Syrie: aucune transition politique envisageable sans le départ d’Assad


Le président syrien a affirmé mardi 23 septembre que son pays soutenait tout « effort international » visant à lutter contre le terrorisme, après les frappes de la coalition, emmenée par les Etats-Unis, sur les positions de l’Etat islamique, dans le nord et l’est de la Syrie. Est-ce à dire que Bachar al-Assad serait devenu, de facto, le partenaire des Occidentaux et de leurs alliés dans la lutte contre les djihadistes ? Autrement dit, est-il en passe d’être réhabilité par la communauté internationale ? Ce serait là une erreur immense selon Ziad Majed, Professeur des études du Moyen-Orient à l’Université américaine de Paris, et auteur de « Syrie, la révolution orpheline » : aucune issue à la guerre civile qui déchire la Syrie depuis trois ans, causant plus de 200 000 morts, ne pourra être trouvée tant qu’Assad sera au pouvoir.

Le départ de la famille Assad, au pouvoir depuis 1970, est devenu la clé pour l’opposition afin de rentrer dans un processus de réconciliation et de transition, explique Ziad Majed. (Photo : Shutterstock)

 

JOL Press : Assad est-il, de facto, en passe d’assurer sa propre réhabilitation en devenant un « partenaire » des Occidentaux contre l’Etat islamique (EI) ; ou bien est-il, comme certains l’affirment, la véritable cible de la coalition internationale, qui prendrait prétexte de l’EI pour intervenir en Syrie ?

 

Ziad Majed : Assad ne peut pas devenir un partenaire dans cette lutte contre l’EI, et ce pour plusieurs raisons.

La première est politique. Il n’y a aucune logique, aucune légitimité qui justifieraient de s’allier avec quelqu’un qui a tué 200 000 Syriens – directement ou indirectement – afin de combattre un groupe qui en a tué plusieurs milliers. La barbarie d’Assad précède et excède celle de l’EI, et s’allier à une barbarie contre l’autre rendra impossible tout processus politique, ou toute solution en Syrie, Assad étant lui-même la source du « malheur » syrien qui a vu la montée de l’EI à partir de mai 2013.

La seconde est militaire. Les territoires que l’EI contrôle se trouvent loin des territoires contrôlés par Assad. Il n’y a donc aucune utilité militaire de s’allier au président syrien pour combattre l’EI.

Ni militairement d’un point de vue pragmatique, ni moralement, légalement ou politiquement, il n’y a une nécessité pour les Occidentaux de s’allier avec Assad ou de le réhabiliter temporairement pour combattre l’EI.

Par ailleurs, la coalition internationale est-elle un prétexte pour affaiblir davantage Assad ? Je pense que les Américains sont très hésitants et très ambigus à ce sujet.

Si jamais ils se contentent d’un bombardement aérien contre l’EI, sans inquiéter le régime de Damas ni renforcer l’opposition syrienne, on peut rester dans un statu quo pendant quelque temps, sans grands changements – si ce n’est la perte de membres de l’EI et la destruction de certaines de ses positions, ainsi que probablement de nombreuses victimes civiles vivant près des positions de l’EI.

Si, en revanche, l’Occident décide d’armer des groupes de l’opposition syrienne en les encourageant à progresser sur le terrain, à remplir le vide dans les régions où tombent les frappes contre l’EI, cela va alors renforcer une dynamique aussi bien militaire que politique en faveur de l’opposition. Dynamique qui, à long-terme, finira par affaiblir Assad.

Tout se joue donc au niveau de la qualité de l’appui que l’Occident va fournir à certains groupes de l’opposition syrienne.

JOL Press : Certains observateurs avancent que le président syrien et le groupe djihadiste auraient scellé une sorte d’alliance, au terme de laquelle le premier s’étend prioritairement dans les territoires déjà aux mains des rebelles syriens, territoires que le second prend soin ensuite de ne pas bombarder. Qu’il y ait une telle entente vous paraît-il crédible ?

 

Ziad Majed : Il y a une alliance objective, oui. Mais attention, ce n’est pas une alliance suite à un accord entre les deux camps.

Depuis la naissance de l’EI en Syrie et puis la prise de la région de Raqqa en mai 2013, le régime Assad n’a jamais attaqué les positions de l’EI. De mai 2013 jusqu’à juillet 2014, le régime Assad – qui, jusqu’aux bombardements occidentaux, avait la maîtrise totale des airs – n’a pas inquiété le groupe djihadiste. Au contraire. Il a parfois bombardé des groupes de l’Armée libre ou des factions islamistes de l’opposition qui combattaient l’EI, notamment dans les régions d’Alep et de Deir Ezzor.

Le régime profitait donc de l’affaiblissement de l’opposition par l’EI, qu’il épargnait de ses raids aériens pour lui permettre de monter encore plus en puissance.

Politiquement, le régime d’Assad se servait également de l’EI pour « vendre » à l’Occident l’idée selon laquelle les djihadistes seraient devenus la grande menace ; et qu’il vaut mieux s’allier à lui que de voir ces islamistes extrémistes le remplacer.

