| 26 juillet 2024 | Read Online |
| Source La semaine dernière, l’armée israélienne a lâché un chien de combat sur Muhammed Bhar, un Palestinien trisomique. Muhammed a crié « habibi », c’est-à-dire « chéri », alors que le chien lui mordait le bras et la poitrine. La mère de Muhammed a dit aux soldats qu’il était handicapé et ne constituait pas une menace, mais en vain. Muhammed a saigné à mort dans la pièce voisine. Comment l’armée israélienne a-t-elle pu prendre pour cible un homme si manifestement innocent et sans défense qu’il pouvait à peine prononcer un mot en guise de réponse ? ![]() Ce meurtre est choquant, mais pas surprenant. Depuis plus de neuf mois, les soldats israéliens ne sont plus soumis à aucune contrainte. Depuis le 7 octobre, le principe directeur est, pour citer le président israélien Isaac Herzog, que « toute une nation » est responsable. Pour Israël, les adultes handicapés, les nouveau-nés, les jeunes enfants et les personnes âgées ne sont pas seulement les premiers à souffrir, ils sont souvent les premiers à être ciblés par l’armée israélienne pour être exécutés. Cela est apparu clairement lorsque, le 13 octobre 2023, Israël a ordonné à l’ensemble des 1,1 million d’habitants du nord de la bande de Gaza de fuir vers le sud, y compris des milliers de personnes âgées et de patients d’hôpitaux qui ne pouvaient être déplacés. Cet ordre était une véritable condamnation à mort pour un nombre incalculable de jeunes, de personnes âgées et de personnes handicapées qui comptaient sur le soutien vital des hôpitaux, des médecins, des soignants et des membres de leur famille. Cet ordre a été le premier de dizaines, de centaines, voire de milliers d’ordres d’évacuation émis depuis lors. Chaque ordre émis équivaut à une nouvelle condamnation à mort pour les populations les plus vulnérables et les plus immobiles de Gaza, qui ont rarement, voire jamais, le temps d’évacuer et qui se voient rarement, voire jamais, proposer un endroit vers lequel évacuer. L’Euro-Med Monitor, basé à Genève, a fait état en décembre 2023 de l’exécution sur le terrain de plusieurs personnes âgées de plus de 60 ans. Selon de nombreux témoignages, les soldats ont abattu des personnes âgées peu après leur avoir ordonné d’évacuer leur maison. Dans certains cas, les exécutions ont eu lieu quelques instants après leur sortie . Dans d’autres cas, les personnes les plus vulnérables de Gaza ont été prises pour cible sur la route, à la recherche d’un refuge. Bashir Hajji, un habitant de la ville de Gaza âgé de 79 ans, a été « brutalement exécuté alors qu’il traversait le ‘couloir de sécurité’ lorsque des membres de l’armée israélienne lui ont délibérément tiré une balle dans la tête et dans le dos ». Ibrahim Yaghi a été témoin d’un incident similaire le 11 décembre 2023, lorsque l’armée israélienne l’a expulsé de son domicile. « Cela faisait deux heures que je marchais vers le sud au milieu de milliers d’autres personnes », écrit Yaghi. « À côté de moi marchait un homme âgé qui avait manifestement du mal à suivre. Il était en train de se déshydrater. Il s’est arrêté pour boire de l’eau alors qu’il était sur le point de s’effondrer. Cela signifiait qu’il gênait la circulation sur la route. L’instant d’après, je me suis rendu compte qu’il y avait du sang sur mon visage. Il est tombé par terre. Il a été abattu de sang-froid sous mes yeux par les forces d’occupation israéliennes ». Il y a aussi l’histoire de Naifa Al-Suda, la grand-mère de 94 ans assassinée par l’armée israélienne lors de son deuxième raid sur l’hôpital al-Shifa en mars 2024. Les troupes israéliennes ont forcé toute la famille de Naifa à fuir vers Wadi Gaza, leur promettant que Naifa s’en sortirait, alors qu’elle dépendait de sa famille pour survivre. Après le retrait de l’armée israélienne de l’hôpital al-Shifa et de ses environs, la famille de Naifa est retournée chez elle à sa recherche. « Nous sommes entrés dans l’appartement de ma sœur, où nous avons été contraints de laisser ma grand-mère », a déclaré Mohammad Saad Al-Nawati. « Nous avons découvert un crâne, une colonne vertébrale et d’autres os sur son lit. C’est tout ce qui restait de ma grand-mère, dont le corps a été réduit en cendres à l’intérieur de notre maison ». Les nouveau-nés sont encore plus vulnérables que les personnes âgées et ont donc également été la cible d’extermination. Le 10 novembre 2023, Israël a expulsé le personnel de l’hôpital pour enfants Al-Nasr, dans le nord de Gaza. Deux semaines plus tard, des journalistes sont entrés dans l’unité de soins intensifs pédiatriques et ont découvert cinq bébés morts dont les corps en décomposition gisaient à proximité de cathéters et de ventilateurs. Le témoignage poignant du médecin juif américain Mark Perlmutter témoigne également de la pratique de l’armée israélienne consistant à prendre pour cible les plus innocents d’entre tous : « J’ai des photos de deux enfants qui ont reçu une balle si parfaite dans la poitrine que je n’ai pas pu placer mon stéthoscope sur leur cœur avec plus de précision, et une autre directement sur le côté de la tête, chez le même enfant. Aucun enfant en bas âge n’est abattu deux fois par erreur par le « meilleur tireur d’élite du monde ». Et ce sont des tirs centrés ». Pour l’armée israélienne, il n’y a pas d’innocents à Gaza, ni de femmes âgées de 94 ans, ni de nourrissons sous respirateur, ni même d’hommes trisomiques qui ne peuvent même pas protester contre les chiens lâchés contre eux. Traduit par deepl |
Des soldats israéliens parlent de cruauté sauvage à Gaza – cruauté approuvée par l’Occident

19 juillet 2024 08:46 BST | dernière mise à jour: 1 j 6 heures
Selon des dénonciateurs israéliens, les femmes et les enfants sont délibérément pris pour cible. Des troupes au sol aux commandants, les règles de la guerre ont été bafouées.

Un soldat israélien vise une mitrailleuse dans la ville de Gaza en mai 2024 (Israeli Army/AFP)
Ils n’en finissent pas d’arriver. Le week-end dernier, Israël a lancé une nouvelle attaque aérienne dévastatrice sur Gaza, tuant au moins 90 Palestiniens et en blessant des centaines d’autres, dont des femmes, des enfants et des secouristes.
Une fois de plus, Israël a pris pour cible les réfugiés déplacés par ses précédents bombardements, transformant une zone qu’il avait officiellement déclarée « zone de sécurité » en un champ de bataille.
Et une fois de plus, les puissances occidentales ont haussé les épaules. Elles étaient trop occupées à accuser la Russie de crimes de guerre pour avoir le temps de s’inquiéter des crimes de guerre bien plus graves infligés à Gaza par leur allié israélien – avec des armes qu’elles lui ont fournies.
L’atrocité commise dans le camp d’al-Mawasi, où vivaient 80 000 civils, a été couverte par l’habituelle histoire israélienne, destinée à rassurer les opinions publiques occidentales sur le fait que leurs dirigeants ne sont pas les hypocrites absolus qu’ils semblent être en soutenant ce que la Cour mondiale a qualifié de « génocide plausible ».
Israël a déclaré avoir tenté de frapper deux dirigeants du Hamas, dont Mohammed Deif, chef de l’aile militaire du groupe, bien que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu ait semblé ne pas savoir si la frappe avait été couronnée de succès.
Personne dans les médias occidentaux n’a semblé se demander pourquoi les deux hommes ont préféré se transformer en cible dans un camp de réfugiés de fortune surpeuplé, où ils couraient le risque énorme d’être trahis par un informateur israélien, plutôt que de s’abriter dans le vaste réseau de tunnels du Hamas.
Ou pourquoi Israël a jugé nécessaire de tirer une multitude de bombes et de missiles en masse pour éliminer deux individus. S’agit-il de la nouvelle définition élargie qu’Israël donne de l' »assassinat ciblé » ?
Ou pourquoi les pilotes et les opérateurs de drones ont poursuivi les frappes pour toucher les équipes de secours . Y avait-il des renseignements indiquant que Deif ne se cachait pas seulement dans le camp, mais qu’il était resté dans les parages pour extraire les survivants ?
Ou comment le fait de tuer et de mutiler des centaines de civils pour tenter de frapper deux combattants du Hamas pourrait-il satisfaire aux principes les plus élémentaires du droit international ? Les notions de « proportion » et de « distinction » exigent des armées qu’elles évaluent l’avantage militaire d’une attaque par rapport à la perte attendue de vies civiles.
La vengeance biblique
Mais Israël a bouleversé les règles de la guerre. Selon des sources au sein de l’armée israélienne, celle-ci considère désormais qu’il est acceptable de tuer plus de 100 civils palestiniens dans la poursuite d’un seul commandant du Hamas – un commandant, notons-le, qui sera tout simplement remplacé dès qu’il sera mort.
Même si les deux chefs du Hamas avaient été assassinés, Israël n’aurait pu douter qu’il commettait un crime de guerre. Mais Israël a appris que plus ses crimes de guerre deviennent routiniers, moins ils sont médiatisés et moins ils suscitent d’indignation.
Ces derniers jours, Israël a frappé plusieurs écoles des Nations Unies servant d’abris, tuant des dizaines de Palestiniens . Mardi, une autre frappe dans la « zone de sécurité » d’al-Mawasi a fait 17 morts.
Selon l’agence des Nations unies pour les réfugiés, l’Unrwa, plus de 70 % de ses écoles – presque toutes servant d’abris aux réfugiés – ont été bombardées.
La semaine dernière, des médecins occidentaux qui s’étaient portés volontaires à Gaza ont déclaré qu’Israël truffait ses armes d’éclats d’obus afin de blesser le plus possible ceux qui se trouvaient dans le rayon de l’explosion. Les enfants, dont le corps est plus petit, souffrent de blessures beaucoup plus graves.
Israël a appris que plus ses crimes de guerre deviennent routiniers, moins ils sont médiatisés et moins ils suscitent d’indignation
Les organisations humanitaires ne peuvent pas soigner correctement les blessés, car Israël bloque l’entrée des fournitures médicales à Gaza. Commettre des crimes de guerre, si les opinions publiques occidentales ne l’ont pas encore compris, est le but même de l' »opération militaire » qu’Israël a lancée à Gaza à la suite de l’attaque d’un jour du Hamas le 7 octobre.
C’est pourquoi l’assaut israélien, qui a duré dix mois, a fait plus de 38 800 morts connus – et probablement au moins quatre fois plus de morts non enregistrées, selon des chercheurs de premier plan qui ont écrit ce mois-ci dans la revue médicale Lancet.
C’est pourquoi il faudra au moins 15 ans pour déblayer les décombres éparpillés dans Gaza par les bombes israéliennes, selon les Nations unies, et jusqu’à 80 ans – et 50 milliards de dollars – pour reconstruire les maisons des 2,3 millions d’habitants de l’enclave encore en vie à la fin de l’opération.
