Guerre sans merci – Gidéon Lévy


Israël se dirige vers la prochaine éruption de violence avec les Palestiniens comme s’il s’agissait d’une sorte de catastrophe naturelle qui ne peut pas être évitée.

Gaza

Scènes de l’été 2015 ? Une frappe israélienne à Gaza, juillet 2014

La prochaine guerre éclatera cet été. Israël lui donnera un autre nom puéril et elle aura lieu à Gaza. Il y a déjà un plan pour évacuer les communautés israéliennes le long de la frontière de la bande de Gaza.

Israël sait que cette guerre va éclater, et Israël sait aussi pourquoi – et il s’y précipite au grand galop les yeux bandés, comme si c’était un rituel cyclique, une cérémonie périodique ou une catastrophe naturelle qui ne peut être évitée. Ici et là, on perçoit même de l’enthousiasme.

Peu importe l’identité du Premier ministre et du ministre de la Défense – il n’y a aucune différence entre les candidats en ce qui concerne Gaza. Isaac Herzog et Amos Yadlin ne disent bien évidemment rien, et Tzipi Livni se vante du fait que grâce à elle, aucun port n’a été ouvert à Gaza. Le reste des Israéliens ne sont pas non plus intéressés par le sort de Gaza et bientôt, Gaza sera obligée de leur rappeler à nouveau sa situation tragique de la seule manière qui lui est laissée, les roquettes.

La situation de Gaza est désastreuse, épouvantable. Aucune mention n’en est faite dans le discours israélien, et certainement pas dans la campagne électorale la plus minable, la plus creuse qui se soit jamais tenue ici. Il est difficile de le croire, mais les Israéliens ont inventé une réalité parallèle, coupée du monde réel, une réalité cynique, insensible, enfouie dans le déni, alors que tous ces malheurs, la plus grande partie étant de leur propre fait, se déroulent à une courte distance de leurs maisons. Les nourrissons gèlent à mort sous les décombres de leurs maisons, les jeunes risquent leur vie et franchissent la clôture frontalière juste pour obtenir une portion de nourriture dans une cellule israélienne. Quelqu’un a-t-il entendu parler de cela ? Est-ce que quiconque s’en préoccupe ? Quelqu’un comprend-il que cela conduit à la prochaine guerre ?

Salma n’a vécu que 40 jours, comme l’éternité d’un papillon. C’était un bébé de Beit Hanoun, au nord-est de la bande de Gaza, qui est décédé le mois dernier d’hypothermie, après que son corps frêle ait gelé sous le vent et la pluie qui ont pénétré dans la hutte de contreplaqué et de plastique où elle vivait avec sa famille, depuis que leur maison a été bombardée.

« Elle a été gelée comme de la crème glacée », a déclaré sa mère au sujet de la dernière nuit de la vie de son nourrisson. Le porte-parole de l’UNRWA, Chris Gunness, a raconté l’histoire de Salma la semaine dernière dans le journal britannique The Guardian. Mirwat, sa mère, lui a dit que quand elle est née, elle pesait 3,1 kg. Sa sœur Ma’ez, âgée de trois ans, est hospitalisée pour des gelures.

Ibrahim Awarda, 15 ans, qui a perdu son père dans un bombardement israélien en 2002, fut plus chanceux. Il a décidé de traverser la barrière entre Gaza et Israël. « Je savais que je serais arrêté », a-t-il déclaré au journaliste du New York Times à Gaza la semaine dernière. « Je savais que je serais arrêté », a-t-il déclaré au journaliste du New York Times à Gaza la semaine dernière. « Je me suis dit, peut-être que je vais trouver une vie meilleure. Ils m’ont donné de la nourriture décente et m’ont renvoyé à Gaza. »

Ibrahim a été détenu pendant environ un mois dans deux prisons en Israël avant d’être rejeté vers la destruction, la misère, la faim et la mort. Trois cents habitants de Gaza se sont noyés dans la mer en Septembre dernier, dans une tentative désespérée de quitter la prison de Gaza. Quatre-vingt-quatre habitants de Gaza ont été arrêtés par les Forces de défense israéliennes dans les six derniers mois après avoir tenté d’entrer en Israël, la plupart d’entre eux seulement pour fuir l’enfer dans lequel ils vivaient. Neuf autres ont été arrêtés ce mois-ci.

Atiya al-Navhin, 15 ans, a également tenté d’entrer en Israël en Novembre, juste pour échapper à son sort. Des soldats de Tsahal ont ouvert le feu sur lui, il a été traité dans deux hôpitaux israéliens et est retourné à Gaza en Janvier. Maintenant, il est couché dans son domicile, paralysé et incapable de parler.

Quelques 150 000 personnes sans-abris vivent dans la bande de Gaza et environ 10 000 réfugiés sont dans les abris de l’UNRWA. Le budget de l’organisation a été dépensé après que le monde ait totalement ignoré son engagement à contribuer à hauteur de 5,4 milliards de dollars à la reconstruction de Gaza. L’engagement à négocier la levée du blocus sur Gaza – la seule façon d’éviter la prochaine guerre et celle d’après – a également été rompu. Personne n’en parle. Ce n’est pas intéressant. Il y a eu une guerre, des Israéliens et des Palestiniens y ont été tués pour rien, passons donc à la prochaine guerre.

Israël fera de nouveau semblant d’être surpris et offensé – les cruels Arabes l’attaquent à nouveau avec des roquettes, sans raison.

Par Gidéon Lévy – 26 février 2015

Article orginal: http://normanfinkelstein.com/2015/02/26/war-without-mercy/(http://www.haaretz.com/opinion/.premium-1.644219)
Traduction : http://www.sayed7asan.blogspot.fr

Voir également :

Norman Finkelstein sur Gaza, Israël, les Juifs et l’antisémitisme (VOSTFR)

Norman Finkelstein sur Gaza : Israël veut annihiler « l’offensive de paix » palestinienne

Hugo Chavez : « Maudit sois-tu, Etat d’Israël » 

Sayed Hassan Nasrallah : « Qu’est-ce qu’Israël ? Où est l’honneur des Arabes ? »

La complainte de l’enfant Palestinien : « ô monde, j’ai le droit de faire entendre ma voix »

Source: http://sayed7asan.blogspot.ch/2015/02/guerre-sans-merci-israel-se-precipite.html

Banksy Goes to Gaza


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Banksy’s street art in Gaza.

