Geluck victime d’une « fatwa »


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Mis en ligne il y a 2 heures

L’autre jour, Philippe Geluck avait été sérieusement brocardé par les Inrocks. Un traitement qui l’a ulcéré et plus, si inimitié.

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Il y a quelques jours, Christophe Conte – éditorialiste des Inrocks connu pour avoir la dent dure, très dure – s’était fait un bonheur d’étriller Philippe Geluck. En cause, un commentaire de ce dernier à propos de la une du « Numéro des survivants » de Charlie Heddo, que notre compatriote avait jugée « dangereuse ». C’est ce qui avait amené Conte à se demander si Geluck n’avait pas été « castré » en même temps que son chat, plus quelques gracieusetés du même acabit. Des accusations qui n’ont évidemment pas laissé Geluck indifférent. Dans les pages du Figaro, il fait à Conte la réponse du berger à la bergère.

Victime d’une « fatwa »

Et le papa du Chat de faire savoir: « Je suis victime d’une fatwa de la part d’un type dans les Inrocks. Je n’ai pas réagi face à quelqu’un qui éructe des choses aussi péremptoires. De toute façon, je n’ai pas besoin de critiquer ce papier, le geste s’effectue de manière naturelle sur les réseaux sociaux. » Puis d’ajouter, en référence à sa critique de la une de Charlie Hebdo: « Je connais mon engagement de citoyen et d’artiste. Il y a des sujets à contourner sensiblement pour éviter l’effet du frontal qui peut s’avérer désastreux. »

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Et soudain, le joli petit port de pêche est plein de réfugiés syriens


Dans les sites de photos cartes postales s’intercalent des images de réfugiés. Des plaisanciers et des voisins découvrent des tragédies et certains passent des vacances au geste humanitaire.

Vous venez d’arriver en Grèce pour un court séjour, sur une de ces petites îles prometteuses : criques désertes, collines pelées, ciel bleu… Même hors saison, le paysage est idyllique et si vous êtes courageux, la mer pas trop froide.

Tout frais débarqué du ferry, vous prenez la mesure de cette maison que vous ont prêtée des amis. Le jardin en terrasse sur le chemin de la plage. Les oliviers et la vue imprenable sur la baie. Une bonne provision de bois à brûler parce que, tout de même, on est en hiver.

Soudain, une voix, venue du chemin de la plage, vous demande où se trouve le poste de police le plus proche. Tout un groupe de touristes se tient là, qui se repose.

Mais à mieux y regarder, ils n’ont pas vraiment l’air de touristes : des sacs plastiques comme baluchons, quelques petits sacs à dos, habits du dimanche un peu fatigués, des femmes portant un foulard sur leur cheveux, des enfants…

Des réfugiés sur une plage, à Bodrum (Turkeyfile)

Non. En fait de touristes, ce sont des réfugiés syriens et afghans fraîchement débarqués comme vous, pas du ferry mais sur la plage voisine par leurs passeurs turcs. Vous vous trouvez un peu bête à leur indiquer le village voisin à 7 km, ce qui ne semble pas les effrayer outre mesure.

La scène se passe à Tilos, une île du Dodécanèse à une cinquantaine de kilomètres des côtes turques. Tilos est loin d’être la plus proche de la Turquie mais elle est une des moins protégées. Le seul policier de l’île n’a pas de bateau et les gardes-côtes grecs et turcs sont bien incapables de prémunir le Dodécanèse, un archipel qui s’étire sur des centaines de kilomètres, contre les débarquements.

Depuis l’été dernier, une vague de réfugiés sans précédent essaie de quitter la Turquie, qui abrite plus d’un million de réfugiés syriens dans des conditions précaires. Toutes les îles proches de ses côtes ont vu exploser les arrivées, principalement de Syriens, mélangés avec les filières « traditionnelles » venues d’Afghanistan, d’Iran et d’Irak. Ils débarquent sur les îles de l’est de la Grèce, paradis des touristes et plaisanciers.

Alors, dans les blogs et sites habituellement légers, dédiés aux photos cartes postales s’intercalent comme des images subliminales, celles de réfugiés autrement réservés aux news des journaux. La réalité du monde vient court-circuiter la parenthèse des vacances.