Le double objectif d’Israël a été la vengeance biblique et l’élimination de Gaza – un déchaînement génocidaire pour chasser la population terrifiée, idéalement vers l’Égypte voisine.
Une politique qui consiste à tirer sur tout le monde
Comme si cela n’était pas déjà assez clair, six soldats israéliens ont récemment pris la parole pour raconter ce dont ils ont été témoins pendant leur service à Gaza – une histoire que les médias occidentaux n’ont absolument pas rapportée.
Leurs témoignages, publiés la semaine dernière par la revue 972, basée en Israël, confirment ce que les Palestiniens disent depuis des mois.
Les commandants les ont autorisés à ouvrir le feu sur les Palestiniens à volonté. Toute personne pénétrant dans un secteur que l’armée israélienne considère comme une « zone interdite » est abattue à vue, qu’il s’agisse d’un homme, d’une femme ou d’un enfant.
En mars dernier, le journal israélien Haaretz a averti que l’armée israélienne avait créé de telles « zones de mort », où toute personne entrant était exécutée sans avertissement.
Depuis des mois, le blocus de l’aide israélienne a créé une famine artificielle. L’armée israélienne a transformé en un jeu de roulette russe la recherche de plus en plus frénétique de nourriture par les habitants de Gaza.
Cela explique peut-être en partie pourquoi tant de Palestiniens manquent à l’appel – Save the Children estime que 21 000 enfants sont portés disparus. Les soldats cités dans 972 affirment que les victimes de leur politique de leurs tirs généralisés sont éliminées au bulldozer le long des routes où passent les convois d’aide internationale.
Un soldat de réserve, identifié uniquement comme S, a déclaré qu’un bulldozer Caterpillar « débarrasse la zone des cadavres, les enterre sous les décombres et les renverse sur le côté pour que les convois ne les voient pas – [pour que] les images de personnes à un stade avancé de décomposition ne soient pas diffusées ». Le soldat a également noté : « Toute la zone [de Gaza où l’armée opère] était pleine de cadavres… Il y a une horrible odeur de mort ».
Il est interdit de se promener, et tous ceux qui se trouvent à l’extérieur se méfient. Si nous voyons quelqu’un à une fenêtre qui nous regarde, c’est un suspect. Vous tirez
- Soldat israélien
Plusieurs soldats ont signalé que les chats et les chiens errants, privés d’eau et de nourriture depuis des mois, tout comme la population de Gaza, se nourrissaient des cadavres.
L’armée israélienne a refusé à plusieurs reprises de publier ses règlements en matière de tirs à balles ouvertes depuis qu’elle a été mise au défi de le faire devant les tribunaux israéliens dans les années 1980.
Un soldat nommé B a déclaré à 972 que l’armée israélienne jouissait d’une « liberté d’action totale », les soldats étant censés tirer directement sur tout Palestinien s’approchant de leurs positions, plutôt que de tirer un coup de semonce en l’air : « Il est permis de tirer sur tout le monde, une jeune fille, une vieille femme ».
Lorsque les civils ont reçu l’ordre d’évacuer une école servant d’abri dans la ville de Gaza, a ajouté M. B., certains sont sortis par erreur en direction des soldats, plutôt qu’à gauche. Parmi eux, des enfants. « Tous ceux qui sont allés à droite ont été tués – 15 à 20 personnes. Il y avait une pile de corps ».
Selon B., tout Palestinien de Gaza peut se retrouver par inadvertance une cible : « Il est interdit de se promener, et tous ceux qui sont à l’extérieur sont suspects. Si nous voyons quelqu’un à une fenêtre qui nous regarde, c’est un suspect. On tire ».
Cela ressemble à un jeu PC
S’inspirant de pratiques militaires bien connues en Cisjordanie occupée également, l’armée israélienne encourage ses soldats à tirer même lorsque personne ne les interpelle. Ces tirs aveugles et aléatoires sont connus sous le nom de « démonstration de présence » – ou plus précisément, de terroriser et de mettre en danger la population civile.
Dans d’autres cas, les soldats ouvrent le feu simplement pour se défouler, s’amuser ou, comme l’a dit l’un d’entre eux, « vivre l’événement » que représente le fait d’être à Gaza.
Yuval Green, un réserviste de 26 ans originaire de Jérusalem, le seul soldat à avoir accepté d’être nommé, a fait remarquer que « les gens tiraient juste pour se soulager » : « Les gens tiraient juste pour se désennuyer ».
Comment un leadership mondial immoral permet la poursuite du massacre sauvage d’Israël à Gaza
Un autre soldat, M, a également noté que « les tirs sont illimités, comme de la folie » – et pas seulement avec des armes légères. Les troupes utilisent des mitrailleuses, des chars et des obus de mortier dans une frénésie similaire et injustifiée.
A, un officier de la direction des opérations de l’armée, a souligné que cet état d’esprit d’insouciance totale s’étendait à toute la chaîne de commandement.
Bien que la destruction d’hôpitaux, d’écoles, de mosquées, d’églises et d’organisations d’aide internationale nécessite l’autorisation d’un officier supérieur, dans la pratique, ces opérations sont presque toujours approuvées, a déclaré A : « Je peux compter sur les doigts d’une main les cas où l’on nous a dit de ne pas tirer. Personne ne versera une larme si nous détruisons une maison alors que ce n’était pas nécessaire, ou si nous tirons sur quelqu’un qui n’avait pas besoin de l’être ».
Commentant l’ambiance dans la salle d’opérations, A a déclaré que la destruction de bâtiments ressemblait souvent à un jeu d’ordinateur. En outre, M. A. a mis en doute l’affirmation d’Israël selon laquelle les combattants du Hamas représentaient une forte proportion du nombre de morts à Gaza. Toute personne prise dans les « zones de mort » d’Israël ou ciblée par un soldat qui s’ennuie est considérée comme un « terroriste ».
L’incendie des maisons
Les soldats ont également rapporté que leurs commandants détruisaient des maisons non pas parce qu’ils les soupçonnaient de servir de base à des combattants du Hamas, mais par pur désir de vengeance contre l’ensemble de la population.
Leurs témoignages confirment un rapport antérieur de Haaretz selon lequel l’armée mettait en œuvre une politique consistant à brûler les maisons palestiniennes après qu’elles aient servi de lieux d’hébergement temporaire pour les soldats. M. Green a déclaré que le principe était le suivant : « Si vous allez de l’avant, vous devez brûler la maison ». Selon B, sa compagnie a « brûlé des centaines de maisons ».
Une politique de destruction gratuite et vengeresse est également mise en œuvre – à une échelle bien plus grande – par les pilotes de chasse et les opérateurs de drones israéliens, ce qui explique pourquoi au moins deux tiers du parc immobilier de Gaza ont été laissés en ruines.
Il y a aussi d’autres tromperies. L’une des raisons déclarées de la présence d’Israël à Gaza est de « ramener les otages », c’est-à-dire les dizaines d’Israéliens qui ont été entraînés dans la bande de Gaza le 7 octobre. Ce message n’est apparemment pas parvenu aux militaires israéliens.

Le soldat a sauvé quatre otages israéliens, mais l’armée est en fait profondément indifférente à leur sort.
Il dit avoir entendu d’autres soldats déclarer : « Les otages sont morts, ils n’ont aucune chance,il faut les abandonner ».
En décembre dernier, les troupes israéliennes ont abattu trois otages qui agitaient des drapeaux blancs. Les tirs inconsidérés sur des bâtiments mettent en danger la vie des otages au même titre que celle des combattants et des civils palestiniens.
Cette indifférence pourrait également expliquer pourquoi les dirigeants politiques et militaires israéliens ont accepté de bombarder aussi massivement les bâtiments et les tunnels de Gaza, au péril de la vie des otages comme de celle des civils palestiniens.
Culture de la violence
L’histoire racontée par ces soldats en 972 ne devrait surprendre personne, à l’exception de ceux qui s’accrochent encore désespérément aux contes de fées sur l’armée israélienne « la plus morale du monde ».
En fait, une enquête menée par CNN ce week-end a révélé que des commandants israéliens identifiés par des responsables américains comme ayant commis des crimes de guerre particulièrement odieux en Cisjordanie occupée au cours de la dernière décennie ont été promus à des postes de haut niveau dans l’armée israélienne. Ils sont notamment chargés de former les troupes au sol à Gaza et de superviser les opérations qui s’y déroulent.
Un informateur du bataillon Netzah Yehuda qui a parlé à CNN a déclaré que les commandants, issus du secteur ultra-orthodoxe extrémiste religieux d’Israël, ont alimenté une culture de la violence à l’égard des Palestiniens, y compris des attaques de type « justicier ».
Comme l’indique l’enquête de CNN, la mort et la destruction gratuites à Gaza sont une caractéristique, et non un problème.
Depuis des décennies, l’armée israélienne met en œuvre ses politiques inhumaines à l’égard des Palestiniens, non seulement dans la minuscule enclave, mais aussi dans toute la Cisjordanie occupée et à Jérusalem-Est.
Le siège israélien étouffe Gaza depuis 17 ans. Et depuis 1967, il asphyxie la Cisjordanie occupée et Jérusalem-Est avec des colonies illégales – dont beaucoup abritent des milices juives violentes – afin de chasser la population palestinienne.
Ce qui est nouveau, c’est l’intensité et l’ampleur de la mort et de la destruction qu’Israël a été autorisé à infliger depuis le 7 octobre. Les gants ont été enlevés, avec l’approbation de l’Occident.
L’agenda d’Israël, qui consiste à vider la Palestine historique de ses Palestiniens, est passé d’un objectif ultime et lointain à un objectif urgent et immédiat.
Fourberie des politiciens
Néanmoins, l’histoire bien plus longue d’Israël en matière de violence et de nettoyage ethnique des Palestiniens est sur le point d’être mise en lumière, malgré tous les efforts d’Israël pour maintenir notre attention fixée sur la menace du « terrorisme » du Hamas.
La Cour internationale de justice de La Haye, souvent appelée « Cour mondiale », examine actuellement deux affaires contre Israël. La plus connue est celle qui a été lancée en janvier, mettant Israël en procès pour génocide.
Mais vendredi, la Cour mondiale doit se prononcer sur une affaire plus ancienne, antérieure au 7 octobre. Elle se prononcera sur la question de savoir si Israël a enfreint le droit international en rendant permanente l’occupation de la Palestine.
Si l’arrêt du génocide à Gaza est plus urgent, un arrêt de la Cour reconnaissant la nature illégale de l’autorité d’Israël sur les Palestiniens est tout aussi important. Il apporterait un soutien juridique à ce qui devrait être évident : une occupation militaire supposée temporaire s’est transformée il y a longtemps en un processus permanent de nettoyage ethnique violent.
Une telle décision permettrait de comprendre ce à quoi les Palestiniens se sont réellement heurtés, alors que les capitales et les médias occidentaux ont manipulé leurs publics année après année, décennie après décennie.
