Le Monde.fr | 12.02.2013 à 18h17 • Mis à jour le 12.02.2013 à 19h09

Près de deux ans après le début du soulèvement contre le régime de Bachar Al-Assad, le bilan humain en Syrie ne cesse de grandir. Selon les dernières estimations du Haut Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme, près de 70 000 personnes ont été tuées jusqu’ici.
L’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), ONG d’opposition basée en Syrie et dont les bilans des attaques quotidiennes sont les seuls disponibles, estime que ce bilan est actuellement plus proche des 60 000 morts.
OFFENSIVES ET ATTENTATS-SUICIDES
Sur le terrain, les combats ne baissent pas d’intensité entre l’armée régulière, qui attaque sans relâche les poches rebelles dans la capitale, Damas, et les rebelles, qui ont lancé récemment une grande offensive dans le nord et bientôt l’est du pays.
Les insurgés ont capturé récemment le barrage de Takba, sur l’Euphrate, et l’aéroport militaire de Djarrah, le tout dans la région cruciale d’Alep. Selon un des chefs militaires rebelles présents sur place cité par Reuters, deux chasseurs MIG opérationnels et un stock de munitions intactes ont été récupérés. « L’aéroport était utilisé pour bombarder les zones rurales à l’est et au nord d’Alep. En en prenant le contrôle, nous avons privé le régime de sa ligne d’approvisionnement d’Alep vers l’est », a-t-il ajouté.
Depuis plusieurs mois, les attentats-suicides ou à la voiture piégée se multiplient également sur le sol syrien. La plupart de ces attentats ont été revendiqués par les djihadistes du Front Al-Nosra, considéré par Washington comme une « organisation terroriste » et qui a connu une ascension fulgurante sur terrain.
REFUS DE « TRANSFÉRER LE POUVOIR D’UN CAMP À UN AUTRE »
C’est dans ce contexte que le ministre de la réconciliation nationale, Ali Haidar, s’est dit prêt à se rendre hors des frontières syriennes pour rencontrer Moaz Al-Khatib, le président de la Coalition nationale syrienne, qui a offert de discuter avec le régime.
« Je suis prêt à rencontrer M. Khatib dans n’importe quel pays étranger où je pourrai me rendre afin de discuter des préparatifs d’un débat national. Ce dialogue est un moyen de déterminer un mécanisme permettant d’aller à des élections présidentielle et parlementaires libres. C’est l’un des sujets qui seront mis sur la table », a expliqué le ministre, ajoutant néanmoins : « Cela ne peut être que le produit de négotiations, pas une condition préalable (…) Nous rejetons un dialogue qui viserait simplement à transférer le pouvoir d’un camp à un autre. »

Alors que ce conflit entrera le mois prochain dans sa troisième année, la Haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’homme Navi Pillay a une nouvelle fois fustigé le Conseil de sécurité de l’ONU pour son incapacité à agir en Syrie. Celui-ci reste divisé sur la crise, la Russie et la Chine, alliées de Damas, ayant bloqué toutes les tentatives occidentales pour faire pression sur Damas.