Dexia et la colonisation : aidons la banque à informer ses clients


Jeudi, 23 Septembre 2010

Les clients de la banque DEXIA savent-ils que leur banque contribue fortement au financement de la colonisation de la Palestine ?

Peut-être ont-il accordé foi aux bonne paroles distillées par le président de DEXIA, M. Jean-Luc DEHAENE, lors de deux assemblée générales des actionnaires de Dexia à Bruxelles. Il a en effet affirmé, avec l’aplomb qu’on lui connaît, que la filiale israélienne de DEXIA a cessé de conclure de nouveaux contrats de financement avec les colonies juives en Cisjordanie.

De multiples preuves ont été récoltées en Israël – y compris des actes officiels comme des hypothèques – car DEXIA accepte des hypothèques sur des biens construits illégalement sur des terres volées (que ceux à qui la banque refuserait un crédit au logement s’en souvienne : DEXIA sait se montrer très accomodante dans certains cas) – qui démontrent que les assurances données par J-L DEHAENE ne sont que des balivernes.

La Plate-forme Charleroi-Palestine- toujours pleine de bonne volonté et de sollicitude – a donc voulu aider DEXIA à informer correctement sa clientèle en dotant une de ses agences du matériel publicitaire adéquat, que l’on peut voir sur la vidéo ci-dessous :

Dans ce quartier commerçant très vivant, l’agence DEXIA choisie est ordinairement très fréquentée en fin d’après-midi par des clients qui utilisent le « self-banking ».

Malheureusement, ce jeudi 23 septembre, au moment où débutait l’action de sensibilisation, une pluie battante s’est abattue sur la ville, ce qui a nettement clairsemé les rangs des passants et des clients.

Nous avons cependant eu la satisfaction de constater que plusieurs heures après l’action, les grands adhésifs apposés sur toutes les vitrines étaient toujours bien en place. Les clients ont donc eu tout leur temps pour noter l’adresse e-mail de J-L DEHAENE où ils peuvent lui faire part de leur sentiment sur l’action de la banque qu’il préside : jean-luc.dehaene@dexia.com

Une campagne est en cours depuis 2 ans contre le financement par Dexia des colonies israéliennes dans les territoires palestiniens. Des cartes de protestation, des actions devant les bureaux de Dexia, des interpellations aux Assemblées Générales, des questions parlementaires, des entretiens avec la direction de Dexia, etc….

Le Président de DEXIA a répliqué par des mensonges devant l’assemblée de ses actionnaires, où il a prétendu à deux reprises que la filiale israélienne ne concluait plus de nouveaux contrats concernant le territoire palestinien (tout en restant très vague à propos de Jérusalem-est), et que donc progressivement tous les engagements du groupe dans ces territoires prendraient fin.

Non seulement le financement des colonies israéliennes en CIsjordanie et à Jérusalem-est se poursuit, de nouveaux contrats sont passés, comme des preuves en ont été apportées par l’organisation israélienne « Who Profits », mais Dexia travaille même apparemment en étroite collaboration – gratuitement ! – avec les autorités israéliennes pour pouvoir fournir d’autres ressources nécessaires aux colonies et à leur extension continue. Face à la campagne « Palestine occupée – Dexia Impliquée », la banque a donc choisi les manoeuvres dilatoires et la dissimulation.

Mais peut-être la banque DEXIA écouterat-elle ses clients ?

Nous cherchons des clients Dexia qui acceptent de clôturer leur(s) compte(s) à l’occasion d’une action commune prévue le mercredi 27 octobre 2010. Des gros clients et des clients plus modestes, peu importe.

Plusieurs dizaines de clients se rendront le même jour aux guichets de DEXIA, quelque part à Bruxelles, pour clôturer leurs comptes. Nous faisons appel aux clients Dexia qui souhaiteraient participer à l’action ‘Je clôture mon compte chez Dexia !’

Ils sont invités à se manifester en complétant un formulaire en ligne : CLIQUEZ ICI.

Pour plus d’informations concernant l’implication de DEXIA dans la colonisation de la Palestine, et sur ses conséquences, consultez le dossier ICI

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Ceux qui refusent


Michel Warschawski

Michel Warschawski est un homme rare. Il fait partie de cette poignée d’Israéliens qui n’acceptent pas l’inacceptable. C’est un militant de la paix et ce depuis l’année 1968. Cela lui a valu notamment de goûter aux geôles israéliennes durant près de deux ans, puisqu’il fut condamné pour avoir soutenu des organisations palestiniennes illégales. Il est également depuis de nombreuses années le président du Centre d’information alternative de Jérusalem.

