Israël a transformé la bande de Gaza en couloir de la mort


Depuis plus d’un an, l’armée israélienne mène dans la bande de Gaza une lutte sans merci contre le Hamas qui ressemble à une guerre contre les civils. Le misérable territoire a subi des destructions immenses et les morts s’enchaînent au gré des bombardements quotidiens sans que le monde ne réagisse. 

La population de Beit Hanoun, dans le nord de la bande de Gaza n’a d’autre choix que de fuir l’opération militaire israélienne actuelle.

– AFP.Par Baudouin Loos

Journaliste au pôle International

Publié le 13/11/2024 à 18:51 Temps de lecture: 3 min

Bande de Gaza, novembre 2024. Les journalistes étrangers y sont toujours interdits par l’occupant israélien, mais les informations sortent du petit territoire. Tous les jours. Grâce aux journalistes gazaouis, pourtant décimés (plus de 130 tués en un an), grâce aux vidéos envoyées par la population, grâce aux agences de l’ONU ou grâce aux quelques ONG présentes sur le terrain. Et ces informations se révèlent effarantes. À la tête du Norwegian Refugee Council, Jan Egeland, ancien ministre et ex-diplomate, a pu se rendre sur place, et tweetait le 6 novembre : « J’ai vu une destruction défiant l’imaginable, de Rafah jusqu’à Gaza-ville. La destruction d’une société entière de plus de 2 millions de personnes, dans un territoire restreint, densément peuplé. Il ne s’agit en aucun cas de légitime défense. »

On peut accumuler indéfiniment les témoignages. Comme celui de Philippa Greer, cheffe du département juridique de l’Unrwa à Gaza, commentant des images terribles qu’elle envoyait sur X ce 9 novembre : « Aujourd’hui, en entrant dans la ville de Gaza. Les ruines de la vie. Un âne gisant mort attaché à une charrette avec les biens de quelqu’un. Des groupes de personnes traversant vers le sud, avec trop de choses vu la longueur du voyage, à marcher sous le soleil. Un homme portant un drapeau blanc devant sa famille. Des femmes sur le point de s’effondrer, traînant des sacs sur le sol, marchant à reculons, s’arrêtant et fermant les yeux. Un homme par terre en sous-vêtements, avec des soldats près du poste de contrôle. Une femme traversant probablement avec lui, désemparée, désespérée. »

Les chiens errants mangent des cadavres

Le journal israélien Haaretz a interrogé Georgios Petropoulos, chef du bureau de Gaza de l’Ocha (coordination des affaires humanitaires à l’ONU). Ses propos sont plus que dérangeants. Extrait : « Petropoulos affirme que l’odeur des cadavres en décomposition imprègne toute la bande de Gaza. Elle émane des décombres, sous lesquels des personnes ont été enterrées, et des chiens courent avec des restes humains dans la gueule. “Les chiens sauvages sont partout. Lorsque vous voyez une meute de chiens, il y a de fortes chances qu’ils se tiennent autour d’un cadavre. Un de mes collègues a poursuivi un chien qui tenait dans sa gueule le pied d’un enfant mort. Parfois, lorsque nous passons devant des postes de contrôle militaires, nous ramassons les corps des personnes qui y ont été abattues et nous les remettons à la Croix-Rouge”. »

Le Grec a accumulé les expériences traumatisantes. « Il y a six mois, M. Petropoulos a assisté à une frappe contre un haut responsable du Hamas à Khan Yunès. “Cela ressemblait à Nagasaki”, se souvient-il. “Ils ont compté les corps et 70 personnes se sont évaporées. Lorsqu’ils ont bombardé Mawasi le 10 septembre, je suis tombé de mon lit et les dix ou vingt personnes qui se trouvaient dans des tentes avant l’attaque ont disparu. J’étais aussi à l’hôpital après le bombardement, et cela ressemblait à un abattoir. Il y avait du sang partout”. »

Sur le réseau X le 7 novembre, Jonathan Witthall, chef ad interim de l’Ocha pour les territoires occupés, fait ce constat lugubre : « Tous les habitants de Gaza ont l’impression d’être dans le couloir de la mort. S’ils ne sont pas tués par des bombes ou des balles, ils suffoquent lentement par manque de moyens de survie. La seule différence est la vitesse à laquelle on meurt. Le monde a échoué à Gaza. »

« Notre travail consiste à aplatir Gaza »

Le gouvernement israélien souligne qu’il ne fait que se défendre, qu’il combat et veut annihiler le Hamas à Gaza, l’organisation palestinienne islamiste qui avait commis les atroces attaques terroristes en Israël le 7 octobre 2023. Mais l’ampleur des pertes civiles (évaluées à plus de 43.000 et sans doute bien plus encore) et des destructions dans la bande de Gaza donne à penser que d’autres desseins se cachent derrière les buts officiels.