De son côté, l’EI n’a pris le contrôle que de territoires qui étaient libérés par l’opposition syrienne (Raqqa et Deir Ezzor et la région est de la province d’Alep) ; ses combattants n’ont jamais progressé en prenant des territoires contrôlés par Assad. Pour le groupe djihadiste, la priorité était d’avoir une main-mise sur les régions du nord et de l’est du pays – en raison du pétrole qui s’y trouve, et de la proximité de la frontière iraquienne -, il a donc évité d’ouvrir un front avec Damas – jusqu’à cet été, où il a pris l’aéroport de Tabaqa (au nord) qui était sous le contrôle du régime.

Il y a donc bien une alliance objective entre les deux. Chacun profite de l’existence de l’autre pour se « légitimiser » quant à la lutte contre le terrorisme pour Damas ; au djihad et à l’attraction de djihadistes pour l’EI.

JOL Press : Quelle est aujourd’hui la stratégie d’Assad ?

 

Ziad Majed : Assad, dès le début de la révolution en 2011, se transformant en une lutte armée en 2012, est dans une logique de survie : maintenir son pouvoir à Damas.

Pour ce faire, il veut se montrer à la fois indispensable à l’Occident en brandissant la menace islamiste contre son régime, tout en flirtant avec certains milieux de gauche occidentaux comme arabes, ainsi que des nationalistes arabes, en parlant d’un complot impérialiste fomenté contre son régime.

Pour arriver à ses fins, Assad a également joué la carte des minorités, en prétendant que celles-ci se trouveraient en danger si le régime est menacé.

Il n’a pas hésité non plus à user de toutes formes de violences, physiques comme symboliques et médiatiques, contre l’opposition syrienne et la population civile, tuant ou causant la mort de 200 000 personnes, faisant 9 millions de réfugiés (dont 3 millions sont déjà à l’extérieur de la Syrie) et 200 000 détenus – dont des milliers sont déjà morts sous la torture.

Enfin, sur le plan diplomatique, Assad cherche à profiter des alliances avec l’Iran et la Russie, mais aussi des contradictions entre certains acteurs régionaux, ainsi que de l’hésitation de Washington et des Européens (qui se demandent encore quelle pourrait être l’alternative à Assad) pour maintenir son pouvoir.

JOL Press : L’avenir d’Assad ne dépend-il pas, plus que jamais, de Moscou et Téhéran ?

 

Ziad Majed : Certainement. En fin 2012, la situation militaire et politique montrait qu’Assad était extrêmement isolé et vulnérable. Il était en train de perdre une grande partie du territoire qu’il contrôlait ; Damas même était menacée, plusieurs quartiers d’Alep et de Homs étaient tombés sous les mains de l’opposition. Ce n’est que grâce à l’appui militaire iranien, et à l’envoi de milliers de combattants du Hezbollah libanais et des milices irakiennes chiites, en plus du soutien diplomatique et stratégique de Moscou avec les vetos au sein du conseil de sécurité de l’ONU et les envois d’armes lourdes et de conseillers militaires, qu’il a pu surmonter les grandes difficultés et rééquilibrer la situation à partir de 2013.

Aujourd’hui, la majorité des forces de l’opposition syrienne est prête à accepter un compromis politique, selon lequel, par exemple, une partie de l’appareil étatique syrien actuel (certains technocrates, certaines administrations, certains officiers de l’armée, etc) pourrait faire partie d’une transition politique.

Ce qui ne peut pas être accepté, en revanche, c’est qu’Assad puisse participer à la transition ; pas après 200 000 morts et la destruction du pays. Le départ de la famille Assad, au pouvoir depuis 1970, est devenu la clé pour l’opposition afin de rentrer dans un processus de réconciliation et de transition.

De son côté, Assad lui-même ne souhaite aucun compromis, il veut maintenir son pouvoir absolu, et toute issue politique avec lui est donc impossible.

Pour que des négociations sérieuses s’ouvrent entre l’opposition, les Occidentaux, les acteurs régionaux (les Turcs et certaines capitales arabes), la Russie et l’Iran, il faut que Moscou et Téhéran soient prêts à sacrifier Assad et son entourage direct ; c’est le seul chemin qui semble mener à une solution politique.

On n’en est pas encore là. Mais, affaiblir davantage Assad – d’où l’importance d’armer l’opposition syrienne qui combat depuis très longtemps sur deux fronts, contre les djihadistes et contre le régime – pourrait être un moyen pour faire pression sur ses sponsors dans le sens d’une telle issue.

 

Propos recueillis par Coralie Muller pour JOL Press

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Ziad Majed est Professeur des études du Moyen-Orient à l’Université américaine de Paris, et auteur de « Syrie, la révolution orpheline » (Actes Sud, 2014).

source

Caravane « Liberté pour le peuple syrien « 


 

BOZAR

Ravensteinstraat 23 | Rue Ravenstein 23, 1000 Région de Bruxelles-Capitale
A l’initiative d’intellectuels et d’associations syro-européens, une caravane culturelle intitulée « Liberté pour le peuple syrien » est partie le 12 juillet de Paris pour un périple qui l’a conduite dans des villes en France, Italie, Autriche, Allemagne et Belgique aujourd’hui.Participent à cette caravane des artistes de toutes disciplines (plasticiens, acteurs, musiciens, cinéastes, écrivains, etc.).

