Les immigrés quittent la Libye avec bagages et témoignages


mercredi 23 février 2011, par La Rédaction

Les travailleurs immigrés ont fui la Libye mercredi, quittant le pays de Mouammar Kadhafi avec leurs valises et des récits saisissants de la répression à l’oeuvre.
Les postes frontaliers égyptiens, à l’Est, et tunisiens, à l’Ouest, n’ont cessé de voir passer des minibus remplis d’expatriés.
Un million et demi d’étrangers travaillent ou voyagent dans l’Eldorado pétrolier libyen, et un tiers des sept millions d’habitants sont originaires d’Afrique subsaharienne.
L’exode s’est accentué depuis le discours de Mouammar Kadhafi, qui a promis mardi de mater la révolte qui a déjà fait, selon le chef de la diplomatie italienne, jusqu’à 1.000 morts.
« Je m’enfuis. Kadhafi tue le peuple, pourquoi resterais-je ? », dit Mahmoud Hadiya, un Egyptien de 28 ans qui travaillait dans le BTP depuis 18 mois.
« Nous allons mourir si nous restons », dit-il.
« J’ai fait mes bagages dès la fin du discours. Je préfère mourir dans mon pays que mourir ici. J’essaierai de trouver un travail en Egypte », ajoute cet ouvrier, dont les compatriotes ont renversé au début du mois le régime d’Hosni Moubarak, au pouvoir depuis 1981.
L’Egypte, où 40% de la population vit avec moins de 2 dollars par jour, vit en grande partie de l’argent envoyé par ses ressortissants travaillant à l’étranger, notamment dans les pays producteurs de pétrole comme la Libye.
« Après les premières manifestations, les cadres dirigeants des compagnies pétrolières et les ingénieurs sont partis », raconte Ali, un Egyptien travaillant dans le secteur pétrolier.
« Des bandits sont venus voler les voitures de l’entreprise et nous ont frappés. J’ai travaillé trois mois et je n’ai pas été payé car l’entreprise a fermé », déplore-t-il.
« La nuit dernière, il y a eu des coups de feu dans Benghazi après le discours de Kadhafi. Je suis parti à trois heures du matin, sans rien prendre, ni biens, ni argent. »
Le colonel libyen a perdu le contrôle de la Cyrénaïque, dont Benghazi est la capitale et où gisent la plupart des ressources pétrolières du pays. Benghazi, deuxième ville du pays, a basculé après une semaine de combats entre opposants et partisans du régime.
« Je n’avais jamais vu ça. J’ai vu tellement de violence, tellement de sang depuis jeudi. J’ai vu des centaines de morts. Si vous allez à l’hôpital, vous n’en croirez pas vos yeux », dit Ali Ahmed Ali, ouvrier du bâtiment qui travaillait Benghazi.
De l’autre côté du pays, au poste-frontière de Ras Jdir, on relate aussi des combats entre l’armée et la police d’une part, des civils armés de fusils AK-47 d’autre part.
Ces combats ont surtout lieu la nuit, précise un Algérien prénommé Rachid.
Un artiste tunisien, Hamdi Chalbi, raconte : « Les milices disent aux gens ’Si vous sortez la nuit, on vous tue’. Les gens ont peur. »
Les migrants sont chargés de valises et de couvertures pour lutter contre le froid. Certains vont à pied, d’autres en voiture. Côté tunisien, des hôpitaux de campagne et des vivres les attendent et la police tente de contrôler la foule.
Selon Nizar Youssef, un Tunisien, la police libyenne cible en priorité les Egyptiens et Tunisiens, dont les révolutions ont inspiré la jeunesse libyenne.
« Ils m’ont détenu durant sept heures et m’ont frappé avec des câbles », dit-il.
Parmi les migrants rencontrés aux frontières figurent aussi des Libyens. « L’Occident doit bombarder les gisements de gaz et de pétrole de Kadhafi. S’ils ne le font pas, nous le ferons », menace l’un d’entre eux.

(Mercredi, 23 février 2011 – Avec les agences de presse)

Cours de debke : on cherche des hommes


z qui désespère!
PS: si je suis encore le seul mec la semaine prochaine, je m’habille en rose et on fait ca entre filles, merde!!

