ÉGYPTE, IL FAUT ENQUÊTER SUR LES POLICIERS POUR LES VIDÉOS DE TORTURE QUI ONT FUITÉ


AJOUTÉ LE 14 MARS 2022

Amnesty :

torture détenus egypte

Les autorités égyptiennes doivent mettre un terme à leurs représailles contre au moins neuf détenus et trois de leurs proches et amis, sur lesquels elles enquêtent en raison de la diffusion de vidéos qui ont fuité au sujet de violences policières commises au premier poste d’al Salam, au Caire, a déclaré Amnesty International le 14 mars 2022. Elle demande des enquêtes rapides et efficaces sur tous les policiers en cause concernant les traitements infligés aux détenus et décrits dans les vidéos, notamment les contusions et les marques visibles, et le fait qu’ils soient maintenus dans des positions douloureuses.

Au lieu d’enquêter sur les allégations de torture ou d’autres mauvais traitements, le service du procureur général de la sûreté de l’État a ouvert des enquêtes sur neuf détenus, dont huit qui apparaissaient dans les vidéos rendues publiques pour la première fois par le Guardian le 24 janvier, et sur trois autres personnes, dont un mineur de 15 ans, arrêtées depuis février pour avoir « contribué à diffuser les vidéos ». Initialement arrêtés pour des infractions à caractère non politique, notamment possession de stupéfiants et agression, les détenus doivent répondre, depuis la divulgation des vidéos, d’une série d’accusations, notamment de « diffusion de fausses informations ».

Voir aussi : Égypte, il faut cesser de poursuivre en justice les défenseur·e·s des droits humains qui dénoncent les violences sexuelles

« Il est à la fois honteux et surréaliste que la réponse des autorités égyptiennes à ces vidéos soit de punir les victimes et certains de leurs amis au lieu d’enquêter sur ceux qui sont filmés et incarnent l’épidémie de torture et de mauvais traitements qui se répand en Égypte. Il s’agit d’un chapitre de plus dans la mascarade des autorités qui nient éhontément tout acte répréhensible et musèlent la voix des victimes qui osent réclamer justice, a déclaré Philip Luther, directeur de la recherche et de l’action de plaidoyer pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord à Amnesty International.

« Les policiers du premier poste d’al Salam raisonnablement soupçonnés d’avoir participé à des actes de torture ou à d’autres mauvais traitements infligés à des détenus doivent être suspendus de leurs fonctions dans l’attente des conclusions des enquêtes pénales. En outre, il importe de protéger les détenus alléguant des actes de torture et des mauvais traitements contre d’autres représailles et de leur permettre de témoigner en toute confidentialité. Toutes les personnes détenues uniquement en relation avec la diffusion des vidéos divulguées doivent être libérées immédiatement car elles n’ont fait qu’exercer pacifiquement leur droit à la liberté d’expression. »

Amnesty International a examiné les deux vidéos en question, qu’elle a reçues d’une source le 23 janvier 2022 avant que le Guardian ne publie son article. Enregistrée secrètement à travers une porte de cellule, la première vidéo montre deux détenus torse nu, suspendus par les bras à une grille métallique. Sur la seconde, on peut voir des détenus alignés montrer des blessures et des marques et les entendre affirmer qu’elles leur ont été infligées par des policiers. Amnesty International a examiné les comptes de réseaux sociaux de trois policiers dont les noms sont cités par les détenus dans les vidéos qui indiquent qu’ils travaillent au premier poste de police d’al Salam.

« Les personnes détenues uniquement en relation avec la diffusion des vidéos divulguées doivent être libérées immédiatement car elles n’ont fait qu’exercer pacifiquement leur droit à la liberté d’expression »

En réaction à l’article paru dans le Guardian le 24 janvier, le ministère de l’Intérieur a balayé les vidéos d’un revers de main comme étant forgées de toutes pièces. Le 15 février, le ministère public est allé jusqu’à affirmer que les hommes figurant dans ces vidéos avaient été « incités par des inconnus » depuis l’intérieur et l’extérieur du pays à « se blesser » avec une pièce de monnaie en métal, et à diffuser la vidéo dans le but de « répandre mensonges et instabilité ». L’enquête a été entachée de graves irrégularités, le ministère public ayant même admis s’être appuyé sur les investigations de la police.

