Un génocide en cours : les Ouïghours menacés de disparition



Médiapart a déjà documenté le premier génocide technologique de l’histoire : celui qui vise actuellement les Ouïghours en Chine. La journaliste Laurence Defranoux a situé ce terrible épisode en cours. Quand la bombe à retardement va-t-elle exploser ? (Gilles Fumey)

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Comment se battre contre un engrenage génocidaire [1] mis en place par le régime chinois à l’égard des Ouïghours ? Depuis soixante-dix ans, l’étau s’est resserré contre ce peuple aux marges de la Chine. Pourtant, l’ancien président Mao Zedong lui avait promis l’indépendance avant de le coloniser avec force sitôt installée la nouvelle république en 1949…

La journaliste Laurence Defranoux s’est faite, il y a quelque temps, la narratrice d’une persécution programmée de ce peuple. À force d’enquêtes dans les archives, d’interviews des rescapés des camps, des familles des détenus d’aujourd’hui, elle était parvenue à mettre au grand jour l’histoire d’une entreprise d’éradication d’un peuple entier dans une région de l’empire chinois, le Xinjiang, aux frontières de huit pays et qui regorge de richesses naturelles. Aujourd’hui, a lieu dans ce recoin du monde une persécution systématique d’un peuple amené pour les dirigeants chinois à disparaître.

Présentés comme des arriérés, les Ouïghours ont pourtant une histoire brillante qu’on fait remonter à 3 800 ans dans une géographie unique avec des montagnes (jusqu’à plus de 7 000 m d’altitude) dominant deux grands bassins (jusqu’à 154 m sous le niveau marin). Dénommé dans l’histoire « Turkestan », le Xinjiang a vu être enfouies sous les sables des cités antiques. Et les habitants ? Des analyses génomiques montrent qu’ils ne sont ni celtes, ni turciques, ni chinois. On est là sur un lieu de passage entre les mondes chinois et méditerranéen.

La géographie du Tarim montre un désert jalonné d’une quinzaine d’oasis sur ce qu’un géographe allemand appelle au 19e siècle les «Routes de la soie». Évangélisés au 7e siècle, les Ouïghours avaient fondé leur propre empire, qui aide les Chinois au 8e siècle, avant de se séparer, les uns vers le Gansu, les autres vers le Tarim, puis de se sédentariser. « Professeurs de civilisation de Gengis Khan », actifs jusqu’en France où un moine ouïghour est reçu par Philippe le Bel, les Ouïghours vont « s’évanouir » du 15e au 20e siècle, le Xinjiang étant intégré à l’empire Qing, et devenant une province jusqu’à la fondation de la république de Chine en 1912. Peu avant la Longue marche, Mao promettra l’autodétermination. Des républiques du Turkestan sont proclamées en 1933, puis en 1944 avant l’élimination des futurs dirigeants dans un crash d’avion en août 1949.

Les premiers soldats chinois arrivent au Xinjiang en 1954. L’exploitation des terres et des ressources minières y est lancée, la région doit donner des soldats pour la réserve de la Chine populaire. Les premiers camps pour les récalcitrants sont installés sur des terres agricoles. Les colonies militaires deviennent « secret défense », ont leur propre administration : postes, prisons, hôpitaux, tribunaux. Progressivement, la terre devient un goulag où sévit la famine. Les mosquées sont transformées, suprême humiliation, en porcheries.

Après la mort de Mao en 1976 et la « modernisation » de Deng Xiaoping, l’étau se desserre, les frontières sont ouvertes, les religions sont tolérées, la culture connaît un nouveau souffle jusqu’à la mort par overdose d’Exmetjan en 1991, à l’âge de 22 ans. En réalité, le revirement avait démarré dans les années 1980 où le vent de la révolte souffle sur toute la Chine, un sursaut écrasé à Tien’anmen en avril 1989. Dès lors, la colonisation reprend de plus belle. Jacqueries, plasticage, autorisations politiques à la violence, tout est organisé par l’État central qui attise le feu par des décisions absurdes. Laurence Defranoux a détaillé « le long bras de la police chinoise autour de la Terre ». Elle analyse la fabrique du terrorisme chinois de 2001 à 2008, les transferts de population, les quotas ethniques, voire le retour des autodafés… Et une communauté internationale qui ferme les yeux, donne au gouvernement l’occasion d’une publicité mondiale avec les JO de Pékin en 2008. Alors que les procès s’enchaînent comme celui de Liu Xiaobo et que les multinationales s’y installent et prospèrent.

L’enchaînement infernal, c’est 2009-2011 : harcèlement des jeunes, ratonnades, hystérie collective suite à des attaques à la seringue, les politiciens feignant d’agir, sinon par la propagande. À l’arrivée de Xi en 2012, le « rêve chinois » est en marche. Sévit alors un nationalisme outrancier, un listing de « périls » provenant de l’Occident. Les « nouvelles Routes de la soie » tissent activement une toile dont le Xinjiang est le centre, le « carrefour mondial ». Un attentat-suicide sur la place Tian’anmen, des massacres (comme les États-Unis en sont familiers), tout est bon pour désigner les Ouïghours comme responsables, autant de faits relevant de la prophétie réalisatrice.

Surveillance « orwellienne »
Les méthodes brutales de la Révolution culturelle (1966) que Xi a lui-même connues vont être appliquées aux Ouïghours. La guerre du peuple est déclarée, les religions sont traquées, les filles doivent se trouver des « amis » han, des émeutes hystérisent la vie des Ouïghours tandis que le parti islamique du Turkestan s’installe à l’étranger, faisant des Ouïghours une « autre sorte de jihadistes » (dixit les dirigeants chinois). De multiples témoignages confirment le désespoir de la population devant l’État policier qui les asphyxie : lois antiterroristes, « serments de masse » où des milliers d’enseignantes doivent aduler Xi, dénonciations et punitions, absence de protection des données personnelles…

Les 12 millions de Ouïghours sont les cobayes d’une recherche « visant à faire de la Chine une dystopie ». Avec des programmes comme « Devenir une famille », l’interférence dans l’éducation des enfants ouïghours, l’institutionnalisation de la violence sexuelle, l’incitation à la consommation d’alcool (dans une culture musulmane), l’utilisation de l’IA pour surveiller les déplacements et les conversations téléphoniques que les Chinois recoupent avec d’autres données avec des logiciels espions : la vie des Ouïghours devient un enfer.

Des centaines de milliers de Ouïghours dans les camps
Le pire est atteint avec les camps décrits comme des lieux du supplice. On ne dévoile pas ici les informations reçues par Laurence Defranoux mais ils défient l’imagination. Le PC veut « briser les lignées, les liens, les racines, les origines ». Des tortures mentales aux tortures physiques (à l’électricité), des viols en série, des stérilisations et des avortements forcés, des bébés et des enfants enfermés, des familles séparées, tout est exécuté avec un sang-froid qu’on a peine à imaginer d’un pouvoir qui se présente comme respectable au reste du monde. 21% des arrestations de toute la Chine sont le fait des Ouïghours qui ne représentent que 2% de la population ; dans certaines villes, cela représente un adulte sur huit. Le pire ? La Chine nie tout de cette « prison à ciel ouvert ». Aucun déplacement libre n’est possible dans le Xinjiang. Le travail forcé est devenu la règle et toute entreprise chinoise peut demander à l’État des ouvriers ouïghours.

En octobre 2018, volte-face : la Chine est forcée de reconnaître les camps qui sont rebaptisés, par exemple, « centres de formation professionnelle ». La propagande fonctionne à fond : « les Ouïghours sont heureux ». Pékin crie à la désinformation et au « complot anti-chinois ». Dans quelques années, le Xinjiang sera devenu un parc d’attractions pour touristes chinois, où les habitant turciques seront folklorisés.

