Philippe, ex-SDF : « Ma grande peur, c’est de retomber à la rue »


Aurélie Champagne
Journaliste
Publié le 13/08/2012 à 14h39

Depuis notre rencontre en octobre 2010, la vie de Philippe a connu plusieurs révolutions.


Philippe sort de la rue (Aurélie Champagne, Olivier Volpi)

Aujourd’hui, il porte son trousseau de clefs noué autour du cou. Il a les cheveux courts, se rase de près, porte des habits propres et sent bon « l’eau de Cologne à la lavande achetée chez ED ».

« Normalement, je dis bien normalement, la rue, c’est fini pour moi. A 95%, je pense que c’est fini. »

« Un déclic », la pugnacité d’une assistante sociale, l’association des Petits Frères des Pauvres et une bonne part de chance ont permis son relogement.

Tout n’est pas rose pour autant. Philippe doit « faire ses preuves » et résoudre des problèmes qu’il n’avait pas forcément anticipés.

110 euros par mois pour vivre

Après trois mois d’hôtel à la semaine, il est passé à « l’hôtel social au mois avec cuisine », où il vit actuellement. Sa chambre de 14 m2 coûte 610 euros au mois. Il touche 310 euros d’Aide pour le logement (APL) et 410 euros de RSA.

« Une fois le loyer payé, il me reste une centaine d’euros. Avec ça, tu vis pas. C’est nouilles, riz et pas de folie. »

La CMU couvre gratuitement ses frais médicaux et sa carte « Transports solidarité » lui permet de se déplacer gratuitement. Pour se nourrir, il continue à fréquenter quelques associations, dont une banque alimentaire, deux fois par mois :

« Tu paies 5 euros et tu ressors avec l’équivalent de 20 euros de produits de première nécessité. »

Quand ses vêtements lâchent, il va à l’Armée du salut, « le meilleur vestiaire de Paris ».

« Un mec à la rue vit mieux que moi »

Ironique, il constate :

« A la rigueur, un mec à la rue vit mieux que moi. Il touche un RSA socle de 460 euros. Il peut vivre. Il n’a pas de loyer. Il ne peut pas cuisiner, mais il y a des associations et des distributions de nourriture. Moi, depuis que j’ai un logement, je ne peux plus bénéficier de certaines aides. »

La question du budget décourage parfois les sans-abri en réinsertion. Pas Philippe :

« Je ne ressens pas “ l’appel de la rue ”. Ce que j’y ai vécu pendant vingt ans n’a rien à voir avec ce que je vis depuis ma domiciliation. Je ne suis pas nostalgique. »

Ce qui reste : le bordel, la haine du gaspillage

« Il m’a fallu six mois d’adaptation, pour que je me sente vraiment “ADF” [avec domicile fixe, ndlr] », résume-t-il.

Les premiers temps, à l’hôtel, une sensation de claustrophobie le poussait à laisser toutes les fenêtres ouvertes. Elle a fini par passer.

Malgré tout, Philippe « garde encore des habitudes de la rue ». Sa plus grande obsession est le gaspillage :

« Je jette rien, surtout pas la nourriture. J’utilise les vêtements à fond, je collectionne les petits morceaux de sucre, quand il y en a un qui traîne, je le ramasse. Pareil pour le pain. Je préfère encore manger un morceau de pain rassi depuis deux jours que de le jeter. »

En ce moment, il collectionne les serviettes en papier.


Philippe et son patchwork « Brico Déco » (Aurélie Champagne, Olivier Volpi)

Même si les produits ménagers et produits de toilette représentent une part importante de son budget, Philippe éprouve une certaine difficulté à ordonner son lieu de vie :

« Le bordel, ça, ça me reste de la rue. »

Des services contre un petit billet

Pour arrondir les fins de mois, il a ses petits arrangements avec une paroisse qu’il fréquente de longue date. Il assure quelques heures de présence quotidienne dans une église et effectue des petits travaux d’entretien :

« Je rends aussi des services à des paroissiens contre un petit billet. »

Pour tout le reste, Philippe a appris à changer ses désirs plutôt que l’ordre du monde. De temps en temps, il s’autorise « une petite folie » : « Un traiteur chinois ou un cinéma. »

« A la rue, je le faisais jamais : tu sais que tu sens pas la rose, t’as tes bagages avec toi. Aujourd’hui, j’ai plus ces problèmes. Je rentre partout. La semaine dernière, je suis allé voir “ Batman ”. »

