S.O.S Gaza


Chères amies, Chers amis,

Quand on reçoit de nos amis de Gaza des messages disant : « Mourir sous les bombes ou par manque d’électricité, c’est le seul choix qui nous reste, et c’est de cela que nous discutons entre nous», nous ne pouvons rester indifférents ni inactifs.

Haidar Eid, professeur agrégé de littérature anglaise à Gaza, a écrit :

« Comme partout ailleurs dans le monde, l’électricité à Gaza donne accès à l’eau potable et aux soins médicaux. Avec elle, nous pouvons mettre les aliments au réfrigérateur en été, avoir de la chaleur en hiver et être relié les uns aux autres et au monde extérieur. Or, l’électricité a été coupée à Gaza, et c’est une condamnation à mort pour les 2 millions de Palestiniens qui vivent comme moi dans ce territoire sous blocus israélien. »

Et il ajoute : « Pour ceux qui ne connaissent pas bien la situation, aujourd’hui, le débat entre les Gazaouis est de savoir si une attaque militaire directe – bombardements israéliens – est une meilleure façon de mourir que par un génocide progressif, avec l’intensification du blocus qui est imposé à notre minuscule bande de Gaza depuis 10 ans. Pensez-y : Y a-t-il des citoyens, dans un autre pays du monde, qui débattent de leur meilleure façon de mourir ? »

« La communauté internationale, conclut-il, a été totalement incapable d’assumer ses responsabilités. Nous n’avons qu’une lueur d’espoir, la même que celle des Sud-Africains lors de l’apartheid : une campagne soutenue de boycott, de désinvestissement et de sanctions contre Israël, jusqu’à ce qu’il respecte le droit international » (article intégral : http://www.europalestine.com/spip.php?article13121).

De son côté le courageux journaliste israélien Gideon Levy, qui appelle également au boycott de son pays, redoute une nouvelle attaque sur Gaza : « Ce qui est en cause actuellement, c’est le risque d’un nouveau massacre dans la Bande de Gaza. Contrôlé, mesuré, pas trop massif, mais malgré tout c’est bien d’un massacre qu’il s’agit. Quand des officiers, des politiciens et des commentateurs israéliens parlent du “prochain round”, ils parlent du prochain massacre. »

Il explique qu’en réduisant encore la fourniture d’électricité à Gaza (moins de 4 heures par jour en ce moment), en poussant à bout les Gazaouis, en les privant d’eau potable, de médicaments, de pièces de rechange pour le matériel médical, en provoquant la mort des malades sous dialyse, des nouveaux-nés en couveuses, des patients cancéreux ou atteints de mucoviscidose qui ne reçoivent plus de traitement, en empêchant l’assainissement des eaux d’égout qui se déversent dans la mer et menacent de maladies infectieuses, Israël espère une riposte.

« Une heure de plus chaque jour sans électricité à Gaza, et ce sera le signal : des roquettes Qassam. Israël une fois encore sera la victime, et le massacre commencera », prévient-il.

Et, dénonçant cette expérimentation barbare sur les 2 millions d’habitants de Gaza, ainsi que le silence qui l’entoure, il expose clairement : Ils sont les sujets d’une expérience : peuvent-ils survivre avec une heure d’électricité par jour ? Est-ce que 10 minutes ne suffiraient pas ? (Article intégral : http://www.europalestine.com/spip.php?article13120)

Et nous, que pouvons nous faire face à ce génocide à petit feu perpétré avec la complicité de nos gouvernants ?

Boycotter Israël, comme les Palestiniens et les opposants israéliens nous le demandent.

Certes, mais il faut aussi s’exprimer par tous les moyens, et informer autour de nous sur cette situation dont se gardent de parler les médias. L’ignorance est la principale source d’indifférence. Peu de gens imaginent ce qui est fait, de manière volontaire — car il ne s’agit pas de catastrophe naturelle — à d’autres êtres humains en ce moment à Gaza.

N’attendons pas de nouveaux massacres pour réagir !

Parlez-en autour de vous. Faites circuler les articles qui décrivent cette expérimentation innommable dans le camp de concentration de Gaza.