« Aujourd’hui, aucun Ouïghour n’est libre, leur civilisation se meurt et le monde s’en accommode »,alerte Laurence Defranoux. Cette vaste colonie pénitentiaire a fait l’objet de… félicitations de la part de gouvernements musulmans qui craignent pour leurs juteuses affaires avec Pékin. Amnesty international crie au « génocide et au crime contre l’humanité ». La Chine ne reconnaît pas la compétence de la Cour de justice internationale mais sir Geoffrey Nice parvient à fonder à Londres un Tribunal ouïghour en 2021, reconnu par de nombreux pays européens et l’Assemblée nationale française. En  022, l’ONU a dressé un réquisitoire accablantcontre la politique de Xi Jinping au Xinjiang.

L’heure de la résistance n’a-t-elle pas sonné ? Les États libres doivent réagir devant l’ogre chinois.

[1] Dans Philosophie Magazine, l’historien Jean-Louis Margolin réfute l’idée d’un génocide des Ouïghours au profit d’une violence de l’État chinois depuis le maoïsme que nous feignons d’ignorer. 

À lire/voir
Les Ouïghours sont victimes du premier génocide technologique de l’histoire (Clément Le Foll)
L’empire de l’or rouge (Jean-Baptiste Malet)
La Chine et la persécution des Ouïghours : une enquête au cœur de la machine répressive chinoise (Eric Darbé & Axel Royen)
Chine : le drame ouïghour, un film très documenté et bouleversant de
Romain Franklin et François Reinhardt sur Arte (2024)

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LES DERNIERS MOTS DU SOLDAT AARON BUSHNELL (VIDÉO)


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Le soldat américain de l’U.S. Air Force Aaaron Bushnell, qui s’est sacrifié par le feu dimanche devant l’ambassade d’Israël à Washington pour protester contre le génocide du peuple palestinien, avait enregistré une courte vidéo avant son geste fatal.https://www.dailymail.co.uk/embed/video/3133011.html

« Je ne me rendrai pas complice plus longtemps de ce génocide », y déclare ce jeune homme de 25 ans. « Je suis sur le point de faire quelque chose d’extrême en signe de protestation, mais comparé à ce que les gens subissent en Palestine aux mains des colonisateurs, ce n’est pas du tout extrémiste. Ce qui se passe, c’est ce que notre classe dirigeante considère comme normal », commente le martyr, bouteilles inflammables déjà en mains.

Transporté dans un état critique dimanche à la mi-journée, le jeune Bushnell est décédé peu après son arrivée à l’hôpital. A noter que son geste héroïque a rapidement fait la « une » de nombreux médias dans le monde, y compris en Israël, alors que dans l’Hexagone, on glosait toujours sur le cirque des politiciens au Salon de l’Agriculture.

Une photo récente du martyr
Aaron Bushnell au moment où il s’immole, dimanche midi devant l’ambassade d’Israël
Et le garde de l’ambassade d’Israel pointe son flingue, plutôt que de chercher un extincteur. Normal !

Qu’a apporté le 7 octobre ?


Source

7 FÉVRIER 2024

Le 7 octobre était-il légitime ? Qu’a-t-il apporté ? La réponse du Dr Basem Naim, ancien ministre palestinien de la santé et membre du bureau politique du Hamas.

Dans le monde entier, des millions de personnes sont descendues dans la rue pour soutenir le combat palestinien pour la liberté. Ici, à Rome, le 27 janvier.

Dans le monde entier, des millions de personnes sont descendues dans la rue pour soutenir le combat palestinien pour la liberté. Ici, à Rome, le 27 janvier. (Photo : Marcello Valeri / ZUMAPRESS)

Basem Naim, 5 février 2024

Au moment où nous approchons du cinquième mois de l’agression sioniste contre notre peuple palestinien, il serait peut-être utile de faire un pas en arrière et d’évaluer d’une part l’opération Déluge d’Al-Aqsa du 7 octobre, et ce qui s’est passé par la suite d’autre part.

Le 7 octobre était-il légitime ? Qu’a-t-il apporté ?

Qu’avons-nous appris de la réaction sioniste ? Quelles sont les répercussions pour toutes les parties, à intérieur ou en dehors de la Palestine, pour les acteurs locaux, régionaux ou mondiaux ?

Tout d’abord, il importe d’établir que toutes les personnes qui ont communiqué avec la direction du Hamas avant le 7 octobre, depuis les hommes politiques et les diplomates jusqu’aux médiateurs et aux journalistes, ont entendu un message clair et sans équivoque : Une explosion n’était plus qu’une question de temps.

La raison ? Israël tentait de transformer ce qui constitue un conflit politique à propos d’un État palestinien, du droit au retour des réfugiés palestiniens et de l’autodétermination pour le peuple palestinien, en un conflit religieux montant le judaïsme (et le christianisme) contre l’Islam.

Cette politique incluait les tentatives d’Israël en vue d’exercer un contrôle total sur la mosquée al-Aqsa, tout en envisageant sa démolition finale ; ses tentatives remontant à des décennies en vue de judaïser Jérusalem, tout en chassant les Palestiniens de leurs foyers et de leurs terres ; et son annexion de facto de la Cisjordanie au sens plus large accompagnée de menaces d’annexion officielle de ses colonies illégales.

Elle incluait également la poursuite du siège de Gaza, sous lequel la bande côtière et ses 2,3 millions d’habitants étaient isolés et emprisonnés. Elle incluait les mauvais traitements infligés aux prisonniers palestiniens, qui se sont accélérés sous Itamar Ben-Gvir, le ministre de la sécurité nationale.

Et elle incluait enfin des tentatives en vue de persuader, sous couverture américaine, des pays arabes et musulmans d’ignorer les droits palestiniens et de normaliser leurs relations avec l’entité sioniste sans résoudre la question palestinienne, mais en transformant cette dernière en une préoccupation israélienne essentiellement domestique.

Les dirigeants du Hamas ont transmis la totalité de ces questions à toutes les personnes désireuses de les écouter, mais personne n’y a prêté attention. Soit considéraient-elles ces mises en garde contre une explosion comme des menaces creuses ; elles avaient complètement adopté le discours sioniste disant que le Hamas avait été « refroidi » et qu’il était avant tout soucieux de consolider son pouvoir à Gaza ; soit étaient-elles intoxiquées par le pouvoir sioniste.

L’opération Déluge d’Al-Aqsa, dirigée par le Hamas et d’autres factions de la résistance, était une réponse à ce qui constituait un danger manifeste et imminent pour notre cause nationale et une réaction à l’indifférence régionale et internationale envers la Palestine et son peuple.

Sans la démarche préemptive du 7 octobre, la cause palestinienne aurait pu être oubliée et entièrement oblitérée.

Mais a-t-elle atteint ses buts souhaités ?

Une résilience incroyable

Il convient de discuter de deux phases. La première a débuté et s’est terminée le 7 octobre, et la seconde est ce qui a suivi et qui se poursuit encore à ce jour.

Les buts du 7 octobre ont été pleinement réalisés. Déluge d’Al-Aqsa a pulvérisé le mythe de l’invincibilité de l’armée d’Israël, de ses agences qui voient tout et savent tout, et sont capables de frapper dans chaque coin de la région et du monde.

Tout cela a été réalisé avec une petite poignée d’hommes aux moyens simples et limités, mais animés d’une foi solide et d’une résolution farouche.

Dans la seconde phase, le peuple palestinien a payé un prix très élevé. Mais les Palestiniens ont une foi profonde en leur droit à une patrie libre et empreinte de dignité.

En même temps qu’une résistance ingénieuse qui a surpris tous les observateurs, amis comme ennemis, ils ont contrecarré les plans d’Israël en vue d’écraser la résistance, de déporter la population de Gaza et de récupérer ses captifs.

Après quatre mois, il est clair que la direction de la résistance gère toujours solidement le champ de bataille avec savoir-faire et ingéniosité, en continuant d’infliger des coups douloureux à l’armée ennemie.