Philippe évite de penser aux vacances :

« J’ai pas vu la mer depuis au moins dix ans. »

Il rit :

« Si j’ai besoin de flotte, je vais à la piscine. »

La solitude, « le manque des copains »

Aujourd’hui, Philippe parle du « clan SDF » et du « clan ADF ». Socialement, il est encore dans un entre-deux pas toujours très chouette à vivre. Côté ADF, les amitiés sont inexistantes et certains regards le renvoient encore à son ancienne condition. Côté SDF, ses anciens amis de rue lui ont tourné le dos :

« Certains me disent que je m’embourgeoise. Il y a une certaine jalousie. Ils ne comprennent pas : la rue est une famille et je l’ai désertée. Souvent, je ressens le manque des copains. »

Philippe, ex-SDF, à propos de son entourage ADF et SDF.

Durée : 1’15

Ses anciens potes Paul et Daniel sont loin. Paul vivrait toujours au Maroc, « il a appelé la dernière fois pour que je l’aide avec son dossier de RSA ». Daniel serait parti le rejoindre :

« Il paraît qu’il s’est lancé dans un petit business de location de chameaux. Mais je ne sais pas le vrai du faux. Je ne les fréquente plus. »

« Peut-être que je deviens comme tout le monde »

Il reste silencieux un moment. Une pensée le taraude. Un changement s’opère en lui. Il peine à l’expliquer :

« C’est bizarre mais je l’ai remarqué : j’ai peut-être tendance à m’écarter des SDF maintenant. Bien que je l’aie été. C’est-à-dire que quand j’en vois un, je vais pas lui dire bonjour. Je m’écarte. Je crois que j’ai une autre façon de penser aujourd’hui. Je me dis : “ Ah, quand même, s’il voulait s’en sortir… ”

Pourtant, je sais d’où je viens. Je suis le premier à savoir ce que les SDF vivent, été comme hiver, mais je crois que je ressens comme un manque d’amitié pour eux. »

Il conclut, avec une pointe d’angoisse :

« Quand tu m’as connu, j’étais SDF. Je parlais comme un SDF parce que je vivais une vie de SDF. Quelques années plus tard, je crois que je parle et que je raisonne plus comme un ADF. En fait, peut-être que je deviens comme tout le monde. »

Sa copine et Fred

Pour tromper sa solitude, il fréquente Fred, un ancien SDF comme lui, en passe de sortir de la rue :

« C’est mon frère, on rigole ensemble plus qu’on ne se parle. Il n’y a que lui. »

Dans sa vie, Philippe a aussi « une amie » :

« Je la connaissais du temps de la rue, elle savait que pour moi, il n’était pas question d’avoir une relation en étant dehors. »

Depuis, les choses ont changé. Elle lui confie ses histoires, il l’écoute et l’accueille de temps en temps dans sa chambre.

Le retour timide de la famille

En juillet dernier, Philippe a fêté son anniversaire :

« 52 ans. Je suis fier de les avoir, avec tout ce qu’il y a derrière. »

Après un long silence :

« Mon frère m’a appelé pour me le fêter… Chose qu’il n’avait pas faite depuis une bonne dizaine d’années. Depuis qu’il sait que je suis sorti de la rue et que je tiens la route, il a repris contact. Petit à petit. Pour moi, c’est une reconnaissance. »

Philippe est ému. Pour la première fois, il parle de ses filles de 22 et 26 ans :

« J’ai été un papa voyageur, c’est comme ça qu’elles disaient. »

L’une d’elle l’appelle plus souvent maintenant.

Beaucoup de choses ont changé

En un an, beaucoup de choses ont changé. « J’ai grossi », sourit-il. Il parle aussi d’une forme d’« amour propre » qu’il sent revenir :

« Avant, on me marchait sur les pieds dans le bus, je disais rien. Aujourd’hui, je gueule. C’est un détail mais il y en a plein d’autres comme ça. »

Il évoque « l’odeur de rue » dont il s’est défait et s’avoue heureux de « passer inaperçu dans la masse ».