Invité en 2001 par un cartel d’associations nantaises, il a tenu une très brillante conférence dans la salle surchauffée de la Manufacture des Tabacs. Il a repris en partie les idées fortes que l’on retrouve dans son livre « Israël-Palestine : le défi binational », livre publié en février dernier par les éditions Textuel. Ce livre est intellectuellement très proche du dernier ouvrage de l’universitaire palestinien Edward Saïd, qui s’intitule « Israël-Palestine : l’égalité ou rien ».

Dans cet ouvrage, Michel Warschawski propose une lecture brillante et synthétique de la naissance de l’Etat d’Israël. Depuis quelques années, les historiens israéliens s’invectivent copieusement, les « nouveaux historiens », car tel est leur nom, osant s’interroger, et ce faisant remettre en cause, l’histoire officielle israélienne.

Beaucoup affirment encore que les sionistes n’eurent pas à expulser les populations palestiniennes de Palestine car celles-ci étaient parties d’elle-même, répondant ainsi aux appels des radios arabes leur recommandant de venir se protéger à l’extérieur du territoire. La vérité est bien évidemment ailleurs. Warschawski n’y va pas par quatre chemins : « la guerre qui a fait naître Israël a été une guerre d’épuration ethnique ». Pour affirmer cela, il s’appuie sur le travail sérieux et argumenté de l’historien Benny Morris qui a recensé « pas moins de 80 massacres entre 1947 et fin 1948″, et parmi ceux-ci le terrible Deïr Yassine.

Mais là où Benny Morris se refuse à voir les manifestation concrètes d’une stratégie guerrière savamment planifiée, Michel Warschawski considère au contraire que les leaders sionistes, Ben Gourion en tête, ont fait de la terreur une arme essentielle de leur conquête de toute la Palestine. L’Etat d’Israël est donc le « fruit combiné du plan de partition adopté par l’Assemblée générale des Nations-Unies, le 29 novembre 1947, et d’une guerre de conquête et d’épuration ethnique menée avec succès par les forces armées juives au cours de l’année 1948″. Israël ne s’est donc pas emparée d’une terre laissée vide volontairement par une population palestinienne partie chercher refuge ailleurs.

Michel Warschawski s’intéresse également à l’état de la société israélienne aujourd’hui. Il la décrit comme une société malade. Il rappelle qu’à l’origine le projet sioniste est laïc, républicain et démocratique. Or, dès sa naissance, Israël s’est construit comme un Etat juif. Et s’il ne voit pas en l’Etat d’Israël un Etat théocratique, il sait aussi que “l’Etat juif tend à introduire des éléments religieux dans l’identité collective et, par conséquent, met en échec son propre projet de société » en marginalisant notamment ceux que l’on appelle les Arabes israéliens.

Autre sujet de tension : l’immigration. Durant des décennies, le monde politique israélien a été tenu par une élite sioniste ashkénaze puisant ses racines dans sa culture occidentale, méprisante à l’égard des Juifs d’orient, des Séfarades. La marginalisation de ces derniers et l’arrivée massive depuis plusieurs années de migrants en provenance de l’ex-Union Soviétique ont fait d’Israël une véritable poudrière communautaire qui accentuent encore plus l’éclatement de l’identité israélienne.
S’y ajoute également le fait que lentement la population palestinienne d’Israël ne cesse de croître numériquement et que dans quelques années, les Juifs seront minoritaires : « L’Etat reste un Etat juifs, avec des pratiques et des structures discriminatoires, mais la minorité palestinienne est passée d’une situation d’atomisation et d’invisibilité à celle d’une minorité nationale qui revendique l’égalité citoyenne dans un pays qui se veut juif mais aussi démocratique ».

C’est là que le bât blesse pour Michel Warschawski : comment Israël, multinationale et multiculturelle, peut-elle demeurer longtemps un Etat juif, c’est-à-dire qui se réfère à une identité spécifique, ethnico-religieuse, exclusive de toute autre ? Tel est la question qui se pose aujourd’hui. Soit Israël se maintient comme Etat juif et alors il se transformera en « un Etat théocratique où seraient progressivement abolis les aspects réellement démocratiques existant dans le régime israélien » ; soit, les Israéliens impose une « séparation totale de la nationalité et de l’Etat, de l’ethnicité et de la citoyenneté ». Cette seconde solution est bien évidemment défendue avec force par Michel Warschawski qui incite, en reprenant les mots du chercheur Alain Dieckhoff à “sortir du dogme : un Etat, une culture, un peuple » et à construire un « Etat davantage pluraliste où une citoyenneté partagée irait de pair avec la reconnaissance d’identités collectives diverses ».

Michel Warschawski, en parlant d’Etat binational, en appelle à une véritable révolution culturelle qui passera notamment par la capacité des Juifs et des Palestiniens à appréhender ensemble l’histoire récente de la naissance de l’Etat d’Israël et de la Palestine historique et à se rappeler aussi que, souvent, dans les lieux où Juifs et Arabes cohabitèrent, ils coexistèrent longtemps avec bonheur.

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