llan Pappe: « Je suis considéré comme un danger en Israël »


loos

Ilan Pappe est un Israélien atypique. Un intellectuel membre de la génération des « nouveaux historiens ». Un battant aussi. Un militant de la cause palestinienne, venu la semaine dernière au Festival des libertés à Bruxelles. Sujets de cet entretien: le mouvement BDS (boycott, désinvestissement, sanctions) et l’école des “nouveaux historiens” israéliens…

Nous nous étions rencontrés en 1999. Que s’est-il passé pour vous depuis lors ?

Je suis resté à l’Université de Haïfa jusqu’en 2006, cela devenait plus difficile chaque année, surtout à partir de la seconde intifada en 2000. La relation que j’avais avec la communauté académique israélienne et même avec la société israélienne en général, qui avait bougé vers la droite, devenait toujours plus tendue, le clash était inévitable. Quand des menaces de mort ont été proférées à mon égard, j’ai compris que ma situation devenait insupportable. J’ai trouvé une situation intéressante à l’Université d’Exeter, en Angleterre. Je suis en quelque sorte un réfugié cinq étoiles ! Mais je continue à passer beaucoup de temps en Israël, je m’occupe notamment du dossier des Palestiniens israéliens sur lesquels j’ai écrit un livre.

On continue sans doute à ne pas vous aimer dans votre pays ?

Oui, je suis considéré comme un « marginal » très à gauche mais aussi comme un danger car j’appartiens à un groupe qui croît, celui des Israéliens très actifs dans la solidarité avec les Palestiniens, qui trouvent des vertus au mouvement international BDS (boycott, désinvestissement, sanctions contre Israël). On inquiète pas mal de monde car on ne peut nous accuser d’antisémitisme et nous incarnons un symptôme de ce qui se passe en Israël. Je suis aussi engagé dans le mouvement ODS (« One Democratic State »), qui préconise un seul Etat où Israéliens juifs et Palestiniens jouiraient de droits égaux [par opposition à la solution de deux Etats, NDLR]. Vous me direz que nous ne représentons même pas 1% de la population d’Israël, ce qui est vrai. Mais ceux qui se disent d’accord avec la solution des deux Etats, Israël/Palestine côte à côte, ne sont guère plus nombreux en Israël si l’on parle d’un Etat palestinien souverain qui correspondrait aux critères acceptables pour les Palestiniens ! La majorité des Israéliens préfère un Etat démocratique pour eux, pas pour les autres, comme c’est le cas maintenant, avec les Palestiniens reclus dans des ghettos. On en est maintenant à un équilibre démographique entre Juifs et Arabes dans l’espace de la Palestine mandataire mais le côté juif décide de tout, du moindre degré d’autonomie qu’il laisse aux Palestiniens.  S’ils se comportent bien, ils reçoivent un peu plus  d’autonomie. Dans le cas contraire, on les punit, les empêchant de bouger, d’étudier, de travailler. Nous pensons que ce système oppressif injuste ne peut continuer. Quelque part, Israël est autorisé à être un Etat raciste, on tolère cela en raison de la Shoah qui s’est passée en Europe, car on voit les Israéliens – ce qui n’est pourtant plus vrai – comme les victimes de la Shoah, alors cependant que les Palestiniens n’ont rien à voir avec cette tragédie.

Que dites-vous au grand public israélien ?

Aux Israéliens de réfléchir, eux qui s’enorgueillissent de faire partie du monde civilisé et qui s’agacent quand ils voient des sondages mondiaux qui les comparent aux pires pays de la planète. Je constate que l’opinion publique mondiale tend à devenir de plus en plus propalestinienne, sans doute en raison d’internet, des réseaux sociaux qui donnent un accès à l’information, et aussi ces nombreuses visites de jeunes internationaux en solidarité. Les gens savent de plus en plus. Et ce qui est criminel et immoral ne passe plus et ce ne sont pas des néonazis ou des antisémites qui le disent. Sait-on qu’Israël renvoie fréquemment dès leur arrivée à l’aéroport de Tel-Aviv des jeunes qui viennent en solidarité avec les Palestiniens ? Les meilleurs jeunes d’Europe, pas des terroristes ! Cela montre à quel degré de folie Israël en est arrivé.

La campagne BDS est très mal vue en Israël…

On est peu à y prendre part, c’est vrai. Mais il y a pourtant urgence. Des gens comme moi ont essayé de changer Israël de l’intérieur pendant 40 ans, en vain. On a déjà expulsé la moitié des Palestiniens, on a déjà détruit la moitié de leurs villages, de leurs maisons, ils sont en prison en Cisjordanie depuis 1967,  ghettoïsés à Gaza depuis huit ans, il y a urgence !  BDS est un outil pour arrêter Israël dans ce qu’il fait et pour qu’une solution pacifique soit possible. La plupart des Israéliens ne mettent jamais les pieds en Cisjordanie, où la colonisation et l’oppression continuent. Les gens doivent savoir qu’à dix kilomètres de Tel-Aviv des choses horribles se passent. S’ils font partie d’une armée qui commet des crimes, ils sont partie prenante de ce crime. L’idée d’un statu quo qui est confortable est fausse, une troisième intifada, sous une forme que j’ignore, n’est pas du tout impossible. Certains disent que la campagne BDS va radicaliser les Israéliens, je pense exactement le contraire, d’ailleurs nous progressons au sein du monde universitaire, où 120 académiques nous soutiennent désormais, alors que nous étions six au départ. Pour la première fois, les universités israéliennes viennent de publier un rapport qui critique sévèrement le traitement réservé aux universités palestiniennes.

L’école des nouveaux historiens existe-t-elle encore ?

Non. Elle date de la fin des années 80 et du début des années 90. Mais nous n’avons jamais été que quatre ou cinq ! Benny Morris était le plus connu, grâce à son premier livre sur l’expulsion des Palestiniens en 1948. Ironiquement, il a ensuite fait un « U-turn » pour devenir un « vieil historien » partisan de l’épuration ethnique [Benny Morris, depuis 2002 et comme il l’avait alors déclaré au Soir, estime qu’Israël aurait dû « finir le travail » en 1948 et faire partir tous les Arabes sans laisser sur ce qui devenait le territoire de l’Etat qui se créait une petite minorité palestinienne, qui se chiffre maintenant à plus d’un million d’âmes, NDLR].

On vous avait accusé d’admettre, comme dans une interview au “Soir” en 1999, que vous aviez comme historien un agenda politique…

On voit bien avec les événements de 1948 que les historiens ne peuvent être objectifs. Même s’ils se basent sur des faits, ils les interprètent selon leur agenda politique, c’est ce que je vous avais dit en 1999 et qu’on m’avait tant reproché ! L’agenda de Morris, qui était au départ proche de la gauche libérale, est passé de la gauche à la droite et, sans changer les faits sur lesquels il se basait, il a commencé à justifier les expulsions! S’agissant des expulsions de Palestiniens sur lesquelles nous avons beaucoup travaillé, les « nouveaux historiens » israéliens n’ont en réalité rien découvert. Simplement, personne en Occident ne croyait les Palestiniens et leurs historiens qui disaient qu’ils étaient devenus réfugiés en raison d’une expulsion, et ils avaient pourtant raison ! Donc pour Morris comme pour moi, la question n’est pas de savoir ce qui s’est passé mais ce qu’on fait de ce qui s’est passé.

