Syrie : pas seulement la honte mais l’obscénité


France Inter l’émission du mardi 14 mai 2013

Le drame syrien et l’inaction internationale

Ce n’est désormais plus seulement une honte. Il n’y a désormais plus qu’un mot, celui d’obscénité, pour qualifier l’inaction du monde, de ses organisations internationales et de ses grandes capitales, devant le drame syrien. On en est à plus de 80 000 morts en deux ans. Plus du quart de la population syrienne est désormais constitué de réfugiés et de déplacés, 5 600 000 personnes en tout. Les massacres sont quotidiens. Le recours à l’arme chimique, au gaz sarin, par le pouvoir en place ne semble plus guère contestable et que fait ce qu’on appelle la « communauté internationale » ?

La Chine et la Russie bloquent toute résolution du Conseil de sécurité car ni l’une ni l’autre ne souhaitent qu’une nouvelle dictature ne tombe sous les coups d’une insurrection populaire qui pourrait donner des idées à leurs propres populations. L’Iran chiite, pour sa part, arme et finance le régime de Bachar al-Assad car il ne veut pas laisser s’effondrer le seul Etat de la région qui lui soit allié et lui permette de se projeter jusqu’au cœur du Proche-Orient sunnite.
Quant aux Occidentaux, c’est plus affligeant encore.

Contrairement à la Chine, la Russie et l’Iran, ce n’est pas même qu’ils défendent une raison d’Etat. Non, ils sont tout simplement perdus, divisés, changeants – paralysés par leurs difficultés budgétaires, leur souvenirs d’Irak et d’Afghanistan et leurs craintes, surtout, que les armes qu’ils pourraient livrer à l’insurrection ne tombe entre les mains de djihadistes. A force de pas savoir prendre une décision, les Occidentaux ne font ainsi que renforcer les rangs des djihadistes au sein de l’insurrection, qu’accréditer l’idée qu’ils ne brandiraient leurs principes que lorsqu’ils servent leurs intérêts, que se discréditer et si bien laisser ce drame s’approfondir qu’il devient chaque jour plus insoluble.

Le sang coule, la barbarie triomphe, cette crise contamine tout le Proche-Orient et, comme personne n’est tout de même complètement aveugle, le monde s’agite, comme  des mouches dans un bocal. Se rendant compte qu’elle ne peut plus tabler sur la survie du régime Assad, la Russie se rapproche des Etats-Unis qui finissent eux-mêmes par se dire qu’une période de transition négociée avec la dictature vaudrait mieux qu’un total chaos les obligeant à intervenir trop tard.

Très bien. Peut-être. Pourquoi pas mais, à défaut d’un véritable accord entre elles, l’Amérique et la Russie n’ont fait qu’appeler, il y une semaine, à la réunion d’une conférence internationale dont les objectifs sont si peu clairs que sa tenue est déjà repoussée, pendant que tout s’aggrave toujours plus.
Frappée par un attentat dont elle a toute raison d’accuser les services syriens, la Turquie membre de l’Otan presse les Occidentaux de se montrer plus fermes.

Les Israéliens font pression sur la Russie pour la dissuader de fournir au pouvoir syrien des missiles sol-air qu’ils menacent implicitement de détruire sitôt qu’ils seraient livrés. L’insurrection n’en finit plus de se réunir pour tenter de resserrer ses rang. Les Européens avertissent que leurs capacités d’aide aux réfugiés seront bientôt épuisées et, dans ce fiasco international, la Syrie tombe toujours plus bas, entraînant tout le Proche-Orient avec elle.

source

Syrie : SOS Qousseir


anniebannie : et c’est en incluant ce type-là que les Russes veulent engager des « négociations » ?
L’armée de Bachar progresse dans la région de Qousseir, un massacre est craint, ça rappelle quelque chose, non?

30.000 civils face à un « danger imminent » à Qousseir selon l’opposition

BEYROUTH, 14 mai 2013 (AFP)

Près de 30.000 habitants de Qousseir, fief rebelle dans le centre de la Syrie désormais pris en étau par l’armée, font face à un « danger imminent », a prévenu mardi l’opposition syrienne, mettant en garde contre de « nouveaux crimes » si
l’armée entrait dans la ville.
Le président syrien Bachar « al-Assad a mobilisé des troupes en direction de la ville de Qousseir, dans la province de Homs (…) plusieurs informations font état de plus de 30 chars et un grand nombre de soldats se rassemblant actuellement dans le village d’Aboudiyyé, à la périphérie de la ville », indique le communiqué de l’opposition.
« Il s’agit d’une situation extrêmement dangereuse. Nous mettons en garde que de nouveaux crimes pourraient être commis par Assad prochainement contre les résidents de Qousseir. Nous appelons des organisations des droits de l’Homme à se diriger immédiatement vers Qousseir pour aider à sauver 30.000 civils qui font face à un danger imminent », poursuit le texte.
Depuis plusieurs semaines, l’armée syrienne, appuyée par des combattants du puissant parti chiite libanais Hezbollah, progresse dans la région stratégique de Qousseir, qui relie Damas au littoral. Lundi, elle a pris trois nouveaux villages et coupé la route d’approvisionnement des insurgés retranchés dans la ville.
L’opposition a renouvelé son « appel à la communauté internationale pour agir rapidement à travers le Conseil de sécurité de l’ONU », qui doit « prendre une décision pour forcer le Liban à contrôler ses frontières et garantir ainsi le
retrait des membres du Hezbollah du territoire syrien ».
Le directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane, a également affirmé lundi à l’AFP craindre un « massacre » à Qousseir si les forces pro-gouvernementales prenaient d’assaut la ville.
La ville, un important fief rebelle qui résiste à l’armée depuis un an, est encerclée de trois côtés selon les militants.