A Jean-Claude Lefort et ses Camarades de la Flottille de la liberté


mercredi 20 juillet 2011, par ماري ناصيف-الدبس

Lettre du PCL
A Jean-Claude Lefort et ses Camarades,

Chers Camarades et Ami(e)s,

Nous, direction et militants du Parti Communiste libanais, voudrions vous exprimer notre fierté d´avoir en vous des amis de nos peuples, mais aussi de vous dire toute notre solidarité.

Il est vrai, cher Jean-Claude, que ce n´est pas la première fois que votre solidarité se manifeste avec nous contre les batteurs des tambours de guerre, les agresseurs israéliens qui tuent nos enfants parce que l´ONU, les Etats-Unis et l´Union leur accordent l´impunité. Nous t´avons vu déjà à l´oeuvre en 2006 au Liban, quand tout notre pays était mis à feu et à sang : tu avais, alors, avec des dizaines d’autres amis français et européens, mis un peu de baume sur nos blessures.

Merci pour etre toujours là. Nous sommes fiers d´appartenir à la meme école que vous.

(Beyrouth, le 20 juillet 2011)

Pour le Parti Communiste libanais,
Marie Nassif-Debs,
Secrétaire générale adjointe
Responsable des relations internationales

Entretien avec l’opposant historique syrien, Michel Kilo


« L’option sécuritaire du régime bloque toute possibilité de solution politique »

L’intellectuel Michel Kilo, grande figure de la lutte pour 
la démocratie en Syrie, a été emprisonné à plusieurs reprises. Il a reçu l’Humanité.

Après quatre mois de révolte, 
quel bilan tirez-vous ?

Michel Kilo. Au niveau populaire, les pertes sont énormes. Au niveau politique, l’État a perdu toute présence et s’est transformé en une partie combattant le peuple. Au niveau économique, la Syrie est au bord du gouffre. Au niveau international, et même régional, c’est un pays isolé par ses propres amis. L’option sécuritaire adoptée par le régime bloque toute possibilité de solution politique, y compris dans le cadre d’un dialogue national que le pouvoir a lancé. Mais, plus grave, on est en train de briser la société syrienne, ce qui peut aboutir, même si le régime gagne cette partie, à une véritable destruction de l’État syrien.

 Comment s’organise ce mouvement de protestation ? Pourquoi n’y a-t-il pas une voix qui s’exprime ?

Michel Kilo. Il y a deux sortes d’opposition. L’une est celle des partis classiques et, avec eux, les intellectuels qui ont lancé l’idée de l’action civile. L’autre, nouvelle, est celle de la rue qui se lève. Elle n’a pas encore ses symboles, pas encore ses représentants. Mais elle crée ses organisations. Nous, les intellectuels, par nos écrits, nos propositions, nous faisons partie également de cette nouvelle opposition que nous alimentons. Nous sommes en quelque sorte les théoriciens de ces comités, sans pour cela qu’il y ait des échanges quotidiens entre nous.

 Acceptez-vous de dialoguer 
avec le régime ?

Michel Kilo. Pour participer à un dialogue avec le pouvoir, il faut d’abord que celui-ci rompe avec la « solution sécuritaire » et choisisse une voie politique. Il faut que les détenus soient libérés, avoir le droit de manifester et arrêter l’ingérence des services de renseignements dans la vie des gens. La présidence doit s’engager dans ce sens. Le pouvoir n’a pas répondu à nos demandes. Il faut qu’il annonce que les réformes aboutiront à un système parlementaire démocratique et pluraliste. Sans cela, notre participation à un dialogue n’a aucun sens. Nous appelons à un changement de régime mais de façon graduelle. Peu importe l’identité de ceux qui y participent. Cela peut se faire avec Bachar Al Assad. L’important est de créer les conditions qui obligent le président à entamer un véritable changement, avec une phase transitoire. Que le régime disparaisse du jour au lendemain est quelque chose de très difficile.

 N’y a-t-il pas un danger de voir 
les islamistes, particulièrement 
les Frères musulmans, profiter 
de ce mouvement pour imposer leurs idées ?