En atteste entre autres le comportement de l’armée israélienne à Gaza. Car, en dépit des affirmations de l’armée qui dit traquer les éventuels excès des soldats, ces derniers envoient toujours fièrement – et cela depuis un an – des vidéos de leurs « exploits » à Gaza. Le site dropsitenews.com a collecté les histoires diffusées sur Instagram et les messages quotidiens partagés par les soldats d’une unité, le bataillon de génie de combat israélien 749. Cet extrait en dit long : « notre travail consiste à aplatir Gaza », lit-on dans la légende d’une vidéo publiée par un soldat de la compagnie D9 en septembre. « Dans la vidéo, l’unité est en train de raser plusieurs maisons du quartier de Zaitoun (à Gaza). Le commentaire de la compagnie sur le billet dit : “Personne ne nous arrêtera.” »

La volonté d’oblitération de la bande de Gaza exprimée par nombre de soldats ne semble pas aller à l’encontre des ordres donnés. Dès début janvier, l’historien français Vincent Lemire faisait ce constat dans Le Monde : « Ce n’est plus une guerre pour “éradiquer” le Hamas, c’est une dévastation volontaire, systématique et délibérée, pour extirper les civils de la bande de Gaza, par la mort ou par l’exode, par la famine ou par l’épidémie. » Tout se passe comme si l’armée israélienne s’était acharnée à lui donner raison.

Les plus enthousiastes pour cette solution radicale en Israël vont plus loin. Ce que constatait récemment pour le dénoncer l’ancien ministre et ex-membre du cabinet de guerre Gadi Eizenkot à la chaîne 12 israélienne : « Une partie centrale de la coalition [gouvernementale] travaille à la réalisation des objectifs cachés, à savoir l’arrivée d’un gouvernement militaire dans la bande de Gaza et le retour des colonies à Gaza. »

« Nettoyage ethnique » dans le Nord

Le gouvernement a en tout cas décidé qu’un nettoyage ethnique – l’expression est sur bien des lèvres et figure d’ailleurs dans le dernier rapport de l’ONG américaine Human Rights Watch consacré aux déplacements forcés qui concernent 90 % de la population du territoire de Gaza – serait mené dans le Nord, où les agglomérations Jabalia, Beit Hanoun et Beit Lahia sont soumises à un traitement de choc pour en chasser toute la population qui y réside encore.

Les trois derniers hôpitaux qui fonctionnaient encore tant bien que mal dans le Nord ont subi des assauts en règle. L’agence de presse américaine Associated Press (AP) a récemment publié une enquête à ce propos. « Certains patients craignent maintenant les hôpitaux, refusant d’y aller ou partant avant que le traitement ne soit terminé », conclut l’article. «“Ce sont des lieux de mort”, a déclaré Ahmed al-Qamar, un économiste de 35 ans du camp de réfugiés de Jabalia, au sujet de sa peur d’emmener ses enfants à l’hôpital. » L’AP évoque « une guerre dans laquelle les hôpitaux ont été ciblés avec une intensité et une transparence rarement vues dans les conflits modernes ».

L’enquête contredit les assertions israéliennes selon lesquelles les hôpitaux servent de bases opérationnelles au Hamas, fondées sur « peu ou pas de preuves ». Il relaie aussi des témoignages glaçants, comme à propos de l’hôpital El-Awda : « Les survivants et les administrateurs de l’hôpital racontent qu’au moins quatre fois, des drones israéliens ou des snipers ont tué ou grièvement blessé des Palestiniens essayant d’entrer. Deux femmes sur le point d’accoucher ont été abattues et sont mortes en saignant dans la rue, selon le personnel. Salha, l’administrateur, a vu des tirs tuer sa cousine, Souma, et son fils de 6 ans alors qu’elle amenait le garçon pour traiter ses blessures. »

Haaretz : « Une tache morale pour le pays »

Malgré une approbation assez générale des actions de leur armée à Gaza au sein de la population israélienne, des voix s’élèvent contre ce consensus. Ainsi en est-il du journal Haaretz, dans son éditorial du 6 novembre : « La guerre est menée sans considération pour le droit international. C’est comme s’il n’y avait pas de civils à Gaza, pas d’enfants et pas de conséquences pour nos actions. Le désir de se venger de l’attaque du Hamas du 7 octobre 2023 s’est transformé en une guerre brutale et débridée constituant une violation flagrante des lois de la guerre et, pire encore, qui sera retenue comme une tache morale pour le pays. »

Le mot génocide est encore quasi tabou en Israël. Pas à Gaza ni à l’ONU. En tout cas pour Francesca Albanese, rapporteure spéciale de l’ONU pour les territoires palestiniens occupés, par exemple dans son constat le 5 novembre : « Israël détruit les Palestiniens de Gaza de bien des manières. La plus complexe et la plus cruelle est de créer des conditions de vie intenables et inhumaines. Il ne faut pas appeler cela une “guerre”. C’est un génocide. Les motifs n’ont aucune importance. L’intention (c’est-à-dire la détermination) de détruire est évidente et sans équivoque. La complicité d’autres Etats est tout aussi évidente. »