« A la rue, ça me serait jamais venu à l’idée de m’installer en terrasse de café ou dans un restaurant pour manger comme on fait là. Je savais très bien que, du fait de mon manque d’hygiène, je ne sentais pas bon. C’est de l’exclusion dans l’exclusion, tu vois. Je m’excluais moi-même. »

Philippe, ex-SDF, à propos de ’l’odeur de la rue »

Durée : 1’

Il a cessé d’écrire de la poésie :

« A la rue, je crois que c’était un exutoire. »

Retomber à la rue, sa « plus grande peur »

Il répète :

« Je sais d’où je viens. Et j’espère que je sais où je vais. Je fais tout pour ne pas retomber : je paie mes loyers, je tiens à jour mes dossiers RSA, CMU. Je sais bien que sortir de la rue, se réinsérer, ça prend pas un mois, pas six mois, pas un an. Aujourd’hui, retomber à la rue reste ma grande peur. »


Philippe au resto L’Echappée (Aurélie Champagne, Olivier Volpi)

Niveau santé, vingt années de rue ont laissé des séquelles : les mycoses et maladies de peau sont derrière, mais « les pieds et les genoux sont abîmés, à force de marcher tout le temps et de porter des sacs. Et puis, je suis à la limite du diabète. Pendant les années de rue, on se dit que tout va bien, ça tient, mais quand on en sort, on se rend compte qu’on n’est pas indemne. »

MERCI RIVERAINS ! Flapi

Des vétérans libyens entraînent les insurgés syriens


mardi 14 août 2012, par La Rédaction

D’anciens combattants de la guerre civile libyenne, à l’issue de laquelle l’ancien dirigeant Mouammar Kadhafi a été tué en octobre 2011, entraînent militairement les rebelles syriens, et les aident à s’organiser, a déclaré mardi à Reuters un combattant libyen.

Houssam Najjar, né de père libyen et de mère irlandaise, a fait partie du bataillon qui a investi le quartier général de Mouammar Kadhafi lors de la prise de Tripoli en août 2011, sous les ordres du chef milicien Mahdi al Harati.

C’est Mahdi al Harati, désormais à la tête d’une compagnie de rebelles syriens contre le président Bachar al Assad, qui a demandé à Houssam Najjar de quitter Dublin pour le rejoindre.

« J’ai presque pleuré quand j’ai vu leurs armes », raconte le vétéran de la guerre civile libyenne. « Les armes à feu sont absolument inutiles. On nous vend des restes de la guerre d’Irak, des restes d’ici ou de là. »

L’arsenal rebelle est devenu « cinq fois plus puissant » depuis son arrivée, selon Houssam Najjar, qui cite l’arrivée d’armes anti-aériennes de gros calibre, et de fusils à lunettes.

Le Libyen regrette le manque d’organisation des insurgés qui obéissent à des commandements locaux et peu coordonnés entre eux, même si beaucoup revendiquent leur appartenance à l’Armée syrienne libre (ASL).

« L’un des facteurs les plus importants dans le ralentissement de la révolution, c’est le manque d’unité parmi les rebelles », déclare Houssam Najjar. « Malheureusement, ce n’est que lorsqu’ils ont le dos au mur qu’ils s’en rendent compte. »

Houssam Najjar juge la situation plus dure que lors de la guerre civile libyenne, en raison d’une répression, selon lui, plus sévère que celle de Mouammar Kadhafi, et de l’absence d’une zone d’exclusion aérienne, comme celle que l’Otan avait imposé en mars 2011.

« En Libye, avec la zone d’exclusion aérienne, nous étions capables de rassembler entre 1.400 et 1.500 hommes au même endroit, et d’avoir des brigades et des pelotons », souligne-t-il. « Ici, nous avons des hommes dispersés ça et là. »

Source

Un diplomate syrien à l’ONU a fait défection


Le Monde.fr avec AFP et Reuters | 13.08.2012 à 09h21 • Mis à jour le 14.08.2012 à 09h26

Des habitants fuient les bombardements dans le quartier de Salaheddine, à Alep, le 6 août.
  • 18 heures : un diplomate syrien à l’ONU fait défection

Un diplomate syrien, Dany Al-Baadj, accrédité aux Nations unies à Genève, a fait défection. Il était le troisième secrétaire de la mission permanente de la Syrie au Conseil des droits de l’homme des Nations Unies (CDH). « La situation continue de s’aggraver. J’ai senti que je ne pouvais plus servir mon pays dans le camp du gouvernement« , a expliqué le diplomate à l’agence de presse suisse ATS. Dany Al-Baadj a précisé qu’il n’allait pas demander l’asile politique en Suisse mais que ses parents étaient avec lui à Genève.
Lire la suite ici

ida cha3bo yawman arad l7ayat



Poème original de Abou El Kacem Chebbi : « La volonté de vivre » (Iradat Ul-hayat)(adapté)

FREE LHAKED
Nordine Saidi dit : Mouad Lhaked est un jeune rappeur marocain, il a été enfermé derrière les barreaux à cause de ces paroles, critiquant le régime et la monarchie marocaine, une pensée à lui et tous les détenus politiques et d’opinion pendant ce mois béni… loin de leurs proches… qu’allah les libère tous.

