Les Israéliens savaient et le savent toujours


Nufar Shimony

Une grande partie du public israélien a été pleinement informée du génocide à Gaza, s’en est réjouie et en a réclamé davantage – tout au long de cette soi-disant « guerre ». Chaque image diffusée sur les réseaux sociaux, par exemple celle d’une fille gazouie tuée par une bombe ou par un sniper, suscite immédiatement une multitude de réactions d’Israéliens criant que ce n’est pas suffisant, qu’ils veulent voir toutes ses sœurs, cousines, camarades de classe et voisines mortes elles aussi, qu’aucun enfant ne devrait être laissé en vie. Certes, les citoyens de nombreux pays ont tendance à ignorer ou nier les atrocités commises par leurs forces armées ; mais ce n’est absolument pas le principal problème ici, en Israël.

Ou la série de vidéos “Pallywood”, où des Israéliens se filmaient avec de la farine ou de la craie sur le visage, se moquant des Palestiniens coincés sous les décombres ?

Ou encore les vidéos où des soldats israéliens montraient fièrement à leurs concitoyens comment ils faisaient exploser des maisons palestiniennes, des mosquées, des universités, des écoles, des infrastructures d’eau, des terres agricoles, etc. ?

Ou les vidéos publiées par les bataillons de tanks, écrasant lentement les cadavres d’enfants et de familles palestiniennes dans les rues, sans la moindre trace de respect pour les civils morts ?

Ou encore les vidéos de soldats israéliens détruisant des maisons palestiniennes, pendant qu’ils pendent les poupées des petites filles à des cordes pour qu’elles les retrouvent, graffitent des insultes racistes sur les murs, pillent leurs biens, portent la lingerie des femmes ? Sans parler des concours de snipers visant à voir combien d’enfants ils peuvent tuer – avec plus de points si c’est en plein cœur de bébé, cible plus difficile.

Comment les Israéliens peuvent-ils encore faire semblant de ne rien savoir des atrocités que leurs propres frères, sœurs ou proches commettent dans l’armée ? Ils ne peuvent pas prétendre à l’ignorance dans ce qui est le premier génocide diffusé en direct. Même leurs présentateurs et invités à la télévision appelaient au génocide. Nous avons vu les vidéos qu’ils ont vues. Nous savions, donc ils savaient eux aussi. »

J’ajoute à ces exemples :

Des vidéos TikTok où des mères israéliennes se moquent des pleurs des mères gazaouies endeuillées, parfois avec la participation d’enfants israéliens jouant les rôles des enfants morts.

Et cette tendance récente chez les enfants et adolescents israéliens à faire des canulars téléphoniques à des adultes, en se faisant passer pour des collecteurs de fonds pour les enfants affamés de Gaza – provoquant des réactions furieuses et rieuses, parce que le simple fait de vouloir aider ces enfants est, selon eux, risible et scandaleux.

Explication finale : mon but ici n’est pas de faire une indignation morale inutile. Je veux juste transmettre ce message : seule une pression extérieure massive (embargos sur les armes, sanctions économiques, etc.) peut mettre fin à ce génocide. Il ne faut pas compter sur un quelconque réveil moral du public israélien. Il faut exiger des gouvernements et institutions qu’ils agissent par la contrainte. (Bien entendu, la plupart des gouvernements occidentaux n’ont rien fait, et sont donc totalement complices.)

Source facebook : a large part of this post is a quotation from “The Daily Politik“.

Traduction : ChatGPT, texte refusé par DeepSeek et Claude

Avigail Abarbanel


Exceptionnalisme « positif » et « négatif

Source https://avigail.substack.com/p/identity-and-shared-humanity

anniebannie: ceci est la traduction viaDEEPL du texte cité en marge

Israël extermine progressivement le peuple palestinien au vu et au su du monde entier. La plupart des dirigeants occidentaux et des médias maintiennent un soutien éhonté et implacable à Israël. Ils répètent les justifications frauduleuses qu’Israël offre pour ce qu’il fait, à savoir qu’Israël est engagé à contrecœur dans une « guerre contre le terrorisme », et que tout ce qu’ Israël fait, y compris (mais sans s’y limiter) la destruction d’hôpitaux, le ciblage direct du personnel médical et l’assassinat d’enfants et de bébés, est nécessaire à la sécurité d’Israël. La plupart des médias continuent de perpétuer l’idée fausse qu’il existe une symétrie entre Israël – une société de colonisation – et ses victimes – le peuple palestinien.

L’expression « colonisation » n’est jamais mentionnée. Il est exaspérant de constater que nos hommes politiques et les médias continuent de colporter l’image qu’Israël a vendue au reste du monde pendant des décennies, à savoir qu’il s’agit d’une « démocratie occidentale éclairée » et « normale », d’un pays gentil et bienveillant qui ne désire rien d’autre que de vivre en paix. Cela, ainsi que la fourniture continue d’armes, de munitions, de pièces détachées et d’autres technologies militaires et de surveillance destructrices, permet à Israël de poursuivre, sans interruption, son plan génocidaire de colonisation.

Les objectifs du colonialisme sioniste d’Israël sont les suivants :

  • Éliminer tous les Palestiniens de l’ensemble de la Palestine historique,
  • Détruire toutes les preuves de leur culture, de leur histoire et de leur existence,
  • S’approprier toutes les terres et les ressources naturelles du fleuve à la mer, et maintenant aussi au nord (parties du Liban et de la Syrie), et
  • remplacer tous les habitants non juifs de la Palestine historique par ce qu’Israël appelle des Juifs.

Il n’est pas nécessaire d’être un expert en droit international pour reconnaître que les actions d’Israël constituent un génocide.

Il est clair pour tout le monde qu’Israël jouit d’un exceptionnalisme extraordinaire qui lui permet non seulement de commettre impunément un génocide, mais aussi de bénéficier d’une couverture militaire et diplomatique apparemment illimitée. (Il reste à voir si elle est acquise). Cependant, l’exceptionnalisme dont les autres voient Israël jouir ne ressemble guère à la manière dont  les Israéliens juifs interprètent  leur propre situation.

Au sein de la société israélienne, l’exceptionnalisme d’Israël est perçu différemment. La société juive israélienne se concentre uniquement sur les critiques et les objections que soulèvent  les actions de son pays. Toute critique des politiques et du comportement d’Israël est imputée exclusivement par les juifs israéliens à l’antisémitisme, considérant qu’elle n’a aucun rapport avec la conduite réelle d’Israël. La conviction profonde au sein de la société israélienne que tout le monde déteste les Juifs sert à prouver  à leurs yeux le fait qu’ Israël est traité différemment des autres pays. La société israélienne et ses hommes politiques, ainsi que les partisans d’Israël dans le monde, comparent fréquemment ce que fait Israël à d’autres exemples de violations des droits de l’homme et de génocide. Ils demandent : « Pourquoi nous critiquez-vous ? Pourquoi vous en prendre à nous alors que d’autres commettent également des actes répréhensibles?

C’est exactement ce que je pensais lorsque je vivais encore en Israël. Les médias israéliens minimisent systématiquement le soutien dont bénéficie Israël et mettent l’accent sur les déclarations perçues comme hostiles ou critiques à son égard. Lorsque j’étais en Israël, je croyais que tout le monde nous détestait. Il est difficile d’expliquer aux étrangers Notre obsession q*ui nous faisait analyser chaque article sur une célébrité étrangère pour voir si elle nous aimait ou non. Si elle ne nous admirait pas totalement ou qu’elle était  tant soit peu critique, nous la traitions d’antisémite. (En Israël, il n’y a pas de distinction entre la société et l’individu – « nous » signifie « Israël »). L’opinion des gens sur Israël était le seul étalon de leur valeur, peu importe leur personnalité ou leurs réalisations. Tout ce qui nous importait, c’était ce qu’ils pensaient de nous. J’ai eu peur lorsque j’ai déménagé en Australie, car je pensais sincèrement que tout le monde me détesterait. Je me souviens encore du choc que j’ai ressenti en découvrant que la réalité était exactement à l’opposé de ce que l’on m’avait enseigné.

Cette compréhension sélective de l’exceptionnalisme – consistant à ne voir que les critiques tout en restant volontairement aveugle au niveau de soutien sans précédent dont bénéficie Israël – révèle un schéma plus profond. Les Juifs israéliens n’ont aucune idée de la quantité d’argent et du soutien dont bénéficie Israël, car cela contredirait leur conviction profonde qu’ils sont les seuls à être victimisés. Cette dissonance cognitive permet à la population d’adopter un comportement répréhensible tout en préservant l’image de victime qu’elle a d’elle-même. En d’autres termes, la perception de l’exceptionnalisme par Israël est « négative ». Les Israéliens pensent qu’ils font l’objet d’un traitement injuste en raison de l’antisémitisme, qui est également considéré comme une forme unique et « exceptionnelle » de racisme.

À propos de l’identité et de la « spécificité » – Quelques commentaires et réponses

Dans mon article précédent , j’ai parlé de ma propre relation avec la définition de la judéité qui m’est imposée par Israël, et j’ai fait référence à l’interview de Katie Halper avec le rabbin Yaakov Shapiro. Dans cette interview, le rabbin Shapiro affirmait que les Juifs n’avaient pas besoin de souligner leur judéité lorsqu’ils défendaient le peuple palestinien, car cela ne faisait qu’appuyer la prétention infondée d’Israël à être l’État de tous les Juifs et à parler au nom de tous les Juifs. Katie Halper a eu l’amabilité de commenter mon article, et je vous livre ci-dessous une partie de notre échange.

Katie Halper: Merci pour votre commentaire. Je m’identifie comme juive pour plusieurs raisons, mais ce que je trouve indéniable, c’est qu’il est politiquement judicieux de s’identifier comme juive pro-palestinienne, car cela dissipe l’idée qu’être sioniste et être juive, c’est la même chose, et cela aide à dissiper l’idée que l’antisionisme, c’est de l’antisémitisme.