En effet, face à l’accumulation des crimes de guerre et contre l’humanité, les Etats-Unis et les Européens restent comme tétanisés, incapables de dire les choses. A une rarissime exception près, unique par sa franchise et qui ne sera sans doute pas répétée, celle d’Emmanuel Macron, qui évoquait l’action d’Israël au Liban, mais a fortiori aussi dans la bande de Gaza puisqu’elle y est encore plus dramatique : « On parle beaucoup, ces derniers jours, de guerre, de civilisation ou de civilisation qu’il faut défendre », a dit le président français le 24 octobre, avant d’ajouter : « Je ne suis pas sûr qu’on défende une civilisation en semant soi-même la barbarie. »

SAMSON ET CASSANDRE


(16 avril 2024)

10 novembre 2024

Norman Finkelstein

19 avril 2024

Partager

Ma mère m’a raconté un jour l’histoire d’une femme émaciée du ghetto de Varsovie qui hurlait depuis le rebord de sa fenêtre que tous les Juifs du ghetto seraient tués. On l’a appelée Cassandre, d’après la prophétesse de malheur de la mythologie grecque. Tout le monde pensait qu’elle était folle. Rétrospectivement, ma mère a supposé qu’elle avait en quelque sorte découvert la vérité : les Juifs n’étaient pas « déplacés » à l’Est ; ils étaient transportés vers la mort.

J’ai hésité jusqu’à présent à tirer la sonnette d’alarme. Mais au risque de passer pour un fou, il faut, en tant qu’acte de responsabilité politique, le dire haut et fort : Israël se précipite vers le précipice et entraîne le reste du monde avec lui.

Une analyse rationnelle de la situation actuelle doit commencer par ce constat fondamental : Israël est un État fou. Pas un « mauvais acteur », pas un régime « voyou ». Un État fou. L’éventail complet de l’opinion de l’élite israélienne, qui reflète elle-même l’ensemble de la société israélienne (qui soutient massivement la guerre génocidaire à Gaza ; seule une poignée d’Israéliens ont refusé de servir), s’étend sur un petit pas de puce :

A UN POLE se trouvent des « réalistes cinglés », dont le sociologue C. Wright Mills a écrit dans le contexte américain : « Ils en sont venus à croire qu’il n’y a pas d’autre solution que la guerre, même s’ils sentent que la guerre peut être une solution à rien… ils continuent à croire que « gagner » signifie quelque chose, même s’ils ne nous disent jamais quoi. » (1) Le professeur Benny Morris est carrément coupé de ce moule. Il est urbain, éduqué, laïc – et cinglé. Il a même un jour « prouvé » que les Juifs israéliens ne pouvaient pas coexister avec les barbares palestiniens en rassemblant, entre autres, des statistiques sur le nombre d’accidents de la route supplémentaires dans lesquels les Palestiniens se trouvaient ! (2) Morris exhorte les États-Unis à se joindre à une attaque contre l’Iran, puis agite la menace que si Washington ne se montre pas à la hauteur, Israël fera cavalier seul en bombardant l’Iran. Il doit être conscient de la situation lorsqu’il avance avec désinvolture qu’une attaque non seulement incinérerait des dizaines de millions d’Iraniens – il estime qu’ils l’ont bien mérité – mais déclencherait également des représailles mortelles. Le Hezbollah à lui seul posséderait 150 000 missiles. C’est un autodafé tortueux. Cette perspective ne semble toutefois pas inquiéter Morris le moins du monde.

À L’AUTRE PÔLE se trouvent des fous purs et durs – ou ceux qui sont à deux doigts de ce seuil. « Le plus grand danger auquel Israël est actuellement confronté », observait avec prévoyance Noam Chomsky il y a déjà quatre décennies, « est la « version collective » de la vengeance de Samson contre les Philistins – « Laissez-moi périr avec les Philistins » – lorsqu’il a fait tomber le Temple en ruines. » Les clones de Samson retranchés à Jérusalem sont soit déjà devenus fous – « nous tuerons et enterrerons les Gentils autour de nous tandis que nous mourrons avec eux » – soit font semblant de « devenir fous » afin de terrifier ennemis et alliés et de les soumettre. Il faut noter que la folie feinte se transforme facilement en réalité lorsque les fantômes imaginaires que l’on évoque à répétition s’infiltrent dans les chambres intérieures de la psyché. Le résultat est que cette folie, réelle ou artificielle, « rend les calculs rationnels… discutables » car Israël « peut se comporter à la manière de ce que l’on a parfois appelé des « États fous » » (3). Un article paru dans le journal d’hier illustre en temps réel cette propension israélienne aux accès de colère : lorsqu’un haut responsable israélien a conseillé la prudence, ne serait-ce que dans l’immédiat, après les représailles symboliques de l’Iran, un ministre d’extrême droite a exigé au contraire qu’Israël devienne « fou » (4).