Vous pourriez encore débattre avec Morris ?

Je ne crois pas. Nous avons été amis, naguère, puis les choses se sont gâtées. Il est devenu très insultant à mon égard. Et puis, quel débat peut-on tenir avec
quelqu’un qui proclame désormais sans sourciller qu’on aurait dû expulser tous les Arabes en 1948 ? En outre, on ne m’accepte plus sur les plateaux de télévision en Israël et on proscrit de me citer dans les écoles. Vous connaissez l’histoire : si
vous n’aimez pas un message, tuez le messager…

BAUDOUIN LOOS

Bio express

nettoyagepappe

Un historien engagé

Ian Pappe, né à Haifa en 1954, dans une famille juive allemande venue en Palestine avant la guerre. Il disait de lui-même qu’il était « l’Israélien le plus détesté en Israël » lorsqu’il y habitait. Il est vrai que son travail, comme historien, lui a valu de solides inimitiés. Parmi les « nouveaux historiens israéliens », cette école qui avait entrepris de traquer et de briser les mythes de l’historiographie officielle, Pappe est considéré comme le plus radical. Il ne nie d’ailleurs pas sa posture « post-sioniste » engagée. Son engagement auprès des militants propalestiniens dans le mouvement BDS (boycott, désinvestissement et sanctions) ainsi que pour la transformation de l’ensemble Israël/Palestine en un Etat pour tous ses citoyens explique également l’hostilité qu’il suscite souvent en Israël.

En français, les Editions La Fabrique ont publié en 2000 et 2004 « La guerre de 1948 en Palestine » et « Les démons de la Nakbah ». Le Seuil a publié en 2008 « Le nettoyage ethnique de la Palestine ». (B.L.)

NB Cet article a été publié dans “Le Soir” du mardi 29 octobre 2013.

Chemtrails: Résultats des analyses des filaments tombés du ciel


 

 

 

 
Ces analyses réalisées par le laboratoire Analytika représentaient le chaînon manquant pour prouver de manière irréfutable à la fois la réalité et la dangerosité des chemtrails. C’est aujourd’hui chose faite et les résultats sont éloquents. À noter que l’initiative ainsi que le coût des analyses a été citoyenne, les autorités se moquant éperdument de la santé publique.


C’est d’ailleurs pourquoi des analyses gouvernementales n’ont jamais été diligentées dans la mesure où il est impossible que de telles pratiques soient ignorées des pays européens.
 
Au contraire, on peut affirmer sans l’ombre d’un doute qu’ils participent activement à cette mascarade tandis que le mouvement écologiste serbe a déjà dénoncé ces pratiques et le président équatorien également. Heureusement que certains députés ayant encore une conscience professionnelle et une réelle envie de représenter les intérêts de la population tel que Gérard Bapt, ont déjà fait part du problème à l’Assemblée nationale fin 2012. L’association citoyenne pour le suivi, l’étude et l’information sur les programmes d’intervention climatique et atmosphérique (ACSEIPICA) a d’ailleurs attiré l’attention de ce député sur les résultats de ces analyses afin qu’il en parle à l’Assemblée nationale. On se demande bien quel argument langue de bois vont-ils encore trouver pour expliquer ce phénomène?

 
Car il ne faut pas s’y tromper, des sujets sensibles sont régulièrement abordés à l’assemblée (notamment la toxicité de l’aluminium vaccinal) et les réponses évasives du ministère de la santé ont à chaque fois conduit à enterrer les polémiques pour passer à autre chose, c’est leur spécialité soyez-en sûr. L’appellation « ministère de la santé » est une vaste farce d’ailleurs vu que leur rôle a de tout temps été davantage de protéger les intérêts des industriels et couvrir leur manipulation sur notre santé: il s’agit bien du ministère de la maladie et je pèse mes mots. Voyons un peu quelles sont les conclusions des analyses du laboratoire.On retrouve également des composants non identifiés, ce qui montre bien que de la recherche militaire a été pratiquée pour mettre au point certain de ces composants qui sont inconnus du monde scientifique actuel :
« Plusieurs échantillons de « filaments aéroportés » collectés entre Novembre et Décembre 2012 sur l’ensemble du territoire français ont été adressés à notre laboratoire, en provenance de Thénioux, de Saint Clément des Levées, de Saint Martin de Crau et de Malabat (points de collecte localisés sur la carte de France page 118).

Pour chacun de ces échantillons, deux expériences de désorption thermique directe à Point-de-Curie ont été conduites à 445°C, d’une part directement et d’autre part avec méthylation « in-situ » (un processus favorisant la détection des composants polaires éventuellement présents).
Les différents composés organiques engendrés dans cette série de huit expériences ont -chaque fois été séparés par chromatographie gaz et identifiés par spectrométrie de masse (GC/MS). 
Les données obtenues ont été interprétées et les résultats obtenus sont détaillés dans le présent rapport analytique.

Il apparaît que c es « filaments aéroportés »sont des polymères organiques complexes, contenant des composants chimiques de synthèse, comme le démontre le dépistage GC/MS systématique réalisé sur les nombreux produits de leur décomposition thermique, parmi lesquels figurent plusieurs molécules couramment rencontrées dans les carburants et lubrifiants de réacteurs d’aviation.
Les quatre échantillons étudiés contiennent plusieurs composés aromatiques toxiques synthétiques (phthalates) et trois d’entre eux contiennent du DEHP, un représentant de cette famille de produits chimiques particulièrement redouté à cause de ses propriétés de perturbateur endocrinien.
Toutes les molécules organiques, en particulier les composés hétérocycliques, présents dans ces échantillons de « filaments aéroportés », sont préoccupantes, -à la fois sur les plans de la santé publique et de leur impact environnemental.

Nous pensons que ces « filaments aéroportés »pourraient résulter de la recombinaison des substances rejetées en haute altitude dans l’atmosphère par les réacteurs d’aviation.
Compte-tenu de la croissance du trafic aérien mondial, les résultats de cette étude préliminaire nous  paraissent justifier l’attention de l’opinion publique et des médias sur cette forme nouvelle de pollution atmosphérique.

Pour que la communauté scientifique se saisisse rapidement du sujet pour le comprendre, et que les autorités de tutelle de l’aviation, civile ou militaire, puissent alors contrôler efficacement cette nouvelle forme de pollution atmosphérique globale. »
Micro trottoir de Actu-chemtrails

Ce rapport, ainsi qu’une lettre de l’ACSEIPICA et une déclaration du comité scientifique italien Galileo ont été envoyés en recommandé entre autre au ministre de l’écologie, du développement durable et de l’énergie et à celui de la santé. On ne pourra donc pas dire qu’ils n’étaient pas au courant.
On notera au passage que le comité scientifique italien arrive aux mêmes conclusions et surtout il confirme la présence de métaux toxiques dans les prélèvements:
 
 
Dans le même temps, Walt Disney nous sort ce mois-ci sa nouvelle production planes qui affiche ouvertement et sans vergogne un héros qui n’est autre qu’un avion à chemtrails. C’est dire si on nous prend pour des idiots…
Liens connexes :
 

Source via L’Echelle de Jacob

Les émigrés israéliens taxés de traîtrise à la cause sioniste


Le Point.fr – Publié le 28/10/2013 à 05:57

 

De plus en plus de jeunes quittent Israël en raison de la situation économique et sociale. Un phénomène virulemment critiqué par les politiques.

