Les bourreaux de Baniyas sous les banières de Che Guevara et Bachar Al Assad.


2013/05/13

Traduction – éditée par A l’Encontre (12 – mai – 2013) – d’un entretien avec Abu Mohammad, témoin oculaire qui a survécu au massacre de Banias (2 et 3 mai 2013) et qui a raconté ce qui précède sur la chaîne télévisée Al-Arabiyah.

Syrie. Entretien avec un témoin des massacres de Banias

… il y avait des paroles que je n’arrivais pas à comprendre. Je suis un Syrien de Banias, de Ras-Elnabe’. Il y avait des choses que je ne pouvais pas comprendre. Certains d’entre eux portaient des habits de la marine, d’autres des vêtements civils et des souliers blancs. Ils étaient environ 150. Ils ont ensuite tué les enfants. Ils les ont empilés les uns sur les autres…

… Ils sont entrés à 3 heures 30 et ils ont commencé à bombarder. Ils tiraient environ 20 à 30 obus par minute. Les maisons étaient détruites et ils sont alors entrés dans les maisons pour tuer tous ceux qui étaient vivants. Je ne vous parle que d’une seule rue. Si vous comptez les autres rues, le nombre de morts dépasse les 1500. Il y en a plus de 1000 seulement à Ras-Elnabe’. Ils ont pris un camion (un camion congélateur) et ils ont commencé à jeter les corps dedans. Ils ont pris plus de 200 martyrs, plus de 200 martyrs…

Lorsqu’ils nous ont vus approcher, ils se sont sentis en sécurité et nous les avons portés et nous les avons emmenés. Je vous raconte ce que j’ai vu de mes propres yeux. Je suis retourné voir ce qui s’est passé dans le quartier, mais je n’ai trouvé personne d’autre. Plus de 1000 sont morts dans cette zone.

Ils s’en fichent donc des enfants, des femmes et des vieillards?

Un enfant de 15 jours a été tué.

Des gens affirment que des armes blanches ont été utilisées, avez-vous remarqué des personnes tuées à l’arme blanche?

Certaines personnes ont été tuées à l’arme blanche et au couteau, d’autres ont eu leurs têtes fracassées à coups de pierres jusqu’à ce qu’elles explosent. Ils n’ont pas épargné les enfants ou les vieillards. Les tueurs appartiennent à plus d’une confession Il y a des Alaouites et des chiites d’Iran. Il y avait des accents que je n’avais jamais entendus. Je suis un Arabe et un Syrien.

Je n’ai jamais entendu de tels accents. Il y a aussi la famille de Dandesh, ils ont tous été brûlés dans leurs maisons. Trois maisons proches les unes des autres. Ils les ont tous brûlés dans leurs maisons.

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Massacre dans le village de Bayda (AP, le 2 mai 2013)

Massacre dans le village de Bayda (AP, le 2 mai 2013)

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Le 6 mai une fuite est largement diffusée sur les réseaux sociaux:

La fuite provient d’une milice pro-Assad, la mal nommée « résistance syrienne » (!): Mihraç Ural aka Ali at-Kayyali, chef de cette milice, prononce un discours à ses hommes, aux côtés d’un dignitaire religieux alaouite quelques jours avant le massacre de Baniyas. La véritable résistance syrienne (révolution syrienne et Armée syrienne libre) partage le document:

20130512-214222.jpgLa Révolution Syrienne 2011

les responsables des massacres de Baniyas

Le chef Alaouite, Turc, de la résistance syrienne parle dans cette vidéo de la nécessité de «nettoyer» la ville de Banias il déclare « si nécessaire, nous allons participer à la bataille de Banyas et remplir notre devoir national » « Banias doit être assiégé, libéré et nettoyé » il explique que « Banyas est la seule voie [d’accès] pour les traîtres à la mer » en référence aux combattants de l’Armée syrienne libre.

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Les « traîtres », selon la mythologie de Mihraç Ural, sont les civils sunnites du district de Banyas qui seront victimes du massacre du 2 et 3 mai, et forcés à l’exil par les shabbiha d’Assad et Mihraç Ural. L’armée syrienne libre était absente de Banyas. Le compte Facebook du boucher de Banyas est litéralement pris d’assaut par les activistes anti-Assad, ses photos en compagnie des shabbihas du régime Assad sont largement partagées. Celle-ci [1] montre Miraç Ural en compagnie du dignitaire religieux alaouite Ghasal Yasar et du shabbiha médiatique algérien Yahia Zakaria (son public le qualifie de « penseur algérien« , « docteur« , ou « journaliste« ).

