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mais on ne les voit pas encore
Archives du 30 mai 2010
L’État juif va-t-il imposer éternellement sa loi ?
800 navigants menacés par Israël au large de Gaza
La « Flottille de la liberté » (*) se dirige résolument vers Gaza, chargée de 800 personnes et d’une lourde cargaison : dix mille tonnes de matériel urgent. Elle est attendue à Gaza ; elle est dans son bon droit. Elle agit humainement, pacifiquement. Elle n’en est pas moins menacée par la marine israélienne.
28 mai 2010 | Thèmes : Gaza Mouvements de solidarité Droit international Rôle des médias
Un navire turc de la « Flottille de la liberté »
Le défi lancé par la flottille – avec le soutien massif de gens qui refusent de rester silencieux et inertes pendant qu’Israël enferme un million et demi de Palestiniens dans ce qu’il a transformé en un univers concentrationnaire – est intolérable pour l’État hébreu qui a pu jusqu’ici se comporter au dessus des lois sans être sanctionné.
L’armée israélienne attend la flottille sur pied de guerre. Son État-major a annoncé l’arraisonnement des navires et l’arrestation des passagers qui refusent son diktat : il exerce un chantage et exige que la flottille aille décharger son aide non pas à Gaza comme c’est son droit légitime, mais au port israélien d’Ashdod.
Cette flottille internationale – organisée à l’initiative de nombreuses ONG et financée par de très gros donateurs – incarne la conscience et le courage de gens réunis par un objectif noble qui se montrent capables de contrer la politique criminelle d’Israël, capables de faire mieux que toutes les grandes puissances, que toutes les ONG financées par ces mêmes puissances, que toutes les agences de l’ONU aux ordres de ces puissances.
Et pourtant : rien ou presque n’est dit dans la grande presse occidentale. Rien de rien depuis les jours que ces bateaux convergent vers Gaza et les semaines qu’Israël menace. Il s’agit pour nos médias de dissimuler à leur public, autant qu’il se peut, ce qu’une pareille expédition met en lumière. Notamment le fait qu’un million et demi de civils sont soumis par Israël depuis quatre ans à un blocus inhumain avec la complicité de nos gouvernements prétendument défenseurs des droits de l’homme [1].
Seuls les médias arabes et musulmans – ainsi que les nouveaux médias en général – ont donné à ce convoi humanitaire exceptionnel la couverture qu’il méritait.
Ce convoi maritime est, par son importance et son ampleur, du jamais vu. C’est une entreprise gigantesque. C’est un geste de générosité et d’humanité réalisé grâce à l’effort de milliers de personnes anonymes.
Mais la vie d’un enfant arabe, d’une population musulmane qui a voté en faveur de la résistance contre l’occupant israélien ne vaut rien pour nos journalistes islamophobes, asservis à la propagande israélienne.
On ne touche pas à Israël ! Il est de bon ton dans notre presse dite « libre » de critiquer l’Iran. Car, l’Iran est la principale cible d’Israël depuis que l’Irak est détruit. En Iran, il n’y a pas 10’000 prisonniers politiques. En terre occupée par Israël, oui. En Iran, il n’y a pas un camp de concentration qui enferme un million et demi de personnes. En terre occupée par Israël, oui. En Iran, il n’y a pas de drones et de F15 qui survolent le ciel nuit et jour et peuvent lâcher des bombes à tout instant sur des familles. A Gaza sous occupation coloniale israélienne, oui…
Une Flottille de la Liberté comprenant neuf navires, affrétés par des groupes organisés qui estiment intolérable le blocus terrestre maritime et aérien imposé par Israël, navigue depuis plusieurs jours sans qu’aucune image, aucun compte rendu, n’ait été diffusé à son public par la presse occidentale dite « libre ». Les nouveaux médias, eux, ont fait mieux.
Rien, les médias traditionnels ont ignoré jusqu’à ce jour cette flottille de navires autant qu’ils ont pu. Le très pro-israélien téléjournal de la télévision suisse romande – un service public – s’est bien gardée elle aussi de montrer, jusqu’à ce jour, des images de ce convoi qui met Israël dans l’embarras et ternit son image. Il s’agit pour nos journalistes conformistes de ne pas attirer l’attention des gens sur une réalité peu glorieuse : l’enfermement inhumain par l’occupant israélien d’un million et demi de Palestiniens dans un camp de concentration d’un autre âge.
Les participants à cette flottille et ceux qui la soutiennent sont, eux, aux avant postes d’une humanité que nos autorités, nos démocraties, nos journalistes sans éthique, piétinent sans vergogne.
Les agents de propagande israéliens ont déjà toute une batterie de déclarations prêtes à être distillées au moment de leur intervention musclée en mer pour dire que Gaza ne manque de rien, et que la flottille apporte une caution aux « terroristes » du Hamas – en vérité les autorités élues par un peuple qui est adulte.
