Archives du 17 juin 2014
Les Israéliens peuvent essayer, mais ils ne peuvent ignorer l’occupation
La seule voie encore ouverte aux Palestiniens pour rappeler leur existence et leur situation déplorable aux Israéliens est la voie de la lutte par la violence.
Arrestation d’un Palestinien à Hébron. (Photo : AP)
L’enlèvement de trois étudiants en judaïsme en Cisjordanie jeudi dernier a été commandité à l’avance – par Israël. Au moment où j’écris ces lignes – samedi – leur sort était inconnu et l’inquiétude à propos de leur état évinçait toutes les autres questions concernant leur disparition. Mais qu’importe ce qu’il adviendra pour finir, qu’ils retournent chez eux sains et sauf ou pas, que Dieu les garde, où qu’il s’avère que le parti responsable est celui du djihad mondial ou un parti du genre local, le contexte de l’action, lui, ne peut être ignoré.
Il est possible que l’opération ait pris par surprise les services si sophistiqués de l’espionnage israéliens, mais la chose ne pouvait être une surprise pour personne, en fait.
Les gens qui refusent opiniâtrement de relâcher des prisonniers palestiniens, dont certains sont emprisonnés depuis des décennies – même avant la signature des accords d’Oslo en 1993 – et d’autres attendent toujours qu‘Israël respecte sa promesse de la relâcher ; les gens qui gardent en prison des détenus sans jugement des années durant ; les gens qui ignorent la grève de la faim de 125 détenus « administratifs », dont certains sont en train de mourir dans des hôpitaux ; les gens qui ont l’intention de les nourrir de force et les gens qui ont prévu de faire passer des lois radicales interdisant leur libération – tous ces gens ne peuvent prétendre avoir été surpris ou choqués par les enlèvements. Ce sont eux qui les ont préparés à l’avance.
Depuis des années, Israël, qui se dit tellement soucieux du bien-être de chacun de ses citoyens, ignore avec arrogance l’inquiétude des Palestiniens à propos du bien-être de leurs prisonniers.
Israël détient le copyright du souci de son peuple, et il l’a aussi pour le culte des héros de sa lutte nationale. Meir Har-Zion [l’un des membres fondateurs deUnit 101 qui, en 1953, avait mené un raid de représailles contre une tribu bédouine après que sa sœur et d’autres avaient été tués alors qu’ils étaient en route illégalement pour Petra] fut un héros national ; Ahmad Sa’adat [le secrétaire général du Front populaire de libération de la Palestine] est lui un tueur au sens le plus commun.
Gilad Shalit nous appartenait à tous, mais le sort de Walid Daka, qui est emprisonné en Israël depuis plus de 30 ans, pour avoir fait partie d’une cellule de militants qui avait tué un soldat israélien – sans le moindre congé ni visite conjugale – ne suscite aucun intérêt chez qui que ce soit ici.
Personne ici ne se soucie des milliers de prisonniers palestiniens. La semaine dernière, les Israéliens étaient bien plus intéressés par la femme de charge deMeir Sheetrit que par les 125 grévistes de la faim qui sont en train de mourir lentement depuis 53 jours.
Parmi les milliers de prisonniers palestiniens, certains sont des criminels de droits commun, mais nombreux aussi sont des prisonniers politiques – et tous sont considérés comme des héros de la lutte nationale palestinienne. C’est la même chose dans toute lutte nationale. Derrière eux se trouve toute une société qui n’est pas moins inquiète de leur sort que les Israéliens ne le sont de leurs êtres chers.
En tuant le processus de paix, Israël ferme les portes de ses prisons et le message israélien aux Palestiniens était tranchant comme un raison : La seule façon de libérer vos fils passera par une opération violente. Jeudi soir, les conclusions étaient tirées. Mais le contexte des enlèvements va bien au-delà des libérations de prisonniers.
Le rideau est tombé sur le processus de paix, aussi stérile que ce processus soit resté et, avec lui, le dernier espoir palestinien d’une libération nationale via des négociations. La vie en Israël et dans les colonies de Cisjordanie a repris son cours , c’est une vie de liberté et d’accomplissement, une vie de reality show et de cirque que l’occupation ne touche absolument pas.
On ne peut dire la même chose des Palestiniens : Ils n’ont rien de tout cela et, pour eux, tout retard dans une solution au conflit accroît leurs souffrances, leurs humiliations et leurs tribulations.
Tous ceux qui croyaient que les Palestiniens allaient s’asseoir tranquillement en attendant qu’Israël daigne changer de ton ou de gouvernement se faisaient des illusions. Tous ceux qui croyaient que les colons allaient continuer à vivre en sécurité dans les territoires ont subi une lourde déception : Les enlèvements de jeudi étaient tout simplement un appel au réveil, un avant-goût de ce qui pourrait suivre.
