Discours d’une mère israélienne devant le Parlement Européen


Dr  Nurit Peled-Elhanan est la maman de Smadar Elhanan, une fille de 13 ans tuée en septembre 1997 lors d’un attentant suicide à Jérusalem.

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Nurit Peled-Elhanan

Nurit a prononcé le discours ci-après à l’occasion de la Journée Internationale de la Femme, organisée en début du mois en cours (juillet 2010) à Strasbourg.

Je vous invite à bien écouter et à comprendre les paroles d’une mère endeuillée par la perte de sa fille, tombée victime d’une attaque terroriste brutale et aveugle. Ainsi, j’ose espérer que ses propos soient assimilés par tous ceux en quête de paix dans notre monde tant agité et divisé.

Pour des jours meilleurs, Professeur Avraham Oz, Université de Haïfa – Département de Littérature Hébraïque et Comparée.

FEMMES

Nurit Peled-Elhanan

Nurit Peled-Elhanan

Permettez-moi, tout d’abord, de vous remercier pour votre invitation à cette journée. C’est toujours un honneur et un plaisir d’être ici parmi vous, au sein du Parlement Européen.

Toutefois, je dois avouer qu’il aurait été plus judicieux si vous aviez invité une femme Palestinienne à ma place, car les femmes qui souffrent le plus dans mon pays sont les femmes Palestiniennes. C’est pourquoi je voudrais dédier mon discours à Miriam R’aban et son époux Kamal de Bet Lahiya dans la Bande de Gaza, dont les cinq petits enfants avaient été tués par des soldats israéliens alors qu’ils cueillaient des fraises dans la fraiseraie familiale. Evidemment, ce meurtre ne sera jamais jugé. Lorsque j’ai demandé aux organisateurs la raison pour laquelle une invitation n’a pas été adressée à une femme Palestinienne, on m’a répondu que cela risquerait de trop focaliser les discussions.

J’ignore ce qu’est la violence non localisée. Je sais par contre que le racisme et la discrimination, bien qu’ils soient des concepts théoriques et des phénomènes universels, ont toujours un impact local. La douleur, tout comme l’humiliation, l’abus sexuel, la torture, la mort et même les cicatrices sont tous locaux.

Cependant, il est quand même déplorable de constater que la violence qu’exercent le gouvernement israélien et son armée sur les femmes Palestiniennes se soit répandue à travers tout le globe. En fait, la violence, quelle soit de l’état ou de l’armée, collective ou individuelle est aujourd’hui le sort des femmes musulmanes, pas uniquement en Palestine, mais partout dans le monde ; dans chaque contrée où le monde occidental émancipé tend et impose son empreinte impérialiste. C’est une violence qui n’est presque jamais abordée et qui est passivement tolérée par la plupart des personnes en Europe et au Etats-Unis. Tout cela parce que le soi-disant monde libre craint la matrice musulmane.

La Grande France, par exemple, dont la devise est « Liberté, Egalité, Fraternité » a peur des petites filles voilées. De son côté, le Grand Israël craint la matrice Musulmane que ses ministres désignent comme une menace démographique.

La toute-puissante Amérique et la Grande Bretagne sont en train de corrompre, respectivement, leurs citoyens en leur transmettant une peur aveugle à l’égard des Musulmans. Ces derniers sont appelés de tous les noms d’oiseaux et décrits comme étant des ignobles, des primitifs, des sanguinaires en dehors du fait qu’ils soient anti-démocratie, chauvins et producteurs en masse de futurs terroristes. Pourtant, les individus qui détruisent le monde aujourd’hui ne sont pas Musulmans ; l’un d’entre eux est un fervent Chrétien, l’autre est Anglican et un troisième qui est juif non pratiquant.

Je n’ai jamais fait l’expérience des souffrances subies chaque jour et chaque heure par les femmes Palestiniennes, et j’ignore la nature de la violence qui transforme la vie d’une femme en un enfer permanent. Ces femmes souffrent le martyre à cause de la torture mentale et physique endurée au quotidien. Elles sont privées de leurs droits humains les plus fondamentaux et du droit de chacun à jouir d’une dignité et d’une intimité. En effet, à n’importe quel moment de la journée, comme de la nuit, leurs maisons sont prises d’assaut et ces femmes, sous la menace de l’arme, sont forcées de se dévêtir, laissées nues devant des étrangers et sous les yeux de leurs propres enfants. Ces femmes, dont les maisons sont démolies, sont privées de tous moyens d’existence et d’une vie familiale normale. Tout cela ne fait pas partie de mon expérience personnelle. Cependant, je suis victime de la violence à l’encontre des femmes dans la mesure où la violence contre les enfants n’est autre qu’une violence contre les mères.