Michel Kilo. Entre 2000 et 2010, seul le mouvement de la société civile était présent. Les Frères musulmans ont repris ce que nous disions : un État civil, la citoyenneté… La société traditionnelle syrienne est une société musulmane mais pas nécessairement islamiste. Elle peut le devenir si cette option militaire continue à écraser la société. Celle-ci va se défendre par la force et en utilisant l’intégrisme. Nous travaillons avec la jeunesse pour gagner la société traditionnelle. Il y a deux grands courants en Syrie, islamiste et démocratique. Le courant qui l’emportera sera celui qui arrivera à gagner la société civile. C’est un combat.

N’y a-t-il pas une crainte d’ingérences extérieures, 
étant donné la position géopolitique de la Syrie ?

Michel Kilo. La solution sécuritaire ouvre la porte aux ingérences étrangères. Il y a aujourd’hui un conflit ouvert en Syrie qui oppose les Iraniens aux Saoudiens, aux Turcs et à toutes ces puissances régionales. C’est très clair. Les chefs de la diplomatie iranienne et turque se sont rencontrés pour discuter du dossier syrien. Nous avons mis en garde contre de telles ingérences dès le début. Les Syriens sont capables de régler leurs propres problèmes à travers le dialogue. On dit que les États-Unis ont établi un calendrier pour la mise en œuvre des réformes. Il y a des rumeurs sur l’aide logistique de l’Iran aux autorités. Ce qui montre que la Syrie est l’objet d’un conflit international. On dit aussi que l’Iran et la Syrie ont accepté que les forces américaines restent en Irak, en échange d’une diminution des pressions sur Damas. L’idée de la création d’une zone tampon, comme l’a évoquée la Turquie, est aussi une petite porte par laquelle passeraient les grandes ingérences étrangères. Mais cette porte est déjà ouverte.

Entretien réalisé par Pierre Barbancey

Syrie : un million de manifestants. Vraiment ?


anniebannie: cet article dément les informations que nous entendons dans notre presse et sur les différentes chaînes. voir aussi son blog.

18/07/2011 à 11h32 | 996 vues | 0 réactions

La Syrie connait des troubles socio-politiques depuis plusieurs semaines. Les grands médias relatent ces évènements en affirmant qu’il s’agit d’une révolte populaire comparable à celles survenues en Tunisie ou en Égypte. Pour confirmer leurs propos, ils présentent des manifestations qui auraient lieu dans tout le pays et qui souffriraient d’une répression féroce. Par exemple, dans la ville considérée comme l’un des principaux centres de la contestation, Hama, il y aurait eut ce vendredi 500.000 manifestants dans les rues de l’agglomération de … 530.000 habitants (en comptant les villages alentours).Leurs uniques sources viennent d’opposants politiques basés à l’extérieur du pays. Les preuves matérielles ? Des photos floues où on peut distinguer des foules de quelques dizaines d’hommes. La défense des journalistes face à ces failles professionnelles ? La presse ne pourrait pas rentrer dans le pays et Internet serait coupé. Or voici le témoignage de Pierre Piccinin, chercheur belge actuellement sur place : il commente cette dépêche du million de manifestants*.

N.B. Ici encore, il ne s’agit nullement de défendre un régime qui n’applique pas le modèle politique occidentale de la démocratie, ni de nier de la présence d’une contestation, mais de montrer la malhonnêteté professionnelle des journalistes occidentaux chargés, consciemment ou pas, de véhiculer la propagande des gouvernements occidentaux non amis avec le régime syrien actuel.

Capture d’écran de la capture d’écran obtenue sur YouTube par le journal Libération pour illustrer le million de manifestants

Photo prise par l’auteur. Sans commentaire.

 

Témoignage :

Je suis actuellement en Syrie, depuis une semaine, en préparation de trois cahiers du CCMO (1), qui seront consacrés, à la rentrée, au « Printemps arabe » et d’un article pour Les Cahiers de l’Orient (2), à paraître en décembre. La Libre Belgique a également publié un billet résumant mes observations de ces derniers jours (3). Vendredi, j’ai quitté Damas, la capitale et me suis rendu à Hama, fief de la révolte islamiste, en passant par Homs.

Les données de cette agence de presse, répercutées par nombre de médias, sont complètement erronées et probablement volontairement exagérées (j’ai circulé dans toutes les zones sensibles du pays, sans jamais être empêché de me rendre là où je le souhaitais).