La Cour mondiale a jugé Israël et ses alliés pour génocide.

Cette semaine, Oxfam a accusé le nouveau gouvernement britannique, dirigé par Keir Starmer, d’être « complice » des crimes de guerre d’Israël en appelant prétendument à un cessez-le-feu tout en fournissant activement à Israël les armes nécessaires à la poursuite du massacre. Le gouvernement travailliste tarde également à rétablir le financement de l’Unrwa, qui est la mieux placée pour lutter contre la famine à Gaza.
À la demande de Washington, les travaillistes cherchent à bloquer les efforts du procureur général de la Cour pénale internationale pour émettre des mandats d’arrêt contre M. Netanyahou et son ministre de la défense, Yoav Gallant, pour crimes de guerre. Et rien n’indique encore que Starmer ait l’intention de reconnaître la Palestine en tant qu’État, faisant du Royaume-Uni un opposant au programme de nettoyage ethnique d’Israël.
Malheureusement, Starmer est typique des politiciens occidentaux aux allures de serpents : il affiche son indignation face aux attaques « dépravées » de la Russie sur les enfants en Ukraine, tout en gardant le silence sur les bombardements encore plus dépravés et la famine des enfants de Gaza.
Il jure que son soutien aux Ukrainiens « ne faiblira pas ». Mais son soutien aux Palestiniens de Gaza confrontés à un génocide n’a jamais commencé.
Les Palestiniens de Gaza – et de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est occupées – ne sont pas seulement confrontés à une armée israélienne violant les lois et déchaînée. Ils sont trahis chaque jour un peu plus par un Occident qui donne sa bénédiction à une telle barbarie.
Les opinions exprimées dans cet article appartiennent à l’auteur et ne reflètent pas nécessairement la politique éditoriale de Middle East Eye.
Jonathan Cook est l’auteur de trois livres sur le conflit israélo-palestinien et lauréat du Martha Gellhorn Special Prize for Journalism. Son site web et son blog se trouvent à l’adresse suivante : www.jonathan-cook.net
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Tel Aviv attaqué. Un Israélien tué et 10 blessés. Sanaa revendique une opération au drone « Yafa ».
Publié par Gilles Munier sur 19 Juillet 2024, 09:04am
Catégories : #Israel, #Yémen, #Ansarallah
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Dégâts importants dans la rue Ben Yehuda à Tel Aviv
Par la rédaction d’Al-Manar (19 juillet 2024)*
Une énorme explosion s’est produite dans la nuit de jeudi à vendredi dans la rue Ben Yehuda au centre de Tel Aviv, ont rapporté les médias israéliens.
Le commandant de la région de Tel Aviv a déclaré que l’explosion est due à un corps aérien qui a explosé dans l’air et jeté ses éclats sur un bâtiment dans ce quartier.
Des journalistes palestiniens ont indiqué que l’explosion s’est produite dans l’une des rues les plus importantes de Tel Aviv, dans un quartier ultra sécurisé qui grouille de tours et d’ambassades, dont celle des Etats-Unis se trouve à une centaine de mètres du lieu de l’explosion et qui est protégé par des systèmes de défense aérienne. Le site israélien KodKod a écrit que le drone qui a explosé ressemble aux drones utilisés par le Hezbollah.
Sanaa revendique
Mais le porte-parole des forces armées de Sanaa le général Yahia Saree (Sarii) a revendiqué l’attaque.
« Avec l’assistance de Dieu, une opération militaire spéciale a visé une cible importante dans la région de Yafa occupée, appelée par les Israéliens Tel Aviv », a-t-il déclaré dans un communiqué.
« L’opération a été réalisée au moyen d’un nouveau drone baptisé Yafa et qui est capable de traverser les systèmes d’interception de l’ennemi », a-t-il souligné.
« La région de Yafa occupée sera une cible principale parmi les cibles de nos armes », a-t-il averti assurant que ses forces détiennent « une banque de cibles en Palestine occupée dont des cibles militaires et sécuritaires sensibles ».
Et de conclure : « Les forces armées yéménites poursuivront leur soutien aux combattants héros à Gaza qui défendent notre oumma arabe et islamique ainsi que tous ses peuples et ses Etats. Leurs opérations ne cesseront que lorsque l’offensive sera arrêtée et le blocus contre notre peuple palestinien dans la bande de Gaza suspendu ».
4 drones interceptés
La police de l’occupation israélienne a déclaré avoir trouvé le corps d’un Israélien criblé par les éclats. 10 autres israéliens ont été blessés.
L’armée d’occupation israélienne a lancé une enquête pour savoir les raisons pour lesquelles les antis aériens n’ont pas intercepté l’appareil.
« L’armée est toujours perplexe à cause de ce qui s’est passé et jusqu’à présent aucune recommandation n’a été faite au front interne », a indiqué le correspondant du site d’information israélien Walla.
Sur les réseaux sociaux, des sources sécuritaires ont révélé qu’un énorme drone qui volait à une basse altitude s’est approché de Tel Aviv depuis la Méditerranée. Et il n’est pas clair comment le drone d’attaque a pu passer de travers des systèmes de défense.
Des médias israéliens ont évoqué la présence de plusieurs drones.
D’autres avaient assuré que les dégâts ont été causés lorsque l’appareil a percuté le bâtiment en question.
La 12eme chaine israélienne a rapporté que l’armée américaine a informé les autorités de l’occupation israélienne qu’elle a intercepté 4 drones qui se dirigeaient vers « Israël ».
Une erreur humaine
Dans la matinée, l’armée d’occupation israélienne a déclaré que le drone n’a pas été intercepté en raison « d’une erreur humaine ».
« Il n’a pas été classé comme une cible hostile » a rapporté la radio de l’armée israélienne.
Réactions israéliennes
Commentant cette attaque, le ministre israélien de la Sécurité Itamar ben Gvir a déclaré que la ligne rouge a été transgressée. « Celui qui œuvre pour contenir le bombardement sur Kiryat Shmona et Sederot va le subir sur Tel Aviv », a-t-il dit.
Le chef de l’opposition israélienne Yaïr Lapid a quant à lui affirmé que « l’explosion du drone est la preuve que le gouvernement ne peut pas garantir la sécurité ». « Celui qui perd la dissuasion au nord et au sud la perdra aussi au cœur de Tel Aviv », a-t-il déclaré.
*Source : Al-Manar via Qwant
copié ici France-Irak actualité
Les troupes qui envahissent Gaza font preuve d’une extrême cruauté
Khuloud Rabah Sulaiman The Electronic Intifada 15 juillet 2024

Sara Bahar et sa famille sont restées coincées dans leur maison pendant une semaine lorsqu’Israël a envahi le quartier de Shujaiya, dans la ville de Gaza.
Tout ce qu’ils avaient à manger, c’était du pain qu’ils avaient fait cuire en brûlant leurs propres meubles. Ils ont dû rationner l’eau qu’ils tenaient dans un baril, de peur qu’elle ne s’épuise.
Au bout d’une semaine, un certain nombre de soldats israéliens ont pris d’assaut leur maison à 2 heures du matin.
Ils ont détruit la porte d’entrée au bulldozer avant de pénétrer dans la maison avec des chiens.
Les chiens ont attaqué Muhammad, le frère de Sara, qui était handicapé.
Muhammad a crié. Les soldats ont ri.
Adam et Seif, deux autres frères de Sara, ont été menottés et ont eu les yeux bandés par les envahisseurs, qui les ont emmenés dans une autre pièce.
Les Israéliens ont commencé à battre les frères, exigeant des informations sur la résistance armée palestinienne.
Après quelques heures, Adam et Seif ont été emmenés hors de la maison par les soldats. Ils sont toujours en détention.
Sara a un autre frère, Jad, qui est emprisonné par Israël depuis le début de la guerre actuelle.
Sa mère a supplié les médecins de faire venir un médecin pour Muhammad.
Ils ont fini par faire venir un homme qu’ils ont présenté comme un médecin. Cet homme est entré dans la pièce où Muhammad saignait.
Soudain, le reste de la famille n’a plus entendu Muhammad crier. La famille a supposé qu’il avait été tué ou mis sous sédatif.
Délivrer un message ?
Lorsque l’homme est sorti de la pièce où se trouvait Muhammad, il a souri aux soldats « comme s’il délivrait un message », a déclaré Sara.
Les soldats ont ordonné aux femmes de la maison de leur remettre leurs téléphones.
« Et tous les soldats se sont assis les uns à côté des autres, regardant les photos [sur les téléphones] et riant », a déclaré Sara.
Pendant les quelques heures qu’ils ont passées dans la maison, les soldats ont mangé, bu du jus de fruit et fumé devant la famille affamée.
Avant de quitter la maison, les soldats ont donné des coups de pied à Sara et ont utilisé leurs armes pour la frapper à différents endroits du corps.
Ils lui ont ensuite ordonné, ainsi qu’aux autres femmes, de quitter la maison. Lorsque la mère de Sara a supplié qu’on lui amène Muhammad, un soldat l’a poussée dehors.
Le soldat lui a dit qu’elle n’avait plus de fils nommé Muhammad.
Alors que les femmes fuyaient la zone, Israël a continué à l’attaquer à l’aide d’un quadcopter et d’obus d’artillerie.
Les femmes se sont cachées dans les ruines d’un magasin pendant une heure. Lorsqu’elles ont vu un bulldozer israélien à quelques mètres de là, elles ont quitté le magasin et se sont précipitées vers une maison vide.
Tôt le lendemain matin, les femmes se sont dirigées vers l’ouest de Gaza, où vit Jibril, le frère de Sara.
Jibril a contacté le Comité international de la Croix-Rouge et lui a demandé de vérifier si Muhammad était vivant ou mort. La Croix-Rouge l’a informé qu’il était extrêmement difficile d’atteindre Shujaiya.
Jibril s’est donc rendu lui-même dans le quartier, accompagné de deux cousins.
« Lorsqu’ils sont arrivés chez nous, ils ont eu un choc », raconte Sara.
« Ils ont trouvé les restes de notre frère [Muhammad] », a-t-elle ajouté. « Il avait été laissé dans la maison pendant quatre jours et son corps avait commencé à se décomposer.
« La pièce dans laquelle il était emprisonné portait des traces de son sang partout. Je pense qu’il a été tué par le soldat qu’ils ont présenté comme un médecin, à l’aide d’un pistolet muni d’un silencieux.
« Hanté
Muhannad al-Jamal et sa famille ont vécu des horreurs similaires.
Le 27 juin, les troupes israéliennes ont encerclé la maison de la famille à Shujaiya.
Les membres de la famille se sont réunis dans une pièce à l’étage et ont récité la shahada – le dernier testament d’un musulman devant Dieu – car ils craignaient que la maison ne s’effondre sur eux.
Soudain, les soldats ont fait irruption dans la maison et ont ouvert le feu. Ils ont également lancé plusieurs grenades à l’intérieur du bâtiment.
