Le vrai miracle tunisien


Slim Mrad | Jan 15, 2011 | 2 comments

Imprévisible, foudroyant, exaltant, historique… Voilà comment on pourrait qualifier ce que l’on peut désormais appeler la Révolution Tunisienne. Une révolution particulière mené par un peuple particulier, riche par son Histoire et dont on loue l’ouverture d’esprit et son caractère pacifique. L’avenir d’une Nation se construit par sa jeunesse. Et c’est cette jeunesse, qui par son manque de perspectives, symbolisé par le courageux et désespéré acte de Mohamed Bouazizi, a peut-être sauvé la Nation en déclenchant le soulèvement qui s’est étendu très vite à tout les Tunisiens sur l’ensemble du pays.

Maturité d’un peuple

L’extraordinaire soulèvement du peuple Tunisien, transformé en révolution est remarquable par sa maturité et sa démarche pacifique. Certes, des manifestants ont répondu aux balles réelles de la polices et aux « assassins d’élites » postés sur les toits des immeubles, par des jets de pierres. Il est vrai que les symboles du pouvoir en place, comme les locaux du RCD ont été saccagés et brulés. Mais n’est-ce pas là une preuve supplémentaire de ce caractère pacifique, compte tenu des nombreux assassinats arbitraires de civils ? Précisément, ne pouvons nous pas être étonnés que la situation n’ait pas dégénéré alors même que l’on ordonnait de tirer sur les cortèges funéraires des personnes exécutés ? Dans bien d’autres pays, l’insurrection et la violence auraient été une réponse à tant d’acharnement. C’est la persévérance d’un peuple éduqué et responsable, à qui on avait tant de fois promis qu’il aurait le pouvoir de décider de l’avenir de sa Nation, qui a primé.

L’armée, garde-fou républicain

Déployée à partir de la troisième semaine du soulèvement, l’armée tunisienne a fait preuve d’un comportement exemplaire et a forcé le respect de la population. Cette armée, faiblement dotée depuis l’Indépendance par le Président Bourguiba pour la tenir à l’écart du pouvoir et pour renforcer les allocations pour l’Education du peuple Tunisien, a toujours été confinée dans les casernes, loin de Carthage. Son rôle de protecteur suprême de la République est apparu au grand jour quand le chef d’état major de l’armée Rachid Ammar, a refusé de tirer sur les manifestants. Ces même manifestants qui se protégeaient derrière les camions de l’armée, des tirs des protecteurs de l’Etat que sont les policiers. Ajoutons deux éléments pour expliquer la proximité de l’armée tunisienne envers la population et leur adhésion à la révolution : le premier est la composition de l’armée, qui est une armée d’appelée et pas seulement une armée de métier ; le second est la rancœur de certains hauts officiers de l’armée, après l’exécution de hauts gradés par Ben Ali il y a quelques années par l’explosion d’un avion…

Une révolution exemplaire a eu lieu pour chasser du pouvoir le premier flic morose de la Tunisie et mettre fin au système de corruption généralisée de ses proches. Malgré la confusion qui règne en Tunisie quelques heures après la fuite du dictateur, avec le signalement de pillages qui seraient le fait de voyous et d’anciens policiers, le peuple Tunisien doit rester responsable.

Responsable et vigilent pour la construction d’une chose inédite en Tunisie, à savoir la démocratie. Nous avons su prendre rendez-vous avec l’Histoire, prenons maintenant rendez-vous avec l’avenir en nous impliquant pour favoriser les forces politiques démocratiques, progressistes et laïques, pour que la victoire de cette révolution reste entre les mains du peuple Tunisien et pour que miracle Tunisien ne soit pas un mirage.

Camping 16.be



Pas de gouvernement? Remboursement!
Que faites-vous si vous avez payé pour quelque chose qui ne fonctionne pas, dont vous n’êtes pas content? Vous exigez d’être remboursé. Purement logique. Purement légitime. Pourquoi dès lors, payons-nous tous pour un produit qui ne fonctionne pas comme prévu?

Femme flamande ou homme wallon, jeune travailleur ou manager expérimenté: nous voulons tous un gouvernement qui fonctionne. Car la politique est une tâche noble, ou devrait l’être. Car un pays a toujours besoin des décisions justes ainsi que de leur bonne exécution. In fine, c’est l’électeur qui donne son consentement à tout cela.

Hé bien, nous avons une proposition.

Si les politiques ne parviennent pas à former un gouvernement dans les cent jours, alors nous exigerons d’être remboursés. Purement logique. Purement légitime. Pour être bien certains qu’ils ne l’oublient pas, nous le leur rappellerons tout au long de ces 100 jours. Nous ferons le décompte ensemble, sur le trottoir virtuel de la Rue de la Loi, 16.