 

De notre correspondante à Jérusalem,

 

Ils ont entre 25 et 40 ans. Célibataires ou en couple, avec ou sans enfants. Ils ont quitté Israël pour vivre à l’étranger. Ce sont des yordim, un terme qui, en hébreu, signifie littéralement « ceux qui descendent ». Selon certaines statistiques, il y en aurait aujourd’hui 800 000 installés un peu partout dans le monde. Cette émigration a toujours existé et a toujours été dénoncée par les dirigeants israéliens en des termes très durs, comme Yitzhak Rabin qui, en 1974, parlait des yordim comme de « déchets« , de « chiffes molles« .

Le coût de la vie

Et voilà qu’en cet automne 2013 la question a resurgi et créé la polémique. C’est la diffusion, il y a un peu plus d’un mois, par la chaîne 10 de la télé israélienne d’une série intitulée Les nouveaux yordim qui a lancé le débat. Quatre longs reportages sur de jeunes Israéliens installés en Europe ou aux États-Unis, décrivant leur nouvelle vie et expliquant les motifs pour lesquels ils sont partis d’Israël. Première et souvent seule motivation : la situation économique. Comme Moran, 32 ans, qui vit avec son mari et son jeune fils à Berlin : « En Israël, explique-t-elle, mon compte en banque était toujours dans le rouge. Ici, à Berlin, c’est fini. Je suis constamment et confortablement dans le vert. Berlin, ajoute-t-elle en riant, c’est pour moi le meilleur des comptes épargne. »

À l’autre bout du monde, chez l’Oncle Sam, on retrouve Dorit et Zohar. Avant d’habiter dans le New Jersey avec leurs trois enfants, ils étaient à Eilat, la station balnéaire sur la mer Rouge, à la pointe sud du pays. Officier de carrière à l’armée, Zohar a décidé de se marier. Et c’est là que tout s’est gâté : « Quand ma femme et moi avons cherché à nous loger, nous avons vite réalisé qu’il nous serait impossible d’avoir en Israël quelque chose de décent à un prix raisonnable. Ici, dans le New Jersey, c’est possible ! » Et, devant la caméra qui le suit alors qu’il vient de passer à la caisse pour payer un Caddy bien rempli, il ajoute : « Regardez, je viens de dépenser 233 dollars. En Israël, à quantité et produits égaux, cela m’aurait coûté deux à trois fois plus. »

Moran, Zohar, Itaï, etc., tous l’affirment : c’est le coût de la vie qui les a décidés à partir. Et ce n’est pas l’étude comparative tout juste publiée par le quotidien populaire Maariv qui leur donnera tort. Il faut, en Israël, pour se payer un logement 138 salaires mensuels moyens contre 65 aux États-Unis, 64 en Grande-Bretagne ou 59 en Hollande. Quant à la part de l’alimentation dans le revenu moyen, elle est de 18 % en Israël, contre 9 % en Allemagne ou 10 % en France. Le tout alors que le salaire moyen israélien – 1 850 euros – est le plus bas en comparaison des États-Unis, de l’Allemagne, l’Irlande, la France, l’Espagne ou l’Australie.

La fin d’un tabou

Au coeur de la controverse, il y a aussi ce sondage publié dans le cadre de la série télé : une majorité de parents israéliens, 45 %, se déclarent prêts à soutenir leurs enfants s’ils décident d’aller vivre à l’étranger, 33 % affirmant qu’ils ne les encourageraient pas mais ne s’y opposeraient pas. Seuls deux Israéliens sur dix sont activement contre. Par ailleurs, 80 % des sondés ne voient pas dans l’émigration un phénomène illégitime. En écho, l’un des plus grands poètes israéliens, Nathan Zach, a donné sa bénédiction à ces jeunes Israéliens « qui doivent aller là où ils peuvent vivre le mieux« . C’est la fin d’un tabou. Et, pour une partie de la classe politique, c’est insupportable.

Dans un post sur sa page Facebook, le ministre des Finances, le sémillant Yaïr Lapid, n’a pas attendu pour dénoncer les yordim : « Je n’ai pas de patience pour ceux qui sont prêts à jeter à la poubelle le seul pays qu’ont les juifs simplement parce que Berlin, c’est confortable… » Il s’est fait immédiatement « tacler » par des dizaines d’amis, dont certains lui ont rappelé qu’en son temps il était parti vivre aux États-Unis pour mener une carrière dans la communication. D’autres, des émigrants, affirmaient qu’ils rentreraient au pays les yeux fermés si le gouvernement menait une autre politique économique et sociale. À la petite phrase de Yaïr Lapid s’est ajoutée celle du directeur de la loterie nationale, un ancien général, qui les a qualifiés de traîtres.

Pour Shlomo Avineri, professeur de sciences politiques renommé, cela prouve une chose : les yordim n’ont pas le moindre sens des responsabilités citoyennes. D’un côté, ils abandonnent le difficile débat national israélien ; de l’autre, ils recréent une diaspora, tout en ne s’impliquant pas dans les affaires du pays où ils s’installent. Bref, pour monsieur Avineri, les nouveaux expatriés israéliens n’ont comme horizon que leurs petites aspirations personnelles ! À ces critiques, les nouveaux émigrants répondent : « Nous reviendrons lorsque le gouvernement changera de politique économique et sociale. » Ambiance.
http://www.lepoint.fr/monde/les-emigres-israeliens-taxes-de-traitrise-a-la-cause-sioniste-28-10-2013-1748573_24.php


Destruction systématique des oliviers palestiniens, avec le silence complice des principaux médias israéliens



lundi 28 octobre 2013

 

(Par Amira HASS) – Les colons ont opéré au cours des deux derniersmois des destructions systématiques d’oliveraies palestiniennes en Cisjordanie, avec la bénédiction de l’armée d’occupation et le silence complice des principaux médias, dénonce lundi la journaliste Amira Hass dans le Haaretz.

« Il est clair que l’armée apprécie au plus haut point la ‘retenue’ de j
ournalistes qui satisfont le droit du public à ne pas savoir », écrit-elle ironiquement, dans un article où l’écoeurement le dispute à la colère. Des documents qui sont parvenus au quotidien montrent ainsi, pour les seuls mois de septembre et octobre :

•    Le 11 sep : 500 arbres calcinés sur des terres appartenant au village de Deir al Khatab

•    Le 15 sep : 17 oliviers sciés à la base sur des terres du village de Kafr Laqif

•    Le 17 sep : 18 oliviers pareillement sciés (même village)

•    Le 20 sep : 27 oliviers brûlés à Kafr Qaddum

•    Le 21 sep : 70 oliviers sciés (même village)

•    Le 2 oct : nombreux oliviers sévèrement endommagés sur les terres de la famille Raba’i •    Le 2 oct : une trentaine d’oliviers du village de Jitt sérieusement endommagés •    Le 3 oct : 48 oliviers de la famille Shatat sérieusement endommagés

•    Le 5 oct : 130 oliviers de la famille Fukha abîmés

•    Le 5 oct : 15 oliviers détruits, et la récolte d’olives volée, dans le village deDeir Sharaf •    Le 7 oct : une soixantaine d’arbres sérieusement endommagés, et la récolte d’olives volée, à Jitt

•    Le 7 oct : 8 oliviers détruits au village de Ras Karbar

•    Le 7 oct : 35 oliviers détruits à Far’ata, et le quart de la récolte volée

•    Le 8 oct : quelque 400 oliviers incendiés à Jaloud

•    Les 13-14 oct : vignes et oliviers vandalisés à Far ‘ata

•    Le 20 oct : des colons juifs d’Yitzhar attaquent des paysans palestiniens qui, avec l’aide de volontaires de l’association israélienne, Les Rabbins pour les Droits de l’Homme, cueillaient les olives. Les assaillants ont utilisé des barres de fer, des matraques et des pierres. Deux paysans et deux volontaires –un homme de 71 ans et une jeune fille de 18 ans ont été blessés.