Des éclats d’obus ont volé partout et la famille a été blessée.
Safiya, la mère de Muhannad, âgée de 64 ans, a été blessée à la poitrine et a commencé à saigner abondamment.
Muhannad et ses quatre sœurs se sont précipités vers elle et l’ont implorée de ne pas mourir. Ses sœurs ont supplié les soldats d’amener un médecin, mais ils ont refusé.
Ses sœurs ont été emmenées à l’extérieur et les soldats leur ont ordonné de se diriger vers le sud, le long de la rue Salah al-Din. Il faisait nuit et le bruit des bombardements était effrayant.
Muhannad a été emmené dans une autre pièce de la maison. Les Israéliens lui ont demandé d’enlever ses vêtements.
Il a été interrogé.
Puis les soldats l’ont emmené avec sa mère à l’extérieur. Sa mère a été transportée sur une civière et placée sur le sol.
Ensuite, les Israéliens ont écrasé sa mère avec un char d’assaut. Elle a crié.
« Quand j’ai vu le char lui rouler dessus, mon esprit s’est arrêté », a déclaré Muhannad.
« Je n’ai rien pu faire pour elle. Elle a été tuée. »
Bien qu’il ait été encerclé par les chars, Muhannad a réussi à s’échapper. Il s’est caché pendant des heures dans ce qui restait d’une maison détruite.
Après le retrait des chars, Muhannad est retourné auprès de sa mère pour lui dire un dernier adieu.
Des chiens étaient en train de manger sa chair. Il a pris une barre de métal et les a chassés.
Muhannad a embrassé sa mère sur le front et a recouvert son corps d’une couverture.
Puis il s’est enfui de la région et est parti à la recherche de ses sœurs.
« J’aurais aimé pouvoir la porter sur mon dos et l’emmener pour l’enterrer », a-t-il déclaré.
« Mais j’étais physiquement épuisé. J’étais sur le point de m’effondrer à cause de la faim, de la soif et de ma blessure à la jambe.
Muhannad s’est rendu à l’hôpital al-Ahli, dans la ville de Gaza, pour se faire soigner. Il y a trouvé ses sœurs.
« Nous avons pleuré la perte de notre mère », raconte-t-il. « Le son de ses cris lorsque les Israéliens lui ont roulé dessus me hante toute la journée et toute la nuit.
Khuloud Rabah Sulaiman est un journaliste vivant à Gaza.
Israël tue au moins 90 Palestiniens dans une « zone sécurisée » de Gaza
PUBLIÉ 14 JUILLET 2024 · MIS À JOUR 14 JUILLET 2024
Samedi, Israël a massacré des dizaines de Palestiniens à al-Mawasi, la zone censée « sécurisée » le long de la côte au sud de Gaza, et dans le camp de réfugiés de Beach Camp (al-Shati), à proximité de la ville de Gaza.

13 juillet 2024. Les corps des Palestiniens tués lors de l’attaque israélienne sur al-Mawasi sont transportés dans un hôpital de Khan Younis, dans le sud de Gaza. (Photo : Omar Ashtawy / APA images)
Maureen Clare Murphy, 14 juillet
Au moins 90 Palestiniens ont été tués et 300 autres blessés dans l’attaque contre al-Mawasi, selon le ministère de la santé de Gaza, et au moins 20 Palestiniens ont également été tués après qu’Israël a bombardé des fidèles rassemblés pour la prière de midi à l’extérieur des ruines d’une mosquée du camp de réfugiés Beach Camp
Vendredi, l’armée israélienne a tué quatre travailleurs dans un entrepôt d’aide humanitaire à Gaza, en prétendant qu’elle avait visé Husam Mansour. Israël a prétendant que Mansour était un militant qui travaillait au sein d’une organisation d’aide afin de collecter des fonds pour le Hamas – une allégation sans fondement semblable à toutes celles formulées par Israël contre d’autres travailleurs humanitaires de Gaza travaillant pour des ONG internationales et qui ont été tués ou emprisonnés en toute impunité.
L’Al-Khair Foundation, une ONG dont le siège se trouve au Royaume-Uni, a déclaré que Mansour était une « pierre angulaire » de son équipe à Gaza et que sa mort
« n’est pas qu’une perte pour notre organisation, mais également un coup dévastateur pour les efforts humanitaires dans la région ».
La mort des travailleurs humanitaires a eu lieu un jour après que Samantha Power, la directrice de l’agence du département d’État USAID, avait dit qu’Israël avait promis d’améliorer la sécurité pour les travailleurs humanitaires à Gaza, où la famine s’est installée à la suite du blocus imposé par Israël.
Au moins 38 345 Palestiniens ont été tués à Gaza depuis le 7 octobre, bien que le bilan réel soit sans doute considérablement plus élevé. Des milliers de personnes portées manquantes sous les décombres ou celles dont le décès, dû à une mortalité secondaire comme la faim, la soif et la maladie résultant de la campagne militaire israélienne, ne sont pas reprises dans le décompte des victimes.
Les attaques meurtrières de samedi ont eu lieu au moment où il s’est avéré que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou sabotait ce qui aurait pu être le coup de pouce final pour en arriver à un arrangement avec le Hamas, lequel aurait permis un échange de captifs et ouvert la voie à un cessez-le-feu permanent à Gaza.
Le Hamas a condamné « l’horrible massacre » dans la zone densément peuplée d’al-Mawasi, une zone ouverte où Israël a ordonné aux Palestiniens de s’installer après avoir proclamé zone de combat un tiers de la superficie de Gaza la semaine dernière.
Israël, a-t-il été rapporté, à largué des bombes de 2 000 livres (900 kg) sur al-Mawasi, ce qui constitue l’une des attaques les plus meurtrières – si pas la plus meurtrière – depuis que près de 300 personnes ont été tuées au cours d’un raid dans le camp de Nuseirat, le 8 juin.
Quatre captifs israéliens avaient été libérés par l’armée, lors du raid à Nuseirat, au cours duquel les forces israéliennes s’étaient déguisées en civils et avaient abattu des Palestiniens sur le marché et les rues pleines de monde. Le responsable du bureau des droits humains de l’ONU avait dit qu’il était « profondément choqué » par cette opération durant laquelle les principes de base des lois de la guerre avaient été bafoués de façon flagrante.
Une « fausse victoire »
Israël a tenté de justifier le massacre d’al-Mawasi samedi en prétendant qu’il ciblait Muhammad Deif, le chef insaisissable des Brigades Qassam, le bras armé du Hamas, et le commandant de la Brigade Qassam de Khan Younis.
En tant que l’un des personnages les plus recherchés par Israël, Deif a survécu à nombre d’attentats contre sa vie, dont une attaque, en 2021, qui avait tué l’épouse du chef militaire et leurs deux jeunes enfants.
Samedi soir, lors d’une conférence de presse, Netanyahou a reconnu qu’il n’était pas clair que Deif et le commandant des Brigades Qassam aient été tués, ce que le Hamas a démenti.
Khalil al-Hayya, vice-président du Hamas, a dit en réponse que Netanyahou avait espéré
« annoncer une fausse victoire »
et il a ajouté que le sang de Deif n’était pas plus précieux que celui du plus jeune des enfants palestiniens.
Al-Hayya a suggéré que, si Israël tuait davantage de monde à Gaza, c’était pour faire capoter les négociations avec le Hamas et que Netanyahu avait saisi une illusion de victoire avant son discours devant le Congrès américain un peu plus tard ce mois-ci.
Plus tôt dans la journée, à la suite de l’attaque contre al-Mawasi, le Hamas a déclaré que ce n’était
« pas la première fois que l’occupation prétendait cibler des dirigeants palestiniens det qu’il s’avérait plus tard que c’était un mensonge ».
« Ces fausses allégations sont tout simplement destinées à masquer l’ampleur de l’horrible massacre »,
a ajouté l’organisation de résistance dans une déclaration publiée sur Telegram.
« La justification reste toujours la même »
Francesca Albanese, la rapporteuse spéciale de l’ONU pour la Cisjordanie et la bande de Gaza, a fait remarquer
« la justification reste toujours la même : ‘cibler des militants palestiniens’ ».
Hamdah Salhut, un correspondant d’Al Jazeera, a déclaré que l’armée israélienne recourait régulièrement à de telles allégations,
« disant que des civils étaient utilisés comme ‘boucliers humains’ des personnalités du Hamas et utilisant cela comme justification pour tuer des dizaines de civils ».
Assal Rad, un universitaire qui observe de près le cadrage du génocide de Gaza par les médias occidentaux, a expliqué que la justification israélienne était utilisée par les médias pour traiter le massacre de civils dans une « zone sécurisée » comme « arrière-pensée de leurs gros titres », pour autant qu’elle soit un tant soit peu mentionnée.
Amjad al-Shawa, directeur du Réseau des ONG palestiniennes, a dit à Al Jazeera que le massacre d’al-Mawasi était
« le message adressé par Israël au monde pour lui faire comprendre encore et encore qu’il cible des civils où qu’ils se trouvent ».
« Une attaque massive contre le nord »
Suite au massacre d’al-Mawasi, le bureau des droits humains de l’ONU a condamné le recours par Israël à des
« armes à effets de zone dans les quartiers peuplés de Gaza ».
Une déclaration émanant du bureau a fait remarquer que les frappes meurtrières de samedi
« s’étaient produites juste après une autre attaque massive dans le nord, qui avait duré une semaine et s’était soldée par de nouvelles destructions et pertes en vies humaines ».
Israël a semé la désolation à Shujaiya, dans la périphérie est de Gaza, lors d’un raid de deux semaines au cours duquel il a prétendu avoir tué un chef de bataillon adjoint du Hamas, commandant de la zone et découvert un centre de commandement installé dans un bâtiment appartenant à l’UNRWA, l’agence de l’ONU pour les réfugiés de Palestine.
Suite au retrait de l’armée, les habitants sont retournés chez eux et ont découvert que les troupes avaient détruit la majorité des bâtiments de la zone, dont des résidences, des écoles et des cliniques médicales.
Un porte-parole de la défense civile à Gaza a déclaré que les corps de plus de 60 personnes avaient été retrouvés à Shujaiya et qu’un nombre plus important de personnes avaient été portés manquantes et se trouvaient sous les décombres des maisons détruites.
Des dizaines de personnes ont également été tuées à Tal al-Hawa, dans le sud de la bande de Gaza, a déclaré jeudi ce même porte-parole de la défense civile.
Mercredi, une fois encore, Israël avait ordonné aux habitants de la ville de Gaza d’évacuer. Bien des Palestiniens s’étaient promis de rester à Gaza quel qu’en soit le prix.
Itay Epshtain, un expert en droit international, a déclaré que
« ce n’est pas une évacuation autorisée mais un acte de transfert forcé » qui « montre la nature ouverte des hostilités à Gaza ».
Epshtain a fait remarquer qu’
« Israël apparaît intéressé comme toujours par un conflit de longue durée ».