*

Le discours prononcé le 14 avril lors de la session d’urgence du Conseil de sécurité par le représentant d’Israël, Gilad Erdan, a montré à quel point Israël était devenu fou. Présentant un cours magistral sur – à tout le moins – la projection proche, Erdan semblait persuadé jusqu’au plus profond de lui-même que « le régime islamique d’aujourd’hui n’est pas différent du Troisième Reich d’Adolf Hitler. Tout comme le régime nazi, le régime des ayatollahs sème la mort et la destruction partout. Pendant des années, le monde a assisté à la montée de ce Reich islamiste de merde, mais tout comme lors de la montée du nazisme, le monde est resté silencieux » ; que « les ambitions hégémoniques de domination mondiale de l’Iran doivent être stoppées avant qu’elles ne conduisent le monde à un point de non-retour, à une guerre régionale qui pourrait dégénérer en guerre mondiale » ; que l’Iran « se dirigeait vers des capacités nucléaires… son temps de percée pour produire un arsenal d’armes nucléaires est maintenant de quelques semaines, quelques semaines seulement ». Si le monde ne contrôlait pas l’Iran, Israël n’aurait d’autre recours que de porter seul le fardeau écrasant de stopper le Troisième Reich d’Hitler : « Nous sommes bombardés de tous les fronts, de toutes les frontières. Nous sommes encerclés par les mandataires terroristes de l’Iran… Tous les groupes terroristes qui attaquent Israël sont les tentacules de la même pieuvre chiite, la pieuvre iranienne. Alors, je vous le demande, et soyez honnêtes avec vous-mêmes, que feriez-vous ?

Que feriez-vous si vous étiez à la place d’Israël ? Comment réagiriez-vous si votre existence était menacée chaque jour ? Israël ne peut pas se contenter de l’inaction. Nous défendrons notre avenir. » Tenant son iPad pour afficher une image d’Israël qui intercepte soi-disant un drone iranien au-dessus de la mosquée al-Aqsa, Erdan a même revendiqué pour Israël le rôle de véritable gardien des lieux saints de l’islam – « regardez cette vidéo qui montre comment Israël intercepte des drones iraniens au-dessus du Mont du Temple et de la mosquée al-Aqsa » – contre ceux qui les profanent à Téhéran. Le ton de sa rhétorique était celui d’une accusation provocatrice : « Qui ose douter de moi ? » « Dans chacun de mes discours et dans d’innombrables lettres », a encore rappelé Erdan, « j’ai sonné l’alarme concernant l’Iran. » Il avait raison de dire qu’il fallait sonner l’alarme, mais il s’était trompé sur l’origine de cette folie. Medice, cura te ipsum. Si Erdan représente ne serait-ce que la moitié de l’État et de la société israéliens – la fraction est sans doute bien plus élevée – une catastrophe se profile. Il est vrai que les dirigeants israéliens ont par le passé prononcé des folies certifiées.

Il suffit de se rappeler le Premier ministre Netanyahou brandissant un dessin animé de la bombe iranienne à la manière des Loony Tunes à l’ONU et sa déclaration selon laquelle ce n’était pas Hitler mais le mufti palestinien de Jérusalem qui avait orchestré la solution finale. En effet, déjà lors des négociations de Camp David en 1978, le président Carter méditait à propos du chef de l’État israélien : « Il devient de plus en plus clair que la rationalité de [Menahem] Begin est mise en doute. » (5)

Pourtant, un bond en arrière civilisationnel sépare l’Israël d’autrefois de ce qu’il est devenu. Le représentant d’Israël à l’ONU au moment de la guerre de 1967 (« des Six Jours »), Abba Eban,Il pouvait tergiverser à répétition, même avec une éloquence consommée, comme il convenait à un triple diplômé de Cambridge, sans sourciller. Mais il était néanmoins possible d’analyser rationnellement ses propositions (comme je m’y suis efforcé une fois) pour prouver qu’elles étaient fausses. (6) Il n’est pas plus possible d’analyser le discours d’Erdan que la diatribe d’un psychopathe.

*

On pourrait demander à l’Iran de faire preuve de prudence pour ne pas agiter les fous dans la salle. Mais hélas, ce n’est pas, à mon avis, une option viable. Les documents montrent qu’une fois qu’Israël a fixé un pays dans sa ligne de mire, rien de moins qu’une soumission abjecte ne l’amènera à renoncer. Si la puissance « ennemie » résiste à la provocation initiale, Israël poursuivra l’escalade avec une provocation encore et encore jusqu’à ce qu’il s’avère politiquement intenable pour l’entité ciblée d’encaisser passivement de nouveaux coups.

C’est ce qui s’est passé quand Israël a ciblé le président égyptien Gamel Abdel Nasser au début des années 1950. (7) (Le Premier ministre israélien Ben Gourion craignait que le président égyptien « nationaliste radical » ne puisse un jour présider un État moderne capable de freiner les ambitions régionales d’Israël.)

C’est ce qui s’est passé quand Israël a ciblé l’Organisation de libération de la Palestine au Liban au début des années 1980. (8) (Le Premier ministre israélien Begin craignait que « l’offensive de paix » de l’OLP – les Palestiniens soutenaient mais les Israéliens s’opposaient à un règlement à deux États – n’exerce une pression internationale sur Israël pour qu’il se retire de la Cisjordanie.)