Nous accueillerons la caravane à Bruxelles à BOZAR durant toute la journée du dimanche 28 septembre, à l’occasion du concert de DANIEL BARENBOIM en faveur de « Platform 4 Syrian Students » qui se tiendra à 15h.

Plus d’infos sur le concert :
http://www.bozar.be/activity.php?id=15263&lng=fr

Plus d’infos sur la caravane :
https://www.facebook.com/caravaneculturellesyrienne2014?ref=hl
http://caravanesyrienne.blog.lemonde.fr/

Alfred Cortot – Valses de Chopin (1934)


[youtube http://youtu.be/9ZCxO9lPMUs?]

Les mille doigts d’Alfred Cortot

LE MONDE | 13.12.2012 à 13h53 • Mis à jour le 14.12.2012 à 09h28 |Par Marie-Aude Roux

Alfred Cortot.
Alfred Cortot. | George Grantham Bain collection/Library of Congress

La sélection classique de la rédaction du Monde

Peut-on écouter Alfred Cortot (1877-1962) en sachant qu’il fut un dignitaire du régime de Vichy sous l’Occupation ? Le cinquantième anniversaire de la mort du pianiste est l’occasion de faire le point sur sa contribution positive à l’organisation de la vie musicale par son rôle d’expert entre 1940 et 1944 comme sur ses supposées positions antisémites, dont les témoignages restent contradictoires. Si Cortot n’en sort pas grandi, notamment à cause de ses tournées de concerts en Allemagne avec Wilhelm Furtwängler, le bilan est apparu assez contrasté après-guerre pour lui permettre de reprendre sa carrière dès 1946.

lire l’article ici

Les «Jihadwatchers», observateurs du djihad en ligne


Journalistes, chercheurs, blogueurs ou anonymes, ils suivent l’actualité des groupes djihadistes de très près grâce aux réseaux sociaux. Un travail qui, dans certains cas, complète utilement les sources sur le terrain.

Ils le font par intérêt –«C’est un hobby», dit l’un d’eux– ou pour le boulot. Ils sont journalistes, chercheurs, blogueurs ou anonymes. Tous suivent l’actualité des groupes djihadistes de très près. Avec la guerre en Syrie, le djihad est revenu sur le devant de la scène médiatique, propulsé sous les projecteurs et dans les timelines Twitter par une communication tous azimut des groupes terroristes.

Lorsque la communication passait essentiellement par les forums, il y a encore quelques années, rares étaient ceux qui pouvaient suivre les organisations sur Internet. La plupart des forums était en arabe, et certains fermés aux visiteurs. Le Search for International Terrorist Entities Institute (SITE Institute, depuis devenu SITE Intelligence Group), une entreprise américaine, était bien souvent le point de contact entre les canaux de diffusion et les observateurs: journalistes, chercheurs, membres de services de renseignement… Plus aujourd’hui, ou très rarement –la vidéo de l’assassinat du journaliste israélo-américain Steven Sotloff a d’abord été repérée par SITE, une exception.

«C’est la première fois depuis des mois qu’ils ne sont pas dans les choux», remarque David Thomson, journaliste à RFI, auteur du livre Les Français jihadistes et fin connaisseur de la mouvance syro-irakienne. Pour lui, le quasi-monopole de SITE s’est effrité quand la communication des jihadistes s’est redirigé vers les réseaux sociaux:«Avant, avec les forums, l’accès était plus complexe, plus lent.»

L’utilisation des réseaux sociaux par les djihadistes a bouleversé cet écosystème en vase clos. Après quelques recherches, tout le monde ou presque peut aujourd’hui suivre les grandes lignes de l’actualité djihadiste à partir de sources ouvertes.

«Matériau historique»

Sur Twitter, Gilles N. se nomme Vegeta Moustache. Jusqu’à récemment, il n’avait renseigné ni son prénom ni l’initiale de son patronyme, simplement son pseudo, «choisi au hasard». Il a une trentaine d’année, vit en France et ne veut pas donner davantage de détails sur son identité. Sur son compte Twitter défilent les communiqués du front Al-Nosra (la branche d’al-Qaida en Syrie), des photos de groupes jihadistes libyens ou des comptes Twitter d’organisations.

«A partir de 2010, j’ai eu la possibilité de passer du temps chez moi. Avant ça, j’étais contre les réseaux sociaux», raconte-t-il. Il dit avoir découvert avec une certaine fascination «les pages radicales de tous bords (extrême gauche, extrême droite)» avant de finalement se consacrer aux groupes djihadistes. Interrogé sur la raison de son choix, il se dit «intrigué par ces gens qui obéissent en 2014 à un texte aussi ancien». Il y a une dizaine de jours, il rappelait son statut d’«observateur qui se prête parfois à quelques analyses [dont le] seul but est d’informer». Ses tweets sont factuels, précis, nourris de ce qu’il trouve sur Twitter ou sur des forums.

