Syrie : Assad a commis « une grave erreur », selon Medvedev


 

Le Monde.fr avec AFP | 27.01.2013 à 16h21

L'ancien président russe Dmitri Medvedev et le président syrien Bachar Al-Assad à Damas, le 11 mai 2010.

Le premier ministre russe, Dmitri Medvedev, a déclaré, dimanche 27 janvier, que le président syrien Bachar Al-Assad avait commis une « erreur peut-être fatale » en tardant trop à mettre en œuvre des réformes politiques. « Il aurait dû agir beaucoup plus vite et inviter l’opposition pacifique qui était prête à s’asseoir à la table des négociations avec lui », a déclaré M. Medvedev, cité par les agences russes. « Il me semble que ses chances de maintien (au pouvoir) s’amenuisent de jour en jour », a ajouté M. Medvedev au sujet de Bachar Al-Assad.

Le premier ministre russe s’exprimait dans une interview à la chaîne de télévision CNN réalisée en marge du Forum de Davos, en Suisse, dont l’intégralité a été publiée sur le site du gouvernement russe. M. Medvedev a souligné avoir essayé à plusieurs reprises de convaincre en personne M. Assad de dialoguer avec l’opposition, en vain. « A mon avis, les dirigeants syriens ne sont pas prêts à cela. Mais d’un autre côté, il ne faut en aucun cas permettre que l’élite politique soit emportée par un conflit armé », a estimé le chef du gouvernement russe.

« C’EST AU PEUPLE SYRIEN DE DÉCIDER »

Dans cette interview, M. Medvedev a réaffirmé la position de la Russie selon laquelle seul le peuple syrien est habilité à décider du sort du président Assad, dont les Occidentaux réclament le départ. « Je le répète une nouvelle fois : c’est au peuple syrien de décider. Pas à la Russie, pas aux Etats-Unis et ni à n’importe quel autre pays », a ajouté M. Medvedev.

La Russie, un des derniers soutiens du régime syrien auquel elle livre des armes, s’oppose à toute ingérence dans le conflit qui a fait selon l’ONU plus de 60 000 morts depuis le début de la révolution il y a près de deux ans. M. Medvedev a également réaffirmé que Moscou n’œuvrait pas au maintien au pouvoir de M. Assad. « Nous n’avons jamais dit que notre objectif était le maintien du régime politique actuel ou le maintien du président Assad. C’est au peuple syrien de décider », a-t-il insisté.

« NOUS AVONS EU DE BONNES RELATIONS »

La Russie n’a jamais été un allié exclusif de la Syrie ou de Bachar Al-Assad, a observé le premier ministre. « Nous avons eu de bonnes relations avec son père et avec lui, mais il a eu des alliés plus privilégiés parmi les pays européens », a-t-il observé. La semaine dernière, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, avait déclaré que l’éviction du président Assad ne figurait pas dans les accords internationaux et qu’elle était « impossible à mettre en œuvre ».

La Russie, seule grande puissance à entretenir encore des relations étroites avec Damas, a bloqué jusqu’ici avec la Chine tous les projets de résolution du Conseil de sécurité de l’ONU condamnant le président Assad. Samedi, le vice-premier ministre syrien Qadri Jamil avait déclaré à la radio Echo de Moscou que la Russie continuait de livrer des armes à Damas dans le cadre de contrats conclus de longue date.

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