Ma réponse : Je vous remercie de l’intérêt que vous portez à mon essai et de vos commentaires. Voici une réponse précédente que j’ai faite à quelqu’un à propos de cet essai : … Je vois les deux côtés. Je suis d’accord avec le rabbin, mais aussi avec ceux qui choisissent de se dire juifs et qui n’acceptent pas la définition israélienne de ce qu’est un « bon juif » (c’est une chose réelle dans la culture israélienne). Je voulais mentionner mon propre choix, qui est de ne pas m’appeler juive parce que je n’ai aucune idée de ce qui fait de moi une juive, si ce n’est la « science de la race » d’Israël, qui n’a aucun sens. Ce choix ne concerne que  moi, car je sais que d’autres ont leur propre point de vue.

Katie Halper : Si, pour les besoins de l’argumentation, une majorité de Palestiniens pensait qu’il était utile que les gens s’identifient comme des Juifs antisionistes, le déconseilleriez-vous quand même ?

Ma réponse : Les Palestiniens que je connais ont de nombreuses opinions. La plupart d’entre eux ne se soucient pas du tout de mes origines, mais seulement du fait que je suis un autre être humain qui se tient à leurs côtés. L’article [mon essai précédent, sur lequel Katie fait des commentaires] s’intitule « notre humanité partagée » pour une raison bien précise. Je pense que la majorité des Palestiniens ne considèrent pas ce que fait Israël comme une « chose juive » et n’ont aucun problème avec la religion juive, mais seulement avec le colonialisme génocidaire du sionisme.

Je trouve offensant qu’Israël définisse mon « identité » et mon « affiliation » pour moi, en ne me laissant apparemment pas le choix. Je n’ai grandi avec aucune des « valeurs juives » avec lesquelles  vous et d’autres personnes aux États-Unis affirment avoir été élevées. Je vous crois, et je vous envie dans une certaine mesure, mais ce n’est pas du tout ce que j’ai vécu.

La société israélienne, sa philosophie de vie et ses institutions sont là pour justifier le génocide. Cela inclut l’interprétation de la religion juive qu’ils enseignent, même dans le système scolaire laïque.

J’ai toujours été perplexe quant au fait que quiconque se dit juif ne critique pas au moins la moralité de Josué qui a mené un génocide complet à Canaan1, soi-disant sur les instructions de Dieu. Je n’ai jamais compris comment quelqu’un pouvait célébrer le Seder de la Pâque sans se demander à quel point il était injuste de se réjouir du meurtre de tous les fils aînés d’Égypte à la veille de l’Exode.

Bien sûr, rien de tout cela n’est de l’histoire réelle, mais il s’agit de mythes identitaires qui vont droit au cœur de l’« identité » juive. En tant qu’être humain, je ne peux pas m’identifier à cela, et si être juif signifie que je dois accepter ces histoires/mythes sans esprit critique, alors je choisis de ne pas être juivef (et c’est un choix, à moins que vous ne croyiez en la « science de la race »).

Je ne sais pas (je ne sais vraiment pas) ce qui se passe dans les synagogues non orthodoxes en Occident et comment elles concilient ces histoires avec les « valeurs juives » éclairées. Israël se délecte de ces histoires, qui sont enseignées sans esprit critique dès le jardin d’enfants et dans les familles encore plus tôt. Il n’y a jamais de remise en question morale de tout cela.

Tout cela est enseigné comme des histoires d’identité, même dans le système scolaire laïc que j’ai fréquenté. Personne ne remet en question la moralité de tout cela, car dès qu’on le fait, toute la justification quasi-religieuse du sionisme, de la Nakba et de la poursuite du génocide en Palestine s’effondre.

À la lumière de mon éducation en Israël et de l’enseignement que j’y ai reçu, je me méfie à juste titre de l’identité juive, telle qu’elle est comprise par les Juifs occidentaux non religieux. Comme je l’ai dit, je ne sais rien de ce qui est enseigné dans les synagogues non orthodoxes et je ne sais pas si ces histoires d’identité sont remises en question et critiquées pour des raisons morales. Si ce n’est pas le cas, on peut voir la contradiction inhérente entre ces histoires et les valeurs humaines universelles.

Je pense que chacun doit faire son propre choix, Katie… Je fais le mien. Je ne décrète rien pour personne d’autre. Ma position n’est que cela, ma position, et il y a toujours une diversité de points de vue dans n’importe quel groupe et dans n’importe quel contexte, comme vous le savez bien évidemment. Je ne sais pas non plus tout, comme je l’ai dit plus haut.

Mon sens moral personnel ne correspond à aucune des versions de la judéité avec lesquelles j’ai grandi en Israël. L’un des inconvénients des Juifs occidentaux, je pense (et je peux me tromper), est qu’ils ne connaissent ou ne comprennent pas du tout Israël. Les seuls qui le comprennent sont ceux qui rejoignent les rangs des « colons ». « 

Tant que vous ne vivez pas sur place, vous ne pouvez pas connaître Israël, et c’est délibéré. Israël a toujours présenté au monde, y compris aux communautés juives occidentales, une image d’elle-même très soigneusement élaborée. Ses citoyens (y compris les 20 % de citoyens palestiniens qui sont aujourd’hui en grand danger) connaissent le véritable Israël. Merci d’avoir lu et commenté.

Sur un autre fil de discussion, j’ai eu cet échange avec le lecteur Irfan A Khan

Irfan A Kahn : ‘.L’endoctrinement fondé sur l’exceptionnalisme religieux et racial peut créer un profond sentiment de supériorité et de droits acquis dans l’esprit de n’importe quelle population, et ce sentiment peut être facilement exploité pour maltraiter « l’autre ». L’ampleur des mauvais traitements infligés à « l’autre » peut s’intensifier jusqu’au colonialisme de peuplement, l’épuration ethnique et le génocide avec un simple coup de pouce dans la bonne direction.

Ce phénomène ne concerne pas uniquement les Juifs d’Israël. Les musulmans, les chrétiens, les bouddhistes, les hindous et même les petites tribus des montagnes ont ce trait en commun. Au Bangladesh, la population à majorité musulmane (~90%) proteste et pleure sur le sort des Palestiniens, mais fait exactement la même chose aux tribus indigènes des collines de Chittagong depuis plus de 50 ans. Aucune empathie. Il est intéressant de noter que l’une des victimes de ces abus, la tribu Chakma, a tendance à faire exactement la même chose aux tribus plus petites lorsqu’elle en a l’occasion.

Il suffit de regarder le nettoyage ethnique et le génocide perpétrés au Cachemire par les hindous, au Myanmar par les moines bouddhistes, en Irak et en Syrie par les Turcs, en Chine par les communistes, au Yémen par l’Arabie saoudite, pour comprendre le schéma. Je suis désolé si j’ai oublié d’autres génocides et nettoyages ethniques en cours actuellement.

Une chose dont je suis sûr, c’est qu’il ne s’agit pas vraiment de religion ou de race.

Ma réponse : Bien sûr. L’un des principaux points sur lesquels j’insiste toujours est que, malgré le sentiment de « spécificité » d’Israël, il n’y a rien de spécial à propos de ce pays ou de ce qu’il fait. Israël n’est qu’une étude de cas dans l’histoire du monde. Il fait partie des plus nocifs, mais il n’est en aucun cas original. Israël doit être dénoncé pour ce qu’il est : L’un des pires exemples de l’humanité, mais aussi l’un des nombreux exemples de l’histoire de l’humanité, aussi loin que nous remontions dans notre histoire.

Très clairement, il ne s’agit pas de religion ni de race, mais les deux sont utilisées pour justifier un état d’esprit psychologique particulier basé sur une peur profonde et le survivalisme. C’est très humain. Cela dit, Israël en fait une question de race et, dans une certaine mesure, de religion également, et il est important que les gens ne se laissent pas piéger par l’état d’esprit israélien et maintiennent la position que vous (et moi) défendons, à savoir que ce que fait Israël est fondamentalement un problème humain. Les Palestiniens sont des êtres humains et leurs persécuteurs, Israël et sa société, sont également des êtres humains. C’est pourquoi ce que fait Israël est un crime contre l’humanité, et non un « cas particulier » qui nécessite une « considération spéciale ».

La religion justifie-t-elle le génocide ?

Les discussions dans la section des commentaires reviennent sans cesse sur le judaïsme et l’identité juive et leur relation avec ce que fait Israël. En Afrique du Sud, les interprétations chrétiennes ont été utilisées pour justifier l’apartheid. Pour ceux qui se disaient partisans « chrétiens » de l’apartheid, le commandement fondamental de « s’aimer les uns les autres » excluait commodément les Noirs. Aujourd’hui, nous voyons les talibans utiliser leur interprétation des enseignements islamiques pour appliquer ce qui constitue l’un des exemples les plus graves d’oppression formelle des femmes dans l’histoire moderne. Pendant ce temps, dans certaines régions d’Asie, des moines bouddhistes, adeptes de l’une des religions les plus explicitement non violentes au monde, prêchent la haine contre les musulmans et participent à leur assassinat. On ne peut qu’imaginer la réaction du Bouddha face à une telle perversion de ses enseignements.

Dans une interview accordée en 2010 à Amina Chaudary, l’archevêque Desmond Tutu a déclaré : « Ce sont les gens :

Ce sont les gens. Certaines personnes sont capables d’utiliser la Bible pour s’opposer à l’injustice, tandis que d’autres sont capables d’y trouver une justification. On peut trouver dans la Bible une justification de l’esclavage. Certains disent que c’est ce que dit la Bible et que cela clôt l’argument. Vous constaterez que la Bible, si vous le voulez, justifie beaucoup de choses. Saint Paul avait une vision très machiste des femmes. Il disait notemment que les femmes ne doivent pas parler à l’église, doivent se couvrir la tête, ne doivent pas parler et doivent se rappeler que c’est une femme qui a été la  première tentatrice et que tout ce gâchis a commencé parce que les femmes nous ont mis dans le pétrin. On peut donc l’interpréter comme justifiant la polygamie. La plupart des figures de proue de l’Ancien Testament étaient polygames. Abraham avait plusieurs femmes et concubines. S’ils le voulaient, ils pourraient dire que c’est approuvé dans la Bible.