C’est aussi à partir du moment où il a eu du temps libre que Pieter Van Ostaeyen a lancéun blog sur le sujet. Dessus et sur Twitter, ce Belge de 37 ans informe principalement sur la Syrie et Jabhat al Nosra. Dans le civil, il travaille dans une entreprise de transport comme analyste d’affaires.

Sa démarche était surtout militante au début. Après un séjour en Syrie en 2008, il devient«médiactiviste» au début de la révolution pour soutenir la rébellion contre Assad. «La révolution a été confisquée par Jabhat puis ISIS. Je voulais les poursuivre sur Twitter»,explique-t-il. Il contribue désormais au site d’enquête en ligne BellingCat, lancé par «le nerd de la guerre» Eliot Higgins, blogueur-enquêteur de référence sur la Syrie.

A partir de ses recherches en ligne, Pieter Van Ostaeyen a constitué une base de donnéesdes combattants belges dans les rangs djihadistes en Syrie et en Irak, que les autorités belges utilisent pour mettre à jour leur propre chiffre. Il n’a pas publié la base in extenso, car elle contient trop de détails personnels. Pour lui, la propagande diffusée par les djihadistes est un «matériau historique» qu’il faut conserver, archiver, ce qu’il fait en partie sur son blog.

Le chercheur Aaron Zelin constitue lui aussi une base des communiqués des organisations jihadistes, y compris en arabe. Jihadology, son blog, recense articles, déclarations et vidéos.

Multiplication des faux comptes

La plupart de ces observateurs ont aussi des contacts sur le terrain. Romain Caillet, chercheur et consultant spécialiste de l’État islamique, installé au Liban, souligne que suivre l’actualité djihadiste nécessite «une bonne connaissance des endroits où ils sont sur Internet et des contacts dans le milieu». Dans le cadre de ses recherches, il a interviewé plusieurs figures salafistes libanaises, a des relations avec des combattants jihadistes. «Ils cherchent la médiatisation, se soucient de leur image», rappelle-t-il. Wassim Nasr, journaliste à France24 et spécialiste des groupes djihadistes en Syrie, Irak, Libye et au Yémen, dispose lui aussi de «contacts de premières main à différents niveaux» au sein des organisations, indispensables pour confirmer les informations qu’il trouve sur les réseaux. Mais il doit constamment renouveler ses sources sur le terrain:

«Les gens meurent, arrivent, repartent. Les simples soldats parlent beaucoup mais ils ne sont pas toujours très fiables ou tout simplement pas informés.»

David Thomson a aussi pu développer des contacts sur le terrain après avoir suivi pendant des mois Ansar al-Sharia en Tunisie, où il était correspondant. Beaucoup ont désormais gagné la Syrie et l’Irak. Lorsque l’un d’eux, artisan de l’organe de propagande de l’État islamique, est mort, un montage photo a tourné sur les réseaux montrant le «martyr» avec David Thomson, pendant son tournage en Tunisie.


«Il faut du temps pour savoir à qui poser les questions, pour comprendre qui est qui»,ajoute Wassim Nasr, qui se consacre à ce sujet depuis plusieurs années. Quand la numéro deux de l’ONU en Irak évoque une fatwa sur l’excision des femmes, il comprend très vite qu’elle se trompe, qu’elle se fonde sur un faux communiqué. De même quand les autorités yéménites, reprises par CNN, annoncent la mort d’un haut responsable d’al-Qaida, tué par une frappe de drone, il obtient des informations contraires de ses contacts sur le terrain. Une version plus prudente sera ensuite publiée par la chaîne américaine.

Ces relations au sein des organisations djihadistes deviennent de plus en plus précieuses car, sur les réseaux sociaux, les faux comptes font florès. «Certains États créent des faux comptes pour diffuser de la contre-propagande», indique Dominique Thomas, chercheur sur l’islam politique et le djihadisme. Les infiltrations des services sont de plus en plus fréquentes, comme jadis sur les forums, qui pourraient faire leur retour: «Ils n’ont jamais été complètement abandonnés et permettent d’authentifier plus fidèlement les messages», poursuit le chercheur. Le suivi des sources ouvertes, ce «jihadwatching», serait alors plus ardu. Twitter et Facebook commencent de leur côté à faire la chasse aux comptes terroristes. Un matin, la semaine dernière, Pieter Van Ostaeyen a découvert qu’au moins trente comptes qu’il suivait avaient disparu.

L’Homme qui plantait des Arbres (Recit de Jean Giono)


Un enchantement !   (France, 1987, 30’)
Le réalisateur Frédéric Back a mis en animation le texte écrit par Jean Giono en 1953 et livre l’une des plus simples et l’une des plus belles représentations de la beauté de la nature et de la bonté humaine. Dit par Philippe Noiret

…………..

Grâce à l’ Oscar® remporté par Crac!, Frédéric Back réalise son rêve de porter à l’écran le merveilleux récit L’homme qui plantait des arbres de Jean Giono. La portée environnementale du message et la richesse de la philosophie exprimée dans ce texte concentrent des préoccupations déjà abordées dans ses films précédents. La semence d’arbre que plante le berger est le symbole de toutes nos actions, bonnes ou mauvaises qui, à long terme, ont des conséquences que nous avons peine à imaginer. À nous de penser et d’agir en fonction de ce que nous espérons pour l’avenir, et de laisser si possible, un monde plus beau, plus prometteur qu’à notre arrivée.

