[youtube http://youtu.be/fjqR7H6YumE?]
Malek Jandali: Watani Ana مالك جندلي: وطني أنا
[youtube http://youtu.be/fjqR7H6YumE?]
Si vous connaissez l'anglais, il y a aussi mon site parallèle, mais non identique http://bandannie.wordpress.com

L’information en soi n’est plus une surprise car il s’agit d’un événement prévu de longue date… Mais c’est le moment opportun de revenir sur un certain nombre de faits et de rappeler à une communauté de chercheurs (ici les physiciens), ses responsabilités.
La recherche en physique et le politico-militaire : une proximité historique
Plus que d’autres domaines de recherche, la recherche fondamentale et expérimentale en physique, et particulièrement en physique nucléaire, a toujours bénéficié du soutien des pouvoirs en place. Cette proximité avec le politique est surtout liée aux multiples applications que les recherches en physique ont permis dans le domaine de l’énergie et des armements. La mise au point d’armes nucléaires, de filières de production nucléaire pour ne citer que ces deux aspects n’a été possible qu’à la condition de disposer de moyens importants, financiers et logistiques, pour mener à bien des projets coûteux et complexes.
Hiroshima est le pire et le parfait exemple du résultat du comportement de certains groupes de scientifiques lorsque l’excitation liée à la recherche prend le pas sur toutes les considérations humaines et morales. A mon connaissance, aucun des scientifiques ayant participé au programme Manhattan n’a eu la décence de mettre fin à ses jours après cet acte barbare et d’un cruauté infinie. Le fait que la perversion ait été poussée au point de faire exploser LEUR bombe A à l’heure où les habitants se rendent dans les usines, bureaux et écoles pour entraîner le maximum de victimes a dû les laisser totalement indifférents… Gageons que même placé au centre d’Hiroshima le 6 août 1945 à 8 h 16 min, aucun des scientifiques du groupe Manhattan n’aurait vu ni remarqué quoi que ce soit.
La recherche fondamentale en physique est aujourd’hui plus que jamais dépendante de moyens colossaux mis à disposition d’équipes de chercheurs dont les découvertes – et la notoriété qui accompagne ces découvertes mais qui en réalité ne concerne qu’un microcosme vite retombé dans l’oubli général après d’épisodiques coups médiatiques – ne deviennent possibles qu’à la condition d’entretenir une forte imbrication avec les pouvoirs politiques.
Le CERN est-il une organisation pour la recherche, ou est-il devenu une institution relayant les impératifs de ses donateurs, quitte à renier tout sens moral et à déconsidérer profondément la recherche fondamentale ? Cette compromission éhontée avec l’Etat israélien, raciste, colonialiste, ultra-violent et belliciste illustre trop bien que la direction du CERN se comporte en composante zélée de l’oligarchie qui domine le monde contemporain. L’intégration de l’Etat sioniste au CERN comme Etat associé, avec la perspective d’une intégration complète et définitive dans un délai de 24 mois, jette une lumière crue sur l’absence totale de principes dans laquelle ceux et celles qui dirigent la recherche fondamentale sont aujourd’hui tombés.
De nouveaux moyens pour développer un savoir-faire meurtrier
L’Etat israélien est un Etat hors-la-loi, un « rogue State » (ou « Etat voyou »), qui a toujours refusé de signer le traité international sur la non-prolifération des armes nucléaires et a toujours refusé toute inspection des Nations Unies sur son arsenal et ses moyens nucléaires. Placé de façon privilégié dans le domaine extrêmement concurrentiel de la production d’armements toujours plus sophistiqués et meurtriers, l’Etat israélien n’a jamais hésité à se servir de ses différents champs de bataille (Liban, Palestine…) comme terrains d’expérimentation en massacrant des populations sans défense avec des moyens toujours plus élaborés.
Soyons certains que les résultats obtenus, et qui se traduisent en deuils et mutilations innombrables pour les populations du Moyen-Orient, figurent en bonne place dans les catalogues de ses revendeurs de matériel mortifère.