The elusive English street artist Banksy has produced four new works in the Gaza Strip, taking wry aim at the human toll of last summer’s conflict.

Six months to the day after the end of the Gaza war, which killed more than 2,100 Palestinians — including hundreds of children — and 72 Israelis, Banksy published photographs of the four pieces on his web site. The images were confirmed as real Bansky productions by his publicist, Jo Brooks, according to press reports.

Gaza’s rubble is the canvas for Banksy’s new paintings, done in his iconic stenciled style.

source

Gidéon Lévy :  « L’effroyable vérité sur les actions d’Israël dans la bande de Gaza »


Gideon Levy – Ha’aretz – 5 février 2015

D’avoir obtenu la démission de la tête de la Commission d’enquête des Nations-Unies ne changera rien quant au résultat de son enquête sur les crimes de guerre possibles commis dans Gaza – à moins que son remplaçant ne soit ou un raciste, ou un menteur.

Quel énorme succès diplomatique : Israël a réussi à obtenir que le professeur de droit canadien, William Shabas, démissionne de son poste de chef de la commission d’enquête des Nations-Unies sur les crimes de guerre éventuels à Gaza.

Grâce à une surveillance obstinée, les divisions Renseignements et Propagande d’Israël ont révélé que Schabas avait reçu une fois 1300 dollars d’honoraires de l’OLP. Conclusion : il a vendu son âme au diable. Le juge en croque. CQFD.

Il faut un sacré culot et une sacrée arrogance pour fouiller à nouveau dans le passé de ceux qui critiquent Israël pour tenter d’assassiner leur réputation, comme dans le cas de Richard Goldstone, simplement parce qu’ils ont osé critiquer l’État. Pour ce qui concerne Israël, le sort de quiconque critique le pays est scellé. C’est un antisémite, un anti-israélien, c’est quelqu’un d’avide ou d’animé par des motifs cachés.

Aux yeux d’Israël, il n’est pas possible que des personnes consciencieuses puissent être réellement et sincèrement choquées par ses actes, même si elles n’ont pas touché 1300 $ de l’OLP. Quand il est question d’Israël, aucun homme de loi épris de justice, ni quiconque de simplement convenable ne peut être horrifié par ce qu’il a fait dans la bande de Gaza l’été dernier. S’ils ont été choqués, c’est que ce sont des antisémites, ou parce qu’ils ont touché de l’argent de l’OLP. Il n’y a pas d’autre possibilité.

Mais la vérité est tout le contraire. Ce sont ceux qui n’ont pas été choqués qui méritent d’être condamnés, qui ont leur réputation assassinée, et leur passé minutieusement examiné. Soit ils vivent dans la cécité, le déni et la répression, soit leurs normes morales sont fondamentalement dénaturées et viciées.

Il était impossible de ne pas être horrifié par ce que les Forces de défense d’Israël ont fait dans Gaza l’été dernier – sauf si vous êtes un propagandiste, un menteur ou un raciste. En tout cas, il est impossible de soutenir Israël au vu de ce qu’il a fait aux Palestiniens. Impossible aussi d’être expert en droit international et d’être solidaire de ce qu’Israël est en train de faire. Le péché de Schabas est qu’il ne l’est pas. Il doit en être fier.

Seule, une commission d’enquête de la Ligue anti-diffamation, du gouvernement micronésien ou du parti Habayit Hayehudi (Foyer juif) n’aurait pas fustigé le saccage par les FDI de la bande de Gaza, saccage qui a été plus brutal et plus sauvage que tous les saccages précédents. Un rapport de B’Tselem publié la semaine dernière (« Drapeau noir : les conséquences juridiques et morales de l’agression contre les immeubles d’habitation dans la bande de Gaza, été 2014 ») raconte ce qui a été si rapidement oublié : les crimes de guerre.

B’Tselem a enquêté sur 70 cas de bombardements d’immeubles d’habitation, dans lesquels 606 personnes ont été tuées dans leur domicile ou tout près, plus de 70 % de ces morts sont des enfants, des femmes et des personnes âgées. Cela donne le vertige. L’armée la plus morale dans son spectacle pourtant le plus immoral, avec ses missiles qui visaient les terrasses des immeubles, et tous ses « avertissements ».

Le sang des victimes implore à grands cris. Mais pas en Israël. Ici, la propagande et les médias ont fait leur job. Dans la campagne électorale, il n’est fait aucune mention du plus important évènement du mandat du gouvernement sortant. Même l’opposition n’ose pas en parler. Le camp sioniste sait qu’il aurait fait la même chose (« dans la guerre contre le terrorisme, il n’y a plus de coalition, plus d’opposition », a déclaré Isaac Herzog la semaine dernière).

Même du sort de ces 20 000 personnes qui se trouvent toujours sans abri, six mois environ après les bombardements, dans l’hiver de Gaza, nul ne s’en préoccupe ici. Ce sont des Palestiniens. En outre, ils ont tiré des roquettes Qassam et ils se sont cachés dans des immeubles habités et le seul qui est à blâmer, c’est le Hamas. Quant aux immeubles qui ont été bombardés, c’était des avant-postes du Hamas et des salles de commandement, et tous ceux qui ont été tués étaient des terroristes, ou des enfants de terroristes.

Très prochainement, le rapport d’enquête, sans Schabas, sera publié. Il ne sera pas « équilibré », comme la propagande israélienne l’exige, parce que la situation est loin de l’être. Les 5 citoyens et les 67 soldats israéliens qui ont été tués y seront probablement mentionnés, comme les milliers de roquettes tirées sur les Israéliens. Mais même avec la nouvelle commission, avec un chef « équilibré », le rapport mentionnera qu’au cours de l’été 2014, Israël a commis des atrocités au-delà de toute proportion dans la bande de Gaza. Il n’y a aucune autre façon de décrire cela.