À Deraa, la contestation est presque éteinte et, mis à part un quartier ou l’autre, où manifestent encore sporadiquement quelques centaines de personnes pendant une heure ou deux, sans même que l’armée intervienne, tout y est très calme.

À Damas, seulement quelques milliers (pas même des « dizaines » de milliers) de manifestants sont sortis ce vendredi, par groupes dispersés dans plusieurs quartiers de la périphérie.

Idem à Homs, où des bandes armées ont provoqué la police (déjà jeudi soir : j’avais été informé de risques de troubles à Homs, jeudi, et m’y étais rendu ; le centre était calme, j’ai suivi le premier camion transportant des militaires que j’ai croisé et suis tombé sur l’échauffourée, qui opposait quelques dizaines de contestataires cagoulés face à une escouade de soldats ; ces derniers ont ouvert le feu et m’ont obligé à quitter les lieux).

J’ai passé tout l’après-midi du vendredi à Hama. C’est la seule ville où la contestation conserve une réelle ampleur (c’est la seule ville où on ne trouve plus un seul portrait de Bashar al-Assad, omniprésent ailleurs, exception faite de la façade du building où se trouve le siège du parti Baath, dans lequel sont retranchés des membres de la sécurité) : les habitants ont fortifié les entrées de la ville pour empêcher l’armée d’y intervenir et manifestent par dizaine de milliers.

Hama est la seule place où j’ai pu prendre des photographies, en grand nombre (ailleurs, la police étant présente lors des troubles, il m’est impossible de sortir mon appareil photo).

Quand je suis entré dans Hama, j’ai immédiatement été pris en chasse par des groupes de jeunes en moto qui m’ont arrêté. J’ai montré mon passeport belge et la situation s’est détendue : ils m’ont escorté partout et donné accès à un immeuble depuis la hauteur duquel j’ai pu prendre des photos de l’ensemble de la manifestation, centrée sur la place Alasi et l’avenue al-Alamhein.

Etant le seul observateur étranger sur place, ils m’ont donné toutes les facilités nécessaires et ont organisé une garde autour de mon véhicule pendant que je me déplaçais à pied parmi les manifestants.

En dépit de la grande sympathie que je puis avoir pour la gentillesse avec laquelle j’ai été reçu à Hama, force est d’admettre que le nombre des protestataires ne dépassait certainement pas les 100.000 personnes, en criant très fort, contrairement aux affirmations de l’AFP qui prétend que Hama a connu la plus grande manifestation du pays, rassemblant 500.000 personnes.

Il est bien sûr difficile de procéder à une estimation. Toutefois, s’il est vrai qu’il s’est agi de la plus grande manifestation dans le pays, en revanche, je puis affirmer, si je tente une estimation plus précise, que le nombre des manifestants doit avoir été de 15.000 à 30.000 personnes au plus.

J’ai produit une analyse plus fine de la situation, sur mon blog (4), où j’ai également publié des photographies de la manifestation, qui appuient, incontestablement, ces informations.

Ainsi, le « million » de manifestants à travers toute la Syrie ne correspond, en réalité, qu’à quelques dizaines de milliers.

J’ai pu avoir accès à Euronews : les images fournies par l’opposition et les blogueurs sont éloquentes ; des plans rapprochés, qui donnent une impression de masse, alors que, dans les faits, les cortèges sont relativement maigres.

Quant au nombre de morts recensés, il est évidemment impossible à vérifier sérieusement, mais mes contacts à Damas et Homs ne me confirment rien de tel. A Hama, les chars sont restés en dehors de la ville et aucun coup de feu n’a été tiré ; aucun mort n’est à déplorer, ni aucune arrestation.

La situation en Syrie, Hama exceptée, est parfaitement sous le contrôle du gouvernement et le climat général (Hama excepté, dont les rues sont jonchées de barricades et des décombres des premiers combats) n’est nullement révolutionnaire.

Pierre PICCININ http://pierre.piccinin-publications…
Professeur d’histoire et de sciences politiques

 

* Dépèche de l’AFP

1 – http://cerclechercheursmoyenorient….

2 – http://www.ser-sa.com/boutique/LesCahiersdelOrient/2

3 – http://www.lalibre.be/debats/opinions/article/673320/vicissitudes-et-realites.html

4- http://pierre.piccinin-publications…

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