Plus tard en février, des médias et des comptes de réseaux sociaux progouvernementaux ont partagé des vidéos dans lesquelles certains détenus admettent avoir mis en scène les vidéos divulguées et s’être blessés lors d’une bagarre. Ces « aveux » ont été filmés dans des circonstances visiblement coercitives, les détenus étant menottés les uns aux autres et interrogés de manière agressive par des policiers, en violation de leur droit de ne pas témoigner contre eux-mêmes, ainsi que de l’interdiction de la torture et des mauvais traitements.

Le 1er février 2022, Amnesty International a reçu une troisième vidéo montrant plusieurs détenus qui apparaissaient dans l’une des vidéos originales implorer le président égyptien de les sauver de la torture et des représailles de la police. Sur cette troisième vidéo filmée le 28 janvier, on peut voir des hommes blessés au niveau du haut du corps et des bras, se plaindre d’avoir été passés à tabac par des policiers et d’être privés de visites familiales et de livraisons de nourriture à titre de punition pour les fuites initiales. Au moins l’un de ces hommes est détenu dans un lieu tenu secret depuis le 30 janvier dans des conditions s’apparentant à une disparition forcée.

LES VICTIMES SONT POURSUIVIES

Selon trois sources bien informées et le Front égyptien des droits de l’homme, au moins 12 personnes ont été traduites séparément devant le service du procureur général de la sûreté de l’État entre le 16 février et le 1er mars en lien avec les vidéos divulguées. Toutes ont ensuite été détenues dans l’attente d’enquêtes sur divers chefs d’accusation, notamment « diffusion de fausses nouvelles », « appartenance à un groupe terroriste », « assistance à un groupe terroriste », « possession d’un outil de publication dans un lieu de détention », « financement d’un groupe terroriste » et « utilisation à mauvais escient des réseaux sociaux ».

Nasser Omran, 46 ans, détenu en lien avec les vidéos divulguées, a été soumis à une disparition forcée depuis son arrestation le 9 février jusqu’à sa comparution devant le service du procureur général de la sûreté de l’État le 20 février, en violation du droit international et du droit égyptien. Pendant cette période, il s’est vu refuser tout contact avec sa famille et son avocat. Il avait été détenu au premier poste de police d’al Salam entre décembre 2021 et janvier 2022 pour une infraction relative aux stupéfiants, dont il a depuis été innocenté.

Des proches et des amis des détenus figurant dans les vidéos divulguées sont également pris pour cibles.

Le 16 février, les forces de sécurité ont arrêté Ziad Khaled, un étudiant de 15 ans, à son domicile de Salam City, au Caire. Ils ont effectué une descente sans présenter de mandat, ont saisi son téléphone et l’ont détenu dans des conditions s’apparentant à une disparition forcée dans un lieu tenu secret. Là, les forces de sécurité l’ont interrogé sur sa relation avec un détenu figurant dans les vidéos divulguées avant de le conduire devant le service du procureur général de la sûreté de l’État le 1er mars. Il est maintenu en détention dans l’attente des conclusions de l’enquête sur des accusations d’« assistance et financement d’un groupe terroriste et diffusion de fausses informations ».

« Les victimes d’actes de torture et de mauvais traitements doivent recevoir des réparations adéquates pour les préjudices subis »

Amnesty International invite les autorités égyptiennes à abandonner les enquêtes contre les 12 détenus pour leur implication dans les vidéos et à ordonner leur libération, à moins qu’ils ne soient inculpés et déférés devant un tribunal pour des infractions prévues par le droit international sans rapport avec les vidéos divulguées. Par ailleurs, les victimes d’actes de torture et de mauvais traitements doivent recevoir des réparations adéquates pour les préjudices subis.

« Le gouvernement égyptien assure qu’il améliore la situation des droits humains, mais ces propos sonnent creux face aux preuves de la complicité entre le parquet et la police pour porter des accusations infondées de terrorisme contre des victimes qui osent dénoncer la torture et les mauvais traitements imputables aux policiers – au lieu d’amener les policiers à rendre des comptes. Ce climat d’impunité et de représailles met en évidence la nécessité d’un mécanisme international de surveillance et de communication de l’information au sein du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies pour examiner la situation des droits humains en Égypte », a déclaré Philip Luther.