Groupe Facebook

Les groupes Facebook de fans des îles grecques, habituellement dédiés aux photos de chats et de plages désertes, voient aussi se multiplier les posts sur le débarquement des réfugiés ou la mobilisation pour leur accueil, parfois publiés par les réfugiés eux-mêmes.

Blog de James Collins

James Collins, un auteur anglais vivant sur Symi, raconte sur son blog ses dernières vacances à Kos, une île voisine, et la rencontre à son hôtel avec tout un groupe de Syriens débarqués à la nage mais attendant leur ferry pour Athènes, presque comme n’importe quels touristes ordinaires en transit.

Entre deux photos de colonnes et de mosaïques et une note sur le prix des consommations dans un café, s’intercale une photo de groupe avec les réfugiés dans l’entrée de l’hôtel. Le récit de James Collins explique aussi comment ceux qui n’ont pas les moyens de se payer l’hôtel sont hébergés sous une tente sur le port.

Blog de Chris et Sue

Sur le blog de Chris et Sue, un couple de plaisanciers qui parcourent les îles à bord de leur voilier, on découvre la photo vue du large du petit port de l’île d’Agathinisi, à quelques kilomètres seulement des côtes turques. Un groupe de touristes s’apprêtent probablement à embarquer sur un ferry. Mais non, détrompe la légende. Ce sont encore des réfugiés qui se sont invités sur ce blog de vacances.

Entre une église orthodoxe et des flots bleus, le couple a glissé la photo de cette scène qui les a choqués. Les réfugiés sont bien sur le point de prendre le ferry mais pour Athènes, Samos ou Lesbos, lieux des plus proches centres de rétention. Là encore, la réalité s’est invitée dans la carte postale.

Une tragédie sous les yeux

Pour Sofiane Ait Chet et Chris Jones, qui tiennent un blog engagé depuis quelques années sur leur île de Samos, la situation est un peu différente. Ils n’ont pas attendu de voir un naufrage devant la fenêtre de leur bureau pour prendre conscience de la terrible situation des migrants.

Un matin de mai, visiblement choqués, ils décrivent dans un billet la tragédie qui se déroule sous leurs yeux. La situation leur paraît irréelle :

« Depuis notre bureau, nous regardons une mer calme où, en ce moment même, des réfugiés luttent pour leur vie. »

Deux petites embarcations ont sombré à un ou deux kilomètres des côtes de l’île. Un bateau de croisière tourne autour du lieu du naufrage sans s’arrêter. Plus tard, ils apprendront que les réfugiés sont restés plus de trois heures dans l’eau, jamais secourus par ce bateau. Certains d’entre eux se sont noyés avant que la police n’arrive enfin. Depuis, les deux blogueurs multiplient les posts sur les réfugiés, ont dénoncé les conditions d’accueil du centre de détention de l’île et suivi l’occupation de la place Syntagma par les grévistes de la faim en décembre.

L’histoire des Catrambone commence à être connue. Ce couple d’entrepreneurs américains, Regina et Christopher Catrambone, a créé sa propre mission humanitaire après avoir été confronté à des réfugiés en naviguant au large de l’Italie. Ils ont investi plus d’un million d’euros pour leur mission de sauvetage de deux mois mais ont dû la stopper faute de fonds, malgré les appels à contribution. Le couple avait pourtant bien fait les choses en embarquant surleur bateau (Migrant Offshore Aid Station), une équipe médicale, deux drones, des kits de sauvetage et un système de détection.

Héroïsme ordinaire

Mais loin du niveau et des moyens de cet engagement, la rencontre avec les réfugiés donne aussi lieu à de petits actes d’héroïsme ordinaire. C’est le cas de Stephanie Kersaw-Marsh et de son mari Andy, réveillés sur leur bateau par des cris dans la nuit. Ils mouillaient au large d’une côte de l’île de Symi. A la lampe torche, ils découvrent tout un groupe jeté à l’eau par ses passeurs.

« Les passeurs les ont jetés à l’eau à près d’un kilomètre de la côte », a expliqué à la BBC Stephanie. « Lorsque Andy les a récupérés, cela faisait plus d’une heure qu’ils étaient dans l’eau, de part et d’autre de la baie. »

Avec leur canot, ils les aident à rejoindre la côte, alertent les gardes-côtes qui une fois sur place ne peuvent secourir les réfugiés à terre. Leur bateau est trop gros pour accoster. Alors le couple de plaisanciers fait la navette avec son canot pour faire embarquer les réfugiés sur le patrouilleur des gardes. Andy va jusqu’à plonger pour récupérer les sacs d’affaires personnels perdus contenant papiers, argent, médicaments et vêtements pris pour le voyage.

