À Gaza, les soldats israéliens mettent en scène leurs crimes en vidéo


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Si beaucoup de Gazaouis se sont transformés en journalistes reporters d’image pour documenter le massacre en cours, les vidéos ne manquent pas du côté des militaires israéliens, qui eux filment leurs exactions, brandissent leurs forfaits, avec la complicité de leur hiérarchie.

FATMA BEN HAMAD > 14 FÉVRIER 2024

Captures d’écran de vidéos montrant le président et des soldats israéliens lors de la guerre en cours sur Gaza depuis le 7 octobre 2023 et des incursions de l’armée en Cisjordanie.

Dans toutes les guerres, des militaires exhibent les ennemis tués ou torturés comme autant de preuves de leur supériorité. Chacun se souvient de cette soldate américaine tenant en laisse un prisonnier dans la prison d’Abou Ghraib en Irak. Mais, jusqu’alors ce type d’images était réservé à un cercle restreint et n’arrivait au grand public que grâce à d’autres soldats indignés.

Avec les réseaux sociaux et en raison de la nature même de la guerre d’Israël contre les Palestiniens de Gaza, les bombardements, les destructions, les humiliations, sont mis en scène par des soldats, et les images partagées avec la population. Il n’y a plus d’hommes, de femmes ou d’enfants, mais des « ennemis » à abattre, des « choses » à faire disparaître. Voici quelques exemples parmi les très nombreuses vidéos publiées sur X (ex-Twitter), Instagram, TikTok etc. adressées au grand public israélien que nous avons pu visionner, vérifier, sélectionner. Et faire commenter.

BRÛLER UN CAMION DE PROVISIONS

Ce qui frappe en tout premier lieu c’est le nombre de photos et de vidéos venant de militaires heureux, hilares même, totalement inconscients de leurs propres crimes, tel un couple de soldats se demandant en mariage dans une école fraîchement bombardée au nord de Gaza. Ou ce militaire qui célèbre ses fiançailles avec ses camarades, comptant à rebours jusqu’à l’explosion d’une bombe dans un immeuble civil juste derrière lui.

Un soldat israélien demande son amie en mariage devant leurs collègues mobilisés sur le front de la guerre à Gaza.Instagram

On pourrait citer aussi ce militaire s’amusant avec des affaires abandonnées d’enfants gazaouis1, ces soldats forçant un coffre-fort dans une maison, et chantant au milieu des ruines en exhibant le rouleau de la Torah, ou encore cette scène invraisemblable à Jénine, en Cisjordanie, où des guerriers au repos fument la chicha, mangent des chips ou l’équivalent, se sentent à l’aise dans la maison de Palestiniens qui apparaissent les yeux bandés et les mains menottées en arrière-plan – le tout dans une atmosphère décalée qui siérait à un groupe de copains revenant de ballade.

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Toujours à Jénine, on voit un soldat chanter des prières juives au minbar d’une mosquée (là où se tient l’imam pour le prêche du vendredi). Ici, un autre militaire se vante d’avoir détruit les bâtiments de l’université Al-Azhar dans la ville de Gaza. Là, deux soldats fument une cigarette pendant la destruction d’un bloc entier d’habitations civiles. Il y a aussi cette vidéo montrant deux soldats devant un camion d’aides alimentaires destinées aux civils gazaouis, avec ce commentaire de l’un, tout sourire : « C’est le deuxième jour d’Hanouka [la fête juive des lumières] (…) que tout le monde passe de joyeuses fêtes », avant de mettre le feu aux provisions.

Deux soldats israéliens fument une cigarette pendant la destruction d’un bloc d’habitations civiles à Gaza.X

On pourrait être surpris de voir ces images si ardemment publiées, tant elles peignent un tableau peu glorieux de l’armée qui aime à se présenter comme « la plus morale du monde ». Mais au final, il s’agit de présenter la participation à l’écrasement d’un peuple et à l’anéantissement de toute forme d’infrastructure dans l’enclave comme un divertissement. La banalité des crimes de guerre !

LES INFLUENCEURS SE RÉINVENTENT

Un deuxième type de publications relève de la mise en scène minutieuse. Ces petits films, de courte durée, scénarisés, soigneusement écrits, montrent par exemple des soldats face caméra préparer des lance-missiles, installer des bombes pour détruire des structures civiles à Gaza sur fond de musique entraînante – mimant des tutoriels et adoptant le langage visuel des vidéos TikTok – et se féliciter de chaque explosion. D’autres s’amusent dans une maison vidée de ses habitants avant d’y mettre le feu, et finissent leur « sketch » par un « restez connectés [pour de prochaines vidéos] ».

Un soldat israélien, tout sourire, prépare ses munitions pour bombarder des habitations et des civils palestiniens à Gaza.Instagram

Le dernier chic pour les militaires israéliens est de signer avec des messages plus ou moins guerriers un obus. Un geste repris par le président israélien Yitzhak Herzog lui-même, le 25 décembre 2023, lors d’une visite sur le terrain. À la demande, on peut faire dédicacer une frappe de missile à un être cher à son cœur, comme on le ferait d’une chanson à la radio. Ou, comme cette influenceuse, inscrire des messages sur les obus puis accompagner les soldats pendant qu’ils les tirent sur Gaza.

Car ce tableau serait incomplet s’il ne donnait pas à voir le rôle des influenceuses et influenceurs professionnels, dont les comptes sur les réseaux sociaux étaient déjà suivis par des millions de « followers » avant le 7 octobre. Parmi eux, le blogueur-soldat Guy Hochman que l’on peut voir, par exemple, faire un tour dans une maison gazaouie détruite, comme s’il visitait une location sur Airbnb. Sur un ton extrêmement moqueur, il pointe tour à tour le toit en lambeaux, le sol jonché de débris et de sable, les murs tagués de messages anti-palestiniens : « Tout ce séjour est gratuit en utilisant le code ‘FREE PALESTINE’ pour réserver vos vacances », ajoute-il avant d’aller se baigner dans la mer de Gaza. « Ce sable, il est à nous. Cette mer, elle est à nous », martèle-t-il dans une autre vidéo toujours filmée à Gaza où le ton est, là, au premier degré.

On peut également suivre cet influenceur populaire, Shita Hakdosha, qui fait des vidéos en anglais, invitant à « profiter » d’un coucher de soleil et d’une glace devant les bombardements à Khan Younès, en compagnie de soldats en jeep. Si l’on en croit ses publications les plus récentes, il se serait enrôlé dans l’armée de terre déployée dans Gaza.

L’influenceur Shita Hakdosha mange une glace en compagnie de soldats israéliens en regardant les bombardements sur Khan Younès, dans la bande de Gaza.TikTok

Tout comme la réserviste Natalia Fadeev, créatrice de contenu « confirmée » sur TikTok et Instagram, qui se présente elle aussi dans sa biographie comme « réserviste de l’armée de défense israélienne ». Cette fan de cosplay2 titre toutes ses stories à la une avec le mot « war » (guerre) et les illustre d’un personnage de manga en tenue militaire israélienne. Si elle ne se filme pas en train de commettre des exactions, ses publications visent plutôt à donner une image « sexy » d’Israël, de son armée et de la guerre génocidaire contre Gaza. Sans surprise, la presse conservatrice israélienne glorifie souvent ces soldats et les présente comme des héros de guerre3, notamment en les invitant sur les plateaux télé et en leur donnant la parole.