C’est ce qui s’est passé en 2002 pendant la deuxième Intifada, quand Israël a procédé à des assassinats ciblés de dirigeants palestiniens. (9) (Le Premier ministre Sharon craignait que les Palestiniens cessent leurs attaques armées en échange d’un cessez-le-feu négocié.)

C’est ce qui s’est passé en 2008 quand Israël a rompu un cessez-le-feu avec le Hamas afin de lancer l’opération Plomb durci. (10) (Le Premier ministre israélien Olmert craignait que le Hamas ne gagne en légitimité internationale en modérant son programme politique.) La triste vérité est que, à moins d’un suicide national, l’Iran ne peut pas exercer l’option de l’inaction : Israël continuera presque certainement à intensifier les provocations jusqu’à ce que Téhéran n’ait d’autre choix que de répondre. Il ne serait pas surprenant qu’Israël assassine l’ayatollah Khamenei puis (clin d’œil, clin d’œil) le nie.

*

Le gouvernement israélien a toujours été en alerte pour exploiter les opportunités afin de mettre en œuvre ses plans préconçus. En 1989, lors du massacre de la place Tiananmen, Benjamin Netanyahou a exhorté son gouvernement à exploiter cette diversion médiatique en procédant à une expulsion massive des Palestiniens de Cisjordanie.

Le 4 novembre 2008, lorsque les États-Unis ont élu leur premier président noir, le Premier ministre Olmert a exploité cette diversion médiatique en rompant le cessez-le-feu avec le Hamas.

Le 17 juillet 2014, lorsqu’un avion de ligne malaisien survolant l’Ukraine a été abattu, le Premier ministre Netanyahou a exploité cette diversion médiatique en lançant l’invasion terrestre meurtrière de Gaza dans le cadre de l’opération Bordure protectrice. Les prétextes du 7 octobre et maintenant des « représailles » de l’Iran offrent aux fous de Jérusalem une occasion sans précédent de débarrasser Israël du triple défi à sa domination régionale : en détruisant Gaza, le Hezbollah et l’Iran ; le « brouillard » d’une telle explosion permettrait également à Israël de procéder au nettoyage ethnique de la Cisjordanie.

Si l’on espère qu’une cabale sensée se formera au sein des dirigeants israéliens pour stopper cette embardée, il faut reconnaître que les chances sont contre. Le biographe d’Hitler, Ian Kershaw, a observé que s’il a fallu si longtemps pour que les plans de coup d’État contre le Führer se concrétisent, c’est à cause d’un « profond sentiment d’obéissance à l’autorité et de service à l’État », de la conviction qu’il était « non seulement mal, mais méprisable et traître de saper son propre pays par la guerre », et que « même si les désastres militaires se multipliaient et que la catastrophe ultime se profilait, le soutien fanatique à Hitler ne s’était en aucun cas évaporé et continuait, même si c’était un goût minoritaire, à faire preuve d’une résilience et d’une force remarquables » (11).

Il est difficile de ne pas remarquer des facteurs apparentés en jeu dans les cercles d’élite israéliens. Sur ce dernier point, alors que les critiques de Netanyahou écrivent sa nécrologie politique depuis des années, lui aussi continue de rebondir malgré ses faux pas. Pourquoi ? Parce que les Israéliens se voient en lui. En effet, Netanyahou EST Israël : un suprémaciste juif odieux et narcissique pour qui seuls les juifs comptent dans le grand dessein de Dieu. Il faut enfin reconnaître que toutes les craintes israéliennes ne sont pas infondées : le souhait est désormais largement répandu de voir Israël disparaître de la carte alors que sa capacité à terroriser ses voisins a diminué.

Mais, pour l’essentiel, c’est un coin dans lequel Israël s’est enfermé. Avant le 7 octobre, le Hamas avait fait un geste en faveur d’un règlement à deux États, tandis que l’Iran avait systématiquement voté avec la majorité de l’Assemblée générale de l’ONU en faveur du consensus à deux États. Israël a repoussé cette proposition.

Le Premier ministre Netanyahou résistera-t-il à la tentation irrésistible de trancher le nœud gordien de la région ou, comme Samson, entraînera-t-il le Temple – et nous tous – avec lui ? Cassandre dirait probablement : « Tout est ouvert ! »

Références

1. Mills, Causes de la Troisième Guerre mondiale.

2. Morris, Un État, deux États.

3. Chomsky, Le triangle fatidique. Le journaliste d’investigation Seymour Hersh a développé plus tard les idées de Chomsky dans L’option Samson.

4. New York Times, 15 avril 2024.

5. Carter, Journal de la Maison Blanche.

6. Finkelstein, Image et réalité du conflit israélo-palestinien.

7. Benny Morris, Guerres frontalières.

8. Robert Fisk, Ayez pitié de la nation.

9. Norman Finkelstein, Au-delà du culot.

10. Norman Finkelstein, Gaza.

11. Kershaw, Hitler, 1936-1945 : Nemesi

Source Traduction par Google Translate

Israël

Norman Finkelstein

Article précédent

« Août

Confidentialité et cookies : ce site utilise des cookies. En continuant à naviguer sur ce site, vous acceptez que nous en utilisions.
Pour en savoir plus, notamment sur la gestion des cookies, consultez la politique relative aux cookies .