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Le 12 mai, le ministre turc des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu affirme que le Boucher de Banias et Bayda: Miraj Ural, est accusé d’implication dans des attentats de Reyhanli en Turquie:

La veille, deux voitures piégées ont explosées dans le centre de la ville, en février une autre avait tué 17 personnes à Cilvegözü (Bab-al-Hawa). Neuf membres de la secte de Miraç Ural ont été arrêtés par les autorités turques [2]. Selon All4Syria [3] qui cite Ahmet Davutoglu:  » En tant que leader du Parti de libération du peuple turc / Front (THKP / C) Miraj Ural est impliqué dans plusieurs groupes meurtriers appelés «Acilciler» («la hâte»), fondés dans les années 70. Oural est resté un initiateur des manifestations anti-turques en province d’Hatay l’annee derniere« . C’est à dire en 2012, l’année où l’ASL s’est engagée dans des combats contre le Régime Assad, la province turque d’Hatay étant considérée par les syriens comme une ancienne province syrinne (ville d’Antakya [Antioche]) rétrocédée à la Turquie par l’ancienne puissance coloniale française en 1939. Le site américain National Consortium for the study of terrorism and responses to terrorism a publié une fiche sur le Turkish People’s Liberation Front (TPLF) (THKP-C) [Türkiye Halk Kurtuluş Partisi-Cephesi (THKP-C) alias Turkish People’s Liberation Party-Front (TPLP-F)]. Le THKP/C était un groupe terroriste connu depuis 1971, relativement influent pour l’époque, issu des franges d’extrême gauche des années 60: le Mouvement des Jeunesses Révolutionnaires (Dev Genc). Ses sources de financement provenaient aussi de bracages de banques, comme Staline dans sa jeunesse… Fondé par Mahir Çayan, le THKP-C s’est vite séparé en trois groupes, eux mêmes générant de nombreuses entités qualifiées de terroristes. L’objectif de cette organisation était la mise en place d’un Régime marxiste/Léniniste en Turquie, donc à l’époque de l’URSS. Dans l’ouvrage Terrorism, 1992 – 1995: A chronology of Events and a Selected Annotated…, Edward F. Mickolus rapelle la proximité de Mihraç Ural et les trois frères Assad, il aurait même épousé la secrétaire de rifaat Al Assad. Traduction de la page 500:

[…]  » […] à Damas, Ocalan subissait une forte pression de la part des soviétiques pour qu’il crée un parti kurde communiste [en Turquie] avec les structures nécéssaires (politbüro et ainsi de suite). Mais il refusa.

Bayik rencontra beaucoup d’officiels bulgares, sovietiques, cubains, recherchant des parrainages et soutiens. Ces prises de contact et se sont transformées peu à peu en relations systématiques, utilisant principalement un contact du KGB au centre culturel soviétique de Damas. En 1980… le PKK infiltra ses groupes en Turquie au delà de la frontière syrienne, sous la direction de Mehmet Karasangur. Certains combattants ont survécu et sont parvenu à rejoindre Siverek et batman, la plupart ont été tués par l’armée [turque]. »

Entretemps, Jamil Al-Assad, le frère du président syrien [Hafz al-assad], a établi des contacts avec le PKK, comme le fit son autre frère Rifaat al-Assad. Rif’at al-Asad a entretenu des relations proches avec Miraç Ural, le chef hors-la-loi des groupes [de la bande de braqueurs abusivement nommée] Parti Acilciler de libération du peuple turc, ce dernier profite depuis de la citoyenneté syrienne, puis a épousé la secrétaire de Rifaat Al Assad.