Malgré toutes les horreurs déchaînées sur notre peuple – plus de 65 000 tonnes d’explosifs ont été larguées sur les 2,3 millions de Gazaouis depuis le 7 octobre – Israël n’est pas parvenu à briser la volonté des gens et leur attachement à leur terre.

Malgré la douleur et la souffrance, notre peuple a fait preuve d’une résilience incroyable et a étonné le monde.

Et, malgré tous les efforts de la technologie et des renseignements en vue de localiser les captifs à Gaza, l’ennemi a échoué dans chacune de ses tentatives. L’armée israélienne est parvenue à tuer quelques captifs, en même temps que ceux qui étaient venus à leur rescousse, mais aucun captif n’est retourné chez les siens, sauf selon les conditions et les horaires imposés par la résistance.

La question centrale est désormais celle-ci : De quoi demain sera-t-il fait ?

Nous sommes toujours au beau milieu d’une bataille acharnée et il pourrait être prématuré de tirer des conclusions. Toutefois, tous les indicateurs pointent dans une direction : Ce qui viendra après ne sera pas pareil à ce qu’il y avait avant le 7 octobre.

Déluge d’Al-Aqsa et tout ce qui a suivi modifiera les données stratégiques du conflit en faveur de notre peuple palestinien et de sa juste cause aux niveaux national, régional ou international, et cela vaudra également pour l’ennemi et son avenir.

Changement au sommet

Au niveau national, notre peuple a reconquis sa vigueur et sa confiance en sa capacité à surmonter l’infâme réalité d’Oslo et ses conséquences catastrophiques. Plus importante encore, la possibilité de libération, de retour et de démantèlement de l’occupation israélienne est devenue non seulement envisageable, mais très vraisemblable.

L’une des conséquences est que la direction, dont le projet politique avait échoué avec les accords d’Oslo de 1993 et qui avait provoqué une calamité au niveau nationale, ne pourra rester à la barre.

Des sondages d’opinion effectués depuis le début de l’agression confirment cette vérité. Nous devons tourner une nouvelle page dans nos relations intra-nationales, bâtir sur les résultats de la bataille et reconstruire la maison palestinienne en toute démocratie, à la lumière des nouvelles réalités instaurées par cette bataille.

La démarche la plus importante consiste à mettre en place les institutions politiques palestiniennes et le projet national palestinien afin de refléter les changements des quelques décennies écoulées et de faire qu’ils soient vraiment représentatifs des aspirations, sacrifices et expérience politique de notre peuple, principalement après la désastreuse expérience d’Oslo.

Au niveau régional, Déluge d’Al-Aqsa a eu des répercussions fondamentales et stratégiques. Fait plus important, l’opération à perturbé le projet catastrophique de « normalisation », qui se serait certainement terminé par l’oblitération de la question palestinienne.

L’opération du 7 octobre à démontré à ceux qui se tournaient vers Israël pour du soutien et de la protection que l’entité sioniste est fragile et trop faible ne serait-ce que pour se protéger elle-même. La bataille a ouvert un énorme fossé entre la région et son peuple d’une part, et Israël et la possibilité de son intégration d’autre part.

Cette tournure des événements a relancé chez les gens ce qui était pour ainsi dire mort en raison des années maigres dans la région – ravivant le grand espoir de retour, de libération des lieux saints et d’autodétermination.

Gaza a présenté un modèle exceptionnel d’initiative et d’action malgré d’énormes défis et obstacles. Si Gaza en état de siège peut le faire, pourquoi ne pourrions-nous pas, dans toute la patrie arabe, répéter l’expérience ?

Ceci à son tour aura sans nul doute des répercussions fondamentales sur la façon dont les peuples de la région se perçoivent eux et leur capacité d’action et de changement, quelles que soient leurs orientations politiques ou leur situation géographique.

Nous pouvons donc nous attendre à un nouveau cycle de Printemps arabe dans la région puisque la réponse officielle à la confrontation sanglante de Gaza a été loin des aspirations de la nation, de ses peuples et de la responsabilité historique de la nation arabe vis-à-vis de la cause palestinienne.

Mettre un terme à l’agression

Au niveau international, l’avancée a été significative, stratégique et irréversible.

Primo, en dépit des tentatives sionistes pour l’enterrer, la question palestinienne est devenue une affaire personnelle pour des millions de personnes du monde entier.

Le monde a assisté directement à la réalité de ce projet raciste, en contraste flagrant avec ses prétentions de vouloir représenter l’Occident et les valeurs que sont la liberté, la démocratie et le respect des droits humains. Au lieu de cela, il s’est révélé en tant que prédateur sanguinaire, tout en jouant le rôle de victime et en reniant toute humanité depuis des décennies.

L’importance de ce glissement narratif réside dans le fait qu’Israël s’appuie sur deux piliers de soutènement principaux, pour sa survie : sa force matérielle (militaire et économique) et l’acceptation internationale de sa légitimité.

Notre peuple et sa résistance ont affronté le premier facteur. Le second s’est dramatiquement effondré dans le sillage du 7 octobre.

Au niveau international officiel, la bataille en est toujours dans ses premières phases. Ceux qui ont créé ce projet malveillant, qui le construisent et l’alimentent depuis des décennies dans le cadre des intérêts mutuels du mouvement sioniste et des puissances impérialistes, se sont précipités à sa rescousse, quand il s’est quasiment effondré.

Cependant, nous pouvons au moins observer des transformations importantes. Bien des pays ont compris qu’oblitérer la question palestinienne et contourner le peuple palestinien n’était tout simplement pas possible.

Personne, dans la région ou au-delà, ne jouira de la sécurité sans résoudre ce conflit et répondre aux droits inhérents du peuple palestinien.

Quant à l’ennemi sioniste, la bataille et ses répercussions ont approfondi plusieurs divisions internes, soit politiques, soit sociales ou idéologiques. L’une des principales raisons pour lesquelles cette bataille se poursuit réside dans les tentatives des dirigeants israéliens en vue d’échapper aux conséquences de leurs actions, car ils craignent leurs lendemains et une menace d’effondrement.

Fait très important, le 7 octobre a asséné un coup stratégique à la foi du public israélien en ses dirigeants politiques, sécuritaires et militaires et en leur capacité à diriger, à instaurer à sécurité ou à protéger leurs citoyens.

La résistance et son commandement tiennent toujours fermement les rênes. Sur le terrain, certes, il reste toujours du chemin à parcourir pour vaincre l’ennemi, le forcer à cesser son agression et à se retirer de notre bande de Gaza bien-aimée.

En même temps, des efforts sont consentis en permanence pour secourir notre peuple et alléger ce désastre humanitaire.

Au niveau politique national, certains tentent de nous ramener au contexte politique d’avant le 7 octobre, mais il devrait être clair que ni la résistance ni notre peuple n’accepteront le statu quo d’avant ni aucun résultat qui n’honorera pas les énormes sacrifices de notre peuple.

Ici, il pourrait être utile de faire remarquer que les deux priorités de la résistance à ce stade – qu’elle communique aux États et aux médiateurs – consistent à mettre un terme immédiatement et complètement à l’agression et à assurer le retrait de toutes les forces d’occupation de la totalité de la bande de Gaza, et à aborder la catastrophe humanitaire provoquée par l’agression.

Aucune des propositions qui ne réalisera pas immédiatement ces deux buts en tant que première étape, ne sera acceptée et sera donc dès le départ vouée à l’échec.

Un processus politique

Un processus politique à moyen et long terme ne pourra commencer que plus tard, en démarrant par un échange de prisonniers, par la levée du siège et par la reconstruction de ce que l’occupation a détruit.

Ce devrait être suivi alors par une réorganisation de la politique globale palestinienne sur des fondations qui restaureront la crédibilité du projet national original, culminant dans un processus politique destiné à mettre un terme à l’occupation sioniste, à maintenir le droit palestinien à l’autodétermination, à établir un État palestinien indépendant avec Jérusalem comme capitale et à assurer le retour des réfugiés en conformité avec les résolutions internationales pertinentes.