Source: Haaretz : http://www.haaretz.com/opinion/.premium-1.640830

Traduction : JPP pour l’Agence Média Palestine

http://www.agencemediapalestine.fr/blog/2015/02/08/leffroyable-verite-sur-les-actions-disrael-dans-la-bande-de-gaza/

Christophe Oberlin: La population de Gaza est à bout. Tout peut arriver [Entretien 24.11.2014]


[youtube http://youtu.be/f4CElEVvpJE?]

Entretien réalisé par Silvia Cattori et Gérard Lazare le 25 nov. 2014. www,arretsurinfo.ch
Professeur de médecine à l’Université Paris VII, chirurgien à l’hôpital Bichat, Christophe Oberlin est l’un des meilleurs connaisseurs de la bande de Gaza où il se rend régulièrement depuis 2001. En juillet-août 2014, durant l’agression israélienne contre la population de Gaza il a accusé François Hollande pour son soutien à Israël. Ayant également mis en cause l’Autorité palestinienne pour avoir saboté la plainte déposée auprès de la CPI, Christophe Oberlin a été vivement critiqué par les dirigeants de l’Association France Palestine Solidarité (AFPS). Il raconte tout cela dans l’ouvrage « Le chemin de la Cour – Les dirigeants israéliens devant la Cour Pénale Internationale ». (Editions Eric Bonnier -14.17 EUR)
Lire également:
– Lettre ouverte à François Hollande et autres racistes qui nous dirigent http://arretsurinfo.ch/video-lettre-o…
– Dernier crime à Gaza : le crime de haute trahison http://arretsurinfo.ch/dernier-crime-…
– « Ce qui se passe à Gaza est en partie à cause de la déclaration de Hollande » http://arretsurinfo.ch/video-ce-qui-s…
– Feu vert de la Cour Pénale Internationale et de Mahmoud Abbas pour continuer les crimes de guerre à Gaza http://arretsurinfo.ch/feu-vert-de-la…

Situation dramatique pour les sans abri à Gaza


« Abu Jamil Street » est un voyage dans la vie quotidienne clandestine des tunnels de Rafah.
À Rafah, à la frontière sud de la bande de Gaza, la rue Abu Jamil est la dernière route avant la frontière égyptienne.
La rue est le point de départ des tunnels clandestins.
Les destinées de 4 personnes (Abu Sleeman, propriétaire d’un tunnel bombardé en janvier 2009, Mouneeer et Sameer, ses salariés, et Hiyad Keshta, leur voisin) se rencontrent et s’entrecroisent sous forte tension.
Le documentaire « Abu Jamil Street » est un voyage, un voyage à l’intérieur de la vie quotidienne clandestine des tunnels de Rafah
A voir ici

Ziad Medoukh

Lundi 20 octobre 2014

Avec la pluie et le froid à Gaza,  commence une nouvelle souffrance pour plus de 10.000 palestiniens de Gaza qui sont toujours
soit sous les toits de leurs maisons détruites lors de la dernière offensive israélienne en été dernier,
soit qui sont dans les tentes à côté de leurs maisons et immeubles en ruines.

Deux mois après l’arrêt de cette nouvelle agression israélienne contre la population civile dans la bande de Gaza, rien n’a changé,
le blocus israélien est toujours là et aucun matériel de construction n’est entré à Gaza, et que les projets de reconstruction n’ont pas encore commencés.

Plus de 120.000 personnes dans la bande de Gaza, ont perdu leurs maisons bombardées et détruites totalement ou partialement par les forces de l’occupation israélienne.

Malgré cette situation dramatique, les Palestiniens de Gaza ont décidé de rester attachés à leur terre, et rester même au milieu des ruines.

Gaza résiste, existe et persiste !

Je vous laisse avec ces photos

Amitiés de Gaza la souffrance, mais Gaza la vie, Gaza la dignité et Gaza l’espoir

Ziad

 

 

« LA DEUXIÈME MORT DU JUDAISME


Via Serge Grossvak (Juif Autrement Yid)

Publié par Eitan Altman dans le groupe que nous co administrons « survivants de l’Holocauste et leur descendants contre la guerre de Gaza ». Un texte très fort de Eric Hazan.

Jeudi 15 janvier 2009. Les millions de juifs qui ont été exterminés par les nazis dans les plaines de Pologne avaient des traits communs qui permettent de parler d’un judaïsme européen. Ce n’était pas tant le sentiment d’appartenance à un peuple mythique, ni la religion car beaucoup d’entre eux s’en étaient détachés : c’étaient des éléments de culture commune. Elle ne se réduisait pas à des recettes de cuisine, ni à des histoires véhiculant le fameux humour juif, ni à une langue, car tous ne parlaient pas le yiddish.

C’était quelque chose de plus profond, commun sous des formes diverses aux ouvriers des usines textiles de Lodz et aux polisseurs de diamants d’Anvers, aux talmudistes de Vilna, aux marchands de légumes d’Odessa et jusqu’à certaines familles de banquiers comme celle d’Aby Warburg.

Ces gens-là n’étaient pas meilleurs que d’autres, mais ils n’avaient jamais exercé de souveraineté étatique et leurs conditions d’existence ne leur offraient comme issues que l’argent et l’étude. Ils méprisaient en tout cas la force brutale, dont ils avaient souvent eu l’occasion de sentir les effets. Beaucoup d’entre eux se sont rangés du côté des opprimés et ont participé aux mouvements de résistance et d’émancipation de la première moitié du siècle dernier : c’est cette culture qui a fourni son terreau au mouvement ouvrier juif, depuis le Bund polonais, fer de lance des révolutions de 1905 et 1917 dans l’empire tsariste, jusqu’aux syndicats parisiens des fourreurs et des casquettiers, dont les drapeaux portaient des devises en yiddish et qui ont donné, dans la MOI, bien des combattants contre l’occupant. Et c’est sur ce terrain qu’ont grandi les figures emblématiques du judaïsme européen, Rosa Luxembourg, Franz Kafka, Hannah Arendt, Albert Einstein.

Après guerre, nombre des survivants et de leurs enfants soutiendront les luttes d’émancipation dans le monde, les Noirs américains, l’ANC en Afrique du Sud, les Algériens dans leur guerre de libération. Tous ces gens sont morts et on ne les ressuscitera pas.