Complément d’information

La torture et les mauvais traitements sont couramment utilisés en Égypte, en particulier pendant la phase d’enquête et pendant la période initiale de détention. Les méthodes les plus fréquemment signalées sont les décharges électriques, la suspension par les membres, l’isolement pour une durée indéterminée dans des conditions inhumaines, les sévices sexuels et les passages à tabac.

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Amnesty International a constaté le recours à la torture et aux disparitions forcées par l’Agence de sécurité nationale, le Renseignement militaire et les Renseignements généraux depuis 2015, notamment dans le but d’extorquer des « aveux ». Des dizaines de personnes sont mortes en détention depuis 2013, alors que des informations crédibles font état de torture, de mauvais traitements et de privation de soins de santé.

ARABIE SAOUDITE, L’EXÉCUTION DE 81 HOMMES SOULIGNE L’URGENTE NÉCESSITÉ DE L’ABOLITION DE LA PEINE DE MORT


AJOUTÉ LE 15 MARS 2022

Arabie Saoudite éxécutions

L’exécution collective de 81 personnes, saoudiennes et étrangères, qui a eu lieu samedi est le signe d’une épouvantable accélération du recours à la peine capitale en Arabie saoudite, a déclaré Amnesty International le 15 mars. Ces dernières exécutions en date portent déjà à 92 le nombre total de mises à mort recensées dans le pays depuis le début de l’année.

Le ministère de l’Intérieur a annoncé [1] samedi l’exécution de 81 personnes qui avaient été condamnées pour des infractions très diverses allant d’infractions liées au « terrorisme » au meurtre, en passant par le vol à main armée et le trafic d’armes. Un certain nombre d’entre elles avaient aussi été déclarées coupables d’infractions du type « perturbation du tissu social et de la cohésion nationale » et « participation et incitation à participer à des sit-in et à des manifestations », qui font référence à des actes pourtant protégés au titre des droits à la liberté expression, de réunion pacifique et d’association.

Voir aussi : Arabie saoudite, il faut cesser le mépris pour les droits des détenus

« Cette vague d’exécutions est d’autant plus terrifiante que le système judiciaire de l’Arabie saoudite est marqué par de graves irrégularités et que des peines de mort sont prononcées à l’issue de procès d’une flagrante iniquité, y compris sur la base d’« aveux » extorqués sous la torture ou au moyen d’autres mauvais traitements, a déclaré Lynn Maalouf, directrice adjointe pour l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient à Amnesty International.

« Ce nombre révoltant de mises à mort met également en évidence le manque de transparence de l’Arabie saoudite en ce qui concerne le recours à la peine de mort dans le pays, car nous savons que le nombre réel de condamnations à la peine capitale est toujours nettement plus élevé que celui qui est officiellement annoncé. De nombreuses personnes en Arabie saoudite risquent actuellement d’être exécutées à très brève échéance. »

EXÉCUTÉS POUR AVOIR PARTICIPÉ À DES MANIFESTATIONS

Selon les documents dont dispose Amnesty International, deux des 81 hommes exécutés samedi avaient été condamnés à mort pour des infractions liées à leur participation à de violentes manifestations contre le gouvernement. Le nombre total de personnes exécutées pour des accusations similaires est probablement plus élevé.

Le Tribunal pénal spécial (TPS) a condamné Mohammad al Shakhouri à la peine capitale le 21 février 2021 pour des infractions violentes qu’il aurait commises en lien avec sa participation à des manifestations contre le gouvernement. Il n’a pas eu accès aux services d’un·e avocat·e pendant sa détention et ses interrogatoires, et sa famille n’a pu lui rendre visite que huit mois après son arrestation.

« 81 hommes exécutés samedi avaient été condamnés à mort pour des infractions liées à leur participation à de violentes manifestations contre le gouvernement »

Mohammad al Shakhouri a déclaré devant le tribunal qu’il souffrait de contusions et de fortes douleurs au dos, aux côtes et à la bouche dues aux actes de torture qui lui avaient été infligés. Il a perdu presque toutes ses dents à cause des coups au visage que lui ont portés des agents des services de sécurité, mais il a été privé de soins médicaux. Mohammad al Shakhouri a rétracté ses « aveux » parce qu’ils lui avaient été arrachés sous la torture. Le juge a prononcé de façon discrétionnaire une peine de mort.