——————–
Hello again,

We made a great start with our dabke-group !
15 enthousiastic dancers and a very professional teacher … but mostly ladies.
We wanted to make a last call for all men willing to share the Palestinian (dance)struggle !
Maybe you are interested to join us… which means you are free on Sundays at 7 PM (19h)
Come and give it a try next Sunday February 27 !!
See you !!
Ilse

à distribuer … Français en bas – Nederlands helemaal beneden

NEW PALESTINIAN DABKE-CLASSES

We start a Palestinian DABKE – dancegroup in Brussels
with a professional teacher from Ramallah (Ahmad)
for everybody who likes Palestine and wants to feel the strength of their folkdance !

When?     every Sunday, start on Sunday February 6 , from 19.00 till 21.30

Where?    Boulevard Lemonnier 171, 1000 Brussels
(between metro Lemonnier and Anneessens)

Price? We ask a registration fee of 20 € for 3 months
(for unemployed, students, refugees 10 € only)
The first session you can join for free.

Info?        0476 71 01 41

Nous démarrons un groupe de danse DABKE palestinien !
avec un professeur professionel de Ramallah (Ahmad)
pour tous ceux qui aiment la Palestine et qui veulent sentir la force de sa dance folklorique.

Quand?     chaque dimanche de 19h30 à 21h30, à partir de ce dimanche 6 février

Où?           Boulevard Lemonnier 171, 1000 Bruxelles
(entre métro Lemonnier et Anneessens)

Prix? Nous demandons 20 € d’inscription pour 3 mois (pour les chômeurs, réfugiés, étudiants 10 ) La première session est gratuite.

Info?         0476 71 01 41

We willen een echte Palestijnse Dabke-dansgroep beginnen in Brussel
met een professionele leraar uit Ramallah (Ahmad)
voor iedereen die houdt van Palestina en die de kracht van hun volksdans wil voelen.

Wanneer?      Elke zondag van 19u00 tot 21u30, start zondag 6 februari

Waar ? Lemonnierlaan 171, 1000 Brussel
(tussen metro Anneessens en Lemonnier)

Prijs? Eerste proefles is gratis.
We vragen 20 € inschrijvingsgeld voor 3 maanden
(voor werklozen, studenten en vluchtelingen slechts 10 €)

Info? 0476 71 01 41

*** APPEL A PROTESTER ***


L’European Policy Centre a invité Danny Ayalon, un des dirigeants du parti extrémiste israélien Yisrael Beituna pour une rencontre matinale :

le mardi 1er mars 2011 à 8 heures.
à l’Hôtel Silken Berlaymont à Bruxelles.

Ysrael Beituna a été fondé par l’immigrant d’origine russe Avigdor Lieberman. Ce parti prône le nettoyage ethnique du million et demi de citoyens Palestiniens aujourd’hui inclus dans l’état d’Israël.

L’Asbl INFORM ( International forum on the middle East) invite donc toutes les organisations partageant ce point de vue à demander à l’European Policy
Centre de retirer son invitation et à l’hôtel Silken Berlaymont de ne pas accueillir Danny Ayalon parce que recevoir tout membre de Yisrael Beituna renforce l’extrémisme et l’idéologie israélienne du nettoyage ethnique et d’un « état purement juif »
Afin d’exprimer votre indignation et demander l’annulation de la réunion voici les coordonnées des organisateurs :

1) Josef Janning, Director of Studies at the European Policy Centre:
Fax +32 (0)2 231 0704
Email: j.janning@epc.eu
Tel. +32 (0)2 231 0340
Rue de la Loi 155, B-1040 Brussels

2) Silken Berlaymont Hotel pour demander que l’hôtel n’accueille pas cet extrémiste
Fax +32 (0)2-230 33 71
Email: hotel.berlaymont@hoteles-silken.com
Blvd Charlemagne 11 – 19, B-1000 Brussels

Nous lançons cet appel parce que:
• Danny Ayalon est un dirigeant du parti extrémiste Yisrael Beituna.
• Yisrael Beituna et ses membres s’opposent catégoriquement au processus de paix, soutiennent la colonisation, et sont partisans du nettoyage ethnique.
• Recevoir Danny Ayalon c’est promouvoir le racisme et l’idéologie haineuse que véhicule Yisrael Beituna.
• Inviter une telle personnalité ne sert pas la cause de la paix.

