Nakba israélienne


 

 

Israël doit se draper dans la douleur sur ce qui est arrivé depuis ce terrible été de 1967, quand il a gagné une guerre et a perdu presque tout
C’est une année jubilaire : 50 ans après la plus grande catastrophe juive depuis l’Holocauste, 50 ans après la plus grande catastrophe palestinienne depuis la Nakba. C’est le jubilé de leur deuxième et de notre première Nakba. Un moment avant le début des célébrations pour marquer le 50e anniversaire de la « libération » des territoires, il faut nous rappeler que ce fut un désastre.

Un grand désastre pour les Palestiniens, bien sûr, mais aussi une catastrophe funeste pour les Juifs ici. 2017 devrait être une année d’introspection en Israël, une année de tristesse sans pareil. Mais il est clair qu’elle ne le sera pas. Au lieu de cela, le gouvernement envisage d’en faire une année de célébration, en célébrant l’occupation. Dix millions de shekels (2,74 millions de dollars, 2,57 millions d’€) ont déjà été alloués pour célébrer les 50 ans de suppression d’un autre peuple, 50 ans de pourriture et de destruction interne.

Un grand désastre nous a frappés. Comme un kibboutz ou moshav dont les terres agricoles ont été vendues à des promoteurs résidentiels privés, ruinant le caractère communautaire, comme la gentryfication qui piétine les pauvres, comme un corps autrefois sain maintenant rongé par le cancer, c’est ainsi qu’Israël a grandi depuis l’été 1967 avec un ADN détérioré. Il suffit de voir Jérusalem, qui, de charmante ville universitaire avec des institutions gouvernementales, est devenue un monstre régenté par la police des frontières.

Ça a commencé avec l’orgie ultranationaliste-religieuse qui a déferlé sur tout le monde sauf une poignée de prophètes, et se poursuit aujourd’hui, à travers les mécanismes familiers du lavage de cerveau. La taille compte, dans le cas d’Israël : elle l’a transformé en un Etat maléfique, violent, ultranationaliste, religieux, raciste.

Il n’était pas parfait avant, mais en 1967, les graines de la calamité ont été semées. Il ne faut pas rendre l’occupation responsable de tous les maux de l’État – tous les coups de couteau en discothèque ne sont pas donnés par un vétéran de la brigade Kfir de l’armée. Et nous n’avons pas besoin de croire que tout est plus noir que noir pour comprendre l’énormité de la catastrophe. D’un État qui a commencé comme un tison tiré du feu, modeste, précaire, hésitant, inscrivant à son actif des réalisations étonnantes qui émerveillaient le monde entier, à un État arrogant, méprisé, n’émerveillant que ceux qui lui ressemblent.

Tout cela a commencé en 1967. Non que 1948 ait été si pur, loin de là, mais 1967 a accéléré, institutionnalisé et légitimé le déclin. Il a donné naissance au mépris permanent pour le monde, à la vantardise et l’intimidation.

En 1967, l’occupation a commencé. Elle s’est métastasée sauvagement vers l’intérieur, des barrages routiers en Cisjordanie aux boîtes de nuit à Tel-Aviv, des camps de réfugiés aux routes et aux queues de supermarchés. La langue d’Israël est devenue le langage de la force, partout. Le succès de la guerre des Six Jours était trop pour lui – certains succès sont comme ça – et c’est après qu’est venue la fanfaronnade : « tout nous est permis, à nous ».
Gideon Levy

Source: Haaretz
Traduit par Fausto Giudice

67 ans de ‪#‎Nakba‬ ‪#‎SaveALAQSA‬


Manifestation autorisée
Dimanche 30 Novembre 2014
Rassemblement Avenue de Stalingrad à 14h00
Départ vers la Place de l’Albertine à 15h00
67 ans de ‪#‎Nakba‬ ‪#‎SaveALAQSA‬
Dimanche 30 novembre, 14:00 à Bruxelles
https://www.facebook.com/events/890234164322956/?pnref=story29 Novembre 1947 les Palestiniens sont victimes d’une injustice historique.
L’Assemblée générale des Nations unies décide, le 29 novembre 1947, le partage de la Palestine en un État juif et un État arabe. Le nettoyage ethnique de la Palestine commence. Cette « recommandation » est à l’origine de six décennies d’injustice.

Jérusalem est aujourd’hui sur la ligne de front de la résistance populaire, tout comme la Bande de Gaza se trouve à l’avant-garde de la résistance armée. Nous devons considérer Jérusalem comme une partie de l’ensemble de la Palestine et de toute la cause palestinienne.

