Gaza : le laisser-faire d’un génocide filmé


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Depuis le 7 octobre, la guerre menée par l’État d’Israël contre les Palestiniens de Gaza a fait plus de 30 000 mort·es et des centaines de milliers de blessé·es du côté palestinien. On parle de génocide, de famine, d’apartheid. Des termes trop forts, prétendent la quasi-totalité du personnel politique et des médias dominants. Non, nous expliquent Sarra Grira et Alain Gresh, deux rédacteurs du journal en ligne OrientXXI, dans ce nouvel épisode de notre podcast Contresons, réalisé par Chris Den Hond et Mylène Sauloy.

Des guerres à Gaza, il y en a eu plusieurs déjà. Alors pourquoi celle-ci est-elle particulièrement sidérante ? On tente de comprendre pourquoi un génocide filmé en direct par les victimes suscite aussi peu de réactions au niveau international. Et comment s’est mis en place l’alignement des médias et des dirigeants politiques occidentaux sur la position d’Israël ? On entend dans cet épisode des enregistrements effectués dans le cortège Palestine lors de la manifestation pour les droits des femmes à Paris le 11 novembre 2023.

Par Chris Den Hond et Mylène Sauloy
Contretemps.eu Jeudi, 29 février 2024

Ecoutez cet excellent enregistrement

Publié il y a 3 hours ago par Assawra

Non Monsieur Macron, l’antisémitisme n’est pas la cause du massacre du 7 octobre


Depuis le 7 octobre un génocide est en cours à Gaza. Malgré des médias aux ordres, il n’est plus possible de nier la réalité : plus de 30000 mort.es dont une grande majorité de femmes et d’enfants, 90% de la population déplacée de force et régulièrement bombardée, des habitations pulvérisées, la famine organisée, des familles ciblées et exterminées.

La Cour Internationale de Justice a confirmé qu’il y a une tentative de génocide. Monsieur Macron n’a rien dit sur ce qui se passe à Gaza. Il n’a rien vu, il ignore que ce n’est pas seulement la population palestinienne qui est assassinée, c’est aussi le Droit international.

Il a sciemment fait une confusion majeure : les victimes de l’attaque du 7 octobre n’ont pas été tué.es en tant que juifs/ves. Pour leur malheur hélas, elles ont été tuées en tant que membres d’un État colonial et désormais fasciste, qui enferme depuis 16 ans plus de deux millions de personnes dans un ghetto dont il a construit les murs. Seize ans dans la plus parfaite illégalité et avec la complicité des nations dites civilisées ! Seize ans sans discontinuer jusqu’à la brèche du 7 octobre.


Toutes les vies ont la même valeur et parler des victimes israéliennes du 7 octobre sans un mot pour les milliers de victimes palestiniennes d’aujourd’hui et de demain est d’une indécence absolue.

Accuser le peuple palestinien d’antisémitisme, c’est légitimer les assassins au pouvoir en Israël qui sont allés jusqu’à justifier les meurtres des civil.es et des enfants.

Monsieur Macron semble ignorer totalement le Droit international. Résister à l’occupation et à l’oppression est un droit et même un devoir. L’occupation de la Palestine est illégale et les nombreux Français qui vivent dans les colonies violent le Droit international. Les milliers de Français engagés dans l’armée israélienne participent à des crimes contre l’humanité et à un génocide.

En mélangeant sciemment juif et israélien, en faisant de la Palestine un peuple d’antisémites, Monsieur Macron ne protège pas les Juifs. Il les met en danger. Il en fait les complices d’un génocide sur lequel il est étrangement silencieux. Il détruit la mémoire de l’antisémitisme et du génocide nazi qui n’ont rien à voir avec le soutien à un régime suprémaciste dirigé par des fascistes.

Il fait honte.

La Coordination nationale de l’UJFP le 7 février 2024

LES MÉDECINS DE PALMED ONT ACCOMPLI LEUR MISSION À GAZA.


ACTUALITÉSPOUR AGIR (voir sur le site de CAPJPO de nombreuses photos)

Ils viennent de passer 15 jours à soigner les malades de Gaza, à encourir les même risques que leurs collègues médecins palestiniens, encore vivants et épuisés, dans les rares hôpitaux qui fonctionnent encore dans la bande de Gaza.

Les médecins de Palmed ont accompli leur mission à Gaza.

Ils reviennent tandis qu’une autre équipe médicale organisée par PALMED part les remplacer !

Nous les remercions chaleureusement.

Ci-dessous le communiqué de presse de PALMED :

CAPJPO-Europalestine

Guerre à Gaza : Meta accusé de censurer les contenus pro palestiniens sur les réseaux sociaux


L’ONG Human Rights Watch a accusé, jeudi 21 décembre, Meta de restreindre les contenus favorables aux Palestiniens sur Facebook et Instagram, dénonçant une « censure en ligne systémique » depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas.
  • Vinciane Joly (avec AFP), 
  • le 22/12/2023 à 13:57
Guerre à Gaza : Meta accusé de censurer les contenus pro palestiniens sur les réseaux sociaux
Meta, dont on voit le logo sur l’image ci-dessus, maison mère de Facebook, Instagram et WhatsApp, a été accusé jeudi 21 décembre par Human Rights Watch de rendre silencieuses les voix palestiniennes sur les réseaux sociaux.KOVOP / STOCK ADOBE.

Meta, la maison mère des réseaux sociaux Facebook et Instagram, a mis en place une censure « systémique et mondiale » des contenus favorables aux Palestiniens depuis le début du conflit entre Israël et le Hamas le 7 octobre dernier, accuse l’ONG Human Rights Watch (HRW) dans un rapport publié jeudi 21 décembre.

« Les politiques et systèmes de modération de contenus de Meta réduisent de plus en plus au silence les voix en faveur de la Palestine sur Instagram et Facebook », écrit-elle dans le rapport de 51 pages, estimant que « la censure par Meta contribue à l’effacement des souffrances des Palestiniens ».

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Mardi déjà, le conseil de surveillance indépendant de Meta a reproché aux plateformes du géant des réseaux sociaux une politique de modération trop restrictive dans le cadre de la guerre à Gaza, déclenchée le 7 octobre par une attaque terroriste du Hamas sur le sol israélien, faisant environ 1 140 morts, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP basé sur des chiffres israéliens. Plus de 20 000 Palestiniens, majoritairement des femmes, des enfants et des adolescents, ont été tués par Israël, d’après le ministère de la santé de Gaza, gouvernée par le Hamas.

Voix « étouffées »

Cette censure est « particulièrement nocive dans une période de terribles atrocités et de répression qui étouffent déjà les voix des Palestiniens », a déploré Deborah Brown, directrice adjointe par intérim de la division Technologies et droits humains de HRW, citée dans le communiqué de l’ONG. « Les réseaux sociaux constituent une plateforme essentielle permettant aux gens de témoigner et de dénoncer les abus », rappelle-t-elle, tandis que la guerre se double d’une bataille informationnelle en ligne.

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Dans son rapport intitulé, « Les promesses non tenues de Meta : censure systémique de contenus pro palestiniens sur Instagram et Facebook », HRW a documenté 1 050 « cas de censure ou de suppression de contenu » dans plus de 60 pays entre octobre et novembre. Parmi eux, 1 049 concernent des publications de soutien pacifique à la Palestine et un en faveur d’Israël. Un panel d’analyse limité certes, mais qui fait écho aux résultats obtenus par des études de HRW ou d’autres organisations ces dernières années. « Les propres publications d’HRW pour mener à bien son enquête sur la censure en ligne ont été considérées comme des spams », affirme le rapport.

L’ONG met en lumière six modèles récurrents de censure : suppressions de contenus ; suspension ou suppression de comptes ; incapacité d’interagir avec les contenus ; incapacité de suivre ou de marquer des comptes ; restrictions à l’utilisation de fonctionnalités telles qu’Instagram/Facebook Live ; et « shadow banning » (bannissement furtif, en français).

Ce dernier terme désigne une pratique consistant à restreindre drastiquement la visibilité des publications, des stories (contenu publié temporairement) ou du compte d’un individu à son insu. Cette technique de modération des contenus, via l’usage d’algorithmes, permet de limiter le cyberharcèlement, les publications incitant à la violence et la propagation de fausses informations.

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Cette fois-ci, elle a été utilisée pour exclure les internautes partageant des contenus dits pro palestiniens. « Dans des centaines de cas, des commentaires mentionnant les mots de « free Palestine », « ceasefire now » ou « stop the genocide » ont été supprimés », rapporte HRW, indiquant que cela concernait également les émojis de drapeaux palestiniens. « De nombreux utilisateurs ont rapporté que leurs publications étaient effacées si elles contenaient des critiques à l’égard du gouvernement israélien, y compris à l’égard de Benyamin Netanyahou », ajoute l’ONG.

Pour contourner cette mise en sourdine, des internautes ont eu recours à diverses techniques, notamment les fautes d’orthographe intentionnelles ou le remplacement des lettres par des symboles (Palestine devient ainsi P@lest ! ne).

