« Carnets de Guantánamo », journal intime d’une victime de tortures


Le journal intime de Mohamedou Ould Slahi, un Mauritanien de 44 ans détenu depuis treize ans à Guantanamo Bay, va enfin être publié. Après de nombreux obstacles judiciaires, ses carnets racontent la barbarie des méthodes d’interrogation utilisées dans la prison.
  • 21 JANVIER 2015

Une maquette représentant une salle de la prison américaine de Guantanamo - AFP/Mohammed Huwais

Une maquette représentant une salle de la prison américaine de Guantanamo – AFP/Mohammed Huwais

Les Carnets de Guantánamo de Mohamedou Ould Slahi paraîtront cette semaine dans vingt pays, après six ans de modifications de la part des autorités américaines et de recours judiciaires, annonce The Guardian.L’auteur, un Mauritanien de 44 ans détenu dans la prison depuis treize ans, y raconte les tortures qu’il a subies. En France, le livre paraîtra, chez l’éditeur Michel Lafon, le 22 janvier.

Le Guardian, qui a publié plusieurs extraits, relate son parcours et explique qu’après avoir combattu l’armée soviétique aux côtés d’Al-Qaida en Afghanistan dans les années 1990 Slahi affirme s’être entièrement détourné de l’organisation terroriste. Mais « après le 11 septembre 2001, il a été arrêté [en Mauritanie] parce qu’il était soupçonné d’avoir été impliqué dans un attentat déjoué à l’aéroport de Los Angeles ».

Immergé dans l’eau glacée

Le journal explique que la justice américaine a abandonné les poursuites et ordonné sa libération parce qu’elle ne pouvait prouver que Slahi était membre d’Al-Qaida au moment de son arrestation. Néanmoins, Slahi est toujours incarcéré à Guantanamo Bay parce que le ministère de la Justice a fait appel. Aujourd’hui, son cas est à nouveau en cours d’étude par le tribunal.

A Guantánamo, il a notamment été privé de sommeil, a reçu des menaces de mort ; il a fait l’objet d’humiliations sexuelles, a été obligé de boire de l’eau salée et s’est retrouvé immergé dans de l’eau glacée. « Le résultat [de ces traitements] était des mensonges », relate le journal. « Dans une tentative de mettre fin aux supplices, Slahi a fini par faire de faux aveux. Il a entre autres dit à ces interrogateurs qu’il projetait de faire exploser la tour de CNN à Toronto, au Canada. »

2 500 modifications du texte

Le manuscrit de Slahi, écrit en anglais, a fait l’objet de plus de 2 500 modifications de la part des autorités américaines avant publication. Il s’agit notamment de suppressions de mots ou de passages « dont le but officiel est de protéger des informations confidentielles, mais qui ont eu comme conséquence que les lecteurs sont empêchés de connaître toute l’histoire », déplore le journal.

L’éditeur britannique du livre, Jamie Byng (Canongate Books), estime que c’est « un témoignage extrêmement poignant écrit par un écrivain vraiment talentueux. Avec toutes ces maisons d’édition internationales, on espère qu’en mettant son histoire à portée d’un large public à travers le monde, on pourra aider à mettre fin à ces emprisonnements injustifiés et barbares. »

 

 VOIR L’EMISSION DE DEMOCRACY NOW

Pour Ali Aarrass


Amnesty International organise une manifestation contre la torture le 25 juin, à la veille de la Journée internationale pour les victimes de la torture.

Amnesty International se mobilise pour dénoncer la torture et la détention arbitraire de Ali Aarrass. Il est belgo-marocain et c’est l’Espagne qui l’a extradé au Maroc en 2010. Il a été condamné au Maroc, sur base des aveux obtenus sous la torture, à 12 ans de prison pour des faits de terrorisme qu’il a toujours niés.

Date : Le mercredi 25 juin de 10h30 à 11h45.

Lieu : Devant l’ambassade du Maroc, Boulevard Saint-Michel, 29 – 1040 Bruxelles.

Concerne: Amnesty International demande aux autorités marocaines d’agir en faveur de leur ressortissant afin d’obtenir sa libération, suite aux recommandations du Groupe de travail sur la détention arbitraire de l’ONU.

Amnesty demande également au gouvernement belge de faire pression sur les autorités marocaines pour qu’elles agissent en faveur d’Ali Aarrass et la Belgique doit lui offrir l’assistance consulaire puisqu’il a la double nationalité. Le gouvernement belge lui refuse obstinément toute assistance consulaire, sous prétexte qu’il est binational.

La Ligue des Droits de l’Homme participera à notre action.

Nous espérons que vous pourrez nous rejoindre.

Dans l’immédiat, nous vous invitons à  signer les pétitions sur notre site web. http://www.isavelives.be/fr/stoptorture <http://www.isavelives.be/fr/stoptorture>

Témoignage de Farida Aarrass


Torture à la marocaine.

Farida, la soeur d’Ali Aarrass, l’a revu dans sa cellule à Salé il y a quelques jours. Récit.

J’ai pris mon courage à deux mains et vous ai mis par écrit une partie de ce que Ali m’a relaté tout à l’heure…
« Mais quelles sont ces cicatrices sur tes genoux Ali ? »

Elles datent de décembre 2010 Farida. Période de torture à Temara, lorsque les tortionnaires ne cessaient de me battre pour que je leur avoue …j’ignore quoi… Ils ne cessaient de me parler d’armes. Les premiers jours paraissaient des siècles, une éternité. J’ai compris que je devais me mettre à mentir à leur donner des infos mensongères pour qu’ils me laissent un peu de répit. J’avais donc inventé que j’avais caché des armes à Nador. (Lieu où habite une tante paternelle.)

