« Le régime syrien a transformé l’Etat en propriété privée »




BAUDOUIN LOOS
mercredi 14 septembre 2011, 18:17

Les manifestations en Syrie ont commencé il y a six mois. Mais le régime ne désarme pas. L’analyse de Thomas Pierret, politologue belge à l’Université d’Edimbourg

Thomas Pierret connaît bien la Syrie pour y avoir passé trois ans. Selon lui, le régime a « communautarisé » les événements pour apeurer les minorités, et d’abord les Alaouites, dont il est issu. Il se montre par ailleurs plutôt sceptique quant à l’efficacité des sanctions internationales.

Bachar el-Assad avait cru pouvoir déclarer – c’était au Wall Street Journal, le 31 janvier – que son pays resterait stable, parce que lui écoutait la rue. Naïveté ou cynisme ?

Les deux à la fois. Il y avait évidemment une bonne dose de cynisme. Assad n’ignorait pas, pour en être le patron, qu’il pouvait s’appuyer sur l’un des appareils de sécurité les plus impitoyables de la région et, au cas où les choses tourneraient vraiment mal, sur une armée en grande partie confessionnelle, c’est-à-dire alaouite (comme lui). Même si elle restait limitée, la contestation existait en Syrie avant mars 2011, comme en ont attesté les fréquentes arrestations de dissidents depuis l’arrivée au pouvoir d’Assad fils en 2000.

Toutefois, le président syrien avait quelques bonnes raisons de croire qu’il était moins exposé que ses homologues égyptiens et tunisiens, en particulier en raison de sa politique étrangère. Premièrement, celle-ci s’était avéré un franc succès puisque, d’Etat-pariah au moment de son retrait du Liban en 2005, la Syrie était redevenue un acteur influent et respecté de la scène régionale à la fin de la décennie. Deuxièmement, la diplomatie syrienne jouissait d’une authentique popularité sur le plan intérieur, en particulier en ce qui concerne le soutien au Hamas et le rapprochement avec la Turquie d’Erdogan. Face à une Egypte de Moubarak coopérant ostensiblement avec le gouvernement israélien dans l’imposition du blocus de Gaza, la Syrie apparaissait, par contraste, comme le champion du front du refus. Il est toutefois apparu rapidement que, pas plus au Caire qu’à Damas, la priorité des manifestants n’était la politique étrangère, mais bien la fin d’oligarchies despotiques et sclérosées.

De revendications pour plus de libertés, les manifestants sont passés à celle de la chute du régime après avoir constaté la répression inouïe qui s’abattait sur eux ; était-ce à prévoir ?

Les revendications « réformistes » des premiers jours reposaient sur un mélange de wishful thinking (« Bachar est un réformiste, donnons-lui du temps ») et de sagesse politique : au fond d’eux-mêmes, les Syriens avaient une idée du bain de sang qui les attendait, et espéraient en faire l’économie en demandant une transition douce. Le régime a rapidement mis fin à de tels espoirs.

Le régime a cru que de petites ouvertures politiques suffiraient mais ce fut un échec, pourquoi ?

D’une part, parce que la mauvaise foi du régime a été rapidement démontrée par le fait que ses promesses de réformes étaient démenties, sur le terrain, par la poursuite d’une répression sanglante. D’autre part, parce que tout ce que le régime a à proposer est de faire de la Syrie une sorte de Tunisie façon Ben Ali, ou d’Egypte façon Moubarak. Une démocratie de façade, où aucun parti ne serait formellement reconnu comme parti unique ou hégémonique (alors que la constitution actuelle décrit toujours le Baas comme « parti dirigeant l’Etat et la société ») mais où le parti du président (en l’occurrence un Baas relifté) préserverait une suprématie de facto grâce à divers artifices juridiques. Une telle solution aurait été perçue comme un progrès si elle avait été avancée il y a un an, mais elle est devenue inacceptable dans le contexte des révolutions arabes.

Comment jauger l’importance de la révolte ? Est-ce le peuple contre le régime ou est-ce bien plus compliqué ?