En effet, je considère les femmes Palestiniennes, Irakiennes et Afghanes comme mes sœurs car nous sommes toutes à la merci des mêmes criminels sans scrupule qui se sont autoproclamés leaders du monde libre et émancipé. Hélas, c’est au nom de cette liberté et de cette émancipation qu’ils volent nos enfants.

En outre, un véritable conditionnement et un lavage de cerveau intense ont aveuglé les mères Israéliennes, Américaines, Italiennes et Britanniques. Elles ne peuvent plus réaliser que les seules sœurs et alliées qu’elles peuvent avoir dans ce monde sont les mères Musulmanes Palestiniennes, Irakiennes ou Afghanes, dont les enfants sont tués par les nôtres, ou bien, choisissent de se faire exploser et de voler en morceaux en emportant notre progéniture avec eux.

Elles ont donc perdu la faculté d’analyser puisque leur cerveau a été conditionné ou même infecté par des virus produits par les politiciens. Ces virus, bien que dissimulés sous plusieurs appellations glorieuses comme Démocratie, Patriotisme, Dieu ou Patrie, sont en réalité identiques. Ainsi, ils découlent d’idéologies fausses et erronées visant à enrichir les riches et à donner le pouvoir aux puissants.

C’est pourquoi, nous sommes toutes victimes d’une violence à la fois mentale, psychologique et culturelle qui nous transforme en un groupe homogène constitué de mères endeuillées ou potentiellement endeuillées.

Les mères occidentales, du fait de tous les enseignements qu’elles reçoivent, sont persuadées que leur matrice est un atout national alors que celle des Musulmanes n’est qu’une menace internationale. On leur a malheureusement enseigné de ne jamais s’écrier : « Je l’ai mis au monde, je l’ai allaité, il est à moi et je n’accepterais jamais qu’il fasse partie de ceux dont la vie est ne vaut pas un sou, puisque moins précieuse que le pétrole, et dont l’avenir ne vaut pas un morceau de terre ».

En fait, nous sommes toutes terrorisées par une éducation qui envenime nos esprits et qui nous pousse à croire que tout ce que nous pouvons faire est de prier pour que nos enfants retournent chez eux, ou bien de se montrer fières devant leurs corps sans vie.

Nous avons toutes été, faut-il le souligner, élevées de manière à supporter en silence toutes ces épreuves, à contenir notre peur et notre frustration, à soigner notre anxiété avec le Prozac, mais à ne jamais acclamer Mère Courage en public. Ne jamais être une véritable maman juive, italienne ou irlandaise.

Je suis une victime de la violence d’Etat. Mes droits naturels et civils en tant que mère ont été violés et continuent de l’être car j’appréhende le jour où mon fils, ses 18 ans fêtés, me sera arraché et sera emmené loin de moi pour servir de pion entre les mains des criminels appelés Sharon, Bush et Blair ainsi que leur clan des généraux assoiffés de sang, de pétrole et de terre. Eu égard au monde dans lequel je vis, à l’état dans lequel je vis, au régime auquel je suis soumise, je n’oserais sûrement pas proposer aux femmes Musulmanes des idées pour changer leurs vies. Je ne voudrais pas qu’elles se dévoilent la tête ou qu’elles adoptent une méthode différente pour élever leurs enfants. Je ne me permettrais pas de les conseiller vivement de bâtir et d’instaurer des Démocraties suivant le modèle occidental qui les méprise, elles et les leurs.

Je voudrais seulement leur demander humblement d’accepter d’être mes sœurs. Je voudrais leur avouer que je reste admirative devant leur persévérance et leur courage pour ne pas abandonner, pour continuer à avoir des enfants et surtout, pour préserver une vie familiale empreinte de dignité en dépit des conditions de vie absurdes imposées par mon monde.

Je voudrais également leur assurer que la même douleur qui nous déchire nous a unies car nous sommes toutes victimes de la même violence, même s’il faut reconnaître que leur souffrance surpasse la nôtre puisque ce sont elles que mon gouvernement et son armée, financés par mes impôts, maltraitent et malmènent.