Influence excessive des gouvernements

Dans ce contexte, Human Rights Watch estime que quatre facteurs ont contribué à cette censure. Le premier est la politique de Meta sur les individus et organisations dangereuses (DOI) qui entravent les discours de ceux qui prônent la violence. Or, l’entreprise s’appuie pour cela sur la large liste des organisations désignées terroristes par les États-Unis. Ainsi, « la manière dont Meta applique cette politique bloque dans les faits de nombreux narratifs qui soutiennent les principaux mouvements politiques palestiniens et entrave les discussions autour d’Israël et de la Palestine », dénonce le rapport.

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L’ONG critique également l’influence excessive des gouvernements qui réclament la suppression de contenu, et cite nommément les « demandes de l’unité cyber d’Israël ». Enfin, HRW épingle la dépendance à l’égard d’outils automatisés de modération et l’application opaque et incohérente de ces politiques de modération par Meta de manière générale.

Sollicitée par HRW, Meta a « cité sa responsabilité en matière de droits de l’homme et ses principes fondamentaux en la matière », détaille le communiqué. L’ONG a appelé Meta à « aligner ses politiques et pratiques de modération de contenus sur les normes internationales en matière de droits de l’homme ».

Source La Croix

 


Opinion | Les Israéliens doivent choisir entre la provocation et la main tendue

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu s’exprime lors d’une conférence de presse le mois dernier. Photo: Abir Sultan/AP

Yoana Gonen (12 nov. 2023)

Peut-être est-ce la fin de Benjamin Netanyahou. Peut-être qu’après un tel désastre, il n’aura plus sa légendaire capacité de récupération et qu’il disparaîtra de la vie publique, libérant l’État d’Israël de l’étau dans lequel il l’enserre depuis des années. Bien sûr, les cimetières métaphoriques sont pleins de journalistes qui ont parié sur la fin de l’ère Netanyahou, et il est donc préférable de ne pas faire de déclarations grandioses pour le moment.

Mais même si le Premier ministre s’en va, enfin, et même si tout son cortège de flagorneurs et d’imbéciles s’en va dans son sillage, sa destitution n’est pas un exorcisme magique qui résoudra tous nos problèmes. Un mois après le massacre du 7 octobre, il convient d’examiner le chemin parcouru depuis lors et de prêter attention à la manière dont le comportement de chacun d’entre nous affecte l’image de la société qui émergera des ruines.

  • Quatre anciens législateurs arabes israéliens arrêtés par la police pour avoir organisé une manifestation contre la guerre
  • Un grand théâtre de Jérusalem gèle sa production après qu’un écrivain ait accusé Israël de « génocide » à Gaza
  • La voix des Arabes israéliens qui s’opposent à la guerre est la voix de la démocratie

À l’heure actuelle, nous nous dirigeons au galop vers l’abîme. L’atmosphère publique est envahie par les vapeurs putrides du nationalisme, du silence et de la violence à l’égard de tout léger écart par rapport à l’unité forcée. Les premières victimes sont bien sûr les citoyens arabes, qui ont vécu ces dernières semaines une campagne de persécution répugnante.

Alors que les citoyens juifs sont autorisés à diffuser des mensonges et des provocations, les Arabes sont arrêtés ou renvoyés de leur emploi pour chaque message mal traduit ou remarque désinvolte. Le mauvais esprit déborde dans certains cas sur la violence physique et les médias, pour leur part, préfèrent traiter de l’antisémitisme plutôt que du racisme à l’intérieur du pays, qui n’est pas un problème moins funeste pour notre avenir collectif.

Nous savons tous que l’histoire ne se répète pas, mais qu’elle a des parallèles. Ainsi, comme un chapitre tiré d’un livre sur l’histoire européenne du XXe siècle, le monde universitaire et la gauche radicale ont été désignés comme des ennemis du peuple, les universités sont exhortées à renvoyer les conférenciers qui ne semblent pas assez patriotiques et les médias sociaux sont remplis de messages faisant publiquement honte aux personnes qui ont exprimé leur tristesse face à la mort d’innocents dans la bande de Gaza.

De nombreux Israéliens sont devenus des tyrans du clavier, se lançant à la poursuite des traîtres et faisant des crises de colère puériles à propos de chaque Islandais pris au hasard sur TikTok qui n’a pas compris la complexité du conflit. Dans ce cas également, les médias attisent le sentiment de persécution et, jusqu’à présent, les tensions internes fermentent comme du pus.

Les personnes qui, il y a encore un mois, s’insurgeaient contre la démagogie vénéneuse de Netanyahou et contre ses partenaires adoptent aujourd’hui avidement leurs méthodes : désigner des ennemis, faire taire les critiques, exiger des condamnations et harceler des citoyens privés au lieu des éléments responsables.

Dans son livre « The Anatomy of Fascism », le chercheur Robert Paxton note que la combinaison d’une crise catastrophique et d’un sentiment accru de victimisation, qui justifie toute action contre les ennemis de l’intérieur et de l’extérieur, est le terreau toxique sur lequel se développent les tendances fascistes.

Selon lui, les discussions sur le fascisme ont tendance à se concentrer sur les grands drames, mais les régimes fascistes naissent d’un tissu de décisions banales prises par de petites gens : la volonté de fermer les yeux, le soutien implicite ou explicite à la persécution des opposants, les mesures quotidiennes qui s’additionnent pour aboutir à des résultats désastreux.

Il est possible d’en tirer des encouragements, pour ne pas dire un plan d’action : Ces mesures quotidiennes peuvent également constituer une force qui empêchera la détérioration de s’accélérer. Chacun d’entre nous peut choisir à chaque instant de consacrer son temps à harceler un groupe minoritaire ou des personnes dont les échecs et l’insensibilité ont provoqué cette catastrophe.

À chaque instant, il est possible de décider d’investir son temps dans la provocation et de jouer les victimes ou d’aider et de tendre la main. La guerre à Gaza finira par se terminer, mais si nous ne nous redressons pas et ne sortons pas de cette frénésie insensée, une réalité très sombre nous attend de l’autre côté.

Source

Enfants palestiniens tués lors d’attaques israéliennes sur Gaza


Cliquez sur Al Jazeera

La bande de Gaza est un cimetière pour des milliers d’enfants, selon les Nations unies.

Depuis le 7 octobre, les attaques israéliennes ont tué au moins 10 000 enfants, selon les autorités palestiniennes. Cela représente un enfant palestinien tué toutes les 15 minutes, soit environ un enfant sur 100 dans la bande de Gaza.

Des milliers d’autres sont portés disparus sous les décombres, la plupart d’entre eux étant présumés morts.

Les enfants survivants, qui ont subi l’impact traumatique de multiples guerres, ont passé leur vie à l’ombre d’un blocus israélien, qui influence chaque aspect de leur existence depuis leur naissance.

Sans eau salubre, beaucoup plus d’enfants mourront de privations et de maladies ».
– Catherine Russell, directrice générale de l’UNICEF

GAZA : SILENCE, ON TUE !


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ACTUALITÉS

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Dernier bilan du ministère de la Santé à Gaza : « L’occupation israélienne commet 12 massacres contre des familles à Gaza, entraînant 107 morts et 165 blessés au cours des dernières 24 heures. »

Un bilan qui s’élève désormais à 27 238 martyrs et 66 452 blessés depuis le 7 octobre de l’année dernière.»

Gidéon Lévy écrit dans Haaretz : « 11 500 enfants ont été tués à Gaza. L’horreur de cette échelle n’a aucune justification »

« Deux cent soixante noms de bébés qui n’avaient pas atteint l’âge d’un an, des centaines de noms d’enfants d’un ou deux ans ; les tout-petits âgés de trois ou quatre ans ; des enfants âgés de cinq, six, sept ou huit ans, jusqu’aux jeunes âgés de 17 ans au moment de leur décès.« , énonce-t-il dans la presse israélienne, en se demandant si les lecteurs se rendent compte de l’étendue et de la monstruosité

L’aviation israélienne bombarde le quartier d’Al-Manara et les chantiers de l’hôpital européen de Gaza à Khan Younès.

DÉVASTATION

Les Palestiniens inspectent leurs maisons lourdement endommagées après le retrait des forces israéliennes de diverses zones du nord de Gaza.

Une scène effrayante documentée par Euro-Med Monitor montre l’exécution d’un civil palestinien qui cherchait de la nourriture près du stade Palestine à Gaza.
Gaza : Silence, on tue !

Comme beaucoup d’autres, il a été abattu par des tireurs d’élite israéliens postés sur les toits qui ciblent quotidiennement les civils, tout en empêchant les ambulances d’accéder aux blessés.

Plus de 5 jours se sont écoulés et, sans nouvelles, on craint le pire pour le sort de la petite Hind et de l’équipe du Croissant-Rouge qui est allée la secourir .