Les gens utilisent n’importe quoi. Quand on pense au KKK, son emblème est une croix de feu. Et ils ne voient aucune contradiction entre la croix, instrument de souffrance qui a permis notre réconciliation avec Dieu, et son utilisation comme symbole pour des attaques infâmes contre les Noirs. Mais ils croient qu’ils obéissent à Dieu parce qu’ils peuvent lire les choses qu’ils voient. Les habitants de l’Afrique du Sud de l’apartheid peuvent vous dire que Dieu a maudit les Noirs lorsqu’ils l’ont maudit. C’est ainsi que les hermétiques ont été condamnés à tirer de l’eau et ramasser du bois.

Il n’existe pas de religions ou de philosophies monolithiques. Tout se divise en d’innombrables interprétations, car les humains façonnent ces systèmes de croyance en fonction de leurs besoins. Nous, les humains, possédons un talent extraordinaire pour manipuler n’importe quel système de croyance afin de valider nos convictions préexistantes, et il semble que nous ayons un profond besoin psychologique de cette validation. Même les individus les plus moralement compromis doivent posséder une conscience quelque part au plus profond de leur être, une voix discrète qui ébranle leurs certitudes. Les justifications et rationalisations religieuses se sont avérées particulièrement efficaces pour faire taire cette voix intérieure, notamment parce qu’elles peuvent invoquer l’autorité divine.

L’auto-illusion a un coût psychologique, qui se manifeste généralement par une anxiété chronique. Mais pour de nombreuses personnes, le sentiment de  survie l’emporte sur tout, y compris sur leur propre bien-être. Elles préfèrent endurer l’anxiété plutôt que d’affronter leurs propres contradictions intérieures. Lorsque les Juifs israéliens pensent qu’ils sont confrontés à un danger mortel de la part des Palestiniens, ils trouvent dans la religion juive de quoi justifier le génocide. Mais ces justifications existent-elles vraiment ? Comme le souligne Desmond Tutu, la Bible dit beaucoup de choses.

Notre psychologie fondamentale, qui précède toutes les religions et tous les systèmes philosophiques, sous-tend chacune de nos croyances et chacune de nos actions. Les gens extrairont de n’importe quel texte la signification qui leur convient. Les sionistes qui lisent mes essais perçoivent immédiatement les paroles d’un traître. Ce que d’autres pourraient considérer comme de la décence humaine élémentaire, ils ne peuvent l’interpréter que comme une trahison du groupe. Leur psychologie les prédispose à élever la loyauté envers le groupe au-dessus de toutes les autres valeurs, y compris la vérité et la justice. De leur côté, certains lecteurs antisionistes parcourent le même texte et y voient un sentiment pro-israélien. Lorsque je demande à l’un ou l’autre de ces groupes de lire plus attentivement ce que j’ai écrit, ils réagissent avec hostilité. J’ai dû bannir certains sionistes et antisionistes de cette page Substack, parce qu’ils sont incapables de pénétrer ce que je dis et finissent par m’attaquer en tant que personne.

Cette perception sélective n’est pas accidentelle. Notre psychologie limbique plus primitive nous prédispose à voir ce que nous voulons voir, en filtrant les informations qui contredisent nos croyances préétablies. Nous sommes tous exposés à ce risque. Ce n’est que par l’intégration consciente que nous pouvons espérer transcender ces limitations. (Voir mon livre Thérapie sans thérapeute). Une psychologie dominée par la peur et le survivalisme engendre inévitablement le tribalisme, le culturalisme ou le racisme. Elle produit également la mentalité du « moi d’abord » dont nous sommes témoins dans notre nouvelle « religion » du néolibéralisme économique, où l’indifférence à la souffrance d’autrui est présentée comme un intérêt personnel rationnel.

Notre identité ne nous est pas donnée, nous devons la choisir

Dans le cadre de ma formation en thérapie familiale, j’ai étudié l’ensemble des théories de Murray Bowen , et plus particulièrement sa théorie de l ‘« autodifférenciation »2. Bowen a défini la « différenciation » comme « la quantité de soi que l’on a en soi ». La différenciation est un autre terme pour la maturité ou la croissance, ou en termes de neurobiologie interpersonnelle (IPNB), l’intégration. Mes professeurs étaient catégoriques : si les psychothérapeutes ne s’engagent pas dans leur propre processus de « différenciation », ils n’ont rien à faire avec leurs clients.

Bowen considérait la différenciation comme le processus d’élaboration de sa propre identité au sein du réseau de relations qui nous façonne. Il a reconnu qu’à mesure que les êtres humains se développent, ils synthétisent inévitablement leur identité unique à partir d’une tapisserie complexe d’influences : leur famille d’origine, ses croyances et ses modèles, leur contexte sociétal et les forces historiques qui ont façonné leur famille, leur peuple et l’humanité. Bowen a encouragé les individus à retracer l’histoire de leur famille aussi loin que les archives le permettent. Bien que nous ne puissions pas tracer des lignes de causalité droites entre le passé et le présent, nous pouvons développer une compréhension profonde du riche contexte qui nous a façonnés.

Je ne me souviens plus s’il s’agit d’une métaphore propre à Bowen ou d’une métaphore inventée par mes professeurs, mais nous pouvons comprendre la différenciation à travers l’image du tri d’un coffre d’héritage personnel. Imaginez un coffre rempli de tout ce que vous avez hérité de votre famille et de vos ancêtres : croyances, schémas, traditions, valeurs, comportements, façons d’être en relation avec les autres, de vous voir et de voir le monde qui vous entoure. En ouvrant ce coffre et en examinant chaque objet qu’il contient, vous devez décider ce que vous voulez garder et ce dont vous voulez vous débarrasser. Si votre but dans la vie est de vous épanouir et de développer votre potentiel, vous garderez les éléments qui favorisent votre développement authentique et vous jetterez tout le reste. Si votre objectif principal est de survivre, vous garderez les éléments qui vous permettent de survivre et vous vous débarrasserez du reste. Cet exercice mental exige à la fois une perspective lucide et de l’honnêteté envers soi-même. Il nous amène à réfléchir à ce que nous attendons de notre vie et à ce qui est important pour nous. Nous ne nous contentons pas d’accepter tout notre héritage et de vivre avec. En nous différenciant, nous choisissons notre propre identité.

La limite la plus importante de la théorie de Bowen réside dans sa tendance à ignorer ou à négliger le rôle des émotions. Bowen considérait la différenciation comme une démarche essentiellement intellectuelle. Il a sous-estimé, je crois, le rôle des émotions inconfortables, en particulier la peur. Les émotions difficiles sont souvent à l’origine de la résistance des gens à se différencier de leur famille ou de leur groupe. Bowen ne pouvait imaginer aucune raison pour laquelle quelqu’un ne voudrait pas évoluer vers son potentiel. Mais ce sont généralement les émotions désagréables que les gens ne peuvent pas affronter ou gérer qui les empêchent de se différencier et d’évoluer vers leur potentiel inné. Les émotions telles que la peur, la culpabilité, la loyauté, maintiennent souvent les gens attachés à une identité héritée ou à un groupe, parfois à un coût personnel élevé. J’ai dû me différencier de ma famille d’origine pour être bien psychologiquement, et de la société israélienne et de l’identité qu’elle m’a donnée pour devenir un être humain décent.

Bowen a reconnu la tension fondamentale entre « séparation » et « unité » que connaissent tous les êtres humains. Nous nourrissons à la fois un besoin profond d’être uniques et un besoin tout aussi puissant d’appartenance, motivé par la survie. J’ai toujours interprété l’« unité » non pas comme une simple appartenance, mais comme une similitude. En d’autres termes, nous vivons une tension entre le besoin d’être nous-mêmes et le besoin d’être comme les autres, de nous conformer. Cette tension apparaît dès le début de la vie en réponse à notre environnement.

La croissance et la différenciation sont plus faciles au sein de groupes matures et confiants qui ne sont pas mus par la peur. Ces groupes valorisent la différence et la diversité, et encouragent et soutiennent activement leurs membres pour qu’ils développent leur personnalité authentique. Par exemple, les parents et les grands-parents matures aident consciemment les enfants à développer leur propre personnalité et n’exigent pas qu’ils pensent, ressentent, se comportent, mangent ou s’habillent comme les autres membres de la famille. Malheureusement, les groupes matures restent minoritaires. À son niveau de développement actuel, l’humanité est dominée par des groupes immatures qui font de la conformité le prix de l’appartenance. Plus le groupe est primitif, plus il exige notre conformité et plus il est susceptible d’interpréter le besoin individuel de se différencier comme une trahison.

Lorsque les gens s’engagent activement dans leur processus de différenciation, leur boussole morale s’éloigne de plus en plus de la loyauté envers le groupe. Leurs choix éthiques découlent d’une compréhension plus profonde d’un lien humain qui transcende les frontières tribales. Cette compréhension est fondamentalement incarnée – elle commence par notre expérience physique commune d’être humain.

J’ai un corps humain, un cerveau, des sensations et des émotions. Il faut peu d’imagination pour se connecter à ce que l’on ressent lorsqu’on est mouillé, que l’on a froid et que l’on a faim. Je peux viscéralement m’identifier à la terreur des êtres humains qui, comme moi, sont bombardés et perdent leur environnement familier, leurs biens les plus chers et leurs habitudes. La peur est présente dans chaque corps humain. J’en connais le goût et je peux imaginer l’effroi primitif que suscite le bruit des avions à réaction, des drones et des bombes qui s’approchent. Je peux comprendre les ravages psychologiques causés par le fait d’être témoin ou d’être victime d’abus de la part de soldats israéliens barbares. Je comprends ce que l’on ressent en cas de perte, et la douleur déconcertante de ne pas comprendre pourquoi cela se produit, ou pourquoi le monde reste là sans rien faire pour l’arrêter.

Notre humanité commune nous fournit tous les conseils moraux dont nous avons besoin. C’est l’ancre la plus digne de confiance, plus fiable que n’importe quelle religion, philosophie ou identité de groupe, aussi bénigne soit-elle. La reconnaissance profonde et incarnée de notre humanité commune ne nous oblige pas à abandonner notre diversité, nos coutumes, nos croyances, nos traditions ou toute autre étiquette que nous choisissons pour nous-mêmes. Ces éléments peuvent enrichir nos vies et nos communautés. Mais notre principe directeur fondamental doit être la reconnaissance de notre expérience humaine commune. Je soutiens le peuple palestinien pour la seule et unique raison que nous sommes tous des êtres humains, une vérité simple et profonde qui ne nécessite aucune explication ou justification d’aucune sorte. C’est une vérité qui va de soi.