Arrivée d’immigrants dans le port de Chania en Crète, 1er avril 2014 (AFP photo/Stringer)

En effet, comme le note Anne Zouroudi, une auteure anglaise (les îles grecques sont truffées d’auteurs anglais, on l’aura compris), sur son blog « tous ceux qui arrivent à Symi ne viennent pas sur des super-yachts. » Le commentaire est placé sous une photo de l’Eclipse, yacht de luxe de plus de 800 millions d’euros qui mouillait dans le port de Symi. « Malheureusement, un nombre croissant de réfugiés, principalement de Syrie et d’Afghanistan, arrivent chaque semaine », ajoute-t-elle.

C’est ce à quoi à été confrontée Caroline Phillips, journaliste au Times en débarquant sur l’île pour ses vacances.

« Quand nous avons débarqué du ferry. Il y avait ce groupe. Près de 50 personnes recroquevillées sous l’horloge du port, avec des sacs à dos et portant des vêtements un peu sales. Ils n’avaient pas l’air de touristes. »

La réalité a pris le pas

En une semaine, leur nombre augmente à plus de deux cents. « J’ai été touchée par leur détresse », dit-elle à Rue89.

« Il y avait là des jeunes enfants déshydratés au soleil sans possibilité d’accès à une salle de bain ou à de la nourriture. Un vieil homme qui aurait pu facilement être mon père, avec une entaille à la tête, était laissé sans soin. Avec ma fille de 16 ans, nous leur avons acheté des glaces et de l’eau. Quand nous les avons salués, ils ont perdu la réserve qu’ils avaient vis-à-vis des Grecs qui les traitaient comme des animaux. Après cela, ils nous ont emmenées là où on les logeait. Ils dormaient à même le sol de béton, dans un coin un bébé se tenait au milieu des cafards. Il me semblait important de voir cela. »

La journaliste pensait écrire un article sur « les poissons grillés des restaurants, les criques cachées et les cafés en terrasse ». Avec sa fille, elle passe finalement le reste de ses vacances à aider les réfugiés.

« Nous avons simplement établi une relation avec des gens qui dans d’autres circonstances auraient pu être des amis ou de la famille. Il est vrai que c’était assez étrange de laisser tomber la plage et les excursions en bateau pour aider des étrangers. Mais, les cacher pour qu’ils puissent prendre une douche dans notre chambre, leur amener de la nourriture, des médicaments et des vêtements, a été bien plus gratifiant que n’importe quelles vacances que j’ai jamais eues… Je pense souvent à eux et me demande s’ils ont réussi ou s’ils sont toujours coincés à Athènes. Quelle histoire tragique. »

A son retour en Angleterre, c’est l’histoire des réfugiés que Caroline Phillips racontera au Sunday Times plutôt que les criques désertes prouvant que cette année, la réalité a vraiment pris le pas sur la carte postale.

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« Carnets de Guantánamo », journal intime d’une victime de tortures


Le journal intime de Mohamedou Ould Slahi, un Mauritanien de 44 ans détenu depuis treize ans à Guantanamo Bay, va enfin être publié. Après de nombreux obstacles judiciaires, ses carnets racontent la barbarie des méthodes d’interrogation utilisées dans la prison.
  • 21 JANVIER 2015

Une maquette représentant une salle de la prison américaine de Guantanamo - AFP/Mohammed Huwais

Une maquette représentant une salle de la prison américaine de Guantanamo – AFP/Mohammed Huwais

Les Carnets de Guantánamo de Mohamedou Ould Slahi paraîtront cette semaine dans vingt pays, après six ans de modifications de la part des autorités américaines et de recours judiciaires, annonce The Guardian.L’auteur, un Mauritanien de 44 ans détenu dans la prison depuis treize ans, y raconte les tortures qu’il a subies. En France, le livre paraîtra, chez l’éditeur Michel Lafon, le 22 janvier.