Déluge d’Al-Aqsa a marqué un moment clé et une opportunité stratégique, non seulement pour notre peuple, mais pour nos nations arabes et islamiques, de récupérer l’initiative dans la civilisation en présentant un modèle différent de gestion des affaires humaines.

L’Occident, avec ses dirigeants et ses systèmes, s’est montré incapable de protéger l’humanité du fascisme, du racisme et de leurs impacts catastrophiques sur l’humanité.

Cette opportunité ne doit pas nous glisser des mains, ou nous pourrions, Dieu nous en préserve, devoir attendre des décennies pour que se représente un moment similaire. Cette bataille devrait devenir une rampe de lancement pour notre peuple et sa juste cause, précisément au moment où nous voyons des transformations internationales massives se produire en même temps que le déclin du système unipolaire vers un système multipolaire, ou avec des acteurs multiples.

Ceci devrait être ponctué par la progression de notre Sud mondial, dont nous faisons partie, vers une position convenant à ses peuples après des siècles de colonisation, d’asservissement, de pillages des ressources et de marginalisation.

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Le Dr Basem Naim est un ancien ministre palestinien de la santé et il est membre du bureau politique du Hamas. Il a publié précédemment dans divers médias, dont le réseau ABC, en Australie, et, au Royaume-Uni, dans Sky News, The Guardian, Middle East Eye, Al Jazeera et The Jewish Daily Forward.

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Publié le 5 février 2024 sur The Electronic Intifada
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine

Les 54 premières années Manuel abrégé d’occupation militaire (documentaire de Avi Mograbi)


À travers un vrai-faux manuel d’occupation, le documentariste israélien Avi Mograbi dissèque les rouages de la mainmise de l’État hébreu sur les territoires palestiniens occupés, et recueille la précieuse parole de soldats qui y ont participé. Juin 1967.

Au terme de la guerre des Six Jours, la Cisjordanie, le Sinaï, Gaza et le Golan passent sous contrôle israélien. Débute alors l’occupation des territoires palestiniens, l’une des plus longues de l’histoire moderne.

Le réalisateur israélien Avi Mograbi, antisioniste déclaré, en expose, face caméra, les principes fondamentaux, tirés d’un vrai-faux manuel abrégé d’occupation militaire. Chacun d’entre eux est illustré par les témoignages de soldats qui ont douloureusement vécu leur participation au maintien de la domination israélienne et se sont confiés à l’ONG « Breaking the Silence » (« Briser le silence »).

Car si l’occupation implique d’abord de confisquer des terres pour y implanter des colonies juives, elle oblige Tsahal, l’armée de défense de l’État hébreu, à sécuriser les opérations tout en réprimant les tentatives de résistance, dont la première Intifada, qui éclate en 1987…

Les dessous d’une occupation Dans cet exposé implacable, Avi Mograbi (Comment j’ai appris à surmonter ma peur et à aimer Ariel Sharon, Pour un seul de mes deux yeux) endosse lui-même le rôle d’un docte expert en stratégie militaire, aveugle aux souffrances engendrées par l’application d’un manuel sans concessions.

Adoptant une narration chronologique, son film fait intervenir d’anciens soldats de différentes générations, qui racontent les exactions qu’ils ont commises sous l’uniforme de Tsahal ou auxquelles ils ont assisté, encouragés par leurs supérieurs : arrestations, tortures, perquisitions, punitions collectives, expropriations, destructions de maisons…

Des images d’archives étaient et recoupent ces témoignages et dévoilent les dessous d’une occupation des territoires palestiniens qui perdure depuis cinquante-quatre ans, condamnant tout espoir de paix.

Seconde partie

Second volet de ce vrai-faux manuel d’occupation dans lequel le documentariste israélien Avi Mograbi dissèque les rouages de la mainmise de l’État hébreu sur les territoires palestiniens occupés.

Dans les années 1990, l’État hébreu continue d’asseoir sa domination sur la Palestine avec l’aide de son service de sécurité intérieure, le Shabak. De son côté, l’armée ferme les yeux sur les actes de violence commis par les colons envers les Palestiniens.

En 1993, les accords d’Oslo offrent des zones de souveraineté distinctes aux Israéliens et aux Palestiniens, mais entravent les déplacements de ces derniers à travers la mise en place de points de contrôle. Après le massacre d’Hébron par un colon juif en 1994, des attentats-suicides visent les centres urbains israéliens.

En 2000, la seconde Intifada, violemment réprimée, entraîne une escalade sécuritaire et la construction d’un mur de séparation en Cisjordanie pour protéger la population israélienne de possibles attaques.

Après le retrait d’Israël de la bande de Gaza en 2005, le conflit avec le Hamas (Mouvement de la résistance islamique) débouche sur des opérations militaires israéliennes dans la zone en 2008, puis en 2014. Les dessous d’une occupation

Analysis | Le refrain de Netanyahou : « combattre le Hamas jusqu’à la victoire totale » est un fantasme



Source : Haaretz | Israel News

Anshel Pfeffer

Benjamin Netanyahu se prend pour Winston Churchill en parlant sans cesse de « victoire totale » dans la guerre contre le Hamas. Ce qu’il refuse d’admettre, c’est qu’il est en fait un Neville Chamberlain apaisant dans son costume de la Seconde Guerre mondiale. La confiance du public israélien en lui a été fondamentalement détruite

מסע"ת רה"מ בנימין נתניהו 7.2.24

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu lors de sa conférence de presse à Jérusalem mercredi. Photo : Marc Israel Sellem/PoolAnshel Pfeffer

8 février 2024 12:21 pm IST

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu n’a pas eu besoin de tenir une conférence de presse mercredi. La réponse du gouvernement israélien à la dernière proposition du Hamas sur un éventuel accord de libération d’otages a été transmise aux médias. Mais une déclaration laconique rejetant les exigences maximalistes du Hamas aurait suffi. En fait, elle aurait été bien plus utile, étant donné qu’il ne s’agit que de la première tentative du Hamas dans ce qui sera une série de négociations longues et complexes.

La proposition du Hamas n’a surpris personne au sein de l’establishment sécuritaire israélien. La stratégie actuelle, qui consiste à maintenir la pression sur son chef Yahya Sinwar en poursuivant l’opération militaire à l’intérieur et autour de Khan Yunis jusqu’à ce qu’un accord plus acceptable soit conclu, fait l’objet d’un consensus au sein du cabinet de guerre.

La conférence de presse ne portait pas sur la proposition du Hamas. En fait, elle a occupé à peine une minute de la déclaration de M. Netanyahu. Elle n’a pas non plus fait l’objet de questions par des journalistes après la conférence.

Il n’a pas non plus été question des otages détenus à Gaza. Il s’agissait de Netanyahou – parce qu’il faut toujours qu’il s’agisse de Netanyahou et de son dernier message testé dans les sondages.

Au cours des deux dernières semaines, il s’agissait de sa promesse vide de « victoire totale », répétée encore et encore, à chaque apparition et à chaque déclaration.

פעילות צה"ל ברצועת עזה
Soldats israéliens opérant récemment dans la bande de Gaza. Photo: Porte-parole de l’IDF

Lorsqu’un journaliste lui a demandé d’expliquer ce que signifiait la « victoire totale », il s’est lancé dans une étrange allégorie sur le fait que l’on brise un verre « en petits morceaux, puis on continue à le briser en morceaux encore plus petits et on continue à taper », sans que personne ne s’en aperçoive.

Il y a eu une série de vantardises non fondées sur le fait que « la victoire totale est à portée de main » et qu’Israël parviendra à un « désarmement éternel de Gaza ».