VENEZ NOMBREUX AU RASSEMBLEMENT CONTRE LE BLOCUS DE GAZA

CE SAMEDI 24 JUIN

PLACE DE LA FONTAINE SAINT-MICHEL À PARIS

DE 15 H 30 À 18 H 30

Métro St Michel : ligne 4, RER B, RER C

source : Infos CAPJPO-EuroPalestine du 22 juin 2017

Un sioniste donne des consignes de vote pour le second tour


Meyer Habib a envoyé un mail destiné aux électeurs français en Israël..Pas aux français qui résident dans les autres pays de la 8ème circonscription. Le voici donc.. J’ai coupé les attaques et accusations totalement infondées contre Florence Drory, la candidate de la République en marche..remarquez le passage où il se revendique communautariste « profondément attaché à la France, sioniste, partisan de l’intégrité d’Eretz Israël et fidèle aux valeurs de la Torah ».
Charles Enderlin

Meyer Habib écrit:

Chers compatriotes, chers amis,

Le 4 juin dernier, vous n’avez été que 7% en Israël à vous déplacer pour le premier tour de l’élection législative.

Conséquence : même si nous avons obtenu 74% des voix en Israël, la candidate de gauche étiquetée « La République en Marche » me devance de 1% et, sans une mobilisation massive au second tour, nous allons perdre.

Cette abstention massive est d’autant plus difficile à comprendre que ma concurrente excite le reste de la circonscription en me présentant uniquement comme un candidat communautariste au service d’Israël, soutenu par Netanyahu et les rabbins.

N’en déplaise à certains, j’assume totalement ma proximité avec le Premier ministre israélien, qui est un atout majeur pour vous, et le monde de la Torah ainsi que mon dévouement total aux Français d’Israël!

Avec Benyamin Netanyahu, nous avons beaucoup fait pour renforcer la coopération anti-terroriste entre la France et Israël et faciliter l’intégration des Olim, notamment par la reconnaissance des diplômes des dentistes et des pharmaciens. Il m’a promis des avancées très prochainement pour de nouvelles professions, et rapidement pour les permis de conduire. Il a tenu à vous le dire personnellement.

Réveillez-vous, nous n’avons pas le droit de perdre cette élection! Les conséquences seraient trop graves.

Pour la première fois, avec moi, vous avez un député qui vous ressemble : profondément attaché à la France, sioniste, partisan de l’intégrité d’Eretz Israël et fidèle aux valeurs de la Torah.

Depuis quatre ans, j’ai défendu sans relâche Israël, qui partage nos valeurs, et le peuple juif.

Nos ennemis, les vrais, ne s’y sont pas trompés. Ma vie est menacée et je vis sous protection rapprochée mais c’est le combat de ma vie.

Mon collègue, et frère de cœur Claude Goasguen, lui aussi confronté à l’adversité LREM, a d’ailleurs tenu à témoigner son soutien.

A mon tour, je lui apporte tout mon soutien et demande aux électeurs de la 14ème circonscription de Paris de voter massivement pour lui dimanche prochain. Pas une voix doit lui manquer. Il est trop important qu’il soit réélu : c’est un des boucliers d’Israël à l’Assemblée nationale.

Une insoutenable européanisation du chantage à l’antisémitisme


ujfp.org | samedi 3 juin 2017 

Le Parlement européen a voté à une très large majorité, le jeudi 1er juin, une nouvelle résolution sur l’antisémitisme. Il va sans dire que nous déplorons, une fois encore, la singularisation de l’antisémitisme vis-à-vis des autres formes de racisme. D’elles pas un mot, alors que, par exemple, l’islamophobie sévit partout en Europe et que la rromophobie tue. Mais il y a plus grave. A y regarder de plus près, ce n’est pas tant d’antisémitisme que de limitation de la liberté de parole et de criminalisation de la critique d’Israël qu’il s’agit.

La résolution, par le biais du paragraphe 2, fait sienne les critères proposés par la très sioniste Alliance internationale de la mémoire de l’holocauste (International Holocaust Remembrance Alliance, IHRA) pour définir l’antisémitisme. Si celle-ci reconnaît que l’antisémitisme, c’est la haine du Juif en tant que juif, le paramètre de la définition ne s’arrête pas là. « Nier au peuple juif (sic) le droit à l’autodétermination, en prétendant par exemple que l’existence de l’État d’Israël est une entreprise raciste » relèverait de l’antisémitisme. « Avoir deux poids deux mesures en demandant de l’Etat d’Israël un comportement que l’on attend ni ne demande de n’importe quelle autre nation démocratique (sic) [1] » ? Antisémitisme !

