VIDÉO. Philippines : désolation et pillage après le passage d’Haiyan


Le Point.fr – Publié le 10/11/2013 à 08:56 – Modifié le 10/11/2013 à 16:40

Le typhon le plus violent de l’histoire aurait fait au moins 10 000 victimes. Sur place, les survivants manquent de tout et sont réduits au pillage.

Le typhon Haiyan a ravagé le centre des Philippines.
Le typhon Haiyan a ravagé le centre des Philippines. © Noël Celis / AFP

Le bilan d’un des plus violents typhons à avoir touché la terre s’est brusquement aggravé dimanche, les autorités philippines évoquant désormais plus de 10 000 morts et 2 000 disparus, faisant de Haiyan la catastrophe naturelle la plus meurtrière de l’histoire récente du pays. Deux îles du centre de l’archipel, qui se trouvaient exactement dans la trajectoire de Haiyan quand il a frappé vendredi à l’aube, sont particulièrement affectées : les autorités craignent 10 000 morts sur Leyte. Elmer Sorai, un haut responsable de la police à Tacloban, une des villes les plus touchées, a déclaré à la presse : « Nous avons eu une réunion avec le gouverneur la nuit dernière, et en nous basant sur les estimations du gouvernement, il y a 10 000 victimes (décès). »

Sur Samar, 300 personnes sont confirmées mortes à Basey, une petite ville, et 2 000 sont portées disparues dans toute l’île, a indiqué Leo Dacaynos, membre du conseil de gestion des catastrophes, à la radio DZBB. Des dizaines de morts ont également été annoncées dans d’autres villes et provinces ravagées par le typhon, qui s’avançait sur un front de 600 kilomètres. De nombreuses localités restaient coupées du monde alors que les autorités semblaient dépassées par l’ampleur de la catastrophe et le nombre de survivants à secourir.

Destruction et pillage

À Tacloban, une ville côtière de Leyte, Edward Gualberto titube sur des cadavres pour récupérer dans les décombres d’une maison effondrée des boîtes de conserve. Plus loin, une boucherie miraculeusement épargnée par la tempête est attaquée par la foule, devant son propriétaire impuissant. Et un convoi d’aide de la Croix-Rouge a été pillé, à proximité de la ville. Les forces de l’ordre sont presque absentes. Dans un décor de fin du monde, des files d’hommes, de femmes et d’enfants avancent le long des routes, le nez recouvert d’un tissu pour masquer l’odeur pestilentielle des cadavres.

© Sipa

Maisons rasées, pylônes électriques arrachés, voitures renversées et survivants hébétés dans les rues : après le passage de Haiyan aux Philippines, accompagné par des vagues de plusieurs mètres et des vents atteignant des pointes à 315 km/h, le paysage évoquait pour certains les destructions causées par le tsunami en Asie en décembre 2004. « Ce sont des destructions massives. (…) La dernière fois que j’ai vu quelque chose de cette ampleur, c’était à la suite du tsunami dans l’océan Indien » qui avait fait 220 000 morts, a déclaré à Tacloban Sebastian Rhodes Stampa, chef de l’équipe de l’ONU chargée de la gestion des désastres.

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L’aide tarde à arriver. À Tacloban, Emma Bermejo, propriétaire d’une petite pâtisserie, évoque des scènes d' »anarchie ». « Il n’y a aucun membre des forces de l’ordre, l’aide met trop de temps à arriver. Les gens sont sales, affamés et assoiffés. Encore quelques jours, et ils vont commencer à s’entretuer », assure-t-elle.

L’aide internationale s’organise

Devant l’ampleur de la catastrophe, plusieurs pays ont proposé leur aide. Les États-Unis vont fournir des hélicoptères, des avions, des navires et des équipements destinés à la recherche et au sauvetage, après une demande de Manille, a annoncé le secrétaire américain à la Défense Chuck Hagel. L’Australie et la Nouvelle-Zélande ont accordé dimanche une aide de près d’un demi-million de dollars US (370 000 euros), alloués à la Croix-Rouge de l’archipel. De son côté, le PAM (Programme alimentaire mondial), une agence de l’ONU, est en train d’organiser le transfert de 40 tonnes d’aide alimentaire. L’Unicef, l’agence onusienne pour l’enfance, a déjà préparé 60 tonnes de matériels de santé et de survie qui partiront d’un de ses centres de logistique à Copenhague et devraient arriver aux Philippines mardi.

La Commission européenne « a déjà envoyé une équipe pour assister les autorités, et nous sommes prêts à contribuer (aux secours) par une aide d’urgence si cela est requis », a fait savoir son président, José Manuel Barroso. Le pape François a appelé dans un tweet les catholiques à prier pour les victimes et à apporter « une aide concrète », et le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, s’est dit « profondément attristé par l’ampleur des pertes humaines ».

Chaque année, les Philippines sont frappées par une vingtaine de grosses tempêtes ou de typhons, entre juin et octobre. L’archipel est la première terre sur la trajectoire de ces phénomènes météorologiques qui se forment au-dessus du Pacifique. Typhons, séismes, éruptions volcaniques…, le pays subit régulièrement les foudres de la nature, avec presque à chaque fois un bilan d’autant plus meurtrier que la nation est pauvre et gangrénée par la corruption. Si le bilan de plus de 10 000 morts se vérifie, Haiyan sera la catastrophe naturelle la plus grave de l’histoire récente des Philippines. La précédente date de 1976, lorsqu’un séisme et un tsunami avaient causé la mort de 5 000 à 8 000 personnes sur Mindanao, une île du Sud.

Le Vietnam en alerte

Après avoir semé la désolation aux Philippines, Haiyan volait vers le Vietnam, qu’il devrait atteindre lundi matin. Mais le typhon s’est affaibli au-dessus de la mer de Chine du Sud et pourrait être rétrogradé en niveau 1 avant son arrivée. Le Vietnam n’en a pas moins évacué plusieurs centaines de milliers de personnes, dans le centre du pays, puis plus au nord dimanche après un changement de trajectoire de la tempête qui pourrait aussi provoquer pluies diluviennes et inondations dans la capitale.