Sans boulot : tous fraudeurs ?


Jean-paul Mahoux

11 novembre, 10:54 ·sur Facebook

Christophe, Christophe Deborsu,

On a vu ton émission « Sans boulot : tous fraudeurs ? », diffusée sur RTL le 7 novembre (400.000 spectateurs, 40 % d’audience, beau succès). Après avoir visionné ton «reportage », beaucoup de gens ont dit que tu étais un porte-parole du MR, que tu stigmatisais les pauvres gens avec des méthodes d’enquête douteuses voire honteuses. C’est exagéré. Avant d’être un libéral tendance Bouchez, canal Clarinval, tu es d’abord un catholique de la bourgeoisie namuroise. Plein de bons sentiments pour les gueux. Tu as même dit – et je suis sûr que c’est vrai – avoir éprouvé une « certaine tendresse » pour ces allocataires sociaux que tu as mis sous tes projecteurs aveuglants comme des lapins dans les phares d’une puissante GLE à 100.000 balles.

Une « certaine tendresse » mais pas plus. Charité ordonnée commençant toujours par soi-même, je crois plutôt que c’est ta classe sociale que tu aimes tendrement dans ce reportage, celle qui se croit issue de la méritocratie du travail. Car ton reportage est un autoportrait en creux.

Par exemple, quand tu conduis Laeticia, maman solo, mère de trois enfants, allocataire sociale. Elle est locataire d’un petit appartement dans la rue la plus pauvre de Belgique, à 12 minutes en bus du centre de Verviers. Tu l’emmènes à 30 minutes de là, en voiture, dans un si beau quartier résidentiel de villas quatre façades et jardins. La séquence est diaboliquement implicite : tu montres à cette dame que les honnêtes gens qui travaillent habitent de grandes maisons confortables comme celles qui parsèment ta chère citadelle de Namur. Et la pauvre dame si digne de spontanéité, de te dire qu’elle n’imaginait pas qu’un si beau quartier puisse exister. Mais si elle travaillait au lieu de frauder, elle y habiterait ! Ah Christophe, tu es si jésuite. Tu fais miroiter un rêve impayable à une innocente aux mains vides.

Tu sais pourtant que le coût de ce rêve bourgeois est totalement hors de portée pour une personne sans le moindre centime de capital hérité. Au 1e trimestre 2024, le prix médian d’une maison atteignait 372.000 €. Sur 30 ans à du 3.8% sans apport propre, ça fait 628.560 € à payer. Soit 30 ans de revenu d’intégration pour Laeticia, à 1746 € par mois, 30 ans sans rien manger, sans se vêtir, sans se chauffer, sans aller à l’école, sans bouger, sans vivre ! Impossible. Et tu le sais. Tu sais aussi que ces belles villas sont largement héritées et non payées par le travail comme le prétendent les Pharisiens. En Belgique, la part de l’héritage dans le capital a doublé en 50 ans, arrivant à 65%. Et les 10 % des ménages les plus riches détiennent plus de la moitié du patrimoine belge.. Si deux belges sur trois sont propriétaires de leur logement (ou plutôt le remboursent à une banque), les 20% les plus riches ont un patrimoine de plus d’un million. Certes, c’est injuste mais c’est la volonté divine et ce ne sont pas des fraudeurs !

Ah si … Un « peu » quand même. Je ne vais pas te parler des 37 milliards de fraude fiscale et d’optimalisation aux Bahamas des riches, soit 18 fois plus que le coût du chômage de longue durée. Je vais te parler de ce que coûte à la collectivité le « belgian way à life » que tu as fait miroiter à Laeticia. Cet étalement urbain de villas cossues a un coût colossal. Les riches qui s’étalent et étalent leur richesse, menacent même l’équilibre environnemental, social et économique de toute l’Europe. C’est ce qu’écrit la spécialiste Anne-Françoise Marique, ingénieure architecte-urbaniste de l’ULg. Car ces quartiers péri-urbains comme la citadelle de Namur ou ce beau quartier éloigné de Verviers, avec leur faible densité d’habitations (5 logements par hectare) sans activité économique, impliquent trois catastrophes :

– Un taux de motorisation record (2 à 3 voitures par foyer) engorgeant les axes routiers, émettant quotidiennement une masse de gaz à effets de serre, de dioxyde d’azote et de particules fines notamment dans les quartiers pauvres des villes traversés par de véritables autoroutes urbaines. Le coût environnemental (réchauffement climatique) et de santé publique (maladies pulmonaires), est considérable.

– Une consommation accrue de terres qui va à l’encontre du développement durable de nos territoires. La consommation de terres agricoles et forestières indispensables à la survie alimentaire et climatique des générations qui viennent est reparti à la hausse avec un rythme de 11,6 km²/an, essentiellement causé par le résidentiel bourgeois. Un modèle écologiquement insoutenable qui a transformé un tiers du territoire belge en mégapole de bitume sans vie.

– Des infrastructures coûteuses payées par la collectivité pour amener l’électricité, le gaz, l’eau, évacuer les eaux usées, construire des routes, des antennes GPS, évacuer les ordures ménagères, payer des transports en commun souvent quasi vides. Qui paie cela aux bourgeois ? La collectivité.

Le mode de vie des pauvres coûte donc infiniment moins cher à la société (même avec leur abonnement gratuit aux transports en commun que tu as l’air de trouver si scandaleux). Car les allocataires sociaux qui tu as stigmatisé, vivent dans des centres urbains, dans du logement vertical, concentrant les foyers sans voiture. Ils sont des citoyens écologiquement modèles comparés aux habitants des riches zones périurbaines qui certes, mangent de la pâte à tartiner bio. Car je suis sur que tu vas me dire que les pauvres gens tuent la planète en mangeant du nutella en promotion. Tu viens des Jésuites d’Erpent.

Ne me dis pas non plus que les impôts des riches paient leur « pollution way of life » C’est faux. Prenons le Revenu Cadastral, base de perception du Précompte Immobilier, calculé par le cadastre en fonction de l’année de référence 1975. Tu avais dix ans, Christophe. Le RC n’a jamais été actualisé : il est aveuglément indexé. Le précompte est donc un impôt opaque éludé par les riches et payé par les pauvres. Les habitants des quartiers résidentiels dont la valeur des maisons au m² est considérable, paient nettement moins de précompte que des familles modestes habitants des immeubles. Pour une maison trois chambres, on paie un précompte équivalent à Ixelles et à Molenbeek alors que la valeur des biens ixellois est 30% plus élevée. Même comparaison entre Namur et Charleroi dont le précompte est équivalent quand les maisons namuroises sont 60% plus chères. Même constat pour les appartements 2 chambres au précompte quasiment équivalent à Charleroi, Bruxelles et Namur quand les prix sont de vente sont 100.000 à 200.000 euros plus chers.

Alors Christophe, ça fait quoi d’être ainsi mis sous la loupe ? Les habitants des villas de la Citadelle de Namur, du Brabant wallon ou d’Uccle Fort Jaco, tous fraudeurs par rapport aux habitants des barres HLM ? Oui. involontaires certes mais profiteurs du système sans le moindre doute. Et puisque tu sembles passionné par Verviers, sache que c’est la province de Liège qui possède un Revenu Cadastral médian le plus élevé par rapport aux valeurs vénales des biens immobiliers. Tant qu’à faire, je te conseille un nouveau sujet dérangeant : les liens entre les revenus locatifs des riches et le confort minimal des pauvres. Un aspect totalement ignoré de ton reportage. Tu sais pourtant depuis Saint Augustin que le bien et le mal s’entendent comme larrons en foire.

On va en rester là. On est fatigués tu sais de toujours devoir passer derrière vos rhétoriques simplistes qui nous donnent la nausée. Je n’ai vraiment rien contre toi Christophe. Tes parents étaient d’excellents enseignants et c’est dommage que tu aies renoncé à renseigner les gens sur la vérité des choses. Tu n’as pas bien géré la partie intellectuelle de ton héritage. Dans ton reportage, tu as opté pour la distinction. On ne parle pas de bonnes manières (j’ai d’ailleurs des doutes sur la politesse autoproclamée des gens des beaux quartiers). Non, on parle ici de la distinction définie par Pierre Bourdieu, cette nécessité absolue que tu éprouves de distinguer les gens riches des pauvres gens, de séparer le bon grain (les habitants des beaux quartiers) de l’ivraie (les gens des HLM sociaux). C’est la culture Loréal : « pourquoi suis-je un nanti ? » « Parce que je le vaux bien ». A quoi répond la culture de la faute : « pourquoi suis-je pauvre ?» « parce que je suis une mauvaise personne ». Voilà le message que tu as fait passer mais je te rassure: le mensonge n’est pas un péché capital.