Le Royaume-Uni et l’Autriche ont récemment adopté cette définition, et les effets catastrophiques n’ont pas tardé à se faire sentir. C’est notamment sur cette base qu’a failli être annulée il y a une dizaine de jours la Palestine Expo 2017 de Londres qui aura bien lieu début juillet [2].

En France aussi, la petite musique qui amalgame insidieusement la moindre critique d’Israël et/ou du sionisme à de l’antisémitisme bat son plein. Pas besoin de la définition de l’IHRA pour cela ! Et pourtant, si le vote de cette résolution au Parlement européen n’a aucune valeur juridique contraignante, il contribue à renforcer ce climat nauséabond où la parole critique à l’encontre d’Israël est bâillonnée et criminalisée. Ce vote, c’est une attaque sournoise contre la liberté d’expression de la part de la seule institution démocratique de l’Union européenne.

A l’exception notable de la Gauche unitaire européenne (GUE/NGL) et des Verts, tous les groupes parlementaires ont écouté plus ou moins religieusement les doléances des lobbies hyperactifs pro-israéliens – au premier rang desquels, l’IHRA et le Congrès juif européen – qui ont finalement réussi à obtenir gain de cause après une longue et coûteuse bataille. Mais ne nous y trompons pas, cette résolution ne s’est pas obtenue que sous la pression. Il s’agit d’un vote d’adhésion. Elle a été approuvée à une large majorité comprenant une alliance pas si hétéroclite qu’elle n’en a l’air au premier abord : de l’aile droite de la social-démocratie à l’extrême droite souverainiste et antisémite, tous, à de rares exceptions près, ont voté en faveur de la résolution.

Sans un accord idéologique tacite fondé sur une islamophobie plus ou moins assumée et le choix stratégique néoconservateur du soutien indéfectible à Israël, une telle alliance aurait été inconcevable. Il suffit de prendre la peine de gratter le vernis des bonnes intentions de cette résolution pour que se laisse apercevoir sa véritable raison d’être, qui ne fait d’ailleurs que peu de cas de la situation des Juifs en Europe. Il faut rappeler qu’il n’y a pas de politique d’état antisémite en Europe, et que ce vote vise clairement à empêcher non pas l’antisémitisme réel mais la critique politique légitime d’un État, de sa politique et de son régime.

Le vote de cette résolution nous rappelle, qu’ici comme en Europe, le droit à la critique d’Israël fait partie de la liberté d’expression politique en général – un acquis aussi précieux que fragile qu’il nous faut défendre à tout prix.

Le Bureau national de l’UJFP, le 2 juin 2017

 

Comment Bachar al-Assad a gazé son peuple: les plans secrets et les preuves


A FAIRE TOURNER : Une enquête fondamentale de Mediapart qui non seulement ne laisse plus planer aucun doute mais révèle l’horreur : Assad prévoyait déjà en 2009 de faire usage des armes chimiques contre son peuple en cas de soulèvement populaire.

« Aujourd’hui en exil, des scientifiques syriens qui ont participé à la fabrication des armes chimiques utilisées par le régime de Damas dévoilent pour Mediapart les secrets du complexe militaro-scientifique syrien. Ils révèlent que le dictateur se préparait à utiliser les gaz de combat contre ses opposants dès 2009, deux ans avant les premières manifestations en faveur de la démocratie.

Dès l’été 2009, deux ans avant l’explosion de la révolte populaire syrienne, le régime de Damas avait décidé d’utiliser des gaz de combat, en particulier le sarin, un neurotoxique mortel, contre sa propre population en cas de troubles internes. Il a attendu juillet 2011, juste après la première défection d’un officier de l’armée régulière, pour ordonner aux responsables des sites de production d’armes chimiques de concevoir aussi vite que possible des munitions de petite taille – obus, grenades, ogives de roquettes – adaptées à cet usage tactique.

Mais avant la fin de l’année 2009, l’ordre avait déjà été donné d’équiper sept bases aériennes militaires de systèmes de stockage des précurseurs du sarin et de remplissage des bombes ou autres projectiles chimiques. Dans le plus grand secret, Bachar al-Assad avait formé le projet de gazer ses compatriotes en cas de menace contre son régime, et s’en était donné les moyens. La suite a montré qu’il ne s’en est pas privé, même si l’usage et la possession du sarin, et des autres armes de destruction massive à sa disposition, étaient interdits par une convention de l’ONU de janvier 1993. Texte que la Syrie, à l’époque, n’avait pas signé et qu’elle n’a ratifié contrainte et forcée qu’en septembre 2013.