  • Lorsqu’il s’agit de l’accord sur la libération des otages, rester au pouvoir est toujours la principale préoccupation de Netanyahou
  • Nettoyage ethnique au nom de Dieu : les seuls Israéliens qui ont un plan pour le « jour d’après » à Gaza
  • L’UNRWA est truffé de membres du Hamas. Mais Israël n’a pas d’alternative

Il y a eu ensuite des affirmations qui auraient surpris les commandants militaires israéliens, comme « nous détruisons les [tunnels] souterrains », alors que des officiers supérieurs à tous les niveaux des forces de défense israéliennes affirment depuis des semaines que le réseau de tunnels sous Gaza est trop vaste pour qu’une telle entreprise soit possible.

Il a également déclaré que « nous avons donné l’ordre d’opérer à Rafah » – une autre opération qui ne sera possible, le cas échéant, que lorsque les FDI trouveront un moyen de déplacer plus d’un million de réfugiés qui y sont concentrés, et de mettre en place une telle opération avec les Égyptiens extrêmement réticents de l’autre côté de la frontière.

Interrogé sur des questions de fond, M. Netanyahou n’a donné que des réponses brèves, vagues et sans engagement.

Quant à savoir qui dirigerait Gaza au lendemain de la guerre, il a répondu : « Des éléments qui ne soutiennent pas la guerre » : « Des éléments qui ne soutiennent pas le terrorisme ». Quant à la confrontation avec le Hezbollah à la frontière nord, il a déclaré qu’elle serait résolue par la voie diplomatique ou militaire, comme s’il existait une troisième option.

La seule chose digne d’intérêt dans cette conférence de presse est peut-être la façon dont M. Netanyahou est passé, pour l’instant du moins, de l’accusation à l’éloge de l’armée et a cessé, du moins temporairement, d’attaquer les médias pour avoir démoralisé le public israélien. Tout ce que cela signifie, c’est qu’après avoir essayé de faire passer ces messages, les sondages ont montré qu’ils n’ont pas fonctionné, et il se concentre donc sur la « victoire totale » et rien d’autre.

« Netanyahou lit les sondages. Il sait qu’une majorité du public israélien croit toujours en une victoire totale sur le Hamas. Il s’en tient fidèlement au sentiment du public sur ce point », a déclaré un ministre du gouvernement cette semaine. « Son problème est qu’il refuse de lire une chose différente qui ressort clairement des sondages : le public ne veut plus entendre parler de lui. Même s’il dit les choses qu’ils veulent entendre. La confiance qui subsistait en lui a été fondamentalement brisée depuis le 7 octobre, et il ne peut pas y remédier ».

ISRAEL-PALESTINIANS/GAZA
Des soldats israéliens utilisent un char d’assaut dans la bande de Gaza le mois dernier. M. Netanyahou ignore l’opinion publique et pense qu’il peut mener Israël « vers de vastes étendues ensoleillées ».. »Photo: IDF/Reuters

Avec sa rengaine « continuer jusqu’à la victoire totale », Netanyahou, comme beaucoup d’autres dirigeants avant lui, vit dans un fantasme churchillien. Il croit encore qu’il peut imiter le Premier ministre britannique en temps de guerre et mener Israël « vers de vastes étendues ensoleillées ». Ce qu’il ne peut accepter, c’est que dans son jeu de scène de la Seconde Guerre mondiale, il n’est pas Winston Churchill, mais Neville Chamberlain – l’apaiseur lamentable que Churchill a remplacé huit mois après le début de la guerre.

Tout le monde, à l’exception des Bibiistes les plus acharnés, connaît déjà l’inévitable vérité : Netanyahou restera à jamais dans l’histoire comme le pire Premier ministre d’Israël, qui l’a conduit dans la plus grande tragédie qu’ait jamais connue l’État. Mais il est incapable de le comprendre et continuera à se battre pour changer ce récit, même après la fin de la guerre.

Texte traduit au moyen de DEEPL et relu par anniebannie

La décision de la CIJ n’est pas suffisante et ceci est la voie à suivre


– ILAN PAPPE
29 janvier 2024

Ilan Pappe – The Palestine Chronicle

Ilan Pappe » ‘La CIJ a manqué une occasion d’arrêter le génocide à Gaza« .(Image: Palestine Chronicle)

Si les militants engagés avaient besoin d’une raison supplémentaire pour expliquer pourquoi ce qu’ils font est essentiel et juste, la décision de la CIJ est un rappel glaçant de ce qui est en jeu ici.

La démarche morale et courageuse de l’Afrique du Sud auprès de la Cour internationale de justice (CIJ), dans l’espoir d’une décision qui mettrait fin au génocide des Palestiniens de Gaza, n’a pas été suivie par la Cour le vendredi 26 janvier 2024.

Je ne sous-estime pas l’importance de l’arrêt de la Cour. Certes, la Cour a confirmé le droit de l’Afrique du Sud de saisir la CIJ et a étayé les faits qu’elle a présentés, notamment l’hypothèse selon laquelle les actions d’Israël pouvaient être définies comme un génocide au sens de la convention sur le génocide.

À long terme, le langage et les définitions utilisés par la CIJ dans son premier arrêt constitueront une énorme victoire symbolique sur la voie de la libération de la Palestine.

Mais ce n’est pas pour cette raison que l’Afrique du Sud s’est adressée à la CIJ. L’Afrique du Sud voulait que la Cour mette fin au génocide. Par conséquent, d’un point de vue opérationnel, la CIJ a manqué une occasion d’arrêter le génocide, principalement parce qu’elle a continué à traiter Israël comme une démocratie et non comme un État voyou.

Les Palestiniens, et tous ceux qui soutiennent la lutte contre les crimes commis par les pays du Nord, ont cessé depuis longtemps d’être impressionnés par les actions symboliques. Les actions contre les États voyous n’ont de sens que si elles ont un côté opérationnel.

Les actions opérationnelles suggérées par la CIJ consistent essentiellement à demander à Israël de soumettre, dans un mois, un rapport sur les mesures prises pour prévenir le génocide à Gaza.

Il n’est pas étonnant que le gouvernement israélien ait déjà laissé entendre qu’une telle mission ne figurerait pas parmi ses priorités et, surtout, qu’elle n’aurait aucun impact sur ses politiques sur le terrain.

Même si la CIJ avait exigé, comme elle aurait dû le faire, un cessez-le-feu, il aurait fallu un certain temps pour le mettre en œuvre, compte tenu de l’intransigeance israélienne. Mais le message adressé à Israël aurait été clair et efficace.

Permis de génocide

Ce qu’il faut retenir de tout engagement avec Israël, c’est que ce qui compte, ce n’est pas l’intention du message, mais la manière dont il est compris par les responsables politiques israéliens.

La solidarité occidentale avec Israël, manifestée le 7 octobre 2023, a été comprise par ses décideurs politiques comme une autorisation de commettre un génocide à Gaza. De même, le fait d’opter pour un rapport au lieu d’une action est compris en Israël comme une légère tape sur la main, qui donne à Israël au moins 30 jours supplémentaires pour poursuivre ses politiques génocidaires.

Si tel est le cas, que restera-t-il de Gaza dans un mois ? Quelle sera l’ampleur du génocide dans un mois, si non seulement l’Occident mais aussi la CIJ refusent d’appeler à un cessez-le-feu immédiat ? Je crains qu’il ne soit pas nécessaire de répondre à ces terribles questions.

Plus important encore, le crime a déjà été commis, ce n’est pas comme s’il était encore temps de l’arrêter. Par conséquent, à moins que la CIJ n’estime que les actions d’Israël doivent être inversées et rectifiées, elle envoie un message très confus. Elle semble suggérer que, même si les actions constituent un crime, si le carnage est limité, la CIJ s’en féliciterait.

L’histoire d’un échec en Palestine

La CIJ a semblé manquer de courage lorsqu’elle s’est abstenue d’exiger ce que de nombreux pays du Sud et un grand nombre de personnes de la société civile mondiale demandaient au cours des trois derniers mois.

Si tout ce processus se termine par la conclusion habituelle selon laquelle le droit international n’a pas le pouvoir d’arrêter la destruction de la Palestine et des Palestiniens, cela aura un impact encore plus important sur la question de la Palestine.