Un commentaire sur les abonnements payants

Substack encourage les écrivains à souscrire des abonnements payants. Ils prélèvent une petite somme pour leur permettre de fournir cette plateforme, qui est par ailleurs gratuite. Quelques lecteurs ont promis de l’argent pour des abonnements mensuels ou annuels, et je leur en suis reconnaissant. J’apprécie d’écrire et de publier sur cette plateforme et je m’en sens privilégié. Mais j’hésite à monétiser ma chaîne Substack, car je ne veux pas faire de mes écrits une obligation.

Vous trouverez ci-dessous un bouton « payez-moi un café ». Si vous ne l’avez pas encore vu, il s’agit d’un moyen d’offrir un don aux écrivains indépendants et à d’autres personnes qui fournissent des services similaires qui ne sont pas rémunérés. Les paiements sont traités en toute sécurité sur le site « Buy Me A Coffee », à l’aide de Stripe, et je pense que les gens peuvent garder leurs dons anonymes s’ils le souhaitent. Il s’agit d’une démarche entièrement volontaire. Tout le monde est invité à lire mon travail gratuitement.

Merci beaucoup de me lire !

Achetez-moi un café 🙏🏼

1L’histoire de la colonisation de Canaan par Josué est racontée dans le livre biblique de Josué. (https://en.wikipedia.org/wiki/Book_of_Joshua)

2Voir aussi mon article Se différencier d’Israël. Vous devriez pouvoir y accéder via ce lien, mais si vous rencontrez des problèmes, n’hésitez pas à me contacter. Voir également mon adaptation de l’échelle de différenciation de Bowen, disponible en téléchargement sur le site de mon travail.

Où s’arrête la violence au Moyen-Orient ? « C’est un colonialisme qui devient de plus en plus extrême. »


Entretien avec les militants Eitan Bronstein Aparicio et Mahmoud AbuRahma (anniebannie: publié fin octobre 2023 par proMO* en néerlandais)

Charis Bastin 28 octobre 2023

L’un est Palestinien et défenseur des droits humains, l’autre est Israélien et antisioniste déclaré. Mahmoud AbuRahma et Eitan Bronstein Aparicio, deux militants aux origines différentes mais unis par leur engagement pour la justice : « Nous avons besoin de ces voix qui se trouvent du bon côté de l’histoire. »

Que cette conversation ne soit pas leur première rencontre se remarque à l’accueil chaleureux entre l’Israélien Eitan Bronstein Aparicio et le Palestinien Mahmoud AbuRahma. Ils se demandent immédiatement des nouvelles de leurs familles et amis.

Une semaine avant le raid meurtrier du Hamas, AbuRahma est rentré en Belgique après une visite à sa famille. Aujourd’hui, celle-ci ne pense qu’à survivre, raconte-t-il. « Mon frère met huit heures à trouver de l’eau et de la nourriture pour ses enfants. »

Depuis 2016, il vit avec sa famille en Belgique, contraint à l’exil en raison de graves menaces liées à ses recherches pour Al Mezan Center for Human Rights sur les violations du droit humanitaire international, les crimes de guerre et les atteintes aux droits humains à Gaza. Ce travail avait été soumis à la Cour pénale internationale de La Haye. Depuis 2020, il travaille pour le European Network Against Racism.

Bronstein Aparicio connaît plusieurs victimes et otages des kiboutz. Parmi eux, Haim Peri, un activiste pacifiste de la kiboutz Nir Oz, enlevé à Gaza, et Yocheved Lifshitz, une des otages récemment libérées. Peri, tout comme Lifshitz, est bénévole pour The Road to Recovery, une organisation qui transporte des Gazaouis de la frontière d’Eretz vers des hôpitaux où ils reçoivent des traitements médicaux indisponibles à Gaza, comme des soins contre le cancer.

Ces déplacements ne sont possibles que si Israël accorde aux patients de Gaza une autorisation leur permettant de quitter la bande de Gaza. Le travail d’AbuRahma à Al Mezan incluait notamment l’aide à l’obtention de ces autorisations. « Si elles ne sont pas délivrées à temps ou sont refusées, cela a des conséquences graves, souvent mortelles, pour les patients. »

Aujourd’hui, Bronstein Aparicio vit également en Belgique avec sa famille. Ils font partie d’un groupe croissant d’Israéliens qui décident de partir. « Tout comme moi, ma femme Eléonore Merza, qui est Française et cofondatrice de De-Colonizer, a toujours été antisioniste et anticolonialiste. Elle avait déménagé en Israël pour être avec moi. J’ai grandi dans ce pays et je suis habitué à une société fortement militarisée, raciste et nationaliste. Mais pour elle, il s’est avéré trop difficile de s’y adapter. »

En 2019, Bronstein Aparicio a organisé une exposition dans la galerie d’art de l’activiste pacifiste Peri. Parmi les visiteurs se trouvaient Lifshitz et d’autres habitants des kiboutz autour de Gaza. Avec le vidéaste palestinien Musa’ab Bashir, Bronstein Aparicio a retracé l’histoire du village palestinien d’al Ma’ineh, notamment à travers des témoignages de réfugiés palestiniens de ce village, vivant aujourd’hui à Gaza et qui n’ont pas pu y retourner depuis 1948.

O

© Eléonore MerzaIn En En 2019, Bronstein Aparicio a organisé une exposition sur les réfugiés palestiniens de Gaza. | © Eléonore Merza

La galerie se trouve, non par hasard, dans la dernière maison encore existante du village d’al Ma’ineh, à quelques pas de la bande de Gaza. Certains habitants des kiboutz environnants ont ainsi entendu pour la première fois l’histoire de ce village et des terres sur lesquelles ils vivent aujourd’hui.

Ces formes d’éducation à la mémoire occupent une place centrale dans l’activisme et le travail de Bronstein Aparicio. Avec l’organisation Zochrot (littéralement « souvenirs »), dont il a été le directeur jusqu’en 2011, il a documenté l’histoire des nombreux villages palestiniens vidés de leurs habitants en 1948. Depuis 2015, il poursuit ce travail avec De-Colonizer, un laboratoire de recherche et d’art dédié à « un avenir au-delà du colonialisme et du racisme, avec l’égalité pour tous ».

© Eléonore MerzaOded En 2019, Lifshitz a visité l’exposition avec son épouse Yochved. Cette dernière a été libérée mardi par le Hamas, tandis que son mari reste détenu. | © Eléonore Merza

« Restaurer la dissuasion »

Il est frappant de constater que parmi les victimes et otages de l’attaque du Hamas, il y a aussi des militants pacifistes israéliens. Y a-t-il un avant et un après le 7 octobre ? Comment cela influencera-t-il les relations, par exemple entre les militants pacifistes eux-mêmes victimes et les Palestiniens ?

Eitan Bronstein Aparicio : C’est un séisme. Ma propre famille traverse une crise sans précédent. L’un de mes fils traite l’autre de nazi parce qu’il a suggéré de ne pas bombarder Gaza ou d’épargner les gens.

« Mon fils traite l’autre de nazi parce qu’il a suggéré de ne pas bombarder Gaza ou d’épargner les gens. »

Mais même dans les familles des otages ou des personnes tuées, il existe encore de telles voix. Par exemple, ce père qui portait un T-shirt d’un mouvement contre l’occupation lors des funérailles de son fils. Alors qu’il pleurait son enfant, il a pris position contre l’occupation et les bombardements sur Gaza. En réalité, presque personne ne dit cela, à l’exception de quelques voix courageuses.

Mahmoud AbuRahma : Les Gazaouis sont actuellement trop occupés à survivre, mais avant le 7 octobre, ils étaient extrêmement en colère contre la manière dont le Hamas gérait Gaza. Le Hamas exigeait trop d’une population épuisée, tout en négociant avec Israël, par exemple sur les permis de travail ou le carburant. Cela donnait l’impression que le Hamas était devenu un agent d’Israël, administrant une population assiégée. Cela a rendu les gens désespérés, car personne, pas même l’Autorité palestinienne en Cisjordanie, ne pouvait leur offrir une alternative.

L’ampleur de la réponse israélienne vise désormais à être si douloureuse que les gens restent traumatisés pendant longtemps et n’osent plus penser à la résistance. Les responsables israéliens et les médias parlent même explicitement de « restaurer la dissuasion ». Si cela se fait avec l’approbation totale de la communauté internationale, cela crée un sentiment d’impuissance immense : que le droit international ne signifie rien et que personne ne viendra vous protéger.

Y aura-t-il encore une voie médiane ? Un dialogue sera-t-il encore possible ?

Mahmoud AbuRahma : Les années 1970 et 1980 ont été les seules décennies où Israéliens et Palestiniens se rencontraient dans des conditions relativement normales. Les Israéliens venaient à Gaza pour manger du poisson et aller à la plage, mais aussi pour construire des colonies. Environ 200 000 à 300 000 Gazaouis travaillaient en Israël. Jusqu’en 1987, lorsque la première intifada a commencé, le soulèvement des Palestiniens dans les territoires occupés par Israël.

Les années 1990 ont été celles du processus de paix, mais aussi de l’enfermement et du marquage des terres qu’Israël voulait coloniser et annexer. Il n’y a jamais eu d’intention sincère de créer un véritable État palestinien indépendant.

Sous Ehud Barak (à l’époque membre du Parti travailliste, centre-gauche, et Premier ministre israélien de 1999 à 2001, ndlr), l’expansion des colonies à Jérusalem-Est et dans la vallée du Jourdain a explosé. Et cela alors qu’il négociait avec Yasser Arafat (président de l’Autorité palestinienne à l’époque, ndlr). De quoi discuter lorsque la société israélienne est presque unanimement d’accord pour nier l’existence des Palestiniens et les soumettre ?

Eitan Bronstein Aparicio : En Israël, la gauche a longtemps réussi à entretenir le mensonge selon lequel elle voulait la paix. Mais c’est la gauche qui a initié la Nakba (l’expulsion des Palestiniens de leurs terres en 1948, ndlr). Ils ont vendu ce mensonge, à nous les Israéliens, mais aussi au monde. La droite, elle, est honnête : les Palestiniens sont complètement abandonnés et négligés.