Cela ne l’a pas empêchée de poursuivre jusqu’à aujourd’hui, en le niant, l’utilisation de son arsenal d’armes chimiques. En particulier du sarin. Produit généralement inodore et incolore, donc difficile à détecter, ce gaz de combat peut provoquer la mort en quelques minutes en paralysant le système nerveux et le système respiratoire. Il laisse chez les survivants exposés au nuage toxique de graves lésions neurologiques permanentes. À ce jour, sur les 300 000 morts de la guerre civile syrienne, les attaques au gaz par l’armée du régime de Damas auraient tué près de 2 000 personnes et fait plusieurs milliers de blessés, selon les ONG médicales et humanitaires présentes sur le terrain.
Le caractère prémédité de ces crimes de guerre du dictateur syrien est l’une des révélations obtenues par Mediapart lors d’entretiens avec plusieurs scientifiques, experts ou ingénieurs syriens impliqués dans la conception et la fabrication des armes chimiques. Ils sont aujourd’hui en exil en Europe ou au Moyen-Orient.

S’exprimant sous le couvert de l’anonymat, ces transfuges, dont certains ont aujourd’hui rejoint les rangs de l’opposition qu’ils aident notamment à se protéger contre les gaz, ont livré à Mediapart de nombreuses informations inédites sur le complexe « scientifico-militaire » syrien. C’est-à-dire sur la nature – et la quantité – des armes chimiques encore détenues aujourd’hui par Damas, sur l’origine des matières premières et des installations utilisées pour les produire, l’emplacement des principaux sites d’études et de production, les vecteurs à la disposition des militaires syriens et les moyens employéspour tromper les inspecteurs de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimique (OIAC) et de l’ONU.

Certains d’entre eux nous ont aussi expliqué pourquoi ils s’étaient mis au service de Bachar al-Assad ou de son père. Et pourquoi ils ont choisi de fuir leur pays. Ils nous ont enfin confié quelques « secrets de fabrication » qui permettent de confirmer avec certitude l’origine syrienne de certains gaz utilisés par la dictature depuis cinq ans et qui contribueront peut-être un jour à nourrir le réquisitoire contre Bachar al-Assad et son clan devant un tribunal international.

Pour l’heure, leurs témoignages et leur expérience constituent une source d’informations irremplaçable sur la vraie nature de la dictature syrienne, la personnalité de ses dirigeants, la barbarie dont ils sont capables. C’est notamment grâce aux informations livrées par certains de ces transfuges que les experts français ont identifié avec certitude, il y a deux mois, les traces du sarin sur les victimes du bombardement du village de Khan Cheikhoun, dans la province d’Idleb, où la dernière attaque chimique, à ce jour, de l’aviation syrienne a fait 88 morts dont 31 enfants, le 4 avril 2017.

Fabriqué depuis plus de trente ans par le régime de la famille Assad, le sarin syrien est synthétisé selon une recette que les experts considèrent comme « classique », mais qui a fait l’objet de quelques adaptations locales. De ces adaptations découle, lorsque le gaz est diffusé dans l’atmosphère, la présence de deux produits, le diisopropyl méthylphosphonate (DIMP) et l’hexamine. Le premier est un « produit secondaire » de la synthèse du gaz. Le second est une substance utilisée par les chimistes syriens pour faciliter le déroulement de la synthèse. La présence des deux constitue la signature caractéristique du sarin syrien. Signature d’autant plus facile à détecter que ces deux produits restent présents durablement dans les sols, les restes de munitions, le sang, l’urine et les tissus des victimes, où ils sont dosables, en laboratoire, par électrophorèse ou d’autres méthodes analytiques sophistiquées.

C’est fort de ces preuves irréfutables, collectées sur le terrain par les sauveteurs et les médecins et analysées par les experts des services de renseignement français à partir des indications fournies par certains des scientifiques syriens exilés, que le ministre des affaires étrangères de François Hollande, Jean-Marc Ayrault, a rendu publique, trois semaines après l’attaque de Khan Cheikhoun, une « Évaluation nationale » accusant clairement la Syrie d’avoir « mené une attaque chimique au sarin contre les civils le 4 avril 2017 ».