Votre patience est également à bout? Envoyez un signal clair aux politiques et soutenez ‘Camping 16’. Comptez avec nous les 100 jours à la Rue de la Loi, 16, et incitez les politiques à faire leur job. Montez votre tente virtuelle, occupez la Rue de la Loi 16, et faites savoir aux politiques que vous en voulez pour votre argent.

Grand temps pour une petite révolution, sans violence.

Victoire du mouvement BDS : John Lewis cesse de vendre les produits Ahava en Grande-Bretagne


Campagne Solidarité Palestine

La décision de John Lewis représente une nouvelle victoire du mouvement BDS (Boycotts, Désinvestissements et Sanctions) en pleine expansion. Les consommateurs refusent d’acheter les produits de sociétés qui tirent profit de l’occupation illégale israélienne.

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Les produits Ahava, manufacturés sur la terre palestinienne, deviennent trop brûlants pour être gardés. L’une des plus importantes enseignes britanniques de distribution, John Lewis, (28 grands magasins, 174 supermarchés, des filiales de vente en ligne) refuse aujourd’hui de vendre cette marque toxique. Le distributeur canadien The Bay (HBC – 92 magasins) confirme lui aussi qu’il a cessé de commercialiser les produits Ahava (1).

La décision de John Lewis représente une nouvelle victoire du mouvement BDS (Boycotts, Désinvestissements et Sanctions) en pleine expansion. Les consommateurs refusent d’acheter les produits de sociétés qui tirent profit de l’occupation illégale israélienne.

Le directeur général de John Lewis, Andy Street, écrit dans une lettre datée du 7 janvier à la Campagne Solidarité Palestine (CSP) : « En tant que distributeur socialement responsable, John Lewis prend très au sérieux le traitement des salariés et leurs conditions de travail. Nous attendons de tous nos fournisseurs qu’ils respectent non seulement la législation, mais aussi les droits, les intérêts et le bien-être de leurs employés, de leurs communautés et leur environnement. » Et de terminer en disant : « S’agissant de votre demande spécifique concernant les produits Ahava de la Mer Morte, je peux vous confirmer que John Lewis a cessé de vendre ces produits précis ».

Sarah Colborne, directrice des campagnes et opérations CSP, déclare :

« CSP se félicite de la décision de John Lewis d’arrêter la vente des produits Ahava. La poursuite des agressions d’Israël contre la population palestinienne – qu’elle vive sous le blocus brutal de la bande de Gaza, sous l’occupation illégale de la Cisjordanie dont Jérusalem-Est, ou qu’elle subisse les agressions permanentes à l’intérieur d’Israël – a conduit à un bouleversement sismique dans l’opinion publique à l’égard du mouvement pour la paix et la justice afin que les Palestiniens obtiennent un soutien massif internationalement.

« Les laboratoires Ahava de la Mer Morte, entreprise israélienne de cosmétiques, ont monté leur usine de production, avec un centre d’informations pour les visiteurs, dans la colonie israélienne illégale de Mitzpe Shalem, en Cisjordanie. La société est possédée à 44 % par la colonie Mitzpe Shalem et une autre colonie, Kalia, de sorte que les profits dégagés par Ahava subventionnent des colonies illégales.

« L’usine de production Ahava se trouve dans une colonie israélienne illégale, sur une terre palestinienne qui a été volée. Ses produits de beauté ne peuvent dissimuler le rôle qu’Ahava joue dans la sale occupation d’Israël. Ahava et les autres sociétés qui profitent de l’occupation israélienne illégale reçoivent un message clair des consommateurs qui refusent d’acheter leurs produits. Alors que les gouvernements, dont le nôtre, sont incapables de mettre fin aux violations par Israël du droit international et des droits humains, nous pouvons, nous tous, agir en refusant d’acheter les produits israéliens et rejoindre le mouvement de BDS. La Campagne Solidarité Palestine continuera de s’assurer que les sociétés qui profitent de l’occupation israélienne paient le prix de leur complicité des crimes d’Israël ».

En 2005, la société civile palestinienne a lancé un appel international aux boycotts, désinvestissements et sanctions contre Israël (2). CSP a lancé sa campagne nationale de boycotts en 2002, et elle soutient les manifestations qui ont lieu toutes les deux semaines devant le magasin Ahava à Covent Garden, Londres.

