour sauver des personnes en mer. Et tout cela pourrait pousser les populations
migrantes à utiliser des moyens plus dangereux encore pour tenter de pénétrer dans la forteresse Europe.
Des situations similaires (boat-people en Asie à la fin de la guerre du Viêt Nam) ont montré que les passeurs répondaient à la destruction de bateaux par la construction d’esquifs encore plus dangereux…

 10. « De toute façon, je ne peux rien faire ! »

FAUX

Vous pouvez signer nos pétitions sur notre site www.amnesty.be et les relayer largement via
vos réseaux sociaux. Ensemble, nous pouvons prouver que les Européens ne sauraient en aucun cas tolérer que la Méditerranée devienne un cimetière. Nous avons déjà obtenu le renforcement du budget et des dispositifs d’intervention de Frontex ainsi que l’extension de sa zone d’intervention, ce sont des mesures encourageantes, mais ce n’est pas suffisant.
Nous continuerons à faire pression sur les dirigeants européens pour qu’ils mettent un terme à cette
situation dans laquelle des gens souffrent et meurent devant leur porte – en mer ou sur la terre ferme.

 Commandez-le !

Attention, les envois ne se font que vers la Belgique. Mais vous pouvez toujours le télécharger.

 

Documents joints

 

Notes

[1] Les chiffres cités dans cet argumentaire sont tirés de nos différents rapports publiés depuis 20102 ici : SOS europe – nos rapports

[2] Sources : http://www.unhcr.fr/55e45d87c.html

[3] Sources : Nos rapports sur SOS Europe : www.amnesty.be/soseurope et le HCR : http://www.unhcr.org/pages/4aae621d3b0.html(« Personnes déplacées internes »), http://www.unhcr.fr/55e0a7afc.html (« Plus de 300 000 traversées clandestines en Méditerranée pour 2015, dont 200 000 arrivants en Grèce »), http://www.unhcr.org/55f2dafc6.html (« UNHCR urges full and swift implementation of European Commission proposals on refugee crisis »), http://unhcr.org/556725e69.html (« Rapport Le monde en guerre »)

[4] Sources : CIRE et Fédasil

[5] Voir aussi l’étude de Xavier Chojnicki

[6] CIRE

[7] Voir nos rapports sur www.amnesty.be/soseurope

«Le régime profite des atrocités de Daesh»


Il vient de Raqqa, le quartier général de l’Etat islamique, dans l’est syrien. Il gère avec quelques amis un réseau d’information sur sa ville. Rencontre avec un rebelle dont l’arme est la plume. 

Abdalaziz Alhamza a 24 ans, mais un passé déjà chargé. Il est originaire de Raqqa, le chef-lieu de la province syrienne la plus orientale, devenu célèbre depuis que l’Etat islamique (ou Daesh) en a fait sa capitale de facto. Le jeune homme a dû fuir la ville en 2014. De Turquie, il a créé avec quelques amis exilés un réseau, « Raqqa is being slaughtered silentely » (Raqqa est massacrée en silence), qui donne des nouvelles fraîches de la ville grâce à un réseau d’informateurs sur place. Désormais en Allemagne, nous l’avons rencontré lors de son passage à Bruxelles à l’occasion de la sortie d’un livre (1).

En 2011, Raqqa fut parmi les premières villes à lancer la contestation.

Oui, à l’époque, il n’existait aucune liberté de parole, la moindre parole déplacée pouvait mener en prison. Et les murs avaient des oreilles ! Le gouvernement contrôlait tout et tout le monde. Le mouvement est parti d’une ville du Sud, Deraa, où ils ont torturé des enfants qui avaient écrit des slogans sur des murs. Les manifestations ont fait boule de neige. On réclamait juste un peu de liberté. Je fus arrêté en mars pendant 40 jours et torturé. A la fin je leur aurais avoué n’importe quoi, c’est ce qui est arrivé à un ami qui a même confessé avoir tué Ben Laden pour arrêter la torture!

Il y a eu une amnistie qui a aussi bénéficié aux djihadistes que le régime détenait…

Ceux-là étaient dans des prisons spéciales ; ils ont été libérés dans le but évident de participer à la radicalisation de la contestation qui devenait une révolution. Des centaines, peut-être plus, d’extrémistes ont été remis en liberté : il fallait que le régime montre qu’il combattait des « terroristes ».

Mais Raqqa s’est d’abord libérée seule…

En mars 2013, des forces proches de l’Armée syrienne libre (ASL) ont réussi à chasser les forces du régime. Moi je n’ai pas voulu porter les armes, je suis devenu un «media activist», je filmais les combats. Ce fut une belle époque. Puis les djihadistes de Daesh ont commencé à arriver, pas nombreux d’abord, puis de plus en plus et les clashes ont débuté entre eux et nous. En janvier 2014, ils ont pris le dessus. Ils ont perquisitionné chez mes parents, à ma recherche. J’ai alors pris la décision de fuir en Turquie. Comme, avec quatre amis, nous continuions à prendre par internet des nouvelles quotidiennes de nos proches à Raqqa, nous avons décidé de fonder notre réseau, pour témoigner. Ainsi, nous avons documenté le « règne » de l’Etat islamique : les arrestations, les exécutions, l’interdiction du tabac et de l’alcool, l’obligation des prières quotidiennes et fermeture des commerces pendant celles-ci, l’obligation faite aux femmes de se couvrir le corps intégralement, l’imposition d’un système d’éducation qui lave le cerveau des enfants, etc.