Prétendre que la participation israélienne au CERN serait cantonnée à des travaux de recherche à finalité forcément pacifiste, ou au moins non-belliciste, est une hypocrisie insigne. Pour peu que l’on connaisse le domaine des expérimentations, il est évident que le savoir-faire acquis dans un but spécifique (méthodes de conception de dispositifs innovants, veille technologique, mesures physiques, systèmes temps réel, qualité des logiciels etc…) est aisément transposable dans tout autre domaine ou projet. Nous pouvons être certains que les scientifiques et ingénieurs israéliens sauront faire bénéficier leurs institutions d’origine de toute innovation représentant un intérêt pour des applications répressives et militaires.
« Transfert de compétences, diffusion des savoirs, transferts de technologie » seront les termes alors utilisés pour édulcorer une réalité qui ne sera qu’une collaboration abjecte entre le CERN et l’occupation militaire israélienne en Palestine.
Un boycott… Mais comment ?
La période de 24 mois qui va s’étaler d’ici à la possible pleine adhésion d’Israël au CERN doit être mise à profit pour qu’une réaction forte venant avant tout des physiciens eux-mêmes mette le holà à cette collaboration scandaleuse entre un organisme dont la mission est la recherche fondamentale au profit du développement humain, et un Etat dont le racisme, la violence et l’absence complète de scrupules sont chaque jour condamnés par une partie de plus en plus large des populations en Europe.
Au niveau individuel, chaque chercheur et ingénieur peut refuser de travailler dans un groupe de projet incluant des chercheurs ou ingénieurs israéliens en invoquant une simple clause morale. Face à une réaction qui devrait être collective, les instances du CERN et des institutions qui y participent seront dans l’incapacité de prendre la moindre mesure de rétorsion à leur égard.
Boycotter l’Etat israélien et ses représentants au CERN est une nécessité du point de vue du soutien que nous devons apporter à la population palestinienne vivant sous occupation en Palestine, dans les camps de réfugiés du Moyen-Orient ou dans la Diaspora. Mais c’est aussi une nécessité pour que la recherche fondamentale ne soit pas encore plus discréditée qu’elle ne l’est aujourd’hui, dans un contexte de crise profonde où les impératifs sociaux pourraient bien un jour prendre le pas sur les énormes investissements imposés par cette même recherche.
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19 septembre 2011 – Communiqué par l’auteur
Director : Vibeke Løkkeberg
En anglais, mais les images n’ont guère besoin de commentaire, elles sont insoutenables
MINOUI,DELPHINE
Lundi 19 septembre 2011
Reportage
Wadi Khaled
(Liban, frontière syrienne)
DE NOTRE CORRESPONDANTE
Il a troqué son uniforme militaire contre une longue tunique blanche. Dans sa maison-refuge de Wadi Khaled, au bord de la rivière qui sépare, au nord, le Liban de la Syrie, Hassan Abdul Karim al Hamad peut enfin parler à visage découvert.
Ce jour-là, l’ex-premier lieutenant syrien, exilé depuis deux mois au pays du cèdre, est en pleine discussion avec d’autres soldats déserteurs. Assis en tailleur autour d’un café turc, ils parlent de « missions nocturnes » de l’autre côté de la frontière. « Je repars toutes les nuits à Homs pour protéger les manifestants et pour encourager d’autres militaires à lâcher le régime », nous confie, en aparté, le lieutenant repenti, aujourd’hui porte-parole de « l’Armée syrienne libre ».
Faut-il y voir l’ébauche d’une rébellion armée contre Bachar el Assad, après six mois de révolte pacifique ? Ces derniers jours, les rumeurs vont bon train sur des cargaisons d’armes qui traverseraient la frontière libanaise en direction de la Syrie. Plusieurs témoins évoquent des combats opposant les forces loyalistes à des militaires insoumis, notamment dans les villes de Homs, Idlib et Deir es Zor. Pour des raisons sécuritaires, Hassan préfère mettre l’accent sur les appels à la défection que son organisation ne cesse de faire circuler.