LES MONSTRES QUI SE PERMETTENT ENSUITE DE TRAITER D’ANTISÉMITE LA TERRE ENTIÈRE

« Oui, nous incendions les maisons. Autant que nous pouvons. Et nous en sommes fiers. » », a déclaré le directeur général du parti sionisme religieux, Yehuda Vald, qui a également participé à l’invasion de Gaza, affirme un article israélien qui révèle que des généraux israéliens ont ordonné aux soldats d’incendier des maisons palestiniennes à Gaza.

CAPJPO-Europalestine

Nous disposons d’un outil pour mettre fin aux crimes de guerre d’Israël : le BDS


Naomi Klein (Je n’ai pas pu copier les images saisissantes du texte original publié dans The Guardian. Vous les trouverez en cliquant sur le lien de Naomi Klein)

Naomi Klein

En 2005, les Palestiniens ont appelé le monde à boycotter Israël jusqu’à ce qu’il se conforme au droit international. Et si nous avions écouté ? 10 Janv. 2024 12.00 CET

Il y a exactement 15 ans cette semaine, j’ai publié un article dans le Guardian. Il commençait ainsi :

« Il est temps. Il est grand temps. La meilleure stratégie pour mettre fin à une occupation de plus en plus sanglante est qu’Israël devienne la cible du type de mouvement mondial qui a mis fin à l’apartheid en Afrique du Sud. En juillet 2005, une vaste coalition de groupes palestiniens a élaboré des plans en ce sens. Ils ont appelé « les personnes de conscience du monde entier à imposer de vastes boycotts et à mettre en œuvre des initiatives de désinvestissement à l’encontre d’Israël, semblables à celles appliquées à l’Afrique du Sud à l’époque de l’apartheid ». La campagne Boycott, Désinvestissement et Sanctions était née.

En janvier 2009, Israël a déclenché une nouvelle phase choquante de massacres dans la bande de Gaza, en baptisant sa campagne de bombardements féroces « Opération Plomb durci ». Elle a tué 1 400 Palestiniens en 22 jours ; le nombre de victimes du côté israélien était de 13. Ce fut la goutte d’eau qui fit déborder le vase et, après des années de réticence, je me suis prononcée publiquement en faveur de l’appel au boycott, au désinvestissement et aux sanctions contre Israël, lancé par les Palestiniens jusqu’à ce qu’il se conforme au droit international et aux principes universels des droits de l’homme, et connu sous le nom de BDS.

Bien que le BDS ait bénéficié d’un large soutien de la part de plus de 170 organisations de la société civile palestinienne, le mouvement est resté modeste au niveau international. Au cours de l’opération « Plomb durci », la situation a commencé à changer et un nombre croissant de groupes d’étudiants et de syndicats en dehors de la Palestine ont adhéré au mouvement.

Pourtant, nombreux étaient ceux qui ne voulaient pas se joindre au mouvement. Je comprenais pourquoi cette tactique me paraissait délicate. Il existe une longue et douloureuse histoire d’entreprises et d’institutions juives prises pour cibles par des antisémites. Les experts en communication qui font pression au nom d’Israël savent comment exploiter ce traumatisme, de sorte qu’ils présentent invariablement les campagnes conçues pour contester les politiques discriminatoires et violentes d’Israël comme des attaques haineuses contre les Juifs en tant que groupe identitaire.

Pendant deux décennies, la peur généralisée découlant de cette fausse équation a empêché Israël de faire face au plein potentiel du mouvement BDS. Aujourd’hui, alors que la Cour internationale de justice entend la compilation dévastatrice de preuves de l’Afrique du Sud sur le crime de génocide commis par Israël à Gaza, c’en est vraiment assez.

Du boycott des bus au désinvestissement des combustibles fossiles, les tactiques BDS ont une histoire bien documentée en tant qu’armes les plus puissantes de l’arsenal non-violent. Les reprendre et les utiliser à ce tournant de l’humanité est une obligation morale.

Cette responsabilité est particulièrement aiguë pour ceux d’entre nous dont les gouvernements continuent d’aider activement Israël en lui fournissant des armes mortelles, des accords commerciaux lucratifs et un droit de veto aux Nations unies. Comme nous le rappelle le BDS, nous n’avons pas à laisser ces accords en faillite parler en notre nom sans les remettre en question.

Les groupes de consommateurs organisés ont le pouvoir de boycotter les entreprises qui investissent dans des colonies illégales ou qui fabriquent des armes israéliennes. Les syndicats peuvent pousser leurs fonds de pension à se désinvestir de ces entreprises. Les gouvernements municipaux peuvent sélectionner des entrepreneurs sur la base de critères éthiques qui interdisent ces relations. Comme nous le rappelle Omar Barghouti, l’un des fondateurs et dirigeants du mouvement BDS : « L’obligation éthique la plus profonde en ces temps est d’agir pour mettre fin à la complicité. Ce n’est qu’ainsi que nous pouvons réellement espérer mettre fin à l’oppression et à la violence ».

En ce sens, le mouvement BDS mérite d’être considéré comme une politique étrangère populaire, ou une diplomatie par le bas – et s’il devient suffisamment fort, il finira par forcer les gouvernements à imposer des sanctions par le haut, comme l’Afrique du Sud tente de le faire. C’est manifestement la seule force capable de faire dévier Israël de sa trajectoire actuelle.

M. Barghouti souligne que, tout comme certains Sud-Africains blancs ont soutenu les campagnes anti-apartheid au cours de cette longue lutte, les Israéliens juifs qui s’opposent aux violations systémiques du droit international commises par leur pays sont les bienvenus dans le mouvement BDS. Pendant l’opération « Plomb durci », un groupe d’environ 500 Israéliens, dont un grand nombre d’artistes et d’universitaires de renom, a fait exactement cela, et a fini par nommer son groupe « Boycott from Within » (Boycott de l’intérieur).

Dans mon article de 2009, je citais leur première lettre de lobbying, qui appelait à « l’adoption de mesures restrictives et de sanctions immédiates » contre leur propre pays et établissait un parallèle direct avec la lutte anti-apartheid sud-africaine. Le boycott de l’Afrique du Sud a été efficace », soulignent-ils, affirmant qu’il a contribué à mettre fin à la légalisation de la discrimination et de la ghettoïsation dans ce pays, ajoutant : « Mais Israël est traité avec des gants de velours : « Mais Israël est traité avec des gants… Ce soutien international doit cesser.

C’était vrai il y a 15 ans, c’est terriblement vrai aujourd’hui.

Le prix de l’impunité

En lisant les documents du BDS datant du milieu et de la fin des années 2000, je suis surtout frappée par l’ampleur de la détérioration du terrain politique et humain. Dans l’intervalle, Israël a construit davantage de murs, érigé plus de points de contrôle, lâché plus de colons illégaux et lancé des guerres bien plus meurtrières. Tout a empiré : le vitriol, la rage, la justice. Il est clair que l’impunité – le sentiment d’imperméabilité et d’intouchabilité qui sous-tend le traitement des Palestiniens par Israël – n’est pas une force statique. Elle se comporte plutôt comme une marée noire : une fois libérée, elle s’infiltre vers l’extérieur, empoisonnant tout et tous sur son passage. Il s’étend largement et s’enfonce profondément.

Depuis l’appel initial au BDS en juillet 2005, le nombre de colons vivant illégalement en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est, a explosé, atteignant selon les estimations 700 000 personnes, soit un nombre proche de celui des Palestiniens expulsés lors de la Nakba de 1948. L’expansion des avant-postes des colons s’est accompagnée d’une augmentation de la violence des attaques des colons contre les Palestiniens, tandis que l’idéologie de la suprématie juive et même le fascisme manifeste sont devenus le centre de la culture politique en Israël.

Lorsque j’ai écrit ma première chronique sur le BDS, le consensus dominant était que l’analogie avec l’Afrique du Sud était inappropriée et que le mot « apartheid », utilisé par les juristes, les militants et les organisations de défense des droits de l’homme palestiniens, était inutilement incendiaire. Aujourd’hui, de Human Rights Watch à Amnesty International en passant par B’Tselem, la principale organisation israélienne de défense des droits de l’homme, tous ont mené leurs propres études et sont parvenus à la conclusion inéluctable que l’apartheid est effectivement le terme juridique approprié pour décrire les conditions dans lesquelles Israéliens et Palestiniens mènent des vies totalement inégales et ségréguées. Même Tamir Pardo, l’ancien chef de l’agence de renseignement Mossad, a admis ce fait : « Il y a un État d’apartheid ici », a-t-il déclaré en septembre. « Dans un territoire où deux personnes sont jugées selon deux systèmes juridiques, c’est un État d’apartheid.

En outre, nombreux sont ceux qui comprennent désormais que l’apartheid existe non seulement dans les territoires occupés, mais aussi à l’intérieur des frontières d’Israël de 1948, comme le montre un important rapport publié en 2022 par une coalition d’associations palestiniennes de défense des droits de l’homme réunie par Al-Haq. Il est difficile d’affirmer le contraire lorsque le gouvernement israélien actuel d’extrême droite est arrivé au pouvoir en vertu d’un accord de coalition qui stipule que : « Le peuple juif a un droit exclusif et absolu à la liberté d’expression : « Le peuple juif a un droit exclusif et incontestable sur toutes les régions de la Terre d’Israël … la Galilée, le Néguev, le Golan, la Judée et la Samarie ».