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Netanyahou en Israël : Un Oliver Cromwell pour notre époque



HUGH J. CURRAN
01/20/2024

 » Quand le pillage [et la dépossession] devient un mode de vie pour un groupe d’hommes dans une société, ils se créent au fil du temps un système juridique qui l’autorise et une morale qui le glorifie.  » – Frédéric Bastiat

Ilan Pappe, historien israélien, écrit dans « Les Palestiniens oubliés » que « le sionisme est né de deux impulsions : la première était de trouver un refuge sûr pour les Juifs ; la seconde était de réinventer le judaïsme en tant que mouvement national, inspiré par les mouvements nationaux de 1848 en Europe ; mais l’impulsion nationale et humaniste a été subsumée par une impulsion colonialiste avec le besoin d’un espace juif pur ; et en 1948, le seul moyen d’y parvenir était le nettoyage ethnique d’un million de Palestiniens. En conséquence, 500 villages palestiniens ont été dépeuplés par la force et une « dépossession permanente de la population indigène de Palestine » a eu lieu.

La commission Peel de 1937 a admis que la déclaration Balfour de 1917 avait donné aux Britanniques un mandat qui ne pouvait pas être mis en œuvre. Le mandat a créé un antagonisme entre les Arabes et les Juifs. La commission Peel recommande un partage, mais les deux groupes s’y opposent. Le Congrès sioniste mondial de 1937, par exemple, exigeait une plus grande part des terres dans le cadre d’un partage. En 1947, les Britanniques ont réalisé qu’après les pertes subies pendant la Seconde Guerre mondiale et les coûts liés au maintien d’une force militaire importante en Palestine, ils ne pouvaient plus maintenir leur mandat de l’ONU.

Les coûts de la dépossession sont divers, les indigènes étant traumatisés lorsqu’ils perdent leurs terres ancestrales, tandis qu’à d’autres moments, il y a un coût moral qui laisse des niveaux de colère, de rage et d’angoisse chez ceux qui sont intimidés et déplacés ; mais il laisse également un résidu de culpabilité chez l’occupant afin de justifier l’appropriation des terres indigènes.

Bien que plusieurs siècles les séparent, ce qui se passe en Palestine ressemble à ce qui s’est passé en Irlande au 17ème siècle. Oliver Cromwell, le leader puritain, a envahi l’Irlande, apparemment en représailles contre la Coalition catholique d’Irlande en 1649. En guise de mesure punitive, il a massacré les habitants de Wexford et de Drogheda. Sa politique de la terre brûlée consistait notamment à brûler les récoltes et à incendier les fermes.

Selon l’historien du XIXe siècle William Lecky, les lettres de Cromwell contiennent des commentaires sur le massacre de Drogheda, au cours duquel il a personnellement ordonné que tous les habitants soient tués. Par exemple, lors de l’office du dimanche à l’église Saint-Pierre, 1 000 fidèles ont été « passés au fil de l’épée ». Cromwell lui-même a écrit : « tous leurs frères ont été frappés à la tête, à l’exception de deux d’entre eux qui ont été faits prisonniers et tués ». Il poursuit : « Une grande chose a été faite, non par la puissance ou le pouvoir, mais par l’Esprit de Dieu… il est bon que Dieu seul ait toute la gloire » (Lecky, « A History of Ireland »). Dans une autre ville (Tredagh), un historien d’Oxford, Anthony Wood, qui accompagnait Cromwell, a raconté que 3 000 personnes avaient été tuées, y compris des femmes et des enfants cachés dans des « voûtes sous l’église » ; [tous] ont été « passés au fil de l’épée ». Lecky souligne que ces actes cruels, qui furent nombreux, « ont laissé derrière eux des souvenirs qui sont les obstacles les plus fatals à la réconciliation des nations ». En Irlande, Lecky note que les actes de Cromwell continuent « d’ensorceler l’esprit irlandais… en entretenant la haine de l’Angleterre… »

Bien que les effets de la guerre de Cromwell se soient poursuivis après 1652, Sir William Petty a calculé qu’au cours des 11 années suivantes, « sur une population irlandaise de 1 460 000 habitants, le nombre de personnes décédées « du fait de la guerre, de la peste et de la famine » a été estimé à 616 000 (dont 504 000 Irlandais) ».

Cromwell et sa « New Model Army » ont laissé un pays traumatisé, forçant des dizaines de milliers de personnes à se déplacer vers des régions économiquement défavorisées de l’ouest de l’Irlande ou à être transportées vers les Antilles. La phrase « Allez en enfer ou à Connaught » lui a été attribuée, illustrant son manque total d’empathie pour les vaincus. Le contraste avec les médias anglais de l’époque est bien différent : en octobre 1652, un journal londonien, The Faithful Scout, rapporte que « la nouvelle tant attendue du calme irlandais nous est enfin parvenue avec un heureux coup de vent ». Dans la section « Enforcing Transplantation-1654-1659 », l’auteur note que : « Au printemps 1655, le gouvernement irlandais était enfin prêt à tenter d’appliquer pleinement sa politique de transplantation.

L’Acte de colonisation de 1652 a officialisé le changement de propriété foncière, les catholiques étant exclus du Parlement irlandais, interdits de vivre dans les villes et de se marier avec des protestants. En outre, « quelque cinquante mille Irlandais, y compris des prisonniers de guerre, ont été vendus comme serviteurs sous contrat dans le cadre du régime anglais du Commonwealth ». La pratique du catholicisme a été interdite et des primes ont été offertes pour la capture de prêtres, qui ont été exécutés lorsqu’ils ont été trouvés.

William Petty, économiste et philosophe qui a servi avec Cromwell, estime que 54 000 Irlandais ont quitté le pays pour servir dans des armées étrangères.

Cromwell retourne en Angleterre après sa conquête de l’Irlande, qui est saluée comme une grande victoire. Peu après, il envahit l’Écosse et réussit à contraindre cette nation à une union parlementaire avec l’Angleterre. Bien que Cromwell ait vécu huit ans de plus, il est mort de la malaria et de calculs rénaux. Bien qu’il ait été enterré en grande pompe dans l’abbaye de Westminster, il a été désincarcéré après la restauration de Charles II et pendu à Tyburn. Bien que la plupart des puritains continuent à le tenir en haute estime, les royalistes le vilipendent pour son exécution du roi.

Cromwell : Siège de Drogheda. D’après une gravure de Barlow, 1649, publiée en 1750.

Par une coïncidence intéressante, à l’époque des déprédations de Cromwell, l’influent prédicateur Increase Mather est venu de la colonie de la baie du Massachusetts pour obtenir un diplôme supérieur en théologie au Trinity College de Dublin. Il reçut le soutien de Cromwell par le biais d’un bienfait à Magherafelt. Craignant des répercussions après le retour de Charles II sur le trône, il retourna dans la colonie de la Baie et devint en 1681 président du Harvard College.