 » Ayant établi ses relations, le destin d’Ocalan changea. Lui qui vivait en Syrie avec une seule paire de pantalons se retrouva soudain propriétaire d’une maison en ville, gracieusement offerte à lui par les syriens. Il entamait sa vie sous protection syrienne, et reçu sa premiere mercedes […]  »

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Depuis l’ère post-soviétique, certains résidus de la Loubianka sont toujours actifs en Turquie, d’autres comme Miraç Ural ont été récupérés par la dynastie d’Hafez al-Assad (l’autre supplétif du Kremlin depuis le coup d’état [réussi en Syrie] de 1970). L’éditeur Fawaz C. Najia publiait le 8 mai sur son blog Arabsaga, le billet Syria: Enter the ethnic cleanser of Banias consacré au boucher de Banyas: il qualifie Mihraç Ural de fugitif turc réfugié en Syrie d’Assad après le coup d’état [raté en Turquie] du 12 septembre 1980. Il ajoute qu’à Damas, il aurait présenté Abdullah Ocalan le leader du PKK, à Hafez al Assad et que Mihraç Ural publie sur Facebook d’anciennes photos de lui avec Abdullah Ocalan [4]. Il publie d’ailleurs de très nombreuses photos. L’une d’elles datée du 7 avril, le montre rassemblant ses troupes sous un portrait de Che Guevara [5], pour partir en croisade contre « la conspiration étrangère d’Erdogan, du Qatar, de l’Arabie Saoudite… contre la Syrie [=le Régime Assad] »:

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l’absurdité de la situation n’a pas echappé à la véritable résistance syrienne:

The Syrian Days Of Rage – English

Commander of the #Banyaas Massacre, who goes by the name ‘Ali Kayali’ and is from Antakya. These are the criminals who will only continue to kill. #Syria

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MihraçUralBacharAlAssadMalgré les relents nationalistes et confessionels de son discours, « l’extrémiste » (tel qu’il est qualifié par ses adversaires) « de gauche » (tel qu’il se présente lui-même), pose entre l’étoile rouge et le portrait de Bachar al Assad [6]:

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L’internationale propagandiste d’Assad au secours de Miraç Ural:

Bahar Kimyongür est un propagandiste originaire de la même région turque que Mihraç Ural, il diffuse la désinformation du Régime Assad en français depuis la Belgique et la France. Dans un récent texte consacré aux massacres de Banyas, il ne nie pas l’existence des victimes, mais nie la responsabilité du Régime Assad pour accuser comme toujours ces fameux « groupes terroristes« , il tentent aussi de blanchir Mihraç Ural et fait miroiter au lecteur un passé héroïque de guérillero turc engagé contre « la conspiration de la CIA en Turquie« . Le texte est publié sur le site Michel Collon, le shabbiha médiatique le plus popularisé par la galaxie collaborationniste francophone [7].

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Sources:

[1]

Die Syrische Revolution 2011 الثورة السورية ـ المانيا

Der Top-Terrorist Ali Kaiyali, der Kommandeur des sogenannten syrischen Widerstandes, und der für die Massaker in Banias verantwortlich ist. Rechts: der algerische Schabih Yahia Zakaria und links der Schabih Ghasal Yasar

العقل المدبر للمجازر في بانياس الشبيح المجرم الطائفي الارهابي علي كيالي قائد مايسمى المقاومة السوريه بالمنتصف مع الكلب الجزائري الشبيح يحي ابو زكريا يمين والشبيح موفق غزال يسار

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[2]

mihrac3a7uralbutcherofbanyasLa Révolution Syrienne 2011

Le Boucher de Banias derrière les attentats en Turquie Neuf personnes ont été placées en garde à vue en lien avec les attentats d’hier à Reyhanli en Turquie, ils appartiennent tous au même groupe armé appelé « Résistance Syrienne » commandé par un Alaouit Mieraj Oural partisan du régime de Bachar Al Assad https://www.facebook.com/photo.php?fbid=489248481142942&set=pb.142327769168350.-2207520000.1368354833.&type=3&theater

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[3]

Die Syrische Revolution 2011 الثورة السورية ـ المانيا

Butcher of Banias Bayda Miraj Ural accused of involvement in bombings in Turkey, the Turkish Foreign Minister Ahmet Davutoglu said. Laut all4syria: Der im Jahre 1980 nach dem Militärputsch nach Syrien geflüchtete türkische Linksextremist Mihraç Ural, alias Ali Kai`yali, genannt der Schlächter von Banias, soll hinter den Anschlägen im Grenzort Reyhanli stecken. Das sagte der türkische Außenministe…r Ahmet Davutoğlu. Ural genuss Asyl in Syrien und er ist schon eingebürgerter Importterrorist. Als ein Führer der Türkischen Volksbefreiungspartei/Front (THKP/C) und deren in mehrere Mordanschläge verwickelten Splittergruppe mit dem Namen „Die Eiligen“ („Acilciler“), die in den 70er-Jahren gegründet wurde, blieb Ural auch als Initiator antitürkischer Proteste in Hatay im letzten Jahr in Erinnerung. Er soll außerdem eine bewaffnete Gruppe namens „Widerstand“ in Syrien befehligt haben.