Les leçons des premiers immigrants juifs en Palestine


 La vieille ville de Jérusalem, en mars 2015. THOMAS COEX / AFP
     

Les animateurs de la première vague d’immigration juive en Palestine, à la fin du XIXe siècle, n’avaient déjà aucun doute sur le caractère inévitable d’un conflit avec la population arabe.

L’émergence progressive du sionisme, en tant que mouvement prônant le rassemblement du peuple juif sur la terre d’Israël, a été particulièrement complexe. En effet, c’est d’abord le courant évangélique du protestantisme anglo-saxon qui, à partir du milieu du XIXe siècle, a prôné une forme de sionisme chrétien, selon laquelle l’accomplissement des prophéties bibliques dépend de la « restauration » du peuple juif sur la Terre sainte. Ce n’est qu’à partir de 1882 que les « Amants de Sion » et d’autres groupes de militants juifs de l’Empire russe organisent, en réaction à la vague de pogroms antisémites, une première vague d’émigration vers la Palestine ottomane.

C’est par le terme hébreu d’alya qu’est désignée cette « ascension » vers Eretz Israel, la « terre d’Israël ». Les autorités ottomanes évaluent alors la population de Palestine à 465 000 habitants, dont 405 000 musulmans, 45 000 chrétiens et 15 000 juifs. Ces statistiques, établies à des fins fiscales, ne prennent en compte ni les Bédouins, ni les quelque 9 000 juifs de nationalité étrangère, ou bénéficiant de la protection d’un consulat européen à Jérusalem.

Des pionniers trop méconnus


Cette première alya a trop souvent été négligée, car elle anticipe sur la conceptualisation du terme « sionisme » (en 1890, par Nathan Birnbaum) et sur la fondation officielle du mouvement sioniste (en 1897, à Bâle, à l’initiative de Theodor Herzl). Elle est en outre marquée par le caractère hétérogène des mouvements, souvent concurrents, qui la composent : les « Amants de Sion », dirigés depuis Odessa, qui tentent de détourner vers la Palestine une partie, même limitée, du flux massif d’émigration juive vers les Etats-Unis ; le Bilu, animé depuis Kharkiv et désigné par l’acronyme hébreu de « maison de Jacob, allez et nous irons » ; les « Fils de Moïse », disciples d’Asher Guinzbourg, né près de Kiev, qui choisit d’hébraïser son nom en Ahad Haam, soit « un du peuple ». La dimension ukrainienne de cette première alya est fondamentale, ainsi que sa détermination à transformer l’hébreu de langue religieuse en langue nationale.

Le volontarisme d’une telle hébraïsation est porté par le slogan énoncé depuis Jérusalem par Eliezer Ben Yehouda : « Un seul peuple, une seule terre, une seule langue ». Ce triptyque se fait l’écho des différents nationalismes européens, en posant un lien indéfectible entre le peuple juif, la terre d’Israël et l’hébreu moderne. Mais les pionniers de cette première alya, eux-mêmes divisés, doivent affronter l’hostilité des communautés juives installées de longue date en Palestine et vouées à l’étude et à la prière dans les écoles rabbiniques de Jérusalem, d’Hébron, de Safed et de Tibériade.

Dès 1885, le pamphlet Un cri du temple est diffusé en Palestine comme dans la diaspora juive pour fustiger « cette idée qui n’est que du vent et de la folie douce de travailler la terre et de parcourir le pays en sonnant les trompettes de la renommée autour de l’expression trompeuse “installation en terre d’Israël” ». Un rabbin de Jérusalem se déclare même « en guerre avec les porte-drapeaux du nationalisme sans religion ».

« Vers une guerre difficile »
L’accent idéologique mis sur la rédemption par le travail de la terre se heurte à la réalité d’une immigration largement originaire de villes européennes, qui s’oriente plutôt vers les centres urbains de Jérusalem et de Jaffa. Les implantations de 1882 à Rishon LeZion, Zikhron Yaakov et Petah Tikva n’attirent chacune que quelques centaines de pionniers. En une dizaine d’années, cette première alya établit entre 10 000 et 20 000 immigrants en Palestine, une estimation rendue d’autant plus délicate que l’écrasante majorité de ces immigrants n’a pas la nationalité ottomane, et n’apparaît donc pas dans les statistiques officielles.

En outre, une proportion importante, déçue par la dure réalité en « terre d’Israël », préfère poursuivre sa migration vers les Etats-Unis. Tel est le cas de Naftali Imber, qui quitte la Palestine en 1889, après sept années marquées par la composition du futur hymne de l’Etat d’Israël. De manière générale, cette première alya se heurte déjà à la difficulté de l’accès à la terre face à une population arabe qui nourrit une relation organique avec cette même terre.

