« NOTRE CONGO / ONZE KONGO » _ LA PROPAGANDE COLONIALE BELGE


Trop tard pour le vernissage; il reste l’expo

Les films du VIDEP – Mars 2014

Vidéo Education Permanente - Newsletter

VERNISSAGE 

« NOTRE CONGO / ONZE KONGO » _  LA PROPAGANDE COLONIALE BELGE

Au Parlement Européen (Bruxelles)


La Coopération Education Culture (CEC) et le VIDEP (VIDéo Education Permanente) ont le plaisir de vous inviter au vernissage de « NOTRE CONGO / ONZE KONGO« , une exposition pour permettre aux visiteurs de comprendre comment l’imagerie de propagande a fonctionné afin de justifier l’entreprise coloniale, et en quoi ses slogans sont à la source d’un inconscient collectif lié à la colonisation. Près d’un siècle d’histoire est revisité à travers la présentation du matériel iconographique produit par notre système colonial (affiches, livres et revues, gravures, publicités, timbres-poste, cartes postales, BD, images pieuses, photos de presse, etc.).

VIDEP y présentera 20 films courts d’interviews qui reviennent sur une (post)colonisation dont les répercussions se font sentir jusqu’à nos jours dans la persistance de stéréotypes et préjugés quant aux représentations des pays du Sud et de leurs populations.

Mercredi 5 Mars 2014 – 17h30

Au Bureau d’information du Parlement Européen
Place du Luxembourg
1050 Bruxelles

Réservation indispensable : 02 217 90 71 | info@cec-ong.org

Le vernissage sera suivi d’une conférence à 19h30 du Professeur Elikia M’Bokolo, à l’Institut Libre Marie-Haps, 14, rue d’Arlon 1050 Bruxelles

L’exposition a lieu jusqu’au Jeudi 14 mars 2014.

Justice, enfin, pour Kimbangu


KIESEL,VERONIQUE

Vendredi 25 juin 2010
Congo Les descendants du fondateur du kimbanguisme veulent la révision du procès

Simon Kimbangu-


Vous avez aimé la plainte récemment déposée contre les responsables belges de l’assassinat de Patrice Lumumba ? Vous allez adorer la demande de révision du procès de Simon Kimbangu qui va être introduite auprès de la Cour de Cassation à Bruxelles avant le 30 juin.

Simon Kimbangu, né en 1889 à Nkamba dans le Bas-Congo, aurait eu une vision religieuse puis aurait guéri miraculeusement une femme en avril 1921. Très vite, la nouvelle se propage et la population congolaise voue un véritable culte à cet homme qui vient de fonder une nouvelle Eglise. Les Congolais se rendent en masse auprès de lui, désertant champs et usines. Des trains spéciaux sont affrétés à Kinshasa… Alors qu’il revendique l’égalité entre Noirs et Blancs face à Dieu, son immense popularité irrite les responsables belges de la colonie.

« Très vite, Simon Kimbangu a été considéré comme un “ danger pour la stabilité de la colonie”, raconte l’avocat Pierre Chomé, en charge du dossier. Pourtant, il était pacifiste, opposé à la polygamie, au fétichisme. Alors que les foules se précipitaient près de lui, la région où il vivait a été déclarée le 2 août 1921 “zone séditieuse” et placée sous contrôle militaire, sous les ordres du commandant de Rossi. Une première tentative d’arrestation de Kimbangu avait eu lieu au printemps, mais il y avait trop de monde autour de lui. Il a finalement été arrêté le 12 septembre, dans une gargote au bord du fleuve, où il avait trouvé refuge. Son procès a été expéditif : le Conseil de guerre était présidé par de Rossi, qui était le seul juge de ce tribunal d’exception. Kimbangu n’a pas été assisté par un avocat, il a dû se défendre tout seul, alors qu’il était enchaîné, notamment au niveau du cou. »

Condamné à mort

Alors que le procureur avait requis la détention à perpétuité, Kimbangu a été condamné à mort le 3 octobre, pour sédition. En novembre, il était gracié par Albert Ier, et sa peine commuée en détention à perpétuité. Il a passé 30 ans en prison, dont l’essentiel en isolement. Il y est mort en 1951. Malgré la répression de l’Etat colonial, l’Eglise kimbanguiste a continué à exister, avant d’être autorisée en décembre 1959. Elle revendique aujourd’hui 17 millions de fidèles.

