J’ai la nausée…


Crédit image : REUTERS/Juan Medina

J’ai la nausée.

Voici plusieurs jours qu’une envie de vomir me tiraille. Ce n’est pourtant pas dans mes habitudes…

Il n’a pas fallu longtemps pour que je me rende compte que cela n’est rien d’alimentaire, non. Ce n’est pas gastrique et encore moins intestinal…

Non, ce qui me donne la gerbe depuis quelques jours, c’est la connerie humaine illustrée par la recrudescence de messages malsains, xénophobes, populistes et égoïstes qui prospèrent sur les réseaux sociaux depuis l’annonce de l’accueil de 2.000 réfugiés en terre belge.

Mais, je comprends vos réactions.

Ben oui, c’est vrai quoi ! Pourquoi ces hommes, ces femmes, ces enfants, ces vieillards, fuient-ils leur pays ensoleillé en bord de Méditerranée alors qu’ils pourraient y rester et crever sous les bombes ? Oui, parce qu’au fond, crever sous les bombes, en en fabriquant une (ben oui, tant qu’on y est, allons-y gaiement dans les amalgames) ou en faisant « la bombe » dans la Mare Nostrum – NOTRE mer – depuis un chalutier plein à craquer en train de couler, ça revient au même ! Sauf qu’on n’est pas directement emmerdés. Enfin si, quand même : 30 secondes au JT de 19h. Mais au moins, c’est pas nous qui devons payer l’incinération…

Pourquoi ces migrants viennent-ils chez nous, dans un pays en paix qui prône la démocratie et où le niveau de vie dépasse tout ce qu’ils peuvent imaginer ; alors que leurs frères musulmans des pays voisins, pourraient les recueillir,… Et en plus, c’est facile de s’y acclimater pas besoin de parcours d’intégration. C’est comme chez eux. La dictature, le totalitarisme, les guerres civiles, les exécutions arbitraires, l’esclavage, les excisions, les viols collectifs qui règnent en Iran, en Arabie Saoudite ou même en Egypte, c’est franchement pas si mal en comparaison avec ce qu’ils vivent déjà au quotidien. Merde quoi, au moins ils ne seront pas dépaysés ! Et puis, ils ont le soleil toute l’année par là ! En Belgique, au mois d’août, c’est déjà l’automne. Nous, on n’est vraiment pas gâtés.

Pourquoi ces migrants abandonnent-ils tout ce qu’ils ont: leur famille, leurs biens, leurs racines ; et dépensent toutes leurs économies en payant cher et vilain des passeurs de la mort ? Ils arrivent quand même chez nous (quand ils y arrivent), sans le sou pour finalement aller s’entasser dans des centres fermés ou des camps de réfugiés. Pour faire ça, autant continuer à vivre chez eux, dans les gravats de leur maison pillée, détruite par les obus, les rafales de mitrailleuses et voir ainsi leur famille crever la gueule dans la poussière, leurs filles violées à la chaîne par des soldats… En plus, c’est all inclusive. C’est pas le pied, ça ?

Sérieusement, pourquoi devrions-nous nous encombrer de ces gens-là ? On a déjà assez de problèmes comme ça !

Nous qui nous nous plaignons quand nos frites sont trop froides, quand notre bière est trop chaude (allons-y dans les clichés, on le fait bien, nous). Nous qui chions dans l’eau potable. Nous qui nous plaignons depuis notre canapé ou notre fauteuil de bureau que le monde va mal mais qui avons tellement de mal à nous bouger le cul pour aider l’autre. Nous qui sommes plus disposés à claquer 2€ par semaine pour jouer au loto en sachant pertinemment bien qu’on ne gagnera jamais, ou à cramer 7€ par jour pour un paquet de clopes qui nuira à notre santé et celle de nos proches ; plutôt que de filer 2 balles à un clodo gare Centrale à Bruxelles, rue de la Montagne à Charleroi ou à d’autres vraiment dans le besoin…

Non, franchement, qu’est-ce qu’ils viennent nous emmerder ces migrants ? Qu’est-ce qu’ils pensent trouver en Belgique de plus que chez eux ?

Je sais pas, moi… La liberté, déjà ! Un peu d’humanité, peut-être. L’espoir d’une vie meilleure, sans doute… Et ça, pour eux, comme pour nous, ça ne devrait pas avoir de prix. Surtout pas 38€ ou 40€ par jour, si vous voyez où je veux en venir…

Parce que, vous savez, tout ça ne nous est pas réservé sous prétexte que nous sommes né sous une meilleure étoile. Parce que ce sont des humains, comme vous, comme moi, derrière lesquels se cachent des hommes, des femmes, des enfants avec leur histoire, leur passé, leurs attaches, leur chez eux, qu’ils n’ont eu d’autre choix que de quitter et de tout laisser derrière eux…

Ouais, mais parce que nous, on n’a rien demandé !

En fait, eux non plus. Ils n’ont pas demandé à ce qu’on mette leur pays à feu et à sang. Ils n’ont pas demandé à faire des milliers de kilomètres au péril de leur vie. Ils n’ont pas demandé à traverser la Méditerranée sur un radeau d’infortune. Ils n’ont pas demandé à débarquer dans un pays inconnu, à devoir tout reconstruire en se faisant arroser de propos haineux avant même qu’ils n’aient posé le pied sur le sol européen.

Mais vous avez raison ! Continuez à vous plaindre et à balancer toutes vos horreurs et inhumanités. Il y en a à qui tout cela profite…Mais entre deux abominations, posez-vous quand même une seule petite question : qu’auriez-vous fait à leur place ?

S.L.

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