La prison, mémoire de la Syrie d’Assad


Après seize années passées en prison pour des raisons politiques, Yassin al-Hajj Saleh, une fois libéré, se lance dans des études de médecine puis dans l’écriture. Son troisième et dernier ouvrage publié dans la clandestinité fait la lumière sur la sombre machine à concasser les âmes et les os des opposants au régime des al-Assad. Paroles d’un rescapé au cœur libre.
Par Ziad MAJED
2012 – 08
Le 7 décembre 1980, Yassin al-Hajj Saleh, jeune homme de 20 ans et étudiant en médecine à l’université d’Alep, est arrêté par les services de renseignements du régime Assad. Il est « châtié » pour son engagement dans le Parti communiste – bureau politique (dirigé par Riad Turk) opposé au régime. Il est conduit sans acte d’accusation en prison où il passera 16 ans, dont la dernière année dans l’enfer de la prison de Palmyre !
Le 21 décembre 1996, Yassin est libéré. Il retrouve sa Syrie et se recueille sur la tombe de sa mère, décédée avant de l’avoir revu lui et deux de ses frères (Mostafa et Khaled) emprisonnés également durant la même période, mais pour des durées moins longues : 5 et 6 ans…
Il décide en 1998, par défi, de passer son diplôme de médecine et y parvient. Puis à partir de 2000, il commence à écrire et publier. Il devient en quelques années l’un des écrivains syriens et arabes les plus notoires. Autres que ses nombreux articles et recherches, Yassin al-Hajj Saleh a publié deux livres : Sourya min al-Zhil, Nazharat dakhil as-Sandouk al-Aswad (La Syrie de l’ombre, regards à l’intérieur de la boîte noire) en 2010 et Assatir al-Akharin (Les Légendes des autres) en 2011, une critique de la pensée islamique contemporaine et une critique de sa critique.
Depuis le début de la révolution syrienne il y a 18 mois, Yassin vit dans la clandestinité et publie ses textes dans la presse et sur Facebook. Son troisième livre est sorti le mois dernier. À travers ses pages, il cherche à se libérer du poids d’un sujet qu’il connaît tant, la prison, « pour mieux se préparer à accueillir la nouvelle Syrie, la nouvelle vie, et les nouveaux récits à venir ».
Bil-khalas ya Chabab ! (À notre salut, les jeunes !) est un recueil de 9 textes, précédés d’une introduction, évoquant sa vie dans les geôles syriennes. Les textes (à l’exception de deux entretiens) sont des essais racontant l’univers des prisons : l’espace, le temps, les prisonniers, la solidarité, la solitude, la peur, la torture, l’agressivité, la décadence, les tortionnaires, la faim, la corruption, le courage et la dignité. Un univers résumant la « condition humaine » sous un régime despotique qui cherche à écraser ses sujets et les déshumaniser.
Libérer la mémoire
Yassin raconte seize ans (et quatorze jours) de sa vie passés dans 3 prisons : Mosallamiyeh à Alep (de décembre 1980 à mars 1992), Adra au nord de Damas (d’avril 1992 à décembre 1995) et Palmyre (de janvier à décembre 1996). Ses essais contiennent des éléments les inscrivant à la fois dans la littérature carcérale, la sociologie politique et l’autobiographie. Plutôt que de coller à une discipline, il a avant tout cherché à organiser au mieux sa mémoire. Pour cela, il a analysé des contextes et des rapports, il a extériorisé des sentiments et raconté l’évolution des relations humaines dans trois lieux différents, traversés par des voyageurs/prisonniers. Tous portent en eux le temps, et essayent de le gérer au mieux sans pouvoir effectuer de compte à rebours, puisqu’ils ne connaissent pas (et heureusement pour eux) le nombre d’années que chacun doit passer.
Tête basse, tête levée
En décembre 1995, alors qu’il pensait que sa libération était une affaire de jours, Yassin est convoqué par des officiers des services militaires. Ces derniers lui proposent de « collaborer avec l’État » en signant une déclaration d’abandon de toute activité politique, et en acceptant d’écrire des rapports sur les « ennemis du président ». Il savait que son refus catégorique allait lui coûter cher, mais n’imaginait pas la suite… Quelques jours plus tard, il est envoyé, avec une trentaine de ses camarades, à la redoutable prison de Palmyre. C’est le voyage au bout de l’enfer. La découverte du lieu où les islamistes étaient incarcérés depuis la fin des années 1970, où le terrible massacre de 1980 avait eu lieu, et où les têtes sont baissées à longueur de journée, les yeux regardant le bas des dos des autres. Deux règles à ne jamais briser : ne jamais croiser les regards et toujours éviter de lever la main pour se protéger d’une gifle, d’un coup de pied, au risque d’en subir les conséquences graves.
Palmyre, c’était l’horreur au quotidien. La déshumanisation de l’être, la métamorphose de son corps, de sa silhouette, de ses rapports avec autrui. Alors que dans les deux prisons précédentes, Yassin et ses amis connaissaient les tortionnaires, comprenaient leurs regards et communiquaient avec eux, à Palmyre, il n’y avait que des voix, des accents, et la frayeur qui paralysait le dos. Jamais de visages, jamais d’yeux.
Une année dure, longue et atroce qui allait ravager des vies. L’auteur avoue même avoir souhaité repasser quelques mois dans son ancienne prison pour digérer son séjour à Palmyre, guérir de sa violence inouïe, avant de sortir et retrouver la vie « normale ».
La prison et ses intellectuels
Yassin n’attribue pas à la prison le mérite d’avoir formé entre ses murs et sous la lumière avare de ses lampes des intellectuels. C’est plutôt la résistance que certains ont menée contre le temps de la prison et contre l’oubli qui accomplira cette mission. Suite à des séries de protestations et de grèves de la faim (et à des pots-de-vin payés à certains tortionnaires), l’administration des prisons a accepté d’autoriser les livres en 1982, la télévision en 1986 et les crayons en 1988. Ainsi, des prisonniers allaient découvrir des œuvres de philosophie, de psychologie, de littérature, et allaient apprendre l’anglais. Ils seront meilleurs anglophones à leur sortie que beaucoup de leurs anciens camarades de classe à l’université !
C’est à ce niveau, de même qu’à celui des conditions de tortures physiques, que les détenus politiques de gauche avaient un « avantage » sur leurs voisins islamistes. Ces derniers, précise Yassin, subissaient toutes sortes d’humiliations, de violences, et finissaient dans leur majorité à Palmyre. Une hiérarchie dans la torture et la haine était ainsi pratiquée par les tyrans dans les geôles. Même à huis clos, le régime Assad cherchait à reproduire ses politiques de destruction et de fragmentation sociale.
La révolution comme véritable guérison
Après Mustafa Khalifé dans La coquille, Faraj Bayrakdar dans Les trahisons de la langue et du silence, et d’autres écrits sur les prisons syriennes, Yassin al-Hajj Saleh présente un nouveau témoignage poignant, puissant et intelligent, qui lui ressemble. Honnêteté et engagement, spontanéité de style et construction de la pensée, Yassin essaye de guérir en écrivant. L’arrivée de la révolution extraordinaire du peuple syrien accélère ce processus de guérison.
Les Syriens tournent aujourd’hui avec Yassin et des dizaines de milliers de citoyens et citoyennes comme lui, la dernière page d’une histoire, d’un livre. Ils vont reconstruire sur les décombres des prisons et des centres de détention, des musées de la mémoire et de la résistance à un des pires « États de barbarie » que l’histoire du monde arabe ait connus.