Quand l’impunité règne, tout bouge, tout se déplace, y compris la frontière coloniale. Rien ne reste statique.

Et puis il y a Gaza. Le nombre de Palestiniens tués lors de l’opération « Plomb durci » nous a semblé insondable à l’époque. Nous avons rapidement appris qu’il ne s’agissait pas d’une opération ponctuelle. Au contraire, elle a inauguré une nouvelle politique meurtrière que les responsables militaires israéliens appelaient avec désinvolture « tondre l’herbe » : tous les deux ans, une nouvelle campagne de bombardements était lancée, tuant des centaines de Palestiniens ou, dans le cas de l’opération Protective Edge (bordure protectrice) de 2014, plus de 2 000, dont 526 enfants.

Ces chiffres ont de nouveau choqué et déclenché une nouvelle vague de protestations. Mais cela n’a pas suffi à priver Israël de son impunité, qui a continué à être protégée par le veto fiable des États-Unis à l’ONU, ainsi que par l’afflux constant d’armes. Les récompenses ont été plus corrosives que l’absence de sanctions internationales : ces dernières années, parallèlement à toute cette anarchie, Washington a reconnu Jérusalem comme capitale d’Israël et y a déplacé son ambassade. Il a également négocié les accords dits d’Abraham, qui ont débouché sur des accords de normalisation lucratifs entre Israël et les Émirats arabes unis, le Bahreïn, le Soudan et le Maroc.

C’est Donald Trump qui a commencé à couvrir Israël de ces derniers cadeaux tant désirés, mais le processus s’est poursuivi sans heurts sous Joe Biden. Ainsi, à la veille du 7 octobre, Israël et l’Arabie saoudite étaient sur le point de signer ce qui avait été qualifié avec verve d' »accord du siècle ».

Où étaient les droits et les aspirations des Palestiniens dans tous ces accords ? Absolument nulle part. Car l’autre chose qui a changé pendant ces années d’impunité, c’est tout prétexte pour qu’Israël revienne à la table des négociations. L’objectif était clairement d’écraser le mouvement palestinien pour l’autodétermination par la force, ainsi que par l’isolement physique et politique et la fragmentation.

Nous savons comment se dérouleront les prochains chapitres de cette histoire. L’horrible attentat du 7 octobre perpétré par le Hamas. La détermination furieuse d’Israël à exploiter ces crimes pour faire ce que certains hauts responsables du gouvernement voulaient de toute façon faire depuis longtemps : dépeupler Gaza des Palestiniens, ce qu’ils semblent actuellement tenter de faire en combinant le meurtre direct, la démolition massive de maisons (« domicide »), la propagation de la famine, de la soif et des maladies infectieuses et, enfin, l’expulsion massive.

Ne vous y trompez pas : c’est ce que signifie permettre à un État de devenir un voyou, de laisser l’impunité régner sans contrôle pendant des décennies, en utilisant les traumatismes collectifs réels subis par le peuple juif comme une excuse et une histoire pérenne de couverture . Une telle impunité n’engloutira pas seulement un pays, mais tous les pays avec lesquels il est allié. Elle engloutira toute l’architecture internationale du droit humanitaire forgée dans les flammes de l’holocauste nazi. Si nous laissons faire.

Une décennie d’attaques juridiques contre le BDS

Ce qui soulève un autre point qui n’est pas resté stable au cours des deux dernières décennies : L’obsession croissante d’Israël d’écraser le BDS, quel que soit le prix à payer pour des droits politiques durement acquis. En 2009, les détracteurs du BDS avançaient de nombreux arguments pour expliquer pourquoi il s’agissait d’une mauvaise idée. Certains craignaient que les boycotts culturels et universitaires ne mettent un terme à l’engagement indispensable avec les Israéliens progressistes, et craignaient que cela ne vire à la censure. D’autres soutenaient que des mesures punitives créeraient une réaction brutale et feraient évoluer Israël vers la droite.

Il est donc frappant, avec le recul, de constater que ces premiers débats ont pratiquement disparu de la sphère publique, et ce n’est pas parce qu’un camp a remporté l’argument. Ils ont disparu parce que l’idée même d’un débat a été remplacée par une stratégie dévorante : le recours à l’intimidation juridique et institutionnelle pour mettre les tactiques du BDS hors de portée et faire taire le mouvement.

À ce jour, aux États-Unis, 293 projets de loi anti-BDS ont été déposés et adoptés dans 38 États, selon Palestine Legal, qui a suivi de près cette montée en puissance. Il explique que certaines législations ciblent le financement des universités, d’autres exigent que toute personne recevant un contrat avec un État ou travaillant pour un État signe un contrat par lequel elle s’engage à ne pas boycotter Israël, et « certaines demandent à l’État de compiler des listes noires publiques d’entités qui boycottent pour les droits des Palestiniens ou soutiennent le BDS ». En Allemagne, le soutien à toute forme de BDS est suffisant pour que les prix soient annulés, les financements supprimés et les spectacles et conférences annulés (j’en ai fait l’expérience moi-même).

Cette stratégie est, sans surprise, plus agressive à l’intérieur même d’Israël. En 2011, le pays a promulgué la loi sur la prévention des dommages causés à l’État d’Israël par le boycott, étouffant ainsi dans l’œuf le mouvement naissant du Boycott de l’intérieur. Le centre juridique Adalah, une organisation œuvrant pour les droits des minorités arabes en Israël, explique que la loi « interdit la promotion publique du boycott académique, économique ou culturel par des citoyens et des organisations israéliens contre des institutions israéliennes ou des colonies israéliennes illégales en Cisjordanie. Elle permet d’engager des poursuites civiles contre toute personne appelant au boycott ». Comme les lois au niveau de l’État aux États-Unis, « elle interdit également à une personne qui appelle au boycott de participer à tout appel d’offres public ». En 2017, Israël a commencé à interdire ouvertement aux militants pro-BDS d’entrer en Israël ; 20 groupes internationaux ont été placés sur la prétendue liste noire BDS, y compris le pilier anti-guerre Jewish Voice for Peace.

Pendant ce temps, aux États-Unis, les lobbyistes des compagnies pétrolières et gazières et des fabricants d’armes à feu s’inspirent de l’offensive juridique anti-BDS et poussent à l’adoption de lois similaires pour restreindre les campagnes de désinvestissement qui visent leurs clients. « Cela montre pourquoi il est si dangereux d’autoriser ce type d’exception à la liberté d’expression en faveur de la Palestine », a déclaré Meera Shah, avocate principale de Palestine Legal, au magazine Jewish Currents. « Car non seulement elle nuit au mouvement pour les droits des Palestiniens, mais elle finit par nuire à d’autres mouvements sociaux. Une fois de plus, rien ne reste statique, l’impunité s’étend, et lorsque les droits de boycott et de désinvestissement sont supprimés pour la solidarité palestinienne, le droit d’utiliser ces mêmes outils pour faire pression en faveur de l’action climatique, du contrôle des armes à feu et des droits des personnes LGBTQ+ est également supprimé.

D’une certaine manière, c’est un avantage, car cela permet d’approfondir les alliances entre les mouvements. Toutes les grandes organisations progressistes et tous les syndicats ont intérêt à protéger le droit au boycott et au désinvestissement en tant que principes fondamentaux de la liberté d’expression et outils essentiels de la transformation sociale. La petite équipe de Palestine Legal a mené la riposte aux États-Unis de manière extraordinaire – en déposant des dossiers judiciaires qui contestent les lois anti-BDS comme étant inconstitutionnelles et en soutenant les dossiers d’autres personnes. Ils méritent beaucoup plus de soutien.

Le moment du BDS est-il enfin arrivé ?

Il y a une autre raison de se réjouir : la raison pour laquelle Israël s’en prend au BDS avec une telle férocité est la même que celle pour laquelle tant de militants ont continué à y croire malgré ces attaques sur plusieurs fronts. Parce qu’il peut fonctionner.

Nous l’avons vu lorsque des entreprises internationales ont commencé à se retirer d’Afrique du Sud dans les années 1980. Ce n’était pas parce qu’elles étaient soudainement frappées par des épiphanies morales antiracistes. Au contraire, lorsque le mouvement s’est internationalisé et que les campagnes de boycott et de désinvestissement ont commencé à toucher les ventes de voitures et les clients des banques en dehors du pays, ces entreprises ont calculé qu’il leur en coûterait plus cher de rester en Afrique du Sud que d’en partir. Les gouvernements occidentaux ont commencé tardivement à imposer des sanctions pour des raisons similaires.

Cela a nui au secteur des entreprises sud-africaines, dont certaines ont fait pression sur le gouvernement de l’apartheid pour qu’il fasse des concessions aux mouvements de libération des Noirs qui se rebellaient contre l’apartheid depuis des décennies par des soulèvements, des grèves de masse et une résistance armée. Le coût du maintien d’un statu quo cruel et violent était de plus en plus élevé, y compris pour l’élite sud-africaine.