C’est une bonne partie du peuple contre le régime, même si ce n’est pas tout le peuple : le régime bénéficie encore du soutien passif ou actif des milieux d’affaires, d’une bonne partie des minorités confessionnelles, et de toute une série d’acteurs sociaux qui sont trop liés au système pour se retourner contre lui. Sur le plan géographique, certains gouvernorats sont encore peu touchés par les manifestations. Il s’agit en particulier de ceux où sont concentrées des minorités (Soueida, une région druze, Tartous, où les Alaouites et les chrétiens sont nombreux) ainsi que de la région d’Alep, où la tension monte néanmoins de semaine en semaine. Quoi qu’il en soit, il faut se garder de considérer les manifestations comme un baromètre exact de l’opposition au régime, dans la mesure où cette opposition est bien plus large que le groupe des individus qui sortent le vendredi pour aller manifester. Plusieurs de mes contacts en Syrie me disent qu’ils souhaitent de tout cœur la chute rapide du régime mais avouent, en toute franchise, que la peur d’être tués ou torturés les dissuade de participer activement à la contestation.

Certains observateurs pensent que ce régime n’est pas réformable en profondeur car cela signifierait la fin des privilèges, de la prédation économique et le risque de devoir rendre des comptes, choses impensables pour les caciques de ce régime, est-ce aussi votre avis ?

Totalement. Le régime syrien est un cas extrême de « patrimonialisation » de l’Etat, un phénomène dont la succession présidentielle héréditaire de 2000 n’est que la manifestation la plus visible. Cette transformation de l’Etat en propriété privée de la famille régnante est également évidente dans le monde des affaires, dont la figure la plus puissante est un cousin du président, Rami Makhlouf, ou dans l’appareil militaro-sécuritaire, dont la hiérarchie est noyautée par la parentèle d’Assad. Le cas le plus connu est celui de Maher al-Assad, frère de Bachar, qui dirige la Garde Présidentielle, mais ce n’est qu’un exemple parmi de nombreux autres. Pas plus tard qu’hier, par exemple le journal libanais pro-syrien Al-Akhbar annonçait la prochaine nomination du général Asef Shawkat, beau-frère du président, comme vice-ministre de la Défense. Un tel système est, par nature, impossible à réformer.

Comment voyez-vous le processus décisionnel à Damas : c’est Bachar qui décide en autocrate ou c’est plus subtil ?

Il a toujours dû tenir compte de l’avis de ses proches, mais le caractère collégial de la prise de décision a sans doute été renforcé par la crise. C’est une tendance caractéristique des périodes de grande violence : l’appareil militaire étant en première ligne dans la défense du régime, ses dirigeants voient nécessairement leur poids politique augmenter. On a souvent évoqué, depuis quelques mois, l’influence croissante, au sein du processus décisionnel, de Maher al-Assad, fer de la lance de la répression. Un phénomène identique avait été observé suite à l’écrasement de l’insurrection islamiste de 1979-1982. Rif’at al-Assad, le frère de Hafez, était alors à la tête de « Brigades de Défense » qui s’étaient chargées de l’essentiel du « sale boulot ». Rif’at aspirait par conséquent à l’établissement d’une sorte de duumvirat avec son frère. Devant le refus de celui-ci, il était allé jusqu’à tenter d’organiser un coup d’Etat en 1984.

Comme les autres révoltes arabes, celle-ci manque-t-elle de chefs ? Que peut-on dire de ces « coordinations » locales, peuvent-elles s’unir ?

L’opposition syrienne ne manque pas de figures remarquables. Le problème est plutôt que ces figures n’ont qu’un contact très limité avec la base, dans la mesure où le système baasiste a empêché toute activité partisane digne de ce nom depuis cinquante ans. Les coordinations locales se sont donc constituées indépendamment de ces grandes figures dissidentes. Leur leadership est en moyenne assez jeune (entre 20 et 40 ans) mais pas nécessairement dénué d’expérience, puisque l’on y trouve des individus qui ont déjà pratiqué certaines formes d’activisme social voire politique. Il y a, depuis plusieurs semaines, des tentatives d’établir une synergie entre ces coordinations locales. Soulignons toutefois qu’au-delà de la transmission des mots d’ordre des manifestations, ces coordinations ont pour l’instant d’autres priorités que de créer une fédération nationale, à commencer, tout simplement, par assurer leur survie et celle de leurs membres face à la répression étatique.

L’attitude des minorités – alaouites, chrétiens, etc. – semble décisive : elles restent du côté du régime, cela peut-il évoluer ?