Le Guardian, qui a publié plusieurs extraits, relate son parcours et explique qu’après avoir combattu l’armée soviétique aux côtés d’Al-Qaida en Afghanistan dans les années 1990 Slahi affirme s’être entièrement détourné de l’organisation terroriste. Mais « après le 11 septembre 2001, il a été arrêté [en Mauritanie] parce qu’il était soupçonné d’avoir été impliqué dans un attentat déjoué à l’aéroport de Los Angeles ».

Immergé dans l’eau glacée

Le journal explique que la justice américaine a abandonné les poursuites et ordonné sa libération parce qu’elle ne pouvait prouver que Slahi était membre d’Al-Qaida au moment de son arrestation. Néanmoins, Slahi est toujours incarcéré à Guantanamo Bay parce que le ministère de la Justice a fait appel. Aujourd’hui, son cas est à nouveau en cours d’étude par le tribunal.

A Guantánamo, il a notamment été privé de sommeil, a reçu des menaces de mort ; il a fait l’objet d’humiliations sexuelles, a été obligé de boire de l’eau salée et s’est retrouvé immergé dans de l’eau glacée. « Le résultat [de ces traitements] était des mensonges », relate le journal. « Dans une tentative de mettre fin aux supplices, Slahi a fini par faire de faux aveux. Il a entre autres dit à ces interrogateurs qu’il projetait de faire exploser la tour de CNN à Toronto, au Canada. »

2 500 modifications du texte

Le manuscrit de Slahi, écrit en anglais, a fait l’objet de plus de 2 500 modifications de la part des autorités américaines avant publication. Il s’agit notamment de suppressions de mots ou de passages « dont le but officiel est de protéger des informations confidentielles, mais qui ont eu comme conséquence que les lecteurs sont empêchés de connaître toute l’histoire », déplore le journal.

L’éditeur britannique du livre, Jamie Byng (Canongate Books), estime que c’est « un témoignage extrêmement poignant écrit par un écrivain vraiment talentueux. Avec toutes ces maisons d’édition internationales, on espère qu’en mettant son histoire à portée d’un large public à travers le monde, on pourra aider à mettre fin à ces emprisonnements injustifiés et barbares. »

 

 VOIR L’EMISSION DE DEMOCRACY NOW

Des blogueurs de mode craquent dans une usine textile du Cambodge (vidéo)


 

Ils vivent dans un des pays où le niveau de vie est le plus élevé de la planète. Ils sont jeunes, beaux et à la pointe de la mode. Mais à l’occasion d’une immersion dans le monde de l’industrie textile au Cambodge, ces blogueurs en vue ont craqué. Une émission salutaire diffusée par une télévision norvégienne.

Au moment où les différences de richesse sur la planète sont mises en évidence dans un rapport d’Oxfam, le site de nos confrères du Vif relate une histoire qui donne encore plus d’écho au fossé qui sépare une petite partie de la population mondiale de la majorité. Cette dernière, obligée de vivre avec des standards de travail et de survie qui nous sont inconnus, a été filmée, mais également accompagnée dans son labeur quotidien par trois blogueurs de mode en vue en Norvège.

Il s’agissait de les mettre en immersion dans des usines textiles asiatiques, comme celles dont on a entendu parlé au Bangladesh. Ils étaient alors filmés quotidiennement, alors qu’ils mettaient eux aussi leur énergie à fabriquer les vêtements qui sont vendus pour la plupart dans des magasins européens.

Réveils aux aurores, cadences effrénées, fatigue: les deux femmes et l’homme filmés craquent, et tombent en pleurs. « Je n’ai pas de mots pour ça. C’est simplement injuste« , explique l’un d’entre eux, alors qu’une des jeunes filles dit, en pleurant: « Je regrette« .

Voici un trailer, très explicite, de cette émission:

[youtube http://youtu.be/-SCHfV97D7I?]

Charlie Hebdo, Russell Brand et la journaliste qui ne sait pas reconnaître le langage de l’oppression


Il y a longtemps que je ne fréquente plus Mounadil (becoz position sur la Syrie) mais je partage son appréciation pour Russell Brand

Mounadil al Djazaïri

Un humoriste français a été placé en garde à vue et fait l’objet de poursuites judiciaires parce qu’il a dit quelque chose comme « Je me sens Charlie Coulibaly ».

On pensait que le gouvernement français avait touché le fond en matière de discrédit, mais apparemment quand on continue à creuser, la progression vers le bas continue.