Pourquoi Bachar al-Assad, qui avait succédé à son père Hafez al-Assad en juin 2000 avec une réputation de président moderniste, favorable à une « ouverture » politique – Nicolas Sarkozy l’avait même invité à assister au défilé du 14 juillet 2008 ! –, a-t-il décidé en 2009 de retourner contre ses compatriotes l’arme chimique stratégique dont son père avait doté la Syrie, officiellement pour instaurer un semblant d’équilibre de la terreur avec Israël, qui possédait depuis longtemps l’arme nucléaire ?

L’alerte du soulèvement iranien de 2009

« Parce que Bachar al-Assad avait peur, explique l’un des scientifiques syriens interrogés. La concomitance entre l’explosion de la “révolution verte” de juin 2009 en Iran et les consignes données au Centre d’études et de recherches scientifiques (CERS) de miniaturiser en urgence les munitions au gaz et d’équiper sept bases aériennes spécialement choisies d’installations de stockage des précurseurs du sarin et de dispositifs de remplissage des munitions montre clairement qu’il redoutait d’affronter la même révolte populaire qu’Ahmadinejad, dont la réélection à la présidence de la République islamique, jugée manipulée par ses opposants, avait jeté les étudiants et une partie de la population dans la rue. Bachar al-Assad savait que les réseaux sociaux avaient joué un rôle majeur dans cette “révolution Twitter”, peut-être pressentait-il ce qui s’est produit deux ans plus tard. Mais il était résolu à casser les reins, par n’importe quels moyens, à tout mouvement de révolte populaire. »

« La meilleure preuve de sa panique face à une possible contestation de son régime, constate un ingénieur, lui aussi ancien du CERS, c’est qu’il a simultanément commandé 10 000 grenades lacrymogènes à l’Iran et ordonné la mise à l’étude et l’installation dès que possible, sur les grands axes de circulation, d’un réseau de portiques équipés de caméras reliées à un centre de surveillance par des fibres optiques à haut débit. S’il s’agissait seulement, comme le régime l’a annoncé alors, de surveiller et réguler la circulation, il n’était pas nécessaire d’investir dans un réseau équipé de caméras de haute définition permettant non seulement de surveiller les véhicules et les passants, mais de reconnaître les visages. Et de stocker les données. À la seule vue du cahier des charges, certains techniciens ont compris la nature exacte du projet : doter le régime d’un réseau inédit de contrôle des foules. D’autant qu’au même moment, d’autres départements recevaient l’ordre de concevoir et mettre en place un programme de surveillance de tous les réseaux de télécoms. »

Institution choyée – et étroitement contrôlée – par Bachar al-Assad comme par son père, le CERS n’est pas, contrairement à ce qu’avancent parfois les porte-parole du régime, une « version syrienne » du CNRS mais un vaste complexe scientifico-militaire créé au début des années 1970. Théoriquement voué à l’étude et l’avancement des sciences et beaucoup mieux doté que les départements scientifiques des universités, il est rattaché directement à la présidence – et non au ministère de l’éducation – et l’essentiel de son activité est consacré aux recherches et développements en matière d’armement.

L’armée et surtout les « Moukhabarat » (services de renseignement) exercent une surveillance très vigilante sur le recrutement et le comportement du personnel, à l’intérieur de l’institution comme au-dehors. Organisé sur un schéma quasi militaire, fondé sur des chercheurs de formation occidentale, le CERS est divisé en cinq départements, dont quatre sont identifiés par des numéros : département 1000 (électronique), département 2000 (mécanique), département 3000 (chimie), département 4000 (aviation et tous objets volants). Le cinquième département est l’Institut supérieur des sciences appliquées et de technologie (ISSAT), façade « civile » de ce complexe essentiellement militaire.

Indépendant des cinq départements, le discret « projet 99 » dissimule les bureaux et les sites de production des missiles Scud « made in Syria » qui viennent compléter les Scud à propulseur liquide fournis par la Corée du Nord. Chaque département possède, dispersés dans le pays, ses propres centres d’études, d’essais et de production, souvent camouflés en installations civiles. Plusieurs de ces sites du CERS ont été identifiés et localisés par leurs anciens utilisateurs, que nous avons rencontrés.