Dix ans avant le voyage de Mather en Irlande, un événement tristement célèbre s’est produit : jusqu’à 700 Pequots ont été massacrés et des centaines d’autres ont été vendus comme esclaves dans les Antilles. Cet événement est considéré comme le premier génocide à avoir eu lieu en Nouvelle-Angleterre. La justification puritaine du meurtre d’hommes, de femmes et d’enfants a été ironiquement exprimée par le dirigeant puritain John Underhill, qui a déclaré que « l’Écriture déclare parfois que les femmes et les enfants doivent périr avec leurs parents… Nous avons été suffisamment éclairés par la Parole de Dieu pour nos procédures ».

Même après toutes les années qui se sont écoulées depuis sa mort, l’esprit destructeur de Cromwell suscite toujours la colère. Son héritage, dû à sa folie meurtrière d’un an et à son expropriation de centaines de milliers d’hectares de terres irlandaises indigènes, est le fait qu’il a créé une série de précédents qui ont contraint la majorité des Irlandais à la servitude et ont placé la propriété de la terre entre les mains des Anglais.

Les puritains de Nouvelle-Angleterre ont suivi des précédents similaires en matière d’expropriation des terres indigènes. Ils ont été aidés par la maladie et la famine parmi les quelque cinq cents tribus autochtones qui, comme les Pequots, étaient marginalisées si elles n’acceptaient pas des traités qui, malheureusement, étaient rarement respectés. L’attitude de l’époque consistait à déshumaniser pour justifier la dépossession.

En Israël, il existe un équivalent de Cromwell, Benjamin Netanyahu, dont les méthodes génocidaires s’inscriraient parfaitement dans la lignée de Cromwell en Irlande ou du traitement des Pequots par les puritains. Netanyahou et les membres extrémistes de la Knesset ont activement encouragé la destruction de Gaza, la patrie de deux millions de Palestiniens. Il est encouragé par les politiques américaines qui continuent à approvisionner son armée avec une multitude de bombes de 2000 livres. Netanyahou a un besoin impérieux de projeter des attributs démoniaques sur le Hamas, la force de défense de Gaza, qu’il compare aux Amalécites, un ennemi de l’ancien Israël. Dans ce cas, les Israélites ont reçu « l’ordre de détruire les Amalécites en tuant les hommes, les femmes, les enfants et ceux qui les allaitent », en référence aux Palestiniens de Gaza.

Peut-être verrons-nous Netanyahou être confronté à des circonstances similaires à celles de Cromwell, en étant toléré pendant une situation d’urgence nationale, mais rejeté une fois l’ordre rétabli. Laissera-t-il un héritage de colère et d’animosité lorsque l’énormité de ses crimes sera révélée au grand jour ? Il se peut que, comme dans le cas de Cromwell, le public jette sa mémoire dans l’oubli et que ses « partisans de complaisance » se résignent à rester sur les banquettes arrière de la Knesset.

Le président Biden a entretenu des relations étroites avec l’Irlande par l’intermédiaire de ses parents, et en particulier de sa mère. Mais il semble qu’il ne comprenne pas très bien l’histoire de l’Irlande et qu’il ne soit pas capable de voir que ses expériences les plus traumatisantes sont reproduites par une brutalité de type cromwellien à Gaza. S’il s’était un peu renseigné sur l’invasion de l’Irlande au milieu du XVIIe siècle, il aurait pu se rendre compte que cette histoire horrible se répète à l’échelle mondiale avec la complicité de l’Amérique… Peut-être découvrira-t-il, très probablement trop tard, qu’il a participé à une grande tragédie contre une population qui ne dispose d’aucun moyen de défense durable contre les bombes qui pleuvent sur les villes et villages de Gaza.

Traduction d’un article publié ici

Israël, où est votre indignation face à la légalisation de l’apartheid ?


Gideon Levy's picture
26 juillet 2018

Des dizaines de milliers de personnes sont venues protester contre la loi sur les mères porteuses. Les Palestiniens et les autres devront attendre leur tour

Environ 80 000 personnes, pour la plupart des jeunes, se sont rassemblées samedi soir sur la place Rabin. La plus grande place de Tel Aviv n’avait pas connu un tel rassemblement depuis longtemps ; certainement rien qui se voulait être une manifestation de contestation.

Le rassemblement a couronné une journée de manifestations au cours de laquelle des milliers de personnes ont défilé dans les rues. Les principales voies de communication ont été brièvement bloquées, et beaucoup de gens se sont mis en grève – la plupart avec la bénédiction de leurs employeurs, y compris certaines des plus grandes compagnies du pays. Après des années sans contestation publique généralisée d’une telle ampleur sur un quelconque sujet, la société israélienne a montré des signes de réveil de son profond sommeil.

Les plus de 160 Palestiniens non armés tués le long de la barrière de Gaza ; le siège cruel de la bande de Gaza ; la discrimination croissante contre les Arabes en Israël ; les défis auxquels sont confrontés les Israéliens handicapés, les demandeurs d’asile africains et les employés des usines israéliennes fermées – aucun de ces sujets n’a su susciter ne serait-ce qu’une fraction de la contestation qui a balayé Israël ce week-end. Loin de là.

Progrès pour la communauté LGBT

Alors qui a réussi à sortir Israël de sa léthargie d’indifférence ? La communauté LGBT. Les Israéliens sont descendus dans la rue, pour la première fois depuis des années, suite à l’exclusion des couples homosexuels (ou des hommes célibataires) de la loi sur la gestation pour autrui adoptée par la Knesset. Cela a provoqué un tollé qui perdure.

La communauté LGBT israélienne a parcouru un long chemin ces dernières années, devenant l’un des groupes les plus branchés, tendances et émancipés. Ses progrès sont le résultat d’un effort prolongé et ses réalisations sont une source de fierté.

Mais il reste encore beaucoup à faire. Les gays, les lesbiennes et les personnes transgenres en Israël font toujours l’objet de discrimination et sont loin de jouir d’une pleine égalité. Ils ne peuvent pas se marier dans leur propre pays et sont encore moqués dans certains cercles de la société. Toutefois, la distance qu’ils ont parcourue pour atteindre leur position actuelle de pouvoir, pour faire partie du consensus israélien, est impressionnante.

Il y a quelque chose de suspect dans cette ruée des entreprises vers la solidarité. Que cherchaient-elles exactement avec cette contestation ? La justice ? L’égalité ? C’est une blague

Des dizaines de grandes sociétés ont donc permis à leurs employés de faire grève dimanche. Elles ont soutenu cette marche par le biais de campagnes de relations publiques réalisées par des professionnels grassement rémunérés. Elles n’en ont pas fait de même pour les handicapés ou pour les demandeurs d’asile et certainement pas pour les Palestiniens sous occupation. Elles savaient que suivre la communauté LGBT était sûr ; l’égalité des droits pour les Israéliens LGBT fait maintenant partie du consensus. Le soutien à la communauté LGBT en Israël est le meilleur moyen d’apaiser sa conscience.