Le dénominateur commun de cette liste –qui n’est pas exhaustive- est que toutes ces attaques se sont déroulées dans des secteurs de la Cisjordanie dont l’armée israélienne a le contrôle exclusif. Ils se sont produits à proximité immédiate de colonies israéliennes et de leurs avant-postes, toutes gardées par des bataillons de soldats, équipés de tours de guet et de caméras, à Elon Moreh, Karnei Shomron, Kedumim, Ma’on, Sussia, Shavei Shomron, Zayit Ra’anan, La ferme de Gilad, Shiloh et Yitzhar.

Autre élément commun : ces attaques ont eu lieu dans des localités déjà visées antérieurement. Et dans la plupart des villages palestiniens cités, l’armée israélienne, qui n’a pas levé le petit doigt pour mettre fin aux exactions des colons, interdit aux victimes, les Palestiniens, d’accéder à leurs propres terres sauf deux fois par an, le tout sous escorte militaire. C’est pourquoi, hormis pour l’attaque du 20 octobre, les dates mentionnées ne sont pas celles où les attaques ont eu lieu, mais celles où les Palestiniens ont découvert les dégâts.

Les ONG Rabbins pour les Droits de l’Homme et Yesh Din détaillent les incidents survenus jusqu’à la date du 7 octobre. Ils ont envoyé une lettre le 9 octobre aux colonels commandant les brigades installées en Cisjordanie, soit les colonels Avi Balut, Yossi Pinto, Ran Kahane, et Yoav Marom, avec copie au conseiller juridique de l’armée pour la Cisjordanie, Doron Ben-Barak. Cette lettre accuse les officiers de ne pas avoir rempli leurs obligations de protéger les paysans palestiniens et les biens de ces derniers. Le porte-parole de l’armée a dit qu’il répondrait directement aux associations, mais pas à la presse.

Certains des commandants en passe de finir leur temps de service auront sans doute relevé ces informations dans leurs cahiers personnels, qui contiennent vraisemblablement des rapports similaires sur des attaques similaires les années précédentes. Sitôt quitté l’uniforme, ils diront, lorsqu’interrogés par la presse, qu’ils avaient peur que la révélation de telles attaques ne déclenche des explosions de colère. Et quand on leur demande pourquoi ils sont restés silencieux lorsqu’ils étaient encore sous l’uniforme, ils évoqueront l’antagonisme entre le serment qu’ils ont prêté en tant que soldats d’une part, et la vérité des faits d’autre part.

Les militaires ont fait le serment de protéger les citoyens juifs de l’Etat d’Israël en toutes circonstances. En tant qu’officiers, ils considèrent qu’ils sont là pour protéger leurs propres soldats en toutes circonstances. Mais la vérité socio-historique et le simple sens commun montre que la violence exercée par des citoyens israéliens juifs appelle une réponse et une violence additionnelle. La vérité socio-historique nous enseigne aussi que les gens en uniforme qui exercent leur domination sur une population qui ne les a pas élus pour les diriger sont violents du seul fait de leur présence, même quand ils ne sont pas en train de tuer ou blesser autrui, et même quand ils ne font que protéger les voleurs de terre.

Une fois à la retraite, ces officiers vous diront que leur serment de servir était plus important que le sens commun, et ils s’ingénieront à nier la réalité de la violence juive avec les meilleurs « arguments » que l’armée israélienne développe si bien dans ses laboratoires de fabrique de bonne conscience. Pendant ce temps, il ne faut pas être grand clerc pour imaginer les sessions de briefing au cours desquelles dirigeants militaires et représentants des médias se sont mis d’accord pour ne pas qualifier « d’escalade » les équipées des colons, vu qu’elles ont lieu tous les ans, avec la même fréquence et la même intensité. Et quoi de plus facile de tirer de telles conclusions, dès lors qu’une chape de plomb entoure ces évènements.

En somme, nos officiels auront décidé qu’il faut décidément tout faire pour respecter le « droit » du public … de ne pas savoir !

Source Haaretz : http://www.haaretz.com/news/diplomacy-defense/.premium-1.554690

(traduction CAPJPO-Europalestine)

Campagne d’affichage aux USA contre le Fond National Juif (photos)


La campagne contre le Fond National Juif (JNF) bat son plein dans le Colorado, pour protester contre le nettoyage ethnique des Palestiniens auquel participe cette organisation israélienne, spécialisée dans le vol des terres palestiniennes et leur « réhabilitation » au profit d’Israël, avec l’argent des contribuables du monde entier.

A Denver (Colorado), deux associations, dont la Colorado BDS Campaign, ont lancé une campagne d’affichage dans les transports en commun (notamment les bus et les tramways) sur le thème : « Vous voulez la paix ? Alors arrêtez le nettoyage ethnique ! ». Elles nous adressent les photos suivantes :  

A l’occasion d’une conférence du JNF à Denver, des rassemblements ont également eu lieu, devant le « Grand Hyatt » abritant la réunion, mais aussi devant la maison du gouverneur de Denver !

Et les participants à la réunion du JNF sont furieux de ne pouvoir échapper à ces affiches sur leur chemin.

Bravo à tous les amis américains, dont Michael Rabb qui milite aux Etats-Unis comme en France (BDS Tour) et en Palestine (Mission Bienvenue Palestine à Gaza)

Pour plus d’infos :  » notaxdollarstoisrael.com et ColoradoBDSCampaign.org

CAPJPO-EuroPalestine

source

Maysaloon : Tant pis


Est-ce que je dois vraiment m’émouvoir  de la mort de Abu Mohammad al Golani dans une embuscade tendue par le régime ? Je pense que non.Le but de la révolution syrienne n’est pas d’échanger un dictateur alaouite contre un dictateur sunnite ; elle a pour objectif d’assurer la dignité et les droits fondamentaux des citoyens. Je ne vais pas pleurer pour quelqu’un simplement parce qu’il est opposé à Assad alors que son groupe appelle ouvertement au nettoyage ethnique et qu’il a été accusé d’horribles violations des droits humains.

Beaucoup de Syriens m’ont dit « ce sont les seuls qui combattent Assad » et nous devrions donc ignorer leurs erreurs. Je ne suis pas d’accord.Personne n’a demandé cette guerre, c’est Assad qui l’a imposée au pays afin de garder le pouvoir.

Ce qu’il voulait, c’était précisément le type de réaction dont des groupes comme Jabhat al-Nusra  et ISIS (Islamic State of Iraq and al-Shams) sont capables. Il voulait également renforcer sa position aux niveaux international et intérieur en se faisant passer pour le champion de la laïcité.

À y réfléchir, le régime redoutait deux éléments qu’il a voulu éviter à tout prix : le déploiement de manifestations pacifiques dans le pays-parallèlement à un mouvement en faveur d’une société civile-et l’ intervention étrangère-spécifiquement occidentale.