En revanche, la colère est un des sept péchés les plus graves. Et on est vraiment en colère contre toi et contre tout ce mensonge que les Engagés catholiques et les MR libéraux répandent sur nos têtes en jetant des innocents en pâture à la vindicte des nantis et des fraudeurs.

Illustration : Émile Claus. Le pique-nique (v. 1887)

Huile sur toile, 129 × 198 cm, collection du Palais royal, Bruxelles.

Quand Dieu a détourné son visage de Gaza


De Gaza.  » ////////////////////////////////////// Les habitants de la bande de Gaza ont l’habitude, lorsque l’un d’entre eux demande à l’autre : « Penses-tu qu’il y a encore de l’espoir ? « Penses-tu qu’il y a encore de l’espoir ? » La réponse est une sorte de foi coincée dans l’espoir, ou d’espoir coincé dans la foi : « L’espoir est dans le visage de Dieu », mais je me suis retrouvé aujourd’hui, lorsque quelqu’un m’a posé la même question alors que je marchais à pas pressés.

Mais je me suis retrouvé aujourd’hui, quand quelqu’un m’a posé la même question alors que je marchais à la hâte, j’ai répondu automatiquement, sans réfléchir : « Dieu semble avoir décidé de détourner son visage de nous ».

Et j’ai continué à marcher, abasourdi par ce qui était sorti de ma bouche. Non pas parce que j’avais l’impression d’avoir commis un péché, car les mots que nous prononçons dans les moments d’effondrement ne se mesurent pas à l’échelle du péché.

Ce que j’avais dit était, au fond, une métaphore. Mais ce qui m’a inquiété, c’est que j’ai réalisé tardivement que le simple fait de croire qu’il existe un véritable espoir au milieu de cette dévastation, au milieu de cette oppression, est devenu pour moi une sorte de charlatanisme.

Je ne crois plus ceux qui disent que nous allons bien ou que nous « tenons bon ». Ni même ceux qui disent que Dieu est avec nous. Je ne méconnais pas, je ne nie pas, mais je suis épuisé. Ce qui est sorti de ma bouche n’était que l’écho de ce que j’avais dans le cœur : Nous n’allons pas bien. Rien ici ne laisse présager que demain sera meilleur. Désolé, je ne suis plus cet optimiste. Yasser Abu Wazneh, Bande de Gaza »

Yasser Abu Wazna

7 août, 21:24 ·

Quand Allah a rasé son visage à Gaza

Copié chez Marianne Blume sur FB

OPINIONS ET DITS DE DAVID BEN GOURION



Francis Martens
source


(1886-1973) ET AUTRES ÉCLAIRANT LE CONFLIT ACTUEL

Pas difficile d’y voir que le Hamas – prétexte de toutes les exactions israéliennes – n’est pas une cause mais un effet. La ligne directrice de la politique israélienne, son refus initial et continué d’accepter des frontières stables et de se lier par une Constitution, la logique implacable de l’assassinat de Rabin – désigné comme un nazi, par le Likoud, car prêt à accepter une «solution à deux états» – étaient déjà écrites – sans aucun fard – depuis longtemps. De même le nettoyage ethnique nommé crûment et sans état d’âme par son promoteur.
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David Ben Gourion : Octobre 1936 :

« Nous ne suggérons pas d’annoncer maintenant notre but final qui va très loin. Plus loin encore que les révisionnistes qui s’opposent à la partition. Je ne veux pas abandonner la grande vision, la vision finale qui est une composante organique, spirituelle et idéologique de mes (..) aspirations sionistes, » (David ben Gourion, mémoires, volume III, page 467).

« Les frontières des aspirations sionistes sont l’affaire du peuple juif et aucun facteur externe ne pourra les limiter. » (Ouvrage cité ci-dessus, discours en 1937).

Ben Gourion, lettre à son fils (1936) :

« Un État juif partiel n’est pas une fin, mais seulement un commencement. Je suis convaincu que l’on ne peut nous empêcher de nous établir dans les autres parties du pays et de la région. »

Ben Gourion, 1938 :

« Les frontières des aspirations sionistes, incluent le Liban-Sud, le sud de la Syrie, la Jordanie d’aujourd’hui, toute la Cisjordanie, et le Sinaï »
(Rapport au Conseil mondial de Poalei Zion (futur Parti Travailliste ) à Tel-Aviv).

Ben Gourion, discours de 1938 :

« Après être devenus une force importante grâce à la création de l’État, nous abolirons la partition et nous nous étendrons à toute la Palestine. L’État ne sera qu’une étape dans la réalisation du sionisme et sa tâche est de préparer le terrain à l’expansion. L’État devra préserver l’ordre non par le prêche mais par les mitrailleuses ».

Joseph Weitz, (1940) chef du Service de colonisation de l’Agence juive :

« Entre nous, il faut qu’il soit clair qu’il n’y a pas place pour les deux peuples dans le pays. Nous n’atteindrons pas notre but s’il y a des Arabes dans ce petit pays. Il n’y a pas d’autre issue que de transférer les Palestiniens d’ici dans les pays avoisinants, de les transférer tous. Il ne doit pas rester un seul village, une seule tribu ».

Le même Joseph Weitz explicitait ce que signifiait pratiquement « rendre la Palestine « juive » » :

« Il y en a qui croient que la population non juive même en pourcentage élevé, à l’intérieur de nos frontières, sera plus facilement surveillée par nous ; et il y en a d’autres qui croient le contraire, c’est à dire qu’il est plus facile de surveiller les activités d’un voisin que celles d’un locataire. (Je) tends à soutenir ce deuxième point de vue et j’ai un argument supplémentaire : la nécessité de renforcer le caractère de l’État qui sera désormais juif ( .. ) avec une minorité non juive limitée à 15 %. J’étais déjà arrivé à cette conclusion fondamentale dès 1940 (et) je l’avais notée dans mon journal ». Nous devons utiliser la terreur, l’assassinat, l’intimidation, la confiscation des terres et la suppression de tous les services sociaux pour débarrasser la Galilée de sa population arabe » (Rapport Koenig – Al Hamishar ( journal israélien ), 7septembre 1976.

1948 : fondation de l’État d’Israël

Ben Gourion, en mai 1948 :

« Nous devrions nous préparer à lancer l’offensive. Notre but c’est d’écraser le Liban, la Cisjordanie et la Syrie. Le point faible c’est le Liban, car le régime musulman y est artificiel et il nous sera facile de le miner. Nous y établirons un État chrétien, puis nous écraserons la Légion arabe, éliminerons la Cisjordanie ; la Syrie tombera dans nos mains. Nous bombardons alors et avançons pour prendre Port-Said, Alexandrie et le Sinaï. » (Recommandations devant l’État Major Suprême, Ben Gourion, une biographie, par Michael Ben Zohar, NewYork : Delacorte, 1978).

Question du général Yigal Allon à Ben Gourion :

« Que ferons-nous de la population de Lydda et Ramle ? » (environ 50 000 habitants)
Ben Gourion, selon son biographe, agita la main et dit «Chassez-les ! »
(Juillet 1948- M. Ben Zohar).

Première visite de Ben Gourion à Nazareth :

Ben Gourion regarda autour de lui avec étonnement et dit : «Pourquoi y a-t-il autant d’Arabes, pourquoi ne les avez vous pas chassés ? » (source, opus cité supra M. Ben Zohar )

Uri Lubrani, conseiller spécial aux Affaires arabes du Premier ministre israélien David Ben Gourion en 1960. « Nous réduirons la population arabe à une communauté de bûcherons et de serviteurs » (Sabri Jiryis, les arabes en Israël ( the Arabs in israel – New York : Monthly Review Press, 1976 ).

Raphaël Eitan,
chef d’état-major des Forces armées israéliennes :

« Nous déclarons ouvertement que les Arabes n’ont aucun droit à s’établir ne serait-ce que sur un centimètre d’Eretz Israël. Vous autres bonnes âmes et modérés devriez savoir que les chambres à gaz dAdolf Hitler seraient pour eux un palais de récréation… La force est la seule chose qu’ils comprennent et qu’ils comprendront jamais. Nous utiliserons la force extrême jusqu’à ce que les Palestiniens viennent à nos pieds en rampant » (Gad Becker, Yediot Aharanot, 13 Avril 1983, New York Times, 14 Avril 1983.)

Last but not least …
Ben Gourion :

« Beghin appartient incontestablement au type hitlérien. C’est un raciste disposé à détruire tous les Arabes dans son rêve d’unification d’Israël, prêt, pour réaliser ce but sacré, à user de tous les moyens ».
Source : E. Haber, Menahem Beghin, the man and the legend Ed. Delle Book. New York, 1979, p. 385.34151-8.