C’est la direction que Bezalel Smotrich a esquissée en 2016 dans un « plan de soumission ». (Smotrich est aujourd’hui ministre des Finances dans le gouvernement d’extrême droite dirigé par Netanyahu, ndlr.) Ce plan parle de l’annexion totale de la Cisjordanie. Les Palestiniens ont le choix : émigrer avec notre aide – nous leur donnons de l’argent et des compétences pour qu’ils partent plus facilement –, ou rester dans leurs petites « communautés », avec une autonomie locale, mais sans droits politiques, évidemment.

Smotrich avait auparavant déclaré que le Hamas était un atout pour Israël. L’idée était d’affaiblir l’Autorité palestinienne (qui gouverne en Cisjordanie, ndlr) et de renforcer le Hamas. À Gaza, le Hamas est, selon lui, enfermé dans sa grande prison et ne peut pas représenter un danger. Du moins, c’est ce qu’il pensait.

© Charis BastinEitan Bronstein Aparicio en Mahmoud AbuRahma. | © Charis Bastin

Paix feinte

Tous les regards sont désormais tournés vers Gaza, alors que ce qui se passe en Cisjordanie reste largement invisible.

Eitan Bronstein Aparicio : Oui, la violence y est énorme, notamment celle des colons.

Mahmoud AbuRahma : La répression est la norme en Cisjordanie. Ce n’est pas seulement le projet de Smotrich. Comme je l’ai dit, cela a commencé sous Ehud Barak, au beau milieu des négociations de paix, et s’est poursuivi sous Ariel Sharon.

Le plan de désengagement de 2004 de Sharon a été accueilli favorablement par le monde entier, car 8 000 colons ont quitté Gaza. Mais lisez le reste de ce plan : il parle du siège de Gaza sans mettre fin à l’occupation et de l’expansion des colonies en Cisjordanie. C’est écrit noir sur blanc.

« Un conseiller de Sharon a dit ouvertement : « Nous mettons le processus de paix sous formol, nous le figeons. Cela empêche la création d’un État palestinien. » »

Un conseiller de Sharon, Dov Weisglass, a déclaré ouvertement : « Nous mettons le processus de paix sous formol, nous le figeons. Cela empêche la création d’un État palestinien. » Netanyahu a poursuivi cette politique. Il voulait garder Gaza isolée, avec un minimum de secours humanitaires, ce qui a été approuvé par la Cour suprême israélienne.

Gaza devait être séparée du reste de la Palestine. Elle devait être assez forte pour se gouverner elle-même, mais pas suffisamment pour constituer une menace pour Israël. Et de temps en temps, il fallait « tondre la pelouse ».

Depuis le blocus de 2007, il y a eu au moins cinq guerres contre Gaza. En sera-t-il une de plus ou est-ce un tout nouveau chapitre ?

Mahmoud AbuRahma : C’est un tournant. Cette brutalité ne peut pas être effacée. Je pense que le Hamas a été surpris par la facilité de son attaque le 7 octobre, par l’absence d’une seconde ligne de défense. Cela pourrait indiquer des choix immoraux qui ont conduit à des massacres de civils, bien que nous ne connaissions pas encore tous les détails.

Eitan Bronstein Aparicio : Comment expliques-tu cela ? Est-ce la colère des opprimés ?

Mahmoud AbuRahma : En partie, oui. Mais dans certains cas, c’est personnel, par vengeance. Beaucoup ont vu leur famille tuée injustement. Que des combattants meurent dans un conflit est compréhensible. Mais quand cela se produit de manière arbitraire, lorsque leurs maisons et leurs enfants sont touchés, les gens sont encore plus en colère.

Ce qui s’est passé le 7 octobre était brutal. Mais prétendre que c’est le point de départ est ridicule. L’absence d’indignation face à toutes les meurtres précédents, au-delà des souffrances non reconnues, est frappante. La seule attitude juste est de condamner toutes les violences contre les civils et de prendre des mesures pour les prévenir et les punir. Mais ce n’est pas ce qui se passe, et cela rend les gens furieux. L’indignation n’apparaît que lorsque certaines personnes sont touchées.

Eitan Bronstein Aparicio : C’est incroyable comment les médias israéliens grand public parviennent à dissimuler certains témoignages. Par exemple, les récits d’Israéliens expliquant qu’ils n’ont pas été traités brutalement par le Hamas. Le gouvernement israélien déteste le témoignage de Lifshitz qui a évoqué le bon traitement qu’elle a reçu de membres du Hamas.

Implosion

La colère des Israéliens contre Netanyahu et son gouvernement ne pourrait-elle pas se transformer en mécontentement vis-à-vis de l’occupation, du blocus ou du conflit persistant ?

Eitan Bronstein Aparicio : Non, au contraire. En ce moment, il y a une grande unité en Israël. Il n’y a pas d’opposition, tout le monde soutient le gouvernement. Lors des manifestations de ces derniers mois, un des arguments contre le gouvernement fasciste était que des membres comme Bezalel Smotrich ou Itamar Ben Gvir (ministre de la Sécurité nationale, ndlr) n’avaient jamais servi dans l’armée. En d’autres termes, ils n’étaient pas assez patriotes. Beaucoup diront maintenant que Ben Gvir et Smotrich avaient raison. Que c’est « la voie à suivre ».

« Beaucoup diront maintenant que Ben Gvir et Smotrich avaient raison. Que c’est « la voie à suivre ». »

Je pense que ce projet, celui d’un État juif, va imploser. C’est difficile à imaginer aujourd’hui, car le soutien de l’Occident est si grand. Mais un changement dramatique se prépare. De plus en plus d’Israéliens partent. Maintenant, il y aura sans doute encore plus de raisons de partir.

Combien de temps peut-on encore rester et élever ses enfants dans une telle situation ? Dans un système qui ne changera pas ou qui ne dira jamais : « D’accord, maintenant nous voulons la paix. » C’est un colonialisme qui devient de plus en plus extrême. La seule façon d’arrêter cette violence est d’exercer une forte pression internationale, alors que pour l’instant Israël reçoit un soutien considérable. De l’intérieur, il n’y a aucune chance de changement.

Vous placez une grande responsabilité sur la communauté internationale. Quelle solution pourrait-elle proposer ? Un nouveau processus de paix, en repartant de zéro, est-il même envisageable ?

Mahmoud AbuRahma : La colère vient en partie du fait que l’OLP (Organisation de libération de la Palestine, devenue l’Autorité palestinienne lors du processus de paix, ndlr) a tout abandonné. Cela a ouvert d’énormes opportunités diplomatiques et économiques pour Israël, en signant un mauvais accord de paix. Cet accord n’a pas réussi à mettre fin de manière juste à l’occupation.

« Le monde s’est habitué à une sorte de hiérarchie de la valeur humaine : certaines personnes valent plus que d’autres. »

La communauté internationale a également abandonné depuis longtemps, finançant l’occupation pendant des années. Pourtant, le processus de paix avait fait beaucoup de promesses. Il semble que le monde se soit habitué à une sorte de hiérarchie de la valeur humaine : certaines personnes valent plus que d’autres.

Cela dit, des signaux clairs émergent à travers le monde. Des milliers de personnes ont manifesté ces dernières semaines pour la cause palestinienne, y compris des voix juives.

Eitan Bronstein Aparicio : Lors d’une action de Jewish Voice for Peace au Congrès américain, environ 300 personnes ont été arrêtées. En Israël aussi, ces voix existent, mais elles sont durement réprimées et cela peut être dangereux. Le journaliste Israel Frey a été physiquement attaqué pour avoir osé dire à la télévision qu’un massacre avait lieu à Gaza. Ces voix sont à peine audibles ici.

Mahmoud AbuRahma : Plus que jamais, nous ressentons également une augmentation du racisme anti-palestinien dans la plupart des États membres de l’UE. En mai, par exemple, l’Allemagne a empêché toute commémoration de la Nakba.

Une identité en évolution

Eitan Bronstein Aparicio : Je suis toujours en lutte contre cette identité. Mais après quatre ans en Belgique, je vois plus clairement à quel point le système est déshumanisant. Ici, j’ai découvert un judaïsme détaché d’Israël, ce qui a été libérateur. C’est ce judaïsme que je revendique fièrement.

Co-hoofdredacteur ad interim

Charis Bastin

Source

Traduction : ChatGPT

Word proMO*

Vind je MO* waardevol? Word dan proMO* voor slechts 4,60 euro per maand en help ons dit journalistieke project mogelijk maken, zonder betaalmuur, voor iedereen. Als proMO* ontvang je het magazine in je brievenbus én geniet je van tal van andere voordelen.

Meer weten over proMO*lidmaatschap?

Bref historique du soutien d’Israël à l’apartheid, aux crimes de guerre et aux génocides dans le monde


PALESTINE NEXUS /ZACHARY FOSTER

Audio version on spotify

Depuis des décennies, Israël fournit des armes et des technologies militaires aux régimes militaires les plus brutaux du monde. Voici un bref historique du soutien d’Israël à l’apartheid, aux atrocités, aux crimes de guerre et aux génocides dans le monde.

Chili

Dans les années 1970-80, Israël a fourni des armes au Chili sous la dictature d’Augusto Pinochet, qui a duré 17 ans et pendant laquelle des civils ont été régulièrement ciblés, torturés et « disparus ». L’armée israélienne a formé le service secret chilien, la DINA, que la CIA a décrit en 1974 comme une « police de type Gestapo », responsable de la torture d’au moins 35 000 personnes et de la disparition de plus de 3 000 autres. Pendant ce temps, Israël a maintenu d’excellentes relations avec le Chili tout au long du régime de Pinochet, organisant de nombreuses visites officielles de dirigeants chiliens.