En fait, cette prise de conscience pourrait sérieusement ébranler la confiance, déjà très faible, du Sud mondial dans l’universalité du droit intentionnel.

Depuis son institutionnalisation définitive après la Seconde Guerre mondiale, le droit international n’a pas réussi à traiter correctement le colonialisme en tant que crime et n’a jamais été en mesure de remettre en question les projets coloniaux de peuplement tels qu’Israël.

Il est également apparu clairement que les politiques impérialistes menées par les États-Unis et la Grande-Bretagne, en violation flagrante du droit international, échappaient totalement à la juridiction de ce dernier. Ainsi, les États-Unis ont pu envahir l’Irak en violation flagrante du droit international et la Grande-Bretagne envisage aujourd’hui d’envoyer, sans crainte de représailles, des demandeurs d’asile au Rwanda.

Dans le cas de la Palestine, tout au long des 75 années de la Nakba, le droit international – par l’intermédiaire de ses représentants officiels et informels, de ses praticiens et de ses délégations – a été totalement inefficace. Il n’a pas empêché l’assassinat d’un seul Palestinien, il n’a pas conduit à la libération d’un seul prisonnier politique palestinien et il n’a pas empêché le nettoyage ethnique de la Palestine. La liste de ses échecs est trop longue pour être détaillée ici.

Mais il y a de l’espoir

Il y a une nouvelle leçon importante qui devrait façonner notre activité et éclairer nos espoirs pour l’avenir.

Nous avons déjà appris qu’il n’y a pas d’espoir de changement au sein de la société israélienne, une leçon qui a été ignorée par ceux qui ont participé au soi-disant processus de paix.

L’incapacité à comprendre l’ADN de la société sioniste a permis à Israël, depuis sa création, de tuer progressivement et massivement les Palestiniens, soit directement, en leur tirant dessus, soit indirectement, en leur refusant les conditions de vie humaines de base.

Ce processus, mené par les États-Unis, reposait sur la formule selon laquelle ce n’est qu’une fois la « paix » rétablie qu’Israël serait obligé de modifier ses politiques impitoyables sur le terrain.

Ce faux paradigme s’est totalement effondré, même si l’administration Biden tente, ces jours-ci, de le ressusciter, de même que les quelques Palestiniens qui, pour une raison ou une autre, continuent de croire en la solution à deux États.

Et maintenant vient la nouvelle leçon importante : non seulement nous ne pouvons pas espérer un changement au sein d’Israël, mais nous ne pouvons pas non plus compter sur le droit international pour protéger les Palestiniens d’un génocide.

Cela ne signifie pas pour autant qu’il n’y a pas d’espoir de libération et de décolonisation dans l’avenir. Le projet sioniste est en train d’imploser de l’intérieur.

La société juive d’Israël se désintègre, son économie est défaillante et son image internationale se détériore.

L’armée israélienne n’a pas fonctionné en octobre et le gouvernement est en lambeaux et incapable de fournir des services de base à ses citoyens. Dans ces conditions, seules les guerres et les intérêts cyniques de l’Occident maintiendront ce projet en vie, mais pour combien de temps ?

Et pourtant, un tel processus d’implosion dans l’histoire peut être long, brutal et violent, comme il se déroule sous nos yeux aujourd’hui.

Et nous ne sommes pas que des spectateurs. Les militants parmi nous comprennent qu’il faut doubler et tripler ce que nous savons déjà qu’il faut faire.

Nous continuons, en dehors de la Palestine, à essayer de faire passer le « B » et le « D » de Boycott et Désinvestissement à « S », comme dans Sanction.

Cet effort peut être intensifié en poussant dans deux directions. D’une part, nous devrions exercer davantage de pression sur les gouvernements du Sud pour qu’ils soient plus actifs, en particulier dans les mondes arabe et musulman. D’autre part, nous devrions trouver de meilleurs moyens d’accroître la pression électorale sur nos représentants dans le Nord.

Il n’est pas nécessaire de dire à la Résistance palestinienne ce qu’elle doit faire pour se défendre et défendre son peuple. Il n’est pas nécessaire de dire au mouvement de libération comment élaborer une stratégie pour l’avenir. Où qu’ils soient, les Palestiniens engagés dans la lutte continueront à persévérer et à faire preuve de résilience. Ce dont ils ont vraiment besoin, c’est que tout effort extérieur soit plus efficace, plus réaliste et plus audacieux.

On ne peut qu’admirer ce que le mouvement de solidarité avec la Palestine a déjà accompli, en particulier au cours des trois derniers mois.

Toutefois, si ses militants loyaux et engagés avaient besoin d’une raison supplémentaire pour expliquer pourquoi ce qu’ils font est essentiel et juste, l’arrêt de la CIJ est un rappel glaçant de ce qui est en jeu ici.

S’il existe un espoir d’arrêter le génocide dans toute la Palestine historique, il réside dans la capacité de la société civile mondiale à prendre les devants. Car il est bien trop évident que les gouvernements et les organismes internationaux ne veulent pas ou ne peuvent pas le faire.


Ilan Pappé est professeur à l’université d’Exeter. Il était auparavant maître de conférences en sciences politiques à l’université de Haïfa. Il est l’auteur de The Ethnic Cleansing of Palestine, The Modern Middle East, A History of Modern Palestine : Une terre, deux peuples, et de Dix mythes sur Israël. Il est co-éditeur, avec Ramzy Baroud, de « Our Vision for Liberation ». Pappé est décrit comme l’un des « nouveaux historiens » d’Israël qui, depuis la publication de documents pertinents des gouvernements britannique et israélien au début des années 1980, ont réécrit l’histoire de la création d’Israël en 1948. Il a contribué à cet article pour The Palestine Chronicle.

Texte traduit par DEEPL

Non Monsieur Macron, l’antisémitisme n’est pas la cause du massacre du 7 octobre


Depuis le 7 octobre un génocide est en cours à Gaza. Malgré des médias aux ordres, il n’est plus possible de nier la réalité : plus de 30000 mort.es dont une grande majorité de femmes et d’enfants, 90% de la population déplacée de force et régulièrement bombardée, des habitations pulvérisées, la famine organisée, des familles ciblées et exterminées.

La Cour Internationale de Justice a confirmé qu’il y a une tentative de génocide. Monsieur Macron n’a rien dit sur ce qui se passe à Gaza. Il n’a rien vu, il ignore que ce n’est pas seulement la population palestinienne qui est assassinée, c’est aussi le Droit international.

Il a sciemment fait une confusion majeure : les victimes de l’attaque du 7 octobre n’ont pas été tué.es en tant que juifs/ves. Pour leur malheur hélas, elles ont été tuées en tant que membres d’un État colonial et désormais fasciste, qui enferme depuis 16 ans plus de deux millions de personnes dans un ghetto dont il a construit les murs. Seize ans dans la plus parfaite illégalité et avec la complicité des nations dites civilisées ! Seize ans sans discontinuer jusqu’à la brèche du 7 octobre.


Toutes les vies ont la même valeur et parler des victimes israéliennes du 7 octobre sans un mot pour les milliers de victimes palestiniennes d’aujourd’hui et de demain est d’une indécence absolue.

Accuser le peuple palestinien d’antisémitisme, c’est légitimer les assassins au pouvoir en Israël qui sont allés jusqu’à justifier les meurtres des civil.es et des enfants.

Monsieur Macron semble ignorer totalement le Droit international. Résister à l’occupation et à l’oppression est un droit et même un devoir. L’occupation de la Palestine est illégale et les nombreux Français qui vivent dans les colonies violent le Droit international. Les milliers de Français engagés dans l’armée israélienne participent à des crimes contre l’humanité et à un génocide.