Nous ne pouvons que signifier notre colère à nos autorités qui n’ont rien entrepris pour sortir Gaza de cette situation inique et restent silencieuses face aux menaces d’Israël ; et rappeler aux journalistes que leur silence quand des actions incriminent Israël, les rendent complices de sa continuelle barbarie.
Toute personne qui a un peu d’humanité se doit de réagir ; se doit d’envoyer des messages, des appels, aux chefs de rédaction des médias publics ; se doit de protester contre leur silence complice.
We will not go down
Une lumière blanche aveuglante
A illuminé le ciel de Gaza cette nuit
Les gens courent se protéger ;
Ils ne savent pas s’ils sont vivants ou morts.
Ils sont venus avec leurs tanks et leurs avions
Et leur feu ravageur
Et il ne reste rien
Qu’une voix s’élevant d’un brouillard de fumée
Nous ne céderons pas
Dans la nuit sans nous battre
Vous pouvez brûler nos mosquées et nos maisons et nos écoles
Mais notre esprit ne mourra jamais
Nous ne tomberons pas
A Gaza ce soir
Les femmes et les enfants
Sont assassinés et massacrée nuit après nuit
Pendant que les soi-disant dirigeants des pays lointains
Se disputent pour savoir qui a tort ou raison
Mais leurs mots impuissants ont été vains
Et les bombes sont tombées comme une pluie acide
Mais à travers les larmes et le sang et la douleur
Vous pouvez entendre la voix qui traverse le brouillard de fumée
Nous ne céderons pas
Dans la nuit sans nous battre
Vous pouvez brûler nos mosquées et nos maisons et nos écoles
Mais notre esprit ne mourra jamais
Nous ne céderons pas
A Gaza ce soir
Free Gaza : récit de Thomas Sommer-Houdeville
Voici le texte que Thomas Sommer-Houdeville, coordinateur des missions civiles, avait écrit hier soir depuis le cargo grec faisant partie de la flotille de la liberté.
Thomas a participé depuis 3 mois en Grèce à la préparation de la flottille et était venu en France pour élargir la participation, il est intervenu entre autre dans une réunion du collectif national pour présenter l’initiative.
L’occasion ici de rendre un fervent hommage à la petite délégation française composée de 7 personnes (cbsp, cvpr et ccippp).
Le dernier set
29 mai 2010 – de Thomas Sommer-Houdeville*, depuis l’un des bateaux de la flottille de Gaza
Un jour ou l’autre peut-être, quelqu’un écrira l’histoire complète de cette aventure. Il y aura beaucoup de rires, de véritables cris et quelques larmes. Mais ce que je peux dire maintenant, c’est que nous n’avions jamais imaginé que nous ferions flipper Israël comme ça. Enfin, peut-être dans certains de nos plus beaux rêves…. Tout d’abord, ils ont créé une équipe spéciale d’urgence réunissant le ministère israélien des Affaires étrangères, le commando de marine israélien et les autorités pénitentiaires pour contrer la menace existentielle que nous et nos quelques bateaux remplis d’aide humanitaire représentent.
Puis, Ehud Barak lui-même a pris le temps, malgré son agenda chargé, de nous mettre en garde à travers les médias israéliens. Ils nous annoncent maintenant qu’ils nous enverront dans la pire des prisons israéliens, dans le désert près de Beersheva.
Ce sont des annonces pour nous faire peur. Et d’une certaine façon nous avons peur. Nous avons peur de leurs navires de guerre, peur de leurs Apaches et de leur commando tout noir. Qui n’en aurait pas peur ? Nous avons peur qu’ils saisissent notre cargaison et toute l’aide médicale, les matériaux de construction, les maisons préfabriquées, les kits scolaires, et qu’ils les détruisent.
Toute cette solidarité patiemment rassemblée dans de si nombreux pays pendant plus d’un an. Tous ces efforts et cette vague d’amour et d’espoir envoyés par des gens normaux, d’humbles citoyens de Grèce, Suède, Turquie, Irlande, France, Italie, Algérie, Malaisie. Tout ceci pris comme un trophée par un État agissant comme un vulgaire pirate des îles. Qui ne sentirait pas un certain sentiment de responsabilité et de peur de ne pas être capable d’accomplir notre mission et livrer nos marchandises à la population emprisonnée de Gaza ?
Mais nous savons que la peur est aussi de l’autre côté.
Parce que depuis le début de notre coalition, l’État d’Israël fait tout ce qu’il peut pour éviter la confrontation avec nous. Depuis le début ils ont essayé de nous empêcher de partir, de regrouper nos forces et de prendre le large tous ensemble vers Gaza. Ils ont essayé de nous briser.
Leur scénario idéal était de nous diviser, les Irlandais d’un côté, les Grecs et Suédois d’un autre, les Américains d’un autre encore et les Turcs tout seuls. Bien sûr, ils savaient qu’ils ne pourraient pas mettre la pression sur la Turquie, ni agir directement là-bas. Alors ils ont concentré leurs attaques sur les parties irlandaises et grecques de notre coalition.