La campagne #SaveALAQSA pour défendre Jérusalem et la Palestine n’est pas limitée la défense de la mosquée Al-Aqsa, qui est attaquée, fermée et menacée par l’armée sioniste et les forces politiques et coloniales. Il ne s’agit pas seulement du lieu sacré d’Al-Aqsa, mais de l’ensemble de la Palestine et de sa capitale.

/Al Qods/Jérusalem ne doit pas être sous l’occupation d’un régime colonial raciste, sioniste.
Et cela s’applique également à chaque centimètre de la terre de Palestine

Soutien total et inconditionnel à la Résistance palestinienne sous toutes ses formes

Liberté pour tous les prisonniers palestiniens

Soutien à la campagne BDS – Boycott, Désinvestissement, Sanctions contre l’État d’Israël.

Halte au silence complice de la « communauté internationale ».

Manifestation autorisée
Dimanche 30 Novembre 2014
Rassemblement Avenue de Stalingrad à 14h00
Départ vers la Place de l’Albertine à 15h00

Info & Contact : 0476/84.19.69

La Nakba, un crime fondateur qui se poursuit tous les jours


lundi 7 juillet 2014, par Pierre Stambul

Les Palestiniens parlent de « catastrophe » pour désigner le gigantesque nettoyage ethnique prémédité de 1948 : 800000 Palestinien-ne-s ont été expulsé-e-s de leur propre pays. Aujourd’hui, les travaux convergents de nombreux/ses historien-ne-s (lire entre autres Ilan Pappé et Sandrine Mansour-Mérien) permettent de réécrire ce qui s’est passé. Répondre aux mensonges sur la Nakba, c’est essentiel pour imaginer une paix fondée sur le refus du colonialisme et l’égalité des droits.

Les mensonges fondateurs

La Palestine n’était pas une « terre sans peuple pour un peuple sans terre ». Il y avait un peuple palestinien, essentiellement descendant des Judéens de l’Antiquité successivement convertis au christianisme et à l’islam, d’où une majorité de Musulman-e-s et des minorités chrétiennes ou juives. Globalement, ces communautés vivaient en bonne entente et se sont opposées au projet « d’État juif » dès que les sionistes ont commencé à le mettre en œuvre. « Les Arabes sont partis d’eux-mêmes ». Ce mensonge vise à occulter le fait que l’idée du « transfert » (la déportation des Palestinien-ne-s au-delà du Jourdain) faisait consensus dans la direction sioniste depuis le début des années 30. Le plan « Dalet » (la lettre D en hébreu) avait programmé le nettoyage qui a eu lieu. Le projet était bien la conquête de toute la Palestine et l’expulsion des autochtones. Aujourd’hui les politiciens israéliens parlent de « terminer la guerre de 1948 » et à l’époque Ben Gourion s’était excusé de ne pas avoir tout conquis en expliquant que c’était partie remise.
Dans ce processus, les milices d’extrême droite (l’Irgoun de Menahem Begin et le Lehi ou groupe Stern d’Yitzhak Shamir) et la future armée israélienne (la Haganah et le Palmach) ont joué des rôles complémentaires : les milices massacraient comme elles l’ont fait à Deir Yassin le 9 avril 1948 et l’armée faisait le service après vente en occupant le terrain et en s’assurant que les survivant-e-s ne reviendraient pas. Deir Yassin n’existe plus. À la place, il y a un « nouveau quartier » de Jérusalem-Ouest (Givat Shaul). C’est en partie sur ce territoire qu’a été construit Yad Vashem, le musée de la Shoah. Et le tunnel routier qui passe sous Givat Shaul porte le nom de l’assassin (Menahem Begin).

L’ONU

Pour certain-e-s, la solution est simple : il suffirait de faire respecter les décisions de l’ONU. Et pourtant : quelle légitimité peut avoir le vote par l’ONU du « Plan de partage de la Palestine » en 1947 ? Pourquoi a-t-on fait payer aux Palestiniens un crime bien européen : l’antisémitisme et le génocide nazi, alors que l’Occident refusait d’accueillir les rescapés du génocide ? De quel droit ce plan a-t-il donné au futur État juif 54% du territoire (la partie la plus riche) alors que les Juifs formaient 35% de la population ? Dans ce pseudo partage, les Palestiniens représentaient 40% de la population du futur État juif alors qu’il n’y avait que 2% de Juifs dans le futur État palestinien. On peut imputer à cette décision de l’ONU la moitié du nettoyage ethnique de 1948 : quand la guerre éclate officiellement contre les pays arabes voisins le 15 mai 1948, 375000 Palestinien-ne-s habitant « l’État juif » offert par l’ONU ont déjà été expulsés. L’ONU a avalisé les conquêtes militaires d’Israël passé en 1948 de 54% à 78% du territoire palestinien. L’ONU a reconnu Israël par un vote où plusieurs petits pays ont été achetés. L’ONU a supervisé les différents accords d’armistice dans lesquels le retour des expulsés dans leurs foyers était prévu. Les deux premiers actes du nouvel État d’Israël ont été d’interdire ce retour et de détruire plusieurs centaines de villages palestiniens dans le but d’effacer jusqu’à la mémoire de la Palestine. La lâcheté de l’ONU à cette époque ne s’est jamais démentie. Israël n’a jamais eu à subir la moindre sanction. L’ONU a créé l’UNRWA pour les réfugiés palestiniens en perpétuant une situation qui aurait dû n’être que provisoire et globalement l’UNRWA s’est très mal acquittée de son rôle, faute de moyens et de volonté politique. Il y a aujourd’hui 4,5 millions de personnes qui ont la carte de l’UNRWA. Nier leur droit au retour, c’est nier le crime de 1948, ce droit est imprescriptible.