L’Euro-Med Human Rights Monitor (Euro-Med) a déclaré que son personnel sur le terrain
« enquête sur des rapports disant que, entre lundi et vendredi, les forces armées israéliennes ont commis des assassinats extrajudiciaires et des exécutions illégales de nombreux habitants, dont la majorité étaient des femmes »
durant leur incursion dans des quartiers de la partie orientale de la ville de Gaza.
Des quadricoptères ont ouvert le feu sur des secouristes
Le bureau de l’ONU a déclaré que les frappes de samedi contre al-Mawasi avaient, présume-t-on, touché des tentes abritant des personnes déplacées, une cuisine collective et un site de désalinisation où des personnes s’étaient rassemblées pour prendre de l’eau.
« Il en était résulté des dizaines de tués. »
Il a été dit que
« des quadricoptères de l’armée israélienne avaient ciblé des secouristes au travail, tuant au moins un travailleur de la défense civile et en en blessant plusieurs autres »,
a ajouté le bureau des droits humains.
Une fois encore, le bureau de l’ONU a pointé du doigt
« un modèle de violation délibérée des principes [du droit international humanitaire] que sont la distinction, la proportionnalité et la précaution »,
ainsi qu’
« un mépris constant pour la sécurité des civils ».
Même si des Palestiniens appartenant à des organisations armées étaient présents parmi des civils,
« cela ne libérerait pas l’armée israélienne de ses obligations »
de respect des principes fondamentaux des lois de la guerre, a déclaré le bureau de l’ONU.
Une vidéo des retombées immédiates de l’attaque israélienne contre al-Mawasi montre des blessés et des morts qui, de toute évidence, sont des civils, parmi lesquels il se trouve une personne portant une veste de la défense civile et gisant dans la rue au moment où un panache de fumée noire s’élève d’une zone située dans le voisinage immédiat d’un campement de tentes.
Une autre vidéo montre des gens qui tentent d’extraire à mains nues des victimes d’un immense cratère. On voit le bras gauche et l’épaule d’un homme qui dépassent du sol sablonneux, au même moment où un enfant :
« C’est mon papa, il a été tué ? »
Un témoin dit dans la même vidéo que « la totalité de Gaza est recherchée » par l’occupation.
L’homme ajoute qu’il y a eu une ceinture de feu – une série de bombes lourdes larguées au même endroit – sans avertissement préalable au campement de tentes. Quand les sauveteurs sont arrivés, les F-16
« ont bombardé les paramédicaux et l’équipe de la défense civile »,
dit-il.
Le responsable de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a déclaré que le Complexe médical Nasser à Khan Younis, qui avait admis 134 blessés graves suite à l’attaque contre al-Mawasi,
« est extrêmement débordé par l’afflux de patients ».
Netanyahou bloque les négociations
Après l’attaque meurtrière contre al-Mawasi, le Dr Ghassan Abu Sitta, un chirurgien britannico-palestinien qui a travaillé à Gaza durant les premières semaines du génocide, a déclaré qu’
« Israël avait perpétré ce massacre pour faire capoter les négociations de cessez-le-feu ».
Des responsables égyptiens ont dit à Reuters que les entretiens indirects entre le Hamas et Israël
« ont été bloqués après que trois journées de négociations intenses n’ont pas eu de résultat durable »
et qu’on peut
« blâmer Israël de n’avoir pas eu de véritable intention d’atteindre un accord ».
Plus tôt cette semaine,
« un ancien haut fonctionnaire égyptien » resté anonyme « et bien au fait des négociations »
a expliqué au Washington Post que
« Netanyahou ne veut pas la paix. C’est tout. »
L’homme a ajouté que Netanyahu
« trouvera des excuses (…) pour prolonger cette guerre »
jusqu’aux élections, dans lesquelles le candidat républicain et ancien président Donald Trump, qui a été légèrement blessé samedi après que des coups de feu ont éclaté lors d’un meeting de campagne, pourrait bien être élu pour un second mandat.
Quelle que soit la motivation de Netanyahou, les responsables fonctionnaires israéliens de la défense ont dit dans le journal Haaretz que le Premier ministre
« avait torpillé à de multiples reprises »
la progression vers un arrangement avec le Hamas en vue de libérer les captifs restants toujours détenus à Gaza depuis le 7 octobre.
Ces responsables ont encore dit que
« dans sa tentative en vue de faire capoter les négociations, Netanyahou s’était appuyé sur des renseignements classifiés et qu’il avait manipulé des informations sensibles ».
Ces derniers jours, un haut responsable resté anonyme lui aussi a dit dans des médias en langue hébraïque que la nouvelle exigence de Netanyahou en vue de mettre au point
« un mécanisme destiné à empêcher le mouvement d’agents armés »
à Gaza menaçait de faire capoter un arrangement.
« Nous en sommes à l’heure de vérité pour les otages »,
a dit ce responsable aux infos Channel 12.
« Nous pouvons atteindre un accord d’ici deux semaines et ramener les otages à la maison. »
Mais la nouvelle exigence de Netanyahou
« va bloquer les négociations pendant des semaines et il se pourrait qu’on ne puisse ramener personne à la maison »,
a ajouté le responsable.
Les EU reprennent les expéditions d’armes
Jeudi, au moment où le président américain Joe Biden disait qu’il était
« déterminé à conclure cet accord et à mettre un terme à cette guerre, qui devrait se terminer maintenant »,
son conseiller en sécurité nationale, Jake Sullivan, expliquait aux journalistes qu
‘« il y a encore des milles à parcourir avant de conclure, en admettant que nous soyons en mesure de conclure » sur un accord.
Puisque les EU ne mettent aucune véritable pression sur Israël et qu’ils continuent de lui fournir des armes, de nouveaux massacres de Palestiniens à Gaza sont pratiquement garantis
Les EU ont dit ces derniers jours qu’ils allaient reprendre les expéditions de bombes de 500 livres à Israël après avoir suspendu un certain temps, en mai, le transfert de ces armes et d’autres munitions de 2 000 livres afin de dissuader une offensive majeure à Rafah, dans le sud de Gaza, laquelle s’est poursuivie de toute façon.
L’organisation de contrôle des droits humains, DAWN, qui est installée à Washington, a déclaré que
« la levée partielle d’une seule et unique suspension d’envoi de munitions à l’armée israélienne, face à la preuve on ne peut plus accablante de crimes de guerre, constitue un délit criminel, dans le cadre des lois internationales ».
La directeur des activités juridiques de l’organisation a invité la Cour pénale internationale à enquêter sur les responsables américains quant à leur complicité dans « les atrocités génocidaires à Gaza ».
Karim Khan, le procureur principal de la Cour pénale internationale, a annoncé en mai qu’il demandait des mandats d’arrêt pour Netanyahou et son ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, ainsi que pour les dirigeants du Hamas Muhammad Deif, Yahya Sinwar et Ismail Haniyeh.
Traduction du texte de Maureen Clare Murphy, rédactrice en chef de The Electronic Intifada.
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Publié le 14 juillet 2024 sur The Electronic Intifada
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine
Sur l’alliance entre les sionistes et les antisémites, par Tony Greenstein

Zachary Foster
July 13, 2024

This is Palestine, in Your Inbox, Making Sense of the Madness
Cet article est une transcription de la récente interview de Tony Greenstein avec Rania Khalek, basée sur son livre, Zionism During the Holocaust : The weaponisation of memory in the service of state and nation. Les passages transcrits ont été édités pour plus de clarté par Zachary Foster.

Tony Greenstein, Entretien avec Rania Khalek
Les origines du sionisme remontent à la période post-réforme du XVIe siècle. L’Église catholique prétendait que les Israélites avaient transgressé et ne faisaient donc plus partie de l’Alliance, et qu’elle était donc le successeur des enfants d’Israël. Mais la Réforme a changé la donne. Calvin et d’autres théologiens ont affirmé que les Juifs d’Europe étaient les successeurs des anciens Hébreux et que leur « retour » en Palestine était nécessaire pour provoquer le retour de Jésus. Cela faisait partie de l’accomplissement messianique.
Les impérialistes ont repris cette vision au début du 19e siècle. En 1799, Napoléon envahit l’Égypte et la Palestine. Il pensait que l’établissement d’un État juif sous l’autorité des Français sur les rives du canal de Suez contribuerait aux ambitions impériales de la France.
Les premiers à s’intéresser sérieusement à la question sont Lord Palmerston et Lord Shaftesbury. Ils sont attachés à l’idée d’un retour des Juifs en Palestine. Lord Shaftesbury était opposé à l’émancipation des Juifs en Grande-Bretagne en 1858, mais il était favorable à l’envoi de Juifs en Palestine. Il y a donc eu un mariage précoce entre l’antisémitisme et le sionisme chrétien.
[La construction du canal de Suez en 1869 a rendu l’idée plus urgente et s’est inscrite dans les plans impériaux britanniques].
Le seul problème est que les Juifs ne sont pas particulièrement enthousiastes à l’idée d’aller en Palestine et qu’ils considèrent le sionisme comme une forme d’antisémitisme :
→ Le mouvement réformiste américain a clairement indiqué qu’il ne voulait pas participer au sionisme dans son document fondateur, la Plate-forme de Pittsburgh de 1885….
→ Le Board of Deputies of British Jews a également été approché par Shaftesbury et Palmerston pour faire une déclaration en faveur d’un État juif en Palestine et ils ne voulaient pas non plus en faire partie. Leur combat était d’être acceptés comme des égaux en Grande-Bretagne. Ils n’acceptaient pas l’idée qu’ils n’étaient pas à leur place.
Le trotskiste belge juif (1918-1944), Abram Leon, a écrit un livre intitulé « La question juive » qui retrace la montée de l’antisémitisme et le rôle des Juifs au Moyen-Âge. Il écrit : « Le sionisme transpose l’antisémitisme à l’ensemble de l’histoire et s’épargne la peine de le comprendre ». Pour les sionistes, l’antisémitisme est inhérent à tout non-Juif. Il fait partie de leur ADN. Ils ne peuvent pas le changer et il est donc inutile de le combattre.
Mais pour Leon, l’antisémitisme n’est pas une constante de l’histoire, comme les sionistes voudraient le faire croire. Selon Leon, l’antisémitisme en Europe était une réaction au rôle des Juifs en tant qu’agents, prêteurs d’argent usuraire, intendants fiscaux, agents de la noblesse et des rois, et ils étaient donc détestés par les paysans non pas à cause de leur religion mais à cause de leur rôle social et économique. Les Juifs ont donc été expulsés d’abord de l’Europe occidentale, puis de l’Europe de l’Est. Et lorsque l’Europe de l’Est a commencé à passer du féodalisme au capitalisme, les mêmes problèmes se sont posés.
Entre le milieu du XIXe siècle et 1914, environ deux millions et demi de Juifs ont immigré de Russie et de Pologne, fuyant les pogroms et l’appauvrissement. 99 % d’entre eux sont allés aux États-Unis, en Grande-Bretagne ou dans d’autres pays d’Europe. 1 % s’est rendu en Palestine, et même une majorité d’entre eux sont retournés en Europe par la suite. La Palestine était le dernier endroit où les Juifs se rendaient.