Il y a quelque chose de suspect dans cette ruée des entreprises vers la solidarité. Que cherchaient-elles exactement avec cette contestation ? La justice ? L’égalité ? C’est une blague. Vont-elles maintenant permettre à leurs employés de manifester et de faire grève pour d’autres causes, vont-elles permettre à chaque employé de suivre son cœur ? Encore plus drôle.

Ce sont néanmoins des questions insignifiantes. La communauté LGBT a réussi à engager le secteur économique dans sa lutte ; bravo pour la puissance de sa campagne.

La zone de confort d’Israël

Ce qui reste très important aujourd’hui, c’est l’ordre des priorités pour la société israélienne, sa boussole sociale et morale, sa conscience collective. Israël s’est mis en grève pour une question qui, objectivement, ne figure pas parmi les causes de contestation les plus pressantes – la gestation pour autrui – pour un groupe qui ne figure pas en tête de la liste des marginalisés, opprimés et discriminés dans le pays : la communauté LGBT.

La vérité est qu’aujourd’hui, il existe peu d’autres groupes aussi puissants et ayant d’aussi bonnes relations que la communauté LGBT. Le succès relatif de ce groupe n’indique rien sur son devoir de continuer la lutte pour ses droits, ni sur la justice de son chemin.

Cependant, la grève révèle tout ce qu’il y a à savoir sur la société israélienne, qui a choisi une fois de plus de fuir vers sa zone de confort, où aucun prix n’est à payer pour la contestation, toujours dans le domaine du permis et de l’accepté – où il s’agit seulement d’Israël se sentant bien, améliorant son image, et, surtout, nettoyant les couches de crasse qui souillent sa conscience en raison de ses autres crimes et maladies.

La loi sur la gestation pour autrui a attiré environ 80 000 manifestants à Tel Aviv le 22 juillet 2018 (AFP)

Israël aurait dû faire grève, avec le soutien des principales sociétés du pays, contre la loi sur l’État-nation qui a été approuvée la semaine dernière à la Knesset. Ils auraient dû faire grève en signe de solidarité avec les résidents arabes de ce pays après que la Knesset leur a craché au visage tout en leur remettant un avis législatif officiel : vous êtes des citoyens de seconde zone ici.

Quelle guérison profonde, quelle infusion d’espoir aurait été produite par une grève de cette envergure, par solidarité avec Sakhnin et Nazareth, Umm el-Fahm et Taibeh, et en signe de solidarité avec tous les citoyens arabes d’Israël pour qui la loi sur l’État-nation était un coup bas.

Quelle atmosphère de camaraderie aurait pu s’ensuivre ; quel fruit précieux récolté pour toute la société aurait pu donner une démonstration de solidarité dans ce sens. Toutefois, cela exigerait une dose de courage et une boussole morale claire – deux choses qui manquent parmi les entreprises leaders du pays comme dans la société israélienne dans son ensemble.

Endoctrinés et haineux

Personne ne s’attend plus à ce qu’Israël organise des manifestations de masse contre l’occupation, le siège ou les colonies dans les territoires : presque tout le monde en Israël est trop endoctriné, haineux et anxieux pour le faire.

Peut-être pensaient-ils que s’ils se joignaient à cette lutte relativement plus marginale, leur conscience les troublerait moins à l’avenir. Ou peut-être qu’ils espéraient nettoyer la tache de leurs crimes vraiment importants. Mais c’est une illusion, bien sûr

Cependant, la loi sur l’État-nation, adoptée quelques heures après la loi sur la GPA, est de loin la plus cruciale, fatidique, outrageante et discriminatoire, celle qui exclue le plus. Elle ne prévoit pas de fardeau sur le droit de devenir parents. Elle légifère un fardeau sur l’appartenance à votre propre pays. C’est, pour certains Israéliens, un repère qui marque leur fin de l’appartenance ici. Il signale à tous les Israéliens qu’à partir de maintenant, ils vivent dans un État d’apartheid – non seulement en pratique, mais aussi d’un point de vue législatif.

La direction de cette tendance est également différente. La communauté LGBT est sur la voie du succès. Une autre manifestation, une autre élection et la gestation pour autrui – ce problématique chemin vers la parentalité parfois considéré avec plus de révulsion que la prostitution – sera également approuvée pour les hommes.

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La législation contre les Arabes nous pousse exactement dans la direction opposée. La loi sur l’État-nation est seulement un avant-goût de ce qui va arriver. Il y a une pente glissante évidente droit devant, et rien pour arrêter la chute. Une contestation de masse aurait pu signaler un changement et stopper l’avalanche.

La loi sur l’État-nation intéressait toutefois relativement peu d’Israéliens, et en a fait descendre encore moins dans les rues, bien qu’elle ait dû toucher la conscience de tout Israélien – juif ou arabe – qui se soucie du genre de pays où il vit, du genre de régime sous lequel il vit.

La loi sur l’État-nation a tracé la voie qu’Israël emprunte, définissant par des mots, en droit, ce qu’on savait déjà : Israël est un État d’apartheid, pas seulement dans les territoires occupés, mais dans tout le pays entre le Jourdain et la Méditerranée.

Contestation d’évasion

Ce fait n’a pas indigné la plupart des Israéliens, ni ses chefs d’entreprise ni ses citoyens. Au fond de leur cœur, peut-être, ils savent à quoi tend leur pays, mais n’ont pas le courage de résister au troupeau galopant qui soutient ce gouvernement d’extrême droite.

C’est peut-être pour cette raison que ces entreprises ont si bruyamment soutenu le droit des gays à la gestation pour autrui. Peut-être pensaient-ils que s’ils se joignaient à cette lutte relativement plus marginale, leur conscience les troublerait moins à l’avenir. Ou peut-être qu’ils espéraient nettoyer la tache de leurs crimes vraiment importants. Mais c’est une illusion, bien sûr.

L’incroyable fuite, le déni et la répression d’Israël sont visibles partout : dans l’apathie à propos de l’occupation, dans l’ignorance, dans les mensonges que les gens se racontent, et dans l’indifférence face à ce qui se passe

L’incroyable fuite, le déni et la répression d’Israël sont visibles partout : dans l’apathie à propos de l’occupation, dans l’ignorance, dans les mensonges que les gens se racontent, et dans l’indifférence face à ce qui se passe – et désormais dans les mouvements contestataires.

C’est un phénomène nouveau et fascinant : la contestation pour fuir la réalité. C’est ce qui s’est passé cette semaine en Israël. Imaginez ce que nous aurions pensé si les blancs en Afrique du Sud, à l’époque de l’apartheid, étaient descendus dans la rue pour défendre le droit des hommes à devenir parents grâce à la gestation pour autrui, tandis que la population noire continuait à vivre sous un régime malfaisant. C’est exactement ce qui s’est passé en Israël cette semaine.

Le vrai opprimé peut attendre. Israël participe à la marche des fiertés.