Jusqu’à l’abîme ?

En tout cas, il est un pays où une personnalité du monde de la culture (ou du show-business si vous voulez) peut se permettre de dire les choses avec une grande netteté.

Ce pays, c’est la Grande Bretagne, un pays qui n’est ni républicain, ni laïque.

Outre Manche, un certain Russell Brand, un de ces énergumènes multi-talents qu’on peut trouver en Angleterre, s’est fendu d’une vidéo YouTube dans laquelle il attaque une présentatrice de la chaîne télévisée américaine Fox News dont le discours est un appel à la haine et à…

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Islamophobie


Déferlante raciste et islamophobe dans toute la France (mise à jour 14 janvier, 14h)

Publié le 14 janvier 2015 | Maj le 15 janvier
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Dernière mise à jour mercredi 14 janvier, 14h (voir en fin d’article). On en profite aussi pour rappeler le rassemblement contre l’islamophobie, dimanche 14h devant la Fontaine des Innocents, à Châtelet, Paris Ier.

À l’heure où l’union nationale fait le plein chez les politicards, du Front de Gauche au Front National et où l’on peut sentir que le « cordon sanitaire républicain » se dissout bien dans la guerre aux musulmanEs (pardon, au terrorisme), il y en a bien quelques-uns qui ont compris que c’était le bon moment pour eux…

Ce bilan évolutif n’est malheureusement probablement pas exhaustif. Il est fort probable en effet que des actes soient tus, en particulier dans les cas d’agressions verbales et physiques contre des individus.
Faut-il le rappeler, ces agressions ne sont pas une réaction aux actes de terreur commis par des fascistes religieux ces derniers jours (assassinats politiques et meurtres collatéraux à Charlie Hebdo, meurtre d’une flic à Montrouge, séquestration de fait à Dammartin et prise d’otages meurtrière et antisémite à Vincennes), ils sont la multiplication de faits de violence multiples menés de concert par des individus et groupes fascistes ainsi que l’État français et ses sbires. Sans être nécessairement coordonnés de bout en bout, ils participent tous d’un même mouvement d’oppression tourné contre les musulmanEs et les personnes identifiées comme telles. (suite)

il y a aussi, mais anniebannie craint que ces témoignages soient bien moins nombreux :

VIDEO. La mosquée de Brest recouverte de coeurs en signe de fraternité

R.T | 13 Janv. 2015, 17h00 | MAJ : 13 Janv. 2015, 17h31

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Quand Jaurès parlait des « fanatiques de l’Islam »


Précision importante : le texte qui suit prend la forme d’une intervention de Jaurès à la Chambre des députés. Elle compile en réalité deux interventions différentes (l’une de 1908, l’autre de 1912) et quelques phrases extraites d’un discours de 1905 (à Limoges) et d’un article de 1912 (dans l’Humanité). Mais tous les propos que Jaurès y tient (1) sont bien de Jaurès !

JAURÈS : Messieurs,

Il paraît que les habitants des colonies sont une sorte de bétail innombrable et inférieur que les races blanches peuvent exploiter, décimer, asservir. Voilà un préjugé barbare, un préjugé d’ignorance, de sauvagerie et de rapine. Ces peuples sont composés d’hommes et cela devrait suffire ; mais ils sont composés d’hommes qui pensent, qui travaillent, qui échangent et qui ne sont pas résignés à subir indéfiniment les violences d’une Europe qui abusait de leur apparente faiblesse.

Aujourd’hui c’est d’Afrique, du Congo, du Maroc, que chaque jour nous arrivent des récits accablants sur les actions de nos soldats devenus de véritables mercenaires incontrôlés : assassinats sadiques, incendies de villages, pillages permanents, violations de sépultures…

 

Légende de ce dessin de 1911 : « La France va pouvoir porter librement au Maroc la civilisation, la richesse et la paix. » ! Légende de ce dessin de 1911 : « La France va pouvoir porter librement au Maroc la civilisation, la richesse et la paix. » !

VOIX : Monsieur Jaurès, en tant que Président de la Chambre, je dois vous le rappeler : Il n’est pas de soldat plus généreux et plus humain que le soldat français.