[youtube http://youtu.be/8jQMJTMePSA?]

«Comment un Etat peut-il être à la fois juif et démocratique?»


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Né en Israël en 1956, Avi Mograbi tisse depuis longtemps une oeuvre originale de cinéaste. Sa «patte» personnelle –impertinente – est reconnaissable entre toutes. Il se met le plus souvent lui-même en scène dans des situations parfois loufoques, jamais gratuites, où l’humour au second degré suscite la réflexion.

Il nous revient avec son dernier film, intimiste, où s’expose une relation amicale d’une étonnante tonicité entre lui et son professeur d’arabe. Nous l’avons rencontré à l’occasion de son passage en Belgique motivé par la rétrospective que lui consacre le cinéma Nova, dans le centre de Bruxelles.

Vous charriez en Israël une réputation de franc-tireur facétieux, de gauchiste pince-sans rire, mais votre oeuvre exhale un parfum plutôt pessimiste. Pourtant, votre dernier film, Dans un jardin je suis entré, donne de votre amitié avec un professeur palestinien une impression très positive des possibles rapports harmonieux entre Juifs et Arabes…

Oui, et le film sort ici à un moment, après ce qui s’est passé à Gaza cet été, qui n’inspire vraiment pas à l’optimisme! Il a certes été tourné auparavant (en 2011, NDLR), mais je dirais que cet optimisme que vous observez serait plutôt comme une sorte d’échappatoire, car il ne résulte pas de la réalité, il serait même contraire à la réalité, comme dans un rêve, même si cette amitié entre Ali, mon professeur d’arabe, et moi est bien réelle. Réelle entre deux personnes précises, mais non confirmée à grande échelle à l’heure actuelle où l’on voit au contraire exposer au grand jour le racisme en Israël non seulement contre les Palestiniens mais aussi contre tous ceux qui se dressent contre les massacres.
La fille de 10 ans d’Ali, Yasmine, la formidable autre héroïne de mon film, est à moitié palestinienne par son père et à moitié juive par sa mère. Elle est brillante, pétillante, intelligente, fine, généreuse, on ne peut que tomber sous son charme ; elle incarne la solution au Proche-Orient, elle est forte des richesses des deux côtés! Et pourtant, elle le dit, tout le monde ne l’apprécie pas dans son école israélienne en hébreu, où elle souffre du racisme.

Peut-on dire de toute votre oeuvre qu’elle est purement politique?

Très politique! Mais ça veut dire quoi? Mes films n’ont pas le pouvoir d’intervenir dans la vie politique, de l’influencer, ça je l’ai compris depuis longtemps: je n’entre pas dans la vie politique, je cherche certes le changement mais ce ne sont pas mes films qui l’apporteront. Je dois reconnaître que la plupart du temps ceux qui aiment mes films y apprécient certes ma touche personnelle, mon langage cinématographique propre, poétique, différent, mais ils partagent aussi mes opinions politiques! Sauf rares exceptions…

Vos films sont-ils vus en Israël?

Oui, mais dans un circuit assez fermé, celui des cinémathèques et d’une chaîne câblée spécialisée dans les documentaires. Il n’y a qu’un seul de mes films qui est passé une fois sur une grande chaîne nationale à une heure de grande écoute, dans les années 1990. Je regrette cette situation car je fais d’abord des films à destination des Israéliens.

Vos positions politiques font-elles de vous un ennemi public pour de nombreux Israéliens, à l’image du journaliste du quotidien Haaretz Gideon Levy?

Non! Lui c’est le gars le plus détesté en Israël, il a pris sur lui la tâche de dire les choses qui dérangent le plus. J’ai travaillé naguère avec lui sur un long tournage, nous nous entendons très bien, même si je ne suis peut-être pas toujours sur la même longueur d’onde au niveau de la façon de faire passer un message, car il privilégie la provocation. Cela dit, la plupart des gens qui le détestent ne l’ont jamais lu! Je ne suis pas aussi célèbre que lui en Israël. Nous sommes dans le même camp mais lui, tout le monde le connaît et le reconnaît, moi je suis un obscur réalisateur qui n’a pas mis tout le monde en colère alors pourtant que je le mériterais!

Etes-vous étonné par ce niveau inouï de haine observée actuellement en Israël envers les Palestiniens et les «gauchistes» qui les défendent?

La haine n’est pas neuve. Je me suis récemment retrouvé à Paris avec deux vieux amis avec qui j’avais manifesté à Tel-Aviv en 1982 contre la guerre d’alors au Liban, et nous avions été rossés par des hooligans d’extrême droite à l’époque. Elle n’est pas neuve, donc, cette haine, mais il est vrai qu’elle atteint des sommets. En fait, le racisme, en Israël, ne peut constituer une surprise. Il fait partie du concept même d’«Etat juif», à savoir une nation supérieure aux autres, qui ne peut se permettre de perdre sa majorité démographique (c’est d’ailleurs la raison pour laquelle les territoires palestiniens occupés, sauf à Jérusalem-Est, n’ont jamais été annexés). Cet Etat est contre une partie de ses citoyens, ceux qui ne sont pas juifs.
Je me pose la question: ce à quoi on assiste actuellement, est-ce une montée du racisme jusqu’à un nouveau sommet ou juste un nouveau sommet dans l’expression même du racisme qui préexistait? Je n’ai pas la réponse. Mais c’est de toute façon choquant et insupportable. D’autant que cela provient des dominants qui se sentent toujours menacés par les plus faibles.