En mélangeant sciemment juif et israélien, en faisant de la Palestine un peuple d’antisémites, Monsieur Macron ne protège pas les Juifs. Il les met en danger. Il en fait les complices d’un génocide sur lequel il est étrangement silencieux. Il détruit la mémoire de l’antisémitisme et du génocide nazi qui n’ont rien à voir avec le soutien à un régime suprémaciste dirigé par des fascistes.

Il fait honte.

La Coordination nationale de l’UJFP le 7 février 2024

Qui est Marwan Barghouti – terroriste emprisonné ou Mandela palestinien ? Et pourquoi le Hamas veut-il sa libération ?


Longtemps considéré comme le successeur du président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, Marwan Barghouti purge cinq peines de prison à vie en Israël pour meurtre. Le Hamas a expressément demandé sa libération dans le cadre d’un éventuel échange d’otages et de prisonniers. Barghouti est-il un pragmatique unificateur ou un cerveau terroriste ?
Marwan Barghouti.

Marwan Barghouti. Photo: Brennan Lincley/ AP. Artwork: Anastasia Shub

Source : Haaretz Rachel Fink

5 février, 2024

Ismail Haniyeh, le principal dirigeant politique du Hamas, a annoncé la semaine dernière que le groupe souhaitait que Marwan Barghouti figure parmi les Palestiniens devant être libérés dans le cadre de tout accord de cessez-le-feu avec Israël. Il s’agit de l’une des demandes les plus précises du Hamas depuis le début des négociations sur la libération des prisonniers en échange des otages israéliens.

Qui est Barghouti, pourquoi se trouve-t-il dans une prison israélienne et pourquoi les commentateurs parlent-ils d’un meurtrier emprisonné comme d’un possible prochain dirigeant du peuple palestinien ?

Jeunesse

Marwan Barghouti est né près de la ville de Ramallah, en Cisjordanie, en juin 1959, dans une famille palestinienne éminente qui compte plusieurs personnalités politiques importantes, dont son cousin éloigné Mustafa Barghouti, chef du parti politique Initiative nationale palestinienne.

À l’âge de 15 ans, il a rejoint le mouvement Fatah dirigé par Yasser Arafat, où il a cofondé le Mouvement de jeunesse du Fatah en Cisjordanie.

Il a été emprisonné pour la première fois à l’âge de 19 ans, en 1978, lorsqu’il a été reconnu coupable de faire partie d’un groupe palestinien armé. Il a purgé une peine de cinq ans de prison, au cours de laquelle il a terminé ses études secondaires et appris l’hébreu en autodidacte.

מרוואן גרגותי

Marwan Barghouti, leader du Fatah emprisonné, lors d’une audience au tribunal de Jérusalem en 2012. Photo: Ammar Awad/Reuters

Barghouti a commencé son ascension politique en Cisjordanie pendant la première Intifada à la fin des années 1980, lorsqu’il a dirigé les affrontements palestiniens contre les forces israéliennes. Il a finalement été arrêté pour incitation à la haine et expulsé vers la Jordanie, où il est resté pendant sept ans, jusqu’à ce qu’il soit autorisé à rentrer au pays en vertu des accords d’Oslo en 1994.

  • Pourquoi le plan américain de mise à l’écart du Hamas dans la bande de Gaza d’après-guerre est voué à l’échec
  • Les Palestiniens ont besoin d’un dirigeant populaire capable de faire avancer les choses. Être originaire de Gaza est un atout
  • L’idée fausse est que les Palestiniens ne sont pas un peuple.

S’agit-il du Mandela palestinien ?

En 1996, il a été élu au nouveau parlement de l’Autorité palestinienne, le Conseil législatif palestinien. Il a rapidement lancé une campagne contre les violations des droits de l’homme commises par l’Autorité palestinienne.

Au départ, Barghouti était un fervent partisan du processus de paix après son retour en Cisjordanie dans les années 90. À cette époque, il a noué des contacts étroits avec plusieurs hommes politiques israéliens et des membres du mouvement pacifiste israélien.

Mais avec l’échec du sommet de Camp David en juillet 2000, Barghouti a perdu ses illusions et, lorsque la seconde intifada a éclaté en septembre, il dirigeait des marches vers les points de contrôle israéliens et incitait à des émeutes contre les soldats israéliens.

Il devient le leader du Fatah en Cisjordanie et le chef de sa branche armée, le Tanzim. Ses discours charismatiques visaient à encourager les Palestiniens à recourir à la force pour expulser Israël de la Cisjordanie et de la bande de Gaza.

Israel Palestinians Marwan Barghouti

Des femmes palestiniennes brandissent des drapeaux et une photo de Marwan Barghouti lors d’une manifestation à Beyrouth en 2017. Photo : Hussein Malla/AP

Condamnations à perpétuité

En avril 2002, après avoir survécu à une tentative d’assassinat israélienne, Barghouti a été arrêté à Ramallah et accusé d’avoir tué 26 personnes et d’appartenir à une organisation terroriste.

Il a été reconnu coupable de cinq chefs d’accusation pour la mort de quatre Israéliens et d’un moine grec, ainsi que de tentative de meurtre et d’association de malfaiteurs. En juin 2004, il a été condamné à la peine maximale possible pour ses condamnations : cinq peines de prison à vie cumulées pour les meurtres, et 40 ans supplémentaires pour la tentative de meurtre et l’association de malfaiteurs.

Au cours des deux dernières décennies, bien qu’il opère depuis une cellule de prison, Barghouti a réussi à conserver une grande partie de son pouvoir politique, notamment en jouant un rôle majeur dans la médiation entre le Hamas et le Fatah en février 2007 (avant l’expulsion sanglante de ce dernier de la bande de Gaza), et en étant élu à la direction du parti Fatah par contumace en 2009.

Dès son arrestation, des voix se sont élevées en Israël pour avertir que l’emprisonnement renforcerait la crédibilité et le prestige de Barghouti parmi les Palestiniens.

Peu après la capture de Barghouti, Ehud Barak, premier ministre au moment de l’éclatement de la seconde intifada, mais alors simple citoyen, a fustigé l’opération, déclarant qu’elle était « insignifiante » en termes de lutte contre le terrorisme, mais qu’il s’agissait d’un « plan brillant » visant à faire de Barghouti un futur dirigeant national palestinien. Barak a poursuivi : « Il se battra pour le leadership depuis la prison, sans avoir à prouver quoi que ce soit. Le mythe grandira constamment de lui-même. »

En 2017, il a organisé une grève de la faim de prisonniers palestiniens dans plusieurs prisons israéliennes, et en 2021, il a annoncé qu’il se présenterait aux élections législatives sur une liste commune avec Nasser Al-Qudwa, neveu d’Arafat et ancien ministre palestinien des Affaires étrangères, dans un parti appelé « Liberté ».

« Le Hamas veut montrer au peuple palestinien qu’il n’est pas un mouvement fermé. Qu’il représente une partie de la communauté », a déclaré la semaine dernière à l’Associated Press Qadoura Fares, qui dirige le ministère palestinien des affaires des prisonniers en Cisjordanie. « Ils essaient de paraître responsables« .

Cet événement a été largement perçu comme un prélude à un défi lancé par Barghouti à Mahmoud Abbas pour la présidence de l’Autorité palestinienne. Toutefois, M. Abbas a reporté sine die les élections de mai 2021, invoquant le refus d’Israël d’autoriser l’inclusion de Jérusalem-Est dans le processus électoral.

En mars dernier, Fadwa Barghouti a commencé à faire campagne au nom de son mari dans l’espoir qu’il puisse remplacer Abbas, âgé de 88 ans, au poste de président. Elle a organisé de nombreuses réunions avec des hauts fonctionnaires des pays arabes et des diplomates des États-Unis, de Russie et d’Europe, leur demandant d’œuvrer pour la libération de son mari.

Fadwa Barghouti, l’épouse de Marwan Barghouti, leader du Fatah emprisonné, à Ramallah en 2004. Photo : Loay Abu Haykel/Reuters

Souvent considéré par ses partisans comme le Nelson Mandela palestinien, Barghouti, 64 ans, est considéré par beaucoup en Cisjordanie comme le successeur naturel d’Abbas.