Les Alaouites ne se retourneront pas contre le régime, qui les a intégrés trop massivement dans l’appareil d’Etat. Dans son dernier rapport, l’International Crisis Group faisait l’hypothèse que les Alaouites servant dans l’appareil militaro-sécuritaire pourraient finir par renoncer à se battre pour assurer la domination de la famille Assad sur Damas et se replier sur leurs régions d’origine, dans la montagne. C’est une éventualité peu probable à court terme, mais pas si le soulèvement perdure et gagne en ampleur. Quant aux chrétiens, ils ont trop peur pour prendre massivement le parti de l’opposition : peur de l’avenir, en particulier d’une montée de l’islamisme, mais aussi peur d’une possible punition de la part du régime s’ils manquaient de loyauté (on pourrait très bien imaginer des attentats contre des églises qui seraient aussitôt imputés à des « islamistes »). Les chrétiens sont vulnérables : ils n’ont ni le nombre des sunnites, ni la puissance de feu des Alaouites. Quant aux autres minorités (druses, ismaéliens), elles ont divers contentieux historiques avec le régime et/ou la communauté alaouite, mais elles continueront sans doute de se cantonner dans une position d’observateurs prudents. Si le régime flanche, elles rallieront sans doute l’opposition sans trop d’états d’âmes.

Des observateurs pensent d’ailleurs que le régime joue la carte de la communautarisation du conflit, pour forcer ses alliés à la loyauté la plus absolue et expliquer la stratégie « C’est nous ou nous serons massacrés »… Vous y croyez ?

C’est indéniable, toute la rhétorique officielle tourne autour de la question communautaire depuis le début des événements. La population a été abreuvée d’informations sur le caractère très confessionnel des manifestants, dépeints uniformément comme des extrémistes sunnites. On a ainsi fait courir la rumeur (jamais démontrée) que ces manifestants scandaient des slogans haineux comme « les Alaouites dans la tombe, les chrétiens à Beyrouth ». Par ailleurs, sans que cela relève d’une stratégie délibérée, le régime a contribué à communautariser le conflit en armant des civils qui, dans les régions mixtes d’un point de vue confessionnel, sont essentiellement alaouites.

L’attitude de la communauté internationale est bien différente que dans le paradigme libyen ; mais une stratégie d’asphyxie économique émerge, peut-elle avoir raison du régime ?

Le régime syrien a une certaine expérience de l’autarcie économique, même s’il s’est davantage ouvert sur l’économie mondiale ces dernières années. Le pays est plus ou moins autosuffisant sur les plans énergétique et alimentaire, ce qui n’est pas négligeable. Toutefois, les sanctions vont rendre difficile, sinon impossible, la politique qui consiste à distribuer des largesses afin d’« acheter » une partie de la population pour l’empêcher de manifester. Depuis la révolution tunisienne, le gouvernement a multiplié des cadeaux (subsides, aides sociales, diminution des taxes, nouveaux projets d’infrastructure) qu’il sera bien incapable de payer. Voyant leurs affaires péricliter, certains hommes d’affaires pourraient également se montrer plus favorables à un changement de régime. En revanche, il me paraît douteux que les sanctions aient un impact direct sur l’appareil répressif lui-même. L’Irak des années 1990 donne une idée de ce que pourrait devenir la Syrie si le régime se maintient : une économie dévastée mais un appareil répressif qui demeure tentaculaire et doit le rester dans la mesure où l’Etat a perdu l’essentiel de ses capacités redistributives.

Vendredi dernier, Mahmoud Ahmadinejad est allé jusqu’à condamner les méthodes musclées des forces de sécurité syriennes, en soulignant, dans une interview accordée à la radio télévision portugaise (RTP) que la répression militaire « n’est jamais la bonne solution ». Damas risque-t-il de perdre son seul allié fidèle ?

Tant que le sort du régime syrien n’est pas fixé (et il ne l’est pas encore), l’Iran ne lâchera pas son principal allié stratégique. En même temps, Téhéran sait que son soutien à Assad la rend impopulaire non seulement en Syrie, mais dans une bonne partie du monde arabe. Les Iraniens souhaiteraient (sans guère y croire) qu’Assad puisse rétablir le calme en mettant en œuvre un programme de réformes. L’évolution de la position iranienne doit aussi sans doute être appréciée à la lumière du jeu de la Turquie. En combinant critique d’Israël et des autocrates arabes, Erdogan se met totalement en phase avec les opinions publiques de la région. Ce faisant, il se met en position idéale pour faire de la Turquie ce que l’Iran rêve d’être, c’est-à-dire la grande puissance non arabe du Proche-Orient. On voit mal comment Téhéran pourrait rattraper son retard sur Ankara de ce point de vue, si ce n’est en jouant la carte de la surenchère anti-israélienne.