Pourquoi? En raison de l’histoire des Juifs, des persécutions, de la Shoah?

Tout est compliqué. La nature de l’Etat juif, comme il se voit, est d’être une île dans un océan d’hostilité arabe; avec la ferme volonté de rester juif et de tout mettre en oeuvre pour sécuriser cet Etat. Son destin est donc d’être isolé. Les gens intègrent la notion. Cela vient-il du ventre ou de l’éducation? Des deux sans doute. Israël a décidé de rester isolé pour le reste de son existence. Beaucoup d’Israéliens ne partagent pas mon avis, ils croient que nous voulons vraiment la paix… mais oublient de dire: seulement à nos conditions. Faire la paix avec les Palestiniens implique de résoudre notamment la question des frontières, des lieux saints et celle des réfugiés palestiniens. Non pas qu’il faille faire revenir six millions de réfugiés en Israël, mais il faut commencer par admettre la responsabilité – évidente! – d’Israël dans la création du problème des réfugiés, ce que nous refusons.

L’Israélien moyen comprend-il cette responsabilité? On lui apprend le contraire dès l’école…

Le récit historique israélien n’inclut pas les Palestiniens. Ni le peuple ni les individus. Pour la grande majorité des gens, c’est clair et net: les Arabes ont refusé le partage de la terre en 1948, et ils paient pour cela. Cela dit, je comprends bien par ailleurs les Juifs qui ont fui l’Europe pour venir en Israël, ce fut le cas de ma propre grand-mère maternelle, dont la famille venait de Pologne, s’était exilée en Allemagne, à Leipzig, où elle était apatride, et qui décida en 1933 après avoir été harcelée par les Jeunesses hitlériennes de partir vers le seul endroit où il y avait une possibilité d’émigrer: en Palestine.

L’Etat d’Israël se veut à la fois juif et démocratique, est-ce une aporie, une difficulté insurmontable?

Eh bien, je voudrais bien qu’on m’explique comment on peut être les deux à la fois! D’ailleurs, dans cet Etat, on trouve deux communautés, l’une, dominante, jouit de la Loi du retour (tout Juif dans le monde a le droit d’émigrer en Israël et de devenir israélien, NDLR), alors que l’autre – les «Arabes israéliens» – subit des discriminations dans moult domaines, construction, éducation, santé, etc.

Votre fils a fait de la prison en 2005 pour avoir refusé de servir sous les drapeaux…

Oui, nous avons trois générations de Mograbi qui ont connu des détentions pour motifs politiques… parfois différents! Mon père, venu de Syrie, faisait partie du groupe armé juif clandestin Irgoun et fut arrêté par les Britanniques et déporté pendant neuf mois en Erythrée dans les années 1940. Moi, j’ai fait quelques mois de prison en 1983 pour avoir refusé de servir ma période de réserve au Liban – j’ai participé à l’occasion à la création de «Yesh Gvul» («Il y a une limite»), une organisation dont je suis devenu porte-parole qui aide les soldats qui refusent de servir l’occupation. Enfin, donc, mon fils aîné a fait quatre mois de prison en 2005 pour la même raison.

Propos recueillis à Bruxelles par Baudouin Loos

Le Cinéma Nova consacre à Avi Mograbi une rétrospective jusqu’au 17 octobre (en présence du réalisateur jusqu’au 21 septembre). Son dernier film, Dans un jardin je suis entré, y sera diffusé du 24/9 au 19/10.

Le 17 septembre 2014.

source

Tous (?) contre Daesh, mais pour qui ?  


 

Les images des horreurs commises par Daesh en Irak et en Syrie ont ému le monde, notamment les images de décapitation des journalistes US et britannique. Des analystes pensent que les otages US et britanniques ont été enlevés et gardés pour être ainsi exécutés au « bon » moment pour servir la propagande de cette organisation terroriste. L’on peut s’étonner tout de même que Daesh n’ait pas pensé à garder des otages français pour en faire de même, alors qu’il doit savoir que la France est un allié principal des US et de la Grande Bretagne et que la France n’a jamais été un pays neutre dans le combat contre des groupes terroristes « islamistes ».

 

Nos politiciens, nos médias et nos intellectuels nous mettent en garde contre le danger de cette organisation et de ses possibles attentats en Europe. Curieusement ils n’ont pas l’air de s’inquiéter des promesses d’attentats proférées dès 2011 par le régime syrien (écouter le grand mufti syrien : http://www.mediarabe.info/spip.php?article2051) en affirmant l’existence des réseaux dormants en Europe sous ordres de ce régime.