Je m’étais dit que c’était la ville la plus lointaine au Maroc et que le trajet jusque la serait un soulagement…. Je ne tenais plus … Au milieu de la nuit, On m’a donc jeté dans un fourgon. Les tortionnaires étaient contents, ils riaient aux éclats. Une fois sur place, des fouilles ont été entreprises durant toute une journée. Un journaliste y était et allait insister plus tard pour témoigner, Dieu merci, qu’on avait rien trouvé à l’issue des fouilles.

En voyant que j’avais menti, La colère les avait gagné et la suite sera terrible. Ils m’ont déshabillé dans les bois en fin de journée. Ils m’ont attaché a un arbre et frappė violemment sur tout le corps. Lorsqu’ils m’ont détaché je ne tenais plus debout… Mais m’ont forcé à me relever et après ça. Ils ont m’ont jeté à terre, les poings liés dans le dos. L’un d’entre eux m’a écrasé la tête au sol en poussant de toutes ses forces contre le sol, avec son pied. Puis il a tiré des coups de feu tout autour de ma tête pour me faire croire qu’il allait me tuer. Il me criait dessus et disait, dis moi tout ce que tu sais…

Ali à répondu en criant : « Vous m’obligez depuis le début à vous inventer des histoires et c’est ce que fais, je vous mens depuis le début »
Leur colère devint incontrôlable et ils ont balancé Ali du haut d’un ravin alors qu’il avait les mains attachees dans le dos !!! D’où ces affreuses cicatrices. Lorsqu’ils sont descendus vérifier ils lui ont craché et uriné dessus….
(Vous ne pouvez pas imaginer ma colère !)

Ali dit en pleurant que cela n’est pas le pire qu’il ait vécu. Il pleurait beaucoup plus en ajoutant que lorsqu’ils l’ont ramené de nouveau à Temara, ils le plaquaient dans le coin de la pièce où on le torturait. Il était tout nu et on poussait sur lui en position assis alors que sous lui un garde tenait une bouteille. Ali continue toujours en pleurant…. Il parle d’une barre métallique ainsi qu’un bâton grossièrement taillé…. Il saignait et cela ne les arrêtait jamais. Puis il pleure encore plus fort lorsqu’il me dit qu’un salaud avait aussi voulu se mettre à le violer lui même, mais qu’il a ramassé le peu de forces qu’il avait pour l’en empêcher et que cela lui a valu des coups, mais que cela lui était préférable….

Malgré toute la colere que je ressens envers ces bourreaux, ces monstres, J’essaie de me ressaisir en me disant que cela fait partie du passé, mais je ne peux m’empêcher d’imaginer que d’autres subissent peut être ça au moment où j’écris….

(via Baudouin Loos sur FB)

Syrie : la torture dans les prisons se généralise, alerte l’ONU


anniebannie: elle était pratiquée dès le début

La haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Navi Pillay, a condamné lundi la généralisation de la torture dans les prisons syriennes, déplorant aussi son usage par certains des groupes armés. Dans un document de huit pages, le Haut-Commissariat, qui a interrogé 38 personnes ayant souffert de torture, fait état de témoignages anonymes terrifiants. Le rapport de l’ONU décrit une « généralisation de la torture et des mauvais traitements dans les centres du gouvernement ». Selon le rapport, plusieurs groupes armés, « en particulier l’État islamique en Irak et au Levant (EIIL), le Front al-Nosra, Ahrar al-Sham, Asifat al-Shamal et Liwa al-Tawhid, disposent de centres de détention » où hommes, femmes et enfants sont torturés, notamment depuis 2013. « Nos résultats confirment que la torture est couramment utilisée dans les centres de détention gouvernementaux en Syrie, et que la torture est également utilisée par certains groupes armés », affirme Mme Pillay. Selon le rapport, « des hommes, des femmes et des enfants sont couramment enlevés dans les rues, dans leurs maisons et sur leurs lieux de travail, ou sont arrêtés à des postes de contrôle du gouvernement, puis transférés dans un des dizaines de centres de détention officiels ou secrets du gouvernement ».

Ces personnes sont souvent détenues au secret, de façon indéfinie, et sont parfois transférées d’un centre à un autre, condamne l’ONU, qui précise que parmi les centres de détention figurent des casernes de l’armée et des aéroports. Plusieurs des cas décrits par le rapport parlent de détenus immobilisés ou suspendus au mur, les yeux bandés, et qui sont ensuite frappés, brûlés, électrocutés et torturés avec différents objets. « Alors que j’étais soumis à la suspension inversée, j’ai crié si fort qu’un garde est venu et a frappé mon estomac et ailleurs pour, m’a-t-il dit, me distraire de la douleur aux bras », raconte AZ, un activiste de 28 ans de Damas, détenu en 2011 et 2013 par le service de renseignement de l’armée de l’air à Kafr Sousa dans la région de Damas. Le Haut-Commissariat a également documenté des cas de violences sexuelles à l’encontre d’hommes et de femmes. Le plus souvent, la torture est utilisée « immédiatement après l’arrestation et durant les premiers jours ou semaines de la détention et des interrogatoires ». Selon l’ONU, la torture constitue un crime contre l’humanité lorsqu’elle est utilisée de façon généralisée.

source

Guantanamo : Israël exporte son savoir-faire pour « gérer » la grève de la faim


Publié le 10 juillet 2013.