Enfin, à la fin des années 80, la pression exercée de l’extérieur et de l’intérieur est devenue si intense que le président FW de Klerk a été contraint de libérer Nelson Mandela de prison après 27 ans, puis d’organiser des élections « une personne, un vote », qui ont porté Mandela à la présidence.

Les organisations palestiniennes qui ont entretenu la flamme du BDS au cours d’années très sombres placent toujours leur espoir dans le modèle sud-africain de pression extérieure. En effet, alors qu’Israël perfectionne l’architecture et l’ingénierie de la ghettoïsation et de l’expulsion, c’est peut-être le seul espoir.

En effet, Israël est nettement plus à l’abri des pressions internes exercées par les Palestiniens que ne l’étaient les Sud-Africains blancs sous l’apartheid, qui dépendaient de la main-d’œuvre noire pour toutes sortes de tâches, des travaux domestiques à l’extraction de diamants. Lorsque les Sud-Africains noirs retiraient leur main-d’œuvre ou s’engageaient dans d’autres types de perturbations économiques, ils ne pouvaient pas être ignorés.

Israël a tiré les leçons de la vulnérabilité de l’Afrique du Sud : depuis les années 90, sa dépendance à l’égard de la main-d’œuvre palestinienne n’a cessé de diminuer, en grande partie grâce aux « travailleurs invités » et à l’afflux d’environ un million de Juifs en provenance de l’ex-Union soviétique. Cela a permis à Israël de passer du modèle d’oppression de l’occupation au modèle actuel de ghettoïsation, qui tente de faire disparaître les Palestiniens derrière des murs imposants dotés de capteurs de haute technologie et de la défense antiaérienne israélienne Dôme de fer, tant vantée.

Mais ce modèle – appelons-le la bulle fortifiée – comporte ses propres vulnérabilités, et pas seulement face aux attaques du Hamas. La vulnérabilité la plus systémique vient de l’extrême dépendance d’Israël à l’égard du commerce avec l’Europe et l’Amérique du Nord, qu’il s’agisse de son secteur touristique ou de son secteur des technologies de surveillance alimentées par l’IA. L’image de marque qu’Israël s’est forgée est celle d’un avant-poste occidental branché dans le désert, une petite bulle de San Francisco ou de Berlin qui se trouve par hasard dans le monde arabe.

Cela la rend particulièrement vulnérable aux tactiques du BDS, y compris les boycotts culturels et universitaires. En effet, lorsque des stars de la pop, désireuses d’éviter la controverse, annulent leurs concerts à Tel-Aviv, que des universités américaines prestigieuses mettent fin à leurs partenariats officiels avec des universités israéliennes après avoir assisté à l’explosion de plusieurs écoles et universités palestiniennes, et que de belles personnalités ne choisissent plus Eilat pour leurs vacances parce que leurs followers Instagram ne seront pas impressionnés, c’est tout le modèle économique d’Israël qui s’en trouve ébranlé, ainsi que l’idée qu’il se fait de lui-même.

Cela introduira de la pression là où les dirigeants israéliens n’en ressentent manifestement que peu aujourd’hui. Si les entreprises mondiales de technologie et d’ingénierie cessent de vendre des produits et des services à l’armée israélienne, la pression augmentera encore, peut-être suffisamment pour modifier la dynamique politique. Les Israéliens souhaitent ardemment faire partie de la communauté mondiale et, s’ils se retrouvent soudainement isolés, un nombre beaucoup plus important d’électeurs pourrait commencer à exiger certaines des actions que les dirigeants actuels d’Israël rejettent d’emblée, comme négocier avec les Palestiniens une paix durable fondée sur la justice et l’égalité telles que définies par le droit international, plutôt que d’essayer de sécuriser sa bulle fortifiée à l’aide de phosphore blanc et d’épuration ethnique.

Le problème, bien sûr, c’est que pour que les tactiques non violentes de BDS fonctionnent, les victoires ne peuvent pas être sporadiques ou marginales. Elles doivent être durables et générales – au moins aussi générales que la campagne sud-africaine, qui a vu de grandes entreprises comme General Motors et Barclays Bank retirer leurs investissements, tandis que des artistes de renom comme Bruce Springsteen et Ringo Starr se joignaient à un supergroupe des années 80 pour chanter « ain’t gonna play Sun City » (référence à la station balnéaire de luxe emblématique de l’Afrique du Sud).

Barghouti estime que les « syndicats de travailleurs et d’agriculteurs, ainsi que les mouvements de justice raciale, sociale, climatique et de genre » qui le soutiennent « représentent collectivement des dizaines de millions de personnes dans le monde ». Mais le mouvement n’a pas encore atteint un point de basculement comparable à celui de l’Afrique du Sud.

Cela a un coût. Il n’est pas nécessaire d’être un historien des luttes de libération pour savoir que lorsque des tactiques guidées par la morale sont ignorées, mises à l’écart, salies et interdites, d’autres tactiques – non liées à ces préoccupations éthiques – deviennent beaucoup plus attrayantes pour les personnes désespérées par l’espoir d’un changement.

Nous ne saurons jamais comment le présent aurait pu être différent si davantage d’individus, d’organisations et de gouvernements avaient tenu compte de l’appel au BDS lancé par la société civile palestinienne en 2005. Lorsque j’ai pris contact avec M. Barghouti il y a quelques jours, il n’a pas évoqué deux décennies d’impunité, mais 75 ans. Israël, a-t-il déclaré, « n’aurait pas été en mesure de perpétrer son génocide télévisé à Gaza sans la complicité des États, des entreprises et des institutions avec son système d’oppression ». La complicité, a-t-il souligné, est quelque chose que nous avons tous le pouvoir de rejeter.

Une chose est sûre : les atrocités commises actuellement à Gaza renforcent considérablement les arguments en faveur du boycott, du désinvestissement et des sanctions. Les tactiques non violentes que beaucoup considéraient comme extrêmes ou craignaient d’être taxées d’antisémitisme semblent très différentes à la lumière de deux décennies de carnage, avec de nouveaux décombres empilés sur les anciens, de nouveaux chagrins et traumatismes gravés dans le psychisme des nouvelles générations, et de nouvelles profondeurs de dépravation atteintes à la fois dans les mots et dans les actes.

Dimanche dernier, pour sa dernière émission sur MSNBC, Mehdi Hasan a interviewé le photojournaliste palestinien Motaz Azaiza, basé à Gaza, qui risque sa vie, jour après jour, pour transmettre au monde les images des massacres perpétrés par Israël. Le message qu’il a adressé aux téléspectateurs américains était clair : « Ne vous considérez pas comme une personne libre si vous ne pouvez pas changer les choses, si vous ne pouvez pas arrêter un génocide qui est toujours en cours ».

Dans un moment comme le nôtre, nous sommes ce que nous faisons. Tant de gens ont fait plus que jamais auparavant : bloquer des livraisons d’armes, occuper des sièges de gouvernement pour exiger un cessez-le-feu, se joindre à des manifestations de masse, dire la vérité, même si c’est difficile. La combinaison de ces actions pourrait bien avoir contribué au développement le plus important dans l’histoire du BDS : la requête de l’Afrique du Sud auprès de la Cour internationale de justice (CIJ) de La Haye accusant Israël de commettre un génocide et demandant des mesures provisoires pour arrêter son attaque contre Gaza.

Une analyse récente du journal israélien Haaretz note que si la CIJ se prononce en faveur de l’Afrique du Sud, même si les États-Unis opposent leur veto à une intervention militaire aux Nations unies, « une injonction pourrait avoir pour conséquence d’ostraciser Israël et les entreprises israéliennes et de les soumettre à des sanctions imposées par des pays ou des blocs individuels ».

Les boycotts populaires, quant à eux, commencent déjà à porter leurs fruits. En décembre, Puma – l’une des principales cibles du BDS – a fait savoir qu’elle mettrait fin à son parrainage controversé de l’équipe nationale de football d’Israël. Avant cela, des artistes ont quitté un grand festival de bande dessinée en Italie, après qu’il est apparu que l’ambassade d’Israël figurait parmi les sponsors. Ce mois-ci, le directeur général de McDonald’s, Chris Kempczinski, a écrit que ce qu’il a appelé la « désinformation » avait « un impact commercial significatif » sur certaines de ses ventes dans « plusieurs marchés du Moyen-Orient et certains en dehors de la région ». Il faisait ainsi référence à la vague d’indignation suscitée par la nouvelle selon laquelle McDonald’s Israël avait fait don de milliers de repas aux soldats israéliens. M. Kempczinski s’est efforcé de séparer la marque mondiale des « propriétaires-exploitants locaux », mais peu de personnes au sein du mouvement BDS sont convaincues par cette distinction.

Il sera également essentiel, alors que le mouvement BDS continue à prendre de l’ampleur, d’être parfaitement conscient que nous sommes au milieu d’une vague alarmante et réelle de crimes haineux, dont beaucoup sont dirigés contre les Palestiniens et les musulmans, mais aussi contre les entreprises et les institutions juives simplement parce qu’elles sont juives. Il s’agit là d’antisémitisme, et non d’activisme politique.