Sur les quelque 9 000 employés du CERS, près de 5 500, selon les estimations de ses anciens cadres interrogés par Mediapart, travaillent aujourd’hui dans les départements aviation, électronique et mécanique, au développement et à la production des missiles, bombes et roquettes. Les instituts 1000 et 2000 fournissent des pièces électroniques, des systèmes de guidage et la mécanique lourde de lancement de missiles ou de roquettes, installée sur des camions ou des blindés. Plus de 350 personnes étaient affectées au département chimie (3000), lui-même divisé en deux branches : 3100 et 3600.

Au sein de la 3100 (recherche et développement en matière de biologie, toxicologie, polymères et peintures à usage militaire), le département 3110 se consacre exclusivement aux méthodes de synthèse des armes chimiques et de leurs antidotes, ainsi qu’à la détection et à la décontamination. Plusieurs des scientifiques rencontrés par Mediapart ont travaillé et/ou eu des responsabilités au sein de cette unité.

Un premier emploi à à Kafar Takharim, en octobre 2012

L’autre branche (3600) du département chimie était chargée de la production des armes chimiques. Elle disposait de plusieurs sites situés en plein désert, entre 60 et 100 km à l’est de Damas, dont le site historique de Dumayr, desservi par la route n° 2, partiellement détruit, après l’accord russo-américain de 2013 sur l’élimination des armes chimiques syriennes, par l’ONU. L’actuel directeur du département 3000 – renommé récemment département 5000 pour brouiller les cartes – s’appelle Zouhair Fadhloun.

Un autre site du département 3000 du CERS, celui de Jamraya, sur les flancs du mont Qassioun au nord-ouest de Damas, où étaient assemblés et stockés des missiles, a été attaqué à deux reprises par l’aviation israélienne en janvier, puis en mai 2013. Apparemment pour détruire des engins d’un type jugé dangereux par les militaires israéliens ou sur le point d’être transférés au Hezbollah libanais.

« Nombre de cadres du CERS avaient été recrutés, comme moi, après le baccalauréat, au vu de leurs notes dans les matières scientifiques et invités à poursuivre leurs études, en Syrie, puis à l’étranger, grâce à des bourses du CERS, pour devenir, par leur contribution à la modernisation des moyens militaires, des défenseurs de la Syrie, au même titre que les soldats, raconte un ancien responsable de branche dans le département 3000. À mes yeux, contribuer à doter mon pays de l’atout stratégique que constituent les armes chimiques, c’était le mettre à l’abri d’une attaque d’Israël, péril qui était présenté et, pour beaucoup de mes compatriotes, ressenti, comme récurrent en Syrie. C’était aussi lui permettre de négocier à peu près d’égal à égal avec Israël pour récupérer le Golan.

Je savais qu’une guerre ne nous permettrait pas d’atteindre cet objectif. Je ne suis pas alaouite, je n’avais aucun attachement clanique au régime de Hafez al-Assad, mais je considérais le président assez bon manœuvrier pour obtenir cela d’Israël, dans le cadre, ou non, d’un accord de paix. Donc, travailler à la production d’armes chimiques stratégiques, et à un outil de dissuasion crédible, avec des avions et des missiles capables de délivrer nos munitions chimiques, ne me posait pas de problème particulier.

Les doutes, et les problèmes, ne sont arrivés que lorsqu’on nous a désigné les sept bases aériennes à équiper, et ordonné de concevoir des munitions au gaz miniaturisées. Les pistes des aéroports choisis n’étaient pas assez longues pour permettre le décollage des bombardiers Sukhoï 22 ou Mig 23 de notre aviation. Elles ne se prêtaient donc pas un usage stratégique des armes chimiques. L’une des bases n’abritait même que des hélicoptères. Une autre, celle de Soueïda au sud du pays, était si proche de la frontière que les Israéliens auraient pu la détruire à coups de canon, s’ils avaient constaté qu’elle devenait dangereuse pour eux. Doter ces bases de systèmes de stockage des précurseurs du sarin et de l’équipement nécessaire pour l’introduire dans les bombes ne tenait pas debout. Il n’y avait qu’une seule conclusion à tirer : le gouvernement voulait utiliser cette arme à l’intérieur. Donc contre une révolte potentielle. J’ai fait part de mes doutes à mon supérieur. J’ai aussi fait prévenir le chef des services de renseignements, Ali Mamluk, que nous avions reçu un ordre absurde. Ce que j’ignorais, c‘est que l’idée d’utiliser le sarin contre l’opposition venait de lui. »