 

– Gideon Levy est un chroniqueur et membre du comité de rédaction du journal Haaretz. Il a rejoint Haaretz en 1982 et a passé quatre ans comme vice-rédacteur en chef du journal. Lauréat du prix Olof Palme pour les droits de l’homme en 2015, il a obtenu le prix Euro-Med Journalist en 2008, le prix Leipzig Freedom en 2001, le prix Israeli Journalists’ Union en 1997 et le prix de l’Association of Human Rights in Israel en 1996. Son nouveau livre, The Punishment of Gaza, a été publié par Verso en 2010. 

Les opinions exprimées dans cet article n’engagent que leur auteur et ne reflètent pas nécessairement la politique éditoriale de Middle East Eye.

Photo : des pro-LGBT participent à une manifestation à Tel Aviv, le 22 juillet 2018 (AFP).

Traduit de l’anglais (original).

Quel culot ! Pourquoi la gifle d’Ahed Tamimi rend les Israéliens furieux


 

Gideon Levy جدعون ليفي גדעון לוי 
Traduit par  Jean-Marie Flémal

 

Mardi dernier, les Forces de défense d’Israël ont abattu Hamed al-Masri, 15 ans, d’une balle dans la tête, blessant grièvement l’adolescent de Salfit qui, par ailleurs, ne portait pas d’arme. Vendredi, les militaires ont fait de même avec Mohammed Tamimi, de Nabi Saleh, sans arme lui aussi, le blessant tout aussi grièvement à la tête. Vendredi encore, les militaires ont tué – toujours d’une balle dans la tête – Ibrahim Abou Thuraya, amputé des deux jambes. Et, le même jour, Ahed Tamimi était dans la cour de sa maison avec une amie et a giflé un homme des FDI qui avait fait irruption chez elle.

Ahed Tamimi, center, and her cousin Nour Tamimi, left, and a Palestinian woman pushing and hitting Israeli soldiers in a screen grab from a video that has gone viral, December 15, 2017.

Ahed Tamimi, au centre, sa cousine Nour Tamimi, à gauche, et une femme palestinienne repoussant et frappant des soldats israéliens. Capture d’écran d’une vidéo qui a fait le buzz le 15 décembre 2017. Facebook

Du coup, Israël est sorti furieux de sa torpeur : mais comment ose-t-elle ? Les trois victimes de cette fusillade barbare n’intéressent pas les Israéliens et les médias ne prennent même pas la peine d’en parler. Mais la gifle – et le coup de pied – d’Ahed Tamimi ont déclenché une colère furieuse. Comment peut-on oser gifler un soldat des FDI ? Un soldat dont les amis giflent, tabassent, kidnappent et – bien sûr – abattent presque quotidiennement des Palestiniens ?

Vraiment, elle a tous les toupets, la Tamimi. Elle a violé les règles. Gifler n’est permis que de la part des soldats. C’est elle, la véritable provocation, et non pas le soldat qui a fait irruption dans sa maison. Elle, qui a eu trois proches parents tués par l’occupation, elle dont les parents ont été arrêtés d’innombrables fois et dont le père a été condamné à quatre mois de prison pour avoir participé à une manifestation à l’entrée d’une épicerie – et c’est elle qui a osé résister à un soldat ! Voilà le culot des Palestiniens. Tamimi était censée tomber amoureuse du soldat qui avait forcé la porte de sa maison et, ingrate qu’elle a été, elle l’a récompensé d’une gifle. Tout cela, à cause de« l’incitation à la violence ». Sans quoi, elle n’aurait certainement pas manifesté cette haine à l’égard de son conquérant.

Mais cette pulsion de revanche à l’égard de Tamimi a d’autres sources (Le ministre de l’Éducation, Naftali Bennett a déclaré : « Elle devrait finir ses jours en prison. »). La fille de Nabi Saleh a fait éclater plusieurs mythes chers aux Israéliens. Le pire de tout, elle a osé détériorer le mythe israélien de la masculinité. Brusquement, il se fait que le soldat héroïque, qui veille sur nous jour et nuit avec audace et courage, se fait vilainement contrer par une fille aux mains nues. Que va-t-il advenir de notre machisme, si Hamimi le met en pièces si facilement, et de notre testostérone ?

Tout d’un coup, les Israéliens ont vu l’ennemi cruel et dangereux auquel ils sont confrontés : une gamine bouclée de 16 ans. Toute la diabolisation et la déshumanisation des médias flagorneurs ont volé en éclats d’un seul coup en étant brusquement confrontées à une gamine vêtue d’un sweater bleu.

Les Israéliens ont perdu la tête. Ce n’est pas ce qu’on leur a raconté. Ils sont habitués à entendre parler de terroristes et de terrorisme et de comportement criminel. Il est difficile d’accuser Ahed Tamimi de tout cela ; elle n’avait même pas de ciseaux en main. Où est la cruauté des Palestiniens ? Où est le danger ? Où est le mal ? On en perdrait la tête. Brusquement, toutes les cartes ont été rebattues : Pendant un rare instant, l’ennemi avait l’air si humain. Bien sûr, on peut compter sur la machine israélienne de propagande et de lavage de cerveau, si efficace, pour assassiner sans attendre le personnage de Tamimi. Elle aussi se verra coller l’étiquette de terroriste née pour tuer ; on dira alors qu’elle n’avait pas de motifs justifiables et qu’il n’y a pas de contexte pour expliquer son comportement.

Ahed Tamimi est une héroïne, une héroïne palestinienne. Elle est parvenue à rendre dingues les Israéliens. Que diront les correspondants militaires, les incitateurs de droite et les experts de la sécurité ? Quelle est l’efficience de 8200, Oketz, Duvdevan, Kfir et toutes ces autres unités spéciales si, à la fin de la journée, les FDI sont confrontées à une population civile désemparée, fatiguée de l’occupation et incarnée par une jeune fille portant un keffieh sur l’épaule ?

Si seulement il y en avait bien davantage comme elle ! Peut-être des filles comme elle seraient-elles en mesure de secouer les Israéliens. Peut-être l’intifada des gifles réussira-t-elle là où toutes les autres méthodes de résistance, violente ou non violente, ont échoué.

Dans l’intervalle, Israël a réagi de la seule façon qu’il connaît : un enlèvement nocturne de son domicile et son arrestation ainsi que celle de sa mère. Mais, dans le fond de son cœur, tout Israélien décent sait sans doute non seulement qui a raison ou qui n’a pas raison, mais aussi qui est fort et qui est faible. Le soldat armé de pied en cap qui fait irruption dans une maison qui ne lui appartient pas, ou la gamine sans armes qui défend sa maison et son honneur perdu à mains nues, par une gifle ?

 



Merci à Pour la Palestine
Source: https://www.haaretz.com/opinion/.premium-1.830229
Date de parution de l’article original: 21/12/2017
URL de cette page: http://www.tlaxcala-int.org/article.asp?reference=22320 


Libellés: Ahed Tamimi | Résistance palestinienne | Occupation sioniste | Palestine/Israël

Facebook et Israël annoncent officiellement leur collaboration pour censurer les contenus des réseaux sociaux


 

Facebook et Israël annoncent officiellement leur collaboration pour censurer les contenus des réseaux sociaux

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Suite à la controverse soulevée par la censure sur Facebook d’une photo mondialement célèbre de la guerre du Vietnam, Facebook a accepté de « travailler ensemble » avec le gouvernement d’Israël pour censurer des contenus jugés inappropriés par les responsables israéliens.