Comment Daesh a-t-il réagi à votre campagne sur facebook, twitter et bientôt votre site web?

On a commencé en avril 2014. Deux ou trois semaines plus tard, un de leurs imams importants a expliqué un vendredi lors d’un prêche dans la plus grande mosquée que ceux qui collaboreraient avec nous seraient exécutés. En mai, un de nos amis, Ibrahim, s’est fait arrêter alors qu’il tentait de quitter la ville. Le contenu de son ordinateur et de son smartphone l’a trahi. Il avait 21 ans. Ils l’ont exécuté en place publique. Ils ont aussi assassiné le père d’un autre activiste. Mais, après nous être posé la question, nous avons continué. Nous avons réussi des « coups ». Nous avons révélé en septembre 2014 l’échec d’une opération américaine pour libérer un otage près de Raqqa. Nous avons donné les premiers la nouvelle de l’assassinat par le feu du pilote militaire jordanien en janvier dernier.

Avez-vous des nouvelles du père Paolo, ce jésuite devenu plus syrien qu’italien, qui a disparu en juillet 2013 alors qu’il était allé au QG de Daesh à Raqqa pour faire libérer des otages?

Oui. Je le connais, je suis d’ailleurs le dernier à l’avoir interviewé avant sa disparition. Une personnalité remarquable! Il s’était rendu deux fois au QG de Daesh, il voulait rencontrer Abou Baqr Al-Baghdadi, leur chef. La troisième fois, ils ne l’ont plus laissé partir. Nous savons qu’il est vivant, et qu’il n’a pas été torturé. Il est détenu quelque part dans la campagne près d’Alep. Je tiens ces informations d’un combattant de l’Etat islamique. J’ignore cependant ce qu’ils entendent faire de lui.

Le régime et ses alliés, comme la Russie, aiment présenter le conflit de manière binaire, il y a eux et les terroristes, cela vous fait quoi?

Je veux dire quelque chose d’important : si l’Etat islamique a pu s’installer en Syrie c’est parce que la communauté internationale s’est contentée de promesses envers la rébellion. Que le régime n’affronte que des djihadistes – ou des « terroristes » – n’est pas une vérité, c’est juste de la propagande, je passe mon temps à devoir expliquer cela. Mais les rebelles, l’ASL et autres, doivent se battre sur de multiples fronts, contre le régime, contre Daesh, contre Nosra (Al-Qaïda), et cela avec des moyens très faibles. La propagande du régime tire un parti énorme des images de massacres, de décapitations, envoyées par Daesh sur les réseaux sociaux. En outre, il est très significatif que le régime n’a jamais bombardé les centres de direction de Daesh, pourtant faciles à identifier à Raqqa, il se contente de bombarder de temps à autre la population et de faire des centaines de morts.

Et les Russes, qui s’y mettent aussi…

Les Russes, visiblement, se sont donné pour mission de détruire la rébellion (non djihadiste) puisqu’ils ne s’en prennent pas aux terroristes, nous le savons grâce à nos contacts sur place. Mais, en revanche, l’implication russe, qui ne leur fera pas gagner cette guerre, va galvaniser les djihadistes, et surtout leur composante tchétchène et caucasienne.

Vous comprenez l’exil des réfugiés?

Vous savez, ils croyaient que quelques mois plus tard, ils pourraient réintégrer leurs foyers. Ils ne pensaient qu’à cela. Puis, peu à peu, tout le monde a dû intégrer le fait que cela prenait du temps, que le combat serait long et incertain, que les conditions de vie dans les camps étaient précaires, que l’argent se faisait rare, que l’avenir des enfants devenait noir. L’obsession devenait la survie : avoir de quoi se nourrir, s’abriter, se chauffer en hiver, au jour le jour. Voilà pourquoi ils partent.

Vous gardez espoir?

Oui, mais nous avons besoin d’aide. Pas des camps d’entraînement comme les Américains s’échinent en vain à faire, non : de bonnes armes efficaces, des médicaments, de l’argent et une couverture aérienne sous la forme d’une zone d’interdiction aérienne. Malgré quoi, il faudrait encore plusieurs années pour arriver à vaincre le régime et Daesh.

Propos recueillis par Baudouin Loos

(1) Abdalaziz Elhamza fait partie des 14 écrivains réunis dans un livre publié par les éditions Ker, Le Peuple des lumières. Son témoignage est factuel, alors que les autres auteurs, belge, français, algérien, tunisien, marocain, iranien, ont produit des textes de fiction. Un outil de réflexion dont l’idée a germé dans l’esprit de l’éditeur après le drame de Charlie-Hebdo en janvier dernier.

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