Ahad Haam écrit, sur le bateau qui le ramène, en 1891, de Jaffa à Odessa, sa Vérité sur Eretz Israel, tirant ainsi les leçons de son expérience palestinienne : « Nous avons l’habitude de croire, à l’étranger, que la Palestine est une terre presque entièrement désolée, un désert non cultivé, un champ en friche, où quiconque désireux d’y acheter des terrains pourrait se rendre et en acquérir à sa guise. En réalité, elle ne l’est pas : sur toute cette terre, il est difficile de trouver un champ de terre arable non semée ».

Il ajoute que « les Arabes, notamment ceux des villes, voient et comprennent le sens de nos actions et de nos aspirations en Palestine ; mais ils se taisent. Ils affectent de ne rien savoir car, pour le moment, ils ne voient aucun danger pour leur avenir ». Cependant, « le jour où la présence de notre peuple prendra une dimension qui empiète, de peu ou de beaucoup, sur les positions des autochtones, ce n’est pas de bon gré qu’ils nous céderont leur place ». Sa conclusion n’en est que plus sévère : « Si, vraiment et de bonne foi, nous voulons parvenir à nos fins sur la terre de nos aïeux, il ne faut pas nous cacher que nous allons vers une guerre difficile qui demande à être soigneusement préparée » et avec « de bonnes armes ». C’était en 1891, six ans avant le congrès fondateur du sionisme actuel.

Jean-Pierre Filiu
Professeur des universités à Sciences Po
Le Monde du 10 novembre 2024

Pour vous inscrire à la liste de diffusion d’Assawra,
envoyez un e-mail à : Inscription

Source

Nord de Gaza : les Israéliens organisent des « marches de la mort » et poussent les Palestiniens dans des fosses communes


       Samedi 02 novembre 2024 – Des Palestiniens ont été blessés, tués et déplacés par les bombardements des forces coloniales israéliennes sur le camp de Nuseirat, dans le centre de Gaza. Alors que les bombardements se poursuivent dans la bande de Gaza, cinq Palestiniens ont été tués et d’autres blessés hier lors de frappes sur plusieurs maisons à Nuseirat. L’occupation israélienne a resserré son siège sur les Palestiniens pour le 29e jour consécutif, les attaques, la famine et les restrictions étant particulièrement sévères à Beit Lahia et dans le camp de réfugiés de Jabalia. Cela fait suite à un bombardement à grande échelle à Beit Lahia, où un massacre a fait 117 morts parmi les Palestiniens, en majorité des femmes et des enfants – Photo : Yousef alzanoun / Activestills