La base militaire de Marj Ruhayyi, au sud-est de Damas, d’où décollent les hélicoptères chargés de grenades au sarin.
La base militaire de Marj Ruhayyi, au sud-est de Damas, d’où décollent les hélicoptères chargés de grenades au sarin.
Lorsque pour la première fois des armes chimiques ont été utilisées à l’intérieur du pays, à Kafar Takharim, en octobre 2012, les employés du CERS qui avaient manifesté des doutes, des réserves ou des réticences, et qui avaient tous été relevés de leurs fonctions, ont pensé qu’un scandale international allait éclater et que le régime allait être contraint, au moins, de s’expliquer et, peut-être, de renoncer à cette stratégie. Erreur. L’envergure des attaques était limitée, la majorité des premières victimes étaient des combattants de l’opposition armée. L’ampleur médiatique de l’affaire est restée modeste. Son retentissement diplomatique, dérisoire. Et Bachar al-Assad a compris qu’avec quelques précautions, dont il a fini, avec le temps et l’impunité, par s’affranchir, il pouvait persister dans sa décision de gazer ses opposants. Mais les témoins de la préméditation de son crime, surtout ceux qui avaient produit les armes et affiché leur désaccord, devenaient encombrants.

C’est à ce moment, en septembre 2012, qu’un des responsables du programme d’armement chimique, Bachar Hamwi, a été enlevé par les services de renseignements devant son bureau du CERS. « Depuis, il n’a donné aucun signe de vie, raconte un de ses anciens collègues. Mais les armes miniaturisées sur lesquelles il travaillait ont été réalisées et utilisées, après sa disparition, à de multiples reprises. Il n’est pas impossible qu’il soit, aujourd’hui encore, séquestré et contraint de continuer son travail en secret en échange de la sécurité de sa famille prise en otage. »

Des gaz de combat auraient été utilisés à près de 130 reprises

C’est à ce moment aussi qu’un autre cadre du Département 3000, qui avait été relevé de ses fonctions après avoir manifesté son désaccord avec les consignes du régime, a découvert sur Internet que son nom apparaissait dans des forums dénonçant les fabricants de gaz de combat et demandant leur élimination. « Au lieu de me liquider, explique-t-il aujourd’hui, le régime avait livré mon nom au public en espérant sans doute que je serais éliminé par l’opposition. J’ai compris alors qu’il valait mieux, pour ma famille et moi, que nous quittions le pays. J’avais des amis dans l’opposition, des parents dans le Golfe et en Europe. Je suis parti. »

Malgré quelques défections, le département des armes chimiques du CERS, qui ne dépend pas de l’armée, mais de la branche aviation des Mukhabarat, a continué à travailler à l’adaptation du sarin à un usage interne, à concevoir des munitions miniaturisées adaptées à cette besogne et à livrer le tout à l’aviation.

Jusqu’à 2008, les précurseurs des armes chimiques étaient stockés par deux unités des moukhabarat de l’aviation, l’unité 417 et l’unité 418. Après un accident, lié à la corruption d’un groupe de militaires qui avaient détourné une partie du budget affecté à la sécurité des stocks, un officier, Gaith Ali, et une vingtaine d’autres militaires ont été mutés.

Les unités ont été directement rattachées au CERS en devenant la « branche 450 » à laquelle le stockage des produits a été confié, divisé entre les branches 451 et 452. Le pouvoir pensait ainsi réduire le niveau de corruption très élevé qui affectait l’armée, mais dont le CERS était relativement épargné. La surveillance de l’institut responsable des armes chimiques et le secret autour de leur usage interne ont été encore accrus. Ancien responsable de l’armement chimique au sein de la 5e division de l’armée, le général Zaher al-Saket, qui a fait défection en avril 2013, a raconté ensuite à Al Jazeera que sa candidature pour le commandement de l’unité 451 avait ainsi été écartée au bénéfice du colonel Mohammad Ali Wannous, alaouite, donc jugé plus sûr qu’un sunnite.