L’antisémitisme sioniste
Dans son pamphlet de 1896 intitulé « L’État juif », Theodor Herzl demande quelle est la cause de l’antisémitisme. Il répond que la cause immédiate est « notre production excessive d’intellect médiocre qui ne peut trouver une perspective vers le bas ou vers le haut ». Il poursuit : « Lorsque nous sombrons, nous devenons un prolétariat révolutionnaire… [mais] lorsque nous nous élevons, l’élévation est aussi le terrible pouvoir de notre bourse.
Herzl, fondateur du sionisme politique juif moderne, a adopté tous les stéréotypes négatifs sur les Juifs. Il a écrit « Mauschel », publié dans Die Welt, dans lequel il attaque les Juifs antisionistes en utilisant tous les stéréotypes antisémites imaginables. La position sioniste était que l’antisémitisme était causé par la présence de Juifs.
Les critiques sionistes à l’encontre des Juifs reflétaient donc souvent les critiques antisémites à l’encontre des Juifs. Ze’ev Jabotinsky, le fondateur du sionisme révisionniste, aujourd’hui Likoud, a déclaré qu’un juif est une caricature d’un être humain normal et naturel, tant sur le plan physique que spirituel. En tant qu’individu dans la société, il se révolte et se débarrasse du harnais des obligations sociales, et il ne connaît ni l’ordre ni la discipline ». Il a également déclaré que « le peuple juif est un très mauvais peuple. Ses voisins le détestent à juste titre ».
Les sionistes admettaient que les Juifs avaient développé toutes ces qualités asociales parce qu’ils étaient sans racines et détachés de leur propre terre nationale. Il s’agit de la même idéologie du sang et du sol que celle des nazis. Les sionistes et les nazis pensaient que les peuples devaient être enracinés dans leurs propres terres, faute de quoi ils deviendraient des vagabonds révolutionnaires asociaux.
Le politologue israélien Joachim Doron a publié un article intitulé « Classic Zionism and its Enemies » dans le Journal of Israeli History. Il écrit : « Plutôt que de prendre les armes contre les ennemis des Juifs, le sionisme s’est attaqué à « l’ennemi intérieur », le Juif de la diaspora lui-même, et l’a soumis à une pluie de critiques. En effet, la lecture des sources sionistes révèle une multitude d’accusations contre un Juif de la diaspora, dont certaines sont si cinglantes que la génération qui a connu Auschwitz a du mal à les comprendre ».
Arthur Ruppin, figure clé du sionisme d’avant 1948, a ouvertement déclaré : « Je suis antisémite, je n’ai pas de temps à perdre avec ces Juifs ». Lorsqu’Arthur Balfour dit à Chaim Weizmann qu’il partageait bon nombre des préjugés de Cosima Wagner, l’épouse du compositeur allemand Richard Wagner, Weizmann répondit : « Oui, moi aussi j’ai des problèmes avec les Juifs allemands. »
Cette attitude était courante chez les sionistes. Ils n’avaient aucun problème avec l’antisémitisme.
Sionisme, socialisme et communisme
En 1920, Winston Churchill a écrit un célèbre essai intitulé « Zionism versus Bolshevism » (Sionisme contre bolchevisme) dans The Illustrated Sunday Herald. Il estime qu’il y a de bons Juifs, les sionistes, et de mauvais Juifs, les communistes, qui vivent dans l’East End de Londres et qui ne cessent de faire grève et de semer la zizanie.
Les dirigeants sionistes comme Herzel et Ben Gourion pensaient que leurs principaux ennemis étaient les Juifs socialistes et communistes. Pour les socialistes, la bataille n’était pas d’obtenir la Palestine en s’alliant avec une puissance impérialiste, mais de lutter contre l’antisémitisme là où ils se trouvaient et de lutter pour de meilleurs salaires et de meilleures conditions économiques. Pour les sionistes, c’était une perte d’énergie.
Après le célèbre pogrom de Kishinev en 1903, Herzl rendit visite au ministre tsariste de l’intérieur von Plehve et au ministre des finances, Sergei Witte. Ce dernier lui dit que s’il pouvait tuer six millions de Juifs en les noyant dans la mer Noire, il le ferait, mais qu’il savait qu’il ne pouvait pas le faire et qu’il soutenait donc le sionisme [pour débarrasser l’Empire russe de ses Juifs].
Herzl s’est d’abord efforcé de garantir le statut juridique du projet sioniste dans la Russie tsariste autocratique, où presque tous les mouvements politiques étaient interdits. Mais le sionisme a été accepté parce qu’il était considéré comme un mouvement utile. Lorsque Herzl a commencé à prêcher le sionisme à von Plehve, qui avait organisé le pogrom de Kishinev, ce dernier lui a répondu : « Vous n’avez pas besoin de me convaincre, je suis déjà converti ».
Le Bund, l’Union générale des travailleurs juifs de Russie, de Pologne et de Lituanie, était un mouvement de masse comptant quelque 40 à 50 000 membres au début des années 1900, tandis que les sionistes étaient un mouvement petit-bourgeois qui cherchait à saper le Bund et ses luttes contre l’antisémitisme et la pauvreté.
Les sionistes disposaient d’une base en Russie et en Pologne, mais à mesure que la lutte contre l’antisémitisme s’intensifiait, la force des sionistes diminuait. Par exemple, en 1938, lors des trois dernières élections municipales à Varsovie, en Pologne, le Bund a remporté 17 sièges, contre 1 pour les sionistes. La plupart des Juifs ont soutenu le Bund parce qu’il était le seul à lutter contre l’antisémitisme.
Il existe un mythe selon lequel la famille Rothchild était un centre du sionisme. En tant que famille, les Rothchild étaient largement antisionistes. Lorsque la déclaration Balfour a été publiée, une ligue de Juifs britanniques antisionistes s’est formée et sa première réunion a rassemblé plus de 400 Juifs, tous issus des principales maisons du judaïsme britannique et de l’aristocratie. La réunion s’est tenue à New Court, au siège des affaires des Rothchild. La plupart des Rothchild – Anthony Rothchild, Lionel Rothchild, Leopold Rothchild – étaient antisionistes. Walter était une exception, mais il s’intéressait à la zoologie et n’était pas un grand activiste.
Les sionistes et les nazis
L’écrasante majorité des Juifs est horrifiée par l’ascension d’Hitler et un boycott spontané des produits allemands se met en place. En mars 1933, ce mouvement s’est transformé en un mouvement organisé qui a terrifié les nazis. Le 25 mars 1933, Hermann Göring, un responsable nazi, a convoqué les dirigeants de la communauté juive d’Allemagne à une réunion. Au début, les sionistes ne sont pas invités parce qu’ils constituent un mouvement marginal. Ils finissent par se faire inviter. Göring les a menacés s’ils ne mettaient pas fin au boycott. Tandis que les non sionistes trouvent des excuses et tergiversent, le leader sioniste Kurt Blumenfeld déclare spontanément qu’il serait plus qu’heureux de s’opposer au boycott.
Les sionistes n’ont pas eu de problème avec la montée d’Hitler. Berl Katznelson, adjoint de Ben Gourion et rédacteur en chef du journal Davar, porte-parole du Mapai, le parti travailliste israélien, voit la montée d’Hitler d’un œil positif : « Une occasion de construire et de prospérer comme nous n’en avons jamais eu et comme nous n’en aurons jamais ». Ben Gourion était encore plus optimiste : « La victoire nazie deviendrait une force fertile pour le sionisme », a-t-il déclaré. Le sioniste Emil Ludwig a déclaré : « Hitler sera oublié dans quelques années, mais il aura un beau monument en Palestine ». L’arrivée des nazis a été plutôt bien accueillie : « Des milliers de personnes qui semblaient avoir complètement perdu le judaïsme ont été ramenées au bercail par Hitler et je lui en suis personnellement très reconnaissant ». Nachman Bialik, le poète national sioniste, aurait déclaré que l’hitlérisme a peut-être sauvé le judaïsme allemand, qui était en train d’être assimilé à l’anéantissement.
Les sionistes ne pouvaient pas mobiliser les masses juives en temps de paix. Il fallait une catastrophe telle que la montée des nazis et, finalement, l’Holocauste pour persuader les Juifs d’immigrer. Et si les Juifs devaient immigrer, les sionistes étaient absolument déterminés à ce qu’ils immigrent en Palestine. Les sionistes s’inquiétaient de la montée d’un mouvement de réfugiés, ce qu’ils appelaient le « refugeeism », pour essayer de sauver les Juifs et de les envoyer partout où c’était possible. Les sionistes ont donc fait pression sur la Gestapo, la police secrète de l’Allemagne nazie, pour qu’elle ne les autorise qu’à se rendre en Palestine.
Ben Gourion était très clair : les fonds de l’Agence juive ne devaient être utilisés que pour le sauvetage par l’immigration en Palestine. Il a précisé que le sauvetage par l’aide apportée aux Juifs pour qu’ils survivent ailleurs devait être financé uniquement par des organisations privées.
Le Kindertransport a été organisé à la suite de la Nuit de Cristal, le pogrom nazi des 9 et 10 novembre 1938. Bien que les Britanniques se soient montrés parcimonieux quant à l’entrée des Juifs en Grande-Bretagne, ils ont cédé et accepté que 10 000 enfants juifs d’Allemagne soient admis, mais sans leurs parents, dont la plupart ont péri dans l’Holocauste.
Ben Gourion a déclaré dans un mémorandum adressé à l’exécutif sioniste le 17 décembre 1938. « Si je savais qu’il serait possible de sauver tous les enfants d’Allemagne en les emmenant en Angleterre, ou seulement la moitié d’entre eux en les transportant en Israël, j’opterais pour la seconde solution, car nous devons peser non seulement la vie de ces enfants, mais aussi l’histoire du peuple d’Israël ».
Une semaine plus tard, il rédige une note à l’intention de l’exécutif sioniste dans laquelle il expose les problèmes auxquels le sionisme est confronté. Si les Juifs sont confrontés à un choix entre le problème des réfugiés et le sauvetage des Juifs des camps de concentration d’une part, et l’aide au musée national de Palestine d’autre part, le sens juif de la pitié prévaudra, et toute la force de notre peuple sera dirigée vers l’aide aux réfugiés dans les différents pays. Le sionisme disparaîtra de l’agenda de l’opinion publique mondiale en Angleterre et en Amérique, mais aussi de l’opinion publique juive. Nous risquons l’existence même du sionisme si nous permettons que le problème des réfugiés soit séparé du problème de la Palestine ».
Pour les dirigeants sionistes, l’objectif principal est de construire l’État juif. L’opportunité offerte par l’Holocauste ne pouvait pas être gaspillée. Les énergies sionistes ne pouvaient pas être consacrées à sauver des Juifs ailleurs.