Depuis février dernier, une grève de la faim a cours à Guantanamo pour protester contre les détentions illimitées et contre les conditions d’incarcération. Ce sont aujourd’hui plus de 100 prisonniers qui refusent de s’alimenter, parmi lesquels 45 sont nourris de force, au mépris de toutes les conventions internationales et des lois états-uniennes elles-mêmes. La pression monte aux États-Unis pour exiger que cette pratique cesse, comme l’illustre la spectaculaire initiative du rappeur Mos Def (alias Yasiin Bey) qui a rendu publique une vidéo dans laquelle il « expérimente » l’alimentation forcée que subissent les prisonniers de Guantanamo. L’administration US, qui apparaît comme étant de plus en plus incapable de faire face aux développements de la grève de la faim des détenus incarcérés à Cuba, a décidé de faire appel à des spécialistes de la question : des médecins israéliens.

C’est le quotidien israélien Haaretz qui a révélé l’information le 8 juillet. Dans un article de Dan Even (« Israeli doctors to give Washington tips on dealing with hunger strikers »), on apprend en effet que

des représentants de l’Association Médicale Israélienne [AMI] ont été invités aux États-Unis pour présenter à des décideurs politiques leur méthodes de traitement des grévistes de la faim, alors que l’administration US est sous la feu de la critique en raison de son recours à l’alimentation forcée de détenus de Guantanamo qui refusent de se nourrir.

L’alimentation forcée des grévistes de la faim est proscrite en Israël, même si

le Ministère de la Santé a publié de nouvelles directives [lors du dernier mouvement de grève des prisonniers palestiniens en avril 2013] s’appliquant lorsque la grève dure depuis plus de 28 jours. Les directives autorisent [également] l’hospitalisation forcée des prisonniers qui n’ont pas mangé depuis moins de 28 jours au cas où leur vie serait en danger. Des responsables de l’AMI ont alors déclaré que l’organisation estimait que « l’hospitalisation de prisonniers (…) ne devait être ordonnée que sur la base de critères médicaux ».

Les États-Unis ont donc, semble-t-il, décidé de faire appel à l’expertise israélienne pour trouver une alternative à l’alimentation forcée, à la veille d’un mois de Ramadan qui promet de susciter de nouvelles tensions. La requête de quatre détenus, qui demandaient que cesse leur alimentation forcée, a en effet été rejetée ce lundi par une juge états-unienne :

Quatre détenus de la prison ont demandé devant un tribunal fédéral de Washington l’arrêt de l’alimentation forcée pour les grévistes de la faim.

La motion dans laquelle ces quatre prisonniers – Ahmed Belbacha, Shaker Aamer, Abu Wa’el Dhiab et Nabil Hadjarab – demandent l’arrêt de cette pratique qu’ils assimilent à de la « torture », a été déposée fin juin par l’organisation Reprieve, qui les représente, et leur co-défenseur Jon Eisenberg.

La juge Kessler a précisé que Dhiab avait cherché à obtenir une procédure accélérée, craignant que l’alimentation forcée durant la journée ne vienne interférer avec son jeûne durant le mois du Ramadan.

Comme le remarque Adam Horowitz sur le site Mondoweiss, « il s’agit là d’un exemple parfait pour illustrer la collaboration entre Israël et les États-Unis dans le cadre de la « guerre contre le terrorisme » ». La participation des médecins israéliens à la gestion de la crise de Guantanamo est en effet au-delà du cynisme, puisqu’il ne s’agit en aucun cas de trouver une solution pour satisfaire les revendications des prisonniers, mais bel et bien d’aider l’administration US à ne pas répondre à ces revendications tout en maintenant les prisonniers en vie et en sauvant les apparences « éthiques ».Or, la seule véritable solution réellement éthique est, évidemment, la fermeture de Guantanamo et la libération de l’ensemble des détenus arbitrairement emprisonnés, depuis plus de 11 ans pour certains d’entre eux. Mais on doute fort que les médecins israéliens, qui affirment se rendre aux États-Unis pour y prodiguer leurs bons conseils, tentent d’imposer ce point de vue.

Toutefois, ainsi que l’a relevé Michael Omer-Man de +972 Magazine,

l’ironie de cette situation, où les Israéliens apprennent aux Américains comment traiter éthiquement des prisonniers en grève de la faim, réside dans le fait que ces dernières années, bien qu’Israël ait réussi à maintenir en vie des grévistes de la faim de longue durée en respectant dans la plupart des cas leur volonté de refuser toute nourriture, les grèves de la faim ont été, finalement, victorieuses. (…)

Les médecins israéliens qui se rendent aux États-Unis réussiront peut-être en partie à apprendre à leurs homologues américains comment garder en vie des prisonniers en grève de la faim tout en respectant leur autonomie médicale. Mais ils ne seront pas capables de leur apprendre à briser l’esprit de ceux qui entendent se battre pour leurs droits avec les seuls moyens dont ils disposent.

http://resisteralairdutemps.blogspot.fr/p/depuis-fevrier-dernier-une-greve-de-la.html

Le fils de Oum Ala’


Lettres de Syrie (22)

Avec courage et lucidité,
Joumana Maarouf
continue de livrer à ses amis son
témoignage personnel,
pages de la vie quotidienne
d’une institutrice syrienne
et récits d’aventures de ses concitoyens,
dans un pays où la révolution rend légitime pour le régime
la prise en otage de toute une population.

Pour accéder aisément à ses lettre précédentes :
1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 20 et 21

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Neuf avril 2013

Oum Ala’ état assise face à moi. Elle voulait me raconter comment s’était passée sa visite au « ministère de la Réconciliation nationale ». Sur la table, devant nous, était disposé tout le nécessaire médical que réunissent les familles ayant des membres en prison. Les anciens détenus conseillent aux familles qui attendent encore les leurs de toujours conserver ce matériel chez elles. En effet, si leurs enfants sont libérés en pleine nuit, les pharmacies seront fermées…

Ce nécessaire consiste en une bouteille d’antiseptique, des antibiotiques en seringue, du coton, de la gaze, des pommades pour les plaies infectées, des médicaments pour la gale, du shampoing anti-poux, et un tube en plastique pour analyser immédiatement les urines.

