Mandela : les discours entrés dans l’Histoire


Le Monde.fr | 06.12.2013 à 02h40 • Mis à jour le 06.12.2013 à 11h22

L’ancien président de l’Afrique du Sud, Nelson Mandela, est mort jeudi 5 décembre à l’âge de 95 ans. Depuis 1999, le héros de la lutte contre l’apartheid s’était retiré de la vie publique, ne faisant que de rares apparitions. En 2003 pourtant, il était sorti de son silence pour commenter l’action de George W. Bush, « un président qui ne sait pas réfléchir », et condamner le lancement de l’attaque en Irak. Car tout au long de sa vie, la parole fut la plus grande arme de Nelson Mandela.

  • 20 avril 1964, procès de Rivonia : « Un idéal pour lequel je suis prêt à mourir »

Depuis près de deux ans, Nelson Mandela est en prison, condamné pour avoir incité des gens à se mettre en grève pour protester contre les politiques de ségrégation raciale. Mais le 20 avril 1964, Nelson Mandela répond cette fois de chefs d’accusation plus graves : sabotage, haute trahison et complot. Aux côtés de 19 dirigeants de l’ANC, le leader du parti politique est le premier à prendre la parole dans le tribunal de Pretoria. Dans un discours de près de 30 minutes, il raconte à l’assemblée la genèse et les motivations de son engagement politique, esquissant les prémices de la future « Nation arc-en-ciel ».

« La souffrance des Africains, ce n’est pas seulement qu’ils sont pauvres et que les blancs sont riches, mais bien que les lois qui sont faites par les Blancs tendent à perpétuer cette situation. (…) Par dessus tout, nous voulons des droits politiques égaux, car en leur absence notre handicap sera permanent. Je sais que cela paraît révolutionnaire aux Blancs de ce pays, car la majorité des électeurs seront des Africains. Ce qui fait que les hommes blancs craignent la démocratie. Mais cette peur ne doit pas se placer au travers de la voie de la seule solution qui garantira l’harmonie raciale et la liberté pour tous. Ce n’est pas vrai que le droit de vote pour tous se traduira par une domination raciale. Le clivage politique fondé sur la couleur de la peau est totalement artificiel et quand il disparaîtra, dans un même mouvement la domination d’un groupe de couleur sur un autre sera éliminée.

Au cours de ma vie, je me suis consacré à cette lutte des peuples africains. J’ai combattu contre la domination blanche et j’ai combattu contre la domination noire. J’ai chéri l’idéal d’une société libre et démocratique dans laquelle tout le monde vivrait ensemble en harmonie et avec des chances égales. C’est un idéal pour lequel j’espère vivre et que j’espère accomplir. Mais si nécessaire, c’est un idéal pour lequel je suis prêt à mourir. »

A l’issue de ce procès, Nelson Mandela est condamné à la prison à vie. Il restera vingt-sept ans derrière les barreaux, sous le matricule de prisonnier 46 664.

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