[ citations recueillies sur le site “Vie de Livre”, et largement documentées et déployées dans la biographie de Ben Gourion par l’historien israélien Tom Segev : «A State at Any Cost : The Life of David Ben-Gurion, 2019

Source

L’APPEL D’AVRUM BURG : « RÉVOLTEZ-VOUS ! »


et diffusez autant que possible cet appel

« JUIFS, RÉVOLTEZ-VOUS ! MAINTENANT ! »

Un appel juif à la Cour Internationale de Justice

par Avraham – “Avrum” – Burg

( ancien président de la Knesset et président – par intérim – de l’État d’Israël, ancien président de l’Agence Juive et de l’Organisation Sioniste Mondiale )

8 août 2025

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Magnifié, sanctifié

Soit le saint nom

Avili, crucifié

Chez les humains

Un million de bougies allumées

Pour l’aide qui n’est jamais venue

Vous le voulez plus sombre

Hineni, hineni

Je suis prêt, Seigneur

Leonard Cohen

Il n’existe pas de définition unique pour tous ceux qui s’identifient comme juifs. La judéité est-elle une religion ? Un gène ? Une culture? Une nationalité ? Un statut juridique ? Dans la confusion de ces identités qui se chevauchent et se contredisent, l’Israël moderne a forgé sa propre synthèse sans précédent, une fusion de cinq éléments jamais entièrement soudés dans l’histoire juive : la religion, la terre, le pouvoir, la langue et la souveraineté. Le produit de ce creuset israélien est une mutation culturelle qui ose s’appeler le judaïsme.

À ce moment de l’histoire israélienne, trois de ces éléments, la religion, le pouvoir et la terre, se sont métastasés en excroissances malignes. Le pouvoir est devenu trop grand et est désormais mis au service des interprétations les plus pathologiques du judaïsme, axées sur la conquête et la domination. Le coût immédiat de ce cancer est l’effritement de la souveraineté israélienne. Le pouvoir a été confié à des milices messianiques violentes, dont les chefs de gangs font désormais office de ministres. Ensemble, du haut en bas simultanément, ils ont démantelé l’État israélien. Ce pays n’existe plus.

Ces éléments destructeurs ont toujours été présents dans l’ensemble juif, mais ils étaient généralement contenus, marginalisés, limités. Aujourd’hui, après deux mille ans, ils ont pris le contrôle et mettent en œuvre leurs sombres projets. Chaque juif doit aujourd’hui faire face à deux questions fondamentales : Quelle est mon identité juive ? Et suis-je avec eux ou contre eux ?

Il n’y a pas de juste milieu. Il ne doit pas y en avoir.

Les soutenir, c’est s’aligner sur les forces ruineuses de notre passé. Avec ceux qui ont lancé une révolte imprudente et délirante contre l’Empire romain, entraînant la destruction du second temple et des souffrances indicibles pour notre peuple. Se ranger à leurs côtés, c’est embrasser les commandements bibliques d’anéantissement des nations indigènes et le mythe du suicide collectif à Massada. C’est suivre une culture séparatiste et suprémaciste : un monde où les non-Juifs sont vilipendés et où les Juifs sont choisis et exaltés.

Des lignes épaisses et ininterrompues s’étendent de l’orgueil de Bar Kokhba à la brutalité de Ben-Gvir, de la folie messianique de Rabbi Akiva à la grossièreté et au zèle de Smotrich. Les seigneurs de la ruine de l’histoire juive ne sont jamais vraiment morts et, aujourd’hui, ils tuent même.

Mais le judaïsme a toujours porté en lui une autre civilisation. Une civilisation enracinée dans l’introspection, la critique, la compassion et l’action morale. Le prophète Nathan s’est présenté devant le roi David, le dirigeant le plus puissant d’Israël, et l’a accusé de corruption et d’effusion de sang. Des siècles plus tard, le prophète Jérémie avertit les élites décadentes de Jérusalem de la destruction imminente du premier temple. En l’an 70 de notre ère, Rabbi Yochanan ben Zakkaï a fui la ville des zélotes et de la soif de sang, et a inauguré le nouveau judaïsme alternatif : une foi de culte sans temple, d’identité sans territoire, de force sans domination, et d’autorité spirituelle sans souveraineté politique.

C’est ce judaïsme qui a ensuite embrassé le yiddish, la langue qu’Isaac Bashevis Singer a décrite comme « la langue de l’exil … une langue sans terre et sans frontières, qui n’est soutenue par aucun gouvernement, une langue qui n’a pas de mots pour désigner les armes, les munitions, les manœuvres militaires ou les tactiques de guerre ». Dans les ghettos, les yiddishophones vivaient ce que les grandes religions ne faisaient que prêcher : une pratique quotidienne de l’étude de l’humanité et des relations humaines. Ce qu’ils appellent la Torah, le Talmud, l’éthique et la mystique. Le ghetto, loin d’être un simple refuge pour les persécutés, était une grande expérience de vie paisible, de sens de soi et d’attention aux autres. Et il survit encore, refusant de se rendre, malgré la cruauté qui l’entoure.

Cette tension intérieure de l’âme juive est toujours vivante. Entre les forces de la domination, de la soif de sang et de la silenciation des autres, et ce judaïsme de la tolérance, de l’ouverture et du dialogue.

Aujourd’hui, une grande inspiration morale s’impose à tous ceux qui refusent d’accepter la dictature du pouvoir et de la corruption menée par César Netanyahou et sa coalition de zélotes apocalyptiques.

Il est temps de sortir de la ville, comme l’a fait Yohanan ben Zakkaï, et de faire renaître un judaïsme de moralité et d’humanité. Nous n’avons pas d’institutions, pas de grandes ressources. Nous sommes dispersés, souvent seuls. Nous ne possédons aucun pouvoir militaire ou gouvernemental. Mais nous avons la force spirituelle et éthique de notre passé. L’histoire juive est de notre côté.

C’est pourquoi nous pouvons et devons arrêter l’écoulement du sang.

Voici comment nous pouvons commencer : nous avons besoin d’un million de Juifs. Moins de dix pour cent de la population juive mondiale pour déposer un appel commun à la Cour Internationale de Justice de La Haye. Une plainte juridique collective contre l’État d’Israël pour les crimes contre l’humanité commis en notre nom et sous la fausse bannière de notre identité juive.

Il est temps de dire : ça suffit !

Deux soleils se lèveront ce jour-là. L’un brillera au firmament juif, éclairant nos ténèbres intérieures et remplaçant le fanatisme par la clarté morale. L’autre brillera dans le monde entier, déclarant que parmi les Juifs, il y a ceux qui ressemblent aux pires criminels des nations et qu’il y a ceux qui, sans peur ni privilège, se dressent contre eux.

Oui, le Hamas a commis des crimes odieux contre l’humanité. Mais rien de tout cela ne justifie les actions d’Israël à Gaza depuis lors.

Nous sommes à l’heure des comptes. Nous ne devons pas l’esquiver.

Voici donc mon appel :

Si vous êtes un individu, une communauté ou une organisation juive n’importe où dans le monde, et que vous êtes ébranlés par ce que fait Israël, si vous vous alignez sur les valeurs du judaïsme humaniste, sur la décence morale de base et la responsabilité collective, rejoignez cette initiative historique. Non pas en vous tournant vers les armes ou les structures de pouvoir, mais vers la conscience de l’humanité. Adressez-vous à La Haye.

Dans notre appel, nous déclarerons : nous ne permettrons pas à l’État d’Israël, qui inflige systématiquement des violences à une population civile, de parler en notre nom. Nous n’accepterons pas que le judaïsme serve de couverture à des actes de violence. Ce n’est pas un rejet de notre peuple, c’est une défense de son âme. Il ne s’agit pas de détruire, mais de réparer.

Nous sommes des milliers, des dizaines de milliers, des centaines de milliers. Un million de Juifs qui disent simplement : nous sommes ici, et nous sommes contre.

Individus dotés d’une conscience et dont l’âme est en éveil, penseurs, érudits, membres du clergé, artistes, juristes, l’heure est venue. Connectez-vous. Signez. Organisez-vous. Élevez la voix juive de la résistance morale. La lumière existe. Elle a seulement besoin de nombreuses bougies.

J’espère vraiment que les lecteurs prêts à s’engager répondront à cet appel et le diffuseront.

Qu’ils entendront le plus ancien des appels – « Où es-tu ? » – et qu’ils répondront comme l’a fait Leonard Cohen :

Hineni, hineni

Hineni, hineni

Je suis prêt, Seigneur.

Avrum Burg

8 août 2025

Source

https://avrumburg.substack.com/p/jews-rebel-now

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Raids à domicile et violence : A Hébron, le transfert « volontaire » de Palestiniens est en cours


11 juillet 2025

Gidéon Levy

Alors que la guerre fait rage, les invasions de colons et de soldats israéliens dans les maisons palestiniennes de la vieille ville d’Hébron sont de plus en plus fréquentes et violentes.