À partir de juillet 2011, alors que l’armée syrienne libre vient d’annoncer sa création, la branche 450 commence le remplissage des réservoirs installés sur les bases aériennes désignées et les unités d’hélicoptères reçoivent leurs premières grenades au sarin. Dès octobre 2012, alors que le soulèvement poursuit sa militarisation, l’usage « fortement présumé » de sarin par l’armée syrienne est signalé à Kafar Takharim et à Salqin, à 60 km à l’ouest d’Alep. Puis en novembre à Harasta, près de Damas, et en décembre à Homs. Selon le recensement des « Allégations d’emploi d’armes chimiques » établi par la DGSE et annexé à « L’évaluation nationale » du Quai d’Orsay d’avril dernier, des gaz de combat auraient été utilisés à près de cent trente reprises en Syrie, entre octobre 2012 et avril 2017, contre des cibles contrôlées par l’opposition. Qu’il s’agisse de positions tenues par des combattants ou d’objectifs civils.

Une vingtaine de ces recours aux gaz de combat ont eu lieu avant l’accord russo-américain sur la destruction des armes chimiques syriennes de septembre 2013 et l’adhésion de la Syrie, le même mois, à la Convention internationale sur l’interdiction des armes chimiques. Tous les autres ont eu lieu après. Ce qui confirme non seulement le mépris manifeste du droit, mais surtout le cynisme absolu du régime de Damas. Mépris et cynisme confortés par l’inaction de la communauté internationale, puis par le soutien militaire et diplomatique décisif de l’allié russe.

Selon le document compilé par la DGSE, les trois quarts des allégations d’usage d’armes chimiques par le régime syrien n’ont pas pu être « caractérisées avec une grande fiabilité par les services français », mais deux font apparaître de « fortes présomptions » d’usage du sarin, vingt-deux révèlent de « fortes présomptions de l’usage de chlore » et dans cinq cas : à Alep, à Jobar et à Saraqeb, en avril 2013, à Damas en août 2013, puis à Khan Cheikhoun le 4 avril 2017, « l’usage de sarin a été prouvé par la France ». Dans la même période, trois attaques à l’ypérite (gaz moutarde) à El Hassekeh, en juin 2015, à Marea, en août puis septembre 2015 ont été attribuées à l’organisation État islamique, qui a récupéré, notamment à Mossoul, de vieux stocks de gaz de combat de l’armée irakienne.

Au cours de l’une des attaques au sarin prouvées par les services français, à Saraqeb, un hélicoptère de l’armée syrienne a largué sur les quartiers situés à l’est de la ville trois grenades du même type. La première a explosé et libéré sa charge de gaz sans faire de victimes, la deuxième a fait un mort et une vingtaine de blessés. La troisième, qui n’a pas explosé, a été récupérée par les services français. Son analyse a démontré qu’elle contenait « un mélange solide et liquide d’environ 100 millilitres de sarin à une pureté estimée à 60 %. L’hexamine, le DF et un produit secondaire, le DIMP, ont également été identifiés » : la signature des chimistes du département 3 000. L’utilisation d’un hélicoptère, la nature des munitions, l’analyse des composés chimiques retrouvés désignaient clairement, sans doute possible, le régime syrien. La « ligne rouge » définie en août 2012 par Barack Obama était clairement transgressée. Déjà. Sans provoquer de réaction notoire. Quelques mois plus tard, le 21 août 2013, c’était le massacre de la Ghouta, qui a fait près de 1 400 morts et 5 000 blessés.

À suivre: le régime syrien a constitué son arsenal avec l’aide de plusieurs pays »

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Aujourd’hui en exil, des scientifiques syriens qui ont participé à la fabrication des armes chimiques utilisées par le régime de Damas dévoilent pour…
mediapart.fr

Le judéocide instrumentalisé


Et tout le monde s’en fout #8 – Le racisme


source

Rien n’est plus stupide que le racisme… Encore faut-il le démontrer. Tel est l’objectif (atteint) de cette vidéo aussi drôle que brillante.
Par Axel Leclercq –
31 mai 2017
Le racisme ne repose sur rien, et c’est précisément ce qui le rend si absurde. Pour nous en convaincre, « Et tout le monde s’en fout » est allé puisé dans quelques références historiques et scientifiques. Résultat ? Une vidéo à mettre entre toutes les mains.
Vous vous demandez à quand remonte le racisme ? Quels ont été ses fondements et ce qui l’aide à survivre encore aujourd’hui ? Alors toutes les réponses à vos questions sont dans cette vidéo aussi drôle qu’instructive et, parfois, désolante. Regardez :

et une autre, sur les femmes