Mais ce qui se passe en ce moment à Gaza les tue une seconde fois. On dira que ce n’est pas la peine de s’énerver, qu’il y a tant de précédents, de Deir Yassin à Sabra et Chatila. Je pense au contraire que l’entrée de l’armée israélienne dans le ghetto de Gaza marque un tournant fatal. D’abord par le degré de brutalité, le nombre d’enfants morts brûlés ou écrasés sous les décombres de leur maison : un cap est franchi, qui doit amener, qui amènera un jour le Premier ministre israélien, le ministre de la Défense et le chef d’État-major sur le banc des accusés de la Cour de justice internationale. Mais le tournant n’est pas seulement celui de l’horreur et du massacre de masse des Palestiniens. Il y a deux points qui font des événements actuels ce qui est advenu de plus grave pour les juifs depuis Auschwitz.

Le premier, c’est le cynisme, la manière ouverte de traiter les Palestiniens comme des sous-hommes les tracts lâchés par des avions annonçant que les bombardements vont être encore plus meurtriers, alors que la population de Gaza ne peut pas s’enfuir, que toutes les issues sont fermées, qu’il n’y a plus qu’à attendre la mort dans le noir. Ce genre de plaisanterie rappelle de façon glaçante le traitement réservé aux juifs en Europe de l’Est pendant la guerre, et sur ce point j’attends sans crainte les hauts cris des belles âmes stipendiées.

L’autre nouveauté, c’est le silence de la majorité des juifs. En Israël, malgré le courage d’une poignée d’irréductibles, les manifestations de masse sont menées par des Palestiniens. En France, dans les manifestations du 3 et du 10 janvier, le prolétariat des quartiers populaires était là, mais des hurlements de colère d’intellectuels juifs, de syndicalistes, de politiciens juifs, je n’en ai pas entendu assez. Au lieu de se satisfaire des âneries du gouvernement et du CRIF (« ne pas importer le conflit »), il est temps que les juifs viennent en masse manifester avec les « arabo-musulmans » contre l’inacceptable.

Sinon, leurs enfants leur demanderont un jour « ce qu’ils faisaient pendant ce temps-là » et je n’aimerais pas être à leur place quand il leur faudra répondre. »

Eric Hazan. Photo : Moi, fille de juifs d’Europe de l’Est, fille de juifs polonais qui parlaient le yiddish, je partage ce beau texte d’Eric Hazan, Eric Hazan, écrivain et éditeur français, fondateur des éditions « La Fabrique », né en 1936 d’une mère apatride née en Palestine et d’un père juif originaire d’Égypte. Fin décembre 2008-janvier 2009. Guerre de Gaza.

מדוע אני מתנגד למבצע בעזה גם כשיורים על העיר שלי – שיחה מקומית
mekomit.co.il
על אסירים, סוהרים, אי הבנות ודרישות מופרכות

Gaza : des perdants à perte de vue


 

 

 

 

Gaza: tentative de bilan nuancé et sans complaisance

 

ANALYSE
Après cinquante jours de bombardements et une invasion terrestre, les Gazaouis se sont réveillés ce mercredi matin en constatant que le calme prévalait enfin. Mais, en quoi consiste le «cessez-le-feu illimité» accepté par Israël et les Palestiniens et qui sont les vainqueurs ou les perdants de ce conflit?

Accord limité
L’accord négocié au Caire par une délégation palestinienne unifiée (Fatah, Hamas, Djihad islamique, etc.) n’a pas été rendu public mardi. Ce qu’on en sait reste vague à l’exception d’une petite extension de la zone de pêche: l’ouverture des passages entre Israël et la bande de Gaza et un allègement du blocus pour l’acheminement rapide de l’aide humanitaire, mais les questions les plus sensibles, comme la libération de prisonniers palestiniens, l’ouverture d’un aéroport et d’un port à Gaza ou la démilitarisation de l’enclave sont remises à de nouveaux pourparlers prévus au Caire dans un mois. Le gouvernement israélien et le Hamas ont tous deux crié victoire. En réalité, tout le monde a perdu.

Le Hamas debout mais sans gain concret
Les islamistes qui dirigent la bande de Gaza d’une main de fer ont signé un accord humiliant. Aucune de leurs revendications – populaires car partagées par tous à Gaza – n’est acquise alors qu’ils avaient juré qu’ils se battraient jusqu’au bout. Israël n’a promis ni l’ouverture des points de passage ni la libération des prisonniers ou l’ouverture d’un port et d’un aéroport. L’Egypte n’a rien promis non plus. Les termes d’un cessez-le-feu déjà promu par les Egyptiens le 15 juillet et rejeté par le Hamas ressemblaient à s’y méprendre à ce que le même Hamas, très affaibli, vient d’accepter.
Certes, l’image du Hamas résistant, résilient, peut être portée aux nues par ses partisans. Les militants, audacieux, inventifs et courageux aux dires mêmes de plusieurs observateurs israéliens, ont infligé à Israël des pertes militaires (64 soldats) sans précédent de la part d’une organisation palestinienne. Ils ont aussi paralysé le sud d’Israël et même, pendant deux jours, l’aéroport de Tel-Aviv.
Mais tout cela à quel prix? Une destruction d’une partie importante de la bande de Gaza, des pertes humaines d’une lourdeur sans précédent non plus (2.100 morts dont 500 enfants, 11.000 blessés). Et une diminution importante des capacités offensives du Hamas, privé de ses tunnels secrets et de la majeure partie de ses roquettes, sans parler de la mort d’un nombre inconnu d’activistes et de plusieurs de ses chefs militaires tués en fin de conflit.
Le Hamas osera-t-il se présenter devant les électeurs avec un tel bilan? L’exécution sommaire, après des simulacres de procès, d’une vingtaine de «collaborateurs» la semaine dernière n’ajoutera rien de positif à sa réputation sauf qu’elle peut apparaître comme une sinistre mise en garde à la population contre toute velléité de contestation.