Les lois de Nuremberg de 1935 ont dépouillé de leur nationalité les Juifs allemands, les Tziganes, les Noirs, etc. Ils ne sont pas considérés comme faisant partie de la collectivité nationale allemande. Ils n’étaient pas considérés comme faisant partie de la collectivité nationale allemande. Les sionistes étaient presque les seuls à s’en réjouir. Eux aussi pensaient que les Juifs n’étaient pas des Allemands, mais des ressortissants juifs.
L’introduction des lois de Nuremberg stipule que si les Juifs avaient leur propre État, la question juive pourrait déjà être considérée comme résolue aujourd’hui. Ce sont les sionistes qui se sont le moins opposés aux idées fondamentales des lois de Nuremberg, car ils savent que ces lois sont la seule solution correcte pour le peuple juif.
Le président exécutif sioniste, Menachem Ussishkin, s’est montré enthousiaste : « il y a quelque chose de positif dans leur tragédie, c’est qu’Hitler les a opprimés en tant que race, et non en tant que religion. S’il avait agi de la sorte, la moitié des Juifs d’Allemagne se seraient simplement convertis au christianisme ».
Lorsque Hitler est arrivé au pouvoir le 30 janvier 1933, 99 % des Juifs ont été horrifiés et ont fait tout ce qu’ils pouvaient pour tenter de renverser le régime tant qu’il était faible. L’arme choisie fut le boycott juif de l’Allemagne nazie. La Chronique juive mentionne le boycott dans chaque numéro, par exemple. Il a été extrêmement efficace.
Mais les sionistes étaient absolument opposés au boycott. Le livre d’Edwin Black, The Transfer Agreement, le documente de manière très détaillée. Un accord écrit est né de cette opposition au boycott, un accord entre les nazis et les sionistes, signé le 7 août 1933.
Quelques mois plus tôt, le 18 mai 1933, Kol Yisrael, la Voix d’Israël, la station de radio sioniste, avait déclaré que les slogans appelant au boycott étaient un crime. Et, se référant à un récent incendie criminel du consulat allemand, ils déclarent : « Nous sommes tous inquiets pour nos frères en Allemagne, mais nous n’avons aucune querelle avec les représentants du gouvernement allemand en Palestine ».
L’accord [entre les sionistes et les nazis] signifiait que si vous aviez de l’argent en Allemagne, il pouvait être placé sur un compte bancaire, mais il était gelé dans cette banque. L’argent gelé en Allemagne était utilisé pour acheter des marchandises allemandes, qui étaient ensuite exportées vers la Palestine.
Mais les sionistes sont allés plus loin. Ils ont créé d’autres sociétés, la Near East Company, par exemple, qui vendait ces produits allemands dans les pays arabes. Une société similaire a été créée en Europe, qui vendait également des produits allemands dans toute l’Europe. Les sionistes sont donc devenus les principaux agents commerciaux de l’Allemagne nazie. La Palestine a été inondée de produits allemands au moment même où les Juifs des États-Unis et de Grande-Bretagne disaient : « boycottez les produits allemands ». En fait, Hitler a souligné que les Juifs appelaient au boycott d’une part, et que d’autre part, c’étaient eux qui vendaient les produits allemands.
Avant l’hiver 1933, l’économie nazie était extrêmement faible. Edwin Black conclut qu’il est tout à fait possible que les nazis aient été renversés à cette époque, mais que les sionistes avaient intérêt à stabiliser le régime nazi. L’historien David Cesarani affirme que ce n’était pas un vœu pieux que le régime nazi allemand chancelait, c’était un fait. L’Investors Review, par exemple, pensait également que le régime nazi pourrait s’effondrer à la fin de l’année 1933.
Mais c’était la dernière chose que les sionistes voulaient. Ils voulaient que le régime nazi se stabilise. Entre 1933 et 1939, 60 % des investissements dans l’économie de la Palestine juive provenaient de l’Allemagne nazie.
Lettre à un ami israélien d’autrefois
J’ai longtemps hésité à la lui envoyer et certainement à la poster car beaucoup diront que je suis dans l’utopie intégrale. Mais je ne vois franchement pas d’autre solution; voici donc le texte :
Lettre à un ami israélien d’autrefois : tu te souviens peut-être de Genève, où tu venais d’arriver d’Israël, et où je te donnais des cours de français.
Tu te rappelles peut-être combien j’aimais Israël, allégeance qui a duré dix ans … jusqu’en 1967. Comment tu m’as alors dit, après votre victoire, que vous garderiez tous les territoires et que je te répondis que pour moi, c’était fini, que je n’en avais plus rien à faire, que votre sort m’était désormais parfaitement égal.
Et effectivement, en 1973 lors de la guerre de Kippour je n’ai même pas suivi les nouvelles.
Cinquante-six ans plus tard, la situation a encore empiré. Je ne souhaite pas votre disparition physique, je ne l’ai jamais souhaitée ; en revanche, le projet sioniste est plus que jamais absurde et nuisible pour tous. L’effacement de Gaza est l’horreur totale.
Et malgré tout, je crois à une solution, pas celle des deux états puisqu’il ne reste presque plus de place pour créer un Etat palestinien , mais à un seul état qui ne serait plus ethnocentrique, où vous apprendriez à vivre ensemble, à vous connaître, à partager la langue de l’autre, un état qui cessera d’être exclusivement juif, mais un état véritablement démocratique qui sera un exemple pour la région qui en a bien besoin, un état où juifs et palestiniens vivront enfin dans la sécurité et la dignité.
Censure ou sabotage ?
Je ne vais pas jouer les martyrs, mais voici le message qui accompagne le texte précédent qui vous a été transmis et qui aura abouti dans les spams
« Ce message semble dangereux Il contient un lien suspect qui a permis d’obtenir frauduleusement les informations personnelles d’autres internautes. Évitez de cliquer sur des liens que ce message pourrait contenir ou de communiquer des informations personnelles en y répondant.«
Je tiens à vous rassurer, le texte est propre. J’ai de même eu un message sur chatGPT ((Par lequel mes textes transitent avant leur publication, pour d’ éventuelles corrections, mais cette fois-ci j’ai renoncé) m’annonçant que mon texte violait les règles.
« Ce contenu viole peut-être nos politiques d’utilisation. Avons-nous fait une erreur ? Dites-le-nous en attribuant un avis négatif à cette réponse. »
J’ai rétorqué qu’il s’agissait d’un texte publié en Israël et qu’il ne leur fallait pas être plus royalistes que le roi. Après quoi, ils ont corrigé le texte mais en ajoutant la même mention que ci-dessus. Je crois que le problème porte le nom Palestine.
J’ai déjà eu des démêlés avec des saboteurs, dans la mesure où mon blog rédigé en Syrie a été hacké deux fois.
Une mère palestinienne prenait le café dans sa maison de Cisjordanie lorsqu’elle a été tuée par un missile israélien
Un missile des FDI a touché un appartement du camp de réfugiés de Tul Karm, en Cisjordanie, où la population est très dense. Nisreen Damiri a été tuée devant son fils de 7 ans et sa belle-sœur a été blessée. Voilà ce qui se passe lorsque l’armée israélienne fait « un maximum d’efforts pour éviter de blesser des non-combattants ».
Jamal Damiri et son fils Islam, âgé de 7 ans. Depuis qu’il a été témoin de la mort de Nisreen, sa mère, Islam parle à peine .Photo: Alex Levac Gideon LevyAlex Levac
13 juillet, 2024 2:02 am IDT
Tul Karm commence à ressembler à Gaza en termes de destruction et de dévastation des deux camps de réfugiés de la ville de Cisjordanie – le camp de Tul Karm et, plus encore, celui de Nur Shams – par les forces de défense israéliennes au cours des derniers jours. La maison de la famille Damiri en fait partie.
La famille réside dans un petit appartement situé au deuxième étage d’un immeuble abritant des réfugiés dans le camp de Tul Karm. Si, de l’extérieur, le bâtiment ressemble à une masure de réfugiés comme les autres, à l’intérieur, la maison familiale a été parfaitement entretenue, jusque dans les moindres détails. Deux petites chambres, l’une pour l’enfant unique, un garçon, l’autre pour ses parents ; des draps cramoisis dans la chambre des parents, un lit simple au centre de la chambre du garçon et, au mur, un tableau représentant une guitare. En face des chambres se trouvent une petite salle à manger et une cuisine de la taille d’un placard. Ce mini-appartement pour réfugiés est situé dans le bâtiment résidentiel le plus au nord du camp.
Dans la cuisine de la famille Damiri, tout le plafond en plâtre s’est effondré, recouvrant tous les ustensiles de cuisine magnifiquement rangés, l’évier, les épices, la vaisselle et les couverts, la cuisinière et le réfrigérateur d’une couche de poussière que l’on ne voit qu’au lendemain d’un bombardement. Voilà à quoi ressemble une cuisine après une attaque aérienne. Personne n’a osé entrer dans la cuisine dévastée depuis que le missile intelligent, sophistiqué et précis des FDI a pénétré dans le plafond en tôle au-dessus du plafond en plâtre – les munitions qui sont réservées aux opérations de frime et aux assassinats « chirurgicaux », et qui, une fois de plus, se sont soldées par le meurtre d’une femme innocente.
Comme dans la bande de Gaza, jour après jour, mais à petite échelle. Le soldat qui manipulait le joystick s’est trompé. Cela arrive. Qu’à cela ne tienne. Peut-être voulait-il imiter ses copains de Gaza qui tuent sans discernement comme s’il s’agissait d’une routine. Peut-être avait-il envie d’action.
Nisreen Damiri. Photo: Avec l’aimable autorisation de la famille
La résistance ( légitime) à l’incursion de l’armée – l’autodéfense la plus évidente – et le meurtre n’a donc suscité aucun intérêt, ni au sein des FDI, ni en Israël. Une femme qui n’avait rien fait de mal a perdu la vie dans sa cuisine, en présence de son mari et de son enfant. Cela s’est passé dans un endroit où les FDI utilisent des avions pour bombarder des individus recherchés et aussi des innocents depuis les airs, dans les camps de réfugiés densément peuplés de Tul Karm, qui sont devenus ces derniers mois le nouveau Jénine. Les scènes évoquent Gaza, tout comme le comportement de l’armée.
La tragédie de la petite famille Damiri, désormais orpheline de mère, n’a rien d’anodin. Un enfant unique de 7 ans, né après une décennie de traitements de fertilité, est maintenant orphelin de sa mère, et un père qui consacrait toutes ses forces à sa famille et à sa maison est devenu veuf. La cuisine n’est plus qu’un amas de ruines, le garçon bien coiffé qui a assisté à l’assassinat de sa mère ne s’est pas remis, et il est peu probable qu’il s’en remette, et le père est seul sur le lit au linge cramoisi. Pourtant, cette semaine, personne ne pleurait dans cette maison, quelques jours seulement après qu’elle eut été le théâtre d’une tragédie.