Par ailleurs, je tiens à signaler que l’Islam en soi, comme le Judaïsme en soi et même le Christianisme, ne constituent aucune menace pour moi. Par contre, la véritable menace émane de l’impérialisme américain, de l’indifférence et de la coopération européenne, du racisme israélien et de son système d’occupation hostile. Et c’est le racisme, la propagande pédagogique et la xénophobie imprimée dans les esprits qui incitent et amènent les soldats israéliens, pour des « prétendus » motifs de sécurité à sommer les femmes Palestiniennes, sous la menace de l’arme, de se déshabiller sous les yeux de leurs enfants. C’est aussi l’extrême mépris et manque de respect et de considération qui conduisent les soldats américains à violer des femmes Irakiennes. Les même raisons autorisent les geôliers israéliens à enfermer des jeunes femmes dans des conditions des plus inhumaines et barbares, en l’absence d’un minimum d’hygiène.

Les femmes prisonnières sont privées d’électricité pendant l’hiver, d’eau ou de matelas propres. Pire encore, elles sont séparées de leurs bébés nourris au sein et de leurs petits enfants. Le supplice se poursuit pour ces femmes pour lesquelles le chemin de l’hôpital est barré, celui de l’éducation bloqué, leurs terres confisquées, leurs arbres déracinés, et travailler leurs terres et champs leur est désormais interdit.

J’essaie de me mettre à la place des femmes Palestiniennes, mais je peine à les comprendre ou à comprendre et à sentir leur douleur. J’ignore aussi combien j’aurais survécu à une telle humiliation et à un tel irrespect de la part du monde entier.

Par contre, ce dont je suis entièrement consciente est que la voix des mères à été très longtemps étouffée dans cette planète dévastée par la guerre. Comment peut-on ouïr et témoigner des pleurs des mères si elles ne sont pas invitées à des forums internationaux comme celui d’aujourd’hui ?

Même si tout ce que je possède n’est pas exhaustif, je demeure convaincue, sans jamais l’oublier, que ces femmes sont mes sœurs et que mon devoir envers elles consiste à pleurer pour elles, à me battre pour elles. Il faudrait se rappeler que ces femmes perdent leurs enfants dans des fraiseraies ou sur des routes crasseuses près des check-points. Sur le chemin de l’école, ils sont ciblés par les tirs de nos enfants qui ont été élevés suivant le concept leur dictant que l’amour et la compassion sont liés à la race et à la religion.

Devant toutes ces femmes et tous ces enfants trahis, je ne peux qu’apporter mon soutien tout en reprenant la question d’Anna Akhmatova (une autre femme ayant vécu sous un régime de violence contre les femmes et les enfants) : Pourquoi est-ce que ce filet de sang déchire le pétale de ta joue ?

4 juillet 2010 – JFJFP – Vous pouvez consulter cet article à :
http://jfjfp.com/?p=7720
Traduction de l’anglais : Niha

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Hommage à Mahmoud Darwich : demain, vendredi 26/11


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A’ref

Vendredi 26.11.2010 20:30
Palais des Beaux-Arts / Salle M
Moneim Adwan oud, chant – Yassin Ayari ney – Safwan Kenani violon – Samir Homsi percussions orientales – Taha Adnan récitant
Au croisement de la tradition populaire et de la sagesse soufie, le compositeur, oudiste et chanteur palestinien Monheim Adwan met en musique les textes de l’immense poète Mahmoud Darwish. Création à la fois humaine et spirituelle, A’ref se décline comme un voyage initiatique et méditatif à travers l’œuvre foisonnante du « céleste pourchassé » disparu en 2008.
Dates

Vendredi 26.11.2010 – 20:30
Lieu

Palais des Beaux-Arts / Salle M
Accès

Rue Ravenstein
Prix

€ 15: catégorie I

combiticket A’ref + Panormos / Bal’harm / Palermo 1140 20 € par tel +32(0)2 507 82 00 begin_of_the_skype_highlighting +32(0)2 507 82 00

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Tout ce que peuvent espérer les 200 criminels de guerre israéliens, c’est une amnistie palestinienne…


Voici de cela quelques jours, le chef d’état-major de l’armée britannique, le général (Sir) David Richards reconnaissait que la victoire en Afghanistan est impossible. « Dans une guerre conventionnelle », a-t-il déclaré, « la défaite et la victoire sont clairement tranchées et cela est symbolisé par l’entrée des troupes dans la capitale du pays vaincu ».