Barakallahou fikoum.

El Mahyaoui Mohamed

Pourquoi l’Occident ne vole pas au secours des Libyens


Par Marie Kostrz | Rue89 | 23/02/2011 | 12H34

Pétrole, lutte contre l’immigration et l’islamisme… Kadhafi exploite les limites de la diplomatie des droits de l’homme. Explicateur.
Berlusconi, Sarkozy, Medvedev, Obama, Ban Ki-Moon et Kadhafi, le 10 juillet 2009 au G8 de L'Aquila (Tony Gentile/Reuters).

Depuis lundi, une avalanche de condamnations officielles s’abat sur le régime libyen. Pourtant, les puissances occidentales n’ont aucune emprise sur le cours des événements. Et ne cherchent pas forcément à en avoir.

Selon Hasni Abidi, directeur du Centre d’études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen (Cernam) à Genève et spécialiste de la Libye, certains actes commis par le régime ces derniers jours peuvent pourtant être qualifiés de crimes de guerre.

Au moins cinq éléments expliquent les atermoiements des pays occidentaux.
1La rente pétrolière a muselé les pays importateurs
La Libye, quatrième producteur en Afrique, dispose des plus importantes réserves de pétrole du continent. Elle exporte 85% de son or noir vers l’Europe occidentale. Premier client, l’Italie, dont 22% de ses importations proviennent du pays nord-africain.

Selon Bertrand Badie, spécialiste des relations internationales et professeur à Sciences-Po, cette forte dépendance explique l’inertie des puissances occidentales :

« Le marché pétrolier est extrêmement tendu actuellement. La situation est suffisamment critique pour que les Etats exercent eux-mêmes une autocensure sans que Kadhafi ne les menace de fermer le robinet de brut. »

Depuis la fin de l’embargo sur la Libye déclaré en 1999, Kadhafi a attisé la compétition entre les puissances occidentales gourmandes en pétrole. Le Guide a abandonné ses habits de terroriste et ouvert ses exploitations pétrolières aux pays étrangers. Le régime est alors devenu fréquentable aux yeux des Occidentaux. L’Italie, la France, l’Allemagne et surtout la Grande-Bretagne ont sauté sur l’occasion.

Le régime jouit ainsi d’une manne financière colossale. Il encaisse chaque année 35 milliards de dollars. Une opulence dont s’est servi Kadhafi pour asservir la communauté internationale, selon Hasni Abidi :

« Il a mis en place une politique d’arrosage visant à faire taire toute contestation au niveau national, mais aussi international : il a financé des groupes d’amitié franco-libyens par exemple.

L’Italie et l’Allemagne forment la police libyenne, car le régime paye cash. Les pays étrangers se retrouvent prisonniers de cette relation avec le pouvoir. »

Selon Bertrand Badie, la situation libyenne actuelle montre que la mondialisation a permis à n’importe quel pays de se doter de moyens de pression :

« Dans un contexte d’interdépendance croissante, les puissances sont condamnées à la prudence : chaque Etat a une influence grâce à sa capacité de déstabilisation. »

2La Libye, un verrou contre l’immigration…
Depuis plusieurs années, la Libye a été érigée en rempart contre les flux migratoires. Elle empêche les centaines de milliers de migrants d’Afrique sub-saharienne de rejoindre les côtes européennes de la Méditerranée. Bertrand Badie précise :

« La possibilité que le verrou libyen saute est une grande angoisse, quasiment obsessionnelle, de l’Occident. »

Cela inquiète particulièrement l’Italie : le pays craint un nouvel afflux massif d’immigrés, après l’arrivée à Lampedusa de plusieurs milliers de Tunisiens suite à la chute de Ben Ali.
3
… et contre l’islamisme
Autre peur : l’islamisme. Les puissances étrangères se sont aussi accommodées d’une dictature ferme envers ses partisans, très présents dans le Sahel et à l’Ouest de la Libye. Elles ménagent ainsi un régime qui a maté la contestation islamiste.