Aujourd’hui, une famille israélo-chilienne cherche justice pour leur père, qui a été torturé et tué par la dictature. Ils ont intenté un procès pour que le procureur général ouvre une enquête sur l’implication des institutions gouvernementales israéliennes dans les ventes d’armes à Pinochet. L’avocat et militant israélien des droits de l’homme, Eitay Mack, a déposé plusieurs pétitions pour obtenir la divulgation de documents détaillant la nature de cette implication. « Les questions de droits de l’homme ne font pas partie des considérations des responsables du ministère de la Défense et des Affaires étrangères, sauf s’il y a une forte pression publique », a déclaré Mack.

Guatemala

En 1977, Israël est devenu le principal fournisseur d’armes du Guatemala, livrant aux dirigeants autoritaires du pays pour 6 millions de dollars de fusils Galil et de pistolets-mitrailleurs Uzi. Israël a également fourni des logiciels espions, des systèmes de surveillance électronique et a conçu le système radar de l’aéroport international de Guatemala City. Des responsables guatémaltèques ont même vanté que leurs soldats utilisaient des armes israéliennes et recevaient une formation des soldats israéliens. Les dirigeants guatémaltèques ont aussi adopté les tactiques militaires israéliennes, telles que l’utilisation de la présence théorique de forces guérillas pour justifier des massacres de civils. Pendant la guerre civile, des partisans du régime d’extrême droite ont même parlé de la « palestinisation » de la population autochtone du Guatemala.

En 1982, des responsables israéliens ont aidé Efraín Ríos Montt à prendre le pouvoir lors d’un coup d’État militaire. Montt, qui a par la suite remercié plus de 300 conseillers israéliens pour leur aide, a gouverné pendant la période la plus sanglante de la guerre civile guatémaltèque, connue sous le nom de génocide maya ou « holocauste silencieux ». Pendant 30 ans, plus de 200 000 Mayas ont été tués, torturés et disparus. Entre 1982 et 1983, son régime a fait disparaître environ 70 000 personnes.

Afrique du Sud

Dans les années 1970 et 1980, Israël est devenu l’un des principaux fournisseurs d’armes de l’Afrique du Sud sous l’apartheid. En 1988, l’Afrique du Sud a sauvé l’industrie de la défense israélienne, en manque de liquidités, en achetant 60 avions de combat Kfir pour 1,7 milliard de dollars. Israël a alors pu lancer un satellite de reconnaissance, un projet rendu possible grâce à ces ventes d’armes.

Le régime d’apartheid, un système juridique raciste, a séparé les populations sud-africaines, favorisant la minorité blanche et oppressant la majorité noire. Les forces de sécurité de l’apartheid ont tué entre 11 000 et 21 000 personnes et détenu plus de 80 000 personnes sans procès durant les quatre décennies de ce régime. Aujourd’hui encore, l’Afrique du Sud souffre des conséquences de l’apartheid.

Serbie

En 1991, Israël a conclu l’un de ses plus gros contrats d’armement avec la Serbie pendant le génocide bosniaque, dissimulant les transferts d’armes en violation d’un embargo de l’ONU cette même année. La coopération militaire entre Israël et la Serbie s’est poursuivie jusqu’en 1995, avec des soldats serbes formés clandestinement en Grèce et équipés d’armes israéliennes, dont des Uzis, des snipers et des missiles. En 2016, la Cour suprême israélienne a refusé de divulguer des documents sur ces transactions, invoquant un risque pour les relations extérieures d’Israël.

Les guerres menées par la Serbie contre les musulmans de Bosnie et de Croatie après la dissolution de la Yougoslavie ont été qualifiées de pires actes de nettoyage ethnique en Europe depuis l’Holocauste. Entre 1991 et 1995, plus de 250 000 personnes ont été tuées et de nombreuses autres blessées, violées ou emprisonnées dans des camps de concentration.

Rwanda

Israël a fourni des armes aux forces gouvernementales hutu pendant le génocide rwandais. Entre avril et juillet 1994, des entreprises israéliennes ont envoyé 7 cargaisons de munitions, fusils et grenades malgré un embargo international. En 2014, Mack et d’autres ont de nouveau demandé la divulgation de documents, mais l’accès a été refusé pour des raisons de « sécurité nationale ».

En 1994, les milices hutu ont tué plus d’un demi-million de Tutsis en moins de 100 jours. Au total, plus d’un million de personnes ont péri dans ce qui est considéré comme le génocide le plus rapide de l’histoire.

Philippines

Israël a fourni des armes aux Philippines sous la présidence de Rodrigo Duterte pendant sa guerre contre la drogue, où plus de 12 000 personnes ont été tuées par les forces gouvernementales et des escadrons de la mort, principalement dans les quartiers pauvres des villes.

En 2018, Duterte a visité Israël, vantant la flexibilité des ventes d’armes israéliennes et se comparant fièrement à Hitler.

Myanmar

Depuis 2018, des entreprises israéliennes ont fourni des équipements militaires au régime militaire birman, notamment des drones, des radars avancés et des bateaux de patrouille, malgré un embargo international. Ces armes ont été utilisées lors du génocide des Rohingyas, où 9 000 personnes ont été tuées entre août et septembre 2017.

Soudan du Sud

Un général israélien a été accusé d’avoir vendu pour 150 millions de dollars d’armes au gouvernement sud-soudanais sous le couvert d’une entreprise agricole, malgré des embargos de l’ONU. Depuis 2018, environ 400 000 personnes ont été tuées et des millions d’autres déplacées.

Azerbaïdjan

Depuis 2012, Israël a vendu pour des milliards de dollars d’armes à l’Azerbaïdjan, qui a utilisé ces équipements pour bloquer et ensuite expulser les Arméniens de la région du Haut-Karabakh en 2023.


Les marchands d’armes israéliens ont joué un rôle central dans de nombreuses atrocités mondiales au cours des 50 dernières années, avec des armes utilisées pour réprimer des journalistes et des opposants politiques. Pour Eitay Mack, « les considérations économiques ne devraient jamais prévaloir sur les questions de morale et de droits humains. »

4o

O

Alon Mizrahi | without equality there’s no freedom


anniebannie a trouvé ce texte sur X et n’a pas pu résister au profond sarcasme qu’il contient. Vous êtes probablement au courant du scandale provoqué par le discours de Jonathan Glazer lors de la réception de son oscar pour le film «Zone of interest »

Personnellement, je pense que c’est une bonne chose que 450 créateurs juifs aient dénoncé Jonathan Glazer pour son sentiment d’horreur devant les 160 jours de massacre d’Israël à Gaza. Mais ce n’est pas suffisant. C’est loin d’être suffisant. Les créateurs juifs devraient aller plus loin et exiger qu’Israël tue beaucoup plus d’enfants et de bébés. Ils devraient appeler à une campagne de famine bien plus importante, tuant non seulement les enfants palestiniens, mais aussi tout simplement les musulmans et les Arabes du monde entier. Parce que c’est la chose juive créative à faire : refuser l’accès à la nourriture à tous ceux qui sympathisent avec les Palestiniens.

Ils devraient appeler à bombarder davantage de personnes, et pas seulement en Palestine : pourquoi l’Irlande serait-elle épargnée alors qu’elle condamne si ouvertement Israël ? N’est-ce pas le propre de la créativité juive que de bombarder Belfast jusqu’à ce qu’elle soit détruite ?

Et pourquoi n’appellent-ils pas à une campagne d’assassinat contre tous les dissidents ? Quel genre de patriotisme juif est-ce là ? Il faut appeler à beaucoup plus de meurtres, de morts et de destructions dans le monde entier. L’Amérique devrait fournir tout son PIB et toutes ses munitions à Israël pour qu’il puisse bombarder n’importe quelle partie du monde si Netanyahou le souhaite.

Et tous les pays du monde doivent jeter les non-sionistes dans des goulags, où ils seront eux aussi privés de soins médicaux et subiront des amputations sans anesthésie. C’est le strict minimum. Alors oui, dénoncer Galzer est un bon pas, mais ce n’est qu’un premier petit pas vers un monde entièrement engagé et dédié au meurtre de masse (fierement juif).

Refuser Solidarity Network






View this email in your browser
Je m’appelle Maya Eshel et je viens de rejoindre l’équipe du réseau Refuser Solidarity Network en tant que coordinatrice de la solidarité internationale. Je voudrais vous parler un peu de moi et vous dire comment vous pouvez amplifier la voix des Israéliens contre la guerre à Gaza et appeler à un cessez-le-feu.

J’ai déménagé en Israël à l’âge de 16 ans et six mois plus tard, l’armée israélienne m’envoyait déjà un premier ordre d’incorporation. Environ deux ans plus tard, j’ai été incorporé dans l’armée israélienne et j’ai servi en Cisjordanie pendant neuf mois. Pendant cette période, j’ai vu plusieurs Palestiniens détenus être amenés au centre de détention de ma base. Un jour, alors que j’attendais le médecin militaire, un jeune Palestinien a été escorté dans la clinique. En plein hiver, il ne portait qu’une chemise à manches longues. Il avait les yeux bandés et les mains menottées et ne devait pas avoir plus de 11 ans. Ce moment précis, assis à quelques centimètres d’un garçon qui ne pouvait pas me voir, qui était seul et qui avait été enlevé à sa communauté, est resté gravé dans ma mémoire.

Au fil des ans, j’ai souvent pensé à ce garçon. Je pensais au traumatisme qu’il avait pu subir à ce moment précis et à ma participation à un système aussi brutal. Je me suis penchée sur moi-même, sur mon environnement et sur l’occupation violente que notre société, ici en Israël, a normalisée. Après m’être informée et avoir pris connaissance des politiques suprémacistes utilisées par Israël pour maintenir un régime militaire oppressif sur des millions de Palestiniens, j’ai décidé de rejoindre le mouvement de résistance contre l’occupation et l’apartheid. Vous pouvez également soutenir la résistance en suivant notre page instagram,  voicesagainstwar, et nos autres pages de médias sociaux où nous fournissons une plateforme pour documenter et publier des manifestations contre la guerre et des témoignages individuels d’Israéliens contre cette guerre.

Mon travail de solidarité m’a amené à vivre dans des villages palestiniens du sud des collines d’Hébron, dans la zone C de la Cisjordanie, et à documenter les démolitions et la violence des colons et des militaires à l’encontre des Palestiniens. J’ai vu des colons maltraiter et menacer violemment des Palestiniens, déraciner des centaines d’oliviers, danser avec des armes sur des terres palestiniennes volées, alors que l’armée se tenait prête à intervenir. J’ai également vu des soldats chargés de démolir des maisons, de maltraiter de petites communautés agricoles et d’arrêter des hommes au milieu de la nuit.

