Des milliers de Jordaniens manifestent contre la vie chère et pour des réformes politiques


vendredi 28 janvier 2011, par La Rédaction

La vague de protestations se poursuit au Proche-Orient. Plus de 3 000 personnes, selon la police, sont descendues dans la rue après la prière, vendredi 28 janvier à Amman, la capitale de la Jordanie, pour protester contre la vie chère et la politique économique du gouvernement, avec l’Egypte et la Tunisie en toile de fond.
’O Egypte, déploie tes hommes et débarrasse-nous d’Hosni Moubarak’, ’Hosni Moubarak, l’avion t’attend’, ’Salutations au peuple égyptien, toute la nation s’inspire de vous’, ’Ben Ali, attention, Hosni Moubarak va te rejoindre’, ’Salutations chaleureuses à la puissante Tunisie’, scandaient les manifestants en brandissant des drapeaux jordaniens et ceux de leurs partis.
Ils répondaient à l’appel de la confrérie des Frères musulmans et de sa branche politique, le Front de l’action islamique, à manifester ’contre la vie chère et pour des réformes politiques’. Sur les banderoles, on pouvait ainsi lire : ’A bas le gouvernement Rifaï’ (en référence au premier ministre jordanien, Samir Rifaï), ’Nous voulons un gouvernement de salut national’, ’Pas d’alternative aux réformes politiques’, ’Ensemble pour des réformes politiques et économiques’.
Des partis politiques de gauche et des syndicats professionnels participaient au défilé, lequel était encadré par un important dispositif policier. A la mi-journée, aucun incident n’avait été enregistré. Des manifestations avaient lieu également à Irbid, ville située au nord de la capitale jordanienne, Al-Karak, Maan et Diban, dans le sud du pays, avec une première estimation totale de ’près 2 000 personnes’, selon le porte-parole de la police, Mohamad Khatib.
Ces manifestations contre la vie chère sont les troisièmes dans le royaume depuis la chute de l’ex-président tunisien Ben Ali. Le gouvernement a annoncé le déblocage de près 500 millions de dollars (365 millions d’euros) pour augmenter les salaires des fonctionnaires et des retraités civils et militaires, favoriser la création d’emplois et faire baisser les prix.

(Vendredi, 28 janvier 2011 – Avec les agences de presse)

Comment l’Egypte a coupé Internet


LEMONDE.FR | 28.01.11 | 13h55  •  Mis à jour le 28.01.11 | 15h33

Il y a encore quelques jours, c’était presque inenvisageable : la coupure totale ou quasi totale de l’accès à Internet n’avait jamais été pratiquée par aucun gouvernement, à l’exception de la Birmanie, dont le réseau est peu développé et où les deux fournisseurs d’accès à Internet (FAI) sont contrôlés par l’Etat.

Mais, en quelques heures, les autorités égyptiennes sont parvenues à couper l’accès à l’ensemble du réseau en ordonnant aux FAI d’interrompre à la fois l’accès aux protocoles DNS (Domain name server, qui aiguille les ordinateurs vers les adresses des sites) et BGP (Border gate protocol, qui indique quelles adresses IP sont utilisées par les fournisseurs d’accès).

Si de nombreux pays autoritaires ont mis en place un filtrage du Web qui s’appuie sur le protocole DNS, l’utilisation du BGP pour le filtrage est moins classique. « Par le passé, le BGP a déjà été utilisé pour le filtrage mais toujours de manière ‘chirurgicale' », détaille Rik Ferguson, expert en sécurité pour l’éditeur de logiciels Trend Micro.

DOUBLE BLOCAGE

En pratique, les autorités ont ordonné aux principaux fournisseurs d’accès du pays de bloquer totalement ces deux protocoles, empêchant à la fois les ordinateurs égyptiens de « s’orienter » dans Internet et les sites hébergés dans le domaine « .eg » de signaler leur existence aux internautes à l’étranger. Seul le FAI Noor est encore connecté au réseau, « soit parce qu’il n’a pas reçu l’ordre de couper ses accès, soit parce qu’il a refusé d’obéir », juge Rik Ferguson.

Noor compte proportionnellement peu de clients ; l’entreprise n’était pas joignable, vendredi 28 janvier au matin, pour expliquer pourquoi son service est encore opérationnel. Un élément d’explication pourtant : Noor est le fournisseur d’accès de la Bourse égyptienne, dont le site est l’un des rares à être encore accessibles. D’après les observations des FAI à l’étranger, l’accès du système qui gère la Bourse à la dorsale Internet a été maintenu.

Malgré ce qui semble être une précaution des autorités pour empêcher les manifestants de communiquer tout en préservant son système financier, les conséquences de ce blocage seront multiples et importantes, prévient Rik Ferguson. « Le système de paiement par carte bancaire, par exemple, dépend d’Internet pour valider les transactions : il est aujourd’hui impossible de payer dans un magasin égyptien en utilisant une carte de crédit. »

Un détail, pour les autorités égyptiennes : les réseaux de téléphonie ont également été coupés. D’après les informations du Monde.fr, les antennes relais situées dans les grandes villes et à proximité ont été coupées, paralysant le trafic de tous les opérateurs mobiles. Le système de transmission des SMS a également été coupé à la demande des autorités égyptiennes.

Damien Leloup

Appel à témoignages 

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Des milliers d’Egyptiens sont descendus dans la rue, mardi 25 janvier, pour défier le président, Hosni Moubarak. Deux manifestants et un policier ont été tués dans des affrontements, au Caire et à Suez. Etes-vous témoins de rassemblements dans votre ville ? La population semble-t-elle massivement prête à renverser le régime ? Comment réagit la police devant ces protestations ?

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