Faraj Bayrakdar


Faraj Bayrakdar est un poète syrien
né en 1951 près de Homs.
Son oeuvre, traduite en plusieurs langues,
a reçu divers prix littéraires,
notamment le prix Hellman-Hammet
(1998), l’American PEN Freedom-to-
Write Award (1999) et le Free Word
Award (Hollande, 2004). Ses premiers
recueils sont publiés dès 1979 ;
les pensées poétique et politique y
sont déjà intimement liées. Membre
du parti Baas, le poète s’en dégage
pour adhérer à un parti de l’opposition
: l’Organisation de l’action
communiste. Cet engagement provoque
son emprisonnement en 1987.
Comme plusieurs de ses camardes, il
est détenu sans accusation ni procès
jusqu’en 1993 où il est condamné
sans aucun recours juridique par la
Cour suprême de la Sûreté de l’État
à 15 ans de prison pour appartenance
à une organisation politique illégale.
Les autorités syriennes nient encore sa
torture bien qu’Amnesty International
affirme qu’il a souffert de plusieurs
dégâts vertébraux dont la déformation
de la colonne vertébrale jusqu’à
la nuque, suite à l’usage de la « chaise
allemande ». Durant sa captivité, paraît
à Beyrouth son quatrième recueil :
Une colombe aux ailes déployées. La
prison le pousse à apprendre à « écrire
sans papier ni crayon » des morceaux
confiés à sa mémoire orale et celle
de ses codétenus. Ils trouvent même
ensemble un moyen de fabriquer de
l’encre à partir de thé et d’émincés
d’oignon. Bayrakdar affirme : « La
poésie m’a aidé à emprisonner la prison.
» En novembre 2000, après 14
ans de captivité, dont 4 dans la prison
isolée de Tadmour, Faraj Bayrakdar
est libéré suite à une campagne de soutien
internationale. Il vit aujourd’hui
en Suède.