Naramin al-Hadad avec ses petits-enfants. Il y a quelques semaines, des soldats sont venus chez elle, lui ont montré une photo de son fils Nasim, âgé de 7 ans, et l’ont emmené avec eux. Ils l’ont relâché, pétrifié, une demi-heure plus tard.Credit:Gideon LevyAlex Levac

La place du marché est vide, comme le dit la chanson emblématique d’une autre vieille ville, celle de Jérusalem. La principale place du marché d’Hébron est presque totalement déserte depuis des années. Pour comprendre pourquoi, il suffit de regarder vers le haut : aux grilles métalliques que les Palestiniens ont installées au-dessus des étals pour les protéger des colons sont accrochés des sacs d’ordures et d’excréments que ces derniers jettent sur les visiteurs.

Les maisons des colons du quartier juif d’Hébron se dressent au-dessus du marché mort et le jouxtent. De l’autre côté du checkpoint, dans ce quartier, il ne reste plus un seul magasin ou étal palestinien. Plus loin, la partie du marché encore ouverte était également à moitié morte cette semaine. Il y a des produits en abondance et des stands colorés sont ouverts, mais il y a peu de clients.

    Les Palestiniens n’ont pas d’argent, dans une ville qui était autrefois le centre économique de la Cisjordanie jusqu’à ce que la guerre dans la bande de Gaza éclate. Vous voulez savoir pourquoi ? Regardez la porte d’entrée principale. Elle était cadenassée cette semaine. Une ville d’un quart de million d’habitants est fermée. Peut-on trouver quelque chose de comparable sur la planète ?

    Beatings, then bulldozers: How Israel punishes Palestinians for building on their own land

    Residents of this Palestinian hamlet look around, and see no way out

    Meanwhile, in Masafer Yatta, the dispossession of Palestinians surges forward


    Des soldats israéliens surveillent l’entrée principale d’Hébron. Parfois, ils ouvrent la porte, parfois non. On ne sait jamais quand elle sera déverrouillée. Lundi dernier, lors de notre visite, ils ne l’ont pas ouverte. Il existe d’autres itinéraires, dont certains sont sinueux et vallonnés, mais il est impossible de vivre ainsi. C’est exactement pour cela que les portes sont fermées : parce qu’il est impossible de vivre ainsi. Il n’y a pas d’autre raison que le besoin des Forces de défense israéliennes de maltraiter les habitants, ce qu’elles font encore plus violemment depuis le 7 octobre, afin de les pousser au désespoir – et peut-être même à l’exode. De façon permanente.

    En effet, peut-être qu’un petit nombre d’entre eux choisiront de partir, enfin, et réaliseront ainsi le rêve de certains de leurs voisins juifs. Pour sa part, Tsahal coopère avec enthousiasme à ces plans sataniques, travaillant main dans la main avec les colons sur la voie du transfert de population tant désiré. Sous le couvert de la guerre dans la bande de Gaza, les abus sont ici aussi passés à la vitesse supérieure et sont presque illimités.

    Cela n’est nulle part plus évident que dans la zone H2, qui est sous contrôle israélien et qui comprend la colonie juive de la ville et les anciens quartiers qui l’entourent. Ici, le transfert n’est pas rampant, il est galopant. Les seuls Palestiniens encore présents ici sont ceux qui n’ont pas les moyens de quitter cette vie infernale, sous la terreur des colons et de l’armée, dans l’un des centres d’apartheid de la Cisjordanie. Voici d’anciens bâtiments en pierre, ornés d’arches, dans un quartier qui pourrait être un trésor culturel, un site du patrimoine, mais qui reste à l’abandon, à moitié en ruine, avec les ordures des colons qui traînent et leurs graffitis de haine ultranationaliste.

    Les maisons des colons de la vieille ville d’Hébron surplombent le marché d’en haut.

    Après nous être garés – il y a maintenant beaucoup de place dans le marché désert – nous entrons dans une cage d’escalier étroite et sombre. À travers la fenêtre grillagée, on aperçoit des tas d’ordures et, derrière eux, les institutions des colons : Beit Hadassah, le centre d’études religieuses Yona Menachem Rennart et le bâtiment du Fonds Joseph Safra. Les maisons des colons sont à portée de main. Il suffit de tendre le bras.

    Il s’agit de la rue Shalalah, qui est en partie sous contrôle palestinien. Le vieux bâtiment en pierre dans lequel nous sommes entrés a été rénové ces dernières années par le Comité palestinien de réhabilitation d’Hébron, et il est impossible de ne pas admirer sa beauté, malgré les conditions déprimantes qui l’entourent. Situé à quelques dizaines de mètres du point de contrôle menant au quartier juif, il s’agit d’une structure étroite de trois étages abritant cinq familles. La famille Abu Haya élargie – parents, enfants et petits-enfants, dont 15 jeunes et enfants en bas âge – reste ici en raison du faible loyer.

    Passant devant une foule d’enfants en bas âge, nous montons au troisième étage, dans l’appartement de Mahmoud Abu Haya et de sa femme, Naramin al-Hadad. Mahmoud a 46 ans, Naramin 42, et ils ont cinq enfants, dont certains ont déjà une famille. Naramin avait 15 ans lorsqu’elle s’est mariée, raconte-t-elle en souriant.

    Le père de famille, qui a travaillé dans le bâtiment à Ashkelon, est au chômage depuis que la guerre a éclaté le 7 octobre 2023. Naramin fait la cuisine à la maison et la vend aux habitants du quartier. C’est la seule source de revenus de la famille pour le moment. Jusqu’à la guerre, elle était également bénévole pour l’organisation israélienne de défense des droits de l’homme B’Tselem. Avec une caméra vidéo de l’ONG, dans le cadre de son projet Camera, elle documentait ce qui se passait dans la région. Mais Naramin n’ose plus participer au projet. Il est beaucoup trop dangereux d’être en possession d’une caméra ici. La dernière fois qu’elle l’a utilisée, la seule pendant la guerre, c’était il y a environ cinq mois, lorsqu’elle a documenté un incendie que les colons avaient allumé sur le toit au-dessus du marché. Il y a environ un mois et demi, des soldats sont venus à l’appartement, ont montré à Naramin une photo de son fils Nasim, âgé de 7 ans, puis sont partis avec lui. Ils l’ont relâché, pétrifié, environ une demi-heure plus tard.

    Les raids nocturnes sur les maisons palestiniennes sont devenus beaucoup plus fréquents au cours des 21 derniers mois. Alors qu’elle ne le faisait qu’une fois par mois en moyenne, l’armée débarque désormais chez les Palestiniens au moins une fois par semaine, explique Naramin, presque toujours en pleine nuit.

    Aucun Israélien ne connaît la réalité dans laquelle, pendant des années, à tout moment, il ou elle se réveille en état de choc à la vue et au bruit de dizaines de soldats armés et masqués qui envahissent sa maison, parfois avec des chiens, puis poussent tous les occupants hébétés, y compris les enfants terrifiés, dans une seule pièce. Dans certains cas, les envahisseurs passent à tabac et fouillent violemment les lieux, laissant derrière eux une traînée de destruction ; dans tous les cas, ils maudissent et humilient.

    Dans le passé, ces incursions semblaient avoir un but : l’arrestation d’un suspect, la recherche de matériel de combat. Mais depuis le début de la guerre, on a l’impression que la seule raison de ces raids est de semer la peur et la panique, et d’envenimer la vie des Palestiniens. Ils n’ont apparemment pas d’autre but.

    Maher Abu Haya sur le toit de sa maison, avec Beit Hadassah en arrière-plan, cette semaine. Les caméras de sécurité l’ont filmé debout dans la rue, quand soudain des soldats sont apparus et ont fait irruption dans la maison.

    Le dernier incident de ce type impliquant la famille Abu Haya a eu lieu il y a une semaine. Jeudi dernier, à l’aube, Maher, 24 ans, fils de Naramin, marié à Aisha, 18 ans, et père de deux jeunes enfants, a quitté la maison, mais est revenu après avoir vu des soldats s’approcher de la porte d’entrée.

    Les caméras de sécurité que la famille a installées à l’entrée montrent Maher se tenant innocemment dans la rue et les soldats apparaissant soudainement. Ils lui ordonnent de les faire entrer et de les guider à travers le bâtiment. Maher les a conduits à l’autre entrée, qui mène à l’appartement de son frère, Maharan, 23 ans, qui est marié et père d’un bébé de 6 semaines, l’objectif étant de ne pas réveiller tous les autres enfants de l’immeuble, qui sont nombreux.