4

Instabilité tribale et absence d’opposition
Dans son discours-fleuve prononcé mardi, Kadhafi a brandi la menace tribale :

« Aucune tribu ne peut en dominer une autre et nous plongerons dans la guerre civile. »

L’organisation particulière de la Libye, structurée autour de grandes tribus alliées à Kadhafi, est également prise en compte par les puissances étrangères. Certaines viennent de prendre leurs distances avec le régime. La Warfalla, allié historique de Kadhafi et pilier du régime, a ainsi condamné lundi la répression.

Contrairement aux autres pays arabes, comme la Tunisie ou l’Algérie, le pays n’a pas de mouvements d’opposition, de diaspora active constituant un contre-pouvoir indirect. Hasni Abidi regrette :

« La Libye est le seul pays qui n’a de compte à rendre à personne. »

Dans ce contexte, les pays étrangers observent prudemment l’évolution des alliances tribales. Une source diplomatique française détaille :

« Les Occidentaux maîtrisent très peu la structure et les rapports inter-tribus. Ils attendent d’en savoir un peu plus avant d’agir, car ils ne connaissent pas vraiment les forces en présence.

Sur qui exactement s’appuyer en Libye ? Est-ce une révolution contre Kadhafi ou le fait d’une tribu qui cherche à s’imposer sur les autres ? Si oui, laquelle et quel est son projet politique ? »

5Les expatriés pris au piège
Kadhafi a choisi de combattre les protestataires « jusqu’à la dernière goutte de sang ». Des paroles qui obligent les pays étrangers à la plus grande prudence.

Selon notre source diplomatique, la France ne tentera rien tant que ses 750 ressortissants présents sur le sol libyen n’auront pas été évacués. L’imprévisibilité de Kadhafi, son passé terroriste et les menaces brandies lors de son discours inquiètent :

« En cas d’agression, on ne sait pas de quoi Khadafi est capable, ni quelles sont exactement ses capacités militaires ou ses alliances dans la région. Dans la mesure où il est prêt à sacrifier son propre peuple, on ne sait pas jusqu’où il peut aller et ce n’est pas pour rassurer les Occidentaux. »

Les pays limitrophes, cantonnés dans un rôle inférieur par Kadhafi, s’inquiètent aussi du sort de leurs ressortissants en cas d’intervention étrangère. D’après les sources officielles de chaque pays, il y aurait entre 50 000 et 80 000 Tunisiens et environ 1,5 million d’Egyptiens en Libye.

Et les Tunisiens ont été formellement accusés par le régime de fournir de la drogue aux contestataires. La Tunisie essaye donc de faire comprendre à la France qu’elle ne souhaite pas d’intervention qui risquerait de mettre en danger ses citoyens.

Avec l’exemple libyen, un constat s’impose. La diplomatie des droits de l’homme, qui a eu le vent en poupe après la chute du mur de Berlin, est aujourd’hui délaissée. Les interventions humanitaires et le rétablissement des droits de l’homme en cas d’agression sont aujourd’hui des actions qui ne mobilisent plus la communauté internationale. Bertrand Badie conclut :

« Ce type de diplomatie n’est utilisé que quand ça nous arrange et il a en plus montré ses faiblesses. Aujourd’hui, plus personne ne croit sincèrement en elle. »

Comment se débarrasser de Kadhafi, par Baudry.

Mis à jour le 23/02/11 à 13h40. Les islamistes sont présents dans le Sahel et à l’Ouest de la Libye.

Photo et illustration : Berlusconi, Sarkozy, Medvedev, Obama, Ban Ki-Moon et Kadhafi, le 10 juillet 2009 au G8 de L’Aquila (Tony Gentile/Reuters) ; dessin de Baudry.

source

Kadhafi promet un autre Tienanmen


KIESEL,VERONIQUE

 

Mercredi 23 février 2011

L’atmosphère est devenue dramatiquement surréaliste en Libye : lâché par les plus éminents de ses ambassadeurs en poste à l’étranger, conspué par son peuple qui a commencé à prendre le contrôle de plusieurs villes, le colonel Kadhafi s’est lancé mardi après-midi dans un discours fleuve dans lequel il a affirmé rester aux commandes et promis de « purger la Libye maison par maison » pour mater la révolte.