Facebook a annoncé officiellement l’accord de l’arrangement «coopération» après une réunion entre des ministres israéliens et de hauts responsables de Facebook le 11 septembre. La volonté frénétique du gouvernement israélien de surveiller et de censurer les contenus de Facebook qu’il juge inappropriés fait suite au succès viral du mouvement en faveur du BDS (Boycott, Désinvestissements, Sanctions), un mouvement mondial non-violent qui travaille à dénoncer les violations israéliennes des droits humains.

Le succès du BDS a touché un point sensible d’Israël, ce qui a conduit son gouvernement à adopter une loi lui permettant d’espionner et d’expulser les militants étrangers agissant en Israël et en Palestine. En outre, Israël a menacé la vie des partisans de BDS et a fait pression pour que des mesures législatives soient prises contre le BDS aux quatre coins du monde. Il cherche maintenant à réduire encore plus le succès BDS en contrôlant directement le contenu des utilisateurs de Facebook.

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Le rapport de Richard Falk et Virginia Telley sur l’apartheid israélien, publié en français


Au mois de mars, la Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale (CESAO) des Nations-Unies a publié un rapport sur l’apartheid israélien. Pour le Comité national palestinien (BNC) de BDS, le rapport constitue un « un progrès historique ». C’est la première fois qu’une agence des Nations-Unies établit, à travers une étude scrupuleuse et rigoureuse, qu’Israël impose un régime d’apartheid sur l’ensemble du peuple palestinien : sur les Palestiniens des territoires occupés, sur les citoyens palestiniens d’Israël et sur les réfugiés et exilés palestiniens. Le rapport recommande aux Nations Unies et à ses états membres de soutenir la campagne BDS.

Très rapidement, sous pression des Etats-Unis et d’Israël, le rapport est retiré des sites des Nations Unies.
Deux jours après sa sortie, il est enterré.

Mais de nombreux instances et associations ont sauvegardé le rapport. Une équipe de traducteurs a traduit le rapport en français. Un traducteur de ce site a participé à ce travail collectif.

La version française du rapport :
pour télécharger le PDF, cliquez ici

L’appel au boycott d’Israël de deux universitaires juifs américains


Et à l’annoncer publiquement ! C’est une lettre fracassante qui a été publiée vendredi dans le Washington Post par deux professeurs « juifs et sionistes », des universités de Harvard et de Chicago, appelant au boycott d’Israël.

  • LETTRE DE DEUX UNIVERSITAIRES JUIFS AMÉRICAINS DANS LE WASHINGTON POST

« Nous sommes des sionistes de longue date, et c’est pourquoi nous avons choisi de boycotter Israël » ont publié Steven Levitsky et Glen Weyl dans l’édition du Washington Post du 23 Octobre.

« Notre soutien à Israël se fondait sur deux convictions : un Etat était nécessaire pour protéger notre peuple de futures catastrophes, et d’autre part qu’un Etat juif serait démocratique et adopterait les valeurs universelles des droits de l’homme, qui s’imposent après l’Holocauste.

Et nous pensions que l’occupation de la Cisjordanie et de Gaza, tout comme le déni de droits fondamentaux aux Palestiniens vivant là, n’étaient que provisoires, le temps d’assurer la survie du nouvel Etat.

Mais nous sommes confrontés à une réalité : l’occupation est devenue permanente. Près d’un demi-siècle après la guerre des six jours, Israël s’est installé dans un régime d’apartheid.

La Cisjordanie est considérée comme faisant partie d’Israël et la « ligne verte » a été effacée de la plupart des cartes, et c’est ce que le président israélien Reuven Rivlin appelle « le sionisme moderne ».

Ceci pose un dilemme éthique à nous juifs américains. Pouvons nous soutenir un Etat qui refuse de manière permanente ses droits fondamentaux à un autre peuple ? Et même dans une perspective sioniste nous estimons qu’Israël s’est engagé sur un chemin qui met en danger l’existence même d’Israel.

Comme dans le cas de la Rhodésie et de l’Afrique du sud de l’apartheid, cette oppression permanente des Palestiniens par Israël va inéluctablement l’isoler des démocraties occidentales , mais également de l’opinion publique américaine qui —auparavant jugée inconditionnelle— commence à se détacher d’Israël.

Et même sur le plan intérieur, l’occupation exacerbe des pressions démographiques qui risquent de fracturer totalement la société israélienne, notamment avec le gonflement du nombre de colons et des juifs ultra-orthodoxes fanatiquement chauvins.

En fin de compte, l’occupation menace la sécurité qu’elle prétendait assurer. Cette sécurité avait pourtant progressé depuis les traités de paix avec l’Egypte et la Jordanie, puis avec l’affaiblissement de l’Irak et de la Syrie, et avec l’incomparable supériorité désormais acquise sur le plan militaire par Israël, qui n’a plus à faire face à la moindre menace existentielle de la part de ses voisins arabes.
.
Et comme l’ont déclaré 6 anciens dirigeants de la sécurité intérieure du Shin Bet en 2012, c’est l’occupation elle-même qui est un danger pour Israël.

Face à cette situation et ne croyant plus à la capacité des Israéliens de remettre en cause cette occupation et de survivre en tant qu’ Etat démocratique, nous estimons que des pressions extérieures sont indispensables.

Même si c’est douloureux pour des personnes comme nous , nous pensons que le retrait de l’aide américaine tout comme son soutien diplomatique à Israël, ainsi que les mesures de boycott et de désinvestissement, sont seuls capables de changer la donne.

C’est pourquoi nous refusons désormais de voyager en Israël, nous boycottons les produits en provenance d’Israël, nous appelons nos universités américaines à désinvestir et nos élus à à retirer leur aide à Israël. (…)

Ceci jusqu’à ce que Israël s’engage sérieusement dans un processus de paix établissant un Etat palestinien souverain ou bien accordant les mêmes droits démocratiques aux Palestiniens à l’intérieur d’un seul Etat.

Steven Levitsky est professeur d’administration publique à l’université de Harvard. Glen Weyl est professeur adjoint d’économie et de droit à l’université de Chicago.

source

«L’affrontement israélo-arabe mobilise, la crise syrienne divise»


Nous avons interrogé le chercheur et politologue français François Burgat à propos du différentiel d’indignation exprimée s’agissant d’une part des intenses bombardements israéliens sur la bande de Gaza pendant quatre semaines et, de l’autre, des tueries quotidiennes en Syrie depuis trois ans.

On a rarement vu de telles mobilisations dans le monde en faveur des Gazaouis sous les bombes. Pourtant les révoltés syriens ont été victimes de massacres pires encore de la part du régime sans qu’on voie des foules indignées envahir les rues en Occident, pourquoi, à votre avis?