    Mais Maher a reçu l’ordre de réveiller tout le monde et de rassembler tous les occupants de chaque étage dans une seule pièce. Les troupes n’ont rien dit sur le motif de l’opération. Maharan venait d’essayer d’endormir sa petite fille lorsque les soldats ont fait irruption. Maher frappe à la porte de l’appartement de ses parents et les réveille. Son oncle, Hamed, 35 ans, a été tiré du lit ; bien qu’on ait expliqué aux soldats qu’il se remettait d’une opération du dos, il a été pris à la gorge et traîné hors de son appartement.

    Les trois familles du troisième étage étaient concentrées dans le petit salon où nous avons été accueillis cette semaine. Naramin se souvient qu’elle s’inquiétait de ce qui se passait aux étages inférieurs. Ils ont entendu Maher crier, comme s’il était battu.Open gallery view

    La maison de la famille après le départ des soldats.

    Un soldat a arraché le rideau à l’entrée du salon de Naramin, puis ses camarades ont brisé les objets en verre dans l’armoire. Sans raison. Les enfants se sont mis à pleurer. Naramin a voulu ouvrir une fenêtre, car il faisait étouffant à l’intérieur, mais un soldat, plus jeune que la plupart de ses fils, l’a bloquée.

    Le lendemain, Manal al-Ja’bri, chercheuse de B’Tselem sur le terrain, a recueilli le témoignage de la femme de Maharan. Elle a raconté que son bébé pleurait et qu’elle voulait l’allaiter, mais que les soldats l’en empêchaient. Les demandes d’eau ont également été rejetées.

    Au bout d’une heure environ, les soldats ont ordonné à Naramin et aux autres membres de sa famille de se rendre dans un autre appartement de l’immeuble. Le sol était jonché de débris de verre et Naramin avait peur pour ses enfants qui marchaient pieds nus. Par la suite, elle a entendu des bruits de vaisselle brisée dans sa propre maison. Les soldats ont également jeté le ventilateur par terre et l’ont cassé.

    Ja’bri dit qu’elle a déjà documenté une dizaine de cas similaires de destruction pour l’amour du ciel dans la même zone, peuplée de Palestiniens économiquement défavorisés.

    Quel était l’objectif du raid de la semaine dernière ? Voici ce que l’unité du porte-parole de l’IDF a répondu cette semaine : « Le 2 juillet 2025, les FDI ont opéré dans la ville d’Hébron, qui est [sous la supervision de] la Brigade de Judée, à la suite d’informations fournies par les services de renseignement. L’activité s’est déroulée sans événements exceptionnels, et les allégations de destruction de biens ne sont pas connues.

    Le marché fermé d’Hébron. Les Palestiniens qui y restent n’ont pas les moyens de quitter cette vie infernale, dans l’un des centres d’apartheid de Cisjordanie.

    Vers 2 heures du matin, le calme s’est installé dans le bâtiment. Naramin a osé jeter un coup d’œil à l’extérieur pour voir si les soldats étaient partis ; ils étaient partis sans en informer les occupants. Qui s’en soucie ? Les Palestiniens pouvaient rester là où ils étaient jusqu’au matin. Maher est meurtri mais ne veut pas dire à sa mère ce que les soldats lui ont fait. Les trois voitures de la famille ont été cambriolées ; les clés ont été retrouvées dans la benne à ordures.

    Alors qu’on nous sert du café, la famille découvre que le verre qui recouvre la table est lui aussi fissuré. Est-ce qu’ils envisagent de partir ? Naramrin se lève d’un bond, comme si un serpent l’avait mordu, et prononce un « non » bref et définitif.

    La semaine dernière, quatre familles ont quitté le quartier adjacent de Tel Rumeida. Elles n’en pouvaient plus. Au total, Ja’bri, le chercheur, estime qu’au moins 10 familles ont quitté le quartier depuis le début de la guerre. La semaine dernière, selon les habitants, il n’y avait apparemment aucun problème de sécurité à examiner, et à Tel Rumeida – où les Palestiniens ne sont autorisés à faire entrer aucun type de véhicule, pas même une ambulance – un véhicule commercial a été autorisé à entrer afin d’enlever les biens des familles qui ont quitté le quartier. Certaines fins justifient apparemment tous les moyens.

    Nous sommes ensuite montés sur le toit, pour voir la vue. D’anciens bâtiments en pierre plantés sur la pente. Mais le toit est étouffé de tous côtés par les constructions des colons.

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    Traduction : Deepl

    Le paradoxe de la philosophie israélienne de la « victoire totale »


    Mis à jour 1 juillet 2025

    Aujourd’hui, avec la poursuite de la « victoire totale », Israël est passé de l’endiguement à la destruction du tissu politique et social existant de Gaza – et, si possible, comme certains responsables l’ont déclaré ouvertement, en allant en même temps vers l’oblitération de la viabilité du territoire.

    Le paradoxe de la philosophie israélienne de la « victoire totale ». Photographie de MEE montrant les importants dégâts provoqués en Israël par les frappes de représailles iraniennes après qu'Israël a attaqué Téhéran et d'autres villes, tuant ainsi des dizaines d'Iraniens. (Photo de MEE publiée le 14 juin 2025)

    Photographie de MEE montrant les importants dégâts provoqués en Israël par les frappes de représailles iraniennes après qu’Israël a attaqué Téhéran et d’autres villes, tuant ainsi des dizaines d’Iraniens. (Photo de MEE publiée le 14 juin 2025)

    Rima Najjar, 28 juin 2025

    Puisque ni Israël ni les EU n’ont de vision politique finale comportant une voie vers l’autodétermination ou les droits palestiniens, la libération de la Palestine dépend dès lors du point de rupture d’Israël sous la contrainte prolongée exercée par l’Iran, ses alliés (le Hezbollah, le Hamas, les Houthis) et la résistance palestinienne.

    La résilience d’Israël peut être formidable, mais elle n’est pas infinie. Le coût de la poursuite d’une stratégie maximaliste qui ne propose aucun horizon politique – pas de plan pour les droits palestiniens, pas de vision de coexistence, pas d’autre objectif final que la domination militaire – dépassera bientôt le courage politique requis de la part d’Israël pour faire quelque chose de vraiment transformationnel.

    Reconnaître les aspirations nationales palestiniennes, s’engager dans la diplomatie et accepter que la sécurité ne puisse être bâtie sur l’oblitération n’est pas un simple impératif moral, pour Israël – ce pourrait être d’ici peu une nécessité stratégique.

    La guerre a déjà déclenché un retour de flamme régional avec l’Iran (incluant des échanges de missiles et l’implication des EU), une escalade avec le Hezbollah dans le nord et une résistance armée accrue en Cisjordanie ainsi que des attaques de la part du Yémen. Les ennemis d’Israël n’ont pas été brisés au-delà de toute possibilité de guérison et il semble que ce ne sera jamais le cas. Comme l’a dit un analyste :

    « Israël n’a pas de véritable théorie de la victoire et l’Iran n’a pas été vaincu – seulement blessé et rendu furieux. »

    Pas plus que ne l’ont été le Hamas, le Hezbollah et les Houthis.

    Israël présume que seule la destruction complète ou la reddition sans condition d’un ennemi (étatique ou non étatique) pourra garantir sa sécurité à long terme. C’est un pari très risqué, parce qu’il échange une domination militaire à court terme contre une incertitude stratégique et une instabilité à long terme et, quoi qu’il en soit, il est irréalisable.

    En poursuivant cette stratégie, Israël peut gagner des batailles, mais il perdra certainement la paix, s’aliénera ses alliés et déclenchera une guerre plus étendue. Un succès militaire sans résolution politique ne peut qu’engendrer un nouveau cycle de guerre.

    L’Histoire nous montre que les victoires militaires absolues sur des forces insurgées ou mandataires sont extrêmement rares, même pour des superpuissances, parce que des combattants non étatiques n’ont pas besoin de « gagner » conventionnellement ; il leur faut simplement survivre et surpasser leur adversaire.

    Voici quelques exemples :

    La guerre du Vietnam (1955–1975) | EU (+ alliés) | Viet Cong et N. Vietnam | Retrait américain, victoire communiste | Guérilleros mêlés à la population, perte du soutien public pour les EU.

    La guerre soviéto-afghane (1979–1989) | URSS | Moudjahidines | Retrait soviétique, plus tard reprise par les Talibans | Les insurgés bénéficiaient du soutien étranger (EU, Pakistan) et avaient l’avantage du terrain.

    Les EU en Irak (2003–2011) | EU | Al-Qaeda/milices chiites | L’insurrection s’est maintenue, l’EI est apparu plus tard | L’occupation a alimenté la résistance ; pas de solution politique stable.

    Israël-Hezbollah (2006) | Israël | Hezbollah | Impasse, le Hezbollah a gagné en force | Le Hezbollah s’est implanté parmi sa population qui le soutenait et s’est reconstruit avec l’aide de l’Iran.