Le BDS est un mouvement sérieux et non violent, doté d’un modèle de gouvernance bien établi. Tout en laissant aux organisateurs locaux l’autonomie de déterminer les campagnes qui fonctionneront dans leur région, le comité national BDS (BNC) définit les principes directeurs du mouvement et sélectionne soigneusement un petit groupe d’entreprises cibles à fort impact, choisies « en raison de leur complicité avérée avec les violations des droits de l’homme des Palestiniens commises par Israël ».

Le BNC est également très clair sur le fait qu’il n’appelle pas au boycott des Israéliens parce qu’ils sont israéliens, déclarant qu’il « rejette, par principe, les boycotts d’individus fondés sur leur opinion ou leur identité (comme la citoyenneté, la race, le sexe ou la religion) ». En d’autres termes, les cibles sont des institutions complices de systèmes d’oppression, et non des personnes.

Aucun mouvement n’est parfait. Chaque mouvement fera des faux pas. Cependant, la question la plus urgente aujourd’hui n’a pas grand-chose à voir avec la perfection. Elle est simplement la suivante : qu’est-ce qui a le plus de chances de changer un statu quo moralement intolérable, tout en empêchant de nouvelles effusions de sang ? L’indomptable journaliste de Haaretz, Gideon Levy, ne se fait pas d’illusions sur ce qu’il faudra faire. Il a récemment déclaré à Owen Jones « La formule est très simple : tant que les Israéliens ne paieront pas et ne seront pas punis pour l’occupation, qu’ils n’en seront pas tenus pour responsables et qu’ils ne la ressentiront pas au quotidien, rien ne changera ».

A row of white police officers wearing helmets and carrying automatic weapons faces what we see only as Black and brown hands raised holding flowers and showing the peace sign.
La police anti-émeute menace des étudiants manifestant contre l’apartheid à Johannesburg, Afrique du Sud, le 20 août 1989. Photo : Louise Gubb/Corbis/Getty Images : Louise Gubb/Corbis/Getty Images

Il est tard

En juillet 2009, quelques mois après la publication de mon premier article sur le BDS, je me suis rendue à Gaza et en Cisjordanie. À Ramallah, j’ai donné une conférence sur ma décision de soutenir le BDS. J’ai notamment présenté mes excuses pour ne pas avoir fait entendre ma voix plus tôt, ce qui, je l’ai avoué, était dû à la peur : la peur que la tactique soit trop extrême lorsqu’elle est dirigée contre un État forgé par le traumatisme juif ; la peur qu’on m’accuse de trahir mon peuple. Des craintes que j’ai toujours.

« Mieux vaut tard que jamais », m’a dit un spectateur bienveillant après la conférence.

Il était tard à l’époque ; il est encore plus tard aujourd’hui. Mais il n’est pas trop tard. Il n’est pas trop tard pour que chacun d’entre nous crée sa propre politique étrangère à partir de la base, une politique qui intervienne dans la culture et l’économie de manière intelligente et stratégique – des moyens qui offrent un espoir tangible que les décennies d’impunité incontrôlée d’Israël prennent enfin fin.

Comme l’a demandé le comité national du BDS la semaine dernière : « Si ce n’est pas maintenant, quand ? Le mouvement anti-apartheid sud-africain s’est organisé pendant des décennies pour obtenir un large soutien international menant à la chute de l’apartheid ; et l’apartheid est tombé. La liberté est inévitable. Le moment est venu d’agir et de rejoindre le mouvement pour la liberté, la justice et l’égalité en Palestine ».

Cela suffit. Il est temps de boycotter.

Texte traduit par Deepl

Tombés encore plus bas : les Israéliens préconisent d’affamer la population de Gaza


Analyse:

Dahlia Scheindlin

Pour les extrémistes israéliens, rien n’est hors limites lorsqu’il s’agit de Gaza : lutte contre l’acheminement de l’aide humanitaire, rétablissement des colonies juives, décence humaine. Mais ce serait une erreur de les considérer comme un mouvement marginal

Right wing activists blocking aid trucks to Gaza at the Kerem Shalom border crossing on Sunday, January 28, 2024.

Des militants de droite bloquent les camions d’aide à Gaza au poste frontière de Kerem Shalom, le dimanche 28 janvier 2024. photo : Eliyahu HershkovitzDahlia Scheindlin

Jan 30, 2024 10:14 pm IST

C’est par un vendredi après-midi froid et humide en Israël que la présidente de la Cour internationale de justice, la juge Joan Donoghue, a lu ces mots, retransmis en direct par les médias israéliens : « Israël doit prendre des mesures immédiates et efficaces pour permettre la fourniture des services de base et de l’aide humanitaire dont les Palestiniens de la bande de Gaza ont un besoin urgent, afin de remédier aux conditions de vie difficiles auxquelles ils sont confrontés.

Mais quelle que soit la morosité qui règne en Israël, la situation est pire à Gaza.

La température est la même à Gaza qu’à Tel Aviv, mais le froid n’est pas le même. Ici, nous avons des chauffages et de l’électricité ; là-bas, des gens comme moi vivent dans des tentes plantées sur la boue. Ici, nous avons de l’eau et de la nourriture, des toilettes et du papier hygiénique. Ils sont exposés au risque de choléra, une maladie dangereuse qui se propage par les matières fécales. À Gaza, les gens comme moi n’ont pas accès aux médicaments habituels, aux soins de santé, ni à la nourriture : Au moins la moitié des habitants de Gaza risquent de mourir de faim, et la plupart sautent des repas tous les jours. Lorsque les gens insistent sur le fait qu’Israël doit simplement continuer à pilonner Gaza, j’ai envie de leur demander quand ils se sont fait amputer un bras sans anesthésie pour la dernière fois.

La catastrophe humanitaire de près de 2 millions de Palestiniens déplacés était au cœur de la décision de la CIJ, a écrit le juriste Aeyal Gross. Pourtant, de nombreux Israéliens sont furieux de l’ordre donné à Israël de fournir une aide humanitaire aux civils de Gaza (même si Israël est soulagé que la Cour internationale n’ait pas ordonné un cessez-le-feu). Selon les sondages de l’Institut Agam, près de 60 % des Juifs israéliens s’opposent à l’aide humanitaire – un chiffre stable dans le temps.

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Camions transportant de l’aide humanitaire à destination de Gaza arrivent du côté israélien du poste frontière de Kerem Shalom au début du mois. Photo : Jack Guez/AFP

Permettez-moi de délaisser les artifices de l’analyse : s’opposer à l’approvisionnement en eau, en médicaments et en fournitures des populations les plus misérables de la planète semble grotesque, un comble pour Israël ou pour n’importe qui d’autre. Pourquoi le faire ?

Une logique tortueuse

La semaine dernière, avant même la décision de la plus haute juridiction des Nations unies, un groupe d’Israéliens s’est rassemblé à Kerem Shalom, le point de passage sud entre Israël et Gaza, pour bloquer en personne les camions transportant l’aide humanitaire limitée qu’Israël autorise à passer.

  • Ne posez pas de questions aux Israéliens sur les victimes palestiniennes à Gaza.
  • Le monde veut-il vraiment résoudre le conflit israélo-palestinien ? Il faut l’espérer
  • Les Israéliens ne comprennent pas comment ils peuvent être accusés de génocide

Ils ont bloqué le point de passage pendant plusieurs jours ; vendredi, le groupe israélien de défense des droits de l’homme Gisha a indiqué que seuls neuf camions avaient pu passer, tandis que plus d’une centaine avaient été retardés et réacheminés par le point de passage égyptien de Rafah. Enfin, cette semaine, les forces de défense israéliennes ont déclaré la région zone militaire fermée, bloquant les manifestants et laissant passer l’aide. « Pas d’aide aux meurtriers », a écrit le groupe, qui se fait appeler Tzav9 (du nom des appels d’urgence de l’armée israélienne). « Nous ne nous arrêterons pas tant que le dernier otage ne sera pas revenu. Cette semaine, ils ont bloqué l’aide au point de passage de Nitzana.

Tzav 9 prétend représenter un échantillon représentatif de la société israélienne, en particulier les familles des otages, mais les vidéos des manifestations ont montré que nombre d’entre eux étaient habillés comme les activistes religieux d’extrême droite. Il y a donc deux sous-catégories : la partie qui représente les membres des familles des otages pense qu’affamer toute la population de Gaza est le moyen le plus efficace d’obtenir la libération des captifs. La seconde des idéologues d’extrême droite a un autre objectif : faire passer tous les civils de Gaza pour des membres du Hamas, les transformant en cibles légitimes.

Mais il n’y a pas de distinction nette entre ce que pensent les uns et les autres. C’est le gouvernement Netanyahou qui a commencé par couper les vivres à tous les civils au début de la guerre pour faire pression sur le Hamas, dont on connaît le profond et constant souci pour le bien-être de son peuple. Les livraisons ont été interrompues presque hermétiquement jusqu’à la mi-novembre, lorsqu’Israël a commencé à autoriser un peu de carburant pour alimenter les usines de traitement des eaux usées et de dessalement de l’eau – dans l’intérêt même d’Israël, a déclaré le Premier ministre. Puis vint l’accord sur le cessez-le-feu et la libération des otages, au cours duquel Israël a autorisé de l’aide humanitaire en plus grande quantité mais qui était loin d’être suffisante.