 

Le monde civilisé s’est donc mobilisé pour combattre enfin cette organisation terroriste après l’avoir laissée se développer pendant des mois, voire des années. Et cette mobilisation fut concrétisée par une nouvelle coalition internationale dont les représentants se sont réunis à Paris ce lundi 15 septembre.

 

Parmi les pays du Moyen Orient, on note la présence des trois pays arabes qui forment le nouvel axe arabe de lutte pour la « paix » et contre le « terrorisme », à savoir l’Arabie saoudite, les Emirats et l’Egypte, qui, surtout l’Egypte, souhaitent que le combat contre le « terrorisme » ne se limite pas à Daesh, mais qu’il soit étendu à d’autres groupes qu’ils avaient déjà déclaré comme « terroristes ».  Il manque cependant l’Etat d’Israël pour compléter cet axe et pour se débarrasser de tous les « terrorismes » dans le Proche Orient une fois pour toutes.

 

Les deux autres absents de la réunion de Paris étaient l’Iran et la Syrie. Bien sûr la présence du régime sanguinaire syrien (alias le régime du Veau syrien) avec ses massacres quotidiens contre la population civile syrienne est inimaginable. En revanche, il semble que l’Iran « chiite » fut exclue de la réunion de Paris essentiellement à la demande des émirs du pétrole « sunnites », qui misent sur l’aspect sectaire de la question ! Mais il ne faut pas avoir trop d’inquiétude sur le rôle essentiel dévolu à l’Iran dans la région.

 

On sait déjà que sans l’accord du régime iranien, al-Maliki, l’ex premier ministre irakien, n’aurait pas quitté le pouvoir (du moins sur le papier) et que le nouveau gouvernement de « coalition nationale » n’aurait pas vu le jour (al-Maliki y figure comme Vice-Président de la République). Ce « départ » d’al-Maliki était la condition posée par les Occidentaux et les émirs arabes pour que les US frappent Daesh et que les Français arment les Kurdes. L’Iran a donc donné son feu vert et il continue tirer les ficelles en Irak. D’ailleurs le ministre irakien des affaires étrangères a exprimé ses regrets pour son absence à Paris (http://www.romandie.com/news/Conference-de-Paris-lIrak-regrette-labsence-de-lIran/517742.rom). Quant à la Syrie, on apprend qu’un envoyé du nouveau premier ministre irakien vient de rencontrer le dictateur syrien pour parler de la coopération contre le « terrorisme » (http://www.sana.sy/fr/?p=11064). Et n’oublions pas la présence de l’incontournable Lavrov qui porte souvent la casquette du ministre des affaires étrangères du régime syrien.

 

Les Occidentaux savent bien que cette coalition n’a aucune chance de faire quoi que ce soit (à long terme) sans la coopération active du régime du Veau syrien et du Wali al-Faqih iranien. L’expérience montre que le régime syrien a posé beaucoup de problèmes aux forces US et leurs alliés après leur invasion de l’Irak en 2003, en ouvrant largement ses frontières avec l’Irak devant des jeunes souhaitant combattre contre les envahisseurs. Des jeunes sincères mais « naïfs » qu’il infiltrait et qu’il utilisait comme moyen d’exercer une pression sur les US. Aussi, n’oublions pas les forces iraniennes ou les milices « chiites » pro-iraniennes déjà en action en Irak. Donc rien ne peut se faire sans entente avec ces deux régimes, surtout tant que le régime du Veau reste au pouvoir en Syrie.

 

Les Occidentaux comptent beaucoup sur les Kurdes, au point que le PKK « terroriste » qui se bat avec les Peshmerga risque de devenir un partenaire fréquentable (ce qui permet d’embêter davantage Erdogan et l’AKP en Turquie), mais cela ne suffit pas pour stabiliser la région. Les Peshmerga accusent déjà des milices « chiites » de tuer des villageois arabes sunnites en Irak ces derniers jours, et des rapports en provenance d’al-Hassakeh en Syrie parlent de massacre commis par les milices de PYD (le PKK syrien) contre des villageois syriens sous prétexte qu’ils ont reçu Daesh. Bref, tout ça promet un chaos incontrôlable.

 

C’est vrai que les Occidentaux et leurs alliés arabes se prononcent contre Daesh et contre Assad et pour l’ « opposition » démocratique en Syrie. Notre célèbre BHL vient d’ailleurs de le confirmer ce lundi 15 septembre, où il déclare dans une interview sur i-Télé que Daesh est « le fruit de Bachar al-Assad » et qu’il faut en finir avec ces deux « monstres » en soutenant les « forces démocratiques » en Syrie (http://www.itele.fr/chroniques/invite-politique-ferrari-tirs-croises/bhl-letat-islamique-est-le-fruit-de-bachar-al-assad-93541).

 

Mais pour mieux comprendre ce que signifie « forces démocratiques » pour BHL, on n’a qu’à l’écouter dans un entretien édifiant qui s’est déroulé à l’université de Tel Aviv le 2 juin 2011, où il nous éclaire sur la morale et la realpolitik (https://www.youtube.com/watch?v=n_w7Hwh9ko0).