Un poème :

Visite
Enfin… !
Contrairement à ce que n’est
pas
Son habitude
Mon aimée
à l’appel de son nom
Sourit
L’univers alors célèbre la
naissance
De deux firmaments
nouveaux
Les papillons se parent d’ailes
Faites de liberté pure
Merci !
Disent les forêts
Elles démêlent leur chevelure
au peigne du vent
Merci !
Disent les mouettes
Elles secouent de leurs ailes
La fatigue des migrations
premières
(…)
Dieu à nouveau occupe son
trône
Enfin… !
Et tout comme à son habitude
La voix du gendarme
glougloute
Et annonce
Fin de la visite !
Alors
Les fenêtres de la prison
referment leurs paupières
Les visages des murs se
couvrent
De la couleur de la honte.
le 26 janvier 1993, prison de
Saydnaya.
Poème traduit de l’arabe par Ritta
BADDOURA.

Libérez Georges Abdallah


01 août 2012

 

Libérez Georges Abdallah: Beyrouth, 14 juillet 2012

Beyrouth, 14 juillet 2012: rassemblement pour la libération de Georges Ibrahim Abdallah, devant la résidence de l’ambassadeur de France au Liban.
Communiste révolutionnaire, militant pour une Palestine libre et démocratique, Georges Ibrahim Abdallah est emprisonné en France depuis 1984. Il est libérable depuis 1999.
Durée : 3’00

Réalisation: chris den hond

SYRIE: Le profil du régime des Assad


ARTICLE A LIRE AVEC LA VIDEO

http://syrianfacts.wordpress.com/2012/03/14/le-profil-du-regime-des-assad/

Un régime clanique, dont le cœur est alaouite.

Il est d’usage de dire que le régime syrien est alaouite. Ceci n’est pas totalement faux, mais il convient d’apporter des explications afin de clarifier une formulation peu précise :
Le régime syrien est un régime dont la tête est le clan Assad, dont le cœur est alaouite, et où le reste du régime est plus dilué, bien qu’à majorité alaouite.

 

L’histoire de la Syrie baathiste débute le 8 mars 1963, date de la révolution du parti Baath, conduite par le Comité Militaire et dont les membres les plus importants sont Mohamed Omran, Salah Jedid et Hafez Al-Assad, tous alaouites. La Syrie est alors dirigée par le Commandement National du Conseil de la Révolution.
Lorsque Hafez Al-Assad prend le pouvoir par un coup d’état, en 1970, il ne prétend pas faire la révolution mais s’inscrit au contraire dans le cadre de la révolution de 1963 dont il dit vouloir accomplir les objectifs, raison pour laquelle Hafez parle de « mouvement rectificatif ». Hafez continuera les purges initiées à l’ère Jedid pour ne s’entourer que d’hommes loyaux. Alors que Jedid a éliminé toute concurrence sunnite, druze ou ismaélienne, Hafez neutralise ses concurrents alaouites, dont Jedid ou Omran, ce dernier étant assassiné au Liban en mars 1972.

De fait, tous les postes clés, les postes qui comptent, sont dirigés par des alaouites proches de Hafez Al-Assad. D’une Syrie baathiste, on passe à une Syrie assadienne : on peut d’ailleurs entendre dans les manifestations des pro-Assad des slogans vantant la « Syrie des Assad ». Les Assad se sont appropriés la Syrie comme d’autres l’Arabie en l’appelant Arabie Saoudite.
La dictature de Hafez se structure alors autour de l’armée, de réseaux de cooptation, du parti Baath qui, vidé de sa fonction officielle, ne sert que de porte voix au discours officiel et de la mise en place du Ministère de l’Information qui se charge de la propagande d’Etat, en particulier afin de discréditer les adversaires de Hafez Al-Assad : ils sont systématiquement accusés d’être des ennemis de la révolution, de la nation arabe, des alliés des sionistes, etc… En bon dictateur, Hafez Al-Assad se confond avec l’Etat et toute critique envers sa personne est vue comme une trahison à la Syrie.