جزار بانياس والبيضا معراج أورال متهماً بالتورط في تفجيرات تركيا ام وزير الخارجية التركي داوود أوغلو بزيارة إلى مدينة الريحانية في أنطاكيا للإطلاع على حادثة التفجير فيها، وصرح أن الانفجارات التي حدثت اليوم في الريحانية تبين أنها من تنفيذ النظام السوري عبر المطلوب للعدالة ” معراج أورال” واسمه المزيف علي كيالي الذي يقود ما يسمى اللجان الشعبية في بعض مناطق سورية. يشار أن الشبيح معراج يعد المسؤول الأول عن مجزرة بانياس والبيضا.

http://all4syria.info/Archive/81780

http://dtj-online.de/news/detail/2218/fluchtiger_turkischer_linksterrorist_befehligte_massaker_von_banias.html

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[4]

MihraçUralAbdullahOcalan

MihraçUralAbdullahOcalan2

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[5] propagande:—.facebook.com/photo.php?fbid=412639632165554&set=a.104968396266014.10234.100002585630850&type=3&theater

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[6]

English Speakers to Help The Syrian Revolution

Miraj Oral, this man is responsible for the ethnic cleansing and the horrible massacres in Banias. He is from Iskandarun. We hope he will get a suitable punishment real soon.

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[7] propagande:—.michelcollon.info/Syrie-Apres-le-massacre-de-Banias.html

Michel Collon est un invité opportun de l’émission Ce Soir Ou Jamais presentée par Frederic Taddeï sur France3. Michel Collon y intervient en général aux moments délicats pour provoquer l’opinion publique francophone contre des mesures gouvernementales qui gênent les dictatures:

Par exemple suite au vote de la résolution 1973 à l’ONU réclamée par le peuple libyen contre Kadhafi, intervention en français immédiatement traduite et diffusée en arabe par les relais conspirationnistes tunisiens.

Ou suite à l’engagement militaire de la France à la demande du Mali et des maliens. Intervention immédiatement traduite et relayée par les réseaux croyants, pour faire croire au complot occidental contre l’Islam.

Pour cette raison, Frédéric Taddeï présente ce propagandiste sous l’étiquette de « journaliste d’investigation« , afin de mettre le public dans la poche des dictateurs, ou des provocateurs radicaux qui peuvent, sur des terrains paralleles, gêner les adversaires des dictatures vassales du Kremlin.

.source

« IN TRANSITION, les demandeurs d’asile s’exposent –


  1. « IN TRANSITION, les demandeurs d’asile s’exposent – Asielzoekers stellen tentoon ».
    Vernissage 15/5 – 18h
    16/5 – 20/5 : 11 -20h
    ———————-« IN TRANSITION », une exposition multimédia qui invite le spectateur à s’élever au-delà des stéréotypes et à pénétrer l’univers, notamment artistique, de ces personnes que l’on appelle communément « migrants » ou « demandeurs d’asile ».

    • « Récits de vie », un des 15 modules de l’exposition « In Transition – Les demandeurs d’asile s’exposent » (du 15 au 20 mai – Rue du Viaduc, 33 à 1050 Ixelles).Les migrants sont souvent cantonnés dans une représentation située à la marge de la société, dans un monde caractérisé par le silence et l’invisibilité. Ils sont pourtant là en grand nombre, juste à côté de nous, apportant une vaste multitude d’identités et de bagages culturels. Chacune de ces personnes a sa propre personnalité et son histoire, mais toutes s’homogénéisent entre-elles sous l’étiquette commune de demandeurs d’asile.

      Le livret des récits de vie, au contraire – basé sur le concept de l’exposition intitulée In Transition – donne l’occasion à ces personnes de partager leurs histoires individuelles, de saisir leurs sentiments et leurs pensées et ainsi peut-être de trouver un point de connexion avec la société du pays d’accueil, au-delà des murs du centre d’hébergement et des bureaux de l’administration.