 

La seule possibilité pour combattre Daesh et la dictature sanguinaire syrienne est d’aider sérieusement la Résistance syrienne patriote (même celle majoritairement à tendance islamique). Mais ça, ni les émirs arabes ni les Occidentaux (sans oublier de l’unique démocratie au Proche Orient) n’en veulent pas et ils ne cessent de le démontrer depuis plus de trois ans. En revanche ils veulent bien des peuples « pacifiés » qui ne contestent pas la « sagesse » de leurs émirs ou présidents en chantant leur gloire, qui ne rêvent que des « lumières » de la « civilisation » occidentale, et surtout qui accepteraient le moment venu de fumer le calumet de « paix » avec le Veau d’Or israélien dans son éternelle capitale à « Jérusalem ».

source : Iyad par courriel

 

 

 

Naufrage en Méditerranée: Les passeurs ont bien embouti le bateau


ENQUÊTE – «Ils ont attendu pour être sûrs qu’il coule complètement avant de partir. Ils riaient», a raconté un survivant à l’Organisation internationale pour les migrations…

De nouveaux témoignages sur le naufrage le 10 septembre en Méditerranée d’un bateau transportant des centaines de migrants, sans doute le pire de ces dernières années, ont confirmé mardi l’ampleur du bilan et l’horreur du scénario. Selon ces témoignages, recueillis par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) en Grèce et en Italie, il y avait 400 à 450 personnes de plus de 10 ans à bord -Syriens, Palestiniens, Egyptiens et Soudanais- et jusqu’à une centaine d’enfants.

Partis d’Egypte le 6 septembre dans l’espoir de gagner l’Italie, les migrants ont changé trois fois de bateau pendant la traversée et, quand ils ont refusé le 10 septembre de passer sur une embarcation qui leur semblait trop frêle, les passeurs ont embouti leur bateau. Ils étaient une dizaine, Palestiniens et Egyptiens, sur un bateau distinct. «Ils ont attendu pour être sûrs qu’il coule complètement avant de partir. Ils riaient», a raconté un survivant à l’OIM.

Aucune chance

Les 300 personnes qui se trouvaient sur le pont inférieur n’ont eu aucune chance. Et parmi les quelque 200 du pont supérieur, les secours n’ont retrouvé que 10 survivants et trois corps. Des enquêtes ont été ouvertes en Italie, en Grèce et à Malte, pour tenter principalement de retrouver les passeurs. Selon la marine maltaise, le drame s’est déroulé le 10 septembre à 300 milles nautiques (555 km) au sud-est de ses côtes, dans les eaux internationales.

Il n’a été connu que le lendemain, quand un porte-conteneur panaméen, qui transportait déjà 386 migrants secourus d’un autre bateau, a repéré deux Palestiniens dans l’eau et les a conduits en Sicile. Vendredi soir, un autre porte-conteneur a secouru neuf personnes, dont sept ont été transportées dans la nuit par hélicoptère vers le service hospitalier adéquat le plus proche, à La Canée en Crète.

L’une d’entre elles n’a pas survécu, et une fillette de deux ans restait encore mardi dans un état critique. Selon les garde-côtes grecs, les parents de la fillette l’avaient confiée à une jeune Syrienne qui avait un gilet de sauvetage. Cette Syrienne, ainsi que trois Palestiniens et un Egyptiens, ont pu quitter l’hôpital samedi dans la journée.

Près de 3.000 migrants morts ou disparus en mer cette année

Sous la pression des crises au Moyen-Orient et en Afrique, l’anarchie qui laisse le champ libre aux passeurs en Libye et la très relative sécurité instaurée par l’opération italienne «Mare Nostrum» ont provoqué une forte hausse des tentatives de traversées, et parallèlement des noyades.

Selon le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), 130.000 personnes sont arrivées en Europe -essentiellement en Italie- par la mer depuis le 1er janvier, soit déjà plus de deux fois plus que pendant toute l’année 2013. Avec ce naufrage et les dizaines de disparus dans le naufrage d’un autre bateau dimanche au large de la Libye, le nombre de migrants morts ou disparus en mer cette année approche les 3.000, soit déjà près de quatre fois le bilan de 2013, estimé à 700 morts, selon l’OIM.

Le commissaire européen aux Affaires intérieures, Cecilia Malmström, s’est dite «choquée» par les témoignages des survivants de cet «incident tragique». «Nous devons de toute urgence accroître nos efforts pour combattre les activités horribles des trafiquants responsables de la mort de centaines de femmes, d’hommes et d’enfants cherchant à franchir la mer en quête d’une vie meilleure», a-t-elle insisté dans un communiqué.

Il faudra aussi accompagner ces efforts «par une volonté des Etats membres (de l’UE) de créer plus de moyens légaux pour entrer en Europe, comme d’accepter plus de réfugiés», a-t-elle relevé. Carlotta Sami, porte-parole du HCR en Italie, a ainsi rappelé dans le journal La Stampa les titres de presse sur un «été noir» avec la guerre à Gaza, l’Ukraine, la Libye, la Syrie, l’Irak: «Je voudrais ajouter la Méditerranée, les victimes en mer sont un effet de ces mêmes crises.»

B.D. avec AFP

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