Beaucoup en Israël ont conclu (et le gouvernement confirme) que l’énorme pression humanitaire et les bombardements physiques de cette première phase ont « ramolli » la cible, créant ainsi les conditions de l’accord.

Dans la sphère publique, l’ancien chef du Conseil national de sécurité, Giora Eiland, est devenu un défenseur acharné de la création d’une catastrophe humanitaire à Gaza. Il a présenté cet argument dans le journal Globes le 8 octobre, et l’a encore développé et repris dans les studios de télévision et de radio. Il a affirmé qu’une catastrophe humanitaire – y compris des épidémies – n’était pas un problème, dans une article publié dans le journal Yedioth Ahronoth en novembre. Un groupe de responsables de la santé publique, inquiets, a écrit une lettre ouverte pour demander à Israël de ne pas s’engager dans cette voie, qui serait désastreuse sur le plan régional et moral.

Bien entendu, Eiland n’est pas le seul à considérer tous les habitants de Gaza comme des cibles légitimes. L’Afrique du Sud a réussi à rassembler de nombreuses citations de ministres et de législateurs israéliens dans ce sens pour son procès devant la Cour mondiale, laissant les Israéliens insister, penauds, sur le fait qu’il s’agissait de paroles en l’air prononcées par des fanfarons sans importance.

ISRAEL-PALESTINIANS/KEREM SHALOM-PROTEST

Un manifestant portant un obus et un T-shirt sur lequel on peut lire « Seule la colonisation apportera la sécurité », lors d’une manifestation au point de passage de Kerem Shalom, dimanche.

Mais certains coupables savent précisément pourquoi c’est une erreur.

En 2009, un ministre du gouvernement Olmert a été chargé de coordonner les besoins humanitaires de Gaza pendant ce que nous considérions alors comme la mère de tous les bombardements : l’opération « Plomb durci ». Le ministre a rencontré les chefs des délégations de l’ONU et a tenu des propos convaincants pour soutenir les besoins civils des habitants de Gaza. Pourtant, à la fin de l’opération, Gaza était en ruines et une commission nommée par l’ONU a enquêté sur les crimes de guerre commis par les deux parties.

Le ministre, qui a une formation juridique, a déploré que le rapport Goldstone ait trouvé des preuves de crimes de guerre à cause de déclarations incendiaires de politiciens : « Le rapport a établi que le gouvernement d’Israël avait sciemment entrepris de détruire Gaza (…) sur la base de déclarations de dirigeants israéliens qui ne comprennent pas que leurs bavardages ont de graves conséquences. Il s’agit de personnes qui ont des titres respectables mais qui n’ont aucune influence sur les [décisions] de combat. Il s’agit d’une culture de la langue de bois qui n’a aucun sens. Nous devons comprendre que tout ce qui est dit peut en fin de compte nuire aux intérêts d’Israël ».

On peut donc se demander à quoi pensait Isaac Herzog lorsqu’en tant que président de l’État – et non simple ministre du bien-être, comme en 2009 – il a déclaré devant une salle remplie de journalistes étrangers que « c’est toute une nation qui est responsable ». Cette rhétorique des « civils inconscients et non impliqués » n’est pas vraie. Aujourd’hui, il affirme que la Cour mondiale a déformé ses propos, mais l’arrêt dit simplement : « Le 12 octobre 2023, M. Isaac Herzog, président d’Israël, a déclaré, en se référant à Gaza » – et cite l’intégralité du long paragraphe, mot pour mot.

La situation empire

Et pourtant, ce sont les voix les moins dangereuses de la société israélienne qui s’opposent à l’aide humanitaire. Les plus dangereuses représentent ce qui était autrefois une frange idéologique, qui se trouve aujourd’hui au cœur du pouvoir. Cette idéologie s’est manifestée de manière hystérique lors de la conférence de dimanche, prônant la prise de contrôle définitive de Gaza par Israël et la reconstruction des colonies juives qui s’y trouvent. Les orateurs n’ont pas moins plaidé pour l’expansion ou la reconstruction des colonies de Cisjordanie.

Le ministre de la sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir, s’exprimant lors de la conférence « recoloniser Gaza », dimanche. Son parti, Otzma Yehudit, obtiendrait huit à neuf sièges à la prochaine Knesset, selon des sondages récents. Photo : Ronen Zvulun/Reuters

La salle était bondée d’hommes aux papillotes flottantes et aux couvre-chefs exagérément immenses – une démonstration ostentatoire d’un judaïsme matérialiste, cultuel et triomphaliste qui viole toutes les valeurs que je chéris. Les orateurs ont hurlé au rétablissement du Gush Katif, à la victoire sur les ennemis, à la destruction d’Amalek – et à la « destruction des ennemis de Dieu ». Ils parlaient peut-être des Palestiniens, mais peut-être que la prochaine fois, ils adopteront l’idéologie takfiri et s’en prendront à d’autres Juifs.

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En attendant, comment réaliser ces plans de colonisation de Gaza ? Des participants enthousiastes brandissaient des banderoles avec la réponse : « Seul le transfert apportera la paix ! « Seul le transfert apportera la paix ! » « Trence-fer » signifie « expulsion » en hébreu. Itamar Ben-Gvir, l’un des orateurs les plus appréciés de la conférence et l’un des principaux ministres du gouvernement actuel, a obtenu dernièrement huit, voire neuf sièges dans les sondages – une progression constante par rapport aux six ou sept sièges qu’il obtenait il y a quelques mois (depuis les dernières élections de novembre 2022, son parti, ainsi que le Sionisme religieux, avaient perdu un grand nombre de leurs 14 sièges à la Knesset dans la plupart des sondages). Aujourd’hui, il est en pleine ascension, et il lui reste beaucoup de temps pour continuer à grimper avant les prochaines élections.

L’excuse de la « frange insignifiante » est morte. En Israël, ce qui paraît insensé un instant devient une politique officielle le lendemain. À partir du milieu des années 2010, le mouvement « souverainiste » – un groupe d’extrême droite et de colons prônant l’annexion par Israël des territoires occupés dans un magazine sur papier glacé, des conférences et des soutiens politiques de haut niveau – a précédé les grandes politiques annexionnistes de l’ère Nétanyahou qui a suivi. Le plan d’élimination du pouvoir judiciaire publié par le Sionisme religieux deux semaines avant les élections de novembre 2022 était un avant-goût du plan dirigé par le Likoud en janvier 2023 – après une décennie d’incitation à l’élimination du pouvoir judiciaire. Un grand nombre de personnalités du Likoud ont participé avec enthousiasme à la conférence sur la « recolonisation de Gaza ».

C’est le cas des législateurs du Likoud Boaz Bismuth, Moshe Saada, Amichai Chikli (ministre dans le gouvernement actuel) et Dan Illouz (anciennement du Kohelet Policy Forum pendant une décennie, et avant cela, un homme d’Im Tirtzu). La semaine dernière, ces quatre personnes ont envoyé une lettre à M. Netanyahou et au ministre de la défense Yoav Gallant, exigeant l’arrêt immédiat de toute aide humanitaire à Gaza dans le cadre des accords actuels. Leur raisonnement : l’aide est distribuée par l’intermédiaire de l’agence pour les réfugiés UNRWA, qu’ils considèrent comme synonyme du Hamas.

Vous ne trouverez aucune différence entre Smotrich et le Plan décisif pour le Hamas des membres du Likoud ; seulement des cartes détaillées et des flèches expliquant comment Israël va regrouper plus de 2 millions de Palestiniens dans des zones exiguës de la bande de Gaza.

Le dossier israélien accusant les employés de l’UNRWA d’avoir participé aux attaques du 7 octobre est à la fois dépravé s’il est vrai, et exploité de manière déraisonnable pour défendre la destruction de l’UNRWA et l’aggravation du supplice collectif des habitants de Gaza. Selon eux, la distribution de l’aide renforce le Hamas. Cela nous ramène à la conférence « recoloniser Gaza », car ce qu’ils proposent pour la distribution de l’aide jette les bases de la réoccupation de Gaza.

Les quatre membres du Likoud font part de leurs réserves générales quant à l’entrée de l’aide, mais s’il doit y en avoir une, ils soutiennent le transit par les zones contrôlées par Israël,  » proposé dans notre plan décisif contre le Hamas ». Il s’agit d’une brochure PDF courte et élégante qu’ils ont publiée sur leurs réseaux sociaux à la mi-janvier ; c’est un bref manifeste pour la prise de contrôle militaire complète de Gaza par Israël.