Ces deux options semblent bien lointaines maintenant mais si nous voulons que la tuerie s’arrête, s’arrête véritablement, nous devons les remettre sur la table. Peu importe que l’on me gueule « Irak et impérialisme », c’est une question de survie pour tout le pays.

Assad et ses alliés présentent maintenant au monde des scénarios pour la Syrie, tous deux inacceptables. Soit le pays devient une variante de la Corée du Nord, soit il se transforme en Afghanistan. Pour des raisons évidentes, ces deux options conviendraient à la perfection à l’Iran, au Hezbollah et à Assad.

Mais il y a une mise en garde importante : l’Iran, le Hezbollah et Assad ne peuvent pas imposer leur volonté à la Syrie. C’est ce qu’ils essaient de faire depuis trois ans et ils n’y sont pas arrivés. C’est très important,  même si le prix à payer a été très lourd

Les Syriens peuvent préconiser une troisième option, celle d’un pays qui respecte les droits de ses citoyens et leur donne l’occasion d’améliorer leurs conditions de vie. Pour y arriver, il ne leur est pas nécessaire d’applaudir et d’encourager n’importe quel fou qui tire avec sa kalachnikov contre le régime.

source

traduction : annie bannie

Égypte : l’humoriste Bassem Youssef fait rager pro-Morsi et pro-Sissi


samedi 26 octobre 2013, par La Rédaction

Son retour était très attendu dans un pays où les médias, quasi-unanimes, célèbrent l’armée qui a destitué le président islamiste Mohamed Morsi : pour sa première émission après quatre mois d’absence, le satiriste Bassem Youssef a de nouveau déchaîné les passions.

Ce vendredi soir, en dépit du couvre-feu qui s’abat à 19 heures sur Le Caire, les cafés étaient bondés de téléspectateurs rivés devant l’émission « El Bernameg » (Le Programme, en arabe), avec une seule question en tête : osera-t-il critiquer l’armée ?

Et à l’issue de 90 minutes de show, celui qui était déjà la bête noire des Frères musulmans pour ses critiques au vitriol du président Morsi, s’est attiré de nouveaux détracteurs : les partisans du général Abdel Fattah Al-Sissi, chef de la toute-puissante armée qui a destitué M. Morsi le 3 juillet.

Revenant sur cet épisode, Bassem Youssef, qui n’a rien raté des médias locaux pendant les quatre mois d’interruption dus à l’été puis au ramadan, épingle leur unanimité, leurs exagérations sur le nombre de manifestants descendus dans les rues pour réclamer le départ de M. Morsi le 30 juin —20, 40, certains évoquent 70 millions.

Il pose aussi la question qui fâche : est-ce une révolution, comme l’affirment les anti-Morsi, ou un coup d’Etat, comme le disent les pro-Morsi ?
Tournant en dérision les arguments des uns et des autres, il affirme, faisant référence à la puissante confrérie des Frères musulmans de M. Morsi, que « quand tu rêves du pouvoir pendant 80 ans et que tu le perds d’un coup, c’est un coup d’Etat ».

Mais, se mettant ensuite en scène dans la peau des militaires déposant M. Morsi, il décrit une transition tout en douceur où les soldats s’adressent au président une rose à la main : « Morsi, baby, tu n’es plus le président… Ce n’est pas de notre faute, mais de la tienne ».
Evoquant ensuite les nouvelles autorités, il se moque d’un président par intérim dont personne ne semble se rappeler le nom —Adly Mansour—, alors que certains multiplient les odes au général Sissi, voire même les chocolats à son effigie.

Mais rire de cette « Sissi-mania » qui s’est emparée de certains Egyptiens n’est pas au goût de tous.
Ainsi, Sameh Seif el-Yazal, expert en stratégie militaire retraité de l’armée, déplore sur Facebook une « attaque directe contre le général Sissi » qui va « bénéficier aux Frères musulmans » contre lesquels les nouvelles autorités assurent mener une « guerre contre le terrorisme ».

Dans un café du faubourg du Moqattam, Ramy Adel, banquier au Caire, est venu regarder l’émission avec des amis. « On dirait que Bassem Youssef n’a pas d’autre but que de se moquer du régime en place », lâche-t-il. « Il ne cherche qu’à saper le prestige de Sissi et de l’armée, c’est horrible ! ».

Ahmed Abdel Alim, lui, a trouvé l’émission « géniale ». « Bassem Youssef a réussi à résumer ce qui se passe sur la scène politique égyptienne de façon objective et courageuse », lance-t-il, enthousiaste. « Il a critiqué tous les dirigeants, même Sissi, et personne n’ose faire ça », poursuit l’homme qui dit ne soutenir ni l’armée ni les Frères.
Celui qui avait été poursuivi en justice sous la présidence Morsi pour ses critiques acerbes contre le chef de l’Etat n’a pas arrêté de brocarder les ex-dirigeants islamistes, aujourd’hui devant la justice ou détenus au secret.

Leila Ibrahim, elle, n’a retenu que les attaques de Bassem Youssef —un « clown », selon elle— contre M. Morsi, qu’elle soutient : « c’est une honte de se moquer de personnes qui sont en prison. C’est lâche de s’en prendre à ceux qui ne peuvent pas se défendre ».

En Egypte où manifestations, affrontements et attentats ont fait plus d’un millier de morts depuis début juillet, les esprits sont encore échauffés et les réseaux sociaux bouillonnent, entre admiration fervente et critiques virulentes. Sur Facebook, des groupes réclament déjà des poursuites judiciaires contre l’humoriste.

Sur Twitter, le principal intéressé a répondu, laconique : « les Egyptiens aiment les blagues et l’ironie, c’est vrai, mais surtout quand elles correspondent à leurs idées ».

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Selma Benkhelifa : « Le commissaire Vandersmissen est une brute »


Par Olivier Mukuna, 24 octobre 2013

Spécialisée en droit des étrangers, l’avocate Selma Benkhelifa s’est notamment illustrée dans la défense de grévistes de la faim afghans, kurdes ou iraniens. Elle a reçu les honneurs du prix Kirschen du Barreau de Bruxelles (2004) et est membre du Progress Lawyers Network. Sans avoir commis de délit, Me Benkhelifa a été emprisonnée mardi avec 158 Afghans. Pour FDC, elle revient sur son arrestation, les violences policières, l’incohérence de la politique d’asile et « le cas Vandersmissen ».

Selma arrêtée

L’avocate Selma Benkhelifa restera 5 heures en détention. ©Kevin Van den Panhuyzen

Femmesdechambre.be : Comment avez-vous vécu ce 22 octobre, journée marquée par des violences policières et 170 arrestations dont la vôtre ?  

Selma Benkhelifa : Tout a commencé à 10h00. Le Commissariat Général aux réfugiés et Apatrides (CGRA) et l’Office des Etrangers (OE) étaient interrogés par la Commission de l’intérieur de la Chambre. Le Ciré, le Vluchtelingenwerk et la Ligue des droits de l’homme étaient aussi entendus. L’échange portait sur la question des Afghans et le cas d’Aref, ce jeune Afghan, demandeur d’asile en Belgique, qui est mort après avoir été expulsé vers l’Afghanistan … La question centrale était : quid ? On parle de « retours volontaires », d’expulsions, mais le cas d’Aref a tragiquement démontré qu’il y a un véritable danger à renvoyer ces personnes dans ce pays.