Le règne des moukhabarat

A cela, il faut ajouter les toutes puissantes moukhabarat qui ont pour mission le contrôle de l’ensemble de la société syrienne. Douze branches qui surveillent les moindres faits et gestes des syriens… et qui se surveillent entre elles ! Il n’est pas rare que les différentes branches interfèrent entre elles. Ainsi, il est possible d’avoir à demander une autorisation pour ouvrir un commerce aux moukhabarat de l’Armée de l’Air…

Un point méconnu : les moukhabarat œuvrent également à l’étranger. Les ambassades sont utilisées pour espionner les syriens expatriés. C’est ce qui explique que le mur de la peur, ce fameux mur tombé avec le début des révoltes en Syrie, touche l’ensemble des syriens. Hafez Al-Assad a pu affirmer qu’il se débarrassera physiquement de tous ses opposants, en Syrie et à l’étranger. Effectivement, dans les années 1980, des assassinats ciblés touchent des syriens expatriés, en particulier des membres de la confrérie des  Frères Musulmans. La vidéo cite le cas de Issam Al-Attar; celui ci s’est réfugié en Allemagne et se savait recherché par les moukhabarat. Sa femme avait reçu la consigne de n’ouvrir à personne hormis leur voisins allemands. Les moukhabarat ont donc pointé une arme sur les voisins pour les forcer à frapper à la porte de Issam Al-Attar. Ce dernier étant absent, c’est sa femme qui a ouvert et qui a été exécuté, le 17/03/1980 (Issam Al-Attar est toujours vivant).

Récemment, Damas a envoyé des voyous, avec des passeports diplomatiques, pour insulter et frapper les manifestants anti-régime à Paris !(lien) De nombreux autres cas ont été signalés.(lien)

Sans foi. Ni loi.

Le régime des Assad est, pour finir, un régime sans foi ni loi. La différence entre la Constitution et la réalité de ce que vivent les syriens est énorme. Par ailleurs, les membres du régime ne connaissent pas non plus de morale capable de les freiner dans leur folie.

Le récit de Moustapha Khalifé dans son livre « La Coquille » est intéressant car il  permet de voir tous ce qui définit le régime syrien.
Parce qu’il a critiqué la personne du président Hafez, à Paris, devant une connaissance syrienne qui s’avère être un indic, il est accusé, sans aucun jugement, d’être des frères musulmans…bien qu’il soit chrétien. Cela lui vaudra des années de prison, un calvaire où les traitements absolument inhumains, les insultes à la religion, et autres caractéristiques du régime des Assad apparaissent clairement.

« La Coquille » ne se lit pas d’un trait, mais force le lecteur à prendre des pauses, comme pour reprendre son souffle,   pauses pendant lesquelles il se pose toujours la même question : Pourquoi ? Et surtout : comment est-ce possible ?

Un régime de psychopathes

Bien que, comme nous l’avons mentionné, la dictature des Assad ne s’appuie pas exclusivement sur la répression, le recours à cette dernière reste le moyen principal  qui permet au régime de gouverner. La violence et la répression sont érigées en politique d’état : le criminel de guerre nazi Alois Brunner enseigne dans les prisons de Hafez Al-Assad des techniques « élaborées » de torture. Cette politique a naturellement favorisé et produit de véritables monstres qu’il est difficile de rattacher à la race humaine. Il est possible de diagnostiquer la psychopathie, au sens clinique du terme,  pour les membres du régime assadien, à tous les niveaux :

– Pas d’empathie : Les actes de cruauté qu’ils sont capables de commettre s’expliquent par un manque total d’empathie. Tous les témoignages de syriens torturés, montrent cet aspect cruel. Si le livre « La Coquille » revient sans cesse comme conseil de lecture, c’est parce qu’il est un des rares livres en français. Mais les témoignages et les récits sont nombreux :
« De l’Enfer à Harvard » de Bara Sarraj
« Trahisons du silence » du poète communiste Faraj Bayrakdar (lire à ce propos)
« Seulement cinq minutes… : neuf ans dans les prisons syrienne» de Heba Dabbagh (disponible en anglais)
La liste est longue, bien trop longue…