Il a fallu un certain nombre d’années à l’élite militaire britannique pour comprendre que la guerre en Afghanistan ne mène nulle part : leçon très utile, à retirer des conflits du milieu et de la fin du vingtième siècle, c’est que la puissance d’une armée conventionnelle ne peut vaincre aisément une résistance civile.

Il est intéressant, aussi, d’étudier le cas de l’Etat juif, qui a pratiqué une « stratégie » d’occupation depuis soixante-deux ans. Et voici que pour une raison que j’ignore, cela n’a toujours pas fait « tilt » : les Israéliens restent convaincus qu’ils sont en mesure de vaincre des Palestiniens particulièrement résilients au moyen de l’état de siège, des tueries aveugles, de bombardements en tapis et de guerre chimique.

Le résultat est on ne peut plus évident : si, par ailleurs, on tient présent à l’esprit qu’Israël se considère lui-même comme « une démocratie réservée aux seuls juifs », alors tout Israélien juif est complice d’un crime de guerre colossal perpétré contre une population civile.

Mais cela va plus loin : de plus en plus nombreux, des militaires israéliens de tous les grades sont directement impliqués dans d’interminables listes de crimes : des femmes enceintes se voyant refuser toute assistance médicale d’urgence, tandis que d’autres balancent des bombes sur des quartiers densément peuplés. Certains utilisent des enfants comme boucliers humains, tandis qu’une poignée d’entre eux procèdent à des exécutions de militants de la paix. Et d’autres se contentent d’alimenter les canons avec des bombes au phosphore.

Ceux qui commettent ces crimes tombent en réalité sous le coup de lois universelles. Ils peuvent être emprisonnés n’importe où, dans le monde entier ; ils risquent de passer le restant de leurs jours en prison.

Quelques Israéliens courageux doivent être particulièrement préoccupés par la situation morale de leur pays ; en effet, il y a de cela quelques jours, un document identifiant 200 soldats israéliens soupçonnés de crimes de guerre a fuité à l’extérieur d’Israël. Ce document a pu être affiché sur Internet ; la liste comporte les noms, les grades, les postes militaires, les photos et les adresses.

Les personnes ayant fait fuiter l’info et l’ayant postée sur le net ont indiqué que les noms listés étaient ceux « des responsables directs, des agents travaillant pour l’Etat d’Israël, qui, durant les mois de décembre 2008 et janvier 2009, avaient attaqué des dizaines de civils dans Gaza assiégée. Les personnes énumérées… occupaient des postes de commandement à l’époque de l’offensive ; par conséquent, non seulement ils agissaient au nom d’un mécanisme étatique criminel, mais ils encourageaient d’autres qu’elles à faire la même chose. Ils endossent une claire responsabilité personnelle. Leurs grades vont de commandants d’infanterie jusqu’aux échelons les plus élevés de l’armée israélienne. Tous ont pris un rôle actif et direct dans l’offensive (« opération plomb durci », ndt).

Le 17 novembre, je décidai de faire rapidement allusion à cette histoire : j’ai affiché le lien avec le site Israeli War Criminal sur mon blogue. Le 18, j’ai été fallacieusement accusé par la chaîne d’infos en continu israélienne Channel 10, ainsi que par quelques autres blogues israéliens, d’avoir été la personne à l’origine de la publication de ces nom et de ces photos.

Nul n’est besoin de préciser que cela ne m’a pas rendu particulièrement populaire en Israël. Ma boîte mél ressembla très vite à une zone de combat israélienne, et un de mes récents clips youtube [cliquer !] qui avait été tourné par la télé israélienne est très vite devenu une plateforme d’expression pour la vile laideur israélienne.

Tout cela me rappelait la raison pour laquelle j’avais dénoncé ma judéité et pour laquelle j’avais quitté Israël. Cela ravivait mes souvenirs, me rappelant pour quelle raison, il y a quelques années de cela, j’avais décidé de ne plus jamais remettre les pieds dans ce lieu maudit. Les Israéliens étaient désemparés et en colère. Il leur fallait un bouc émissaire. Et, après tout, « faire retomber la faute sur quelqu’un d’autre » est bien plus facile que de reconnaître que quelque chose ne tourne systématiquement et catégoriquement pas rond chez soi./p>

Le 19, la chaîne d’infos israélienne a réussi à me joindre : ils étaient sur la piste du tireur de sonnette d’alarme… Evidemment, je ne pouvais les aider ; d’ailleurs je ne souhaitais pas le faire. A ce que je sache, personne ne sait quelles sont les personnes qui ont été à l’initiative de la publication de cette liste. Bien qu’initialement les Israéliens eurent prétendu que la liste était controuvée et qu’elle comportait de nombreux noms qui n’avaient rien à voir avec les crimes commis à Gaza (en 2008-2009), les médias israéliens reconnurent très vite que cette liste avait été fuitée par une source interne aux Forces Israéliennes de Défense et qu’elle était probablement authentique.