    Quant aux guerres entre États, elles peuvent se terminer par une « victoire totale », mais seulement à certaines conditions, comme l’occupation et le changement de régime (par exemple, la Seconde Guerre mondiale) ou l’effondrement total de l’ennemi (c’est-à-dire, pas de commanditaire externe).

    Les fois où Israël s’est approché le plus près de la « victoire totale », ç’a été en 1967, quand il a gagné du territoire de façon décisive, et lors de sa guerre contre le Liban, en 1982. Dans ces deux scénarios, la résistance palestinienne s’est regroupée et l’expulsion de l’OLP du Liban a été le catalyseur qui a mené à la montée du Hezbollah. L’Iran n’est pas l’Irak de 2003 ; il bénéficie du soutien de la Russie et de la Chine, il nourrit des ambitions nucléaires et il est allié à plusieurs mouvements de résistance, ce qui rend impossible un changement de régime.

    Israël ne peut engranger une « victoire totale » contre le Hamas à Gaza, sauf s’il réoccupe Gaza indéfiniment et, même dans ce cas, l’idéologie de la libération qui est celle du Hamas resterait enracinée, comme elle l’est depuis des décennies (la Nakba est une blessure perpétuelle, pour les Palestiniens). Une victoire militaire pour Israël ne pourrait se dégager qu’au prix d’une instabilité à long terme, d’une radicalisation et d’une condamnation internationale.

    Ainsi donc, du fait qu’Israël n’a manifestement aucune finalité politique en vue pour la région, quid dans ce cas des États-Unis ?

    Les accords d’Abraham de Trump ont politiquement mis de côté la question palestinienne, qui était le cœur du problème. Les accords normalisaient les relations entre Israël et plusieurs États arabes (EAU, Bahreïn, Maroc et Soudan) sans exiger de progrès sur la voie de la création d’un État palestinien. C’était une rupture avec le consensus de longue date de la Ligue arabe selon lequel la normalisation devait succéder à une résolution du conflit israélo-palestinien.

    À l’origine, l’administration Trump présentait les accords comme faisant partie d’un plan plus large « De la paix à la prospérité », promettant des milliards en investissement dans les infrastructures et le développement palestiniens, mais la majeure partie de ces fonds ne se sont jamais matérialisés. Les Palestiniens ont rejeté le plan en tant que corruption économique sans droits politiques. Et, bien sûr, depuis, à Gaza, Israël a oblitéré les moindres gains économiques, avec la ruine des infrastructures et les restrictions draconiennes de l’aide.

    Le plan de Trump pour Gaza implique la mise à l’écart du Hamas, l’installation d’une administration multinationale arabe et l’encouragement de l’émigration volontaire – le déplacement sous un autre nom. Il n’y a pas de feuille de route claire pour l’autodétermination palestinienne. Trump a proposé un vague soutien à la chose en tant qu’« aspiration à long terme », mais uniquement si l’Autorité palestinienne se prêtait à des réformes radicales, autrement dit, si elle acceptait des « colonies » juives qui avaient déjà dévoré la majeure partie du territoire de la Cisjordanie et si elle rejetait la volonté politique des Palestiniens.

    En donnant la priorité à la normalisation avec les États arabes et en mettant de côté les revendications palestiniennes, la stratégie de Trump peut réduire les tensions entre États – mais elle a enraciné le conflit central. Comme le disait un analyste : « Vous ne pouvez bâtir la paix sur base d’une exclusion. » L’approche de Trump cimente le statu quo via lequel on gère les Palestiniens, mais sans les responsabiliser.

    Et c’est là le cœur du paradoxe — et la tragédie.

    Dans sa « gestion » du conflit jusqu’au 7 octobre, Israël maintenait en place un certain statu quo : il jugulait le Hamas (ou croyait le faire), il limitait la souveraineté palestinienne et évitait les négociations portant sur le statut final. Cette approche était coûteuse, mais prévisible.

    Aujourd’hui, avec la poursuite de la « victoire totale », Israël est passé de l’endiguement à la destruction du tissu politique et social existant de Gaza – et, si possible, comme certains responsables l’ont déclaré ouvertement, en allant en même temps vers l’oblitération de la viabilité du territoire.

    Cette escalade accroît considérablement les enjeux :

    • Le coût humanitaire est ahurissant : les infrastructures de Gaza sont en ruine, la famine s’est généralisée et plus de 80 % de la population a été déplacée à plusieurs reprises. La destruction n’est pas accidentelle, elle est systémique.

    • Le coût politique grimpe : la position mondiale d’Israël se détériore. Même ses alliés remettent en question sa stratégie à long terme. La CPI enquête sur ses crimes de guerre potentiels. Les EU sont sous pression afin de recalibrer leur soutien.

    • Le coût stratégique s’aggrave : En détruisant non seulement le Hamas mais aussi les conditions de vie et de gouvernance des Palestiniens, Israël crée un vide qui entretient une radicalisation plus profonde, mais certainement pas la paix.

    La position internationale d’Israël s’érode : les résolutions de l’ONU ont condamné ses actions, les procédures juridiques contre les responsables israéliens s’accélèrent partout dans le monde et même les alliés traditionnels d’Israël remettent en question la proportionnalité et la légalité de la campagne israélienne.

    La guerre d’Israël contre la Palestine, le Liban et l’Iran est désormais la plus longue de son histoire, avec des pertes quotidiennes en vies humaines et un déplacement très répandu à l’intérieur même d’Israël. Plus elle s’éternise, plus elle met à rude épreuve le moral de la population, la préparation et l’enthousiasme de l’armée et la résilience économique.

    Quand l’injustice se produit en temps réel, les discours abstraits sur les cadres et les feuilles de route peuvent sembler creux, comme une trahison de l’urgence qui se déroule sous nos yeux. Être témoin d’un génocide n’est pas seulement une expérience émotionnellement bouleversante, c’est moralement désorientant. Cela peut faire en sorte que toute discussion sur la stratégie à long terme semblera éloignée de la tragédie de la vérité viscérale sur le terrain. Mais, en donnant un sens aux événements, il est impératif, non seulement d’articuler l’indicible, mais aussi de chercher quelque lumière, même diffuse, à l’extrémité des tunnels de Gaza.

    ******

    Rima Najjar

    Rima Najjar est une Palestinienne dont la branche paternelle de la famille provient du village dépeuplé de force de Lifta, dans la périphérie occidentale de Jérusalem et dont la branche maternelle de la famille est originaire d’Ijzim, au sud de Haïfa. C’est une activiste, une chercheuse et une professeure retraitée de littérature anglaise, à l’Université Al-Quds, en Cisjordanie occupée.

    *****

    Publié le 28 juin 2025 sur le blog de Rima Hassan
    Traduction : Jean-Marie Flémal,  Charleroi pour la Palestine

    Lisez également cet article de Rima Najjar : La Palestine et l’Iran peuvent être durement touchés et continuer d’aller de l’avant.

    !!Génocide à Gaza: J 638!! Gaza étouffe sous la mort… où enterrer nos martyrs? Témoignage bouleversant


    MCPalestine (Mouvement citoyen Palestine)

    5 juillet 2025

    Dans la bande de Gaza, même la terre ne suffit plus pour ceux qui l’ont quittée. Il n’y a pas de scène plus cruelle que celle d’un être humain privé de son dernier droit: être enterré dignement dans le sol de sa patrie. Avec la poursuite de l’agression israélienne brutale et l’augmentation quotidienne du nombre de morts, la souffrance a dépassé les limites du supportable. Gaza est devenue un champ de mort à ciel ouvert, sans tombes, sans terre, sans respect pour les défunts.

    Les funérailles sont devenues une fuite face à une roquette ou une balle. L’adieu est une caresse hâtive sur le front d’un mort avant qu’il ne soit enveloppé dans un linceul et soustrait aux regards. Les scènes sont choquantes, elles arrachent l’humanité à l’homme et profanent la dignité du vivant comme du mort. C’est un moment charnière pour la conscience humaine, quand les tombes deviennent un luxe inaccessible et que l’enterrement devient un vœu difficile à exaucer. Est-il concevable que les cimetières deviennent une revendication urgente dans la liste de souffrances d’un peuple assiégé?

    Une terre qui n’accueille plus ni ses vivants… ni ses morts

    Les massacres se succèdent quotidiennement. Le cri des endeuillés à peine apaisé est étouffé par un nouveau bombardement. Mais la tragédie ne se limite plus aux morts et à la destruction. Elle a dépassé les limites de l’imaginable: où enterrer nos martyrs?

    Imaginez une famille entière anéantie, sans que leurs proches ne trouvent un lieu pour leur dire adieu ou placer une pierre sur leur tombe pour les distinguer. La terre, jadis pleine de vie, est désormais saturée de cadavres. Les villes autrefois peuplées sont désormais envahies par la mort: des corps gisent à l’air libre, parfois les uns sur les autres.

