Tous (?) contre Daesh, mais pour qui ?  


 

Les images des horreurs commises par Daesh en Irak et en Syrie ont ému le monde, notamment les images de décapitation des journalistes US et britannique. Des analystes pensent que les otages US et britanniques ont été enlevés et gardés pour être ainsi exécutés au « bon » moment pour servir la propagande de cette organisation terroriste. L’on peut s’étonner tout de même que Daesh n’ait pas pensé à garder des otages français pour en faire de même, alors qu’il doit savoir que la France est un allié principal des US et de la Grande Bretagne et que la France n’a jamais été un pays neutre dans le combat contre des groupes terroristes « islamistes ».

 

Nos politiciens, nos médias et nos intellectuels nous mettent en garde contre le danger de cette organisation et de ses possibles attentats en Europe. Curieusement ils n’ont pas l’air de s’inquiéter des promesses d’attentats proférées dès 2011 par le régime syrien (écouter le grand mufti syrien : http://www.mediarabe.info/spip.php?article2051) en affirmant l’existence des réseaux dormants en Europe sous ordres de ce régime.

 

Le monde civilisé s’est donc mobilisé pour combattre enfin cette organisation terroriste après l’avoir laissée se développer pendant des mois, voire des années. Et cette mobilisation fut concrétisée par une nouvelle coalition internationale dont les représentants se sont réunis à Paris ce lundi 15 septembre.

 

Parmi les pays du Moyen Orient, on note la présence des trois pays arabes qui forment le nouvel axe arabe de lutte pour la « paix » et contre le « terrorisme », à savoir l’Arabie saoudite, les Emirats et l’Egypte, qui, surtout l’Egypte, souhaitent que le combat contre le « terrorisme » ne se limite pas à Daesh, mais qu’il soit étendu à d’autres groupes qu’ils avaient déjà déclaré comme « terroristes ».  Il manque cependant l’Etat d’Israël pour compléter cet axe et pour se débarrasser de tous les « terrorismes » dans le Proche Orient une fois pour toutes.

 

Les deux autres absents de la réunion de Paris étaient l’Iran et la Syrie. Bien sûr la présence du régime sanguinaire syrien (alias le régime du Veau syrien) avec ses massacres quotidiens contre la population civile syrienne est inimaginable. En revanche, il semble que l’Iran « chiite » fut exclue de la réunion de Paris essentiellement à la demande des émirs du pétrole « sunnites », qui misent sur l’aspect sectaire de la question ! Mais il ne faut pas avoir trop d’inquiétude sur le rôle essentiel dévolu à l’Iran dans la région.

 

On sait déjà que sans l’accord du régime iranien, al-Maliki, l’ex premier ministre irakien, n’aurait pas quitté le pouvoir (du moins sur le papier) et que le nouveau gouvernement de « coalition nationale » n’aurait pas vu le jour (al-Maliki y figure comme Vice-Président de la République). Ce « départ » d’al-Maliki était la condition posée par les Occidentaux et les émirs arabes pour que les US frappent Daesh et que les Français arment les Kurdes. L’Iran a donc donné son feu vert et il continue tirer les ficelles en Irak. D’ailleurs le ministre irakien des affaires étrangères a exprimé ses regrets pour son absence à Paris (http://www.romandie.com/news/Conference-de-Paris-lIrak-regrette-labsence-de-lIran/517742.rom). Quant à la Syrie, on apprend qu’un envoyé du nouveau premier ministre irakien vient de rencontrer le dictateur syrien pour parler de la coopération contre le « terrorisme » (http://www.sana.sy/fr/?p=11064). Et n’oublions pas la présence de l’incontournable Lavrov qui porte souvent la casquette du ministre des affaires étrangères du régime syrien.

 

Les Occidentaux savent bien que cette coalition n’a aucune chance de faire quoi que ce soit (à long terme) sans la coopération active du régime du Veau syrien et du Wali al-Faqih iranien. L’expérience montre que le régime syrien a posé beaucoup de problèmes aux forces US et leurs alliés après leur invasion de l’Irak en 2003, en ouvrant largement ses frontières avec l’Irak devant des jeunes souhaitant combattre contre les envahisseurs. Des jeunes sincères mais « naïfs » qu’il infiltrait et qu’il utilisait comme moyen d’exercer une pression sur les US. Aussi, n’oublions pas les forces iraniennes ou les milices « chiites » pro-iraniennes déjà en action en Irak. Donc rien ne peut se faire sans entente avec ces deux régimes, surtout tant que le régime du Veau reste au pouvoir en Syrie.

 

Les Occidentaux comptent beaucoup sur les Kurdes, au point que le PKK « terroriste » qui se bat avec les Peshmerga risque de devenir un partenaire fréquentable (ce qui permet d’embêter davantage Erdogan et l’AKP en Turquie), mais cela ne suffit pas pour stabiliser la région. Les Peshmerga accusent déjà des milices « chiites » de tuer des villageois arabes sunnites en Irak ces derniers jours, et des rapports en provenance d’al-Hassakeh en Syrie parlent de massacre commis par les milices de PYD (le PKK syrien) contre des villageois syriens sous prétexte qu’ils ont reçu Daesh. Bref, tout ça promet un chaos incontrôlable.

 

C’est vrai que les Occidentaux et leurs alliés arabes se prononcent contre Daesh et contre Assad et pour l’ « opposition » démocratique en Syrie. Notre célèbre BHL vient d’ailleurs de le confirmer ce lundi 15 septembre, où il déclare dans une interview sur i-Télé que Daesh est « le fruit de Bachar al-Assad » et qu’il faut en finir avec ces deux « monstres » en soutenant les « forces démocratiques » en Syrie (http://www.itele.fr/chroniques/invite-politique-ferrari-tirs-croises/bhl-letat-islamique-est-le-fruit-de-bachar-al-assad-93541).