La Nakba comme « réparation » de l’antisémitisme et du génocide ? Cette idée dont les dirigeants israéliens se sont beaucoup servis est fausse : toutes les institutions du futur État d’Israël qui ont fortement contribué à expulser les Palestinien-ne-s de leur propre pays sont antérieures de plusieurs décennies à l’apparition du fascisme, à Auschwitz ou à la Nakba : la « banque coloniale juive » date de 1899, le KKL (ou Fonds National Juif) qui a accaparé par tous les moyens les terres palestiniennes date de 1901.
La Histadrout (le syndicat qui défend le « travail juif », article 1 de ses statuts) date de 1920, la Haganah (l’armée) de 1921 et l’Agence Juive de 1929. Bien avant le génocide, ces institutions ont combattu le peuple palestinien pour pouvoir un jour l’expulser et elles ont joué un grand rôle dans la répression de l’insurrection palestinienne de 1936. Les dirigeants sionistes qui ont fondé Israël n’ont pas grand-chose à voir avec la destruction des Juifs d’Europe. Simplement, leur projet qui était a priori irréalisable et qui a été pendant très longtemps très minoritaire chez les Juifs a été rendu possible après le génocide avec la complicité de toutes les grandes puissances. Pire, certains futurs dirigeants israéliens qui participent à la Nakba ont été des terroristes collabos qui assassinaient des soldats britanniques alors que le génocide nazi battait son plein. C’est le cas d’Yitzhak Shamir qui sera plus tard Premier ministre israélien.

L’attitude des dirigeants arabes.

Elle a été globalement lamentable en 1948. Les pays qui sont rentrés en guerre le 15 mai 1948 ont combattu pour leurs propres intérêts sans aucune unité et sans aucun souci pour les Palestiniens. Le déséquilibre des forces était évident en faveur des sionistes. La seule force militaire capable de s’opposer à eux était la légion arabe jordanienne (formée et équipée par le colonisateur britannique). Elle était liée par un accord de partage de la Palestine avec les dirigeants sionistes et ne s’est battue que parce que cet accord a été violé avec la conquête de villes ou villages palestiniens sur l’axe Tel-Aviv/Jérusalem. Au moment des armistices de 1948-49, il n’y a pas eu d’État palestinien : l’Égypte a annexé Gaza et la Jordanie s’est emparée de Jérusalem-Est et de la Cisjordanie. Les réfugiés palestiniens ont été très mal accueillis par les « pays frères », notamment au Liban. Les violences qu’ils subiront plus tard (le massacre de « Septembre Noir » en Jordanie, ceux des camps de Sabra et Chatila ou Tell-el-Zaatar au Liban, l’armée syrienne expulsant l’OLP du Proche-Orient) trouvent leur origine dans ce qui s’est passé au moment de la Nakba.

Le nettoyage ethnique de 1948 est tout aussi illégitime que la conquête de 1967. Il n’y a pas de différence de nature entre les Palestiniens jetés à la mer à Jaffa en 1948 (voir le film d’Eyal Sivan, « Jaffa, la mécanique de l’Orange ») et la colonisation du centre historique d’Hébron après 1967. Le projet politique sioniste mis en oeuvre pendant la Nakba se poursuit tous les jours avec le blocus de Gaza, la « judaïsation » de Jérusalem-Est, les destructions de villages bédouins ou l’emprisonnement arbitraire de milliers de Palestinien-ne-s.
Faire la paix, c’est « réparer » le crime de 1948 comme l’exige l’appel palestinien au BDS (boycott, désinvestissement, sanctions) de 2005 : 1) fin de l’occupation, de la colonisation, du blocus de Gaza, destruction du mur, libération des prisonniers, 2) égalité des droits, 3) droit au retour des réfugiés.

Pierre Stambul,
07 juillet 2014

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