« Présentez une demande avec deux timbres ». Voilà tout ce que m’a dit le ministre ! Alors qu’on était debout à l’attendre depuis huit heures du matin…

Le ministre tant attendu est arrivé à son bureau à une heure de l’après-midi. « Ce ne sont pas des employés d’état, ces gens-là ? » Demande Oum Ala’.

« Quand mon tour est arrivé, je lui ai raconté l’histoire de mon fils. Je lui ai dit qu’il n’avait rien fait. Qu’il assurait ma subsistance, ainsi que celle de sa femme et de ses deux enfants. Qu’on vivait tous grâce à son travail. J’ai pleuré devant lui. Mais il n’a eu aucune réaction. C’est à peine s’il a pris la peine de me dire : « Présentez une demande dans le bureau d’en face ».

Devant une telle indifférence, j’ai lancé : « Si c’est tout que vous avez à nous dire, pourquoi ne pas donner instruction à vos employés de nous faire rédiger les demandes et de les récupérer, au lieu de nous faire patienter durant cinq heures pour nous le dire vous-même ? Ou bien serait-ce que vous voulez empocher le prix des timbres ? » Il a alors fait signe au portier de m’expulser. « Hors d’ici ! » A-t-il crié. Mais j’ai continué: « C’est ça que vous voulez de nous ? Alors prenez tout mon argent, ma maison, mes terres… mais rendez-moi mon fils ! »

« Ses hommes sont entrés et ils m’ont entrainée à l’extérieur. Je me suis dégagée, et je me suis jetée à ses pieds. J’ai embrassé ses élégantes chaussures de cuir. « Pour l’amour de Dieu, rendez-moi mon fils ! Il n’a rien fait je vous le jure, il n’allait pas aux manifestations, il n’écoutait même pas les informations ! S’il lui arrive quelque chose, je mourrai ».

Mais ses hommes m’ont jetée dehors. Je n’ai pas vu son visage, et je ne veux pas le voir.

Je sais que je me suis humiliée, mais il fallait que j’essaye. Maintenant, je vais attendre mon enfant. Je vais apprendre à nettoyer ses plaies, à le débarrasser des poux, ceux des cheveux et ceux du corps. Et puis ensuite je vendrai notre terre et je les ferai sortir du pays, lui et sa famille. Ce pays est devenu invivable. »

En quelques mots simples, Oum Ala’ avait ce jour-là résumé tout le problème.

(Page des Dessinateurs syrens libres)

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Dix avril 2013

Deux jours après la visite d’Oum Ala’ au ministère, un de ses voisins est sorti de prison. Il avait été détenu par le même service que celui qui avait arrêté son fils. C’est à peine si elle a pris le temps d’enfiler des chaussures et de jeter un foulard sur sa tête, avant de se précipiter pour l’interroger.

Il y avait tant de gens autour de lui qu’elle n’a pas pu l’approcher. La maison du jeune homme avait été envahie par des dizaines de familles de prisonniers. Beaucoup attendaient dehors que vienne leur tour.

« Tu as vu Un tel, mon frère ? » « Tu as entendu quelque chose au sujet de mon fils ? » « Regarde bien cette photo… Est-ce que tu as vu ce jeune-homme là-bas ? » Une main fatiguée lui tendait la photo… mais le garçon, libéré depuis quelques heures, arrivait à peine à répondre par oui ou par non. Cela faisait une demi-heure seulement qu’il était rentré chez lui, après une détention de six mois… Les gens le suivaient jusqu’à la porte des toilettes.

Son voisin coiffeur lui tondait le crâne. Des cohortes de poux tombaient par terre avec les mèches de ses cheveux bouclés. Son épouse les balayait avec soin. Puis elle amena un seau d’eau et de désinfectant, pour que son mari puisse y plonger ses pieds meurtris. Elle entamait une tâche qui ne prendrait fin que des semaines plus tard : soigner les blessures putrides de son mari. Beaucoup ont vu ses larmes se mêler à l’eau du seau, mais personne n’a essayé de la réconforter. Comparé à eux, elle avait de la chance, elle !

Quand le tour d’Oum Ala’ est arrivé, l’épuisement était manifeste sur le visage du jeune homme. Une des personnes sensées de l’assistance a proposé qu’on le laisse se reposer. Mais elle a accouru avec ses questions. Après avoir longuement regardé son visage angoissé, il lui a répondu : « Ala’… Il va bien, mais je crois qu’ils l’ont transféré à l’hôpital. »

« Comment ? Quand ? Pourquoi ? » Autant d’interrogations restées accrochées à ses lèvres, auxquelles le jeune homme pouvait difficilement répondre.

