Le chef d’œuvre des Mille et une nuits au cœur de la tourmente en Egypte


jeudi 6 mai 2010

Cela n’a rien du conte à dormir debout, ce serait même plutôt le récit d’une tourmente ordinaire qui, depuis plus d’une dizaine d’années, met en émoi l’élite égyptienne, laissant éclater d’âpres luttes de pouvoir entre le gouvernement et les conservateurs religieux.

Chef d’œuvre incontesté de la littérature arabe, le conte des Mille et une nuits, qui revêt la caractéristique de ne pas avoir de version à jamais gravée dans le marbre, est devenu, au fil de ses rééditions, l’enjeu éminemment politique de frictions qui grignotent chaque fois un peu plus la liberté d’expression inhérente à toute œuvre créatrice.

Au carrefour de nombreuses traditions, la nouvelle édition de ces fabuleux contes s’est attirée les foudres d’islamistes radicaux, fédérés sous la bannière des « Avocats sans restrictions », lesquels, résolus à ne transiger avec aucune audace littéraire, exigent son interdiction pure et simple.

Face à ces ultras qui ne décolèrent pas contre l’organisme gouvernemental à l’origine de cette édition pré-étiquetée licencieuse, des syndicats d’écrivains médusés et exaspérés passent aujourd’hui à la contre-attaque, déterminés à ne plus s’en laisser conter…

Sans grande surprise, l’objet du délit reste toujours le même : des références au sexe de nature à « encourager au vice et au péché », selon le prisme inflexible de la vertu du mouvement intégriste. Les « Avocats sans restrictions » demandent la confiscation de l’ouvrage et la poursuite de ses éditeurs, au nom de la violation d’ un article du code pénal égyptien punissant de deux ans de prison les « offenses à la décence publique ».

Peut-on tout dire aujourd’hui dans la société égyptienne, quelles sont les limites à la liberté narratrice de l’écrivain ? Telles sont les thématiques prises en otage par des fondamentalistes qui n’hésitent pas à traîner en justice nombre d’écrivains, et qui ne sont pas sans avoir une résonance particulière dans notre société française.

Parmi les auteurs blacklistés, victimes de ces procès en hérésie, des voix s’élèvent avec force pour souhaiter qu’un vrai débat ait lieu sur ces points de droit essentiels et sur les valeurs prônées par la société égyptienne du 21ème siècle.

Samia Mehrez, professeure à l’université américaine du Caire, citée par le site Al-Masry Al-Youm, résume parfaitement une situation hautement dommageable à terme pour la richesse patrimoniale du pays : « Dans ce jeu, la culture n’est qu’un pion », déplore-t-elle.

Source Oumma.com

Kenza Isnasi : “La Belgique d’aujourd’hui ne me parle plus”


Parlemento.com
L’agence de presse des minorités

La carte de blanche de Kenza Isnasni n'a pas été publiée dans la presse traditionnelle

“7 mai 2002, une date qui restera à jamais gravée dans ma mémoire. Un homme est entré dans notre appartement. Il a abattu mes parents, a grièvement blessé mes deux petits frères et s’est ensuite donné la mort. Des funérailles officielles ont été organisées en présence de milliers de personnes et de nos élus politiques. Nous nous étions tous dit « plus jamais ça ». Mes parents (Habiba El Hajji et Ahmed Isnasni) nous lançaient un dernier appel que je n’ai eu de cesse de relayer : « Faites que notre départ ne soit pas vain et que l’avenir soit celui d’une harmonie entre tout les citoyens libérés des dangereuses idées meurtrières ». Aujourd’hui 8 ans après le drame, je milite, je me bats en leur mémoire, je reste forte au nom des miens (…) mais malheureusement le racisme reste toujours d’actualité en Belgique“, écrit ce vendredi (07/05/2010) Kenza Isnasni, fille de deux Bruxellois d’origine marocaine assassinés en 2002 par un militant d’extrême droite, dans une opinion qui n’a pas été publiée dans la presse traditionnelle.

Pointant du doigt « la difficulté plus grande de trouver un emploi pour la population d’origine étrangère à qualification égale » et « les inégalités dans l’enseignement » découlant de l’existence des « écoles ghettos », elle s’interroge sur l’efficacité de « l’arsenal juridique » visant à condamner le racisme dans la société belge. “Aujourd’hui, on s’adresse au Centre pour l’Egalité de Chances ou au MRAX en cas de problème de racisme mais en fait ces institutions ne répondent plus aux attentes“.
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