    « IN TRANSITION » Expo/tentoonstelling – Les demandeurs d’asile s’exposent – Asielzoekers stellen tentoon – 15/5 -> 20/5

    15 mai à 18:00
    Rue du Viaduc, 66, 1050 Ixelles – Quincaillerie Vander Eycken – Viaducstraat 66, 1050 Elsene
    S’inscrire · 303 personnes y participent
    Photo : In transition, une exposition multimédia qui invite le spectateur à s’élever au-delà des stéréotypes et à pénétrer l’univers, notamment artistique, de ces personnes que l’on désigne communément  "migrants" ou "demandeurs d’asile". </p><br /> <p>In transition, een multimediatentoonstelling die de toeschouwer ertoe aanzet om boven de clichés en de – ook kunstzinnige – wereld te doorgronden van mensen die men doorgaans “migranten” of “asielzoekers” noemt.

Maroc : le 20 février, vu par ses artistes


Publié le 12 mai 2013 par Baudouin Loos

Mais que se passe-t-il au Maroc ? Alors que de nombreux pays arabes ont connu leur « printemps » en 2011, le royaume chérifien constituerait-il une exception ? Erreur ! La jeunesse marocaine a eu son mouvement cette année-là, celui qu’on appellera du « 20 Février ». Le réalisateur belgo-marocain Jawad Rhalib, qui est né et a grandi au Maroc, en a fait le thème d’un documentaire, Le Chant des tortues, et il sort bientôt en Belgique (1).

C’est peu dire de Jawad Rhalib qu’il ne cache pas sa sympathie pour le 20 Février. Par ses images – d’une exceptionnelle beauté plastique – et par les personnages choisis, son approche ressemble à une ode à la liberté, à la laïcité, aussi. Pourtant, le 20 Février pouvait compter à l’origine sur l’appui de « Al Adl wal Ihsane » (justice et bienfaisance), le puissant mouvement islamiste qui conteste le régime royaliste, mais celui-ci s’est toutefois retiré du 20 Février en décembre 2011, privant les contestataires d’une majorité de leurs militants.

Le parti pris de Jawad Rhalib ? Celui de décrypter le mouvement à travers ses artistes. Des peintres et des musiciens, surtout, dont les faits et gestes rythment le film. Un vrai sage, le journaliste vétéran Khalid Jamaï, vient aussi donner à cette jeunesse pleine d’espoir l’éclairage de l’expérience ou même lui prodiguer, le mouvement s’essoufflant, des paroles de nature à rasséréner les plus déçus.

A l’instar du mouvement du 20 Février, le travail de Jawad Rhalib reste tout de même dans les normes de ce qui peut se faire au Maroc. On n’y trouve nulle trace de contestation de l’omniprésente autorité, spirituelle ou politique, du roi Mohammed VI, ni même de ce fameux « makhzen » – l’oppressante autant que crainte administration pyramidale depuis le palais jusqu’au dernier « caïd » dans le bled. On n’y parle pas de torture mais bien, et comment ! de corruption…

Le Chant des tortues n’est d’ailleurs pas non plus un documentaire à prétention exhaustive sur le 20 Février. Ses forces et ses faiblesses ne s’y retrouvent pas analysées de manière exhaustive. Ce n’est pas son but. Cependant, à travers les états d’âme de ses divers protagonistes, souvent attachants, le festin funeste du mouvement pacifique n’est pas dissimulé. Funeste ? Le mur de la peur est tombé, fait remarquer Khalid Jamaï. Et cela, au Maroc, c’est une avancée d’une portée sans doute historique.

BAUDOUIN LOOS

(1) Après une salle comble au Flagey le 10 mai, des avant-premières suivies de débats se dérouleront dans différentes salles, alors que la sortie nationale est prévue du 20 mai au 18 juin. A l’Aventure (Galerie du Centre, 1000 Bruxelles), mardi 21 mai à 19h30, et une sortie par semaine à partir du 21 mai. A Churchill (Liège), jeudi 23 mai à 20h00, avec une sortie par semaine à partir du 23 mai et au Plaza Art (Mons), mercredi 28 août à 20h00, avec une sortie par semaine à partir du 28 août.
Détails: http://www.facebook.com/TheTurtlesSong