La dénonciation de la politique américano-israélienne unit. La lecture de la crise syrienne divise. L’affrontement israélo-arabe mobilise depuis toujours deux camps clairement identifiés, dont les acteurs et les argumentaires n’ont pas sensiblement évolué. Le camp dit «propalestinien» se superpose presque parfaitement à la vaste mouvance «anti-impérialiste», héritière d’une longue tradition d’opposition à la politique étrangère des États-Unis. La dénonciation de la politique israélienne est d’autant plus naturelle qu’elle a le plus souvent valeur de critique d’une classe politique qui, à droite comme à gauche, penche le plus souvent du côté israélien. Uni dans sa condamnation d’Israël et de ses alliés, ce camp «anti-impérialiste» est en revanche divisé moins sur la légitimité de l’opposition syrienne que sur la cohorte hétéroclite de ses alliés, arabes aussi bien qu’occidentaux. La révolte syrienne est en effet intervenue au lendemain d’un profond bouleversement de l’échiquier international. Celui qui a vu les diplomaties occidentales abandonner leur soutien inébranlable aux régimes autoritaires (en Tunisie et en Égypte notamment) pour mettre, assez cyniquement, leurs ambitions dans le panier du soutien aux révolutionnaires arabes. Le trouble généré par ce revirement a été accru par le fait que les Occidentaux, qui avaient boudé jusqu’à la dernière minute les protestations des Tunisiens et des Égyptiens, s’en sont pris pour inaugurer leur nouvelle politique à deux régimes (libyen et syrien) qui leur étaient tous deux traditionnellement hostiles, tout particulièrement sur la question palestinienne. Considérant qu’il a été en fait plus verbal qu’effectif (à la différence de celui de la Russie ou de l’Iran au régime), le soutien occidental s’est ainsi avéré plus préjudiciable qu’autre chose à l’opposition syrienne. On serait même tenté de dire qu’il a constitué à certains égards, pour l’opposition syrienne, un véritable «baiser de la mort». Nombreux sont les militants «anti-impérialistes» – tout particulièrement s’ils sont coupés du terrain syrien – qui hésitent en effet à joindre dans la lutte contre Bachar leurs efforts à ceux (Obama, Cameron, Hollande) qu’ils combattent depuis toujours. Comment aider des révolutionnaires si cela implique de se trouver dans le camp de Bernard Henri Lévy, pour ne rien dire de l’émir du Qatar ou du roi d’Arabie?

Il y a eu depuis trois ans beaucoup de condamnations verbales des horreurs en Syrie de la part des dirigeants de la «communauté internationale» et finalement assez peu à Gaza. La critique d’Israël reste contrainte?

C’est bien le problème. Nombre de militants hésitent à descendre dans la rue pour défendre l’opposition syrienne car ils ont le sentiment que cela revient à soutenir la politique de Hollande! Ils considèrent en quelque sorte qu’une mobilisation populaire aussi légitime que peut l’être la révolte syrienne est devenue infréquentable par le seul fait que des forces politiques illégitimes ont décidé d’essayer d’en tirer profit. Funeste est leur erreur d’analyse bien sûr, est-il besoin de le redire?

La critique d’Israël serait-elle contrainte…? Bien sûr et c’est peu dire! Journalistes, chercheurs, hommes politiques… La liste est longue de tous ceux qui pourraient témoigner des rigueurs multiformes de cette «contrainte»…

Les opinions publiques ne sont-elles pas troublées par l’apparition et par les succès des djihadistes en Syrie (et Irak), qui donnent de la révolte syrienne une image atroce (exécutions, crucifixions, etc.)?

Bien sûr! C’est en fait la question de l’islam politique tout entière qui est au cœur de la suspicion montante des Occidentaux à l’égard des printemps arabes. Sur le registre du «on vous l’avait bien dit», la très réelle et très inquiétante montée en puissance des djihadistes est seulement venue amplifier la réticence d’une écrasante majorité des opinions européennes à l’égard des élus des urnes des printemps arabes et partant, pour certains, à l’égard des printemps dans leur principe même. Nous n’avons sans doute pas assez pris conscience que le quasi-unanimisme européen (si tardif qu’il fût) devant le printemps tunisien était moins fondé sur la chute de Ben Ali que – supposément bien sûr, car l’erreur était de taille – sur la croyance que les islamistes, réputés absents des rangs des révolutionnaires, venaient de sortir de l’histoire.

Le paradoxe de la radicalisation djihadiste est qu’elle est en grande partie le résultat de nos atermoiements devant l’opposition modérée (et néanmoins islamiste car ces deux mots peuvent réellement aller de pair, il faut le redire sans se lasser) que nous avons refusé de soutenir efficacement. Notre réticence spontanée et viscérale vis-à-vis du Hamas ou la facilité avec laquelle nous avons accepté la déposition du président égyptien Mohammed Morsi en 2013 vont de pair avec notre suspicion précoce à l’égard du Conseil national syrien (opposition en exil), immédiatement jugé «trop proche des Frères musulmans». Les djihadistes, cela se fabrique. Le paradoxe de notre attitude vis-à-vis des islamistes est que notre rejet des plus modérés participe activement à la fabrication de leurs successeurs beaucoup plus radicaux.

Une partie des partisans de la cause palestinienne refuse de critiquer le régime syrien, qui prétend depuis toujours la défendre, que leur répondez-vous?

Je leur souhaite seulement d’aller exprimer leur point de vue dans les rues du camp palestinien de Yarmouk, à Damas, ou dans n’importe laquelle des villes que le régime syrien martyrise depuis trois ans sous les bombes et les obus. Ils prendraient alors la mesure de leur terrifiante erreur.

Propos recueillis par BAUDOUIN LOOS

Article paru dans Le Soir du 7 août 2014

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Gideon Levy, un sioniste détesté en Israël


Publié le  par Baudouin Loos

Contre la vague nationaliste imposante qui soutient avec ferveur l’attaque de l’armée israélienne contre Gaza, les voix israéliennes juives qui réussissent à se faire entendre ne sont pas légion. L’une d’elles bénéficie d’un support médiatique de choix, le très minoritaire mais estimé quotidien de gauche Haaretz. Au sein de sa rédaction, en effet, un homme symbolise «l’autre Israël», celui qui refuse la logique de guerre, et qui dénonce d’ailleurs depuis des décennies l’occupation. Cet homme s’appelle Gideon Levy et les menaces contre lui s’accumulent ces derniers jours.

Le journaliste a tenté la semaine dernière de se rendre dans les villes israéliennes proches de Gaza – l’entrée dans la bande maudite étant interdite aux Israéliens par Israël. Mais son reportage a tourné court devant la tension que sa présence suscitait quand il arrivait quelque part. Il estime même avoir échappé à un lynchage grâce à la présence d’une équipe de la télévision de la seconde chaîne nationale qui devait l’interviewer dans un «mall» d’Ashkelon (l’interview n’a d’ailleurs pas pu avoir lieu en raison de l’hostilité du public présent). Il a raconté cet épisode dans un article publié le 19 juillet.
Que dit donc Gideon Levy pour provoquer une telle ire contre lui?
Dans la rubrique «Opinions», il a par exemple signé le 17 juillet un papier intitulé «Voudriez-vous vivre dans le nouvel Israël qui vous tend la main?».