Il est également possible de consulter les rapports d’Amnesty International. Quoi qu’il en soit,  les images de la répression qui nous parviennent se suffisent à elles même : des blessés par balles qu’on frappe à coups de bâtons, des handicapés mentaux torturés, ou les enfants torturés de Deera sur ordre du cousin de Bachar Al-Assad : Atef Najib. Aucun de ces actes ne s’accompagne de remords, Atef Najib est toujours libre, et Bachar Al-Assad lui a promis de lui redonner un poste de responsabilités une fois les troubles finis.

–  Mensonge naturel : Le mensonge est pour eux un acte naturel, tellement naturel que rien ne vient trahir, dans le comportement de l’individu, son mensonge. Même devant l’évidence des faits, l’individu peut les nier sans sourciller. Comment expliquer autrement le déni de réalité de l’ensemble du régime syrien ?

–  Violence et impulsivité : Les membres du régime sont impulsifs et ont recours à la violence, quel qu’en soient les conséquences,  qu’ils n’ignorent pas pourtant. Quasiment tous les débats télévisés impliquant des membres du régime s’achèvent par des menaces, des insultes ou des petites bagarres !

Même au plus haut niveau de l’Etat syrien : Maher Al-Assad a ainsi tiré à bout portant sur son beau frère, Asef Chawkat lors d’une dispute en 1999 !

Respect de la hiérarchie : La hiérarchie est respectée par les voyous composant le régime, tant qu’ils en font partie ! Partout dans la chaîne de commandement, l’officier acceptera les insultes et menaces de son supérieur tant qu’il pourra user des mêmes méthodes sur qui se trouve en dessous de lui dans la hiérarchie.  C’est ainsi qu’il faut comprendre les « Il n’y a de dieu que Bachar Al-Assad» : C’est grâce à ce système des Assad que les voyous du régime peuvent exercer leur méfaits ; pour eux, celui qui est à la tête de l’état de la barbarie est effectivement un dieu.

Un profil pour mieux comprendre

Le profil du régime tel que présenté servira au lecteur pour mieux comprendre ce qui se passe en Syrie et pour mieux contextualiser les informations sur le régime. Ainsi, il est connu que la Syrie était un pays extrêmement calme avant mars 2011. Ce qui est à première vue un point à mettre à l’actif du régime doit être relativisé : d’une part, ceci est la conséquence de l’absence total de liberté, notamment l’interdiction de se réunir. D’autre part, la sécurité proposée est celle des mafias : le régime vous propose de vous protéger de ses propres méfaits. Osez vous rebeller, et c’est celui là même qui prétendait assurer votre sécurité, celui qui est censé vous protéger, c’est celui là qui vous mettra en insécurité. Les événements en Syrie le prouve largement depuis un an. Un peu comme dans les films de mafia, où les voyous cassent tout dans la boutique de l’honnête commerçant qui n’a pas voulu souscrire au “service de sécurité” des mafieux.

Le conflit syrien aimante les djihadistes


LOOS,BAUDOUIN

Mercredi 1er août 2012

SYRIE Les militants extrémistes se font plus nombreux mais restent très minoritaires

ANALYSE

Selon les allégations du régime syrien depuis le début de la contestation (devenue révolte) en mars 2011, les opposants appartiennent à la mouvance « terroriste », à savoir à l’islam extrémiste façon Al-Qaïda. Ce qui n’a longtemps été qu’un moyen pour Bachar el-Assad d’apeurer l’Occident devient peu à peu partiellement vrai.

Si quelques « fous d’Allah » étrangers avaient été repérés ici ou là en Syrie l’an passé – mais curieusement jamais arrêtés par l’armée loyale au régime… –, il apparaît maintenant que des djihadistes provenant d’une multitude de pays y arrivent par dizaines sinon plus pour combattre la secte « hérétique » alaouite dont le pouvoir provient.

Les témoignages se multiplient en ce sens. L’un de ceux-là est dû à deux photographes, hollandais et britannique, qui ont été détenus entre le 19 et le 26 juillet par un groupe de djihadistes étrangers. Leur mésaventure débuta tout juste après leur entrée en Syrie par la Turquie ; les militants qui les avaient arrêtés venaient du Bangladesh, du Pakistan, de Grande-Bretagne et de Tchétchénie.