Elle attendit le jour suivant, puis elle revint et trouva la même foule devant la porte. Cette fois-ci il lui donna une nouvelle information : « Je crois qu’ils l’ont emmené à l’hôpital 601. »

Où sont-ils ?
(Aux disparus syriens)

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Onze avril 2013

L’hôpital 601 est un hôpital militaire. Il doit sa sinistre réputation aux méthodes criminelles qui y sont mises en œuvre à l’encontre des manifestants et des opposants. Une fois, j’ai eu l’occasion d’entendre le récit d’un homme qui y avait séjourné après avoir été arrêté par la « 4ème Division ». Il s’agit du pire lieu de détention que l’être humain puisse imaginer. Il racontait avoir vu là-bas un homme, un détenu, ayant dépassé la soixantaine. Son pied était infecté et il saignait sans arrêt. Il avait donc été transféré à cet hôpital. Il y était resté une semaine, et quand il était rentré à la « 4ème Division », il avait poussé un profond soupir de soulagement en s’exclamant : « Ici, c’est mille fois mieux que là-bas ! »

Il leur avait alors raconté que les médecins de cet hôpital se comportaient comme des bourreaux, que les infirmières s’amusaient à gratter les plaies des malades avec leur épingle à cheveux, qu’elles crachaient chaque matin et chaque soir sur les détenus blessés en leur criant à la figure : « Tu voudrais quand même pas qu’on te soigne, espèce de terroriste ! »

Et pourtant, lorsqu’Oum Ala’ m’a dit que son fils avait probablement été transféré à l’hôpital 601, je lui ai répondu : « C’est bien. Au moins, il est encore vivant… Prie pour qu’ils ne le traitent pas trop mal »…

Mais depuis ce jour-là, Oum Ala’ a cessé de dormir et de manger. Le doute s’était insinué dans son cœur. Son fils était-il vraiment dans cet hôpital ? Ne serait-il pas mort ?

Elle passe tout son temps à errer d’une maison de détenu à une autre, pour recueillir des nouvelles de son fils. Elle a ainsi constitué une véritable banque de données sur les lieux de détention, les méthodes de torture et les maladies affectant les détenus.

Mais aujourd’hui, elle a appris que son fils Ala’ n’était pas allé à l’hôpital. Elle a appris qu’aucun des détenus de cette section n’avait jamais été transféré dans un hôpital : on les laissait mourir parmi leurs camarades. Son voisin, le jeune homme qui avait été détenu avec lui, lui avait dit qu’on avait extrait Ala’ du dortoir. Mais ce que le jeune homme ne savait pas, ou peut-être le savait-il mais le lui avait-il caché, c’est qu’il avait été transféré à la « quarantaine ».

Sais-tu ce qu’est la « quarantaine » ? C’est une pièce où ils jettent ceux qui perdent la raison à cause de ce qu’ils voient, et qui se détachent totalement de la réalité. Ils sont relégués dans un pièces où croupissent aussi des malades. On dit que l’exiguïté du lieu et le manque de nourriture peuvent les amener à s’entretuer. J’ai essayé de me renseigner sur ce lieu auprès de certains détenus libérés. Mais, comme je te raconterai demain, ils ne tiennent pas à dévoiler la totalité de ce qu’ils savent.

(Mana Neyestani)

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12 avril 2013

Ala’ est mort.

Le jeune homme qui faisait le bonheur de sa mère, comme elle aimait à dire, est décédé. En guise d’avis de décès, un petit imprimé est parvenu à sa famille. Il la sommait de « venir récupérer les affaires de leur fils arrêté et décédé », pour reprendre la formule utilisée.

Ala’ est mort, laissant derrière lui une jeune épouse, deux enfants dont le plus âgé n’a pas quatre ans, une mère inconsolable, et un seul frère, qui vivra, s’il vit, consumé par le désir de vengeance.

Ala’, qui pesait quatre-vingt-dix kilos et avait du mal à passer la porte de sa maison, n’a pas supporté le supplice du « chabbah« . Il consiste à suspendre un prisonnier en l’air par les mains ou par les pieds, des heures et des jours durant. On ne sait pas exactement ce qui s’est passé là-bas, dans les caves de la section. Ce n’est d’ailleurs pas à proprement parler une section des services de sécurité, mais une sorte de caserne où, dans les sous-sols, sont entassés des milliers de détenus. Après les avoir torturés et frappés dans les zones les plus fragiles du corps, leurs bourreaux les jettent dans un coin, où ils succombent lentement dans d’atroces souffrances.

Plus tard, j’ai appris que le jeune homme chez qui Oum Ala’ s’était précipitée connaissait le nom de tous les prisonniers de son quartier morts sous la torture. Mais il n’a dit la vérité à aucune des familles concernées. Il la révélait à d’autres. C’est ainsi qu’Oum Ala’ avait appris le nom de toutes les victimes, excepté celui de son fils. Il avait peur d’affronter sa douleur, de la voir s’effondrer. Il avait peur de provoquer des scandales. Car, si l’on apprenait qu’il racontait ce qui se passait là-bas, il pouvait être arrêté une nouvelle fois. La même chose s’est répétée avec d’autres familles de victimes.

Le cadavre d’Ala’ ne sera pas remis à sa famille. On ne permettra pas aux siens d’ouvrir la porte aux voisins venus présenter leurs condoléances. Ces derniers viendront en cachette pour réconforter la pauvre femme, trop tôt devenue veuve, qui avait consacré sa vie à l’éducation de ses deux garçons.

Pas de condoléances pour les mères. Pas de condoléances pour les Syriens qui perdent leurs enfants. Il leur est défendu de crier, de pleurer, de protester. Une semaine avant l’arrivée de « l’avis de décès » d’Ala’, un jeune homme avait vociféré en apprenant que son frère venait de mourir dans la prison où il était enfermé. Les « protecteurs des foyers », comme on appelle les soldats de l’armée, ont aussitôt envahi sa maison et ont ouvert le feu sur lui. Puis ils l’ont trainé dans la rue devant tout le monde, et emmené avec eux son petit frère, un adolescent de quinze ans. Ainsi ils seraient désormais tranquilles : ils avaient montré à toutes les familles du quartier ce qu’il en coûtait de se désoler sur les enfants morts.

Pas de condoléances pour les Syriens, qui savent tout et qui ne peuvent rien. Il ne leur reste qu’à mettre du sel sur leurs plaies, et à prier Dieu d’épargner les enfants qui leur restent.