Alors que la coupure des communications isolait la Libye, des nouvelles très parcellaires provenaient de ce pays : à Benghazi, qui fut à l’avant-garde de la révolte, on tentait de faire face à l’afflux de blessés tombés lors d’affrontements lundi et de compter les morts, mais un certain calme semblait rétabli. Le chef de la diplomatie égyptienne a cependant annoncé que les pistes de l’aéroport de cette ville, la deuxième de Libye, avaient été bombardées, rendant impossible l’atterrissage des avions d’EgyptAir qui venaient pour rapatrier les milliers d’Egyptiens voulant fuir les violences.

Tripoli coupée du monde

« Je suis très inquiet, je n’ai pas réussi ce mardi à joindre les membres de ma famille qui vivent à Tripoli ni ceux qui résident à Benghazi, nous a confié un Libyen de Belgique, qui préfère rester anonyme pour protéger ses proches restés au pays. Tout est coupé : internet, lignes téléphoniques fixes et GSM ».

« Les compagnies Libyana et Al Madar par exemple, sont sous le contrôle de Mohamed, un des fils de Kadhafi », nous explique par mail un Libyen toujours sur place, qui détaille les campagnes d’intimidation lancées dans la journée par les quelques chaînes de télévision toujours fidèles au régime.

« Lors de notre dernière conversation, reprend notre Libyen de Belgique, mes proches de Tripoli m’expliquaient que, dans le quartier de Hay El Andaluz, un calme précaire régnait : des véhicules sans plaque circulaient, avec à bord des mercenaires africains et des miliciens pro-Kadhafi. Mais des tueries étaient en cours dans d’autres quartiers de Tripoli. Les membres de ma famille ont eu l’occasion de quitter la Libye, d’être évacués vers l’Europe mais ils n’ont pas voulu : ils veulent être là, dans leur pays, pour participer à ces événements, même si nous savons tous que cela sera sanglant. C’est notre révolution, enfin. Pendant trop longtemps, nous avons gémi, accusant l’Occident de soutenir le tyran. Maintenant, nous savons que nous devons agir nous-mêmes. C’est la révolution tunisienne qui nous a réveillés. Ben Ali puis Moubarak sont tombés, mais nous avons Kadhafi et ses fils qui semblent en plein déni de la réalité : ce sont vraiment des psychotiques, voilà pourquoi nous redoutons le pire ».

Parlant avec exaltation depuis son palais détruit en 1986 par les bombardements US, Kadhafi a en effet longuement déliré avant de promettre un autre Tienanmen et la peine de mort pour les insurgés : « Rendez vos armes, sinon il y aura des boucheries », affirmant qu’il se « battrait jusqu’à sa dernière goutte de sang ».

Lâché par ses ambassadeurs

Alors que des cas de désertion de militaires et de fraternisation avec la population ont été signalés, le tyran libyen aura-t-il les moyens de mater dans le sang cette révolte populaire ? Les pays qui ont de nombreux ressortissants résidant en Libye n’ont pas voulu courir le risque : ils ont commencé à organiser, par avion ou par bateau des évacuations massives. Egypte, France, Allemagne, Pays-Bas, notamment, ont envoyé des avions militaires, tandis que les Affaires étrangères belges tentaient d’organiser le départ des 23 Belges qui souhaitaient quitter le pays.

Les plus hauts représentants de la Libye à l’étranger n’avaient pas attendu le discours du « Guide » pour le lâcher avec fracas : les représentants libyens auprès de la Ligue arabe et de l’ONU ont décidé de rejoindre la révolution, tandis que les ambassadeurs aux Etats-Unis, en France, en Chine et dans de nombreux autres pays ont rompu tout lien avec le régime. Symboliquement, plusieurs de ces ambassades ont hissé l’ancien drapeau libyen datant de l’indépendance à la place du drapeau uni vert de Kadhafi.

source

Les mercenaires de Kadhafi, issus de toutes les guerres africaines


Les « mercenaires africains », dont certains s’expriment en français et qui sont en première ligne de la répression des manifestants sont le résidu de tous les conflits dans lesquels le président libyen s’est ingéré durant quatre décennies.

