Publié le 26-11-2010
L’Agence-France-Presse (AFP) et le Figaro ont ainsi fait état d’une conférence de presse de lancement du programme « Israël/Palestine » de Voyageurs du Monde, à laquelle ont apporté leur soutien des représentants de l’Office national israélien du tourisme (ONIT), ainsi que de la Délégation de Palestine en France.
Nous n’avons pas eu l’heur d’assister à la petite cérémonie, au cours de laquelle le tour-opérateur a présenté son programme de voyages individuels dits « combinés », comme une « première ».
Mais nous sommes allés chercher la luxueuse brochure de promotion de VdM, généreusement mise à disposition du public par le voyagiste dans la quinzaine d’agences qu’il anime en France et en Belgique. Il s’agit d’une odieuse fumisterie. Habilement, le voyagiste a choisi de vendre son produit, à une clientèle a priori aisée, prête à dépenser de 2.000 à 4.000 € par personne pour une dizaine de jours, en appréhendant Israël et « Palestine » comme une seule et même entité.
Passée la couverture, où trônent un imam et un rabbin aussi hilares que ridicules, on passe sans transition ni rupture, au fil des pages du catalogue, de Tel-Aviv à Ramallah ou de Jérusalem à Hébron en passant par Haifa et Naplouse. L’espace de quelques minutes de lecture, un miracle a donc lieu. Comme au temps de la Palestine historique, cette petite région de 26.000 kilomètres carrés et forte aujourd’hui de plus de 10 millions d’âmes, a été reconstituée dans son unité, par la grâce de VdM. En fait c’est cool et sympa, « il n’y a pas réellement de frontières », nous assure le guide.
N’accusez pas pour autant VdM de mentir ou de rêver. Il est bien écrit quelque part, par exemple, que Tel-Aviv est en « Israël », et Ramallah en « Palestine ».
Le voyagiste ne cache pas non plus qu’il y a sur le terrain des endroits appelés « check-points ». Cela peut créer des embouteillages, explique-t-il, quand il y a une circulation importante, causée par exemple par les « nombreux » Palestiniens transitant quotidiennement entre Jérusalem et Ramallah. Des banlieusards qui ont des problèmes de banlieusards, en somme ! Mais rassurez-vous, futurs touristes, votre chauffeur trouvera bien une combine pour vous épargner ces désagréments, ose le faussaire préposé à la rédaction.
Au chapitre Hébron, ce dernier s’est surpassé. En lieu et place de la réalité de l’occupation coloniale, où, sous la protection de l’armée israélienne, les Juifs y imposent une vie de terreur aux indigènes palestiniens, VdM nous dit que la ville présente une « particularité », « ville palestinienne et colonies mêlées », et propose, parmi les distractions possibles, une « visite du quartier juif, avec un habitant de la colonie voisine de Kiriat Arba ».
La fraude consistant à habiller l’apartheid israélien au prix de quelques discrètes concessions verbales (en cherchant bien, on trouvera par exemple le mot « Nakbah » dans une chronologie à deux balles) trouve quand même rapidement ses limites.
En 100 pages et autant de photos, ce luxueux document en quadrichromie n’a ainsi pas trouvé de place pour y loger un seul soldat israélien, un seul check-point, un seul camp de réfugiés, et un seul mot sur le martyre du peuple de Gaza. Le négationnisme, c’est en effet très tendance chez ces fils de pub.
Nous ne doutons pas qu’après la lecture de cet article, les vacanciers soucieux de tourisme éthique n’auront aucune envie de donner leur argent à VdM , et boycotteront aussi bien son programme « Israël-Palestine » que ses autres destinations.
CAPJPO-EuroPalestine