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Syrie : nouvel attentat meurtrier à Damas
Le Point.fr – Publié le 04/01/2013 à 06:59 – Modifié le 04/01/2013 à 08:52
Un attentat dans la nuit de jeudi à vendredi a fait neuf morts, au lendemain du bilan annoncé par l’ONU de 60 000 morts en 21 mois de conflit.
Un attentat à la voiture piégée a fait au moins neuf morts à Damas dans la nuit de jeudi à vendredi, au lendemain de l’annonce par l’ONU d’un bilan de plus de 60 000 morts en 21 mois de conflit. Des enfants figurent parmi les victimes de cette explosion survenue dans un quartier du nord de Damas, où vit une importante communauté alaouite, la minorité religieuse du président Bachar el-Assad, a précisé l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).
Sur le plan diplomatique, alors qu’aucune solution politique n’a été trouvée du fait des divisions de la communauté internationale, l’ambassadeur pakistanais à l’ONU a évoqué la possibilité d’une nouvelle rencontre « la semaine prochaine » entre l’émissaire Lakhdar Brahimi et des responsables américains et russes. L’ONU avait annoncé mercredi un bilan de 60 000 morts dans le conflit, mais pour Karim Bitar, directeur de recherche à l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS), ce chiffre pourrait « ne pas faire de différence au niveau diplomatique ».
Des chiffres « statistiques »
« Toutes les grandes puissances ont leurs propres objectifs et elles semblent avoir décidé que les risques d’une intervention l’emportaient sur les avantages », estime-t-il. De plus, souligne cet expert, « le monde est désormais comme anesthésié, insensible face à ces chiffres, cela devient une statistique, chaque jour, 150 ou 200 morts de plus ». De fait, 160 personnes, dont 72 civils, ont péri jeudi à travers la Syrie, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH) qui s’appuie sur un large réseau de militants et de médecins.
La Syrie a basculé dans la guerre civile après que la révolte populaire lancée en mars 2011 et violemment réprimée par le régime s’est militarisée. Les combats opposent désormais les soldats à des déserteurs aidés par des civils ayant pris les armes, mais aussi des jihadistes venus de l’étranger.
100 000 morts, selon l’OSDH
L’OSDH a identifié plus de 46 000 morts en 21 mois, mais ne recense ni les milliers de personnes disparues ou en détention ni la plupart des morts parmi les « chabbihas », les miliciens du régime de Bachar el-Assad, et les combattants étrangers. De plus « les rebelles et l’armée ne révèlent pas le nombre de morts dans leurs rangs pour ne pas porter un coup au moral des troupes », a expliqué son directeur Rami Abdel Rahmane, qui estime qu’au total, le bilan pourrait dépasser les 100 000.
Alors que l’effusion de sang se poursuit en Syrie, le chef du Hezbollah libanais Hassan Nasrallah, fervent soutien de Damas, a averti que le pays était menacé de partition et a appelé une nouvelle fois à un « règlement politique », estimant que « si la solution militaire perdure, la guerre sera longue ». Sur le terrain, où de nouveaux raids aériens ont fait jeudi des victimes à travers le pays, selon l’OSDH, les rebelles intensifiaient leurs attaques contre l’armée de l’air et ses redoutables appareils.
Pour tenter de mettre un terme à leurs raids dans le Nord-Ouest, tenu en grande partie au sol par les rebelles, mais toujours à la merci de l’aviation, des centaines de combattants du Front djihadiste Al-Nosra et d’autres brigades islamistes attaquaient l’armée autour de l’aéroport militaire de Taftanaz, où ils avaient pénétré la veille avant d’être refoulés, selon l’ONG. Deux combattants libyens et un palestinien ont été tués lors de combats aux abords de Wadi Deif, une autre base militaire de la région, selon l’OSDH.
En outre, les insurgés ont lancé avant l’aube des offensives contre une base chargée de la protection de l’aéroport international d’Alep, fermé pour la première fois depuis mars 2011, selon l’OSDH.