Le Fatah a été chassé de Gaza après une brève mais sanglante bataille avec le Hamas en juin 2007, et Abbas espère apparemment reprendre le contrôle de l’enclave côtière après la fin de la guerre entre Israël et le Hamas. Cependant, Abbas est profondément impopulaire auprès des Palestiniens, en raison de la corruption qui règne au sein de l’AP et de sa coordination permanente avec l’armée israélienne en matière de sécurité.

En exigeant la libération de Barghouti, le Hamas cherche apparemment à rallier le soutien de l’opinion publique pour le « jour d’après » tant discuté, le remplacement d’Abbas en tant que président palestinien et la poursuite de son implication dans la politique palestinienne.

Barghouti a souvent reçu le plus grand soutien en tant que leader potentiel dans les sondages réalisés auprès des Palestiniens au cours de la dernière décennie, et aujourd’hui, pendant la guerre à Gaza, il reste la figure politique palestinienne la plus populaire.

Dans un sondage de décembre 2023 publié par le Palestinian Center for Policy and Survey Research, 55 % des Palestiniens de Cisjordanie et de Gaza ont déclaré qu’ils voteraient pour Barghouti, avant Ismail Haniyeh du Hamas et Abbas.

Dans une interview accordée à l’Associated Press la semaine dernière, Qadoura Fares, qui dirige le ministère palestinien des affaires des prisonniers en Cisjordanie, a tenté d’expliquer pourquoi le Hamas a tout intérêt à libérer Barghouti : « Le Hamas veut montrer au peuple palestinien qu’il n’est pas un mouvement fermé. Il veut montrer au peuple palestinien qu’il n’est pas un mouvement fermé et qu’il représente une partie de la communauté sociale palestinienne. Il essaie de paraître responsable », a-t-il déclaré.

ISRAEL-PALESTINIANS/ARABS
Le président palestinien Mahmoud Abbas rencontre le secrétaire d’État américain Antony Blinken à Ramallah le mois dernier.

Paix ou guerre ?

Alors qu’Israël attend la réponse du Hamas à la dernière proposition d’accord sur les otages, il n’est pas certain que Jérusalem accepte de libérer Barghouti dans le cadre de l’accord.

Le Hamas avait déjà tenté d’obtenir la libération de M. Barghouti lors des négociations sur la libération du soldat israélien Gilad Shalit. Ce dernier a finalement été libéré en octobre 2011 en échange de 1 027 prisonniers palestiniens, mais Barghouti n’en faisait pas partie.

Pourtant, Barghouti a parfois obtenu le soutien de certains secteurs de la société israélienne, qui le considéraient comme un modéré et un contrepoids potentiel à l’extrémisme islamiste du Hamas. Par le passé, il a reçu la visite d’activistes et de politiciens israéliens de gauche qui plaidaient en faveur de sa libération. En 2007, le vice-premier ministre Shimon Peres a déclaré que s’il était élu président, il gracierait Barghouti – une promesse qui ne s’est jamais concrétisée au cours de ses sept années de présidence.

L’ancien chef du Shin Bet, Ami Ayalon, a récemment déclaré à Haaretz : « Dans le cadre d’un accord global comprenant le retour de tous les otages, nous devons libérer Marwan Barghouti. Il est le seul à pouvoir conduire une direction palestinienne unie et légitime sur la voie d’une séparation mutuellement acceptée d’avec Israël ».

Le mois dernier, l’ancien chef du service de sécurité du Shin Bet, Ami Ayalon, a déclaré à Haaretz que « dans le cadre d’un accord global comprenant le retour de tous les otages, nous devons libérer Marwan Barghouti ». »C’est le cas pour deux raisons », a déclaré M. Ayalon : D’une part, parce que la restitution des otages israéliens est ce qui se rapproche le plus d’un « tableau de victoire » [pour Israël] dans l’actuelle campagne de Gaza. Et parce que Marwan est le seul dirigeant palestinien qui puisse être élu et soutenu par la communauté internationale.

Israel Palestinians Marwan Barghouti

Des soldats israéliens en patrouille au poste de contrôle de Qalandiyah, devant une fresque de Marwan Barghouti peinte sur la barrière de séparation en Cisjordanie.

Malgré ces voix de soutien, Barghouti a passé la majeure partie de sa carrière politique – y compris son séjour en prison – à osciller entre une vision modérée de la coexistence et des positions plus incendiaires. Dans une déclaration publiée depuis sa prison en décembre dernier, à l’occasion de l’anniversaire de la première intifada, il a appelé chaque Palestinien à prendre part à la « campagne de libération » en cours.

« Nous devons faire de chaque foyer palestinien un bastion de la révolution et de chaque homme un soldat de cette campagne. Nous devons nous unir et prouver au monde que nous sommes une force inébranlable dans notre longue campagne héroïque, créée par la résistance, qui marque le début d’une nouvelle étape dans l’histoire de notre nation », a-t-il déclaré.

Bien que la libération de Barghouti soit peu probable compte tenu du climat politique actuel, de nombreux Palestiniens continuent à placer leurs espoirs dans sa candidature à la présidence. Fares, un partisan de Barghouti, a déclaré que s’il était libéré, il pourrait devenir un candidat galvanisant pour le Hamas, le Fatah et d’autres factions palestiniennes qui se rallieraient à lui.

Le Hamas est « plus fort et plus intelligent que jamais », a-t-il affirmé. « Il comprend à quel point il est nécessaire que le peuple palestinien parvienne à un consensus.

Traduit de Haaretz avec Deepl, relu par AnnieBannie

LES MÉDECINS DE PALMED ONT ACCOMPLI LEUR MISSION À GAZA.


ACTUALITÉSPOUR AGIR (voir sur le site de CAPJPO de nombreuses photos)

Ils viennent de passer 15 jours à soigner les malades de Gaza, à encourir les même risques que leurs collègues médecins palestiniens, encore vivants et épuisés, dans les rares hôpitaux qui fonctionnent encore dans la bande de Gaza.

Les médecins de Palmed ont accompli leur mission à Gaza.

Ils reviennent tandis qu’une autre équipe médicale organisée par PALMED part les remplacer !

Nous les remercions chaleureusement.

Ci-dessous le communiqué de presse de PALMED :

CAPJPO-Europalestine

BDS news : LE JAPONAIS ITOCHU CORPORATION MET FIN À SON PARTENARIAT AVEC LE MARCHAND DE MORT ELBIT SYSTEMS


ACTUALITÉSCampagne BDS

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La filiale d’aviation du vaste conglomérat japonais Itochu Corporation a annoncé l’annulation de sa coopération avec le fabricant de drones tueurs israélien Elbit Systems, rapporte l’agence Reuters.

BDS : le japonais Itochu Corporation met fin à son partenariat avec le marchand de mort Elbit Systems
Militants bloquant l’usine des usines d’Elbit en Angleterre

Cette décision est la conséquence directe de  l’ordonnance de la Cour Internationale de Justice, qui a demandé à toutes les parties signataires de la Convention pour la prévention des génocides de prendre toutes mesures en ce sens, a précisé la direction du groupe nippon.

Ce dernier avait signé l’année dernière un accord de « coopération stratégique » avec Elbit Systems

 « Compte tenu de l’ordonnance de la CIJ du 26 janvier et du fait que le gouvernement japonais soutient le rôle de la Cour, nous avons déjà suspendu les nouvelles activités liées au protocole d’entente et prévoyons de mettre fin au protocole d’ici la fin du mois de février », précise encore Itochu.

Fondée il y a près de deux siècles, Itochu est une société de commerce qui a diversifié ses investissements au fil des décennies, dans l’énergie, l’industrie, la high-tech notamment. Elle a réalisé l’an dernier un chiffre d’affaires de 31 milliards d’euros environ.

CAPJPO-EuroPalestine

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