JAURÈS : Rassurez-vous, je ne l’ignore pas plus que Monsieur le Président du Conseil (nde : Clemenceau), qui écrivait il n’y a pas si longtemps, en parlant de la Chine : « On a tué, massacré, violé, pillé tout à l’aise, dans un pays sans défense ; l’histoire de cette frénésie de meurtres et de rapines ne sera jamais connue, les Européens ayant trop de motifs pour faire le silence »

VOIX : Mais qu’est-ce que cela à a voir avec l’Afrique ?

JAURÈS : Il faut en tout cas espérer, Messieurs, que nos soldats s’attellent chaque jour, par leurs manières hautement généreuses, lorsqu’ils pacifient les populations africaines, à corriger ce que votre maître Tocqueville disait en 1847 : « Nous avons rendu la société musulmane beaucoup plus misérable, plus désordonnée, plus ignorante et plus barbare qu’elle ne l’était avant de nous connaître. »

VOIX : Ces Africains sont des fanatiques !

JAURÈS : Des fanatiques ?

Alors là, messieurs, je ne comprends pas : quand un Français vous dit qu’il serait prêt à défendre, jusqu’à la dernière goutte de son sang, l’intégrité de son pays, vous le félicitez. Vous affirmez même que des hommes qui ne voudraient pas mourir pour leur pays seraient les derniers des lâches !

Mais quand ces hommes sont des Africains qui voient venir ce qui pour nous est la France, mais ce qui pour eux est l’étranger, qui voient venir des hommes en armes et des obus pleuvoir ; quand eux se défendent et défendent leur pays, vous les déshonorez du nom de fanatiques !

Ces hommes que vous insultez, messieurs, sont seulement aussi patriotes que vous. Et aussi attachés que vous à défendre leur pays et leur civilisation.

(Brouhaha fort)

JAURÈS : Une fois de plus, c’est le préjugé d’ignorance qui vous mène.
C’est à vous, à la France, à toute la France pensante, qu’il faudrait enseigner ce qu’est cette civilisation arabe que vous ignorez et méprisez, ce qu’est cette admirable et ancienne civilisation. À laquelle les pays européens, je dis bien les pays européens, viennent montrer le visage hideux de l’invasion et de la répression.
…

Ce monde musulman que vous méconnaissez tant, messieurs, depuis quelques décennies prend conscience de son unité et de sa dignité. Deux mouvements, deux tendances inverses s’y trouvent : il y a les fanatiques, oui, il y a des fanatiques, qui veulent en finir par la crainte, le fer et le feu avec la civilisation européenne et chrétienne,

VOIX : Vous voyez bien que ce sont des sauvages !

JAURÈS : Alors, monsieur, précisez-le : des sauvages qui veulent porter le fer et le feu contre une civilisation sauvage qui est venue à eux, qui est venue contre eux en portant le fer et le feu…

(Brouhaha très fort)

JAURÈS : … il y a des fanatiques, mais il y a les hommes modernes, les hommes nouveaux… Il y a toute une élite qui dit : l’Islam ne se sauvera qu’en se renouvelant, qu’en interprétant son vieux livre religieux selon un esprit nouveau de liberté, de fraternité, de paix.

Et c’est à l’heure où ce mouvement se dessine que vous fournissez aux fanatiques de l’Islam l’occasion de dire : comment serait-il possible de se réconcilier avec cette Europe brutale ? Avec cette France, qui se dit de justice et de liberté, mais qui n’a contre nous d’autres gestes que les canons et les fusils ?
…

Oui, messieurs, si les violences auxquelles se livre l’Europe en Afrique achèvent d’exaspérer la fibre blessée des musulmans, si l’Islam un jour répond par un fanatisme farouche et une vaste révolte à l’universelle agression, qui pourra s’étonner ? Qui aura le droit de s’indigner ?

VOIX : Ce n’est pas servir la patrie, Monsieur Jaurès, que de nous accuser de…

JAURÈS : C’est toujours servir la patrie que d’éviter que se renouvellent les blessures qu’elle a infligées à l’humanité et au droit. Que de l’amener à se demander quelles semences de colère, de douleur et de haine elle sème là-bas et quelle triste moisson lèvera demain…

(1) : comme sont également authentiques toutes les interventions des députés.

 

Sur ce sujet, voir aussi le billet : Jaurès et le colonialisme : de l’acceptation à l’opposition