Bachar Al-Assad doublé par des hackers


Telecomix, un collectif de hackers qui s’était fait connaître, lors du Printemps arabe, en aidant les internautes d’Egypte et de Tunisie à contourner la cybercensure, vient de remettre le couvert en Syrie.

par Julie Gommes Le 14 septembre 2011

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Dans la nuit du 4 au 5 septembre, à 2h53, KheOps a « appuyé sur le bouton », comme il le dit modestement, et détourné l’Internet en Syrie. A partir de ce moment-là, les internautes syriens étaient automatiquement redirigés vers un site web expliquant pourquoi, et comment, contourner la censure et protéger ses communications sur le Net : « Il nous fallait imposer notre message. Nous l’afficherions sur leurs écrans, par surprise, et sans qu’il soit possible de l’éviter, et durant un temps suffisamment long pour qu’ils n’aient d’autre choix que de le lire .»

Et ils choisirent quatre fois, cette semaine-là, de passer ainsi par-dessus les murs de la censure syrienne. Ils, ce sont les Telecomix, un collectif de hackers qui s’était déjà illustré, lors du Printemps arabe, en aidant les internautes de Tunisie et d’Egypte à déjouer les cybercenseurs.

Les internautes se connectaient alors sur le canal IRC de Télécomix, ne faisant parfois que passer, certains laissant quelques mots : « ce qui revenait tout le temps, c’est la peur des mukhabarats (NDLR : la sécurité d’État syrienne) et de savoir si on était ou non Israéliens. Autant pour l’intelligence je comprends autant pour le reste… Je ne sais toujours pas pourquoi » s’interroge KheOps, l’un des hackers les plus actifs sur le projet (voir aussi son émouvant témoignage sur Reflets.info). Il fallait rassurer, parfois plus souvent qu’encadrer, conseiller ou sécuriser.

Once upon a time, #OpSyria

Tout n’a pas commencé, toutefois, par une simple pression sur un bouton. C’est l’opacité du régime syrien qui a conduit le groupe Telecomix à s’intéresser au pays :

De manière générale, on ne savait pas ce qu’il se passait en Syrie. Le peu d’images qui filtraient nous apprenaient que ce qui s’y passait était beaucoup plus grave qu’en Egypte. Aujourd’hui, on est 10 à assurer le support technique de tout un pays.

« On a commencé avec une vingtaine de volontaires aux USA, en Europe, dans le monde arabe, » se souvient KheOps. L’idée de départ était de fournir une sorte de boite à outils pour permettre aux révolutionnaires syriens d’améliorer leur anonymat et leur sécurité en ligne. Il fallait écrire, en anglais, d’abord. Réécrire, traduire en arabe, créer les pages, se heurter aux problèmes de ponctuation en arabe, de copier-coller qui parfois ne fonctionnent pas comme escompté… Et bien entendu, le travail technique. Près d’un mois a été nécessaire à une dizaine de personnes pour réaliser ce qui s’est affiché sur les écrans syriens.

Dans la nuit du 11 au 12 août dernier, partent 6000 emails. Destination ? La Syrie. Consignes de sécurité, informations sur le monitoring d’État et bien entendu présentation du groupe Telecomix. Le message, que s’approprient les Syriens, se retrouve très vite sur le groupe Facebook « officiel » de la révolution, des premiers contacts sont établis.

Maintenant, je suis en sécurité grâce à eux. C’est en voyant ce message que je suis allé sur l’IRC. La première fois, ils m’ont tous accueilli et guidé. J’ai beaucoup appris sur la manière dont le gouvernement espionne mes connexions. Je fais confiance à toute cette équipe. Ce sont des personnes spéciales avec un haut degré d’humanité et de responsabilité. Je suis aussi anonyme en ligne, j’ai moins peur de me connecter.

Muhammad, Syrien, n’est pas le seul. Ses nouveaux amis anonymes du web lui donnent aussi des conseils sur l’utilisation de son téléphone, sur les écoutes, des pratiques simples à adopter au quotidien.