Le premier set a commencé il y a deux semaines quand ils ont saboté le cargo irlandais, l’obligeant à retarder son départ pour près d’une semaine. Mais, les Irlandais ont réparé aussi vite qu’ils le pouvaient et maintenant ils sont à un ou deux jours derrière nous.
Puis ils ont mis une pression énorme sur le gouvernement grec, affaibli par la crise économique, pour l’obliger à ne pas laisser partir le cargo grec et le bateau de passagers greco-suédois. A cause de ces pressions, nous avons dû retarder notre voyage deux fois et demander aux Turcs, à leurs 500 passagers et aux amis américains qui étaient prêts à partir de nous attendre. C’est ce qu’ils ont fait heureusement !
Jusqu’à la dernière minute avant leur départ de Grèce, nous ne savions pas si les deux bateaux auraient l’autorisation du gouvernement grec, mais finalement le gouvernement grec a décidé de prendre ses responsabilités en agissant comme un Etat souverain et a laissé le cargo et le bateau de passagers quitter le port du Pirée à Athènes.
Le deuxième set a eu lieu hier, dans la partie grecque de Chypre, là où nous avions négocié avec le gouvernement d’embarquer une délégation VIP de parlementaires européens et nationaux de Suède, d’Angleterre, de Grèce et de Chypre. Alors que les deux bateaux de Grèce, le bateau américain venant de Crète et les 4 bateaux turcs étaient déjà au point de rendez-vous attendant que la délégation VIP arrive et embarque à notre bord, nous avons reçu la nouvelle que notre délégation était encerclée par la police chypriote dans le port de Larnaka et interdite de bouger où que ce soit.
Chypre, un pays européen, était en train d’interdire a des parlementaires européens de se déplacer librement sur son sol, en rupture complète de toute législation et réglementations européennes !
Alors que nous commencions à négocier avec le gouvernement chypriote, nous avons clairement compris que ce changement soudain d’attitude envers nous était dicté directement par Israël. De sept heures du matin jusqu’au soir, le gouvernement de Chypre nous mentait, disant que c’était un malentendu que les VIP aient été autorisés à embarquer pour n’importe quelle direction qu’ils souhaitaient, que c’était juste une question bureaucratique à résoudre. Mais rien ne s’est passé et nos parlementaires ont été pris au piège.
Le gouvernement chypriote agissait comme un auxiliaire d’Israël et nous a fait perdre un temps crucial. Ce matin, la délégation VIP a décidé que le seul choix qui restait était d’aller au port de Formogossa dans le Nord de Chypre sous contrôle turc, et de là prendre un bateau rapide pour nous rejoindre au point de rendez-vous.
Bien sûr, parce que notre coalition est formée de Turcs et de Grecs et de Chypriotes, la Chypre du Nord qui est sous occupation turque, est une question politique très importante. Et envoyer notre délégation prendre un bateau dans le port de Formogossa, encore sous embargo des Nations Unies, est une question politique encore plus importante.
Cela aurait pu briser le dos de nos amis grecs et chypriotes de la coalition. Ce fut presque le cas. Mais c’est le contraire qui s’est révélé. Notre coalition tient toujours. C’est le parti chypriote au pouvoir qui est sur le point de se briser, et les 7 parlementaires grecs et chypriotes qui faisaient partie de la délégation et ne pouvaient pas aller au nord de Chypre sont furieux contre le gouvernement chypriote.
Un immense débat a toujours lieu en ce moment en Grèce et à Chypre sur ce qui s’est passé et sur notre flottille pour Gaza. Dans une heure ou deux, 80% de notre délégation VIP embarquera sur nos bateaux et nous partirons pour Gaza comme prévu. Donc nous pouvons dire qu’Israël a perdu les deux sets qu’il a joués.
Dans quelques heures, le dernier set, crucial, commencera quand nous entrerons dans les eaux de Gaza. Bien sûr, matériellement, il serait très facile pour Israël de nous stopper et nous arrêter, mais le coût politique qu’ils auront à payer sera énorme. Vraiment énorme, à tel point que toutes les ruses et les pièges qu’ils ont tenté de mettre sur notre route ont réussi à faire une seule chose : sensibiliser de plus en plus de gens partout dans le monde sur notre flottille et sur la situation de Gaza.
Et de tout ça, nous apprenons quelque chose : la peur n’est pas de notre côté, mais du côté d’Israël. Ils ont peur de nous parce que nous représentons la colère des gens tout autour du monde. Les gens qui sont mécontents de ce que l’État criminel d’Israël fait aux Palestiniens et à chaque amoureux de la paix qui ose prendre le parti des opprimés. Ils ont peur de nous parce qu’ils savent que, dans un proche avenir il y aura encore plus de bateaux à venir à Gaza comme il y a de plus en plus de personnes à décider de boycotter Israël chaque jour.
Thomas Sommer-Houdeville, depuis l’un des bateaux de la flottille de Gaza
* coordinateur de la campagne civile internationale pour la protection du peuple palestinien (ccippp)