« Ils étaient entre 30 et 100, tous étrangers, ont déclaré les journalistes au New York Times. Ils étaient extrêmement religieux. Ils n’étaient pas d’Al-Qaïda, ils étaient trop amateurs pour cela. » Les deux hommes ont été menacés de mort puis finalement libérés grâce à l’intervention énergique d’un groupe de combattants « sans doute de l’Armée syrienne libre » (ASL).

Un reporter de l’Agence France Presse a aussi rencontré des djihadistes dans la même région de Bab al-Hawa. Sans pouvoir vérifier leurs dires, il cite les origines revendiquées par les militants : Algérie, Maroc, Arabie saoudite, Emirats arabes unis, Egypte, Libye, Tunisie, Tchétchénie ou Somalie… Ils sont souvent venus dans le pays grâce aux informations recueillies sur des sites de propagande ultra-islamistes qui appellent les jeunes musulmans du monde entier à rejoindre le djihad en Syrie.

Ayman al-Zawahiri, l’Egyptien qui a pris la tête d’Al-Qaïda après la mort de Ben Laden, avait d’ailleurs lancé un appel en ce sens le 12 février dernier destiné « à tout musulman et à chaque personne honorable et libre en Turquie, Irak, Jordanie et au Liban », soit les voisins de la Syrie.

Le quotidien allemand Die Frankfurter Allgemeine Zeitung écrivait il y a un mois que les services secrets allemands estimaient à 90 environ le nombre d’« attentats » perpétrés par des groupes proches d’Al-Qaïda ou d’organisations similaires.

Mais les renseignements confirmés sur l’importance de la mouvance djihadiste étrangère en Syrie manquent. Même la CIA éprouve des difficultés à s’y retrouver, clame un article du Washington Post du 24 juillet en citant des sources officielles américaines. Pour ces sources, toutefois, si « la présence d’Al-Qaïda a pris de l’ampleur en Syrie ces six derniers mois, elle ne représente toujours qu’une petite fraction de l’opposition à Assad ». Un officiel précise : « Les rebelles tentent de garder leurs distances avec Al-Qaïda, ce qui laisse le groupe déconnecté du reste de l’opposition ». Une opinion corroborée par divers témoignages recueillis sur le terrain.

Cette méfiance est peut-être accentuée par des phénomènes comme certaines horreurs (tortures, notamment) attribuées par des vidéos à ces militants exaltés, et aussi par des bruits insistants sur les manipulations par le régime de certains groupes islamistes extrémistes comme ceux qui concernent l’un des principaux d’entre eux, Jabhat al-Nusra.

L’Armée syrienne libre, de son côté, a officiellement rejeté les djihadistes mais, sur le terrain, les choses se passent parfois autrement, hors de son contrôle. Ainsi, par exemple, le cas documenté par un reporter du Guardian à Deir el-Zouhour, non loin de la frontière irakienne : là, l’équipe d’un certain « Abou Khouder » se revendique à la fois d’Al-Qaïda et proche de l’ASL : nous apportons notre expérience acquise en Irak qui manque cruellement à nos frères de l’ASL, explique en substance le chef du groupe.

Enfin, comble de l’ironie, des témoignages donnent à penser que l’absence d’aide occidentale pousse certains dans les bras du militantisme religieux, comme l’explique au New York Times un Syrien exilé à Paris : « Le radicalisme est résultat de la perte de l’espoir ».

faits du jour

Les combats continuent à Alep

Les rebelles syriens ont usé de ruse et d’audace pour s’emparer mardi du plus important commissariat du sud d’Alep et abattre son chef, un général connu pour sa participation à la

répression. Cette bataille était l’un des principaux objectifs

des rebelles. Les forces gouvernementales et les rebelles envoient des renforts vers Alep, où des milliers de civils cherchent refuge dans les écoles, universités et mosquées. Par ailleurs, plus de 900 Syriens se sont installés dans le premier camp de réfugiés syriens en Jordanie. (afp)

Gouvernement en exil ?

L’opposant Haytham al-Maleh a annoncé mardi avoir été chargé par une coalition de Syriens « indépendants sans affiliation politique » de former un gouvernement en exil qui sera basé au Caire. Le principal groupe d’opposition, le Conseil national syrien, a estimé cette annonce « prématurée ». (afp).

source

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