Le CGRA et l’OE étaient interpellés par les associations mais également par des parlementaires du CDH, du PS, etc. Même le parlementaire de la N-Va voulait des explications. Mais ils n’ont rien expliqué du tout ! Ils nous ont fait un festival de langue de bois sans aucune réponse à la question essentielle. Puisqu’il y avait interrogation sur leur situation au Parlement fédéral, les Afghans étaient présents et manifestaient en bord de « zone neutre » (à proximité du Parlement, ndlr) … Vers 13h, je suis sortie et j’ai rejoint les manifestants dont plusieurs commençaient à retourner vers la rue du Trône où ils logent dans un bâtiment désaffecté. Arrivés au métro Arts-loi, ils reçoivent le message suivant : « profitant de votre absence, la police est venue pour déloger les familles restées à la rue du Trône ; toutes vos affaires ont été jetées dans la rue ; il n’y a plus personne là-bas ! »

FDC : A cet instant, les Afghans sont donc à la rue et n’ont nulle part où aller ?    

S.B. : Oui. Sur le coup, choqués et ne pouvant plus retrouver leur logement, ils décident de faire un sit-in. Pas pour organiser une nouvelle manif’ mais pour réfléchir à ce qu’ils vont faire ! La police leur dit de dégager ; certains répondent : « On ne sait pas où aller : on va dormir ici ! ». On avait réellement affaire à des gens désespérés et ne sachant plus quoi faire. Une demi-heure passe et la tension monte. J’ai vu arriver de nouveaux  policiers avec des grands boucliers, des chiens sans muselière, etc. J’ai commencé à dire aux gens qu’il fallait absolument partir ; que ça allait mal tourner … Au moment où les Afghans se levaient, les policiers armés de boucliers les ont encerclés. Les gens étaient bloqués par un « cercle de boucliers » qui les poussaient de toutes parts. D’autres policiers sortaient les femmes du cercle en les tirant par les cheveux de toutes leurs forces. Ils ont même éjecté une poussette avec un enfant dedans … Ils ont fait des choses totalement aberrantes ! A proximité, il y avait un vieux monsieur belge sur le trottoir : il a été balayé et jeté à terre ! Puis les policiers l’ont relevé et l’ont placé de force à l’intérieur du cercle d’Afghans … Cette personne âgée, apparemment flamande, protestait et criait en néerlandais, mais les policiers ne voulaient rien entendre !

FDC : Que décidez-vous de faire à ce moment-là ?

S.B : Après ces terribles scènes, j’ai vu un homme étendu par terre et qui saignait beaucoup à la tête : je me suis dirigée vers lui. Il était en état de choc et gigotait. Je n’ai pas vu ce qu’il lui était arrivé, mais il avait visiblement reçu un violent coup de matraque à l’arrière du crâne. Je me suis agenouillée à ses côtés ; je lui ai parlé pour qu’il se calme, ne bouge pas et ne perde pas connaissance. Un policier s’est agenouillé en face de moi, près du jeune homme. On attendait les secours. Soudain, un autre pandore m’a tirée par le bras en criant : « Toi, tu dégages ! ». Son collègue lui a dit : « Arrête ! Laisse-là tranquille ! Elle nous aide ; elle le calme ». Quelques minutes plus tard, on est venu me dire que Samir était arrêté. Petite parenthèse : Samir Hamrad est le porte-parole des Afghans et mon compagnon. Je le répète parce que Maggie de Blok (Secrétaire d’Etat à l’Asile et à l’Immigration, ndlr) sort cela comme si c’était un scoop (rire). Ce n’est pas du tout le cas ; c’est largement connu ; on a des enfants ensemble, bref … Je vois la fin de l’arrestation de Samir qui est assez violente mais décide de ne pas m’en mêler. D’une part, je ne peux rien y faire et, d’autre part, je veux éviter qu’ils disent après : « Regardez, elle est intervenue pour son mari comme une hystérique ». Je suis donc restée à côté du jeune homme blessé.

VP Afghans VIII

Maître Benkhelifa aidera ce jeune homme à ne pas perdre connaissance.

FDC : Que s’est-il passé ensuite ?  

S.B : J’ai vu que les policiers commençaient à sortir les gens du « cercle », un par un, pour les arrêter. Puis, je vois qu’ils mettent un homme à terre et l’immobilisent. Un policier surgit et lui flanque une série de coups de pieds dans les côtes… Cet homme était à terre, ne pouvait strictement rien faire ! Là, je me lève, m’approche de ce groupe de pandores et tente de les calmer. Je leur dit : « La loi sur la fonction de police ne vous autorise pas à faire usage de violences sur une personne qui n’oppose aucune résistance ». A ce moment précis, à trois mètres de moi, j’ai vu le commissaire Vandersmissen. Il m’a pointé du doigt en disant : « L’avocate, là, en rouge : vous me l’arrêtez ! ». Deux policiers étaient directement sur moi et m’ont menottée. A l’aide des fameuses menottes colson que l’un des agents n’a pas trop serré autour de mes poignets. J’ai été emmenée dans la rue de La loi, presqu’en face du cabinet Di Rupo. Des gens du cabinet du Premier ministre observaient d’ailleurs la scène de leurs fenêtres… Une policière est venue ensuite me surveiller. Tandis que j’étais assise par terre et ne bougeais pas, elle s’est placée dans mon dos et a resserré à fond les menottes colson ! Un truc dégueulasse. Juste pour faire mal. Parce que, franchement, ce type de menottes serrées à fond, ça fait vraiment mal.

FDC : Comment s’est déroulée votre détention ? 

S.B : On a été enfermés aux casernes d’Etterbeek. J’étais avec cinq femmes et les hommes étaient répartis dans d’autres cellules. Au bout d’une heure, chaque femme a dû se faire « enregistrer ». Quand mon tour est venu, l’agent a voulu « faire de l’humour » et m’a demandé si j’étais vraiment Belge. Il avait ma carte d’identité en mains, mais il m’a dit : « Est-ce que vous êtes sûre que vous êtes Belge ? » … Très drôle, non ? Quand je suis sortie de ce bureau, je suis tombée nez-à-nez avec un policier que je connaissais. Il était fort gêné et m’a dit : « Je suis vraiment désolé. Est-ce que tu vas bien ? ». Je lui ai répondu : « On fait aller : je me suis déjà trouvée dans des situations plus agréables ». J’ai été remise en cellule avec les autres. De 16h à 18h30, on est restées là, à poireauter, sans qu’on nous donne la moindre info… Conclusion : hormis ce policier qui a été gentil avec moi parce qu’on se connaît et l’autre qui s’est cru obligé de me sortir une feinte raciste débiloïde, je n’ai jamais eu aucune explication sur le motif de mon arrestation. Qu’ils m’accusent « d’organiser les Afghans », de « rébellion à agents », de quelque chose ? Non ! Juste : rien.

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Dans sa supervision, le Commissaire Vandersmissen n’hésite pas à sommer les manifestants.

FDC : Vous citez le commissaire Pierre Vandersmissen, chef-d’orchestre de plusieurs répressions policières sauvages sur Bruxelles (les Indignés, les Congolais, etc.). Passants ou manifestants tabassés, gazés, arrestations illégales, insultes racistes. En toute impunité. Le choix d’un tel récidiviste de l’abus de pouvoir et de la violence démontre-t-il que ce qui s’est produit le 22 octobre résulte d’une volonté politique et non d’un « regrettable dérapage » ?