- Smotrich has completed Israel’s annexation of the West Bank
- A warning: Israel will have no defense when charged with crimes against the Palestinians
- Israeli army’s failure revealed in Be’eri Oct. 7 probe is only part of the picture
La route de Tul Karm est une route de guerre. En se dirigeant vers la ville depuis le point de contrôle de Te’enim, on passe par les deux camps de réfugiés, Nur Shams et Tul Karm. De la route qui passait par Nur Shams, il ne reste rien. Cette semaine, les forces de défense israéliennes ont tout détruit et ont démantelé la route principale. Les routes avaient déjà été réduites à l’état de décombres, car les forces de résistance du camp y avaient placé des bombes. Mais la dévastation de cette semaine est à l’échelle de Shujaiyeh.
C’est comme si l’asphalte avait été interdit ici. La route principale menant à la grande ville a été vidée de son asphalte sur des kilomètres. Il n’y a que du sable et encore du sable. Des mares saumâtres d’eaux usées surgissent partout, les entrées des magasins sont devenues des trous béants, leurs enseignes colorées n’annonçant plus que la désolation ; des câbles électriques jonchent le sol, des nuages de poussière s’élèvent derrière chaque voiture qui vacille, ce qui était autrefois des murs n’est plus que monticules de terre et de ferraille, les places publiques et les monuments ont été rasés.
Nous avions déjà rencontré des ruines il y a quelques semaines, mais aujourd’hui le travail est totalement achevé. Le gardien d’Israël ne sommeille ni ne dort dans sa mission d’éradication des camps de réfugiés de Gaza, de Jénine et de Tul Karm. Le mardi de cette semaine, un jour après que nous avons traversé cette ancienne route, les forces d’ingénierie et les équipes de démolition des FDI sont arrivées à nouveau et ont opéré selon les besoins.

La route menant à Tul Karm. La dévastation de cette semaine est à l’échelle de Shujaiyeh.
Les photos que nous avons reçues étaient brutales : une famille assise dans sa cuisine alors que les pattes d’un bulldozer dépassent d’un trou dans le mur, menaçant de faire s’écrouler la maison sur ses occupants. Une note particulièrement dramatique a été ajoutée par les lamentations du muezzin alors que nous roulions dans la voiture d’Abdulkarim Sadi, un chercheur de terrain pour l’organisation israélienne de défense des droits de l’homme B’Tselem, qui a risqué sa vie ces dernières semaines pour nous emmener au cœur des ténèbres dans les camps de réfugiés de Tul Karm et de Jénine, ses zones d’enquête. Il n’est pas facile aujourd’hui de s’y approcher, en tout cas pour les Israéliens. La semaine dernière, des habitants ont brûlé la voiture (inoccupée) d’une équipe de journalistes turcs.
La porte d’entrée du camp de Tul Karm est brûlée. Une barrière de pneus de voitures avec des drapeaux jaunes du Fatah reste sans surveillance. Nous nous précipitons dans la maison qui est notre destination. Ici, tout étranger est immédiatement suspecté. Des chaussures d’enfants tapissent la cage d’escalier étroite et sombre. Jamal Damiri nous attend au deuxième étage avec son fils. Nous entrons par une porte qui mène à la minuscule salle à manger qui fait également office de salon. Nous nous asseyons sur le canapé sur lequel la mère, Nisreen Damiri, a été tuée et sa belle-sœur Hiriya blessée. Du toit, on entend le gazouillis d’oiseaux dans une cage. Le plafond en tôle de la cuisine, resté intact, est percé d’un trou.
Jamal, 58 ans, marié à Nisreen depuis 18 ans – elle avait 46 ans au moment de sa mort – avait occupé des emplois occasionnels et temporaires ces dernières années ; Nisreen était femme au foyer. Ensemble, ils cultivaient leur petit coin de paradis – leur appartement – et surtout leur unique enfant. Un sourire gêné traverse le visage d’Islam, un garçon calme et timide, bien habillé, le crâne rasé.
Lundi dernier, le 1er juillet, le calme régnait dans le camp. Ce jour-là, les forces de défense israéliennes opéraient dans la ville voisine de Nur Shams. Vers 9h30, les trois membres de la famille ont pris le petit-déjeuner, préparé par Nisreen. Ensuite, Nisreen est descendue dans l’appartement de l’étage inférieur et a invité Hiriya, la sœur de Jamal, à monter prendre un café avec eux. Hiriya, 59 ans, vit seule. Elle et Nisreen se sont assises sur le canapé de la salle à manger, ont siroté un café et bavardé, tandis que les garçons – le père Jamal et le fils Islam – sont allés dans la chambre à coucher où se trouvent un climatiseur et un ventilateur de plafond, afin de lutter contre la chaleur qui se répandait déjà dans l’appartement.

Islam Damiri dans la cuisine de sa maison, qui a été touchée par le « missile intelligent et précis » tiré par les FDI.
Quelques minutes plus tard, la maison est secouée par une énorme explosion. Jamal entend alors un cri à glacer le sang. Se précipitant dans la salle à manger, il a reculé devant une scène cauchemardesque. Des éclats du missile avaient tranché la gorge de Nisreen et sectionné son aorte. Elle gît sur le sol, en sang. À côté d’elle, sa sœur a été touchée à l’estomac par un éclat. Islam, qui a assisté à tout cela, s’est figé et est devenu muet. Son père dit qu’il ne l’avait jamais vu dans cet état.
Sortant de son état de choc, Jamal a appelé le Croissant-Rouge ; en quelques minutes, deux ambulances sont arrivées. Nisreen était immobile et ne respirait plus. Elle a été déclarée morte à son arrivée à l’hôpital public Dr Thabet Thabet. Hiriya a été transportée dans une salle d’opération, où les chirurgiens ont réussi à stabiliser son état, puis transférée dans une unité de soins intensifs. Elle a été libérée quelques jours plus tard et vit maintenant avec un autre frère dans le camp de Nur Shams. Elle n’a pas osé retourner chez elle. Islam refuse d’être laissé seul et parle à peine. Personne ne se trouvait sur le toit au moment où le missile intelligent et précis a été tiré, et la présence d’une personne à l’intérieur n’aurait pas non plus pu justifier l’attaque.
En réponse à une question posée par Haaretz, l’unité du porte-parole de l’IDF a déclaré cette semaine : « Les forces de sécurité ont mené une opération sur le toit de la ville : « Les forces de sécurité ont mené une opération de prévention du terrorisme à Nur Shams le 1er juillet. Au cours de cette opération, des échanges de tirs ont eu lieu entre les terroristes, qui ont tiré depuis des espaces civils, et les forces de sécurité. En outre, au cours de l’opération, une bombe puissante a été déclenchée contre un véhicule blindé de l’IDF, ce qui a entraîné la mort d’un soldat de l’IDF.
« Au cours de l’opération, poursuit le communiqué de l’IDF, un avion a identifié un groupe de terroristes armés qui a tiré à plusieurs reprises sur les forces. L’avion a tiré dans le but d’attaquer le groupe et de protéger nos forces. En raison d’un dysfonctionnement, un bâtiment voisin a été touché [dans le camp de Tul Karm]. Par la suite, on a appris qu’une femme avait été tuée. Les circonstances de l’affaire sont en train d’être clarifiées. Les FDI font le maximum pour éviter de blesser des non-combattants et regrettent de les avoir blessés ».
Voilà ce qui se passe quand les FDI font un « effort maximum ».
Source : Haaretz
Israël : Craignant d’être arrêté, Netanyahu pourrait éviter une escale en Europe avant de se rendre aux Etats-Unis
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FRANCE-IRAK ACTUALITÉ : ACTUALITÉS DU GOLFE À L’ATLANTIQUE
Analyses, informations et revue de presse sur la situation en Irak et du Golfe à l’Atlantique. Traduction d’articles parus dans la presse arabe ou anglo-saxonne.
- publié par Gilles Munier le 10 Juillet 2024, 11:38am
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– Le 20 mai, le procureur de la CPI a requis la délivrance de mandats d’arrêt contre le premier ministre Netanyahu et le ministre de la Défense Gallant pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis à Gaza
Par Abdelraouf Arnaout (revue de presse : Anadolu – 10 juillet 2024)*
Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu envisage d’éviter une escale en Europe sur son chemin vers les États-Unis, par crainte de voir la Cour pénale internationale (CPI) délivrer un mandat d’arrêt à son encontre pour les crimes de l’armée israélienne à Gaza.
Netanyahu doit se rendre aux États-Unis et prononcer un discours devant le Congrès américain, le 24 juillet. Il devrait également rencontrer le président américain Joe Biden à la Maison Blanche.
Le 20 mai, le procureur de la CPI, Karim Khan, a requis la délivrance de mandats d’arrêt à l’encontre de Netanyahu et du ministre de la défense, Yoav Gallant, pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis dans la Bande de Gaza. Khan a également requis la délivrance de mandats d’arrêt à l’encontre de trois des principaux dirigeants du mouvement Hamas, dont son leader Ismaïl Haniyeh.
La société de radiodiffusion publique israélienne KAN a indiqué que le bureau de Netanyahu avait étudié la possibilité de faire escale en Europe sur le chemin de Washington, étant donné que son avion, connu sous le nom d’Aile de Sion, n’est pas en mesure d’effectuer un vol transatlantique avec un plein chargement de passagers.
Son bureau a examiné l’option d’une escale en République tchèque ou en Hongrie, ces deux pays étant considérés comme des amis d’Israël, et a qualifié d' »inacceptables » les requêtes du procureur de la CPI de délivrance de mandats d’arrêt, selon KAN.
KAN a toutefois noté que le bureau de Netanyahu a finalement décidé d’opter pour un vol direct vers Washington, avec un nombre limité de passagers à bord.
Les États-Unis ne sont pas membres de la CPI, mais recevoir Netanyahu en dépit d’un mandat d’arrêt international pourrait les exposer à des critiques.
Israël n’est pas non plus membre de la Cour, alors que la Palestine a été acceptée comme membre en 2015.
La CPI, créée en 2002, est un organe international indépendant qui n’est pas affilié aux Nations unies ni à aucune autre institution internationale, et dont les décisions sont contraignantes.
Faisant fi des résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies exigeant un cessez-le-feu immédiat, Israël s’est attiré les foudres de la communauté internationale en poursuivant son offensive brutale contre la Bande de Gaza depuis le 7 octobre 2023.
Plus de 38 200 Palestiniens ont été tués depuis lors, principalement des femmes et des enfants, tandis que quelque 88 000 autres ont été blessés, selon les autorités sanitaires locales.
Neuf mois après le début de la guerre israélienne, de vastes étendues de Gaza sont réduites à l’état de ruines et soumises à un blocus paralysant qui prive les habitants de denrées alimentaires, d’eau potable et de médicaments.
Israël est poursuivi pour crime de génocide devant la Cour internationale de justice, dont la dernière ordonnance lui a enjoint de mettre immédiatement fin à son opération militaire dans la ville de Rafah, dans le sud du territoire, où plus d’un million de Palestiniens avaient trouvé refuge avant que la ville ne soit envahie, le 6 mai dernier.
Traduit de l’Anglais par Mourad Belhaj
*Source : Anadolu