(1) – The Bay a confirmé avoir cessé la vente des produits Ahava ; son directeur général, Bonnie Brooks, déclare le 13 janvier dernier, « La Compagnie de la Baie d’Hudson (HBC) a abandonné les ventes des produits de beauté Ahava d’abord parce les résultats des ventes déclinaient depuis plusieurs années. » Et de reconnaître que « Bien que cette décision ait été prise par HBC uniquement pour des raisons commerciales, elle coïncide dans le temps avec une campagne agressive de différents groupes recommandant un boycott des produits Ahava ».

(2) Appel sur le site BDS France
http://www.bdsfrance.org/index.php?option=com_content&view=article&id=86%3Aappel-palestinien-bds&catid=1%3Apresentation&Itemid=1
Notamment sur cette entreprise coloniale :

- Ahava traduite en justice suite à la campagne de boycott menée contre elle – Adri Nieuwhof – The Electronic Intifada

- Les laboratoires de la Mer Morte : l’affaire Ahava – Nancy Kricorian

Ils la voulaient en Iran, elle a éclaté en Tunisie


Fadwa Nassar

Photo: El Watan

Samedi 15 janvier 2011

Ils, ce sont les Etats occidentaux qui n’ont cessé, depuis l’élection du président Ahmadinejad, en Iran, de fomenter des troubles, d’envoyer des espions, d’inventer des faits et de commettre des attentats terroristes, pour entraîner la chute du régime islamique et populaire en Iran. Ils ont parlé de démocratie, de peuple, de liberté d’expression. Ils ont manifesté ou laissé manifester dans leurs capitales, prétendant soutenir le peuple iranien, qui serait en révolte contre le pouvoir. Ils ont mobilisé leurs médias, leurs intellectuels, leurs écrivains, les voix de leurs maîtres, pour faire croire que le peuple iranien, mécontent, serait en révolte et prêt à s’emparer du pouvoir. Et ensuite, ils ont transformé leurs ambassades en centres d’espionnage ou en état-majors pour guider les « révoltés ».
Mais la révolte populaire a éclaté en Tunisie, à partir d’un geste désespéré d’un jeune homme qui s’est immolé à Sidi Bouzid le 18 décembre 2010 pour protester contre l’état d’humiliation dans lequel le pouvoir tunisien maintient le peuple.
Et ce fut la révolte, dans un des pays arabo-musulmans du Maghreb, protégé et soutenu par les Etats occidentaux. Tellement soutenu et protégé qu’il est devenu un des pays les plus corrompus et les plus liberticides dans le monde. La Tunisie, le rêve méditerranéen des intellectuels et hommes politiques occidentaux, était un enfer pour le peuple tunisien. Un enfer où croupissent dans ses prisons jeunes et moins jeunes, femmes et hommes, étudiants, ouvriers, intellectuels, de toutes tendances politiques, islamistes ou communistes, ou simplement démocrates.
La Tunisie n’était plus le pays de ses fils, mais celui des touristes occidentaux (un million de touristes français annuellement). Un régime qui a interdit jusqu’à la communication et la recherche sur internet mais qui a ouvert ses portes à la voix sioniste, en faisant des conférences sur « l’holocauste juif » avec l’aide de l’UNESCO. C’est ce régime pro-occidental qui est en train de crouler, aux portes sud de la Méditerranée.
Ils la voulaient en Iran, mais elle a éclaté en Tunisie, cette révolte populaire qui remet en cause leurs intérêts. A présent, ils courent après : les Etats-Unis veulent à présent la démocratie et la liberté du peuple tunisien alors qu’il n’y a pas très longtemps, le président Ben Ali était l’homme de confiance et le chef d’Etat courageux qui savait gouverner, la Grande-Bretagne attend, alors que pour l’Iran, elle fut la plus directement impliquée et la plus enthousiaste à participer à ce qu’elle avait jugé comme étant un renversement du régime iranien.
En France, ils suivent, craignant pour leurs intérêts dans « le miracle économique tunisien » disant que la Tunisie fait partie de sa zone géostratégique. La ministre française des AE avait suggéré, il y a quelques jours, l’envoi d’une aide sécuritaire au régime.
Mais à présent, ils dénoncent après coup le président et sa gestion qu’ils jugent à présent anti-démocratique, parce qu’il est tombé. Mais ils préparent la suite, pour ne pas tout perdre.
Le premier ministre tunisien prend le pouvoir. Geste anticonstitutionnel, selon certains juristes tunisiens et même internationaux. Mais cela n’a pas d’importance, pour les Etats occidentaux : ils préfèrent la violation de la constitution plutôt que la poursuite de la révolte populaire qui peut balayer tous ceux qui ont profité de l’ancien régime. Cela est à peine étonnant, quand on voit comment ils ont négativement jugé le geste absolument constitutionnel de la démission des ministres libanais de l’opposition, il y a quelques jours. Contre la constitution ici, pour la violation de la constitution là-bas. On n’est pas à une contradiction près. En fait, ce qui est importe les Etats occidentaux, avant tout, ce sont leurs intérêts et seulement leurs intérêts. Si la violation de la constitution permet de les assurer, ils n’y sont pas opposés !
En conclusion, il faut dire que les révoltes populaires véritables ne se font ni sur internet, ni par twitter. C’est le sang des martyrs qui tombent pour une cause juste, la liberté et la dignité d’un peuple, qui est le levier du changement radical. De plus, Les révoltes populaires ne peuvent être dirigées par des état-majors installés dans les ambassades étrangères, mais elles se déclenchent au cœur même des masses opprimées et humiliées. Tous les mensonges vénéneux des médias occidentaux ne peuvent modifier la situation en profondeur dans un pays, ils peuvent à peine entraîner quelques gesticulations, même médiatisées dans tous les pays du monde. Seuls les peuples, avec leur conscience véritable et authentique, sont capables de bouleverser la situation et d’opérer les changements. C’est pourquoi la prétendue révolte populaire en Iran n’a pas eu lieu et que la révolte populaire en Tunisie a réussi à chasser le dictateur, le protégé des Etats occidentaux.