    Les mosquées ne peuvent plus contenir le nombre de funérailles. Les imams récitent des prières collectives pour des dizaines, voire des centaines de noms sans fin. Le spectacle ressemble à un cauchemar qui se répète chaque jour.

    Avec l’occupation de plus de 75% de la superficie de Gaza par les forces israéliennes, la souffrance a atteint un niveau sans précédent. Des milliers de familles sont piégées dans de petites poches au sud de la bande, dans des zones surpeuplées ou agricoles inadaptées à l’habitation, et encore moins à l’enterrement.

    L’armée israélienne empêche les Palestiniens d’accéder à leurs anciens cimetières et cible quiconque tente de retourner dans les zones dont ils ont été expulsés. La terre qui abritait leurs ancêtres et leurs bien-aimés est aujourd’hui sous occupation, interdite aux vivants comme aux morts. Le Palestinien ne possède même plus un coin de sa propre terre pour qu’y reposent ses martyrs. La mort est devenue un rituel incomplet: sans adieu, sans sépulture, sans dignité.

    C’est le sommet de la tragédie: être privé de sa patrie vivant, et même après la mort, être empêché de toucher son sol une dernière fois.

    Des scènes déchirantes… des dépouilles au bord des routes

    Les morgues des hôpitaux ne peuvent plus contenir de nouveaux corps. À l’hôpital Nasser, dans la ville de Khan Younès, l’administration a officiellement annoncé qu’il ne restait plus de tombes pour enterrer les morts, ajoutant un nouveau choc au fardeau quotidien des Gazaouis.

    Il n’y a plus de lieu pour préserver les corps des martyrs. Ils sont entassés les uns sur les autres, déposés dans les couloirs des hôpitaux, dans des camions fermés ou même sous les arbres.

    Les corps sont stockés dans des congélateurs à poisson ou dans des camions frigorifiques destinés au transport de légumes. Il n’y a plus de respect pour la mort, plus de voix qui s’élève au-dessus de celle de l’oppression.

    Les familles pleurent en silence, craignant que les corps ne se décomposent avant d’être enterrés ou qu’elles soient contraintes de les abandonner sur le bord de la route faute de solution.

    La mort n’est plus un moment ponctuel, elle est devenue constante, ininterrompue. Toute Gaza semble s’être transformée en un vaste cimetière.

    Des enterrements collectifs… sans dignité, sans adieu

    Dans une scène poignante, les familles sont contraintes de procéder à des enterrements collectifs pour leurs enfants. Il n’y a ni cérémonies, ni temps pour les adieux, ni tombes individuelles portant les noms des martyrs. Ils placent des corps purs dans une seule fosse qu’ils recouvrent précipitamment de terre, par peur des bombardements. Même dans la mort, le Palestinien n’a pas droit à une reconnaissance digne de son sacrifice.

    Il n’y a plus de condoléances, plus de tombes avec des noms, juste des fosses silencieuses sans marques ou de longues tranchées remblayées de pierres. Les martyrs sont enterrés à la hâte, enveloppés dans des sacs en plastique, jetés dans la terre sans rites ni adieux.

    Même les prières sont murmurées, étouffées par la peur des frappes. La perte est devenue quotidienne, les larmes se sont taries, et nul ne sait où reposent exactement ses proches. Quelle fosse de cette terre cache leurs corps?

    Une injustice qui dépasse la vie… et poursuit l’être humain jusqu’à sa mort

    Ce qui se passe à Gaza n’est pas seulement une agression militaire. C’est une violation totale de toutes les valeurs humaines. Être privé d’enterrement est un crime, une preuve de la cruauté extrême infligée aux civils du territoire.

    Où est la communauté internationale face à cette tragédie? Où est la conscience humaine face à un peuple qui ne trouve même pas où enterrer ses morts?

    Cette faillite morale ne peut être justifiée par aucun prétexte. Le droit international garantit la dignité de l’homme vivant et mort, et criminalise toute atteinte au caractère sacré des défunts. Mais à Gaza, tout est permis: tuer, bombarder, affamer, et même interdire l’enterrement.

    Les Palestiniens n’ont plus aucun allié dans ce monde indifférent. Leurs appels à l’aide ne trouvent plus d’oreilles attentives ni de cœurs réceptifs. La tragédie est au-delà des mots, et le silence est un crime ajouté à ceux de l’occupation.

    Gaza souffre aujourd’hui non seulement des bombardements, de la faim et du siège, mais aussi de l’entassement des morts, du manque de terre, et de l’angoisse des cœurs qui ne savent plus comment dire adieu à leurs enfants.

    C’est une réalité qui dépasse l’imagination, résumant la catastrophe dans tous ses détails: un peuple vivant au cœur de la mort, des morts sans sépultures ni dignité.

    Ce n’est pas une crise temporaire, mais un nouveau chapitre d’un génocide silencieux, où le vivant devient témoin d’un cadavre non enterré, une mère gardienne d’un enfant tué sans tombe. À chaque nouveau martyr, la question douloureuse revient: «Où enterrerons-nous ceux que nous aimons?» La terre s’est rétrécie, et la mort n’est plus une fin, mais une succession d’humiliations et de privations.

    Gaza appelle aujourd’hui… Y a-t-il quelqu’un pour répondre? Y a-t-il encore une conscience qui bat? Une justice qui viendra… même tardivement?

    Abu Amir –

    03.07.25

    Source: ISM

    copié d’ici

    Saskia De Coster : « Si manifester contre le génocide à Gaza ne sert à rien, il ne reste plus que la désobéissance civile »


    Nos hommes politiques étouffent Gaza, écrit Saskia De Coster. Comment les secouer ? Il est temps de briser les règles du jeu.

    Saskia De Coster Schrijfster.

    27 juin 2025 23:59

    Manifestation devant le parlement de l’UEI à Bruxelles, le 21 mai.  © Getty

    OpinieOorlog in Gaza

    « Pouvons-nous nous reposer un instant ? », écrit le poète palestinien Abu Toha, avant de poursuivre : « Peut-être mourir / pendant quelques mois ou quelques années / et nous réveiller lorsque le poème sera terminé. » Ou lorsque la guerre sera terminée. Nous, Européens, pouvons nous reposer. Détourner le regard. Ou crier dans l’espoir que quelque chose bouge. C’est ce que nous avons fait il y a deux dimanches avec 110 000 citoyens à Bruxelles. Nous avons manifesté contre la violence génocidaire perpétrée par Israël. Mais combien de lignes rouges peut-on tracer, combien de foulards peut-on vendre, combien d’algorithmes peut-on faire planter ? Que pouvons-nous encore faire ?

    Tout est politique, sauf la politique elle-même. Celle-ci menace de plus en plus de devenir une institution vide de sens. Nous avons une présidente non élue de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui soutient fermement l’État d’Israël. Sans mandat, au nom de l’Europe, en notre nom. Plus de la moitié des 13 milliards d’euros d’exportations israéliennes issues du commerce des armes ont été payés par et pour des pays européens. Pour et par nous.

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    L’Union européenne abandonne Gaza. La Belgique aussi ? (en NL)

    Après une semaine de discussions sur les sanctions en Europe, la chef de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, entame un dialogue avec Israël. Un voile sur la dure réalité : l’Europe laisse Gaza suffoquer. L’Espagne et la Slovénie, elles, prennent position. La classe politique belge reste tiède, même si cela ne reflète pas le sentiment qui anime les citoyens : plus de 73 % des Belges, soit une large majorité, sont non seulement indignés par les violences excessives, mais souhaitent également un cessez-le-feu immédiat.

    Entre-temps, Israël a prouvé sa suprématie militaire au Moyen-Orient. Pourtant, Mia Doornaert (DS, 26 juin) donne une tournure perverse à la situation en mettant l’accent sur la destruction de l’État d’Israël, pour ensuite le présenter comme un bouc émissaire, une victime innocente. Les protestations qui s’élèvent dans le monde entier ne portent pas sur le prétendu droit de légitime défense d’Israël, mais sur le respect du droit humanitaire. Nous ne devons pas oublier la perspective historique, mais nous ne devons pas non plus l’utiliser pour défendre l’humanité et la moralité fondamentales.

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    Certains Européens espèrent-ils secrètement la destruction d’Israël ?

    C’est à nous

    Civil disobedience est le titre du livre écrit par Henri Thoreau en 1866. En tant que simple citoyen – il n’était pas encore célèbre à l’époque –, il a refusé de payer ses impôts à un régime qui autorisait l’esclavage et menait une guerre contre le Mexique. Il a été arrêté et emprisonné. C’était sa manière d’exercer une influence directe, sans violence et sans intérêt personnel. De la désobéissance civile.