PS : Pour les raisons que tu sais, j’ai modifié les noms des personnes et dissimulé ceux des lieux et du service de sécurité concernés…

(Mana Neyestani)

(A suivre)

Le cercle de l’irresponsabilité aux Nations-Unies


dimanche 21 avril 2013 – 06h:54

John Lyons
The Australian


L’UNICEF à Jérusalem est-elle complice dans le blanchiment de la torture israélienne des enfants palestiniens ?

De : Omar Barghouti : omar.barghouti@gmail.com

Sujet : L’UNICEF a-t-il censuré son propre rapport sur la torture israélienne des enfants palestiniens ?

Date : le 18 avril 2013

L’UNICEF à Jérusalem est-elle complice dans le blanchiment de la torture israélienne des enfants palestiniens ?

La torture est considérée comme un crime contre l’humanité en droit international.

L’UNICEF a-t-elle volontairement censuré le terme « torture » dans son rapport pour plaire à Israël (et à son patron américain) ? La directrice de l’UNICEF a-t-elle été promue suite à cette complicité ?

Si la preuve ci-dessous est exacte, l’UNICEF et son ancien chef Jérusalem doivent en être tenus responsables.

Omar

Dernière publication d’Omar Barghouti sur Info-Palestine :

- Le mouvement BDS expliqué – Pourquoi j’ai boycotté Israël

Le cercle de l’irresponsabilité aux Nations-Unies

John Lyons – The Australian

Il serait difficile d’imaginer conférence de presse plus bizarre.

Quand l’UNICEF, le Fonds des Nations-Unies pour l’enfance, a récemment averti les journalistes à Jérusalem qu’elle publiait un rapport sur les enfants palestiniens dans le système judiciaire militaire d’Israël, cela a suscité beaucoup d’intérêt.

La question a eu une portée internationale grandissante, particulièrement en Grande-Bretagne où elle a fait l’objet d’un débat parlementaire.

Le ministre des Affaires étrangères, Bob Carr, et son prédécesseur, Kevin Rudd, l’ont abordée avec Israël. Mais quelque chose d’étrange s’est produit.

Au cours des deux dernières années, plusieurs organisations ont été prises à partie pour avoir mis l’accent sur le traitement des enfants palestiniens par Israël.

« Briser le Silence », qui est une organisation de 850 soldats ou anciens soldats israéliens faisant campagne pour que s’améliore en Israël la situation des droits de l’homme, a été prise à partie pour s’être concentrée sur cette question.

Mais pas l’UNICEF.

Après ce nouveau rapport, le ministre israélien des Affaires étrangères a déclaré : « Israël va en étudier les conclusions et s’efforcera de les mettre en œuvre dans le cadre d’une coopération avec l’UNICEF, dont nous apprécions le travail et que nous respectons. Cette année, Israël a rejoint le conseil d’administration de l’UNICEF et nos relations de travail et notre collaboration avec l’organisation sont appréciées par la communauté internationale  ».

Alors, pourquoi l’UNICEF n’a-t-elle pas été prise à partie ?

Il a été évident lors de la conférence de presse de Jérusalem que quelque chose allait de travers. Dans la salle, il y avait 60 chaises, pour seulement une poignée de journalistes.

« Nous avons été limités pour le nombre de journalistes que nous pouvions inviter  » a avoué un officiel de l’UNICEF.

« Vous ne croiriez pas les pressions dont nous avons fait l’objet pour annuler cette initiative » a dit un autre.

Cinq officiels de l’UNICEF ont pris place derrière l’étiquette de leur nom et un micro, puis les caméras de télévision ont été installées. Cela avait l’air d’une véritable conférence de presse.

Le photographe d’Inquirer avait apporté une caméra vidéo pour filmer pour le compte du site de The Australian. Mais le responsable UNICEF pour Jérusalem a fait une annonce : seules, les cinq premières minutes pourront être filmées et aucun officiel ne pourra être cité. Une conférence de presse où vous ne pouvez pas filmer ? ni citer des officiels ?

Jean Gough a commencé à parler. Pendant les cinq premières minutes, elle a loué Israël pour son dialogue au sujet du système par lequel les enfants palestiniens depuis l’âge de 12 ans sont jugés par les militaires israéliens, alors que les enfants juifs dans les colonies voisines sont jugés par des tribunaux civils. « Je tiens à les en remercier  » a-t-elle dit en parlant des Israéliens.

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Mais une fois les caméras éteintes, une version totalement différente a été donnée – un officiel a dit que les mauvais traitements contre les enfants palestiniens étaient « généralisés, systématiques et institutionnalisés » ; un autre a raconté comment les enfants palestiniens étaient « tapés, giflés et frappés à coups de pied » par les soldats israéliens.

Il a indiqué qu’on disait parfois aux enfants qu’ils seraient tués ou que des membres de leur famille seraient agressés sexuellement s’ils ne faisaient pas des aveux, en général pour jets de pierres. Un autre a dit qu’il existait un « mode systémique de mauvais traitements et de tortures  ».

Ce n’était pas là simplement une façon de gérer les médias, mais une déformation de la vérité. La version lors des cinq premières minutes était fortement favorable à Israël, mais la version qui a suivi a montré un système atroce dans lequel se trouvaient des enfants arrachés à leurs maisons – généralement la nuit – par des soldats israéliens lourdement armés, des enfants à qui on bandait les yeux, on refusait de l’eau et les cabinets, et qui étaient même placés en isolement jusqu’à un mois. Et alors que l’UNICEF faisait le constat qu’Israël était impliqué dans des actions répondant à sa définition de la torture, le rapport a évité d’utiliser le mot dans ses conclusions.