Article publié sur Résistance islamique au Liban

La Tunisie: une Révolution


Tariq Ramadan

Vendredi 14 janvier 2011

Il faut saluer avec force, honneur et dignité l’action du peuple tunisien. Une résistance et une révolution pacifiques et civiles qui, à force de détermination et de sacrifices, a réussi à ébranler la dictature. Le Président Ben Ali a quitté le pays (alors qu’il devrait être jugé impérativement, lui et ses acolytes) et le premier ministre a momentanément pris les rennes du pays. C’est une première étape et, à la croisée des chemins, les enjeux restent sensibles et particulièrement dangereux. Tout est encore possible : une tentative de gagner du temps, de manipuler les revendications populaires (avec un faux nouvel ancien gouvernement) ou encore une orientation influencée par des forces intérieures ou étrangères. La vigilance s’impose, la lucidité et surtout le refus de la naïveté et de certains expédients très – trop – rapides. La révolution civile et informelle a révélé une force extraordinaire mais cette force du contre-pouvoir peut aussi s’avérer une faiblesse face aux courants politiques qui pourraient utiliser le texte de la Constitution, les relations politiques internationales ou simplement utiliser le temps de l’apaisement pour redistribuer les cartes (il faudra également suivre attentivement l’évolution de l’attitude de l’armée). On pourrait leur offrir d’apparentes libertés, sans le dictateur, mais un nouveau quadrillage de la vie politique tunisienne. Il faut saluer cette première victoire tout en sachant que rien n’est gagné encore.

Le peuple de Tunisie est descendu dans la rue et, dans la non violence, a dit « Non ! » parce qu’il était l’heure que la dictature cessât. Il faut le saluer, le respecter et s’engager encore et encore à ses côtés. Sans fléchir. Il faudra faire attention à toutes ces « nouvelles » voix de « soutien » qui hier était silencieuses avec Ben Ali et qui vont se présenter aujourd’hui comme des « démocrates » sans passé. Il faudra, de la même façon, faire le compte des complicités individuelles et internationales qui aimeraient, à l’heure de la résistance pacifique victorieuse, faire oublier leurs trahisons, leurs mensonges et leurs hypocrisies. D’aucuns ont sacrifié leur vie, d’autres ont été torturés ou ont vécu l’exil et la désolation : c’est avec eux qu’il faut être et s’engager. Leurs sacrifices, leurs souffrances et leurs larmes ne furent pas en vain. Une belle leçon, un moment historique : le peuple a eu raison de son dictateur. Il faut encore qu’il ait raison de son système et de ses valets et complices.

A l’heure de cette incroyable révolution, pacifique, digne et populaire, des images d’un rêve possible traversent notre esprit et nos espérances : que les peuples arabes, soumis aux dictatures, se lèvent enfin et, avec la même détermination populaire et non violente, résistent aux autocrates et libèrent leur pays. Enfin ! Quel bel exemple : un soulèvement du peuple et du cœur. Si seulement les peuples avaient la force de cet exemple, de cette écoute et de cette résistance non-violente et révolutionnaire. Le sens historique de la libération.

© Tariq Ramadan 2008
Publié le 14 janvier 2011

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