L’image d’Israël flétrie
Le gouvernement israélien n’a jamais voulu mettre fin au règne du Hamas et prendre le risque de se retrouver aux prises avec Al-Qaïda ou avec le chaos. Tout en se félicitant de l’efficacité du «Dôme d’acier» contre les roquettes palestinienne, son armée a réussi à affaiblir d’importance le mouvement islamiste. Toutefois le retour au statu quo ante signifie qu’un nouveau conflit sanglant peut éclater n’importe quand. Un traitement de fond sur le sort de l’enclave palestinienne est inévitable puisque, décidément, ses habitants ne supportent pas le statut de prisonniers à vie. Est-ce possible sans envisager une paix globale? Encore faut-il que l’exécutif israélien, plus divisé que jamais et composé notamment d’extrémistes, y aspire.
Ces radicaux n’auront sans doute pas l’envie de se pencher sur une conséquence catastrophique des événements sur l’image d’Israël: le monde entier a en effet été abasourdi, voire souvent indigné, par l’ampleur des tueries et destructions infligées par l’armée israélienne à Gaza, qui dépassent d’évidence de loin ce que la traque des cibles «terroristes» impliquerait. Jamais Israël dans son histoire n’a usé d’une telle puissance de feu contre des zones où les victimes civiles sont clairement inévitables.
Quant à la «démilitarisation» de Gaza, exigée avec fermeté par Israël, elle n’a jamais été prise au sérieux par les autres protagonistes au Caire, qui auront constaté qu’Israël négociait, même de manière indirecte, avec les organisations «terroristes» islamistes.

Abbas devient indispensable
A Ramallah, le président de l’Autorité palestinienne (AP) a engrangé des points. Son gouvernement d’unité nationale soutenu de l’extérieur par le Hamas n’a pas explosé. Abbas a même joint la voix de son Fatah à celle des islamistes lors des pourparlers du Caire et les Israéliens semblent désormais le considérer avec moins de mépris car il a su jouer sur tous les tableaux sans rompre avec eux. Si un compromis émerge un jour des futures négociations au Caire, il passera d’évidence par le retour de l’AP à Gaza, pour le contrôle des passages extérieurs et la réhabilitation des infrastructures.
Pour ce cessez-le-feu, Abbas a-t-il dû accepter de ne pas attaquer Israël devant la Cour pénale internationale (où le Hamas aurait aussi des comptes à rendre)? Cette question reste sans réponse pour le moment.

La communauté internationale sans voix.
Si l’Egypte de l’anti-islamiste Sissi a su retrouver une position de médiateur, le reste de la communauté internationale s’est montré indigne de la situation. Personne n’a su peser sur Israël pour lui imposer plus de retenue dans sa politique de destruction massive. L’Union européenne a fait pire, le 22 juillet, en ne blâmant que le Hamas, comme si le contexte de l’occupation et du siège ne constituait qu’un décor négligeable.
Tout reste donc à négocier au Caire. Par des parties qui ont beaucoup perdu. De guerre lasse voudront-elles enfin vraiment parler de paix? L’Histoire commande de voir les choses avec pessimisme, hélas!
BAUDOUIN LOOS
Le Soir du 28 août 2014

Fils de la Mort


Israël a-t-il sciemment brisé le cessez-le-feu? C’est la thèse du pacifiste israélien vétéran Uri Avnery.

 

LA GUERRE était finie. Les familles retournaient à leurs kibboutz près de Gaza. Les jardins d’enfants rouvraient. Un cessez-le-feu était instauré et de nouveau encore prolongé. De toute évidence, les deux parties étaient épuisées.
Et alors, tout d’un coup, la guerre a repris.
Que s’est-il passé ? Eh bien, le Hamas a lancé des roquettes sur Beersheba en plein cessez-le-feu.
Pourquoi ? Sans raison. Vous savez comment sont les terroristes. Avides de sang. Ils ne peuvent s’en empêcher. Tout comme les scorpions.
Mais ce n’est pas si simple.

LES ENTRETIENS DU CAIRE étaient sur le point d’aboutir, du moins le semblait-il. Mais Benjamin Nétanyahou avait des soucis. Il avait caché le projet d’accord égyptien pour un long cessez-le-feu même à ses collègues du gouvernement. Ils ne l’ont appris que par les médias qui l’ont révélé à partir de sources palestiniennes.
Apparemment, le projet disait que le blocus serait considérablement allégé sinon officiellement levé. Des pourparlers au sujet d’un port et d’un aéroport devaient débuter au cours du mois à venir.
Quoi ? Qu’obtenait Israël en contrepartie ? Après tous ces tirs et ces tueries, avec 64 soldats israéliens tués, après tous les discours grandiloquents sur notre victoire retentissante, était-ce là tout le résultat ? Pas étonnant que Nétanyahou ait tenté de cacher le document.
La délégation israélienne reçut l’ordre de rentrer sans signer. Les médiateurs égyptiens exaspérés obtinrent une nouvelle prolongation du cessez-le-feu de 24 heures. Elle devait expirer à minuit mardi, mais tout le monde de part et d’autre s’attendait à le voir être encore prolongé. Et alors c’est arrivé.
Aux alentours de 16 heures, trois roquettes furent tirées sur Beersheba et tombèrent dans des zones inhabitées. Pas de sirènes d’alarme. De façon assez curieuse, le Hamas nia les avoir lancées, et aucune autre organisation palestinienne n’en revendiqua la responsabilité. C’était bizarre. Après chaque lancement précédent depuis Gaza, il se trouvait toujours une organisation palestinienne fière de le revendiquer.
Comme d’habitude, les avions israéliens ripostèrent promptement en bombardant des immeubles dans la bande de Gaza. Comme d’habitude, des roquettes se mirent à pleuvoir sur Israël. (J’ai entendu les interceptions à Tel Aviv).