 

Mais pour mieux comprendre ce que signifie « forces démocratiques » pour BHL, on n’a qu’à l’écouter dans un entretien édifiant qui s’est déroulé à l’université de Tel Aviv le 2 juin 2011, où il nous éclaire sur la morale et la realpolitik (https://www.youtube.com/watch?v=n_w7Hwh9ko0).

 

La seule possibilité pour combattre Daesh et la dictature sanguinaire syrienne est d’aider sérieusement la Résistance syrienne patriote (même celle majoritairement à tendance islamique). Mais ça, ni les émirs arabes ni les Occidentaux (sans oublier de l’unique démocratie au Proche Orient) n’en veulent pas et ils ne cessent de le démontrer depuis plus de trois ans. En revanche ils veulent bien des peuples « pacifiés » qui ne contestent pas la « sagesse » de leurs émirs ou présidents en chantant leur gloire, qui ne rêvent que des « lumières » de la « civilisation » occidentale, et surtout qui accepteraient le moment venu de fumer le calumet de « paix » avec le Veau d’Or israélien dans son éternelle capitale à « Jérusalem ».

source : Iyad par courriel

 

 

 

Naufrage en Méditerranée: Les passeurs ont bien embouti le bateau


ENQUÊTE – «Ils ont attendu pour être sûrs qu’il coule complètement avant de partir. Ils riaient», a raconté un survivant à l’Organisation internationale pour les migrations…

De nouveaux témoignages sur le naufrage le 10 septembre en Méditerranée d’un bateau transportant des centaines de migrants, sans doute le pire de ces dernières années, ont confirmé mardi l’ampleur du bilan et l’horreur du scénario. Selon ces témoignages, recueillis par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) en Grèce et en Italie, il y avait 400 à 450 personnes de plus de 10 ans à bord -Syriens, Palestiniens, Egyptiens et Soudanais- et jusqu’à une centaine d’enfants.

Partis d’Egypte le 6 septembre dans l’espoir de gagner l’Italie, les migrants ont changé trois fois de bateau pendant la traversée et, quand ils ont refusé le 10 septembre de passer sur une embarcation qui leur semblait trop frêle, les passeurs ont embouti leur bateau. Ils étaient une dizaine, Palestiniens et Egyptiens, sur un bateau distinct. «Ils ont attendu pour être sûrs qu’il coule complètement avant de partir. Ils riaient», a raconté un survivant à l’OIM.

Aucune chance

Les 300 personnes qui se trouvaient sur le pont inférieur n’ont eu aucune chance. Et parmi les quelque 200 du pont supérieur, les secours n’ont retrouvé que 10 survivants et trois corps. Des enquêtes ont été ouvertes en Italie, en Grèce et à Malte, pour tenter principalement de retrouver les passeurs. Selon la marine maltaise, le drame s’est déroulé le 10 septembre à 300 milles nautiques (555 km) au sud-est de ses côtes, dans les eaux internationales.

Il n’a été connu que le lendemain, quand un porte-conteneur panaméen, qui transportait déjà 386 migrants secourus d’un autre bateau, a repéré deux Palestiniens dans l’eau et les a conduits en Sicile. Vendredi soir, un autre porte-conteneur a secouru neuf personnes, dont sept ont été transportées dans la nuit par hélicoptère vers le service hospitalier adéquat le plus proche, à La Canée en Crète.

L’une d’entre elles n’a pas survécu, et une fillette de deux ans restait encore mardi dans un état critique. Selon les garde-côtes grecs, les parents de la fillette l’avaient confiée à une jeune Syrienne qui avait un gilet de sauvetage. Cette Syrienne, ainsi que trois Palestiniens et un Egyptiens, ont pu quitter l’hôpital samedi dans la journée.

Près de 3.000 migrants morts ou disparus en mer cette année

Sous la pression des crises au Moyen-Orient et en Afrique, l’anarchie qui laisse le champ libre aux passeurs en Libye et la très relative sécurité instaurée par l’opération italienne «Mare Nostrum» ont provoqué une forte hausse des tentatives de traversées, et parallèlement des noyades.

Selon le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), 130.000 personnes sont arrivées en Europe -essentiellement en Italie- par la mer depuis le 1er janvier, soit déjà plus de deux fois plus que pendant toute l’année 2013. Avec ce naufrage et les dizaines de disparus dans le naufrage d’un autre bateau dimanche au large de la Libye, le nombre de migrants morts ou disparus en mer cette année approche les 3.000, soit déjà près de quatre fois le bilan de 2013, estimé à 700 morts, selon l’OIM.

Le commissaire européen aux Affaires intérieures, Cecilia Malmström, s’est dite «choquée» par les témoignages des survivants de cet «incident tragique». «Nous devons de toute urgence accroître nos efforts pour combattre les activités horribles des trafiquants responsables de la mort de centaines de femmes, d’hommes et d’enfants cherchant à franchir la mer en quête d’une vie meilleure», a-t-elle insisté dans un communiqué.

Il faudra aussi accompagner ces efforts «par une volonté des Etats membres (de l’UE) de créer plus de moyens légaux pour entrer en Europe, comme d’accepter plus de réfugiés», a-t-elle relevé. Carlotta Sami, porte-parole du HCR en Italie, a ainsi rappelé dans le journal La Stampa les titres de presse sur un «été noir» avec la guerre à Gaza, l’Ukraine, la Libye, la Syrie, l’Irak: «Je voudrais ajouter la Méditerranée, les victimes en mer sont un effet de ces mêmes crises.»

B.D. avec AFP

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