Une enquête d’Inquirer a suggéré que l’UNICEF avait cédé aux pressions d’Israël ou s’était censurée. Plus nous posions de questions, moins l’UNICEF répondait. Gough n’a pas répondu à certaines questions, nous renvoyant au directeur exécutif de l’UNICEF à New York, Antony Lake.

Mais Lake n’a pas répondu à une seule question, alors qu’il est signataire du rapport. Dans un cercle d’irresponsabilité, son bureau nous a renvoyés à Jérusalem, parce que « c’est un rapport sur les enfants de là-bas, pas un rapport mondial ».

Et le bureau de Lake de déclarer : «  La question est donc close pour le siège, et vous aurez vos réponses de la région ».

Mais le bureau de Jérusalem ne répondra pas à plusieurs questions – de sorte que pour l’un des rapports les plus importants de l’UNICEF, de nombreuses questions sont restées sans réponse.

Il y a des références générales à la torture, mais quand il s’agit d’en arriver à des constats spécifiques le mot disparaît. Le rapport supprime même le mot « torture » quand il cite les articles concernés du droit international et il y substitue celui de « contrainte ».

Par exemple, il déclare : « Dans la majorité des cas, la principale preuve contre l’enfant est son propre aveu, lequel dans la plupart des cas est extorqué sous la contrainte durant l’interrogatoire… bien que de nombreux enfants aient déclaré avoir fourni des aveux à la suite de mauvais traitements, peu ont soulevé cette question devant le tribunal de peur que leurs protestations ne conduisent à des condamnations plus sévères, même si le droit international interdit que des preuves obtenues sous la contrainte soient utilisées par un tribunal. »

Le rapport dit se fonder pour cela sur l’article 15 de la Convention contre la torture – qui se réfère à la torture, pas à la contrainte.

Le rapport énumère les pratiques qui correspondent à « une torture ou des traitements cruels, inhumains ou dégradants, selon le Comité contre la torture  ». Il indique notamment : détention dans des conditions pénibles ; menace, notamment menace de mort ; coup de pied, coup de poing et coup ; usage excessif de la force ; détention au secret ; isolement ; privation sensorielle ; manque de nourriture et d’eau.

Le rapport constate qu’Israël a commis nombre de ces pratiques, mais il n’emploie à aucun moment le mot torture.

Gough a donné à Inquirer différentes raisons pour cela. D’abord, elle a dit que si une seule de ces pratiques était appliquée, elle ne constituait pas une torture. « Nous n’avons pas de preuves suffisantes pour affirmer que toutes ces pratiques ont été mises en œuvre sur un unique enfant » a-t-elle dit. Gough a déclaré que l’UNICEF n’était pas un « mécanisme de plaintes  » et n’avait pas suffisamment de personnel pour enquêter sur les cas individuels.

Selon l’UNICEF, les données probantes du rapport incluent plus de 400 cas documentés de mauvais traitements. Environ 200 ont été fournis par Defence for Children International (DCI), qui a aussi donné à l’UNICEF accès à son rapport Ligotés, yeux bandés et détenus. Les cas dans le rapport de DCI incluent un garçon qui a eu les mains attachées derrière le dos pendant 19 heures ; un autre dont les menottes étaient si serrées que sa chair se décollait ; un autre encore qui dit avoir été frappé dans les testicules et un dont la tête a été projetée contre le mur.

La bizarre conférence de presse de Jérusalem faisait suite à un débat d’un an. En mars de l’année dernière, il a été dit que l’UNICEF ne publierait aucun rapport. Une source a indiqué qu’il y avait du « grabuge massif  » à l’intérieur de l’organisation.

Selon cette source, certains ont fait valoir que ce serait une erreur de ne pas publier le rapport alors que d’autres suggéraient que le rapport pourrait être reporté à l’infini, ce qui repousserait le mécontentement d’Israël.

La source indique qu’une position intermédiaire a été prise – le lancement de la publication se poursuivrait mais le nombre de journalistes invités serait limité pour « calmer tout le monde ». C’est une décision incroyable ; normalement, les organisations recherchent le plus de couverture possible pour leurs rapports.

Gough a reconnu que, durant le processus de l’avant-projet, « nous avons pris l’avis d’avocats israéliens  ».

Est-ce que les avocats israéliens ont vu la mouture définitive ? « Bien sûr  », a dit Gough. « Nous avons eu des discussions à ce sujet. Cela pour s’assurer que nous ayons un dialogue  ».

Gough, pendant ce temps, était promue à la direction du bureau du Nigéria, la deuxième mission la plus importante de l’UNICEF. Interrogée sur son nouveau travail, elle a répondu : « C’est une promotion  ». Mais d’ajouter aussitôt : « Mais pas à cause du rapport ».