Depuis le 6 octobre, les forces d’occupation israéliennes se sont rapprochées du nord de Gaza, intensifiant le siège, le déplacement et le massacre des Palestiniens dans les zones de Jabalia, Beit Lahiya et Beit Hanoun. L’armée israélienne a assassiné au moins 770 Palestiniens dans le nord, au cours de cette dernière vague de violence coloniale, comme le rapporte Al Jazeera.
Alors que le siège dans le nord entre dans sa troisième semaine, les hôpitaux et le personnel médical sont débordés par l’arrivée massive de blessés et de morts. Face à l’escalade de la brutalité du régime sioniste, les responsables palestiniens de Gaza ont déclaré : « Nous ne savons pas combien de personnes le régime sioniste a tuées : « Nous n’arrivons pas compter le nombre de personnes assassinées. Les chiffres sont terrifiants ».
Dans le même temps, les trois hôpitaux du nord encore partiellement opérationnels ont été bombardés et l’armée israélienne a ordonné leur évacuation.
Le ciblage des hôpitaux n’est pas seulement illégal, il a un terrible effet multiplicateur sur le nombre de morts car les hôpitaux servent aussi d’abris pour les personnes déplacées depuis le début du génocide.
Les massacres constants commis par le régime israélien, associés à une famine délibérément provoquée et aux déplacements forcés, ont créé une situation absolument sans issue pour tous les habitants de Gaza, qui n’ont plus aucun espoir de voir leur martyr s’adoucir.
Il y a cependant encore des journalistes qui s’efforcent de documenter la réalité dans le Nord. En début de semaine, Anas al-Sharif, éminent journaliste d’Al Jazeera, a partagé des photos d’hommes et d’enfants palestiniens rassemblés à Jabalia.
L’arrestation massive a eu lieu juste devant l’hôpital indonésien, l’un des hôpitaux détruits par l’armée israélienne, dont j’ai parlé plus haut. Des images montrent des Palestiniens encerclés par des chars et forcés de marcher vers l’endroit où ils seront arbitrairement détenus.
D’autres rapports en provenance de Jabalia montrent un grand trou, creusé près de l’hôpital indonésien, dans lequel les Palestiniens ont été forcés de s’asseoir, les yeux bandés et menottés.
Le photojournaliste Yousef Labad a rapporté le témoignage d’une mère palestinienne à Jabalia.
Elle a raconté que l’armée d’occupation avait enlevé les enfants à leurs mères et les avaient mis dans une fosse. Un char militaire a ensuite fait le tour de la fosse, en poussant du sable et de la terre dans le trou, tandis que les enfants et leurs mères criaient.
La mère a ensuite raconté à Labad que les soldats ont ensuite attrapé les enfants et les jetés au hasard sur les femmes. Lorsqu’une femme recevait un enfant, elle devait partir immédiatement.
Elle a ajouté que de nombreuses mères se sont retrouvées à porter des enfants qui n’étaient pas les leurs, en laissant leurs enfants aux mains d’autres femmes.
Les personnes qui n’avaient pas été enlevées et détenues ont de nouveau été contraintes de se déplacer. Les forces sionistes ont poursuivi leur campagne de nettoyage ethnique systématique dans le nord, vidant les abris des réfugiés et forçant les femmes et les enfants à partir vers le sud, sous les bombardements de l’armée.
En plus de Jabalia, les frappes aériennes israéliennes ont également visé des immeubles résidentiels à Beit Lahiya, tuant et blessant plus de 100 personnes.
Suite aux reportages de ses collègues à Gaza, la journaliste Samira Mohyeddin, basée à Toronto, a écrit : « Chaque fois que je me dis ‘je n’ai jamais rien vu d’aussi horrible’, Israël crée un nouvel enfer. Les images en provenance du nord de Gaza ce soir crèvent le cœur. De la peau brulée. Des tendons. Des intestins. Des membres difformes et des décombres. Enfant après enfant après enfant, tous empilés les uns sur les autres ».
Le 22 octobre, Anas al-Sharif a informé Middle East Eye de la situation désastreuse à Beit Lahiya.
Al-Sharif a indiqué que plus de 150 000 personnes, déplacées de force, se trouvent actuellement à Beit Lahiya. Il a ajouté que l’armée israélienne utilise les déplacements forcés pour créer des zones densément peuplées, qu’elle appelle des « zones d’extermination », et tuer ceux qui s’y trouvent.
Comme les journalistes l’ont répété au cours de l’année écoulée, les nouvelles et les images qui parviennent à Gaza ne sont qu’un petit aperçu des horreurs perpétrées par l’Etat génocidaire.
Euro-Med Monitor a publié une déclaration sur les atrocités du mois dernier, ajoutant que « la communauté internationale, y compris l’ONU, est complice du plus odieux des crimes, le génocide, parce que la grande majorité de ses membres n’ont rien fait pour mettre un terme à ce qui se passe ».
En raison de la complicité de la communauté internationale avec la machine à tuer sioniste, Israël s’est senti assez puissant pour cibler publiquement les quelques journalistes de Gaza qui restent, après avoir délibérément assassiné leurs collègues.
Les autorités israéliennes d’occupation ont publié les noms de six journalistes palestiniens restés dans le Nord, les accusant d’être des combattants de la résistance à Gaza et d’être affiliés au Hamas et au Jihad islamique.
Il s’agit là d’un autre mythe éculé de la boîte à outils sioniste. En réalité, Israël vient d’annoncer son intention d’assassiner ces journalistes pour avoir dénoncé la campagne d’extermination qu’il mène dans le Nord, et il compte sur la soi-disant presse occidentale pour fabriquer le consentement à l’incontestable menace d’assassinat.
L’un des journalistes cités, Hossam Shabat, a qualifié cette déclaration de « tentative flagrante et belliqueuse de nous transformer, nous les derniers témoins du Nord, en cibles à abattre ».
Il nous rappelle que cette tactique n’est pas nouvelle et ajoute : « après avoir assassiné notre collègue Ismail Al Ghoul, Israël a publié un document affirmant qu’il avait reçu un grade militaire le 1er juillet 2007, date à laquelle il n’avait que 10 ans ».
S’il est besoin d’une autre preuve pour montrer à quel point la situation dans le nord est dramatique, la défense civile palestinienne a été obligée d’interrompre cette semaine toutes ses opérations dans le nord de Gaza pour la première fois depuis le début du génocide.
Des centaines de milliers de personnes sont désormais privées de tout service humanitaire. Cette annonce intervient après que les forces de l’occupation israélienne ont enlevé cinq membres de la défense civile et pris pour cible le dernier camion de pompiers encore en état de marche dans le secteur nord de Gaza.
Dans un récent rapport, les Nations unies ont constaté que le génocide avait ramené Gaza près de 70 ans en arrière, soit presque à l’époque de la Nakba.
Philippe Lazzarini, chef de l’UNRWA, a également fait part de son sentiment sur l’escalade actuelle, en écrivant : « Dans le nord de Gaza, les gens attendent simplement de mourir. Ils se sentent abandonnés, perdus et désespérés.
Ils vivent d’une heure à l’autre dans la terreur, sachant que la mort les menace à chaque instant ».
Le monde ne peut tout simplement plus fermer les yeux sur le plan sioniste d’éradiquer toute trace de vie palestinienne à Gaza. Le sionisme est, par définition, un projet de nettoyage ethnique de la Palestine par la famine, le déplacement et le meurtre systématique des Palestiniens.

Asma Barakat
Co-créatrice d’une archive d’histoire orale intitulée « Rooted in Palestine ». Asma est titulaire d’une maîtrise en sociologie de la New School et d’une licence en sciences politiques de l’université d’État de Montclair.

Publié il y a 1 hour ago par Assawra

Propulsé par WordPress.com.

Retour en haut ↑