Simon Kimbangu avait eu trois enfants, qui lui ont donné 24 petits-enfants. Dix-neuf d’entre eux ont décidé d’introduire cette demande. « Nous remplissions les conditions requises pour engager cette procédure, très rare en Belgique, souligne Pierre Chomé. Nous verrons bientôt si la Cour juge notre requête recevable. Il faudra ensuite voir si elle annule le procès, ce qui innocenterait Kimbangu, ou si elle demande un nouveau procès. Elle peut aussi le refuser. Nous ne voulons pas faire le procès de la colonisation, mais nous estimons qu’il est temps de reconnaître qu’il y a eu une erreur majeure de l’Etat belge dans l’administration de la justice. »
source

Les derniers jours de Lumumba, l’homme traqué


COLETTE BRAECKMAN avec V.K.

Farouche partisan de l’indépendance du Congo, Patrice Lumumba a probablement signé son arrêt de mort le jour-même où celle- ci a été effective. Son discours du 30 juin 1960 dans lequel il raconte les souffrances infligées par le colonisateur heurte les Belges.

En quelques semaines, les ennuis ne vont pas tarder à s’accumuler pour le nouveau Premier ministre : mutinerie de la force publique ; sécession du Katanga déclarée par Moïse Tshombe, leader anti- communiste ; création de l’Etat autonome du Kasaï par Albert Kalonji, ex-compagnon de lutte de Lumumba.

Le 5 septembre, le président Kasa-Vubu révoque Lumumba et le 14, le colonel Mobutu prend le pouvoir. Patrice Lumumba est abandonné de tous : alors que ses partisans se sont organisés et ont fui vers Stanleyville (Kisangani), il se réfugie dans sa résidence de Léopoldville où il demande la protection des Nations unies.

En réalité, il est cerné par un double cordon : les Commissaires généraux mis en place par Mobutu ont décidé son arrestation et des militaires congolais entourent la maison. A quelques mètres, des Casques bleus veulent prévenir l’élimination du Premier ministre et empêcher ses partisans de se réorganiser. Immobilisé, deux fois prisonnier, Lumumba n’a rien perdu de ses talents.

Ayant réussi à convaincre à sa cause les militaires qui l’entourent, il décide de rejoindre ses partisans à Stanleyville, et dans la nuit du 27 au 28 novembre 1960, recroquevillé dans le coffre d’une voiture, il réussit à tromper la vigilance de tous.

Au lieu de foncer en direction du Haut-Congo, de semer au plus vite les soldats qui le traquent et les hélicoptères que la CIA met à la disposition de Mobutu pour repérer son convoi, Lumumba, qui est resté un homme politique, un tribun, traîne en chemin. Il harangue les paysans qui le reconnaissent et l’ovationnent, il rencontre un colon belge et prend le temps de lui expliquer son combat, et, alors qu’il a franchi la rivière Sankuru à Lodja, il n’hésite pas à retraverser le fleuve pour attendre son épouse Pauline qui a pris du retard.

C’est l’erreur fatale : le 2 décembre, l’armée congolaise le rattrape, le ramène à Léopoldville d’où il est envoyé au camp militaire de Thysville (aujourd’hui Mbanza Ngungu), gardé par les militaires congolais. ALéopoldville, les commissaires généraux s’inquiètent de l’ascendant du détenu, qui pourrait bien inciter les soldats à se mutiner et convaincre l’ONU de le remettre en liberté.

A Bruxelles, le ministre d’Aspremont Lynden souhaiterait une solution plus définitive. A toutes fins utiles, la Banque centrale pour le Congo belge et le Rwanda Urundi a versé un crédit spécial de 500 millions de FB à l’intention des Commissaires généraux qui ne resteront pas longtemps des étudiants désargentés.

Depuis Bakwanga au Sud-Kasaï, Albert Kalonji, malgré la haine qu’il éprouve envers son ancien allié, refuse qu’on lui envoie l’encombrant « paquet ». C’est le 17 janvier que Patrice Lumumba, ses deux ministres Mpolo et Okito entament leur dernier voyage, en direction du Katanga.