Le terme « Plan décisif » pourrait vous rappeler quelque chose. Le ministre des Finances Bezalel Smotrich, du sionisme religieux, a publié son propre « Plan décisif » en 2017 – un discours visant l’annexion par Israël de toute la Cisjordanie. Les Palestiniens pouvaient rester et se soumettre, partir ou être tués. Il n’y avait pas grand-chose à propos de Gaza dans le plan de l’époque ; ces jours-ci, Smotrich propose d’annexer la totalité de la Cisjordanie.

ISRAEL-PALESTINIANS/SETTLERS

Participants à la conférence de dimanche à Jérusalem appelant Israël à réinstaller les habitants de la bande de Gaza. Photo: Ronen Zvulun/Reuters

Vous ne trouverez aucune différence entre Smotrich et le Plan décisif pour le Hamas des membres du Likoud ; seulement des cartes détaillées et des flèches expliquant comment Israël va regrouper plus de 2 millions de Palestiniens dans des segments étriqués de la bande de Gaza. Les couloirs entre ces zones seront surveillés par l’armée et personne ne sera autorisé à les traverser. La ville de Gaza ne sera pas reconstruite, mais « purifiée des nids de résistance », tandis qu’Israël contrôlera tout le nord, les couloirs et le périmètre à perpétuité. Deux minuscules sous-bandes au nom insupportable de « zones de désescalade » serviront de sites de distribution d’aide, comme des mangeoires. Pour tous ceux qui ne souhaitent pas vivre comme un « animal humain », les Israéliens débattent depuis des mois des options et des incitations au « départ volontaire ».


Il n’y a pas d’échappatoire, pas de défense « juste des franges sauvages ». En temps de guerre, c’est ce que nous sommes. Israël doit mettre fin à l’assaut fou contre l’aide humanitaire maintenant, et réhabiliter son âme lorsque tout cela sera terminé.

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Traduction par DEEPL relue par Annie Goossens

Mourir de soif


Khuloud Rabah Sulaiman and Salma Yaseen The Electronic Intifada 29 January 2024

Des Palestiniens remplissent leurs jerrycans d’eau à partir d’un point de collecte d’eau public en octobre. (Naaman Omar / APA Images)

Il est pratiquement impossible de trouver de l’eau potable à Gaza.

Aref Abed, 60 ans, vit dans le quartier al-Yarmouk de la ville de Gaza. Habituellement, Abed remplit son baril de 1 500 litres avec de l’eau dessalée provenant d’un camion de dessalement.

Mais ce n’est plus possible.

Les usines de dessalement sont entièrement fermées ou fonctionnent à une capacité extrêmement limitée en raison du manque d’électricité et de carburant. Israël a également détruit une grande partie des infrastructures d’assainissement et d’approvisionnement en eau de Gaza ou a délibérément interrompu l’acheminement de l’eau.

Les options d’Abed pour obtenir de l’eau potable étant inexistantes, il s’est rendu à un puits situé à proximité. Abed savait que ces puits ne fournissent pas d’eau potable et qu’ils sont plutôt utilisés pour l’irrigation ou d’autres besoins en eau, mais il était désespéré.

Lorsqu’il est arrivé au puits, il avait tellement soif qu’il a bu sans réfléchir.

Il savait que l’eau était sale à son goût. Puis, lorsqu’il s’est lavé les mains, il a vu qu’elles étaient couvertes de sédiments.

« J’ai vu que l’eau n’était pas pure et qu’elle était sale », a-t-il déclaré. « Je pense qu’elle n’a pas été traitée à partir d’eaux usées et qu’elle ne convient pas pour se laver, se nettoyer ou même se baigner.

Il a vomi à cause de l’eau. Il a vomi à cause de l’eau, mais il s’est quand même forcé à continuer à boire.

Puis, à la mi-janvier, Abed s’est rendu à l’hôpital parce qu’il avait une forte fièvre et une diarrhée constante. Il était gravement déshydraté.

Les médecins ont diagnostiqué une typhoïde, une infection bactérienne potentiellement mortelle. En l’absence de traitement, il pourrait souffrir d’une insuffisance rénale.

L’eau potable coûte cher

La grande majorité des Palestiniens de Gaza n’ont pas d’accès adéquat à l’eau potable.

Abed a reçu des antibiotiques pour traiter sa typhoïde, mais comme il buvait continuellement de l’eau contaminée, son état ne s’améliorait pas.

« Mon frère achète toujours de l’eau en bouteille pour moi, juste pour que je puisse guérir et pour qu’il évite la maladie », a-t-il déclaré.

Pourtant, les frères peuvent à peine se permettre d’acheter de l’eau en bouteille. Une petite bouteille d’eau, d’une valeur d’environ 500 millilitres, coûte aujourd’hui près de 3 dollars, soit dix fois plus qu’avant le mois d’octobre.

« L’eau en bouteille n’est pas toujours disponible dans la ville, et si elle existe, est-elle suffisante ? Comment vais-je sauver ma vie s’il n’y a pas d’eau potable dans la ville ?

Comment puis-je fournir de l’eau alors que même l’UNRWA ne le peut pas ?

La plupart des quelque 2 millions de personnes qui ont été déplacées à Gaza se trouvent maintenant dans le sud. Le manque d’eau potable y est particulièrement aigu.

Kanz Sulaiman, 7 ans, est réfugié dans une école de l’UNRWA dans la ville de Khan Younis, au sud de la bande de Gaza. Sa famille a été déplacée de la ville de Gaza il y a deux mois.

Kanz recevait de ses parents de l’eau en bouteille, mais lorsque celle-ci n’était pas disponible, elle buvait au robinet de l’école de l’UNRWA.

« J’avais soif à en mourir », dit-elle. « Chaque fois que je ne trouvais pas [d’eau] dans nos gallons, je buvais [au robinet].

Au début du mois, Kanz a eu de la fièvre, a vomi et a eu une diarrhée sévère pendant plusieurs jours. Au centre de santé de l’école, on lui a diagnostiqué un catarrhe intestinal.

Le médecin a conseillé à son père d’essayer de lui fournir de l’eau potable, car le robinet de l’école est pollué. Il a ajouté que l’ingestion de l’eau pouvait entraîner des complications plus graves, comme le choléra ou la typhoïde.

Hamza Sulaiman, le père de Kanz, a déclaré qu’il avait demandé au médecin : « Comment puis-je lui fournir de l’eau propre si [l’UNRWA] n’est pas en mesure de nous en fournir à l’école ?

Le médecin n’a pas répondu. Il a demandé à Hamza de se rendre à la clinique principale de l’UNRWA à Khan Younis pour obtenir des médicaments puisque l’école n’en avait plus. Malheureusement, la clinique principale – ainsi que les sept pharmacies dans lesquelles Hamza s’est rendu – était également à court de médicaments.

En l’espace d’une semaine, toute la famille, y compris Yazan, le fils de Hamza âgé de 11 ans, était malade.

Heureusement, un proche avait les médicaments nécessaires et Kanz s’est rétabli après une semaine de maladie.

« J’ai été reconnaissant à mon parent qui a sauvé la vie de ma fille en nous donnant le médicament », a déclaré Hamza. « J’avais peur de la perdre car je ne pouvais rien faire pour elle.

Pourtant, l’accès à l’eau potable est un combat quotidien. Hamza remplit leurs bidons d’eau à l’UNRWA, lorsque l’eau est disponible, mais ce n’est souvent pas le cas.

« L’eau dessalée n’est pas propre à 100 % comme avant la guerre », explique-t-il. « Son goût est un peu salé. Je pense qu’elle est à moitié dessalée à cause du manque de carburant ».

Se tourner vers l’eau de mer

Fadia Waleed et ses cinq enfants se sont tournés vers la mer pour s’approvisionner en eau, même s’ils savent qu’elle est polluée par les eaux usées.

Elle lave la vaisselle et les vêtements avec de l’eau de mer, et ses enfants se baignent dans l’océan. Ils n’ont pas d’autre solution, car l’école de l’UNRWA où ils sont hébergés ne fournit plus d’eau au robinet.

Ce mois-ci, Yaseen, le fils de Fadia, est tombé malade, avec de la fièvre et des douleurs abdominales. Ils sont allés à l’hôpital et on lui a diagnostiqué une hépatite A. Il a pris des médicaments pendant deux semaines.

Il a pris des médicaments pendant deux semaines et son état s’est progressivement amélioré.

« Pendant ces 14 jours, j’ai eu peur de le perdre », a déclaré Fadia. « Je suis restée éveillée toute la nuit pour surveiller son état de santé.

« J’ai emprunté de l’eau en bouteille à mes voisins de l’école. Cette eau propre a contribué à lui sauver la vie.

Après la maladie de Yaseen, la famille a cessé d’utiliser l’eau de mer pour les tâches quotidiennes, mais elle n’a toujours pas d’accès régulier à l’eau.

« S’ils boivent de l’eau de mer, ils mourront, et s’ils ont soif sans eau propre, ils mourront aussi. Alors quelle est la solution ? »

Khuloud Rabah Sulaiman est un journaliste vivant à Gaza.

Salma Yaseen est étudiante en littérature anglaise à l’université islamique de Gaza.

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Traduction par DEEPL relue par Annie Goossens