COMME D’HABITUDE ? Pas tout à fait.
D’abord on a su qu’une heure avant l’arrivée des roquettes, la population israélienne proche de Gaza avait été prévenue par l’armée d’avoir à préparer abris et “espaces de sécurité”.
Ensuite il apparut que le premier immeuble de Gaza frappé appartenait à la famille d’un chef militaire du Hamas. Trois personnes furent tuées dont un bébé et sa mère.
Et puis la nouvelle s’est répandue : il s’agissait de la famille de Mohammed Deif, le chef des Brigades Izz al-Din al-Qassam, la branche militaire du Hamas. (Qassam était un héros palestinien, le premier à s’être rebellé contre le pouvoir britannique en Palestine dans les années 30. Il fut pourchassé et tué par les Britanniques.) Parmi les tués de ce mardi il y avait sa femme et son bébé. Mais il semble que Deif lui-même n’était pas là.
Cela n’est pas en soi une surprise. Deif a survécu à au moins quatre tentatives d’assassinat. Il a perdu un oeil et plusieurs membres mais en est toujours sorti vivant.
Tout autour de lui, ses chefs successifs, des dizaines de ses pairs et subordonnés politiques et militaires ont été assassinés au fil des années. Mais lui a été béni des dieux.
Maintenant, militant palestinien le plus recherché et traqué, il figure en tête de la liste noire israélienne. Il est le “Fils de la Mort” N° 1, une formule quelque peu biblique utilisée en Israël pour qualifier ceux qui doivent être assassinés.
Comme la plupart des habitants de la bande de Gaza, Deif est un enfant de réfugiés d’Israël. Sa famille vient du village de Kawkaba, maintenant en Israël. Je l’ai traversé en 1948, avant qu’il ne soit complètement rasé.
Pour le Service de Sécurité israélien, il représente un enjeu qui vaut bien de rompre le cessez-le-feu et de relancer la guerre.

POUR BEAUCOUP de services de sécurité dans le monde, dont l’américain et le russe, l’assassinat est un sport et un art.
Israël revendique la médaille d’or.
Un assassinat est une opération complexe. Elle exige beaucoup de temps, d’expertise, de patience et de chance. Les exécutants doivent recruter des informateurs proches de la victime, poser des appareils électroniques, obtenir des informations précises sur tous ses mouvements, mettre à exécution leur projet en quelques minutes dès que l’occasion se présente.
C’est la raison pour laquelle on n’a pas le temps d’obtenir une confirmation de l’échelon supérieur. Peut-être le Service de Sécurité (couramment appelé Shin Bet) a-t-il obtenu la permission de Nétanyahou, son unique chef politique, peut-être pas.
Il étaient évidemment informé que Deif rendait visite à sa famille. C’était une occasion en or. Depuis des mois, même des années, Deif menait une vie souterraine, au sens littéral – quelque part dans le labyrinthe de tunnels que ses hommes avaient creusés sous la Bande. On ne l’apercevait jamais.
Depuis le début de cette guerre, tous les autres chefs importants du Hamas vivaient également sous terre. D’Ismaïl Haniyeh aux niveaux en-dessous, aucun n’a été vu. La maîtrise totale de l’air par les avions et les drones israéliens impose ces précautions. Le Hamas ne dispose pas d’armes anti-aériennes.
Il me semble hautement improbable que Deif mettrait sa vie en danger en rendant visite à sa famille. Mais le Shin Bet a de toute évidence obtenu un tuyau et y a cru. Les trois roquettes bizarres tirées sur Beersheba fournissaient le prétexte pour rompre le cessez-le-feu, et c’est ainsi que la guerre a repris.
Les vrais aficionados de l’art de l’assassinat ne se préoccupent pas beaucoup des conséquences politiques ou militaires de leurs actes. C’est “L’art pour l’art”.
À propos, la dernière guerre de Gaza, il y a deux ans, avait débuté de la même façon. L’armée israélienne avait assassiné le chef de-facto d’al-Qassam, Ahmed Jaabari. La guerre qui s’ensuivit avec ses centaines de morts ne fut qu’un dommage collatéral.
Jaabari était à l’époque le suppléant de Deif qui était en convalescence au Caire.

TOUT CELA est, bien sûr, beaucoup trop compliqué pour des diplomates américains ou européens. Ils aiment les histoires simples.
La Maison Blanche a immédiatement réagi à la reprise des hostilités en condamnant le lancement de roquettes par le Hamas et en réaffirmant qu’“Israël a le droit de se défendre”? Les médias occidentaux l’ont répété comme des perroquets.
Pour Nétanyahou, qu’il ait été prévenu de la tentative d’assassinat ou non, c’était une issue à un dilemme. Il se trouvait dans la situation fâcheuse de beaucoup de dirigeants dans l’Histoire qui déclenchent une guerre et ne savent plus comment en sortir.
Dans une guerre, un chef prononce des discours grandiloquents, promet la victoire et des résultats merveilleux. Il est rare que ces promesses se réalisent. (Si elles se réalisent, comme à Versailles en 1919, cela peut être encore pire.)
Nétanyahou est un homme doué en marketing, à défaut d’autre chose. Il a beaucoup promis et les gens l’ont cru et l’ont approuvé à 77%. Le projet de cessez-le-feu permanent proposé par les Égyptiens, bien que manifestement en faveur d’Israël, était loin de représenter une victoire pour Israël. Il confirmait seulement que la guerre se concluait sur un match nul. Le propre gouvernement de Nétanyahou y était opposé, l’opinion publique y répugnait manifestement. La reprise de la guerre le tira d’embarras.
Mais que faire maintenant?