Depuis que j’ai commencé à visiter les collines du sud d’Hébron, la situation s’est décuplée. Les horreurs du 7 octobre ont ébranlé l’éthique israélienne jusqu’au plus profond d’elle-même. Le gouvernement israélien, qui n’a pas eu le temps de faire son deuil, s’est servi de notre douleur pour mener une guerre de vengeance contre les habitants de Gaza, tuant des milliers de civils et provoquant le déplacement de plus d’un million de personnes.

Aujourd’hui, plus que jamais, nous devons résister à la guerre à partir de la base et nous devons le faire ensemble. Aidez-nous à amplifier les voix israéliennes qui résistent à la manipulation violente de notre douleur par le gouvernement. Regardez et partagez nos différentes pages sur les médias sociaux, afin de diffuser les voix des Israéliens qui protestent contre cette guerre.
InstagramFacebookX (twitter)Ticktock 

 Nous vous remercions de votre soutien. Nous continuerons à vous informer sur les efforts de la résistance israélienne et sur les actions que vous pouvez entreprendre pour résister à cette guerre.
 

Maya Eshel
International Solidarity Coordinator 
Refuser Solidarity Network 
Donate to support Gaza War refusers
Traduit avec Deepl

En Cisjordanie, des pacifistes israéliens tentent d’aider les Bédouins


Rachida El Azzouzi

Dans la vallée du Jourdain, en Cisjordanie occupée, la violence des colons est telle que des bergers palestiniens appellent à l’aide des militants israéliens anti-occupation pour les protéger, ainsi que leurs troupeaux. Comme Sigal Harari, que Mediapart a suivie

2 janvier 2024 à 17h28

Mediapart

Vallée du Jourdain (Cisjordanie occupée).– « Vol de moutons par des colons en présence de l’armée, confiscation d’un bassin et de barils d’eau, présence de militants souhaitée d’urgence »… : depuis le 7 octobre 2023, les boucles WhatsApp de Sigal Harari et de ses camarades anti-occupation se multiplient.

« La guerre à Gaza donne des ailes aux colons. Ils sont encore plus agressifs et violents », constate la quinquagénaire, membre du mouvement israélien Regarder l’occupation dans les yeux. 

Cet après-midi de décembre, elle arpente, en tenue ample et chaussures de randonnée, un village bédouin palestinien aux allures de bidonville, au cœur de la vallée du Jourdain, en Cisjordanie occupée. Sous haute surveillance israélienne depuis 1967, la vallée porte le nom du fleuve qui la traverse, principale ressource en eau de la région.

Le regard en alerte, tourné au loin vers les avant-postes et autres implantations illégales où se sont stratégiquement établis des colons pour accaparer de vastes étendues de terre, Sigal Harari vérifie que « tout va bien ».

Illustration 1
Jamal Amlihat, sans cesse aux aguets face à la violence des colons (vallée du Jourdain, Cisjordanie, décembre 2023). © Photo Rachida El Azzouzi / Mediapart

Elle tente aussi de rassurer, malgré la barrière de la langue, l’hébreu pour elle, l’arabe pour lui, l’homme qui marche à ses côtés, un keffieh enroulé autour de la tête : Jamal Amlihat, un berger plusieurs fois attaqué ces derniers mois par des partisans d’Eretz Israel, le Grand Israël, qui entendent bien coloniser ses collines arides.

Depuis l’aube, Sigal Harari, employée dans une crèche pour enfants près de Tel-Aviv, le « sécurise » avec sa collègue Hava, actrice, ce qui leur a valu une descente de l’armée et de la police israéliennes, qui sillonnent la région en véhicule blindé.

« Comme ils n’avaient rien à nous reprocher, ils ont fouillé notre voiture et ils nous ont infligé une amende de 300 euros pour des broutilles. Ils ne comprennent pas notre engagement, surtout en cette période de guerre. Pour eux, comme pour les colons, nous sommes des traîtres à la nation israélienne, des alliées des terroristes du Hamas. » 

Plusieurs membres de leur mouvement ainsi que d’autres pacifistes ont été agressé·es physiquement ces derniers mois par les colons, comme en attestent des vidéos virales sur les réseaux sociaux ou les cicatrices sur les jambes de Hava.

Illustration 2
Sigal Harari, activiste israélienne anti-occupation, se relaie avec ses collègues chaque semaine pour protéger le village bédouin de Jamal Amlihat des attaques de colons (vallée du Jourdain, Cisjordanie, décembre 2023). © Photo Rachida El Azzouzi / Mediapart

« Ils n’hésitent pas à nous frapper, souvent avec des pierres et des bâtons, raconte Sigal Harari. Notre présence les dérange. Ils ne peuvent plus agir impunément lorsque nous sommes là. On filme leur violence. En retour, eux aussi nous filment pour nous faire peur. » 

Jamal Amlihat, visage émacié, ne cesse de la remercier pour sa présence. Il ne dort plus depuis plusieurs semaines. « Tout va mal ici. On doit rester en veille en permanence. Nous dépendons des activistes. Sans eux, nous serions morts. Vous vous rendez compte que je ne peux pas sortir mes bêtes dans les pâturages alentour sans eux car j’ai peur des colons ? »

Jamal a 38 ans, cinq enfants qui vont à l’école, située à quelques minutes à pied quand les colons ne les tétanisent pas sur le chemin, au volant d’un SUV blanc, d’un tracteur ou à cheval, en hurlant des insultes, une arme en bandoulière.

« Même un chien est mieux traité que nous ! Les enfants pleurent la nuit au moindre bruit, ils ont besoin de soutien psychologique. Ils ont cassé le bras de mon aîné », témoigne le père de famille en faisant défiler des vidéos sur son téléphone portable, dans lesquelles on le voit sortir de l’hôpital de Jéricho avec son fils qui a le bras plâtré. Ce dernier lui colle aux basques, un pistolet à eau en plastique bleu dans les mains : « C’est notre seule arme », dit-il en riant pour détendre l’atmosphère.

Illustration 3
Village bédouin dans la vallée du Jourdain (Cisjordanie, décembre 2023). © Photo Rachida El Azzouzi / Mediapart

L’attaque la plus violente a eu lieu le 28 novembre, en soirée. « Ils sont arrivés à plusieurs, armés, et ils ont commencé à détruire nos hangars, nos panneaux solaires qui servent à produire de l’électricité. Ils ont volé plusieurs moutons, à moi, mon frère, mon cousin, 35 au total, puis ils sont entrés dans ma maison, ils ont frappé ma femme, mon fils. J’avais notre bébé d’à peine un mois dans les bras. »

Jamal Amlihat se remémore la scène en tremblant. Il a porté plainte, donné les noms de leurs agresseurs, « des jeunes des collines », assure-t-il, ces colons radicaux de moins de 30 ans qui sèment la terreur à travers la vallée et comptent « dégager les Arabes » de la Cisjordanie, qu’ils considèrent comme la terre sacrée d’Israël.

« La police m’a répondu qu’elle ne pouvait rien faire, que ces jeunes des collines ont des problèmes psychologiques, que leur place est à l’asile. » Il a peur que ses enfants deviennent comme eux, « des sauvages », et qu’ils pensent que « tous les juifs sont ainsi ».Cette nuit d’effroi,les activistes de Regarder l’occupation dans les yeux étaient absents. Ils s’affairaient à quelques kilomètres de là, dans un autre campement bédouin.

Illustration 4
Craignant la violence des colons, Jamal Amlihat préfère s’endetter pour nourrir son bétail plutôt que de le conduire dans les pâturages alentour (vallée du Jourdain, Cisjordanie, décembre 2023). © Photo Rachida El Azzouzi / Mediapart

« Malheureusement, nous ne pouvons pas être partout, tout le temps, nous ne sommes pas assez nombreux au regard du nombre exponentiel d’agressions », regrette Sigal Harari. Elle tient à relativiser leur rôle de bouclier : « Notre présence rassure les villageois mais face à la violence des colons, nous ne faisons pas le poids. S’ils décident de les frapper, ils frapperont, peu importe notre présence. Nous restons minoritaires, encore plus depuis le 7 octobre. »

Elle a « ouvert les yeux » sur « l’extrême violence de l’occupation » israélienne lorsque le gouvernement le plus dur de l’histoire d’Israël, qui fait la part belle aux suprémacistes et aux ultraorthodoxes, a pris ses fonctions à l’automne 2022. 

Un film, réalisé par des militants, qu’elle a visionné à cette époque a joué un rôle déclencheur : il décrit en quelques minutes la privation d’eau imposée aux Palestinien·nes par les colons dans la vallée du Jourdain. « J’en avais entendu parler mais je n’avais encore jamais rien vu de mes propres yeux depuis toutes ces décennies. J’ai été si choquée que le lendemain je m’engageais dans le mouvement anti-occupation. » 

Illustration 5
Alors qu’il vit près du Jourdain, Jamal Amlihat se ruine pour acheter de l’eau, accaparée par l’occupant israélien (vallée du Jourdain, Cisjordanie, décembre 2023). © Photo Rachida El Azzouzi / Mediapart

Conduits et réserves d’eau sabotés, béton coulé dans les puits, eaux usées versées dans les citernes, accès à l’eau sévèrement restreint… Les colons, « mais aussi l’armée », insiste Sigal Harari, se comportent « comme des criminels avec les Palestiniens ».

« Ils ne cherchent pas à les priver d’eau pour les tuer mais pour les forcer à se déplacer, à abandonner leurs terres, afin de pouvoir les leur confisquer,explique la militante. L’eau coûte une fortune aux Bédouins. Ils doivent acheter plusieurs mètres cubes, faire de longs trajets pour cela à cause des barrages militaires. Plusieurs ont été fermés, au nord, depuis le 7 octobre, rallongeant les détours et l’attente de plusieurs heures pour que l’armée leur ouvre les barrières à l’arrivée puis à nouveau au départ. Tout est fait pour leur rendre la vie impossible. » 

Parfois, l’armée confisque aux Palestiniens un tracteur servant à remplir leurs citernes, « dans le seul but de pourrir encore plus leur quotidien ». « Lorsque cela arrive, on essaie de le récupérer. On fixe aussi dans les villages des pompes à eau, car ils n’ont pas le droit de le faire. On fait pression sur l’armée également pour l’ouverture des check-points »,détaille Sigal Harari.