Les pilotes belges du DC4 de la Sabena ferment la porte de communication avec la carlingue et se bouchent les oreilles pour ne pas entendre les cris des prisonniers. Lumumba et ses compagnons sont en mauvais état lorsqu’ils sont amenés dans la maison Brouwez où sont déjà les durs du régime katangais, rejoints par leur Premier ministre Tshombe.

Après avoir été frappés par ces Katangais – son sang éclabousse leurs costumes – Lumumba et ses compagnons sont emmenés à 50 km d’Elisabethville et exécutés dans un coin de brousse sans même le simulacre d’un procès. Le commissaire de police belge Verscheure, qui a assisté à l’exécution, note dans son carnet : « 21 h 43 : dood »… Plus tard, un policier belge, Gerard Soete, avouera avoir dissous les corps dans l’acide et conservé deux dents en guise de souvenir. ■

Le Soir du 23 juin 2010, pp. 2 &3

L’assassinat de Lumumba s’invite à la Fête


BRAECKMAN,COLETTE; BELGA; KIESEL,VERONIQUE; BORLOO,JEAN-PIERRE

Le Soir, mercredi 23 juin 2010

Il y avait du monde mardi matin dans les locaux de la Ligue des droits de l’homme. Beaucoup de médias africains venus prendre connaissance de la plainte qui sera déposée à Bruxelles, en octobre, contre douze Belges qui auraient été impliqués dans l’assassinat de Patrice Lumumba peu après l’indépendance du Congo.

Pourquoi maintenant ?

Une question revenait sans cesse : alors que les faits sont connus depuis des années et que la plainte ne sera déposée qu’à l’automne, pourquoi l’annoncer maintenant ? L’avocat Christophe Marchand explique : « Nous n’avons pas l’intention de poser des problèmes à la Maison royale qui doit se rendre au Congo. Mais nous ne voulions pas déposer la plainte une fois qu’ils seraient là-bas. Nous l’avons fait avant pour qu’ils le sachent avant de partir. »

Outre cet aspect « royal », un élément symbolique intervient également, reconnaît l’avocat. « On parle beaucoup de l’indépendance mais il y a encore beaucoup de choses à éclaircir sur cette époque. Et surtout, il ne faut pas oublier cette absence de justice autour de la mort de Lumumba. Cet événement constitue un nœud dans les relations belgo-congolaises, il pose question sur le colonialisme, sur la façon dont on digère, par la suite, un tel événement historique. Et, avant de faire la leçon ailleurs, au niveau national il convient aussi de balayer devant sa porte. »

Pourquoi

en Belgique ?

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Voir aussi : la justice enfin pour ces morts insubmersibles

Lumumba et le péché originel du roi Baudouin


Ludo De Witte

mercredi 23 juin 2010, 11:28

Sociologue et historien flamand, Ludo De Witte est né en 1956. Il est spécialiste de l’histoire de la décolonisation du Congo belge. Il est, notamment, l’auteur de L’assassinat de Lumumba (Karthala, Paris, 2000).

L’anniversaire des 50 ans de l’indépendance congolaise à Kinshasa promet de laisser un arrière-goût d’amertume. C’est comme si, à des noces d’or, il y avait un terrible secret de famille dont on ne parlera pas, même si tout le monde le connaît, parce que « cela n’a plus d’importance », puisque, entre-temps, l’oncle que ce secret concerne est décédé. Au cours de ces festivités, personne ne dira rien de la camisole de force dans laquelle les Belges, les Américains, les Français ont maintenu le Congo au cours des années qui ont suivi l’indépendance. Il faut donc analyser les données qui restituent le contexte dans lequel se sont produites la déliquescence de l’Etat congolais et les souffrances de sa population : la dislocation du premier gouvernement congolais et l’assassinat de ses principaux leaders ; cinq années de répression de toute résistance, au prix de centaines de milliers de morts ; l’aide fournie à Mobutu pour qu’il s’empare du pouvoir ; et les dizaines d’années de soutien à son régime dictatorial.

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