LE BOMBARDEMENT de la population de Gaza suscite de plus en plus de critiques de la part de l’opinion publique mondiale. Il a aussi perdu son attrait en Israël. La maxime “bombardons les jusqu’à ce qu’ils cessent de nous haïr” ne fonctionne visiblement pas.
La solution alternative est d’entrer dans la bande de Gaza et de l’occuper complètement, de sorte que même Deif et ses hommes soient obligés de monter à la surface pour être assassinés. Mais c’est une proposition dangereuse.
Lorsque j’étais soldat au cours de la guerre de 1948, on nous avait appris à ne jamais nous mettre dans une situation qui ne laisse aucune échappatoire à l’ennemi. Dans un tel cas il se battra jusqu’au bout, provoquant de nombreuses pertes.
Il n’est pas possible de sortir de la bande de Gaza. Si l’armée israélienne est envoyée conquérir toute la Bande, les combats seront féroces, causant des morts et des blessés par centaines chez les Israéliens et par milliers chez les Palestiniens, et des destructions incalculables. Le Premier ministre sera l’une des victimes politiques.
Nétanyahou en est pleinement conscient. Il ne le veut pas. Mais que peut-il faire d’autre ? On peut presque plaindre l’homme.
Il peut bien sûr donner l’ordre à l’armée d’occuper seulement des parties de la Bande, un village ici, une ville là. Mais cela aussi répandra mort et destruction, sans gain manifeste. Au bout du compte, le mécontentement du public sera le même.
Le Hamas a menacé cette semaine d’ouvrir “les portes de l’enfer” pour nous. Cela n’affecte guère les habitants de Tel Aviv, mais pour les villages et les villes proches de Gaza c’est réellement l’enfer. Les morts et les blessés sont peu nombreux mais la peur est dévastatrice. Les familles avec enfants s’en vont en masse. Lorsque le calme revient, elles essaient de revenir chez elles mais ensuite les nouvelles roquettes les poussent à repartir.
Leur situation critique suscite une réaction émotionnelle forte dans l’ensemble du pays. Aucun politique ne peut l’ignorer. Le Premier ministre moins que tout autre. Il lui faut mettre fin à la guerre. Il lui faut aussi afficher clairement une image de victoire. Mais comment l’obtenir ?
Le dictateur égyptien tente d’apporter son aide. Barack Obama aussi, bien qu’il soit furieux contre Nétanyahou et qu’il ne puisse pas le blairer. Mahmoud Abbas aussi, lui qui craint une victoire du Hamas.
Mais pour le moment, l’homme de la décision finale est le Fils de la Mort, Mohammed Deif, s’il est bien vivant. Sinon, son successeur.
S’il est en vie, l’assassinat de sa femme et de son fils peut ne pas l’avoir rendu plus doux et plus pacifique.

[Article écrit en hébreu et en anglais, publié sur le site de Gush Shalom le 23 août 2014 – Traduit de l’anglais “Son of Death” : FL/SW]

The Guardian: La Cour de La Haye sous pression occidentale pour ne pas ouvrir d’enquête sur les crimes de guerre à Gaza


Julian Borger – The Guardian – 18 août 2014L’éventualité d’une enquête de la CPI sur les actions tant des FDI que du Hamas à Gaza est devenue le champ d’une bataille politique à hauts risques.169-fatou-bensouda-a-audience-bosco-26-mars-2013

La Cour pénale internationale a constamment évité d’ouvrir une enquête sur les présumés crimes de guerre à Gaza suite aux pressions occidentales, américaines et autres, affirment d’anciens fonctionnaires de justice et des avocats.

Ces derniers jours, l’éventualité d’une enquête de la CPI sur les actions tant des Forces de défense israéliennes que du Hamas à Gaza est devenue le champ d’une bataille politique à hauts risques et une question clé dans la négociation pour un cessez-le-feu lors des entretiens au Caire. Mais la question de savoir si la CPI pouvait, ou devait, ouvrir une enquête a aussi divisé la Cour de La Haye elle-même.

Une enquête de la CPI pourrait avoir un impact considérable. Il ne s’agirait pas seulement d’examiner les présumés crimes de guerre commis par l’armée israélienne, le Hamas et d’autres militants islamistes au cours des récents combats à Gaza qui ont fait environ 2000 morts, dont des femmes et des enfants. Il s’agirait aussi d’aborder la question des colonies israéliennes dans les territoires palestiniens, et pour lesquelles la direction israélienne serait tenue responsable.

La charte fondatrice de la CPI, le Statut de Rome de 1998 (http://www.icc-cpi.int/nr/rdonlyres/6a7e88c1-8a44-42f2-896f-d68bb3b2d54f/0/rome_statute_french.pdf), définit comme crime de guerre « le transfert, direct ou indirect, par une puissance occupante d’une partie de sa population civile, dans le territoire qu’elle occupe » (article 8.2.a.viii).

Est également en jeu l’avenir de la CPI elle-même, une expérience de justice internationale qui occupe une position fragile, sans aucune superpuissance pour la soutenir. La Russie, la Chine et l’Inde ont refusé d’y adhérer. Les États-Unis et Israël ont signé le Statut en 2000 mais ont retiré leur signature par la suite.

Certains avocats internationaux affirment qu’en essayant de se dérober à une enquête, la CPI ne se porte pas à la hauteur des idéaux exprimés dans le Statut de Rome, selon lesquels « les crimes les plus graves qui touchent la communauté internationale ne sauraient rester impunis. » (préambule)

John Dugard, professeur de droit international à l’université de Leiden, aux Pays-Bas, et depuis longtemps critique du bilan d’Israël en matière de droits de l’homme, a dit : « Je pense que la procureure pourrait facilement faire valoir son autorité. La loi est un choix. Il y a confrontation d’arguments juridiques, mais elle devrait se pencher sur le préambule du statut de la CPI qui stipule que l’objet de la Cour est de lutter contre l’impunité ».

Dans un échange de lettres au cours des derniers jours, les avocats assistant les Palestiniens ont insisté sur le fait que la procureure de la CPI, Fatou Bensouda, a toute l’autorité judiciaire dont elle a besoin pour lancer une enquête, sur la base de la requête palestinienne en 2009. Cependant, Bensouda insiste pour qu’il y ait une nouvelle déclaration palestinienne, ce qui requerrait de parvenir à un consensus, insaisissable, au sein des factions politiques comme le Hamas, qui seraient elles-mêmes soumises à l’enquête aux côtés du gouvernement israélien. Il existe une forte pression américaine et israélienne sur le dirigeant palestinien, Mahmoud Abbas, pour ne pas poursuivre pour une enquête de la CPI.

La pression occidentale sur la CPI pour qu’elle reste à l’écart du problème a provoqué de profondes divisions au sein même du bureau de la procureure. Selon certains anciens fonctionnaires, les Palestiniens ont été induits en erreur en 2009 en croyant que la requête pour une enquête pour crimes de guerre – à la suite de l’offensive israélienne contre Gaza, baptisée Plomb durci – resterait recevable dans l’attente de la confirmation de l’État en devenir. Cette confirmation est venue en novembre 2012 quand l’Assemblée générale des Nations-Unies a décerné à la Palestine le statut d’État observateur non membre, mais l’enquête n’a pas été lancée.