Elle pointe du doigt, près de l’école, le château d’eau aux couleurs de Mekorot, la compagnie israélienne qui exploite les eaux en Cisjordanie occupée, et s’indigne : « J’ai honte de mon pays ! Mekorot vole l’eau des Palestiniens pour la leur revendre ensuite ! »

Illustration 6
La présence d’activistes israéliens aux côtés des bergers palestiniens n’empêche pas toujours la violence des colons (vallée du Jourdain, Cisjordanie, décembre 2023). © Photo Rachida El Azzouzi / Mediapart

L’État d’Israël n’accapare pas seulement la terre de Palestine. Il accapare aussi son eau naturelle pour approvisionner les Israélien·nes, y compris celles et ceux qui vivent dans les colonies illégales, à des fins domestiques, agricoles et industrielles.

L’eau représente plus de la moitié des dépenses mensuelles de Jamal Amlihat, qui tire de maigres revenus de la vente de fromage, de lait de brebis et de viande de mouton. Elle sert à subvenir aux besoins essentiels de sa famille mais aussi à ceux de son troupeau qu’il peine à nourrir. 

« Les colons nous empêchent d’accéder à nos pâturages. Je préfère ne pas prendre le risque d’être frappé ou tué mais cela nécessite que j’achète de la nourriture pour mes bêtes. La vie est très dure mais grâce à Dieu, nous sommes vivants »,confie-t-il en s’arrêtant devant la bergerie, escorté par ses deux chiens de berger, pour donner du foin au bétail.

Illustration 7
Agressé plusieurs fois par des colons, le fils de Jamal Amlihat avait encore récemment le bras droit dans le plâtre (vallée du Jourdain, Cisjordanie, décembre 2023). © Photo Rachida El Azzouzi / Mediapart

Sa famille, autrefois nomade du désert, s’est sédentarisée il y a plusieurs décennies, sans qu’il ait le souvenir précis de la genèse, sinon que l’exode était dû aux guerres successives. Depuis les années 1980, elle vivote dans les replis de cette plaine désertique, aujourd’hui ciblée par les colons, aux côtés de quelque soixante-dix autres familles. Elles s’entassent dans la misère et la poussière sous des amas de tôles et derrière des bâches en plastique en guise de maisons. 

Ces derniers temps, Sigal Harari séjourne à leurs côtés en moyenne trois fois par semaine, rapporte quelques fruits, des pommes et des kakis, quelques crayons aux enfants pour qu’ils dessinent, évacuent par l’art la violence subie. Elle ne pensait pas son pays capable de tels « crimes ».Elle vit avec son mari et leurs quatre enfants dans un kibboutz près de Tel-Aviv, « une bulle » qui lui a permis pendant longtemps de fermer les yeux et de se boucher les oreilles.

Illustration 8
Les colons n’hésitent pas à détruire les maisons aux toits de tôle lors de leurs attaques (vallée du Jourdain, Cisjordanie, décembre 2023). © Photo Rachida El Azzouzi / Mediapart

« Comme beaucoup d’Israéliens, nous vivons dans un narratif où les Palestiniens sont tous des terroristes,déplore Sigal Harari. Nous sommes les bons, ils sont les méchants. On a grandi avec cela. Pour ouvrir les yeux, il faut le vouloir. Même moi, je ne l’ai pas voulu pendant des décennies alors que je suis de gauche, progressiste. La réalité n’est pas celle que l’on nous vend. » 

Autour d’elle, tout le monde n’a pas compris son engagement, à commencer par son mari. « Il a mis du temps à l’accepter mais contrairement à d’autres autour de nous, qui ont abandonné la lutte anti-occupation après les massacres du Hamas le 7 octobre, il n’a pas remis en cause mon combat. » Quant à leurs enfants, « ils ne veulent pas savoir. Ils [lui] disent que tout cela est bien trop violent ».

Rachida El Azzouzi

 116 commentaires

Elus francais interdits de sejour en Israel


Par Michael Warschawski

Que fait la Republique Francaise?

La République Française l’a décidé: 2018 sera « l’année d’Israël ». On est vraiment à l’âge de la régression. Pouvons-nous imaginons Giscard d’Estaing décrétant pendant son septennat l’année de la Rhodésie ou François Mitterrand l’année de l’Afrique du Sud… Quant au général de Gaulle, il y aurait carrément vu une atteinte grave a l’honneur de la France.
Au lieu de prendre des initiatives pour faire sanctionner un Etat qui viole systematiquement le droit international et les Conventions de Genève, la Republique fête les 70 ans d’Israël par une déclaration solennelle d’impunite.

L’amitie France-Israel est a sens unique, comme la plupart des relations qu’entretient l’Etat Juif avec d’autres pays. Pour preuve, la decision scandaleuse et humiliante pour la France d’interdire l’entree en Israel d’une delegation de plus de cent elus (parlementaires et municipaux) qui avait prevu de rencontrer des acteurs des societes civiles israelienne et palestinienne ainsi que des parlementaires des deux pays. Parmi ces parlementaires, Marwan Barghuti, depute palestinien detenu depuis plus de dix ans en prison par les autorites israeliennes,

Une protestation de la part de l’Eysee? Un coup de gueule de Matignon? Nenni. Ce silence est un signe d’allégeance de la part des autorites francaise envers l’Etat-voyou israelien.

A l’inverse du silence-complice des autorites de la Republique, le groupe parlementaire de la France Insoumise explique clairement ce dont il est question: « l’Etat d’Israël veut interdire la venue de représentants de la République française, députés et sénateurs compris, sur leur territoire.

Ce déni de démocratie et de liberté est aussi consternant qu’inacceptable….« Nous n’autorisons pas l’accès au territoire à ceux qui appellent activement à s’en prendre à Israël », a déclaré le ministre israélien de la Sécurité publique dans un communiqué. Ces propos sont stupéfiants. Agir pour l’application des résolutions de l’ONU et contre la colonisation constituerait-il désormais un engagement si insupportable qu’il légitimerait, aux yeux des autorités israéliennes, l’interdiction de venir sur leur territoire, y compris pour des élus français? ». Apparament, aux yeux des autorites francaises egalement.

 

Ah, malheureux juifs qui souffrez !


Serge Grossvak

Ah, malheureux juifs qui souffrez !

Je vois vos mots, vos plaintes, vos lassitudes. « Cela ne finira donc jamais » ? Israël s’embrase encore et encore et vous avez peur, peur pour vos proches, peur pour vous, peur pour les juifs. Nulle pensée pour les Palestiniens. Vous êtes juifs, cela vous suffit.

Vous êtes las, vous êtes de « gauche », Travaillistes ou « Paix Maintenant », vous voudriez que cela s’achève. Ceux « de droite » sont de la rage, de la gourmandise du combat et de la domination. Ensemble, unis chaque fois que nécessaire (hors échéances électorales), vous êtes juifs, et cela vous suffit.

La rue Palestinienne rugit de désespoir et de rêves de liberté. Vous attendez que cela se passe, comme un mauvais temps avant l’été. Vous êtes si souvent en été. Aller, courage…

Cela fait des ans et des ans que cela dure. Cela fait des morts et des morts que cela dure. Ah, cela vous attriste, il faudrait la paix. La paix maintenant. Cela veut dire maintenant « gentiment, gentiment, gentiment… on parle”, « on négocie », un jour peut-être, si D.ieu le veut vraiment (il est si imprévisible D.ieu), un jour d’inadvertance il y aura peut-être peut-être un accord. Lorsqu’on est « de gauche » on est patient et compréhensif.

Ah, malheureux juifs qui souffrez ! Comme vous souffrez ! Comme votre souffrance est grande de cette cécité à l’égard des Palestiniens. Vous ne voyez rien. Leurs morts des mois sereins, vos mois d’été. Leurs humiliations de vos quotidiens confortables. Leurs oliviers millénaires détruits pour vos belles conquêtes. Leurs détritus reçus dessus leurs têtes d’écolier, de colons juifs. Allons, du calme les Palestiniens. Voyons de la retenue que diable, vous allez nous faire peur. Et vous savez, si nous avons peur nous allons être sévères, nous n’aurons pas envie de vous faire confiance.

Ah, tristes aveugles, sombres aveugles oppresseurs, vous n’avez pas assez peur. Pas assez pour ouvrir les yeux, les yeux sur vos voisins. Pas assez pour vous départir de votre armure prétentieuse. Vous n’avez pas assez peur pour redevenir humains, simplement humains ouverts aux autres humains.

Nos ancêtres souffraient et étaient opprimés. Leur vie était terriblement dure, et par période horrible. Mais eux avaient une richesse qu’ils préservaient jusqu’au pire du malheur : la soif de la dignité humaine pour tous les humains. Vous, Juifs d’Israël, derrière le rempart de votre puissance et votre prétention à bâtir « un nouveau Juif » avez piétiné l’unique richesse transmise au travers les siècles, même dans la tempête.

Vous avez peur. Alors qu’Israël s’enflamme même à Jaffa, même à Yoffo. Aurez-vous suffisamment peur pour que vos murailles d’inhumanité s’effondrent devant ce Choffar ? Vous qui vous vous cloitrez dans votre suprématie, aurez-vous suffisamment peur pour redevenir humain parmi les humains ?

Moi j’ai peur. J’ai peur pour mes amis d’Israel au cœur libéré de vos aspirations à la sauvage domination. J’ai peur pour notre cher Paul Doukhan, pour la brave Rivka Vitemberg, pour l’immense Nurit Peled, pour les âmes mêlées Eleonore et Eitan Bronstein, pour la poete Tal Nitzàn. J’ai peur pour ces israéliens de courage et d’humanité dans l’ouragan de votre nationalisme méprisant.

le 07/10/2015

Créez un site Web ou un blog gratuitement sur WordPress.com.

Retour en haut ↑