Au début des années 70, peu après sa prise de pouvoir, Kadhafi, qui rêve de prendre la tête d’un grand Etat saharien, se présente comme le protecteur naturel de tous les peuples nomades du Sahara et du Sahel. Entrant en concurrence avec la France qui soutient les régimes post coloniaux,  il contribue à la formation militaire de la future rébellion touareg en intégrant de jeunes nomades, frappés par la sécheresse au Mali et au Niger, dans une « Légion islamique » qui s’entraîne dans le sud de la Libye. Cette Légion sera la matrice d’où sortiront les combattants du GSPC puis de l’AQMI (Al Qaida au Maghreb islamique). Kadhafi intervient aussi au Tchad, où il soutient les nomades toubous et leur chef Goukouni Oueddei, puis Hissène Habré et enfin le chef d’Etat actuel Idriss Deby.

Par la suite, Kaddhafi élargit son champ d’action : via le Tchad, il appuie certains groupes rebelles du Darfour, et en Afrique de l’Ouest, soutient Charles Taylor au Liberia et  Lansana Kouyaté en Guinée. Les adversaires de Mobutu sont régulièrement accueillis à Tripoli  et, en 1986, une délégation  congolaise dont fait partie Laurent-Désiré Kabila échappe de justesse au bombardement américain…C’est que l’Afrique centrale intéresse le Guide de la révolution libyenne : il  se présente comme le « roi des rois traditionnels » et voudrait financer un projet pharaonique, réalimenter le lac Tchad puis la nappe phréatique libyenne grâce aux eaux du fleuve Congo ! C’est ainsi qu’en Centrafrique, en 2002, Kadhafi appuie le président Ange Patassé que les Français souhaitent remplacer par François Bozize. Lorsque l’armée centrafricaine fait appel aux troupes de Jean-Pierre Bemba, basées dans la province congolaise de l’Equateur,  c’est Kadhafi qui paie la facture du corps expéditionnaire congolais, dont les exactions vaudront à Bemba de se retrouver inculpé par la Cour pénale internationale.  Par la suite, ayant occupé en 2009 la présidence de l’Union africaine, Kadhafi assagi traitera avec les chefs d’Etat en place, tout en continuant à entretenir d’innombrables réseaux parallèles, composés de tous les  «soldats perdus » de ses guerres africaines.  Pour mater la révolte, il n’a eu qu’à puiser dans cet immense vivier de mercenaires potentiels…

Colette Braeckman

source

quand Un Kadhafi en colère annonce le pire : le massacre va continuer


LOOS,BAUDOUIN

Mercredi 23 février 2011

Commentaire

Un homme totalement déconnecté de la réalité. Le discours enflammé scandé mardi par Mouammar Kadhafi à la télévision nationale a confirmé l’image consternante qu’il s’est forgée depuis longtemps, celle d’un homme fâché vociférant des arguments délirants.

« Où étiez-vous, hurla-t-il aux Libyens en 1986 quand 170 avions américains nous agressaient ? », « Où étiez-vous en 1969 (lors de la révolution) quand nos martyrs tombaient ? » Des questions ahurissantes puisque adressées à un peuple dont la moitié n’a pas 21 ans.

Les menaces de peine de mort proférées peuvent-elles d’ailleurs impressionner des Libyens déjà sous le feu des bombardiers et des hélicoptères du régime quand ils ne sont pas dans la ligne de tir immédiate des mercenaires importés d’Afrique noire pour sauver le régime ? La guerre civile, également brandie comme épée de Damoclès, ne peut davantage effrayer des citoyens qui contrôlent déjà plusieurs villes, selon des informations qui restent toutefois difficiles à recouper.

Son fils Saïf al-Islam avait déjà prévenu dimanche soir que le régime se battrait « jusqu’à la dernière cartouche » ; le « guide » – mais qui guide-t-il encore ? –, lui, a précisé : « jusqu’à la dernière goutte de sang » : on les savait sérieux dans leurs intentions sanguinaires, on en est désormais tout à fait sûr : le carnage va continuer de plus belle en Libye.

Pour mieux se faire comprendre des masses, le vieux dictateur a parlé depuis les ruines du palais détruit en 1986 par l’aviation militaire américaine, devenu une sorte de « musée de l’agression impérialiste ».

« La Libye veut être au sommet du monde », a aussi dit le despote mal éclairé. Elle est en effet actuellement au sommet de l’actualité. Devant un monde impuissant qui sait, à défaut de le voir, qu’un massacre est en train d’être commis en toute impunité à une heure de vol de l’Europe.

source