Je me suis efforcé de faire remarquer à l’investigateur de la chaîne israéliennne Channel 10 que la publication de la liste set la meilleure chose qui se soit produite en Israël depuis des années : cette liste constitue un avertissement très clair pour les futurs combattants israéliens. Elle aura pour effet de leur suggérer qu’une conduite non-éthique pourrait avoir des conséquences très lourdes et directes pour eux. Une telle reconnaissance est vitale pour les Israéliens, afin qu’ils puissent commencer à amender leur comportement et à trouver une façon de vivre en paix avec leurs voisins.

L’on est fondé à trouver bizarre que dans la soi-disant « unique démocratie au Moyen-Orient » une liste de 200 criminels de guerre suspects ait pu faire l’objet d’une fuite : voilà que tous les médias se mettent en chasse d’un tireur d’alarmes au lieu de se colleter avec le véritable problème. Cela montre sous son vrai jour une société à la dérive en train de s’éloigner de toute forme de reconnaissance du droit international, pour ne pas parler de prise de conscience en matière éthique.

Toutefois, je sais très bien pour quelle raison les Israéliens sont tellement furieux : les gens, dans le monde entier, ne se rendent pas compte du fait que, pour les Israéliens, l’Etat juif n’est pas autre chose qu’une prison. Autant les Israéliens clament aimer leur pays, il n’est rien qu’ils aiment autant que de laisser ce pays derrière eux, et j’imagine que les Israéliens sont en train de commencer à comprendre la véritable signification de la dé-légitimation de leur Etat : celle-ci est en train d’atteindre un point de non-retour, et elle est devenue une affaire personnelle, parce que les gens dont le nom est couché sur la liste devront y réfléchir à deux fois avant de mettre les pieds dans un avion.

De façon piquante, les gens qui ont publié la liste ont eu recours à une tactique utilisée par les institutions juives et sionistes après la Seconde guerre mondiale : au lieu de pourchasser les dirigeants et les commandants militaires, les chasseurs de nazis avaient recueilli des informations concernant des gens ordinaires : officiers du rang, simples soldats, gardiens ; bref, ces gens ordinaires qui avaient perpétré des crimes contre l’humanité…

Cette tactique s’était avérée efficace dans l’incrimination de générations entières d’Européens qualifiés de vils antisémites. Après la guerre, la culpabilité européenne fut promptement traduite en pouvoir sioniste.

A l’évidence, les personnes qui sont à l’initiative de la publication de cette liste de criminels de guerre israéliens sont en train de faire goûter à Israël sa propre potion ; en listant 200 soldats de tous grades, le message est clair : la société israélienne elle-même est profondément malade. Ce n’est pas seulement les gens qui sont au sommet, c’est, en réalité, les gens les plus ordinaires qui sont en cause. Plus que d’Israël, il s’agit, de fait, de l’« Israélien ». Le malaise semble profondément ancré dans la société et dans sa culture.

Dans les cas de l’Allemagne et d’autres pays européens, c’est à Israël et aux dirigeants juifs qu’avait été donné le choix de savoir s’ils voulaient pardonner, ou s’abstenir de le faire. Ce furent les Israéliens et les juifs qui, en se faisant tirer l’oreille et sous conditions, ont accordé aux pays européens une amnistie cachère.

J’imagine qu’Israël connaît le même sort. Mais pour le moment, ce sont les Palestiniens et eux seuls qui peuvent sauver les Israéliens d’eux-mêmes et de leur brutalité. Seuls les Palestiniens ont quelque titre à pardonner aux criminels israéliens. Plus Israël commet aujourd’hui de crimes, plus y aura d’Israéliens qui dépendront de la gentillesse future des Palestiniens. Une fois que la Commission Vérité et Réconciliation pour les crimes de guerre israéliens aura été fondée en Palestine, ce sera le peuple palestinien qui décidera à qui pardonner ou non.

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