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Archives Mensuelles: août 2016
Burkinis : Estrosi menace les internautes qui montrent les policiers en action
Burkinis : Estrosi menace les internautes qui montrent les policiers en action
Christian Estrosi a fait savoir que la ville de Nice porterait plainte contre les internautes qui, pour dénoncer cette politique intolérante, diffusent des photos de policiers qui verbalisent des femmes en burkini.
Comme si interdire pénalement aux femmes de s’habiller comme elles le veulent pour aller dans la mer n’était pas suffisamment absurde voire choquant en soi, voilà que Christian Estrosi en remet une couche. Le vrai-faux maire de Nice, qui n’est officiellement qu’adjoint du vrai maire (pour éviter de tomber sous le coup des cumuls de mandat), a fait publier un communiqué de presse par la mairie de Nice, pour annoncer qu’il porterait plainte contre ceux qui diffuseraient des photos de policiers municipaux qui verbalisent les femmes coupables d’exercer ce qu’elles croyaient être leur liberté de s’habiller de la tête aux pieds sur les plages.
« Des photos montrant des policiers municipaux de Nice dans l’exercice de leurs fonctions circulent depuis ce matin sur les réseaux sociaux et suscitent des propos diffamatoires et des menaces à l’encontre de ces agents », assure le communiqué. Il évoque implicitement les clichés diffusés mardi par le Daily Mail, qui font désormais le tour du monde et donnent de la France l’image exécrable qu’elle est peut-être effectivement en train de mériter.
Poursuivre ceux qui diffusent les photographies de nos policiers municipaux
On y voit quatre policiers qui obligent une femme allongée sur la plage de Nice à retirer sa tunique et donc à laisser apparaître un corps qu’elle préférait dissimuler, pour des raisons qu’elle seule peut affirmer.
« Je dénonce ce qui apparaît comme une manipulation qui dénigre la police municipale, et met en danger ses agents », dénonce Christian Estrosi, qui prévient : « D’ores et déjà, des plaintes ont été déposées pour poursuivre ceux qui diffusent les photographies de nos policiers municipaux ainsi que ceux qui profèrent à leur encontre des menaces sur les réseaux sociaux ».
« La Ville de Nice se tiendra au côté de ses agents pour assurer leur protection en déposant notamment un article 40 auprès du Procureur de la République », c’est-à-dire un signalement d’infraction pénale.
Interrogée par Numerama, la mairie de Nice n’était pas en mesure ce mercredi après-midi de nous préciser les bases légales d’une telle plainte, les policiers ne bénéficiant pas de protection particulière qui interdirait par principe de prendre en photos ou en vidéo leurs actions dans l’espace public, ou de les diffuser.
Depuis l’arrêté anti-burkinis pris le 18 août, 24 verbalisations ont été effectuées sur le territoire de la ville de Nice.
On peut toutefois noter que toutes les vidéos ou photos prises ne sont pas en défaveur des policiers. Ainsi par exemple, celle-ci montre un agent désabusé, qui tente tant bien que mal de justifier un arrêté dont il semble ne pas partager les objectifs :
On ne saurait en tout cas que trop conseiller à Christian Estrosi et ses équipes de lire l’interview du journaliste David Thomson sur Franceinfo, qui démonte tout le socle idéologique prétendu derrière l’interdiction des burkinis, et explique que cette intolérance institutionnalisée aura des conséquences néfastes à long terme :
Pour eux, c’est du pain bénit. Le récit jihadiste martèle depuis des années qu’il serait impossible pour un musulman de vivre sa religion dignement en France. Alors évidemment, dès leur diffusion, ces photos sont passées en quelques minutes à peine en tête des sujets les plus discutés dans la « jihadosphère », où la tonalité générale était : « La France humilie une pauvre musulmane. »
(…)
Pour celles qui le portent, ce vêtement de bain est paradoxalement vécu comme un compromis entre leur conservatisme religieux et la société occidentale moderne.
Ce compromis est intolérable chez les salafistes et les jihadistes. Dans ces milieux, les femmes ne vont tout simplement pas à la plage ou alors dans des conditions beaucoup plus strictes et sûrement pas en burkini, entourées d’autres femmes en bikini. Le burkini est jugé non conforme à leur interprétation du Coran et de la sunna [la loi divine].
En revanche, son interdiction génère des crispations très fortes dans une grande partie de la communauté musulmane, et en donnant corps à la propagande jihadiste, il n’est pas impossible que cette polémique génère une fracture, un dégoût de la France chez certains musulmans, au-delà même des cercles salafistes ou jihadistes.
Mais l’on imagine qu’il est plus simple et plus électoraliste d’annoncer porter plainte contre ceux qui dénoncent une telle folie, que d’avoir la sagesse de réfléchir au sens profond de ses actions et de leurs implications.
Toots Thielemans – « Hard To Say Goodbye »
Merci d’envoyer cette lettre à Monsieur Didier Reynders : Ali Aarrass a besoin de protection ! Maintenant !
Monsieur le Ministre, Monsieur Reynders,
Vous n’êtes pas sans savoir que notre concitoyen, Ali Aarrass, est emprisonné injustement à la prison de Salé II au Maroc depuis de trop nombreuses années.
Alors qu’il y subit régulièrement tortures et maltraitances diverses, ses conditions de détention semblent s’être dégradées de manière inquiètante depuis l’arrivée du nouveau directeur du centre pénitentiaire il y a quelques mois.
Pas plus tard que ce lundi 8 août, il a subi une terrible agression physique à la suite de laquelle son dos et ses membres ont été profondément meurtris. Cette agression a été menée par un autre détenu et a probablement été orchestrée par des membres du personnel de la prison.
Ali Aarrass est en effet soupçonné d’être à l’origine de plusieurs vidéos dénonçant les conditions déplorables de détention à Salé II, chose qu’il nie.
Ce matin, il a été invité à se présenter devant le Procureur général à la suite de cette agression. Alors qu’il a demandé à ce que le procureur ait accès aux vidéos de surveillance ayant filmé la scène de l’agression, sa requête n’a pas été prise en compte.
Les enregistrements permettraient pourtant de visionner la scène et d’identifier les témoins qui pourraient alors attester de ce qu’ils ont vu. Il a également demandé à ce que le rapport médical attestant des lésions soit joint à son PV.
Une fois encore, sa requête est restée lettre morte. Ali Aarrass n’a plus de répit. Il n’a aucune confiance en les agents pénitentiaires et ne se sent plus en sécurité parmi ses co-détenus. Nombreux parmi eux souffrent de toxicomanie et sont de ce fait facilement manipulables par des membres du personnel de la prison qui chercheraient, pour l’une ou l’autre raison, à se venger de lui. Il craint très clairement pour son intégrité physique et même pour sa vie.
La pression sur sa personne n’a jamais été aussi forte qu’aujourd’hui.
C’est pourquoi, je vous demande, Monsieur le Ministre, d’intervenir incessament sous peu pour assurer une protection digne de ce nom à votre concitoyen, plus en danger que jamais. S’il devait lui arriver malheur, votre responsabilité serait directement engagée.
Cette lettre est un appel à votre bonne foi et l’occasion pour vous de démontrer votre engagement sincère en faveur des droits humains.
En espérant que vous entendrez le cri de désespoir de votre concitoyen, Ali Aarrass, je vous prie de croire, Monsieur le Ministre, en mes salutations distinguées. »
Khadija Senhadji pour le Comité Free Ali
Merci de copier cette lettre et de l’envoyer en votre nom à
contact.reynders@diplobel.fed.be
Marc.Pecsteen@diplobel.fed.be