S.B : Je pense que le Commissaire Vandersmissen est une brute. Mais une brute intelligente. Dès lors, il ne commettra de brutalités que s’il sent qu’on lui laisse les mains libres au niveau politique. Cela ne signifie pas qu’il a reçu un fax du Ministre de l’Intérieur, Joëlle Milquet, pour lui dire : « Tape les femmes et les enfants tant que tu veux : tu n’auras pas de problème ». Néanmoins, les précédents font qu’il éprouve un sentiment d’impunité tout à fait réel.

FDC : Auquel s’ajoute l’hyperprotection du Comité P qui ne l’a jamais sanctionné malgré les innombrables plaintes …

S.B : D’autres administrations procèdent à des audits extérieurs. Il faudrait au moins un audit provenant du Centre pour l’égalité des chances ou un audit totalement extérieur susceptible de sortir des chiffres : qui est arrêté ? Quand ? Pourquoi ? Cela permettra de voir les dysfonctionnements, car il y a clairement dysfonctionnement dans son commissariat. Bien sûr, certains policiers sont plus corrects et humains que d’autres. Mais dans n’importe quelle entreprise, et surtout dans les systèmes fort hiérarchisés comme celui de la police, le patron donne le « la » et entraîne les gens dans une direction plutôt qu’une autre. Raison de plus pour réaliser cet audit extérieur ! Pour rappel – ce n’est pas moi qui le dit mais le Comité anti-tortures du Conseil de l’Europe) -, chaque année, l’Etat belge se voit condamné pour l’absence d’indépendance du Comité P. Et pour cause ! On ne peut pas demander à des policiers de contrôler d’autres policiers : ça n’a pas de sens !

FDC : On a aussi le sentiment que lorsqu’il s’agit d’étrangers, la violence policière peut se permettre d’aller beaucoup plus loin …   

S.B : Oui, clairement ! Il existe d’ailleurs une gradation. En bas, vous avez l’étranger sans-papiers. Avec lui : « on peut y aller ! ». Il y a ensuite l’étranger avec papiers, le Belge qui n’a quand même pas tout à fait « une tête de Belge » et puis, le blanc. Lorsqu’on observe comment ces quatre catégories sont traitées par la police, oui, il y a une gradation dans la violence exercée. Du plus violent pour le sans-papiers au moins violent pour le blanc. Exemple : la manifestation des pompiers à Bruxelles. Ceux-ci ont été agressifs et violents avec la police. Que faisaient ces derniers ? Pour beaucoup, ils souriaient ou s’en amusaient. Les policiers n’ont pas chargé ou matraqué les pompiers ; ils ne les ont pas encerclé en les écrasant pour les arrêter un à un ? Alors que ces pompiers – contrairement aux Afghans – ont, eux, exercé des violences à l’encontre de la police … Ceci dit, je tiens à souligner que je ne désire évidemment pas que les pompiers soient tabassés. Je voudrais qu’en situation de manifestation tout le monde ait droit au même traitement que les pompiers. Je le souligne car M. Vandersmissen pourrait comprendre que je souhaite qu’il « traite » les autres comme il a traité les enfants afghans. C’est évidemment le contraire.

Violences policières Afghans

L’encerclement policier visant à immobiliser et étouffer les afghans.

FDC : Quel enseignement tirez-vous de tout cela ?

S.B : Qu’ils ne trouvent aucune réponse politique adéquate à donner à ces Afghans. Or, ceux-ci ont raison : leur pays est en guerre depuis 30 ans et nous sommes en guerre là-bas depuis 2001. On bombarde leur pays au nom des droits des femmes et quand des Afghans viennent demander l’asile chez nous, on leur dit : « Non, vous devez retourner chez vous ! » … Il y a quelque chose de tellement incohérent ! Et faute de leur donner une réponse cohérente : on leur lâche des chiens, des gaz et des flics ultra-violents. Ce n’est pas une gestion correcte d’une problématique ! Des deux côtés de la frontière linguistique, l’ensemble des associations demande un moratoire sur les expulsions : il faut y faire droit. Et donner un titre de séjour temporaire pour donner aux Afghans le droit de travailler au lieu de dépendre du CPAS.

FDC : Que répondez-vous à ceux qui vous opposent l’éternel refrain de « l’impossibilité pour la Belgique d’accueillir toute la misère du monde » ?    

S.B : Je leur répondrais que cela fait des années que le monde politique fait croire aux citoyens que si on régularise un certain nombre de personnes : tous les étrangers vont  débarquer en Belgique. Ce n’est pas vrai ! Entre 1999 et 2010, aucun Afghans n’a été expulsé : ils ont tous été régularisés. Pourtant, avant l’incohérence politique actuelle, personne ne se sentait envahi d’Afghans ! J’invite d’ailleurs vos lecteurs à se demander s’ils connaissent des Afghans dans leur entourage ? Longtemps, on a protégé ces ressortissants sans que cela pose le moindre problème de gestion de la politique migratoire. Notamment parce que la Belgique n’est pas un pays de destination pour les Afghans. Lorsqu’ils parviennent à fuir, ils ne savent pas que la Belgique existe : ils vont à Londres ! Parce qu’ils ont une histoire, commune et assez triste, de colonisation avec l’Angleterre. Au même titre que les Congolais avec la Belgique. Autrement dit, une ouverture envers les Afghans n’aurait aucune implication sur notre niveau de vie ou notre façon de vivre. Par contre, ce qui reste inquiétant – selon tous les indicateurs y compris ceux du gouvernement – c’est que la situation afghane s’est aggravée et va en s’empirant. Pour 2014, on craint une guerre civile généralisée, une sorte de « somalisation » de ce pays …

VP Afghans IX

Selma Benkhelifa au chevet de la victime, avec un policier à ses côtés.

FDC : Quelle lecture faites-vous de l’évolution de l’Afghanistan et de notre responsabilité belge ?

S.B : En raison de Ben Laden, des attentats du 11 septembre 2001, du retournement des Talibans contre l’Occident, nous sommes allés faire la guerre à l’Afghanistan. Et on a chassé les Talibans du pouvoir. Mais ceux-ci se sont cachés dans leurs montagnes assez inexpugnables, ont formé des poches de résistance et ont repris de larges territoires du pays.  Aujourd’hui, tout le monde est d’accord – Otan y compris – pour dire que cette guerre est perdue ! On ne la gagnera jamais et on veut donc négocier avec les Talibans. Dans quel cadre et dans quelle mesure, c’est encore flou, mais ce qui est sûr, c’est que les Talibans vont revenir au pouvoir. Donc, ici, chez nous, ça n’a aucun sens de dire à des Afghans (à qui on a dit pendant plus de dix ans « on vous sauve des Talibans ») : retournez-y … maintenant que ces mêmes  extrémistes religieux s’apprêtent à rediriger le pays ! Et ça a encore moins de sens d’entendre une telle injonction lorsqu’on est une femme… Donc, si on a commencé à expulser vers l’Afghanistan, ce n’est pas parce qu’il y a eu une amélioration là-bas, mais bien un changement, ici, en Belgique.

FDC : Qu’est-ce qui motive ce changement ?