Le message qui s’affiche quand on se connecte sur le serveur IRC mis en place par le collectif est explicite : « Public channel: no names, places, personal info » (espace public : pas de noms, pas de lieux, pas de données personnelles). On y croise des hackers, des arabophones venus donner un coup de main. Ils aident aujourd’hui les Syriens à échanger des informations entre eux, faire sortir des images et vidéos du pays, le tout de manière sécurisée.… Sous cette façade se cache un travail titanesque de part et d’autres du mur de la censure.

Aujourd’hui, le groupe d’activistes, rassemblés sous la bannière Telecomix, a pu rentrer en contact avec quelques dizaines de personnes. Méfiant, KheOps prévient : « Rien n’est jamais totalement sûr. On joue au chat et à la souris. » Alors ils sécurisent sans cesse, contournent, accueillent et rassurent sur l’IRC. Tout est fait de manière collective, ce qui semble parfois le surprendre : « On retrouve des gens qui ne se connaissaient pas, de cultures différentes qui travaillent ensemble autour d’un objectif commun, d’un idéal partagé. » Et des vocations naissent. Muhammad sera « journaliste pour parler de la reconstruction du pays » ou… hacker :

Aujourd’hui, j’utilise un email qu’ils ont créé pour moi, ils m’aident à publier des vidéos sur Internet, et surtout ils m’ont donné accès à un espace pour que je puisse y stocker mes données et qu’elles ne restent pas sur mon ordinateur. J’enseigne à mon tour ces techniques à mes amis, je leur ai gravé des CD avec les programmes utiles.

L’inverse est-il possible ? KheOps aurait-il un pied en Syrie ? « Cela fait plus de deux mois que je suis sur l’opération et avec tout ce que je lis, avec les gens avec qui je rentre en contact, avec les connaissances que ça nous apporte… J’ai parfois l’impression d’y être. » L’impression, seulement. Muhammad, que nous avons réussi à joindre, parle de sa ville, dans le centre du pays : « Le calme avant la tempête. Elle est pleine de Shabbiya (ndlr : miliciens proches du régime), on les voit partout. Certains bureaux où j’ai travaillé ont rouvert mais nous ne sommes pas dupes. Une grande campagne d’arrestation d’activistes est en cours. » Un des meilleurs amis de Muhammad a été arrêté le 31 août dernier. Il aurait dû rester, selon ses dires, une semaine en prison « comme tout le monde ». Mardi, il n’était toujours pas réapparu.

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source

Sauvez l’Arenberg !


A ce jour, vous êtes plus de 31.000 signataires de notre pétition. C’est formidable, ça nous touche, ça nous réconforte.Soyez en toutes et tous chaleureusement remerciés !

Malheureusement, il semble bien que cela ne soit pas encore suffisant pour éveiller la conscience des « autorités » compétentes !

Alors, encore un effort les ami(e)s, faites entendre votre voix !

Quelques nouvelles de notre côté …

Un comité de soutien a rédigé une carte blanche qui devrait paraître ce jeudi 15 dans le journal Le Soir.

Une première étape.Le jeudi 22 septembre à 19h30 se tiendra l’AG annuelle de la Société des Spectateurs. A partir de 20h15, cette assemblée se transformera en une grande réunion de mobilisation pour envisager des projets d’action.
Le temps nous est compté, il faut agir !Osons insister :
L’Arenberg, ce n’est pas seulement une salle de cinéma qui programme de « bons » films, c’est d’abord un projet social et culturel : la finalité d’un cinéma d’art et d’essai doit être le développement d’un projet d’émancipation sociale par la culture et le cinéma. Et toutes les activités du cinéma Arenberg s’inscrivent dans une telle démarche.

Le sacrifier sur l’autel de la rentabilité commerciale constituerait un détournement inacceptable des valeurs.

En ces temps de crise, la défense de tels lieux nous apparaît comme

un impératif catégorique.Le Cinéma Arenberg

«CETTE FOIS, POUR L’ARENBERG, FAISONS TOUT UN CINÉMA…»


L’existence de l’Arenberg est compromise.

Tu l’as sans doute appris: les propriétaires des Galeries Saint-Hubert ont décidé de ne plus en renouveler le bail et la salle devrait définitivement fermer ses portes fin décembre.