* JOHN LYONS est correspondant au Moyen-Orient pour The Australian

Du même auteur :

- Un magazine australien dénonce les tortures israéliennes sur les enfants palestiniens – 19 décembre 2011

source

Mort et torture, quotidien des enfants en Syrie, dit un rapport


mercredi 13 mars 2013, par La Rédaction

Un enfant de douze ans a vu un de ses camarades prendre une balle en plein coeur. Un autre, âgé de quinze ans, a été détenu dans une cellule avec 150 personnes et brûlé chaque jour avec des mégots de cigarettes.
Les enfants syriens sont peut-être les plus grandes victimes du conflit qui déchire leur pays, le traumatisme psychologique s’ajoutant à la violence physique, souligne l’organisation Save the Children, basée à Londres, dans un rapport publié mercredi.
Selon l’ONG, deux millions de mineurs syriens souffrent de malnutrition, de maladies, de traumatismes et sont exposés aux brutalités et aux mariages forcés, victimes innocentes d’une guerre qui a déjà fait plus de 70.000 morts.
« C’est une guerre dont les femmes et les enfants sont les plus grandes victimes », a dit à Reuters le directeur de Save the Children, Justin Forsyth, à l’occasion d’une visite au Liban, où 340.000 Syriens ont trouvé refuge.
Justin Forsyth a rencontré un enfant de 12 ans dont le meilleur ami a été tué devant une boulangerie. « Son ami a reçu une balle en plein coeur. Au début, il a cru qu’il lui faisait une plaisanterie, parce qu’il ne saignait pas. Il n’a compris qu’il était mort que quand on lui a retiré sa chemise », raconte-t-il.
Le rapport de Save the Children cite une étude de l’université Bahcesehir, en Turquie, réalisée auprès des réfugiés syriens, selon laquelle un enfant sur trois dit avoir reçu des coups ou avoir été la cible de tirs.
Deux-tiers des enfants interrogés disent avoir été séparés de membres de leur famille en raison du conflit et un tiers ont été confrontés à la mort d’au moins un de leurs proches.
« Tous ces enfants vous racontent cela sans émotion apparente, puis vous réalisez qu’il y a des couches et des couches de traumatisme émotionnel », précise Justin Forsyth.
Les soldats gouvernementaux comme les rebelles ont été accusés de prendre pour cible les civils et de commettre des crimes de guerre. Selon certains réfugiés, les forces du président Bachar al Assad visent délibérément les enfants.
Parmi les enfants qu’il a rencontrés, le directeur de Save the Children se souvient d’un adolescent de 15 ans qui dit avoir été détenu avec environ 150 autres personnes, dont une cinquantaine d’enfants.
« On le sortait chaque jour de la cellule et il était attaché à une roue géante et brûlé avec des cigarettes. Le traumatisme que subit un enfant est terrible. »
Le viol est devenu un instrument de punition collective, poursuit Justin Forsyth, déplorant que ces violences soient souvent passées sous silence, en particulier dans un pays conservateur comme la Syrie.
« Dans la plupart des conflits, plus de 50% des victimes de viols sont des enfants. Je suis certain que c’est aussi le cas dans ce conflit. »
La peur des violences sexuelles est l’une des raisons les plus souvent invoquées par les réfugiés pour expliquer leur fuite, selon le rapport.
Autre conséquence de ces abus, les mariages arrangés de jeunes filles, parfois dès l’âge de 14 ans.
Des réfugiés syriens au Liban ont expliqué à Justin Forsyth avoir décidé pour cette raison de marier leur fille de 16 ans à un homme âgé.
« La mère m’a dit que sa fille était jolie et qu’à chaque fois que des soldats (syriens) entraient dans sa maison, elle avait peur qu’ils la violent. »

(13-03-2013 – Avec les agences de presse)

28 octobre 2012 : Journée Mondiale contre l’arbitraire, l’injustice et la torture au Maroc


Rassemblement devant l’ambassade du Maroc

29, rue Saint Michel à 1040 Etterbeek (Bruxelles)

de 14h00 à 16h00

Nous demandons :

1 – La libération des prisonniers politiques, d’opinion et de conscience au Maroc.

2 – La condamnation des coupables d’exactions en application du principe de l’absence d’impunité.

3 – La réparation des préjudices et la réinsertion sociale des victimes.

4 – Une vaste refonte de la loi anti-terrorisme en conformité avec les droits de l’homme et toutes les garanties juridiques dans son application.

5 – Le respect par le Maroc de ses obligations internationales en matière de droits de l’homme.

Appel lancé par le MRE international

Signataires :

Amnesty International (Italie)le parti Egalité (Belgique)

Prisoners’ Family & Friends association

Forum Dignité

ACAT (Action des chrétiens pour l’abolition de la torture, France)

Observatoire amazigh des Droits et Libertés (OADL)

Comité commun de défense des détenus islamistes

Free Ali Aarrass

Ahmed Benseddik

Free Hicham Bouhali Zriouil

Libérez Abdelkader Belliraj

Différents collectifs défendant des détenus au Maroc

Collectif anti-impérialiste Coup Pour Coup 31 (Toulouse – France)

Cageprisoners (UK)

Justice Morocco (UK)

 

Carnets de Homs de Jonathan Littell 5/5.


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Réalisation : François Christophe

A l’occasion de la journée spéciale 24h00 en Syrie le 24 Septembre, que France Culture consacre à la Syrie, l’émission des microfictions propose, du lundi 24 au vendredi 28 septembre, la lecture, en direct, d’extraits de deux ouvrages : Feux croisés, journal de la révolution syrienne de Samar Yasbek et Carnets de Homs de Jonathan Littell. Ces deux documents, écrits par des écrivains, offrent un contrepoint précieux et nécessaire aux articles de la presse qui relatent chaque jour, au plus près, la situation en Syrie : Feux croisés décrit les premiers mois de la révolution syrienne, à partir du 25 mars 2011, et Carnets de Homs témoigne de la vie quotidienne du peuple en révolte de la ville de Homs au tout début de 2012.

En soutien au peuple syrien, une première lecture de ces textes a été donnée en public le 15 juillet dernier, à Avignon, à l’initiative de Marcel Bozonnet.

Feux croisés. Journal de la révolution syrienne de Samar Yasbek, traduit de l’arabe par Rania Samara, est publié aux éditions Buchet-Chastel (2012).

Carnets de Homs de Jonathan Littell, est publié aux éditions Gallimard (2012)
SOURCE