« Une de nos tactiques consiste en l’enregistrement de vidéos de repentis, postées sur l’Internet et diffusées sur les chaînes satellitaires comme Al Jazira », insiste l’homme à la barbe poivre sel qui officia pendant 29 ans au sein des puissants services de renseignement syriens. Lui-même s’est prêté à l’exercice dès son arrivée, en plein été, au Liban. Face caméra, on le voit présenter sa carte d’identité militaire, avant d’égrener ses griefs contre Damas. « Quand je suis entré dans l’armée, mon objectif était d’assurer la sécurité de mon pays mais la révolution nous a prouvé que le régime nous a trompés avec ses slogans », s’emporte-t-il devant l’objectif, avant d’accuser le pouvoir alaouite de « se faire épauler » par le Hezbollah libanais et les miliciens bassidjis d’Iran pour « tuer son propre peuple ».
Cette ingérence iranienne, condamnée par la communauté internationale, est difficile à vérifier à cause des restrictions imposées à la presse en Syrie. Mais les descriptions offertes par Hassan recoupent d’autres témoignages : « Quelques semaines après le début de la révolte, j’ai eu pour mission de diriger, à Homs, 27 membres du Hezbollah et 23 Iraniens. Ces derniers, connus pour être d’excellents tireurs d’élite, ne parlaient pas l’arabe. Par l’intermédiaire d’un traducteur, je devais leur indiquer les positions à partir desquelles ils devaient viser les protestataires. Au début, ils portaient des uniformes noirs. Puis on leur a donné des tenues militaires », raconte le lieutenant séditieux, dégoûté par ce « recours aux étrangers pour exécuter les basses œuvres ».
Mais c’est contre la « machine à tuer » syrienne dans son intégralité qu’il s’est rebellé en désertant l’armée. « Le déclic, je l’ai eu avec le massacre de la place Se’a Jadida – la place centrale de Homs – à la mi-avril. Les autorités voulaient nous faire croire que les protestataires étaient des « terroristes extrémistes » qu’il fallait éliminer. En fait, c’étaient des civils. Durant cette opération meurtrière, 300 personnes ont été tuées, dont une vingtaine de soldats qui refusèrent de tirer sur la foule. Trop, c’était trop ! », se souvient-il. Commence alors une course contre la mort, de Homs jusqu’aux montagnes du Nord Liban, où il finit par se réfugier.
Depuis l’annonce de sa défection, en juillet, Abdul Karim al Hamad dit avoir convaincu 55 militaires de le rejoindre ici. D’autres ont pris le chemin de la Turquie et de la Jordanie. Selon lui, « des milliers de membres de l’armée, essentiellement des sunnites, ont tombé l’uniforme militaire ». Le phénomène reste difficilement mesurable, la plupart des déserteurs craignant de se déclarer à cause des représailles, comme le récent enlèvement sur le territoire turc du colonel Hossein Harmouch, un des premiers à s’être dissocié de l’armée.
Jeudi soir, ce déserteur, encore endeuillé par l’assassinat de son frère quelques jours plus tôt, est soudainement réapparu à la télévision syrienne pour se livrer à des aveux forcés.
« Ce régime doit tomber ! », s’emporte Eyad – un nom d’emprunt. Croisé dans un centre de réfugiés de Wadi Khaled, cet ex-conscrit de 23 ans revient de loin. Evadé il y a vingt jours de sa caserne de Homs, il a perdu trois de ses six compagnons déserteurs. « Les forces de sécurité ont mis le feu à la maison d’un des villages où nous nous étions camouflés », dit-il. Les souvenirs remontent à la surface : « Dès la révolution tunisienne, en janvier, on nous a retiré nos téléphones portables. A la caserne, il était interdit de regarder la télévision. Quand la Syrie s’est enflammée, en mars, on nous a déployés dans les rues pour tirer sur la foule. Derrière nous, les forces de sécurité nous surveillaient en permanence. Un jour, un de mes amis soldat a refusé d’obéir. Il a été tué d’une balle dans la tête. Quelques jours plus tard, quand un officier a réalisé que je me contentais de tirer en l’air, j’ai pris la fuite avant qu’il ne me tue ». L’ex-soldat ajoute : « Il ne reste qu’une solution : la lutte armée ! » Mais les déserteurs sont sous-équipés, pas organisés. Ils ne feront pas le poids face aux forces dirigées par Maher al Assad, le frère de Bachar. « A moins que les pays étrangers ne nous fournissent des armes…