    C’est à nous de jouer. Nous avons voté et choisi des personnes pour nous représenter. Ce gouvernement ne respecte pas les règles d’une démocratie représentative. Et nous manifestons docilement et écrivons notre indignation à la craie sur nos trottoirs.

    C’est à nous d’enfreindre les règles du jeu. Nous avons crié haut et fort, mais les décideurs politiques inertes ne nous ont pas entendus. Nous avons besoin d’actions. Cela peut se faire de nombreuses façons. Agir en n’agissant pas. En ne suivant plus le mouvement. Une réponse véritablement proportionnelle et démocratique consiste à priver l’État de sa principale source de revenus : nous pouvons refuser de payer nos impôts. Si tout le monde le faisait, nous aurions atteint notre but. Le gouvernement modifierait immédiatement sa politique. Dans un tel cas, ce sont surtout les gros portefeuilles qui font la différence, mais même la gauche ne parvient pas à faire adopter l’impôt sur la fortune.

    50 000 cadavres temporaires

    Il existe d’autres moyens plus directs de nous représenter. Même si seules les 110 000 personnes qui ont manifesté participent, nous obtiendrons à coup sûr un changement. Via l’aéroport de Zaventem, la Belgique, pays de transit, exporte des armes et assure d’autres transports militaires. Occuper la route d’accès à l’aéroport avec une chaîne humaine rend cela impossible. Le secteur bancaire et tant d’autres entreprises soutiennent également la guerre d’Israël contre Gaza. Occuper des agences bancaires comme celle de BNP Paribas à Bruxelles perturbe la tranquillité et l’inertie qui règnent ici. Si la moitié des manifestants s’allongent sur la Grand-Place de Bruxelles lors d’un « die-in », formant plus de cinquante mille cadavres temporaires, le tourisme ne pourra plus y échapper.

    Au moment où j’écris ces lignes, Israël ferme à nouveau des centres d’aide qui étaient déjà devenus des centres d’extermination. Bruxelles abrite également le siège de la Commission européenne, le bâtiment Berlaymont. Un sit-in à cet endroit empêche que les affaires continuent comme si de rien n’était. En même temps, inonder les fonctionnaires européens de protestations numériques devrait provoquer une réaction.

    Naïf ? Utopique ? Sur mon écran, un enfant en bas âge, qui a perdu ses parents d’un seul coup, regarde en état de choc les ruines de sa chambre. Nous pouvons choisir de nous réveiller lorsque tout sera terminé et que Netanyahu se tiendra devant la Cour pénale internationale. Ou nous pouvons choisir de faire passer notre conscience avant une politique défaillante. Time’s up.

    Lire aussi : Que doivent penser mes élèves de l’attitude lâche de nos hommes politiques ?

    Source : De Standaard

    Traduction : Deepl

    Opinion | Les trompettes de la victoire retentissent, mais leur mélodie séduisante trompera les Israéliens.


    Gideon Levy

    Responders work beside a damaged building following a hit by an Iranian ballistic missile in central Israel on Saturday night.

    Les secouristes travaillent à côté d’un bâtiment endommagé après avoir été touché par un missile balistique iranien dans le centre d’Israël samedi soir. Crédit : AFP/JACK GUEZ Gideon Levy

    15 juin 2025

    Les Israéliens aiment la guerre, surtout quand elle commence. Il n’y a pas encore eu de guerre à laquelle Israël – tout le pays – n’ait pas adhéré dès le début ; il n’y a pas encore eu de guerre – à l’exception de la guerre du Kippour en 1973 – qui n’ait pas conduit tout le pays à s’émerveiller, dès le début, des capacités militaires et du renseignement exceptionnels d’Israël. Et il n’y a pas encore eu de guerre qui ne se soit pas terminée dans les larmes.

    Menahem Begin s’est lancé dans la première guerre du Liban dans un état d’euphorie. Il en est sorti dans un état de dépression clinique. Begin comme parabole. Il y a de fortes chances que cela se reproduise à la fin de la guerre contre l’Iran. Nous avons déjà un début euphorique – les albums photos de guerre sont déjà sous presse – mais cela pourrait bien se terminer dans la dépression.

    Les ailes sur les uniformes de nos pilotes de l’armée de l’air, couvertes du sang de milliers d’enfants et de dizaines de milliers d’innocents, ont été purifiées en un instant après plusieurs sorties en Iran. Quels héros ! Une telle vague d’adulation nationale pour notre armée de l’air n’avait pas été entendue depuis la « miraculeuse » guerre des Six Jours en 1967.

    Regardez comment ils ont envoyé le missile à travers le balcon et la fenêtre. Même Benjamin Netanyahu a été purifié du jour au lendemain, et une fois de plus, il est Winston Churchill, du moins pour certains d’entre nous. Les chaînes de télévision et les réseaux sociaux débordaient d’éloges.

    Israeli security forces inspect destroyed buildings that were hit by a missile fired from Iran, near Tel Aviv, Israel, Sunday.

    « Les forces de sécurité israéliennes inspectent des bâtiments détruits par un missile tiré depuis l’Iran, près de Tel Aviv, en Israël, dimanche. Crédit : Ohad Zwigenberg, AP

    « Quand nous le voulons, nous savons comment retourner le couteau dans la plaie », s’est vanté Liat Ron sur le site d’information Walla. « Le 13 juin, avec sa portée historique, est une nouvelle occasion que nous ne pouvons pas manquer. Chapeau bas à l’armée israélienne et longue vie à l’État d’Israël ! », a écrit le journaliste considéré comme le plus influent d’Israël.

    Les premiers jours d’une guerre sont toujours les plus beaux, les plus enivrants et les plus agréables. Regardez comment nous avons détruit trois forces aériennes en 1967, ou comment nous avons tué 270 policiers de la circulation le premier jour de l’opération Plomb durci à Gaza en 2009. C’est toujours la même arrogance, vantant les exploits de l’armée et du Mossad.

    Vendredi, certains envisageaient déjà, après seulement 100 sorties, de remplacer le régime iranien. Cette fierté démesurée s’accompagne toujours d’un sentiment de justice. Il n’y avait pas d’autre choix en 1967 ou en 1982 : aucune guerre n’était plus juste que ces deux-là. Vendredi, encore une fois, il n’y avait pas d’autre choix. Le début ressemble à un scénario de film ; la fin pourrait être tirée d’une tragédie grecque.

    Vendredi soir, le sentiment agréable avait déjà fait place à autre chose, alors que trois séries de sirènes envoyaient des millions de personnes dans leurs abris, avec leur lot de destructions et de morts. Les neuf scientifiques nucléaires iraniens tués n’ont pas pu compenser cela ; même la mort du commandant des Gardiens de la révolution (qui a déjà été remplacé) n’était pas une consolation.

    Israël s’est lancé dans une guerre qu’il aurait pu éviter s’il n’avait pas convaincu les États-Unis de suspendre les négociations sur un accord nucléaire que Donald Trump aurait été heureux de signer. Israël a agi ainsi en estimant qu’il n’avait pas le choix, un argument éculé et familier.

    Israël regarde les résultats du premier jour avec des œillères, sans penser aux jours qui suivront. Après plusieurs mois passés à se rendre trois fois par nuit dans un abri anti-bombes, avec une économie en ruine et un moral au plus bas, nous commencerons à nous demander si cela en valait vraiment la peine et s’il n’y avait vraiment pas d’autre choix. De telles questions ne sont même pas légitimes aujourd’hui.

    Israeli Iron Dome air defense system fires to intercept missiles over Tel Aviv, Israel, early Sunday.

    Le système de défense aérienne israélien Iron Dome tire pour intercepter des missiles au-dessus de Tel Aviv, en Israël, tôt dimanche matin. Crédit : Ohad Zwigenberg, AP

    Quelle est la patience de l’Iran par rapport à celle d’Israël ? Dans quelle mesure Tel-Aviv est-elle capable de faire face à la menace d’attaques de missiles sans se transformer en Kiev, et dans quelle mesure Téhéran en est-elle capable ?

    Cette question doit être posée avant de décoller pour bombarder Natanz, et non après le retour triomphal des pilotes. Il ne s’agit pas ici de gâcher la joie des gens, mais plutôt de jeter un regard lucide sur la réalité et, surtout, de tirer les leçons du passé, ce qu’Israël refuse de faire.

    Y a-t-il eu une seule guerre dont Israël soit sorti plus fort à long terme ? Y a-t-il eu une seule guerre dans laquelle Israël n’avait pas le choix ? La guerre contre l’Iran pourrait bien être une guerre comme nous n’en avons encore jamais vue.

    La seule chance minime d’y mettre fin rapidement dépend en grande partie des caprices du président de Washington. Il s’agit sans aucun doute de la guerre la plus dangereuse à laquelle Israël ait jamais été confronté. C’est une guerre que nous pourrions regretter plus que toutes les précédentes.

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