S. B : Il s’agit de fins électorales ; de la crainte de la montée de la NV-A dans la perspective des élections 2014. Cela découle d’une idéologie selon laquelle le citoyen lambda veut que le pouvoir politique fasse preuve de fermeté et d’inhumanité ; et du coup : il faut le faire ! C’est électoralement rentable. Or, je ne suis pas sûre que le citoyen, bien informé, veuille réellement ça. Si on ne donnait pas aux gens une information aussi appauvrie, ils pourraient davantage y voir clair. Il n’est pas difficile d’expliquer la situation afghane, celles des femmes, des enfants, et une majorité de Belges peut comprendre qu’on n’expulse pas vers un pays en guerre. On n’expulse pas vers la Somalie et nous ne sommes pas envahis de Somaliens !

Photos : ©Isabelle Marchal

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Tom Lanoye : «La belgitude, ce n’est pas stupide»


BÉATRICE DELVAUX
Mis en ligne jeudi 24 octobre 2013, 7h55| mis à jour à 11:51

Tom Lanoye sort «Tombé du ciel», son troisième roman traduit. Il jouera «Sprakeloos» en français à Bruxelles, Namur, Nivelles et à Tournai.

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Tom Lanoye nous reçoit dans son bureau, au troisième étage de sa belle demeure, au cœur du quarter des diamantaires anversois. «  C’est le siège de la Lanoye SA désormais  », nous dit-il en riant. Il est vrai que l’écrivain, metteur en scène, dramaturge et comédien a une activité débordante, belge et étrangère.

Alors que son dernier livre Gelukkige Slaven est sorti en néerlandais en octobre, c’est le monde francophone qu’il va envahir. Il va jouer Sprakeloos, la pièce tirée de son roman La langue de ma mère, en français en novembre à Bruxelles, Namur, Nivelles et Tournai. Il sort Tombé du ciel, sa pièce Mamma Medea sera reprise au National en janvier et le comédien Christian Labeau jouera Coming Out un « collage » de trois romans dans une mise en scène du traducteur de Tom, Alain van Crugten, à la Samaritaine dès le 5 novembre. Le tout alors qu’un film se prépare sur La langue de ma mère et qu’il écrit Hamlet vs Hamlet pour son complice Guy Cassiers, joué au Kaaitheatre en mai 2014.

Important d’être reconnu côté francophone ? Très. On est au troisième tirage en français de La Langue de ma mère. Je reçois maintenant des e-mails et des lettres de fans de Wallonie et Bruxelles, je suis beaucoup demandé pour des rencontres dans les librairies. C’est quand même très symbolique. Cela a pris tant de temps pour moi et beaucoup d’autres Flamands, avant que nous soyons traduits en français. Comme « entrepreneur », je peux prouver que dans mon secteur, il est très difficile pour un libraire de part et d’autre du pays, de simplement commander un livre. La séparation dans la distribution des livres est encore plus forte que pour les pièces de théâtre.

Il y a deux démocraties culturelles en Belgique ?

C’est une très grande question, qui implique les livres, la télévision, le cinéma, le théâtre. Je suis très influencé par les deux années formidables qui viennent de s’écouler pour moi, en immersion dans la francophonie, y compris à Kinshasa. Je peux dire qu’il y a une lente coopération croissante entre la Communauté française et la Flandre et une scission de plus en plus marquante entre les Pays-Bas et la Flandre.

Parler de belgitude, c’est stupide ?

Pas du tout. Je voudrais organiser un débat avec les ministres de la Culture, Laanan et Schauvliege, pour rêver à ce qu’on peut faire ensemble. Cela veut dire des échanges, et ce n’est pas si difficile. On a le TAZ à Ostende. Du point de vue commercial, il y a beaucoup de francophones à la mer, pourquoi ne pas créer un petit fonds qui surtitre chaque représentation et faire venir les trois ou cinq meilleures pièces francophones ? L’inverse est vrai aussi. Imaginez un duo avec Poelvoorde et Josse De Pauw ! Dans le temps, il existait, m’a-t-on dit, un prix littéraire à la belge – « la circonscription fédérale pour la littérature ». On envoyait des romans dans les trois langues et le prix, c’était d’être traduit. Pourquoi ne pas s’associer pour faire des feuilletons ? Si la Suède et le Danemark savent faire ensemble « The Bridge »  pourquoi pas nous ? Comme ce fut le cas pour « Rundskop ». Je suis très content qu’après 30 ans de bagarres, on a finalement signé cet accord de coopération culturelle entre Flamands et francophones. Mais travailler ensemble à Cannes ou à Avignon, cela ne peut pas être le terminus de l’omnibus ? Qu’est-ce qu’on va faire, ici ? Il ne s’agit pas de créer une Belgique, mais de retrouver quelque chose qui est très proche de nous, et très spécial. C’est ce que me disent mes lecteurs bruxellois et wallons : « Vous lire, c’est autre chose que de lire un auteur néerlandais. » C’est spécial, car c’est à la fois connu et étranger. Et c’est si proche pour moi. J’aime beaucoup Groningen dans le nord des Pays-Bas, mais c’est plus facile d’aller lire à Namur !

Les Diables rouges jouent un rôle aussi ?

J’en ai marre de tous les flamingants qui disent : « Ce n’est que du sport, et cela ne veut rien dire. » Les politologues disent aussi qu’il y a des gens qui sont pour les Diables rouges, mais votent N-VA. C’est vrai mais l’inverse est vrai aussi : il y a beaucoup de gens qui votent pour un parti qui veut la disparition de la Belgique mais eux, n’en veulent pas. La schizophrénie, ça marche dans les deux sens. Je suis fâché sur les journalistes qui n’osent pas demander aux flamingants : « Si le programme de votre parti se réalise, cela voudrait dire qu’on n’aura plus de Diables rouges ? » Les gens veulent-ils cela ? Je ne peux pas m’imaginer, quand je vois tant de grands sponsors et de marques qui veulent s’associer avec les Diables, que cela ne veut rien dire, même sur le plan politique. Les Diables, Stromae, c’est à la fois du théâtre et de la politique, comme en toute chose. On voit une nouvelle Belgique bien plus mélangée qu’avec des langues, et cela révèle la faiblesse de l’Etat-nation qui veut qu’on soit homogène en tout. Le nationalisme peut dérailler et cela devient alors du fascisme.

Et Stromae ?

Cela a du swing, c’est la chose la plus « hype » après l’Atomium et Tintin. C’est un peu Obama et Tintin en même temps. Di Rupo, c’est un peu cela aussi.

Peumans dit qu’il ne parle pas le bon néerlandais ?

Incroyable ! Mais quand donc les Flamands seront-ils contents ? Quand les efforts sont faits ! Cela illustre la vieille thèse : « Les esclaves libérés sont des maîtres terribles. » Mais plus que les Diables rouges ou Stromae, le grand problème des flamingants, c’est que les Flamands ont de plus en plus de respect pour les efforts d’Elio Di Rupo et croient dans son système belge.

On dit que vos critiques sont contre-productives, et qu’elles renforcent Bart De Wever ?

On a aussi dit cela lorsque je parlais de Leterme, du Vlaams Belang ou du mariage gay. C’est la voix d’un certain conservatisme qui ne veut pas que les choses soient dites. C’est le rôle de l’artiste et de l’écrivain de dire les choses différentes, dans des moments où tout le monde est en adoration. Et après quelques mois, on voit que j’ai eu raison. Bon, cela me coûte des lecteurs.

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