La seule voie qui s’ouvre encore aux Palestiniens pour rappeler leur existence et leur situation critique aux Israéliens est la voie de la lutte par la violence. Toutes les autres voies ont été bloquées. Si la bande de Gaza ne lance pas des roquettes Qassam sur Israël, la bande de Gaza n’existe pas. Et si, enCisjordanie, on n’enlève pas des étudiants de yeshiva, la Cisjordanie disparaît de la conscience d‘Israël.
Enlèvements ou meurtres visent à entamer l’intolérable complaisance d’Israël, et, en tant que tels, ils ne devraient surprendre personne. Ces quelques derniers mois, cette complaisance a atteint de nouvelles hauteurs inconcevables.
Considérez simplement l’absurdité qui a attiré l’attention d‘Israël. Le rappel terrifiant qui est tombé sur nos têtes n’est que la bande annonce de ce à quoi nous pourrions nous attendre si nous continuons à vivre entre le coffre-fort de Benjamin Ben-Eliezer et le baiser d’Ahi et Anna dans la version israélienne de « Big Brother ».
Telle est la nature embarrassante de l’occupation. Elle nous poursuivra, même si nous enfonçons nos têtes encore plus profondément
Publié sur Haaretz le 15 juin 2014. Traduction : JM Flémal.
Gideon Levy est journaliste au quoitidien israélien Haaretz.
Il a publié : Gaza, articles pour Haaretz, 2006-2009, La Fabrique, 2009
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Uriel Ferera, refuznik israélien, emprisonné pour la 3ème fois
mardi 17 juin 2014
Parce qu’il refuse de servir dans l’armée d’occupation israélienne, Uriel Ferera vient d’être incarcéré une troisième fois en Israël, Etat démocratique qui ne reconnait pas l’objection de conscience.
Nous apportons tout notre soutien à Uriel Ferera, 18 ans, habitant de Be’er Sheva, qui a le courage de refuser d’aller persécuter un peuple qui ne demande qu’à vivre en paix sur sa terre.
Nous relayons la pétition lancée par les amis israéliens de New Profile pour sa libération et vous demandons de faire circuler cette information aussi largement que possible :
Rappelons qu’Uriel a clairement exprimé son opposition à l’occupation israélienne, ainsi qu’à la discrimination contre les citoyens israéliens d’origine palestinienne en Israël même.
Uriel, qui en est à sa troisième peine de 20 jours, s’est vu refuser, lors de son premier emprisonnement, tout appel téléphonique, y compris de son avocat, et toute lettre de soutien qui lui était adressée.
New Profile souligne que non seulement Israël viole le droit international et les droits de l’homme en emprisonnant des objecteurs de conscience, mais qu’en plus, condamner plusieurs fois de suite une personne pour la même chose a été qualifié de « détention arbitraire » par le groupe de travail des Nations Unies sur ce sujet.
Merci écrire à Uriel à l’adresse de New Profile : messages2prison@newprofile.org
Plus d’infos sur :
Pour rappel, un autre refuznik Omar Sa’ad , également emprisonné pour avoir fait état de son refus de servir dans l’armée d’occupation israélienne, a été hospitalisé en raison d’une grave infection hépatique.
CAPJPO-EuroPalestine
Pour compléter la propagande pro- israélienne
RB écrit:
Dans le JT de ce dimanche soir, la RTBF a largement fait écho à l’enlèvement de trois jeunes colons en Cisjordanie occupée…. Mais, sauf erreur, pas un mot sur les assassinats journaliers… Dont celui de cet enfant palestinien à Gaza ce samedi 14 juin 2014
Bravo à la déontologie!
… Mais ces Palestiniens ne sont que des arabes sémites méprisables n’est-ce pas?
Une certaine colère et un certain dégout vous monte comme une nausée, certains soirs!
Un enfant palestinien de 7 ans a trouvé la mort ce samedi 14 juin 2014 dans la bande de Gaza suite à un bombardement israélien.
Il s’agit de l’enfant Ali Arour, originaire de Beit Lahya au nord de la bande de Gaza.
L’armée de l’occupation israélienne a mené trois raids ce samedi au nord et au sud de la bande de Gaza.
L’escalade militaire israélienne touche nos enfants et nos civils
Le gouvernement israélien veut exporter ses problèmes internes en attaquant la bande de Gaza, une région sous blocus israélien inhumain depuis plus de sept ans.
Ce gouvernement d’extrême droite poursuit ses attaques contre les civils palestiniens.
Devant le silence complice de cette communauté internationale officielle
Et devant l’absence des médias qui occultent cette réalité
Combien de martyrs palestiniens faudra-t-il pour que bouge ce monde dit libre ?
La situation est de plus en plus difficile pour notre population civile dans cette région sous blocus : attaques, agressions et bombardements israéliens
Gaza la vie défie l’occupation !
Gaza sous blocus patiente !
Gaza la dignité persiste !
Gaza sous les bombes résiste !
Gaza l’espoir existe !
Gaza la lumière vit !
Gaza la dignité est plus que jamais déterminée !
Et Gaza la vie garde espoir !
source : via courriel