JOURNÉE NOIRE POUR LA LIBERTÉ DE LA PRESSE APRÈS LA CONDAMNATION DE JOURNALISTES D’AL JAZEERA


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lundi 23 juin 2014par Service Presse

La condamnation, lundi 23 juin en Égypte, de trois journalistes d’Al Jazeera English accusés d’avoir « falsifié des informations » et de faire partie du mouvement des Frères musulmans ou d’avoir aidé celui-ci constitue une attaque violente contre la liberté de la presse, a déclaré Amnesty International.

Les trois journalistes – l’Australien Peter Grestel’Égypto-Canadien Mohamed Fahmy et l’Égyptien Baher Mohamed, tous considérés par Amnesty International comme des prisonniers d’opinion – ont été condamnés à sept ans de prison. Baher Mohamed a en outre été condamné à trois ans supplémentaires pour détention d’une cartouche de fusil. Ils sont incarcérés depuis le 29 décembre 2013.

« C’est un jugement terrible pour ces hommes et leurs familles, et une journée noire pour la liberté de la presse en Égypte, à l’heure où des journalistes sont enfermés et qualifiés de criminels ou de “terroristes” simplement pour avoir fait leur travail », a déclaré Philip Luther, directeur du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International.

« La seule raison pour laquelle ces trois hommes sont en prison est que les autorités égyptiennes n’aiment pas ce qu’ils ont à dire. Ce sont des prisonniers d’opinion qui doivent, à ce titre, être libérés immédiatement et sans condition. En Égypte aujourd’hui, toute personne qui ose contester le discours des autorités est considérée comme une cible légitime. »

Sur les six autres personnes jugées avec les journalistes d’Al Jazeera, deux ont été relaxées et quatre condamnées à sept ans d’emprisonnement.
Le tribunal a également condamné par contumace un certain nombre d’autres journalistes à 10 années de prison, notamment les Britanniques Sue Turton etDominic Kane et la Néerlandaise Rena Netjes.
Un observateur d’Amnesty International a relevé plusieurs irrégularités et des exemples d’incompétence totale pendant le procès. En 12 audiences, le ministère public n’a pas présenté le moindre élément de preuve solide établissant un lien entre les journalistes et une organisation terroriste ou démontrant qu’ils avaient « falsifié » des séquences diffusées.

« Le procès a été une complète imposture. La condamnation de ces hommes à des peines d’emprisonnement après un spectacle si grotesque est une parodie de justice », a déclaré Philip Luther.

Le ministère public a fait obstacle au droit des prévenus d’examiner et de contester les éléments présentés à charge contre eux. Il a par ailleurs fait montre d’un manque de préparation et d’organisation, en présentant souvent des éléments non pertinents.

Des témoins essentiels de l’accusation ont également paru contredire leur propre témoignage écrit. Des experts techniques ont admis lors du contre-interrogatoire qu’ils ne pouvaient pas confirmer si les journalistes d’Al Jazeera avaient trafiqué des images ou transporté du matériel non autorisé.
« Ce jugement prouve une nouvelle fois que les autorités égyptiennes ne reculent devant rien dans leur campagne impitoyable visant à écraser toute personne qui conteste le discours officiel, quitte à utiliser des preuves douteuses contre elle », a déclaré Philip Luther.

Les journalistes ne sont pas les seules personnes exposées à ces risques Des milliers de personnes ont été enfermées au cours de l’année écoulée dans le cadre d’une vaste répression de la dissidence. De nombreuses condamnations à mort ont été prononcées à l’encontre de partisans de l’ancien président Mohamed Morsi.

« La justice égyptienne a prouvé à de nombreuses reprises qu’elle est peu désireuse ou incapable de tenir un procès impartial et équitable lorsqu’il s’agit de personnes soupçonnées de soutenir l’ancien président. Au lieu d’enfermer des journalistes et d’autres personnes perçues comme menaçantes, les autorités doivent concentrer leurs efforts sur des enquêtes crédibles concernant les violations des droits humains commises par les forces de sécurité », a déclaré Philip Luther.

Face à la colère contre l’impunité israélienne, les dirigeants européens font semblant de se fâcher



vendredi 27 juin 2014


La presse israélienne, et une partie du mouvement de solidarité avec la Palestine, font grand cas depuis 48 heures d’un hypothétique sursaut de l’Union Européenne vis-à-vis des crimes israéliens.