L’Israël qui se dessine, explique-t-il, sera celui «qui ne tolérera aucune opinion différente, aucune idée alternative. (…) Le peuple parlera à l’unisson, comme un chorus, aussi uniforme qu’un choeur de l’Armée rouge. Les médias aussi parleront d’une seule voix, déclamant les communiqués dictés par le gouvernement et l’armée».

Plus fort encore, car évoquant le climat de ces derniers jours: «En temps de guerre, la situation est différente, bien sûr. (…) On peut critiquer l’armée et la Défense mais dans une seule direction: ”Pourquoi ne laisse-t-on pas l’armée gagner? Laissons-la faire son travail, les battre tous, les bombarder, les écraser plus encore, conquérir plus encore, couper l’électricité, resserrer le siège, accroître autant que possible les tueries, la souffrance et les dévastations (…). Ramener les Arabes à l’âge de la pierre et Gaza au Moyen Age”. C’est autorisé.»

Dans un article plus analytique publié dans la même rubrique ce dimanche 20 juillet, Levy examine les dix conditions posées par le Hamas et le Djihad islamique pour cesser le feu. Et d’estimer qu’il n’y en pas une seule d’infondée parmi elles! Comme la fin du siège imposé à Gaza (que le droit international et la communauté internationale condamnent, d’ailleurs, n’écrit-il pas), la réouverture de l’aéroport de Gaza, celle du passage vers l’Egypte sous supervision internationale, l’ouverture d’un port, etc.) «Ces conditions sont d’ordre civil; les moyens utilisés pour y arriver sont militaires, violents et criminels. Mais l’amère vérité est que quand Gaza ne tire pas de roquettes sur Israël personne ne s’en préoccupe.»

L’animosité rencontrée par Gideon Levy en Israël ne date pas d’hier. Ce journaliste s’est spécialisé dans les affaires palestiniennes durant les années 1980. Ses fréquents reportages très crûs dans les territoires occupés, bien avant qu’il ne commençât à également remplir les colonnes des pages «Opinions», lui ont valu une solide réputation: celle d’un «prophète» pour les uns, comme l’intellectuel juif américain Noam Chomsky, ou celle d’un «traître» pour nombre d’Israéliens.

Nous l’avions rencontré à Bruxelles en 2010. Il assumait son impopularité chez lui en Israël. «Il y a de plus en plus d’Israéliens qui sont furieux contre moi. Eh bien! quelque part, ça me rend fier de moi. Car je lutte contre l’indifférence. Si je les fâche, c’est au moins que je les réveille, je touche leurs nerfs sensibles. Cela dit, la société israélienne devient de plus en plus intolérante. Beaucoup d’Israéliens trouvent que Barack Obama flirte avec l’antisémitisme, les associations qui défendent les droits de l’homme sont traitées de nazies, il y a de moins en moins de contre-pouvoirs, la société civile est dans le coma…»

Depuis lors, le journaliste a aggravé son cas, si l’on ose dire: depuis l’année dernière, lui le sioniste convaincu qui dit se battre «pour un Israël dont je pourrais être fier», s’est résolu à appeler au boycott de son pays«Le changement ne viendra pas de chez nous. C’est clair depuis longtemps. Aussi longtemps que les Israéliens ne paient pas le prix pour l’occupation, ou au moins ne font pas la connexion entre cause et effet, ils n’auront aucune raison d’y mettre fin. Et pourquoi un résident lambda de Tel-Aviv serait-il dérangé par ce qui se passe dans une ville de Cisjordanie comme Jénine ou de la bande de Gaza comme Rafah ? Ces endroits sont loin et pas particulièrement intéressants.»

Avec l’escalade actuelle à Gaza, comme il l’écrivait le 19 juillet, voici pour lui «le temps des menaces, de la haine, des intimidations (mais aussi les encouragements, le réconfort et la solidarité) dans la rue, par courriels, par téléphone, sur Twitter et Facebook. Les ténèbres sont tombés sur nous.»

Et de conclure de manière sombre: «Toutes les semences des incitations à la haine, toutes les lois nationalistes, racistes et la propagande incendiaire, les campagnes de peur et la subversion de la démocratie par le camp de la droite, tout cela a porté ses fruits, et ces fruits sont répugnants et pourris».

BAUDOUIN LOOS

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Les Palestiniens vont « payer cher » le fait de se tourner vers l’ONU


Le Vif

Source: Belga
mercredi 02 avril 2014 à 10h45

Les Palestiniens vont « payer cher » leur décision de relancer leurs démarches d’adhésion aux agences de l’ONU et traités internationaux, a averti mercredi un ministre israélien, les menaçant de sanctions économiques, voire d’annexion de territoires occupés.

Le ministre israélien du Tourisme Uzi Landau. © Belga Image

 

« S’ils menacent maintenant (de se tourner vers les institutions de l’ONU), ils doivent savoir une chose: ils le paieront cher », a déclaré à la radio publique le ministre du Tourisme Uzi Landau.

Ce dernier n’a pas exclu la possibilité pour Israël d’annexer des portions de territoire palestinien occupé.

« L’une des mesures possibles serait pour Israël d’appliquer sa souveraineté sur des secteurs qui feront clairement partie de l’Etat d’Israël dans le cadre de toute solution future », a menacé M. Landau.

Le ministre faisait référence aux secteurs de la Cisjordanie occupée où sont implantés des colons juifs, Israël espérant conserver ces zones après un futur accord de paix.
Israël pourrait aussi prendre des mesures de rétorsion économique en intervenant « pour bloquer leurs aides financières ».
Le président palestinien Mahmoud Abbas a annoncé mardi que la direction palestinienne avait décidé de demander l’adhésion à 15 agences et traités internationaux.

Cette décision intervient peu après l’annonce d’un nouvel appel d’offres par le gouvernement israélien pour 708 logements dans le quartier de colonisation de Gilo, à Jérusalem-Est occupée et annexée.

Un accord conclu sous l’égide du chef de la diplomatie américaine John Kerry a permis la reprise en juillet pour neuf mois des négociations de paix, un délai arrivant à échéance le 29 avril.
En vertu de cet accord, la direction palestinienne avait suspendu jusqu’à la fin des pourparlers toute démarche d’adhésion aux organisations et conventions internationales auxquelles le statut d’Etat observateur obtenu en novembre 2012 à l’ONU lui donne accès.

En contrepartie, Israël s’engageait à libérer en quatre phases 104 prisonniers incarcérés avant les accords d’Oslo de 1993, dont les trois premiers groupes ont été relâchés. Mais le dernier contingent n’a pas été libéré comme prévu samedi dernier.

A la suite de l’annonce palestinienne mardi soir, M. Kerry a annulé une visite prévue mercredi à Ramallah pour rencontrer M. Abbas.

 

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