As’ad Ali, qui a lui aussi été exécuté samedi, avait été condamné à mort par le TPS le 30 janvier 2021 pour des infractions du même type. Il a déclaré devant le tribunal avoir été torturé physiquement et émotionnellement pendant ses interrogatoires lors de sa détention à l’isolement, et que ses « aveux » lui avaient été extorqués au moyen de la torture. As’ad Ali a dit avoir été privé de soins médicaux alors qu’il souffrait d’intenses douleurs.

L’Arabie saoudite a procédé à deux autres exécutions collectives ces dernières années, d’une moindre ampleur cependant : en 2019, 37 personnes ont été exécutées et la plupart d’entre elles étaient des hommes chiites condamnés à l’issue de parodies de procès ; en 2016, 47 personnes ont été mises à mort, dont le dignitaire religieux chiite de premier plan Nimr al Nimr.

Amnesty International a rassemblé des informations sur les cas d’au moins 30 autres personnes qui risquent d’être exécutées du fait de leur condamnation à mort à l’issue de procès iniques et pour diverses infractions liées à leur opposition au gouvernement ou à leur participation à des manifestations contre les pouvoirs publics, ou encore pour trafic de drogue, pour de violentes attaques ou pour meurtre. Le nombre total de personnes condamnées à mort pour des infractions de ce type est probablement beaucoup plus élevé.

Dans tous les cas examinés par Amnesty International, les peines capitales ont été prononcées à l’issue de procès d’une flagrante iniquité, entachés pour beaucoup par des allégations de torture infligée pendant la détention ; ces allégations n’ont pas fait l’objet d’une enquête, en violation des obligations internationales de l’Arabie saoudite.

En mars 2022, Abdullah al Huwaiti, un jeune homme âgé de 14 ans au moment des faits qui lui étaient reprochés, a été condamné à mort à l’issue d’un nouveau procès ; il avait été condamné à mort une première fois, mais cette sentence capitale avait été annulée en novembre 2021. Il a de nouveau été condamné à mort pour meurtre et vol à main armée. Selon son dossier judiciaire, il a été maintenu en détention à l’isolement quatre mois, pendant toute la durée de son interrogatoire qui a eu lieu sans la présence de ses parents ou d’un· avocat·e.

CONDAMNÉS À MORT POUR AVOIR EXERCÉ LEUR DROIT À LA LIBERTÉ D’EXPRESSION

Fin mars 2022, l’universitaire saoudien Hassan al Maliki comparaîtra devant le TPS, pour la reprise de son procès. Il risque d’être condamné à mort en raison d’accusations liées à l’exercice de la liberté d’expression. Figurent au nombre des 14 chefs d’accusation retenus contre lui : « outrage aux dirigeants et au Conseil des grands oulémas de ce pays » ; « interviews avec des journaux et des chaînes occidentaux hostiles [à l’égard du royaume] » ; « rédaction de livres et de documents de recherche […] publiés en dehors du royaume » et « possession de 348 livres non autorisés par l’autorité compétente ».

Dans une affaire similaire, le dignitaire religieux Salman Alodah risque lui aussi d’être condamné à mort par le TPS en raison d’accusations liées au soutien qu’il aurait apporté à des dissidents emprisonnés et aux Frères musulmans, un groupe politique interdit. Salman Alodah a été maintenu en détention à l’isolement pendant les cinq premiers mois de sa détention, en violation de normes internationales telles que les Règles Nelson Mandela ; il n’a pas été autorisé à contacter sa famille ou un·e avocat·e, mis à part lors d’un bref appel téléphonique un mois après son arrestation.

En août 2018, Salman Alodah a comparu devant le TPS lors d’une audience secrète, où il a été accusé de 37 chefs, y compris du chef d’appel à la liberté d’expression et à des réformes politiques en Arabie saoudite. En mai 2019, après une autre audience secrète, son avocat a fait savoir à sa famille que le procureur avait requis la peine de mort. Il attend actuellement le verdict du tribunal.