Ainsi, les principaux pays de l’Union, France, Italie, Royaume-Uni, Espagne et Allemagne, auraient-ils « mis en garde » leurs ressortissants face aux risques « juridiques et financiers » d’une collaboration économique avec les colonies de Jérusalem-est, de Cisjordanie et du plateau du Golan.

De fait, tous ces pays ont bien publié, ces derniers jours, des notes sur le sujet, rappelant le caractère d’occupation de tous ces territoires –mais cela, c’est le constat officiel des Nations-Unies depuis 1967, et ce n’est donc pas un scoop ! -, et le caractère par conséquent illégal de tout business dans les colonies.

Mais ils se sont bien gardés de toute communication officielle sur le sujet : pas de déclaration ministérielle, pas de communiqué de presse, seulement quelques lignes au 4ème sous-sol des sites internet de leurs ministères des Affaires étrangères respectifs (dans le cas du MAE français, c’est quelque part dans la rubrique « Conseil aux Voyageurs », de leur sous-site en langue anglaise, et on n’a pas trouvé d’équivalent dans la langue de Molière). Et des fuites, discrètes, à des journalistes, pour leur dire d’aller voir, du côté de ce 4ème sous-sol précisément.

Alors, quand des journalistes ont interrogé les diplomates européens sur les conséquences de tels textes, ces derniers, qui avaient anticipé les appels (et avaient chacun sous les yeux son  » talking paper », document préparé à l’avance par une institution qui sait qu’elle va être interrogée par des journalistes sur un thème donné), se sont empressés de dire que le texte n’avait aucune portée pratique ni judiciaire.

« Ce n’est ni un boycott ni une sanction. Nous voulons au contraire développer plus que jamais la coopération avec Israël », déclare ainsi à la presse espagnole le porte-parole du ministère des Affaires étrangères à Madrid.

Quant aux sbires de Fabius, ils insistent auprès de leurs interlocuteurs journalistiques sur le fait que la note n’est assortie d’aucune contrainte. « Un Français qui a une activité financière en direction des colonies ne commet pas d’infraction au regard de la loi française », ose ainsi déclarer –sous couvert d’anonymat, le courage n’étant pas la première des vertus au Quai d’Orsay-, un diplomate français interrogé par le Haaretz.

Il n’en reste pas moins que la production de cette note –et la gestion de celle-ci en termes de communication gouvernementale- est une conséquence du développement, mondial, de la colère contre l’impunité israélienne, et de la campagne internationale BDS.

Mais si l’on s’en tient aux faits, elle ne peut être interprétée que comme un contre-feu, destiné à maintenir en place la soumission complète de nos gouvernants puisqu’aussi bien ils mettent en avant, dans le même temps –les Français, en tout cas- la multiplication des encouragements au gouvernement et à l’armée israéliens (voir par exemple, le programme AMI de soutien aux Français s’enrôlant dans l’armée israélienne)

Le problème, c’est que les dirigeants israéliens, dans la course à l’abîme qui est la leur, n’admettent pas la plus petite critique de la part de leurs serviteurs occidentaux, même quand c’est fait dans l’intérêt de la politique israélienne.

Deux exemples très récents montrent combien les politiciens européens et américains sont des paillassons, et pourquoi les dirigeants israéliens ont alors bien raison de s’essuyer les pieds dessus.

Hier jeudi, le ministre israélien des Affaires étrangères Avigdor Lieberman … s’est invité à Paris, où il a exigé une rencontre avec Fabius, dont l’agenda officiel était pourtant surbooké. Et il l’a obtenue, ce qui lui a permis de souffler dans les bronches du titulaire du Quai d’Orsay.

La semaine dernière, aux Etats-Unis, six politiciens du Parti Républicain planchaient, dans le cadre de ce qui s’apparente à un véritable examen de passage, devant les « Juifs Républicains ». Au détours d’un speech pro-Tsahal, pro-colonies, pro-Israël à 200%, l’un d’eux, le gouverneur du New Jersey, a eu le malheur de prononcer les mots « territoires occupés ».

Stupeur de l’assistance, sifflets, et convocation dans la foulée de l’idiot par le parrain du lobby israélien aux Etats-Unis, Sheldon Adelson , le milliardaire qui a fait fortune avec les casinos de Las Vegas. Le pauvre type s’est confondu en excuses, publiques, et Adelson a pardonné : le gouverneur a encore des chances de recevoir son chèque pour sa prochaine campagne électorale.

CAPJPO-EuroPalestine