Bensouda, au départ, semblait ouverte à l’examen de la requête palestinienne en instance, mais l’année suivante, elle publiait une déclaration controversée disant que le vote de l’AG de l’ONU ne changeait en rien l’ « invalidité juridique » de la requête de 2009.

Luis Moreno Ocampo, procureur à l’époque de la déclaration palestinienne de 2009, a soutenu Bensouda, écrivant dans un courriel au Guardian : « Si la Palestine veut accepter l’autorité de la Cour, elle doit présenter une nouvelle déclaration. »

Mais un autre fonctionnaire du bureau de la procureure de la CPI, qui a traité la déclaration palestinienne, est fortement en désaccord. « Ils essaient de se cacher derrière un jargon juridique pour dissimuler ce qui est une décision politique, pour échapper à la compétence et ne pas être impliqués, » dit ce fonctionnaire.

Pour Dugard, Bensouda a été sous une forte pression des États-Unis et de leurs alliés européens. « Pour elle, c’est un choix difficile et elle n’est pas prête à le faire, » a-t-il soutenu. « Mais cela affecte la crédibilité de la CPI. Les Africains se plaignent qu’elle n’hésite pas à ouvrir une enquête sur leur continent ».

Il a fallu trois ans à Moreno Ocampo pour prendre une décision sur le statut de la requête palestinienne de 2009, durant lesquels il a subi les pressions des USA et d’Israël pour qu’il se tienne à l’écart. Selon un livre sur la CPI, publié cette année, les dirigeants américains ont prévenu la procureure que l’avenir de la Cour était en jeu.

Selon le livre, Justice sommaire : la Cour pénale internationale dans un monde de politiques de pouvoir, de David Bosco, les Américains ont suggéré qu’une enquête de la Palestine « pourrait avoir un poids politique trop lourd pour l’institution. Ils ont clairement indiqué que donner suite à un tel dossier serait un rude coup pour l’institution ».

Même si les USA ne participent pas au financement de la CPI, « la prodigieuse puissance diplomatique, économique et militaire de Washington peut être une aide énorme à la Cour si elle est déployée périodiquement pour soutenir la tâche de la Cour » écrit Bosco, maître assistant en politique internationale à l’université américaine.

Dans son livre, Bosco rapporte que les dirigeants israéliens ont eu plusieurs réunions, non rendues publiques, avec Moreno Ocampo à La Haye, notamment dans un dîner à la résidence de l’ambassadeur israélien, pour faire pression contre une enquête.

Un ancien fonctionnaire de la CPI qui s’est occupé du dossier palestinien a dit : « Il a été clair dès le début que Moreno Ocampo ne voulait pas être impliqué. Il a dit que les Palestiniens n’étaient pas vraiment prêts à lancer une enquête, mais qu’il était clair qu’ils étaient sérieux. Ils ont envoyé une délégation avec deux ministres, assistés d’avocats, en août 2010 et qui sont restés deux jours pour débattre de leur requête. Mais Moreno Ocampo était conscient que toute implication contrarierait ses efforts pour se rapprocher des États-Unis ».

Moreno Ocamp a nié avoir été influencé par des pressions américaines. « Je suis resté très ferme sur le traitement de cette question, impartial, mais tout en respectant les limites légales », écrit-il dans un courriel de dimanche. « J’ai entendu tous les arguments. J’ai reçu plusieurs professeurs d’Oxford qui ont développé des arguments différents et très souvent contradictoires, et j’ai conclu que le processus devait… d’abord aller devant les Nations-Unies. Lesquelles doivent décider quelle entité doit être considérée comme un État ».

Et d’ajouter : « La Palestine a utilisé la menace d’accepter l’autorité de la Cour pour négocier avec Israël. Quelqu’un a dit que si vous avez neuf ennemis autour de vous, et une seule balle, vous ne tirez pas, vous essayez d’utiliser votre balle pour créer un effet de levier ».

Une porte-parole de son successeur Fatou Bensouda, a rejeté les allégations de partialité dans le choix des enquêtes par la procureure. « La CPI est guidée par le Statut de Rome et rien d’autre », a-t-elle affirmé. « Les règles strictes qui concernent son autorité, le lieu et le moment où la CPI peut intervenir, ne doivent pas être délibérément dénaturées… Les considérations géographiques et politiques n’entreront jamais dans toute prise de décision par le bureau. »

L’avocat français représentant les Palestiniens, Gilles Devers, fait valoir qu’il appartient à la Chambre préliminaire de la Cour, et non à son procureur, de se prononcer sur la question de l’autorité de la Cour dans les territoires palestiniens. Devers indique que les négociations se poursuivent au sein des parties palestiniennes sur l’opportunité de déposer une nouvelle requête pour une enquête, même si lui pense que sur le plan juridique ce n’est pas nécessaire. Finalement, dit-il, le résultat sera déterminé politiquement.

« Il y a une pression énorme pour ne pas procéder à une enquête. Cette pression s’est exercée sur le Fatah et sur le Hamas, mais aussi sur le bureau de la procureure, » dit Devers. « Dans les deux cas, elle prend la forme de menaces aux aides financières, pour la Palestine et pour la Cour pénale internationale ».

Parmi les plus grands contributeurs au budget de la CPI, on trouve le Royaume-Uni et la France, l’un et l’autre ont cherché à persuader les Palestiniens de renoncer à une enquête pour crimes de guerre.

The Guardian : http://www.theguardian.com/law/2014/aug/18/hague-court-western-pressure-gaza-inquiry

Traduction : JPP pour l’Agence Média Palestine

MANIFESTATION PRO-ISRAÉLIENNE ou les Israéliens imaginaires


Une manifestation de soutien pro-israélienne eut lieu à Paris le 31 juillet 2014.

Eyal Sivan, cinéaste israélien décrypte les arguments des manifestants pro-Israël qui soutiennent les attaques militaires israéliennes contre la bande de Gaza.

 

[youtube http://youtu.be/Hly2wVJfRJc?list=UU7H198GlIEz9GQt8sLLcWdw?]

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