« Les peines capitales ont été prononcées à l’issue de procès d’une flagrante iniquité, entachés, pour beaucoup, par des allégations de torture »

« Hassan al Maliki et Salman Alodah doivent être libérés immédiatement et sans condition. Nul ne devrait être condamné à mort simplement pour avoir exercé le droit à la liberté d’expression. L’instrumentalisation par l’État des exécutions à des fins politiques, pour étouffer la contestation, constitue un détournement endémique de la justice », a déclaré Lynn Maalouf.

MODIFICATIONS RÉCENTES CONCERNANT LA PEINE DE MORT

Un décret royal promulgué en 2020 a annoncé la fin du recours à la peine de mort contre les personnes âgées de moins de 18 ans au moment des faits qui leur sont reprochés, mais uniquement dans les affaires où les juges peuvent de façon discrétionnaire prononcer la peine capitale et en dehors du cadre de la législation antiterroriste. Ce décret ne précisait pas si cette annonce concernait les mineurs également en cas de hadd (infractions passibles de peines fixes et sévères au titre de la charia) ou d’infractions sanctionnées par la règle du qisas (réparation). Ce décret royal ne respectait pas les obligations incombant à l’Arabie saoudite au titre de la Convention relative aux droits de l’enfant.

Début 2021, les autorités saoudiennes ont annoncé des modifications concernant le recours à la peine capitale, notamment un moratoire sur les exécutions en cas d’infractions liées à la législation sur les stupéfiants, la peine de mort étant dans ces affaires prononcée de façon discrétionnaire et non imposée par la charia. Ce moratoire a apparemment été appliqué, mais il n’a pas encore été formalisé et il ne sera pas officialisé tant que la législation sur les stupéfiants prévoira la peine de mort et tant que les personnes qui ont par le passé été condamnées à mort pour des infractions liées aux stupéfiants resteront dans le quartier des condamnés à mort.

De plus, des tribunaux ont continué de prononcer des peines capitales et les autorités ont continué d’exécuter des condamnés pour d’autres infractions qui ne sont sanctionnées par la peine capitale qu’à la discrétion du juge. Ja’far Sultan et Sadiq Thamer, qui sont tous deux de nationalité bahreïnite, ont été condamnés à mort de façon discrétionnaire le 7 octobre 2021 pour des infractions liées au « terrorisme », notamment pour contrebande d’explosifs, entraînement militaire en Iran, et « participation à des manifestations à Bahreïn qui appelaient au renversement du gouvernement ». Leur condamnation a été confirmée en appel en janvier 2022, mais elle peut encore être annulée par la Cour suprême.

Voir aussi : Toutes nos infos sur l’Arabie Saoudite

La peine de mort est le châtiment le plus cruel, inhumain et dégradant qui soit, et une violation du droit à la vie. Amnesty International exhorte les autorités saoudiennes à mettre immédiatement fin aux exécutions, à mettre en place un moratoire officiel sur toutes les exécutions et à élaborer des lois instaurant l’abolition totale de la peine de mort pour tous les crimes.

L’Arabie saoudite doit également veiller à ce qu’aucun « aveu » et aucune déclaration extorquée au moyen de la torture ou d’autres mauvais traitements ne soient acceptés par les tribunaux, et à ce que toutes les plaintes dénonçant des abus fassent rapidement et efficacement l’objet d’enquêtes diligentées par des organes indépendants.

source

L’État d’Israël avant tout


Gideon Levy @ Haaretz

Ben Gourion Airport

Si Israël devait ouvrir ses portes aux réfugiés d’Ukraine comme le font la plupart des pays européens, ce ne serait pas Israël. Faire des efforts pour absorber les réfugiés non-juifs avec compassion et sans réserve, comme le font actuellement la plupart des pays européens, irait à l’encontre de son ADN. Il est donc inutile d’essayer de rejeter la faute sur une seule personne, sur Ayelet Shaked ou Naftali Bennett – chaque gouvernement se serait comporté de la sorte. C’est inscrit dans nos gènes. Nous avons imprégné cette xénophobie et cette condescendance pour tous les autres peuples avec le lait de notre mère. On ne peut donc pas attendre d’Israël qu’il agisse différemment dans une guerre à laquelle il ne participe pas. Vous ne pouvez pas attendre d’Israël qu’il agisse humainement sans être sélectif. Un pays qui agirait de la sorte ne serait pas Israël.