Si le peuple veut la vie
Qu’il se lève pour défendre ses droits
Se taire jusqu’à quand ?
Ils exploitent nos richesses
Et nous jettent les miettes
Quand tellement de militant(es) se sont sacrifiés pour nous

A tous les Marocains. Aux enfants de la liberté. Ceux qui refusent l’humiliation. Ceux qui vivent la misère et l’injustice

Si le peuple veut la vie
Qu’il se lève pour défendre ses droits
Se taire jusqu’à quand ?
Ils exploitent nos richesses
Et nous jettent les miettes
Quand tellement de militant(es) se sont sacrifiés pour nous

Réveillez vous !
Regardez le peuple égyptien, le peuple tunisien
Ceux qui parlent de l’exception marocaine vous mentent

Vivre est un luxe
Et leur politique de décervelage est calculée
Débauches et télés réalités entre autres… pour nous distraire

Le silence est notre ennemi
On n’a pas d’autres choix que de lutter pour nos droits
Nous sommes les enfants du peuple et On leur fait peur !

Ce peuple qui subit en silence et traîne dans les rues, en a marre de tourner en rond
Et LUI qu’est ce qu’IL fait ? IL réunit son équipe pour raccommoder la constitution
Y’a de quoi devenir fou !!
Est-ce qu’ils veulent qu’on prenne les armes pour arracher nos droits ?
C’est à moi de choisir celui que je veux sacraliser
Et si tu veux nous comprendre
Viens vivre avec nous
Allah, La patrie, la Liberté (en réponse à dernière phrase de l’hymne marocain : Allah, la patrie, le roi)

Si le peuple veut la vie
Qu’il se lève pour défendre ses droits
Se taire jusqu’à quand
Ils exploitent nos richesses
Et nous jettent les miettes
Quand tellement de militant(es) se sont sacrifiés pour nous

Faut refaire l’équation
On veut un responsable qu’on puisse juger
Et non pas une créature inviolable

On nous dit : Attention n’en parles surtout pas
Ils vont te faire disparaître
Je le crie haut et fort
Qu’ils me fassent disparaître
Je veux mes droits
Qu’on me donne mes droits ou qu’on me tue

Vous spéculez sur nos dos
Vous nous vendez aux enchères
Et il vous en faut toujours plus
Vous vous partagez le butin
Et LUI baisez la main
Que vive mon père
Mais pas LUI, IL s’est accaparé de nos richesses
Et tant que je suis en vie, son fils n’en héritera jamais

Vous avez effacé notre histoire
Et voulez nous enterrez avec

Des paillettes et encore des paillettes
Notre roi est bon et généreux
Mais qui est le vrai généreux ?
La plus grosse partie de notre budget est déboursée sur LUI et ses palais.

Si le peuple veut la vie
Qu’il se lève pour défendre ses droits
Se taire jusqu’à quand ?
Ils exploitent nos richesses
Et nous jettent les miettes
Quand tellement de militant(es) se sont sacrifiés pour nous

Soutenez les enfants de Aïda le 25 août Place de la Monnaie


Objet : Les 2500 enfants du camp de réfugiés palestiniens de Aïda à Bethléem n’ont que les rues et l’occupation comme quotidien. Contribuez à leur offrir une plaine de jeux, un lieu sûr pour jouer. Faites un don BE13 523-0440150-39 Lajee Center 39/C4 Rue Félix De Cuyper 1070 Bruxelles Avec la mention : Plaine de jeux

Après négociation avec les forces de police, l’action prévue initialement Rue Neuve, aura lieu non loin de là, Place de la Monnaie le samedi 25 août 2012 de 14h à 16h. Au programme, tenue d’un stand…

Pour lire la suite  cliquez ici <http://plainedejeuxaida.over-blog.com/article-soutenez-les-enfants-de-aida-le-25-aout-place-de-la-monnaie-109059648.html>

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