A la place? Un complexe commercial –livré au business culturel, à la consommation de luxe et aux frénésies d’une clientèle fourrée et en fourrure. Plus rien à voir, en tous cas, avec ce qui avait (près de 25 années durant) établi la spécificité précieuse de l’Arenberg : un lieu titré, où pouvait se donner à voir –hors de toute censure éditoriale ou financière– une filmographie progressiste, revendicatrice, talentueuse.

Autant le faire savoir : si un tel scénario-catastrophe devait se confirmer, la fin de l’Arenberg signifierait la disparition, dans la Région, du dernier cinéma projetant en continu des oeuvres de talent ouvertes à tous les publics.

Ce n’est pas acceptable et on ne peut l’accepter.

 

Il nous reste donc quatre mois, pour convaincre les pouvoirs publics. Il serait, en effet, inconcevable d’abandonner un espace culturel d’exception qui –à travers l’initiation à l’esthétique et au langage cinématographiques– est parvenu à donner un sens concret à la notion émancipatrice d’éducation permanente.

Car l’Arenberg, c’est (parallèlement à sa vocation ordinaire)  une série d’évocations extraordinaires: les programmations destinées aux écoliers (de la maternelle aux secondaires); les Cinéclubs organisés par l’association Lire et Ecrire (à l’attention des groupes d’alphabétisation); Genres d’à côté, une initiative consacrée aux auteurs gays et lesbiens; ou La Quinzaine des réalisateurs (une sorte de décentralisation annuelle du Festival de Cannes)…

En réalité, cette salle de  «spectacles» répond (plus que tous les autres cinés de la ville) à une exigence de probité civile. Même déstabilisés de manière chronique par la crise qui touche tout le secteur, les responsables de l’Arenberg ont toujours refusé de faire allégeance aux industriels de la distraction, de succomber au sponsoring publicitaire, de se vendre en vendant aux spectateurs les derniers produits du merchandising up, ou de se transformer en dealers de popcorn à consommer «séance tenante»…

 

Le présent courrier est donc un Appel pressé et pressant. Adressé à tous les amateurs du grand écran (adultes à cran,  ou ados accros).

Il est possible d’éviter ce que les médias présentent déjà comme l’inévitable naufrage de l’Arenberg. Car il s’agirait là d’un acte crapuleux, entériné par une entente discrète mais objective: d’un côté, la volonté vénale du  Conseil d’Administration de la Société civile anonyme des Galeries Saint-Hubert –emmené par Olivier Lippens (cousin de Léopold, le bourgmestre cacochyme de Knokke; et de Maurice, l’ex-magnat de la Banque Fortis); de l’autre, le défaussement vicieux de l’autorité publique.

Ce n’est pas acceptable et on ne peut l’accepter.

 

Depuis 2004, Attac-Bruxelles a noué un partenariat fructueux avec l’Arenberg. Soixante-cinq soirées prolifiques nous ont en effet permis d’y programmer des fictions de qualité, plusieurs avant-premières déjantées, des documentaires insensés et des chefs d’oeuvre sublimés. A chaque fois, les projections étaient accompagnées de débats  portant sur l’actualité ou des thématiques civilisationnelles. Nous souhaitons continuer cette aventure. En démontrant que «l’Arenberg, ça marche»

 

Le jeudi 15 septembre, nous y programmerons donc une nouvelle avant-première mondiale, un reportage explosif, aussi radical que la réalité (l’emprise, sur nos jugements et nos vies, de l’industrie de l’information, des médias aux ordres et du journalisme de connivence): «Les nouveaux chiens de garde» de Gilles Balbastre, d’après le livre éponyme de Serge Halimi (présentement directeur du Monde Diplomatique).

En intro à cette vibrionnante soirée, une discussion –en présence des réalisateurs, venus tout spécialement de Paris.

 

Jeudi 15 septembre, dès 20 heures

Pour ce rendez-vous du feu de Dieu, il faut absolument que tu sollicites dès maintenant tes proches, tes camarades les plus chers –afin que chacun réserve cette date dans son agenda, duplique cette invitation autour de lui, fasse en sorte que nous soyons les innombrables spectateurs d’une soirée percutante et les acteurs uppercutants d’une mobilisation ascendante pour laquelle il reste juste 120 jours.

 

 

 

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