Ce qui se passe actuellement en Israël est la conséquence de décennies d’endoctrinement. Le nom du jeu est l’égoïsme. Tout est mesuré uniquement en fonction de ce qui est bon pour Israël. Il n’y a pas d’autre considération. Cette attitude est tellement ancrée dans les esprits qu’elle ne peut pas être modifiée par une simple guerre en Ukraine. Un pays qui s’est entouré de murs physiques comme aucun autre pays ne l’a fait, et de murs nationalistes et religieux, ne peut pas s’ouvrir du jour au lendemain. Les murs monstrueux que nous avons construits autour de nous n’étaient pas tous des barrières de sécurité. Certains étaient des barrières contre la compassion, comme les denses fils barbelés à la frontière égyptienne, et d’autres étaient des barrières contre le mélange avec les autres. Les bonnes et les mauvaises clôtures ont toujours eu pour rôle supplémentaire de se prémunir contre la menace démographique maladive. Ces clôtures ne peuvent pas être démantelées maintenant.

La phrase clé pour les Israéliens est « on ne peut pas comparer ». Vous ne pouvez comparer Israël à aucun autre pays. C’est la terrible exemption que nous nous sommes donnée de l’humanité, de la compassion, de la solidarité et du respect du droit international et de la communauté internationale. Israël est quelque chose de différent. Le monde entier peut et doit absorber des réfugiés, mais pas Israël. Pourquoi ? Parce qu’on ne peut pas comparer. Parce qu’Israël est un cas spécial. Les mots-clés ici sont Holocauste, peuple élu et menace d’extermination. Dieu lui-même nous a dit que nous étions le peuple élu. N’importe quel enfant de maternelle peut vous le dire. Alors, à quoi vous attendez-vous ?

Dans un hôtel de Jérusalem, des réfugiés ukrainiens sont confrontés aux incertitudes d’une nouvelle vie.
Accueillir des réfugiés ukrainiens ? Rappelez-vous 1648 !
Ce ministre israélien a créé un fiasco inutile de réfugiés ukrainiens pour Israël.
Lorsque des générations sont élevées dans la condescendance et la victimisation, il est évident que les portes seront fermées aux réfugiés. Quand on passe des décennies à proclamer l’unicité du peuple juif et sa grande supériorité morale, comment pourrait-il y avoir une égalité entre les réfugiés juifs et non-juifs ? Cette sélectivité est dans notre sang. Le peuple élu ne peut absorber que ceux qui font partie du peuple élu. Pourquoi tout le monde ne comprend-il pas cela ?

Oui, il y a des manifestations émouvantes de solidarité, d’aide et de compassion en Israël aussi. Mais ce sont presque toujours les actes d’individus ou d’organisations. Et ces efforts, pour la plupart, restent dans la zone de confort : Nous collectons des vêtements dont nous n’avons plus besoin, nous donnons des jeux, nous construisons un hôpital de campagne à grand renfort de fanfare et de relations publiques, même à la frontière de Gaza après avoir tué des centaines de ses enfants.

Le pays continue de se prémunir contre la souillure de son sang sacré. Très peu d’Israéliens sont prêts à aller à contre-courant, à prendre un risque et à payer un prix personnel pour changer cela. Les excuses sont toujours prêtes : Les Palestiniens veulent nous anéantir, l’Ukraine n’est pas un État frontalier, la Syrie sanglante était un État frontalier et aussi un État ennemi, alors à quoi vous attendez-vous ? Les Soudanais sont une menace démographique, les Ukrainiens pourraient l’être aussi. N’importe quelle excuse commode fera l’affaire contre l’étranger. Et derrière tout cela, il y a les prémisses de base du sionisme : Une nation qui habite seule ; après l’Holocauste, nous pouvons faire ce que nous voulons ; personne ne va nous faire la morale ; Israël avant tout, un État juif avant tout.

Ainsi, lorsque des explications de la conduite honteuse d’Israël sont avancées – Raviv Drucker a suggéré que tout cela n’était destiné qu’à mettre la gauche en colère (Haaretz, mercredi) – il faut le dire clairement : C’est Israël, Drucker. Il ne pourrait pas se comporter autrement.